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CULTURE

édité
LU par la
nouvelle
critique
LU mars
1969
trois frs
CL
CL
Z)
CO
1 Gérard Belloin

LES
ARTISTES
DE
SPECTACLE
PROPOSITIONS
POUR
EN
STATUT
NC CULTURE
en préparation
et à paraître
prochainement
Centenaire
de Firmin Gémier
au Théâtre
de la Commune
d’Aubervilliers,
allocutions de
Jean Vilar, Gabriel Garran
et Jack Ralite

Les communistes,
la radio et
la télévision
documents des
journées d’études
organisées par le P. C. F.
sur les problèmes de
la radio et de la télévision

Le rôle des ingénieurs,


cadres et techniciens
dans la société
française contemporaine

Les propositions
du Parti communiste
français
pour le cinéma

Les propositions
pour un programme
de santé

Bilan et perspectives
de l’activité culturelle
des municipalités
communistes

Science
et production
Le groupe de travail des artistes du spectacle
membres du Parti communiste a entrepris une
réflexion coilective sur la situation actuelie, dans
notre pays, des interprètes des différentes disci­
plines relevant des arts du spectacle. Il se propose,
sur la base de cette réflexion, de dégager des
propositions concernant les conditions matérielles
et morales de l’exercice de la profession et tendant
à constituer un véritable statut de l’artiste du
spectacle.
Nous publions ci-après un texte présenté lors
d’une récente réunion de ce groupe de travail.
« Rapport introductif à une discussion », il ne
constitue qu’une première approche d’un ensemble
de problèmes vastes et complexes.
Il s'agit de réfléchir à ces problèmes et aux
solutions qu’ils appellent, avec tous les artistes du
spectacle et tous ceux que préoccupe l’avenir des
arts du spectacle. C’est pourquoi nous invitons le
lecteur à faire part des critiques, remarques et sug­
gestions qu’il pense devoir formuler sur les idées
exposées ici. A cette fin, il convient d’écrire à La
Nouvelle Critique, 19, rue Saint-Georges, Paris (9').

LA notre
politique culturelle :
un facteur d’union

réflexion sur les éléments constitutifs du « Statut » de l’artiste du spectacle, que nous nous efforçons d’éla­
borer, doit avoir pour point de départ une conception générale de la culture. Les objectifs immédiats et à plus
long terme que le Parti communiste français s’assigne, en ce qui concerne la situation des arts du
spectacle, s’inscrivent bien entendu dans sa politique culturelle générale. Ils sont déterminés en fonction
de données de principe sur lesquelles nous reviendrons.
Les acteurs, membres du Parti communiste peuvent apporter une contribution importante aux luttes de leur
profession, dans la mesure où ils s’inspirent de ces données. Ils peuvent jouer un grand rôle pour ren­
forcer la cohésion de tous ceux qui estiment que d’importantes transformations sont nécessaires dans la situa­
tion des arts du spectacle. Ce n’est pas malgré qu’il so ient communistes qu’ils peuvent jouer ce rôle, mais
précisément, parce qu’ils sont communistes.
Notre politique culturelle, justement comprise et culturels '.
et appliquée, n’est pas un facteur de division des Tout récemment encore, Roland Leroy, dans
artistes du spectacle, mais, au contraire, un facteur sa conférence inaugurale de l’année d’études de
d’union. Il n’en est pas ainsi en vertu d’on ne sait l’Université Nouvelle de Lyon, déclarait^ : La
quel pouvoir magique, mais parce que la politique culture reste pour nous ce qu’en écrivait Paul Lan-
culturelle que proposent les communistes correspond gevin ; On peut dire que la culture générale, c’est
aux intérêts de la nation, aux exigences du déve­ ce qui permet à l’individu de sentir pleinement sa
loppement de sa culture à notre époque. Tel n’est solidarité avec les autres hommes, dans l’espace et
pas le cas de la politique culturelle gaulliste qui, dans le temps, avec ceux de sa génération comme
chaque jour nous en apporte confirmation, n’assure avec les générations qui l’ont précédé et avec celles
pas un développement culturel correspondant aux qui le suivront. Etre cultivé, c’est donc avoir reçu
possibilités et aux besoins de notre pays. Tel n’est et développé constamment une initiation aux diffé­
pas davantage le cas des conceptions gauchistes qui rentes formes d’activité humaine, indépendamment
nient les réalités nationales et mutilent les fonctions de celles qui correspondent à la profession, de
sociales des activités artistiques en prétendant leur manière à pouvoir entrer en contact, en communion,
assigner un rôle de substitut de l’action politique. avec les autres hommes.
La culture ne peut donc pas se limiter au
domaine étroitement « spirituel » et « intellectuel ».
conception générale Elle embrasse de vastes domaines qu’on ne peut
communiste de la culture réduire aux Arts et aux Lettres. Elle englobe aussi,
Pour bien illustrer ce qui précède, il est indis­ notamment, l’acquisition pratique des sciences et
pensable de revenir sur la conception générale de des techniques.
On peut encore dire de la culture qu’elle ne se
la culture qui est celle des communistes et sur la
place qu’elle fait aux arts et aux lettres. Bien des 1. Voir numéro spécial des Cahiers du communisme, mai-
choses ont été écrites et exposées à ce propos, par­ juin 1966.
ticulièrement depuis qu’en mars 1966, à Argenteuil, 2. On peut se procurer le texte de cette conférence inti­
tulée « Classe ouvrière, marxisme et culture nationale »
le Comité central du Parti communiste consacra contre 4 F en timbres-poste (s’adresser à La Nouvelle
une session à l’examen des problèmes idéologiques Critique).
développe pas de façon indépendante ; elle est un productives, à celui des connaissances, à la vie de
phénomène social, lié au développement des forces la société dans son ensemble.

la place de l’art
dans cette conception
générale de la culture

culture est partie intégrante de la vie sociale. C’est particulièrement évident pour des questions comme
celles de l’Education nationale, de la Santé, de l’Education physique, de la Recherche scientifique, etc. Face
aux conceptions étroitement particularistes de la culture, nous soulignons l’importance réciproque grandis­
sante, en même temps que l’unité des diverses composantes de la culture. On peut par exemple distinguer
cinq de ses composantes : la formation intellectuelle, la formation physique, la formation esthétique, la
formation morale et civique, la formation économique et professionnelle.
Le fait que la culture ne puisse être réduite httérature, du cinéma, du théâtre, des arts plasti-
aux arts et aux lettres n’enlève rien à l’importance ques est incontestablement influencée par les décou­
de la place qui doit leur être reconnue et ne mutile vertes scientifiques et les réalisations techniques. En
pas les fonctions qui semblent devoir être les leurs. retour, comme l’indique la résolution du Comité
Les mutilateurs, ce sont ceux qui hypertro- central d’Argenteuil, la création littéraire et artis­
phient verbalement le rôle des activités artistiques tique « ouvre parfois les voies » à la création scien­
et qui veulent que l’art fasse tous les métiers, y tifique, en ce sens notamment que des œuvres peu­
compris et principalement celui d’agitateur pohtique. vent exprimer les possibilités de l’imagination à anti­
Ce sont ceux également, tel André Malraux, qui ciper sur l’expérience effective des hommes d’une
font de l’art l’indispensable « supplément d’âme 2>, époque donnée.
le seul refuge pour l’homme dans notre civilisation Une œuvre d’art peut avoir, au moins partiel­
en crise par suite de l’invasion du machinisme, la lement, une fonction de diffusion de savoirs, de
conception moderne du salut à notre époque où ni divulgation de connaissances, par exemple dans les
la politique, ni la science n’apporteraient de réponse domaines de la science, de l’histoire, de la politique.
à l’angoisse humaine. C’est relativement fréquent pour la httérature, le
Ces diverses conceptions qui défigurent le rôle théâtre, le cinéma.
de l’art et mutilent l’art lui-même, ont un point L’art et les activités physiques nous fournissent
commim : elles font de l’art une sorte de pièce l’exemple de deux composantes de la culture qui
rapportée, ajoutée plus ou moins artificiellement à la peuvent se conjuguer. C’est le cas notamment de
personnalité de l’homme et non un élément original la danse. Plus généralement, nous pouvons réfléchir
constitutif de cette personnalité. à ce passage-clef de Messe pour le temps présent
Lorsque nous concevons la culture comme faite de Béjart, qui mettait en évidence cette idée que
de plusieurs composantes, notre démarche consiste, le corps ne se sépare pas de l’esprit et que la maî­
d’une part, à considérer la personnalité dans toutes trise de l’un est un élément essentiel pour le déve­
ses dimensions, dans la totalité et la diversité de loppement de l’autre.
sa richesse et, d’autre part, à reconnaître à chacune Ces quelques exemples semblent suffisants pour
de ces dimensions, à chacun des divers domaines montrer que nous rejetons toute conception de
de cette richesse, un champ spécifique. caractère mécaniste à propos de la diversité des
Il s’agit de reconnaître pleinement à l’art sa composantes de la culture et de la spécificité de
spécificité. Il n’est pas réductible à telle ou telle chacune d’eUes.
composante de la culture, par exemple à la connais­ Insistons maintenant sur l’idée que chacune
sance scientifique ou à la formation civique. Ses des composantes de la culture n’entretient pas avec
fonctions ne se confondent pas avec celles des autres les idéologies, avec les divers systèmes philosophi­
composantes de la culture. ques, des rapports identiques.
Encore deux exemples extrêmes et volontaire­
ment caricaturaux. Il n’y a pas une science bour­
geoise et ime science prolétarieime. Par contre, en
rapports entre les diverses ce qui concerne la formation civique et la politique,
composantes de la culture et
rapports avec les idéologies on se trouve effectivement en présence d’une concep­
tion bourgeoise et d’une conception prolétarienne.
ais la reconnaissance de la spécificité Entre ces deux pôles, existe une gamme très
des diverses composantes de la culture étendue et extrêmement complexe de rapports entre

M ne signifie pas qu’U n’existe aucun


rapport entre elles, entre leurs fonc­
tions respectives. Il n’y a pas de cloi­
son étancUe, mais des rapports dialectiques

entre leurs fonctions respectives.


