Review

Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 59e Année, No. 2 (Avril-Juin 1954), pp. 231-232
Published by: Presses Universitaires de France
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Accessed: 19-01-2016 18:39 UTC

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 Notes critiques
On peut toutefoispenserque les rites ligne la difficultédes Méditations.Il
magiquesou religieuxque Péladan nous l'explique par plusieursfacteursacces-
proposepour atteindreà la Sagesse sont soires,mais avant tout par l'incapacité
peu de notretemps; que, de plus en plus, où se trouve le philosophede venir à
l'hommefaitseul son salut, en prisedi- bout de sa tâche explicativeen partant
recte avec les événementsde son exis- de principesaffirmésde façon absolue,
tence; que l'éveil conscientet l'abou- à savoir que la matière est exhausti-
tissement de l'être sont individuels, vementconnuepar l'étendueet l'esprit
tout au long d'un mûrissementsouvent par la pensée. Ces deux thèsesradicales
difficileet douloureux. excluentla constitutiond'une physique
Si la Foi et l'Art nous ouvrentles dynamique et celle d'une psychologie
portesde la Vie, à nous de ne pas rester humaine.GommeDescartes veut pour-
surle seuilet d'entrerquand il fautdans tantinstituer l'une et l'autre,il ne peuty
son merveilleuxdomaine. Est-il besoin parvenirqu'en violant délibérément ses
pour cela de hiérarchiemystiqueet de propresprincipes.Il n'y a donc rien de
catéchismesupérieur? Il appartientà systématique dans son procédé,maissous
chacun de répondre. l'empire des difficultés qui se dressent
Il n'en reste pas moins que Péladan inopinémentdevant lui, un perpétuel
et le Dr Berthollet adressentaux hommes effortpour se tirer d'affairepar des
l'intelligent,le bouleversantappel qui moyensde fortune, par des changements
les pressede vivreau lieu de simplement pratiquésau jour le jour de façon plus
exister. ou moins expediente.C'est ainsi que,
New Studies in the Philosophyof pour venirà bout de la physique,il est
Descartes,Descartesas Pioneer.Un vol. obligé d'instituerune union quasi sub-
in-8° de 369 pages,avec indexdes noms stantielleentrel'étendueet la forcedi-
*et des matières. Londres, Macmillan, vine,il se contreditalorsde bout en bout
1952; Descartes'philosophical Writings, en posant les corps commedes centres
Selectedand Translated,par Norman actifsd'action et de réaction,alors qu'il
Kemp Smith. Un vol. in-8° Londres, en avait fait primitivement des modali-
Macmillan,1952. - Ces deux ouvrages tés purementpassives. Pour réussirà
constituent,en réalité* une seule et constituerla psychologiehumaine, il
mêmeœuvre,le volume de traductions est obligé d'instituerune union sub-
servant de complément au volumed'é- stantielleentre l'étendue et la pensée,
tudes. Le volume de traductionscom- et il se contreditde bout en bout en re-
prend : a. les Regulae; b. le Discours; courant à l'expérienceimmédiate,c'est-
c. les Méditations ; d. les Lettresà Regius, à-dire à ce qui est seulementclair sans
à la PrincesseElisabeth,à Arnauld,les être distinct,alors qu'il a posé qu'au-
VIe Réponsessur le problèmede l'âme cune science n'était possible sinon du
•et du corps; e. les Passions de l'Ame; clair et du distinct.Il viole là sa théorie
f. la Théorie de la Vision (fragment de l'essence.Au surplus,mêmele Cogito
de la Dioptriqué),choix excellent qui dont il comparel'intuitionà celle du
permet au public anglais de prendre blanc n'est qu'une connaissanceclaire
une connaissancedirecte de l'essentiel et non distincte.Par conséquent,c'est
-de la pensée cartésienne. La traduction, tju'il est affirmécomme
très soignée,s'efforce de suivrede près gratuitement
simple.En dehorsde ces difficultés maî-
le texte latin ou françaistont en déga- tresses, une multitude de difficultés
geant le sens aussi franchement que pos- accessoires,mais non négligeables,se
sible. Souhaitons qu'une traductiondie posenta proposdu simple,'de la pensée,
même qualité soit ultérieurement pu- des rapportsde la volontéavec la pensée
bliée de l'ensemble dses Objectionset passive, des rapportsde l'eutendenient
Réponses,de certainespartiesdes Prin- et de la volontéen Dieu et en l'homme,
cipes, et des Lettrestraitantdes ques- du rapportdes modesavec la substance,
tions métaphysiçrues. de la causede nospensées,des substances
Les NouvellesÉtudes¿ur la Philoso- matérielles, etc.
phie de Descartesportentsur la vie et Pourquoi, malgré tant de difficultés
la doctrinedu philosophe.C'est moins inextricables, Descartes,au lieu de vieler
un exposé qu'une analyse critique qui perpétuellement ses principes,ne les a-t-il
s'élève des questionsde méthodeet de pas abandonnésune bonne fois? C'est
physique aux questions de métaphy- que, devant traverserdes terresincon-
sique. Les discussionssont approfondies nues, ce pionniera préféré,comme il
et conduitesavec sérieux.L'auteursou- nous le dit dans le Discours,s'en tenir