Prenons quelques exemples.
L’art et la science retentissent l’un sur l’autre.
telle composante de la culture et une conception
du monde donnée, donc entre tehe composante de
la culture et le marxisme comme conception du
monde.
mement complexes entre les diverses composantes,
extrê­
Non seulement chacune des composantes de
la culture n’entretient pas avec les idéologies des
rapports identiques, mais ü en est de même égale­
ment de tous les éléments qui constituent chaque
La création dans le domaine de la musique, de la composante. Arrêtons-nous exclusivement à la créa­
tion littéraire et artistique. Tout ce qui relève de aller » de l’opportunisme de droite.
ce domaine est en relation avec les diverses concep­ Il découle de là que les communistes tieiment
tions du monde, y compris avec le marxisme. Mais les arts, tous les arts, comme un domaine irrem­
ces relations ne sont pas de même nature, ne se plaçable de la formation et de l’activité humaines.
situent pas sm le même plan selon que l’on consi­
dère le roman ou la peinture, le théâtre ou la musi­ En termes de responsabilité politique pour im
que, le cinéma ou la poésie, la chanson ou l’art gouvernement, cette affirmation signifie qu’il a, dans
chorégraphique. Le contenu idéologique présent ce domaine, des obligations qu’il ne peut tenir pour
dans les œuvres de ces diverses disciplines ne se mineures. Il en résulte pour lui deux impératifs qui
présente pas de la même manière, ne chemine pas sont les faces d’un même problème :
et n’atteint pas le pubhc par les mêmes voies. — assurer l’accès toujours plus large de
tous à la culture artistique ;
— assurer des conditions toujours plus
favorables au développement de la
les exigences de création artistique et à sa diffusion.
l’intérêt national
Un statut des artistes du spectacle doit avoir
A est sur ces quelques réflexions, dont pour fondement cette obügation que les exigences
y on voudra bien excuser le caractère de l’intérêt national imposent à l’Etat. La notion

C
schématique, voire sommaire, et qui, par de recoimaissance du caractère d’utilité pubUque a
conséquent, doivent être sérieusement été avancée à propos du rôle des arts du spectacle.
approfondies par la recherche et la dis­ Il semble que cette expression, par l’accent qu’elle
met sur le caractère utilitaire des arts du spectacle,
cussion collectives, qu’il semble qu’on puisse fonder
une démarche valable dans le domaine des arts tende
du à atténuer la portée même de leur fonction
spectacle. sociale.
Elles donnent, dans ce domaine, la vue la plus Si nous tirons toutes les conséquences de cette
globale, la plus riche, la plus réaliste et la plus idée de la spécificité de chaque composante de la
ouverte sur le présent et sur l’avenir. Elles cons­ culture, appliquée aux arts du spectacle, nous déga­
tituent des points de repère pour se garder, dans geons une notion qui va bien au-delà de celle
les analyses et la pratique pohtique, de l’étroitesse « d’utiüté pubüque » avec tout ce que cette expres­
ouvriériste et gauchiste, aussi bien que du « laisser- sion peut comporter de restrictif.

LES sur quelques aspects


de la fonction sociale
des arts du spectacle
arts ont une fonction sociale qui n’est pas réductible à celle des autres composantes de la culture. U convient
d’essayer de dire ce qu’est cette fonction, plus précisément ce qu’est la fonction des arts du spectacle, pour
fonder les justifications de la place qui doit leur être reconnue et les moyens qui doivent leur être accordés
par la collectivité. Certes nous entrons là dans un domaine extrêmement complexe que nous commençons
seulement à explorer. Sans prétendre à une analyse exhaustive, quelques idées peuvent être avancées. Tout
d’abord, comme il a déjà été dit au sujet de l’absence de cloison étanche entre la connaissance et l’art, une
des fonctions de l’art, c’est de contribuer à la connaissance de la nature, de la société et de
l’homme lui-même. Le fait qu’il y contribue par des voies qui lui sont propres, s’il nous interdit de le met­
tre sur le même plan que les sciences et d’exiger sa personnalité ne sont pas entièrement contenues
de lui ce qu’on exige des sciences, ne doit nulle­ dans ses rapports sociaux. Le communisme ne vise
ment nous conduire à sous-estimer son rôle du pas à couler tous les hommes dans le même moule,
point de vue de l’emichissement des connaissances. mais, au contraire, à créer les conditions pour un
Mais là ne se borne pas la fonction sociale de épanouissement maximum de chaque personnalité.
l’art. Il faut rejeter toute conception utilitariste à Cela implique l’enrichissement incessant de tous
ce propos, s’interdire d’assigner quelque limite que les sens de l’homme, de ses facultés d’émotions
ce soit à l’étendue de la gamme des influences de esthétiques et de ses sentiments, y compris les plus
l’art pour l’enrichissement humain. intimes, enrichissement dans lequel l’art joue un
C’est cette idée que développait le Comité rôle très important.
fédéral du Vaucluse du Parti communiste français, Cette préoccupation ne vaut pas seulement pour
après les incidents qui marquèrent, en 1968, le Fes­ le moment où notre objectif final sera atteint. EUe
tival d’Avignon, lorsqu’il déclarait qu’on ne peut vaut aussi pour le moment présent. Certes, parce
ramener le théâtre à une fonction exclusivement que nous savons que les possibilités d’épanouisse­
politique, car il a « d’autres tâches sociales à assurer, ment pour le plus grand nombre sont subordonnées
par exemple inventorier la sensibilité et l’intelli­ à de profondes transformations sociales, c’est la
gence humaines, en reculer les limites^ ». lutte pour ces transformations qui est au premier
Cette conception du rôle de l’art découle de plan de nos préoccupations. Mais il ne s’agit pas
l’humanisme marxiste. L’homme n’est pas un simple d’opposer cette lutte pour réaliser les conditions de
support de rapports de production. Les hmites de la hbération future des hommes, à tout ce qu’ü est
3. Voir le texte intégral de cette déclaration dans La possible, dans l’immédiat, de conquérir pour amé­
Nouvelle Critique n" 17 (octobre 1968). liorer leur sort, y compris dans le domaine culturel.
Les communistes rejettent pour aujourd’hui sentiments, la qualité des prises de conscience et
comme pour demain la thèse d’une culture faite des sentiments dépendant directement de la qualité
« spécialement » pour les ouvriers. Plus exactement, du plaisir »
la culture à laquelle nous voulons que les ouvriers A propos des œuvres que nous préférons en
accèdent c’est la culture telle qu’elle résulte de son fonction de ce que nous sommes, il ne peut s’agir
enrichissement constant. uniquement d’œuvres dont la lisibilité politique et
Cette idée ne va pas de soi pour tout le monde. idéologique est immédiate. Il est des œuvres dont
Certains jugent condamnable, ou tout au moins non l’influence révolutionnaire se situe, en quelque sorte,
recommandable, tout spectacle qui n’est pas immé­ au second degré. Cette influence passe par toute une
diatement destiné à la prise de conscience politique série de médiations très complexes. De ce point
de la classe ouvrière. En cela, ils effacent totalement de vue, il semble qu’il ne soit pas inutile de
les frontières entre l’art et la politique. Ils nient la méditer cette réflexion de P.-A. Touchard : « Toute
spécificité de l’art et, pour ce qui est des arts du œuvre d’art, en même temps qu’elle fait naître le
spectacle, une notion qui s’attache à cette spéci- sentiment du beau et du parfait, provoque le besoin
^ ficité : la notion de plaisir. Il en est pour qui l’idée de réprouver à nouveau, et, dans cette mesure, crée
de plaisir pour les ouvriers a quelque chose d’impie, une exigence de changement et donc fait naître un
tant qu’ils n’ont pas fait la révolution. ferment révolutionnaire dans un monde où la per­
Nous ne partageons pas ce point de vue. Pour­ fection n’est pas la réalité de tous les jours. Ainsi,
quoi reporter à une date ultérieure (pour « après le théâtre est moins révolutionnaire qu’il peut sem­
la révolution ») des notions comme le plaisir et le bler, et, cependant, il est une cause profonde de
divertissement ? Elles ne sont évidemment pas transformation individuelle et sociale ^ »
condamnables en elles-mêmes. Pas plus pour l’avenir Il existe des œuvres de détente et de divertis­
que pour l’immédiat. Nous ne les considérons donc sement qui, sans avoir d’influence révolutionnaire
pas comme relevant de besoins plus ou moins « ina­ ne sont pas pour autant porteuses de l’idéologie
vouables ». bourgeoise. Leur appréciation est fonction de leur
Certes, il y a plaisir et plaisir, divertissement et qualité artistique.
divertissement. Et on retrouve là les problèmes sou­ Quant aux œuvres qui constituent des supports
levés au sujet des rapports avec les idéologies. Le de l’idéologie bourgeoise, les communistes ont évi­
plaisir et le divertissement peuvent effectivement demment le devoir de les situer, en s’interdisant
servir d’armes idéologiques à la bourgeoisie, et celle- cependant toute transposition de caractère méca­
ci encourage la réalisation et la diffusion d’œuvres niste de leur démarche politique, tout schématisme
du cinéma, du théâtre, de la télévision, de la chanson et toute simplification arbitrage ; le devoir donc
qui, de ce point de vue, se relient à ses préoccupa­ de rendre compte de tous les aspects, quelquefois
tions politiques. complexes et contradictoires, de telles œuvres.
Mais cela ne porte pas, pour autant, condam­
nation du plaisir et du divertissement. On reviendra
sur cette idée à propos du problème qui va être
maintenant examiné : quelles sont les œuvres
du droit des arts du
auxquelles va notre préférence ? spectacle à la dignité
Une telle question recèle bien des pièges et on
ne saurait prétendre y apporter pleinement réponse. qui vient d’être dit de la

€E
fonction sociale des arts du
spectacle, permet d’affirmer
que ceux-ci représentent un
des éléments constitutifs de
la création et de l activité artistique qui doivent être
une préoccupation nationale. En exposant la fonction
peut dire néanmoins qu’il sociale des arts du spectacle, on a du même coup
s’agit de créer les conditions rejeté toute conception qui tendrait à diviser les
les plus favorables à l’éclo­ activités artistiques entre activités nobles et activités
sion d’œuvres témoignant des qui ne le seraient pas, à subdiviser les arts en arts
espoirs, des souffrances, des majeurs et en arts mineurs.
luttes, des doutes aussi, des hommes de ce temps. La reconnaissance de la dignité des arts du
En raison du rôle qui est celui des communistes spectacle est fondée en rejetant l’idée de luxe et de
et de la force des idées du socialisme à notre époque, superflu qui, pour beaucoup, s’attache à eux, en
de telles œuvres ne peuvent pas ne pas porter l’em­ rejetant l’idée d’interdit et de culpabilité, plus ou
preinte de notre conception du monde et de notre moins liée à l’égard du plaisir et du divertissement
combat. Mais pour que ces œuvres témoignent qu’üs peuvent procurer.
valablement, elles doivent être d’authentiques œuvres
d’art, c’est-à-dire respecter la spécificité de celui-ci. Il faudra réfléchir un jour sur la « dignité » des
Et justement, à propos de la notion de plaisir, dont arts du spectacle et, partant, de la dignité de l’acteur,
il était question tout à l’heure pour les arts du à ce qui peut rester encore aujourd’hui d’une tradi­
spectacle, on ne méditera jamais trop cette recom­ tion historique qui a mis aux prises les forces de
mandation de Bertold Brecht : « Des œuvres, des réaction sociale et spirituelle et les forces de progrès.
représentations de cette sorte (des œuvres de théâ­ Ce n’est pas un hasard si, sous l’ancien régime,
tre dépourvues de toute valeur artistique) auraient- le comédien était franchement relégué en marge de la
elles une certaine efficacité que cette efficacité n’irait société, naturellement excommunié.
pas bien loin, même sur le plan politique. Car c’est 4. Bertold Brecht, Ecrits sur le théâtre (p. 231, L’Arche).
le propre du théâtre que de susciter par le truche­ 5. P.-A. Touchard : Le théâtre et l’angoisse des hommes,
ment du plaisir des prises de conscience et des p. 201, Le Seuil.
On connaît le jugement de La Bruyère à ce mière vue ou dans un moment donné, considérées
propos ; « La condition des comédiens était infâme comme mineures, peuvent se révéler d’une impor­
chez les Romains et honorable chez les Grecs : tance considérable par la suite. Un exemple bien
qu’est-clle chez nous ? On pense d’eux comme les connu illustre cette idée : à ses débuts le cinéma
Romains, on vit avec eux comme les Grecs. » était considéré comme un spectacle de foire pour
Quant à Bossuet il a condamné Molière en ces les masses, sans portée et sans avenir culturels. On
termes : « La postérité saura peut-être la fin de ce sait ce qu’il est devenu par la suite. D’autre part,
poète comédien qui, en jouant son malade imagi­ on ne peut pas considérer le volume actuel de cha­
naire ou son médecin par force, reçut la dernière cune des activités dans les diverses disciplines comme
atteinte de la maladie dont il mourut peu d’heures le reflet des besoins culturels objectifs. La recherche
après et passa des plaisanteries du théâtre, parmi du profit aboutit à hypertrophier certains d’entre
lesquelles il rendit presque le dernier soupir, au eux alors que d’autres demeurent dans un grave
tribunal de celui qui dit : « Malheur à vous qui riez, état de sous-développement. Qu’on réfléchisse de ce
car vous pleurerez. » point de vue à l’insuffisance des activités artistiques
destinées à l’enfance et aux rôles que pourraient et -j
L’Eglise est alors implacable à l’égard de l’ac­ que devraient notamment jouer dans ce domaine, les
teur : il ne peut se marier sans abandonner son théâtres de marionnettes, les théâtres de mime, le
état et la sépulture chrétienne lui est refusée s’il n’a cinéma pour enfants, etc.
pas prononcé sa « renonciation ».
Mais Voltaire à plusieurs reprises, notamment
dans Candide, a flétri l’inhumation clandestine particularités
d’Adrienne Lecouvreur, portée en terre dans le ter­ de chaque
rain vague de la Grenouillère, à minuit, par un discipline artistique
portefaix. ais le refus de subdiviser les arts du
La Convention ouvre les portes de l’Institut spectacle en catégories fondées sur
aux comédiens, mais Bonaparte les a refermées et des jugements de valeur, ne doit pas
elles ne se sont jamais rouvertes depuis, malgré les conduire à nier les particularités de
candidatures de Mounet-Sully. . toutes sortes qui s’attachent à chacune

On pourrait faire une anthologie des textes des disciplines.
d’Octave Mirbeau sur le comédien qui, par nature Ces particularités tiennent notamment ;
même, est un être inférieur à partir du moment où 1) Aux conséquences sur la personnalité de
il monte sur les planches et fait abdication de sa l’acteur, principalement sur ses facultés artistiques,
qualité d’homme : il déshonore les choses respecta­ de son activité dans les différentes disciplines ;
bles comme la maladie, la vieillesse, l’amour, etc. 2) A l’importance quantitative et qualitative des
publics des diverses disciplines ;
Deux conclusions essentielles doivent être tirées 3) A l’infrastructure socio-économique de cha­
du fait que les arts du spectacle ont une fonction que discipline.
sociale aux multiples facettes, qui contribue à l’enri­
chissement de la vie, et du fait qu’ils doivent quitter Examinons chacun de ces trois aspects.
le domaine qui est supposé être celui du superflu et L’activité d’un acteur au théâtre, à la télévision
des plaisirs plus ou moins licites : ou dans le cinéma, se traduit, selon l’importance
1) La nation doit assurer les moyens d’as­ respective que prennent dans sa carrière chacun de
sumer cette fonction ; ces domaines, par des conséquences au niveau ;
2) Elle doit garantir nn statut à ceux sans — Du développement de ses facultés artisti­
qui ne serait pas assumée cette fonc­ ques.
tion ; les artistes. — Des possibilités mêmes qu’il a de passer
d’un domaine à un autre et de l’étendue de la gamme
Nous ne faisons pas entrer les arts du spectacle des rôles qu’il peut interpréter.
par la petite porte pour cause d’« utilité publique ».
Nous les incluons, à part entière, dans une politique C’est ainsi qu’il est admis, semble-t-il, que le
culturelle nationale. théâtre, du fait de sa spécificité, doive être considéré
Nous reconnaissons aux artistes du spectacle le comme la base du métier d’acteur, en ce sens que,
titre de participants au développement et à la diffu­ quels que soient ses emplois par ailleurs, la pratique
sion de la culture, ce qui implique, pour qu’ils puis­ périodique du théâtre est une des conditions du déve­
sent assumer ce rôle, qu’un ensemble de conditions loppement de son talent.
matérielles, culturelles et éthiques soient réunies. Il est admis également que la télévision entraîne
Lorsqu’on parle de la reconnaissance de la di­ ce que nous pourrions appeler une certaine « usure
gnité des arts du spectacle, cela signifie non seu­ morale » de l’acteur. Celle-ci n’est pas le fait de
lement qu’ils ne sont pas tenus pour mineurs par l’acteur, mais du caractère même de la télévision,
rapport aux autres disciplines, mais également qu’à notamment des conditions dans lesquelles le télé­
l’intérieur même des arts du spectacle il n’existe spectateur « reçoit » les émissions. L’acteur, de par
pas de subdivision entre des disciplines dites nobles et sa nature, peut passer d’un rôle à un autre — c’est
celles qui le seraient moins. la base même de son métier — mais pour des raisons
Notre démarche part d’un double point de vue : qui tiennent à ce que nous venons de dire, c’est le
1. Du point de vue du public. Celui-ci est en téléspectateur qui, dans une certaine mesure, le lui
contact, dans des mesures variables certes, avec tou­ interdit
tes les disciplines du spectacle. Nous verrons par la
suite quelles conséquences il faut en tirer. 6. Voir ha Nouvelle Critique (n° 17, octobre 1968) ;
« Table ronde sur les acteurs et la télévision », avec
2. Du point de vue du développement de la Antoine Casanova, François Chaumette, Denis Manuel,
culture. Des disciplines qui pourraient être, à pre­ Roland Ménard, Jean Negroni, Bernard Noël.
évolution est en elle-même positive : elle crée les
TBBT" problème de la télévision conditions d’un accès toujours plus large à la culture
J ^conduit à poser plus généra-
artistique et à l’enrichissement de celle-ci.
lement celui des nouveaux La réflexion doit porter sur le contexte social,
m J HH 1 J moyens de diffusion de la caractérisé principalement par les conditions écono­
_JdHL^I‘culture, les moyens de diffu­ miques et politiques dans lesquelles cette évolution
sion de masse ; télévision, radio, cinéma, dis­ s’effectue et les conséquences qui résultent non des
ques, etc. Il faut considérer ce problème sous un techniques elles-mêmes, mais de ces conditions.
double aspect. Tout d’abord, on doit l’aborder du Dans notre pays, cette évolution s’effectue dans
point de vue de l’objectif de la politique culturelle, les conditions du capitalisme monopoliste d’Etat,
c’est-à-dire du point de vue du public. Il convient c’est-à-dire dans un régime qui combine les mono­
de tenir compte que ce sont les « agents culturels » poles capitalistes et l’Etat, celui-ci étant un service
que le public rencontre le plus massivement et le de ceux-là. De ces conditions naissent un ensemble
plus spontanément. Il en résulte que leurs effets sont de limites qui ont des conséquences négatives pour
déterminants pour la vie culturelle du plus grand le public, pour les artistes et pour la culture artis­
8 nombre et, à ce titre, ils doivent retenir particuliè­ tique elle-même.
rement notre attention. C’était la démarche du cri­ Les fruits du travail intellectuel sont, comme
tique de cinéma André Bazin qui déclarait, il y a ceux du travail manuel, considérés comme des mar­
quinze ans, à propos du cinéma : « Sa gravité au chandises.
point de vue culturel, vient de ce qu’il constitue en Lorsqu’un capitaliste investit des capitaux dans
fait pour la population urbaine et pour une fraction ce qu’il considère comme « l’industrie de la cul­
de plus en plus large de la population rurale la ture », son souci essentiel est le même que pour
quasi totalité de ses rapports avec l’art. » Depuis tout capitaliste plaçant son capital : le capital doit
quinze ans, les rapports de la population avec l’art fructifier, son placement doit être rentable. Mais
se sont modifiés, en raison principalement du déve­ pour être rentable, l’industrie culturelle doit répon­
loppement des autres moyens de diffusion de masse : dre aux besoins du marché. Ainsi, elle contribue
apparition et développement de la télévision, du à façonner dans une certaine mesure les goûts du
transistor, du microsillon. Ils ont atteint des dimen­ public et à freiner l’élévation de ses exigences cul­
sions bien plus grandes que le cinéma. Leur « gra­ turelles. Cette situation retentit sur les créateurs et
vité culturelle », pour reprendre l’expression de les artistes, ces goûts intervenant comme une des
Bazin, est à la mesure de leur public. dimensions de leur liberté de création et d’expres­
sion. Il ne peuvent pas de ce fait avoir seulement
Le problème des moyens de diffusion de masse des soucis culturels, des soucis humanistes. Sur eux
demande à être également abordé du point de vue pèse le poids de la recherche du profit.
de l’artiste. Son statut doit lui assurer les moyens de Ce système a pour résultat global la limitation
répondre à cette exigence de qualité, d’autant plus des possibilités d’expression des artistes, une pesée
grande que le public atteint est plus étendu. Il est constante sur leurs conditions de travail et de rému­
légitime notamment que sa rétribution soit en rap­ nération, et des conséquences négatives quant à
port avec l’étendue du public qui bénéficie de son l’élévation du niveau culturel du public.
interprétation. Cela signifie que le support matériel
de cette interprétation (film, bande magnétique,
disque, enregistrement magnétoscope) ne soit pas
considéré comme un objet pour lequel l’interprète
est payé une fois pour toutes et que celui qui en l’artlste-lnterprète
est le propriétaire utilise comme il l’entend au même instrument et Instrumentiste
titre qu’un quelconque autre objet. Il est donc abso­
lument indispensable que des conventions garantis­ omment définir dans ses grandes lignes
ce que devrait être le statut de l’artiste