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 etde Morale
Reçue de Métaphysique
erme à l'opinionqu'il a arrêtée,même
si elle est douteuse,plutôtque d'en chan-
ger sans cesse, car il est impossiblede
traverserune forêtsi l'on ne persévère
pas sans défaillancedans la direction
que l'on a choisie.
Que penser de cette analyse? Que
penser de cette conclusionsinon qu'elle
contredità son tour de bout en bout
d'abordau précepteque s'est donnéDes-
cartes de ne jamais rien assureren ma-
tière spéculativequi ne fût évident et
certainet de s'abstenirde toute aven-
ture,la maximedu Discours,à laquelle
se réfèrel'auteur, n'étant valable que
dans l'ordrede la conduitepratique et
non dans celui de la science; ensuite,à
l'affirmation selon laquelle tout dans sa
philosophie est enchatné mathémati-
quementselon un ordre méthodiqueet
infrangible.Le procédé de M. Kemp
Smithconsisteà négligerl'ordredes rai-
sons, à transformerdélibérémenten
principesabsolus des principesqui ne
sont affirmés que dans certaineslimites
déterminées par cet ordre,et, de là, à
transformer en démentisou en contra-
dictionsles élémentsde doctrinequi sont
commandéspar ces limitationsmêmes.
Par exemple,la même raison qui im-
pose de distinguerentre l'entendement
pur et l'étendue pure, et de rejeterle
sentimenthors de ces deux domaines,
impose non moins nécessairementde
reconnaîtreau sentimentun domaine
qui lui est propreet d'où sont exclus
l'étendue pure, l'entendementpur et*
par conséquent,l'idée claireet distincte^
La reconnaissancede ces régionsirré-
ductiblesest le fait d'une connaissance
claireet distinctequi n'est telle que par
la distinctionde ce que le sens commua
confond.Et, par là même,le sentiment,
intrinsèquement obscur et confus, est
l'objet d'une connaissanceclaire et dis-
tincte. Semblablement,la raison re-
connaît que les substancescréées sup-
posent la créationcontinuéeet que les
corpsne se peuventsoutenirsans la force
du Dieu qui les pose dans l'existence;le
point de vue de la cause ou de la force
est donc rationnellement lié au point de
vue de la descriptiongéométriquedu
mouvement,laquelle se situe dans l'ef-
fet. Il suffitdonc de restaurerl'enchaî-
nementdes notionspour voir s'évanouir
la plupart des difficultés signalées. Du
systèmecartésien,M. Kemp Smithcon-
temple séparémenttel ou tel fragment
isolé et croitpouvoirconstaterqu'aucun
ne s'ajuste avec l'autre. Mais au lieu de
s'en prendreà Descartes, que ne s'en
prend-ilà lui-mêmequi a briséen mille
miettesce merveilleux ensembledontDes-
cartesnousdit que « tout[y] est si joint
ensembleet dépendsifortl'un de l'autre»
que « la moindrechose qu'on en ôte ou
qu'on y ajoute»enentraînela ruinetotale.

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O. P. I. A. C. L. 31.1152. - Dépôt légal effectuédans le 3e trimestre1954.
N° d'ordredans les travaux de la Librairie ArmandColin : n° 1325.
N° d'ordredans les travaux de l'ImprimerieWillaume Egret : n° 861.

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