C
sent, pour tous les moyens de diffusion de masse,
les rémunérations de l’acteur à partir de ces consi­ du spectacle ?
dérations.
Ce statut repose sur l’idée que les
arts du spectacle, tous les arts du spec­
tacle, chacun avec sa spécificité propre, constituent
évolution technique un des éléments de la culture nationale.
et contexte social
La première conséquence qui en résulte est
que nous venons de dire, l’obligation pour la nation de créer les conditions en

€E amène tout naturellement vue de l’accès, toujours plus large, de tous à la cul­
une troisième question : l’in­ ture dont les arts du spectacle sont porteurs et pour
frastructure socio-économi­ le développement constant de ceux-ci.
que des diverses disciplines La seconde conséquence découle du fait qu’il
du spectacle. ne peut y avoir d’arts du spectacle sans artistes-
Il y a, et cela continuera sans cesse, une interprètes.
évolution objective des techniques de réalisation et Sans leur intervention, leur interprétation, la
de diffusion des œuvres de toutes les disciplines du pièce de théâtre, le film, la chanson, la dramatique,
spectacle. Nous sommes entrés dans l’ère des com­ l’émission poétique ou l’adaptation littéraire restent
munications par satellites. à l’état de manuscrit, de scénario, de partition, de
texte, c’est-à-dire à l’état virtuel et indéterminé.
Il n’est pas question de le regretter, et encore Non seulement l’artiste-lnterprète est indispen­
moins de le condamner. D’abord parce que cela ne sable à la représentation de l’œuvre, à sa venue au
servirait à rien. Ensuite et surtout parce que cette monde, mais il est, avec l’auteur et le réalisateur,
celui qui apporte à l’œuvre la plus grande part de sa
personnalité. Sa subjectivité entre en ligne de compte
dans ce que « recevra » le public. Selon l’expression sens où l’artiste-interprète entend, comme tout indi­
de Louis Jouvet : « Il a un rôle complexe d’instru­ vidu, exprimer par son travail la richesse de sa
ment et d’instrumentiste. » On peut aussi, de ce personnalité. Et, compte tenu de la part essentielle
point de vue, réfléchir à ce qu’écrivait récemment que représente son apport personnel dans le travail
Gombrowicz : « Le texte d’une pièce contemporaine collectif auquel il participe, la place de ses possibi­
se prête de moins en moins à la lecture. H ressem­ lités quantitatives et qualitatives d’interprétation est
ble de plus en plus à une partition, qui ne commence à ses yeux déterminante. Et il y a là une dimension
à vivre que sur scène, dans le jeu, dans le spec­ morale, une éthique professionnelle que nous devons
tacle » considérer comme une donnée essentielle de la pro­
Ce n’est pas céder à on ne sait quelle concep­ fession d’artiste-interprète.
tion bourgeoise que d’affirmer qu’il y a une diffé­ Cette donnée recouvre les problèmes de l’em­
rence de nature entre le travail de l’artiste-interprète ploi, des débouchés, des conditions de travail, mais
et celui de l’ouvrier de plateau. Tenir compte de cette elle déborde ces notions. En tout cas, ces expres­
distinction, c’est créer les conditions les plus favo­ sions produites telles quelles, ne rendent pas suffi­
rables à la défense et de l’artiste-interprète et de samment compte de l’étendue de la revendication 9
l’ouvrier de plateau. dont nous venons de parler.
Lorsque l’on envisage l’obligation pour la na­ Mais, s’il n’y a pas d’arts du spectacle sans
tion de créer les conditions propres à développer artistes-interprètes, la situation des artistes-interprè­
les arts du spectacle, il faut avoir en vue la nécessité tes résulte, dans une grande mesure, de la situa­
d’assurer à l’artiste-interprète, pour les raisons qui tion générale des arts du spectacle.
viennent d’être exposées, un statut qui le mette en Il est impossible de dégager les revendications
situation de donner vie aux œuvres dans les meilleu­ de l’acteur en partant uniquement de lui. Cela ne
res conditions possibles. peut être valablement fait que si on considère le
C’est l’intérêt du public, puisque cela condi­ « va et vient » entre la situation de l’artiste-inter-
tionne en partie la qualité de ce qu’il recevra. C’est prète et la situation générale des arts du spectacle.
l’intérêt de l’artiste-interprète. Ce mot doit être pris C’est dire combien est déterminante pour l’artiste-
ici dans son sens le plus élevé, au sens de conscience interprète la mise en œuvre d’une politique cohérente
professionnelle. Plus même, il doit être entendu au de développement culturel, prenant en considération
7. Witold Gombrowicz, Théâtre 1968, p. 197, Christian tout ce qui concourt ou devrait concourir au déve­
Bourgeois. loppement de la vie artistique du pays.

nécessité d’une
démocratie avancée
ne telle politique ne peut être atten­ réaliste, car il prévoit les étapes et les délais et pro­
due du pouvoir gaulliste, pour les rai­ pose les moyens indispensables à sa réalisation.
sons que nous avons exposées. La Dans le domaine culturel, le but que doit s’assi­
y solution de ce problème est liée au gner une démocratie avancée, c’est de mettre en
^ succès des forces démocratiques de œuvre toutes les ressources intellectuelles de la na­
notre pays. Le Parti communiste français offre dans tion et d’élever le niveau de culture de l’ensemble
ce domaine une perspective claire. Dans le Mani­ de la population.
feste qu’il a adopté, le 6 décembre 1968 à Champi- n ne s’agit pas de « mettre la culture à la
gny, il « réaffirme la volonté des communistes de portée de tous » en abaissant celle-ci, en demandant
travailler à l’entente de toutes les forces ouvrières aux créateurs de renoncer à leurs ambitions artis­
et démocratiques sur la base d’un programme com­ tiques de manière à toujours être compris de tous.
mun avancé, susceptible d’être appuyé par la majo­ Démocratiser l’accès à la culture consiste, pour
rité du peuple français et d’ouvrir la perspective du nous, à mettre tous et chacun en mesure d’être
renouveau ». Il définit de manière précise l’objectif toujours mieux à même de participer à la vie artis­
principal : « A l’étape actuelle, (cet objectif) est tique et culturelle, y compris dans ses formes les
et reste le remplacement du pouvoir gaulliste des plus élevées.
monopoles par une démocratie politique et écono­ Démocratiser la culture, c’est, comme le disait
mique avancée, ouvrant la voie au socialisme. » Brecht, « faire du petit cercle des connaisseurs un
Seule la réalisation de cet objectif politique grand cercle de connaisseurs ».
permettra de résoudre de manière fondamentale et On dessert la cause de la culture et la cause
durable les problèmes que pose le développement du peuple lorsqu’on affirme que cela est possible
culturel de notre pays. Seule une démocratie avancée du jour au lendemain. Prétendre qu’il y aurait une
peut promouvoir une politique culturelle qui ré­ recette pour transformer, dans l’immédiat, la compo­
ponde, non plus aux besoins égoïstes du capital, mais sition du public, relève d’une démagogie à laquelle
à l’intérêt national et aux exigences de notre temps. nous nous refusons.
De ce point de vue, les propositions présentées Ce qui est vrai, c’est que des pas peuvent être
par le Parti communiste français, dans le cadre de faits dans cette voie. C’est le cas lorsqu’on donne da­
son programme général, forment un ensemble à la vantage de moyens et de temps de vivre, en d’autres
lois novateur, efficace et réaliste. termes lorsqu’on augmente les salaires et lorsqu’on
Novateur, car il vise à une modernisation pro­ réduit le temps de travail de la classe ouvrière.
fonde, rendue possible par l’instauration en France Ceux des intellectuels qui ont traité par le
d’un régime jamais réalisé ; efficace, car il tient mépris ces renvendications ont oublié qu’elles
compte des besoins réels de l’homme et de la nation ; avaient aussi une portée culturelle.
Toute politique culturelle suppose une politique buent effectivement à l’élaboration et à la mise en
de progrès social. œuvre de ce plan.
Et lorsque les artistes-interprètes lisent dans Si l’on rejette la notion de « pouvoir culturel »
notre programme que nous voulons un gouvernement parce qu’elle est vide de sens ou qu’elle détourne
démocratique pratiquant une politique de progrès de la lutte pour le pouvoir effectif de la classe
social, ils doivent se dire que cela ne concerne pas ouvrière et de ses alliés, on peut considérer, par
seulement la classe ouvrière, mais aussi leurs pro­ contre, qu’une politique culturelle ne peut être vala­
fessions puisque cette politique aura des incidences blement définie si elle n’inclut pas les préoccupa­
heureuses sur la vie artistique. tions, les compétences, les ambitions des artistes ;
Aller au théâtre ou au cinéma, fréquenter les si elle ne tient pas compte de leurs problèmes, de
concerts, même regarder certaines émissions de télé­ leur expérience ; si on ne leur permet pas de décider
vision, suppose des conditions de travail et de vie eux-mêmes dans une série de domaines pour les­
qui assurent du temps libre, et du temps libre d’une quels ils sont seuls qualifiés pour le faire.
qualité telle qu’elle permette une certaine disponi- C’est dans cet esprit qu’est élaboré notre projet
IQ bilité d’esprit. de statut pour l’O. R. T. F. Ce projet prévoit la
Il faut donc une transformation radicale de la mise en place d’un conseil d’administration, sur des
situation de la classe ouvrière qu’on ne peut évidem­ bases réellement démocratiques, doté de pouvoirs
ment pas escompter de la « participation » gaulliste. effectifs quant à l’orientation et à l’activité de l’of­
fice. Il prévoit également que les personnels de
Une autre condition essentielle pour élargir le l’Office et les artistes de toutes disciplines seront
public des diverses disciplines artistiques, c’est la représentés dans le Conseil d’Administration et étroi­
mise en œuvre d’une profonde réforme de l’ensei­ tement associés à son travail.
gnement. Mais cela suppose, bien entendu, que l’Etat
L’école façonne, dans une grande mesure, le soit un Etat démocratique. D’abord à l’échelon le
devenir culturel des futurs adultes. plus élevé, c’est-à-dire au niveau du pouvoir central,
Toutes les enquêtes sociologiques soulignent le mais aussi au niveau des structures régionales, dépar­
lien étroit entre la scolarisation et le degré de parti­ tementales et locales.
cipation à la vie artistique et culturelle.
La réforme démocratique de l’enseignement que
nous proposons donnerait une culture générale plus
étendue à tous. Nous prévoyons la prolongation de importance des
la scolarité jusqu’à dix-huit ans ; cette réforme pré­ nationalisations
voit, en outre, que les enseignements artistiques se­ our donner son plein essor à la culture
ront profondément rénovés. nationale, la nationalisation progres­
Ces enseignements, qui débuteront dès le plus sive des monopoles capitalistes est
jeune âge, auront un contenu nouveau qui, tout en indispensable. Indispensable pour pou­
intégrant l’héritage culturel du passé, évitera l’aca­ voir pratiquer efficacement une poli­
démisme desséchant. L’enseignement de la littérature, tique de progrès social, indispensable pour soustraire
du théâtre, de la musique, des arts plastiques, sera à l’emprise des monopoles les secteurs-clefs de la
ouvert aux créations et aux recherches contempo­ création et de la diffusion culturelles. Il suffit de
raines. De nouvelles disciplines seront abordées, réfléchir un instant à ce qui se passe avec la domi­
notamment le cinéma. nation des grandes sociétés de distribution dans le
L’école préparera également les élèves à une cinéma, presque toutes américaines d’ailleurs ; à ce
utilisation enrichissante des moyens de communica­ qui se passe à l’O. R. T. F. avec les grandes sociétés
tion de masse, et, notamment, des techniques audio­ de l’électronique et les maisons privées de production,
visuelles. très souvent filiales de puissants groupes financiers ;
Une telle école accroîtra, de manière décisive, à ce qui se passe dans l’industrie du disque ; à ce
le nombre de ceux qui sont en mesure d’apprécier qui se passe dans les postes de radio périphériques ;
les œuvres des divers domaines de la création. à ce qui se passe pour les journaux, les revues et le
Mais, pour important qu’il soit, le devoir de livre.
l’Etat vis-à-vis de l’école, n’épuise pas scm rôle dans La nationalisation des grandes sociétés indus­
le domaine culturel. trielles et financières permettrait non seulement d’as­
Il ne doit pas se borner à préparer les géné­ sainir ces secteurs, mais contribuerait à résoudre les
rations futures à une vie culturelle plus riche, et problèmes de financement et ceux de la création
faire une croix sur les générations actuelles. artistique, qui est actuellement soumise, dans cer­
C’est pourquoi il doit mettre en œuvre une tains domaines, aux exigences souvent usuraires des
politique culturelle dont l’école, bien sûr, doit être banques.
un des piliers, mais qui ne doit négliger aucune des
sources de la création, aucune des sources de la La nationalisation du crédit et sa gestion démo­
diffusion. cratique permettraient, par exemple, de fournir des
prêts à faible intérêt ;
Nous proposons que, dans ce but, on établisse — à une banque du cinéma que géreraient
im plan, car c’est la condition d’une politique glo­ les professionnels ;
bale et cohérente, c’est-à-dire prenant en considé­ — à des coopératives de professionnels du
ration tous les aspects de la vie artistique et culturelle. cinéma ou du théâtre ;
Et pour qu’il en soit bien ainsi, nous propo­ — à de petites sociétés privées ou à des pro­
sons que les représentants des créateurs et des ducteurs indépendants.
artistes de toutes disciplines : théâtre, cinéma, télé­ La nationalisation, dont il faut souligner qu’elle
vision, arts plastiques, musique, etc., associés notam­ ne frappera que le grand capital, permettra d’assurer
ment aux représentants des pouvoir publics, contri­ l’existence de nombreuses sources de création, condi­
tion indispensable à une très grande diversité de Les lieux de création et de diffusion dont notre
sujets, de styles et d’écoles. pays a besoin doivent être plus nombreux et géo­
Le maintien de cette diversité est une question graphiquement mieux répartis. L’implantation de
de principe. La résolution du Comité central d’Ar- nouveaux équipements culturels devrait tenir compte
genteuil souligne à ce sujet que « la création artis­ de toutes les données, notamment de l’évolution
tique ne se conçoit pas sans recherches, sans cou­ démographique. Il conviendrait également d’éviter
rants, sans écoles diverses et sans confrontations que soient édifiées des salles qui, parce que l’on
entre elles » et que « les exigences expérimentales veut qu’elles servent à tout, ne sont pas aptes à
de la littérature et de l’art ne sauraient être niées jouer un rôle de centre de diffusion dans des condi­
ou entravées, sans que soit gravement porté atteinte tions qui sauvegardent la qualité artistique des spec­
au développement de la culture et de l’esprit humain tacles et des manifestations qu’elles accueillent. Pour
lui-même ». assurer cette sauvegarde, nous suggérons que la cons­
truction ou la rénovation des salles, effectuées par
les collectivités locales avec l’apport d’une subven­
à propos du budget tion de l’Etat représentant 50 % du coût des tra­ Il
culturel de l'Etat
vaux, respectent obligatoirement des normes minima,
■jjj^ reste que c’est d’abord à l’Etat édictées par des collectifs de spécialistes (architec­
qu’incombe le devoir de fournir tes, urbanistes, scénographes, metteurs en scène, etc.).
m les moyens nécessaires à l’essor D’une manière générale, le budget culturel de
J de la vie artistique. Il se doit l’Etat, de même que le budget de tous les orga­
d’aider les collectivités et tous nismes qui concourent à la vie artistique (nous pen­
ceux qui concourent à l’enrichissement du patri­ sons principalement à l’O. R. T. F.) devrait com­
moine culturel du pays. Il doit donc disposer d’un porter ce qu’on pourrait appeler un « quota de
budget culturel qui ne soit pas considéré comme création ». Ce « quota » fixerait la limite inférieure,
le budget des menus plaisirs. à ne pas franchir, du volume des crédits consacrés
Nous luttons depuis des années pour que ce à la création contemporaine. Il serait ainsi possible,
budget, qui représente actuellement 0,42% du en suivant son évolution, de mesurer les efforts
budget total de l’Etat, soit porté dans l’immédiat à fournis réellement, année après année, pour contri­
1 %. buer au développement de celle-ci.

le statut de
l’artlste-lnterprète

avoir examiné les traits essentiels de la politique qu’il convient de mettre en œuvre pour assurer le dévelop­
pement des arts du spectacle, on doit étudier quelles sont les conditions qui doivent être, dans le cadre de
celte politique, celles de l’artiste-interprète. Quel doit être le statut de l’artiste-interprète pour que celui-ci
contribue pleinement à ce développement? Ce statut doit comporter un ensemble de dispositions qui décou­
lent des caractéristiques de l’activité de l’artiste-interprète. La première de ces dispositions est la conséquence
de la notion d’artiste-interprète, tout à la fois « instrument et instrumentiste », donc qui apporte une part
spécifique à la création artistique.
Pour que cet artiste soit en mesure d’incor­ teur, plus que dans toute autre acti­
porer à l’œuvre le maximum de son talent, un cer­ vité, d’exprimer sa personnalité,
tain nombre de conditions doivent être réalisées. —• d’autre part, de ce fait même, il a une
Il est possible de les traduire en dispositions relative­ vertu formatrice du point de vue du
ment précises. Mais ce travail de réflexion et d’éla­ talent.
boration ne peut être fait qu’avec le concours des C’était en tout cas l’opinion de Gérard Philipe :
intéressés eux-mêmes. C’est donc volontairement « L’importance du théâtre tient au fait qu’il permet
que nous avons donné aux propositions qui suivent de se mettre au contact du public qui donne à l’ar­
un caractère très général. tiste la connaissance de cette réalité sans laquelle il
Le système actuel, par l’instabilité qu’il engendre est impossible à n’importe quel artiste de se déve­
du point de vue de l’emploi et qui condamne les lopper, de se perfectionner, de devenir plus complè­
artistes-interprètes à travailler toujours plus pour tement et plus parfaitement artiste. »
« rester dans le circuit », n’est sans doute pas celui Périodiquement, un acteur devrait pouvoir, s’il
qui est le plus apte à assurer la qualité optimum le désire, se retremper dans le théâtre sans qu’il en
des prestations. résulte des inconvénients pour sa carrière, puisqu’il
Un acteur devrait pouvoir faire alterner ses pourrait ainsi enrichir son talent.
activités en fonction de l’enrichissement de ses pos­ L’artiste-interprète doit donc pouvoir également
sibilités artistiques et non suivant les aléas de la disposer de temps pour se cultiver. La rémunéra­
demande, car il semble admis que certaines de ces tion de son activité devrait tenir compte que la
activités sont décisives pour cet enrichissement. préparation à cette activité exige une « mise à jour »
C’est ainsi que le théâtre, par le contact immé­ permanente. Toutes les disciplines du spectacle sont
diat avec le public qu’il apporte, tient une place en constante évolution. L’artiste-interprète doit pou­
privilégiée : voir suivre cette évolution, c’est-à-dire voir ce qui
— d’une part, parce qu’il permet à l’ac­ se fait, participer à des séminaires de réflexion sur
personnage, cela implique choix, observation, recher­
che, inspiration, contrôle. »
bibliographie Enfin, l’acteur devrait en permanence pouvoir
parfaire sa culture générale. Jean Vilar a aussi tou­
jours insisté à juste titre sur cet aspect. Il souligne
l’importance de « la culture et de la responsabilité
civique afin que les acteurs ne soient pas des indi­
Roland Leroy vidus brillants et creux, insupportables et sans
Classe ouvrière, culture ».
marxisme et culture nationale Jacques Copeau s’est lui aussi bien souvent
Conférence à la séance inaugurale élevé contre un certain type d’acteur « mué dans
de l’Université Nouvelle de Lyon, certains théâtres en une sorte de fonctionnaire, sûr
15 novembre 1968. de ses qualités professionnelles, évidemment las,
définitivement éloigné de tout contact avec la fan­
Pierre Champeix taisie, la passion, la vie ».
12 Une radio-télévision démocratique Il y a, dans tout ce que nous venons de dire,
a° 151 (février 1967)
tout un champ de réflexion qui paraît aller dans
revue « Economie et Politique » le sens de ce que l’on pourrait appeler la formation
La Télévision permanente et le recyclage. Mais cela va bien
sert-elle la culture ? au-delà de ces notions. Ces expressions n’expriment
revue « Europe » n” 444-445, pas totalement la richesse de ce qu’il convient de
avril-mai 1966 prévoir.
Hubert Lesigne Un autre aspect important du statut de l’acteur
Le Parti communiste qui découle de sa fonction « d’instrument instru­
français et l’éducation nationale mentiste », c’est ce que nous pourrions, par réfé­
n” 2 (février 1968) rence « aux droits d’auteur », appeler « les droits
les Cahiers du Communisme de l’interprète ». Nous disons par référence aux
Débats
« droits d’auteur », car la notion des « droits de
l’interprète » n’est pas de même nature.
sur les problèmes
idéologiques et culturels
d’Argenteuil, 11, 12 et 13 mars 1966) Il ne s’agit pas de donner à l’acteur un droit
(Session du Comité central du P. C. F. identique à celui que donne la loi du 11 mars 1957
€€ Cahiers du Communisme », n°® 5 et 6
sur la propriété artistique et littéraire, mais de recon­
(mai-juin 1966). naître qu’il effectue une prestation intellectuelle ori­
ginale que des tiers peuvent souvent utiliser à leur
Compte rendu guise une fois qu’ils ont acheté le support matériel
des journées d’études du P. C. F. de cette prestation ; films, bande magnétique, disque,
des 17 et 18 février 1968 enregistrement magnétoscope.
sur l’Education nationale, Dans notre esprit, le « droit de l’interprète »
« L’Ecole et la Nation », n“ 165 est autre chose qu’un droit de suite sur le travail
(janvier 1968). effectué pour le compte d’un employeur. Ce serait
un droit nouveau de création intellectuelle, distinct
Projet de celui de l’auteur de l’œuvre interprétée.
de réforme démocratique
de l’Enseignement du P. C .F. Ce « droit de l’interprète » comporte­
« L’Ecole et la Nation », rait deux aspects essentiels :
n° 156, février 1967. — un aspect financier (il interviendrait
Après « Les Héritiers » pour la rémunération de l’artiste) ;
Problèmes de sociologie — un aspect moral.
de l’éducation
« La Pensée » n“ 139. Il substituerait à la notion de cachet payé une
fois pour toutes par l’employeur lors de la réalisa­
tion d’une œuvre, de nouvelles notions telles l’éten­
due du public atteint par cette œuvre tout au long
de ses diffusions successives, les modalités de ces
les expériences artistiques, à des stages y compris diverses diffusions, les utilisations diverses qui sont
à l’étranger. faites de l’œuvre, par exemple lorsqu’elle est incor­
La préparation à un rôle devrait comprendre porée dans un ensemble qui dorme naissance à quel­
le temps qu’il doit consacrer à certaines lectures, à que chose de différent de l’œuvre primitive.
certaines visites, ce qui lui donnerait une connais­ Le fait de tenir compte de l’étendue du public
sance aussi complète que possible de ce qui se rap­ ne doit pas être considéré de manière absolue. Il
porte de près ou de loin à ce rôle. est bien évident, par exemple, que l’artiste-interprète
Nous partons, dans ce domaine, de cette idée qui participe à des spectacles de caractère expéri­
de Jean Vilar : « Il n’est pas de personnage qui mental, dont il convient d’aider le développement,
ne doive être composé. Il n’est de bon comédien ne saurait se voir opposer, quant à sa rémrmération,
que de composition. Il n’existe pas de rôle qui ne la dimension du public atteint par ces spectacles.
soit de composition. La composition d’un personnage Le « droit de l’interprète » impliquerait éga­
est le jeu de la création qui, seul, apparente le métier lement la reconnaissance de prérogatives morales,
de comédien à celui de l’artiste. Car composer im puisque l’interprétation est un acte éminemment per­
sonnel : droit au respect du nom de l’artiste, droit divers domaines des arts du spectacle (histoire du
d’empêcher la communication au public de la pres­ cinéma, du décor, de la mise en scène, etc.).
tation de l’artiste sous une forme qui nuise à son
honneur et à sa réputation ou même, dans certains les méthodes
cas, porte atteinte à sa conception personnelle de
l’œuvre. Elles découlent du but et du contenu de l’en­
La défense de telles revendications n’est pas seignement. Elles doivent assurer une liaison intime
incompatible avec l’exigence de la reconnaissance avec la pratique. Parmi les voies pour y parvenir,
de la qualité de salarié pour les artistes-interprètes. on peut envisager notamment la collaboration avec
Le chercheur scientifique et le professeur de l’en­ les centres de création existants, la participation à
seignement sont des salariés et ils luttent pour leurs l’enseignement d’artistes et de créateurs contempo­
revendications de salariés. Ils luttent également pour rains, des stages d’élèves dans des troupes théâ­
des revendications beaucoup plus générales qui trales, dans le cinéma, à la télévision, à la radio, etc.
conditionnent leur activité : l’organisation de la La possibilité doit être, en outre, donnée aux élèves
recherche et de l’enseignement dans notre pays. de monter eux-mêmes des spectacles et de les pré­
senter au public.
13
Nous nous trouvons, en ce qui concerne les artistes
du spectacle, devant des problèmes du même ordre.
Enfin, un autre point du statut de l’artiste-inter- le recrutement
prète qui nous semble également très important,
c’est ce qui a trait à sa formation professionnelle. L’objectif à atteindre, dans ce domaine comme
Pour être ce que nous avons dit qu’il devrait dans les autres, c’est une démocratisation effective.
être, cela suppose une solide formation. Compte tenu Il faut rendre accessible à tous, par un système
de la fonction sociale de l’artiste-interprète et des de bourses et d’allocations d’étude à ceux qui en
devoirs de la collectivité qui en découlent, cette ont besoin, l’enseignement qui prépare aux arts du
formation doit être assurée par l’Etat. spectacle.
L’enseignement qu’il convient de mettre en Les problèmes de la formation professionnelle
place doit faire l’objet de recherches pédagogiques posent celui des rapports avec les activités d’ama­
approfondies, d’une étude de l’expérience des pays teurs. Il s’agit d’un problème complexe que nous
étrangers et d’une large consultation de tous les n’entendons pas éluder.
spécialistes concernés. Il serait néfaste de condamner les activités
Sans préjuger des résultats de ce travail, nous d’amateurs. Compte tenu de la part de subjectivité
pensons qu’il est possible d’avancer les orientations qui tient à l’artiste-interprète, il est normal que parmi
générales suivantes : les amateurs se révèlent d’authentiques talents. Il
devrait être possible à ceux qui expriment ainsi des
qualités certaines, de bénéficier d’un enseignement
le but de
renseignement et d’accéder au professionnalisme.
Mais il convient d’établir, à tous égards, une
Il doit préparer aux diverses activités aux­ distinction sans équivoque entre les activités d’ama­
quelles sont appelés les futurs artistes-interprètes. teurs et les activités professionnelles. Les activités
Cependant, pour éviter toute spécialisation préma­ d’amateurs doivent avoir un statut qui les considère
turée, il pourrait comporter un « tronc commun » comme telles et qui sauvegarde, sur tous les plans,
après lequel les élèves commenceraient à s’orienter les prérogatives des activités professionnelles.
vers des sections spécialisées, qui prépareraient à
l’interprétation, à la mise en scène, à l’enseigne­
ment, à l’animation, etc. Les élèves devraient avoir
la possibüité de changer éventuellement d’orienta­
tion en passant d’ime section dans une autre, sans
pour autant perdre le bénéfice de leur scolarité
antérieure. La spécialisation ne doit pas être conçue elles sont les propositions que nous
soumettons à la réflexion et à la dis­

T
de manière étroite. Non seulement le futur artiste-
interprète doit disposer d’ime gamme étendue de cussion. Le groupe de travail des acteurs
possibilités d’emploi comme artiste-interprète, mais communistes pourrait envisager d’éla­
également d’une formation qui lui permette, éven­ borer, sur la base de ces propositions,
tuellement, de se consacrer, au cours de sa carrière, un document contenant des dispositions essentielles
à d’autres domaines d’activité dans les arts du spec­ pour un statut de l’artiste-interprète du spectacle.
tacle : mise en scène, enseignement, animation, etc. Ce document contribuerait à l’enrichissement du
En ce qui concerne les disciplines enseignées, elles programme démocratique que propose le Parti com­
doivent recouvrir tout l’éventail des arts du spec­ muniste français.
tacle. Il conviendra de pallier ces insuffisances cons­ Il pourrait également servir de base à la for­
tatées actuellement dans notre pays, notamment à mulation de revendications immédiates que nous
l’absence d’écoles de mime, du cirque, et du music- nous efforcerions de faire triompher.
hall. L’application complète de toutes les disposi­
tions que nous proposons suppose la mise en œuvre
d’une politique culturelle démocratique, elle-même
le contenu
subordonnée à l’instauration d’une démocratie avan­
Il convient d’équilibrer l’attention constante à cée dans notre pays. Mais nous ne pouvons pas fixer
l’égard de l’héritage classique et la préoccupation les limites des objectifs qu’il est possible aux artistes
d’être de plain-pied avec la création contemporaine. du spectacle d’atteindre avant même ce changement
L’enseignement doit faire une large place à la culture de politique. Ces limites dépendent de l’ampleur de
générale et, quelle que soit la section spécialisée leur lutte pour laquelle ils sont assurés de notre
choisie, à l’acquisition de connaissances dans les appui le plus total.
QUELQUES POUR
INTERVENTIONS LA DEFENSE DU
DES ELUS CINEMA FRANÇAIS
COMMUNISTES

14 Question écrite
de Roland Leroy
à André Malraux

Roland Leroy, député de Seine-


Maritime, attire l’attention du mi­
nistre des Affaires culturelles sur
l’aggravation de la situation du
cinéma français, caractérisée no­
tamment par la diminution, d’an­
née en année, du nombre de films
français réalisés, l’extension du
chômage et l’incapacité pour
ri. D. H. E. C. d’assurer, faute des
moyens nécessaires, la formation
professionnelle dans des conditions
satisfaisantes.

Il lui demande, dans l’attente


des réformes profondes qui s’im­
posent particulièrement en ce qui
concerne les conditions de produc­
tion et de distribution du film,
quelles sont les dispositions qu’il
envisage de prendre pour donner
satisfaction aux professionnels du
cinéma qui réclament l’adoption
immédiate des mesures suivantes ;
octroi par l’Etat, au Fonds de
Soutien, d’une somme de 20 mil­
lions de francs réservée à l’aide à
la production de films français ;
alignement fiscal de la produc­
tion cinématographique sur le
régime du livre :
normalisation des rapports ciné­
ma-télévision ;
octroi à ri. D. H. E. C. d’un
soutien qui lui est indispensable
pour qu’il puisse poursuivre son
activité et assumer dans les meil­
leures conditions le rôle qui lui est
imparti ;
mise en place, dans le cadre du
Centre National du Cinéma, de
véritables commissions paritaires
assurant à la profession un con­
trôle effectif de l’application des
mesures prises.
CONTRE POUR POUR
LES MESURES LA REOUVERTURE EMPECHER
ARBITRAIRES DE L’ODEON LA DISPARITION
DU POUVOIR DU THEATRE
DE L’EPEE DE BOIS

Questions écrites Question écrite Question écrite 15


de Roland Leroy des conseillers des conseillers
à André Malraux communistes de Paris communistes de Paris

Notre camarade Roland Leroy Dans une question écrite au pré­ Dans une question écrite aux pré­
fait part au ministre des Affaires fet de Paris, André Voguet, Louis fets de Paris et de Police, André
culturelles de l’inquiétude qu’a sus­ Baillot, Jacques Grosman, Henri 'Voguet, Louis Baillot, Jacques
citée la décision de révoquer le Malberg et Christiane Schwartz- Grosman, Henri Malberg et Chris­
directeur de l’Odéon-Théâtre de bard, conseillers communistds de tiane Schwartzbard, conseillers de
France. Cette mesure frappe un Paris, demandent au préfet « s’il lui Paris, soulignent, à l’attention de
artiste, une compagnie qui ont est possible de les informer de la M. le Préfet de Paris, les inquié­
joué un rôle éminent pour le dé­ date et des conditions de réouver­ tudes provoquées par les menaces
veloppement de notre culture natio­ ture du Théâtre de France ». qui pèsent sur le théâtre de l’Epée
nale et son rayonnement dans le de Bois.
monde. « Ce théâtre constituait pour « Le collectif de jeunes comé­
Paris un lieu de création irrempla­ diens qui, depuis six ans, anime le
Diverses déclarations reprochées çable qui s’était affirmé avec une théâtre, vient de recevoir une
au directeur de l’Odéon ne peuvent remarquable vitalité depuis 1960 « sommation de déguerpir » accom­
justifier la décision prise. avec les réalisations artistiques de pagnée d’une décision de justice
la Compagnie Jean-Louis Barrault- l’obligeant à partir le !“■ mars pro­
Il demande à Monsieur le Minis­ Madeleine Renaud. Ces réalisations chain sans qu’aucune solution n’ait
tre des Affaires culturelles de bien se poursuivent d’ailleurs depuis que été envisagée pour lui permettre de
vouloir lui faire savoir quelles me­ Jean-Louis Barrault a été évincé du se réinstaller ailleurs.
sures il compte prendre pour rap­ Théâtre de France, mais le théâtre « Cette décision est prise dans
porter cette décision. est resté fermé. A l’heure actuelle, le cadre de transformations qui
aucune perspective proche n’appa­ sont envisagées dans le quartier,
raît encore pour son utilisation ». mais dont la réalisation ne paraît
pas devoir être immédiate. Son exé­
Roland Leroy fait part Nos camarades, conseillers de cution risque d’entraîner la dispa­
à M. le Ministre d’Etat chargé Paris, « pensent qu’une telle situa­ rition totale d’un théâtre à Paris
des Affaires culturelles tion ne saurait se prolonger. Ils qui a réalisé de nombreux spectacles
estiment qu’une action énergique et dont l’activité présente un carac­
de la réprobation suscitée par son pourrait mener rapidement à terme tère de recherche originale.
communiqué du 19 décembre selon les travaux de réfection et de répa­ « Les conseillers précités deman­
lequel le gouvernement a ordonné ration nécessaires ; ils notent que dent en conséquence à M. le Préfet
que la pièce d’Armand Gatti, le nouveau statut du Théâtre de de Paris et à M. le Préfet de police
Passion en violet, jaune et rouge, France est paru au Journal Officiel de bien vouloir intervenir pour
soit retirée du répertoire du Théâ­ du 23 octobre 1968. Ils demandent, suspendre l’exécution de cette
tre National Populaire. Cette dé­ en conséquence, à M. le Préfet de expulsion jusqu’à la réalisation
cision est d’autant plus injustifiée Paris de bien vouloir intervenir effective des aménagements de voi­
que l’inscription de cette pièce au pour que soient rapidement établies rie prévus dans le quartier. Ils sou­
programme du T. N. P. a été déci­ les conditions d’une réouverture du haitent qu’une solution soit étudiée
dée avant l’ouverture de la saison Théâtre de France, qui assurent le pour permettre le relogement ou
théâtrale, que l’auteur avait accepté caractère original et la haute qualité l’installation définitive de ce théâ­
d’en changer le titre et d’apporter artistique que lui avait donnés la tre. »
certaines modifications au texte et Compagnie Renaud-Barrault ».
que les répétitions sont commencées Le groupe communiste du Sénat
depuis trois semaines. A l’Assemblée Nationale, Roland est intervenu dans le même sens.
Il demande quelles dispositions il Leroy est intervenu dans le même
compte prendre pour faire rappor­ sens auprès d’André Malraux.
ter une mesure qui constitue une
nouvelle atteinte à la liberté de
création artistique et cause un pré­
judice certain aux professionnels
du spectacle.
un nouveau
théâtre
une
nouvelle
formule
16 • nouveauté
dans l’option artistique,
• nouveauté
dans le bâtiment,
• nouveauté
dans le style d’accueil,
à partir du 1" mars 1969
salle ouverte de 11 heures
à 2 heures du matin. boutiques artisanales
et d’objets d’art
accueil et
vous pourrez acheter vos
visite du théâtre
par l’équipe d’animation. cadeaux, gadgets, etc.
expositions
cafétéria
cabaret
à partir de 11 heures tous les soirs
du matin, tous les jours, après ie spectacie, notre
dans une ambiance cabaret ouvrira ses portes
musicale jusqu’à 2 heures du matin,
et de télévision
les deux chaînes et chansons, poésie, mime,
notre circuit fermé : cinéma, projections.
« actualités télévisées • une salle ouverte à tous,
• un lieu idéai pour
scène saint-dénis ». se retrouver entre amis,
en effet, • un lieu à connaître
avec notre magnétoscope, dès le premier mars.
nos techniciens filmeront
l’actualité de saint-dénis
et de la région
et ainsi vous saurez
ce qui se passe dans votre
ville avant tout le monde,
pourboires interdits.

du
nouveau
théâtre
le samedi
premier mars
1969
une nouvelle formule 17
très souple et très simple
remplace l’abonnement.
la carte
« d’usager privilégié »
coûte 3 FRANCS
théâtre
et donne droit ;
au bénéfice au cours de
gérard philippe
de tarifs réduits pour la saison inaugurale,
toutes les manifestations
de la saison ;
seront présenté ;
un show d’inauguration,
de_ _ _ _ _ _ _ _
à recevoir le
calendrier des spectacles
à domicile ;
des spectacles dramatiques,
des spectacles lyriques,
des concerts,
saint-dénis
à l’entrée gratuite des ballets,
des variétés, direction_ _ _ _ _ _ _
à l’un des shows de du jazz,
« la fête » ;
des spectacles josé vaiverde
elle associe également pour les jeunes, etc.
chaque personne à l’action
entreprise par l’équipe prix des places
du théâtre gérard-philipe 10 F tarif individuel
dans son théâtre 7 F tarif collectivité
remis à neuf ; avec la carte
et cette carte << d’usager privilégié »
permet de gagner 15 jours 7 F tarif individuel
de vacances, voyage payé, 6 F tarif collectivité
en Bulgarie, cet été. matinées classiques et
spectacles de Jeunes : 4 F.

un lieu idéal
pour se retrouver
entre amis
tionner, surtout en ce qui
“la fête, concerne les rapports des
hommes entre eux dans la
c’est société. Nous sommes avec
les hommes et les femmes
dingue” de la population laborieuse
de nos cités, dans le même
combat fraternel pour un
Ce titre insolite qui a fleuri monde plus juste, mais
avec un pied rouge sur tous cette transformation néces­
les murs de Saint-Denis et saire du monde nous la vou­
de sa région intrigue, à juste lons joyeuse, optimiste car,
titre, très largement la au bout du compte, ce
18 population. n’est pas la lutte pour la
Qu’est-ce que c’est ? justice en soi, pour des prin­
Qu’est-ce que cela veut cipes métaphysiques que
dire ? l’on essaierait de faire en­
trer de force dans la vie,
Nous ne tenterons pas ici mais c’est la lutte pour le
d’expliquer ce que sera le bonheur.
spectacle.
Nous ne pensons pas,
Nos intentions ? Réhabiliter comme certains, que nos
le théâtre aux yeux de la concitoyens sont de parfaits
population laborieuse de abrutis parce qu’ils aiment
Saint-Denis et de sa région, la télévision, jouent au
en faire avant tout un lieu tiercé, lisent des romans
de divertissement. feuilletons et sont sensibles
Nous avons posé la ques­ à la publicité. Les travail­
tion dans la ville : « Qu’est- leurs de nos cités font la
ce que, pour vous, la preuve tous les jours de
Fête ? » On nous a dit : « Un leur bon sens, de leur santé
jour pas comme les au­ morale, c’est pour cela que
tres », « La Fête, on rigole, nous les aimons tels qu’ils
c’est des copains... », « La sont. Parce que nous som­
Fête, c’est une occasion mes comme eux, passant
exceptionnelle mariage, du superficiel au profond,
communion, baptême, nais­ du rire au sérieux, du chant
au combat, nous ne nous
sance... », « je ne sais pas,
moi, La Fête c’est le 14 sentons pas de vocation
Juillet : bals populaires, les professorale. Pour nous le
lampions... ». théâtre est un dialogue où
chacun apprend de l’autre.
En fait, ce que nous sou­ Qui, nous sommes résolu­
haitons, c’est donner au ment du côté du bonheur.
théâtre cette vocation du
lieu familier et bon enfant Si nous apportons déjà deux
où l’on vient avant tout heures de joie aux person­
faire provision de joie. nes qui nous font la con­
fiance de venir, nous aurons
Depuis la nuit des temps, le sentiment d’avoir rempli
les hommes luttent pour la notre rôle dans la plus
vie ; grâce à leur activité grande dignité.
incessante ils ont gagné de
grands combats sur la na­ Oui, nous sommes résolu­
ture, quoiqu’en disent les ment du côté du bonheur,
nostalgiques de la vie sau­ c’est pourquoi nous avons
vage qui parlent de la pré­ choisi comme emblème du
tendue société de consom­ premier spectacle un clin
mation. La vie est meilleure d’œil malicieux en forme
pour les hommes de notre de pied rouge et ce titre
siècle que pour les hommes familier et bon enfant « La
de la préhistoire ou du fête, c’est dingue ».
Moyen Age, où même des José Valverde.
siècles immédiatement pré­
cédents.
Certes, le monde n’est pas
fini, il est encore à perfec­
le
grand show
d’inauguration
mise en scène
José valverde

mars 69
samedi 1 18 h 30
samedi 1 20 h 30
dimanche 2 14 h 30
mars 69 19

groupe folklorique
dimanche 2 18 h 30 de musiciens et
dimanche 2 20 h 30
vendredi 7 20 h 30
samedi 8 14 h 30
danseurs bulgares
samedi 1", 14 h 30 : théâtre
tirage de la loterie
samedi 8 18 h 30
samedi 8 20 h 30 la fête gérard philippe
grand show
dimanche 9 14 h 30
dimanche 9 18 h 30
dimanche 9 20 h 30
d’inauguration
mise en scène
de
josé valverde
du 1" au 9 mars saint-dénis
concert colonne,
dir. louis martini direction
purcell, gabrieli,
mars 69 bach, charpentier
avec la chorale des j.m.f.
josé valverde
oh, ies beaux jours ensemble de cuivre
de samuei becket g. masson
avec madeleine renaud lundi 3 à 20 h 30
et jean-louis barrault
mercredi 19 ciné-club
et jeudi 20 à 20 h 30 mercredi 12 et
mercredi 26 à 20 h 30 ciné-club
1'‘ cinématographique mercredi 16
mondiaie britannicus mercredi 30 à 20 h 30
le dernier film de Jean racine
de joris ivens mise en scène de faust
vendredi 21 à 20 h 30 josé valverde de Charles gounod
(création t.g.-p.) d’après goethe
le t.r.p. présente jeudi 13 - vendredi 14 production nouvelle
Jeanne au bûcher samedi 15 à 20 h 30 par le c.l.p.f.
d’arthur honneger dimanche 16 à 15 h. vendredi 18
d’après Claudel samedi 19 à 20 h 30
avec loieh bellon dimanche 20 à 17 h
samedi 22 à 20 h 30 avril 69 don Juan ou l’amour
récital félix leclerc
le mariage de figaro avec en première partie de la géométrie
mise en scène Sebastien maroto opéra d’ivan semenoff
de rené lesage samedi 5 à 20 h 30 d’après la pièce
par la comédie des alpes de max fristch
jeudi 27 à 14 h 30 le ballet des étoiles (création mondiale)
jeudi 27 - vendredi 28 de l’opéra de paris théâtre gérard-philipe
samedi 29 - samedi 12 à 20 h 30 de saint-dénis
lundi 31 dimanche 13 à 15 h centre lyrique
à 20 h 30 populaire de france
dimanche 30 à 15 h le t.r.p. présente jeudi 24 - vendredi 25
serge reggiani samedi 26 à 20 h 30
orchestre de chambre en première partie dimanche 27 à 17 h
de Sofia « la sonate à Kreutzer »
soliste Catherine brilli de beethoven concert Claude luther
samedi 29 à 17 h vendredi 11 à 20 h 30 lundi 28 à 20 h 30
chaque mois
la nouvelle critique
la revue communiste
des intellectuels
traite des principaux
problèmes politiques,
idéologiques, théoriques
et culturels
de notre temps

la nouvelle critique
a notamment publié dans les do­
maines intéressant plus particuliére­
ment les professionnels du spectacle
living-théâtre
m. sys n° 11 - février 1968
table ronde sur
la condition d’acteur
n. alari, I. bellon, m. alba,
g. belioin, a Casanova,
a. gisselbrecht, o. lebeau,
f. maistre, r. ménard
et r. sandrey n° 14 - mai 1968
les acteurs
et la télévision
a. Casanova, f. chaumette,
d. manuel, r. ménard,
j. négroni, b. noël n° 17 - oct. 1968
commentaire sur
le festival d’avignon 1968
comité fédéral
du Vaucluse du P. C. F.
n° 17 - octobre 1968
les « affaires »
du cinéma
jacques brière n" 19 - déc. 1968
la culture
et ses budgets
gérard belioin n” 19 - déc. 1968
scénographie
et mise en scène
michel raffaelli n” 19 - déc. 1968
mythe, théâtre,
représentation et histoire
richard demarcy n" 20 - janv. 1969
deux faces
sur écran large
j. a. fieschi, b. stora n* 21 - fév. 1969
LES EDITIONS DE LA NOUVELLE CRITIQUE
rédaction, administration, 19, rue salnt-
georges, paris 9‘. C. C. P. PARIS 6956-23
le numéro : six francs.
abonnement un an (dix numéros) ___50 ( gérant responsable
six mois (cinq numéros) . 27 f andré vrolant
spécial étudiants : un an 30 f, six mois 15 f
imprimé par
Corbière et Jugain, aiençon

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