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Conception et guide

de dimensionnement
du boulonnage radial
en tunnel
GT30R1F1
ISBN 978-2-901148-10-4 - ISSN 2609-8822 - Novembre 2020
Avertissement
« Les Recommandations de l’AFTES sont l’aboutissement de travaux de synthèse,
de réflexions méthodologiques, de recherches et de retours d’expérience menés par l’Association,
ayant vocation à servir de référence pour la conception, la réalisation ou l’exploitation des ouvrages
souterrains. Elles s’adressent uniquement à un public de professionnels avertis, seuls à même de
pouvoir en apprécier la pertinence dans chaque contexte particulier, et d’en appliquer le contenu
totalement ou partiellement sous leur seule responsabilité.
L’AFTES décline expressément toute responsabilité quant à l’interprétation de ses Recommandations,
y compris les dommages éventuels en résultant ou étant liés.»
Recommandation de l’AFTES
N° GT30R1F1
CONCEPTION ET GUIDE DE DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE RADIAL EN TUNNEL

Texte présenté par François LAIGLE (EDF-CIH)


Co-animateur : Jean LAUNAY

Ce document a été rédigé en active collaboration avec :


Hervé LE BISSONNAIS (TERRASOL), François MARTIN (BG), Daniel BILLAUX (ITASCA),
Christophe JASSIONESSE (GEOS), Jean-Sébastien VILLEGAS (VINCI CONSTRUCTION),
Eric MATHIEU (EIFFAGE), Faouzi HADJ-HASSEN (MINES ParisTech), Didier SUBRIN (CETU),
Olivier GASTEBLED (TRACTEBEL), Adrien SAITTA (EGIS TUNNELS).
Ont participé au groupe de travail :
Frédéric BULTEL (EGIS TUNNEL), Philippe AUTUORI (ARCADIS), Anne BOUVARD (TRACTEBEL),
Anne-Julie SCHELKER (BOUYGUES), Laura BLANCO-MARTIN (MINES ParisTech),
Bruno DARDART (SNCF), Jean-Pierre RAJOT (IFSTTAR), Bruno HAMELIN

Ce manuscrit a été révisé et corrigé par :


Pascal GUEDON (Arcadis), François RENAULT (VINCI), Réza TAHERZADEH (Tractebel)

Ce texte a été validé par le Comité Technique de l’AFTES le 18 mai 2017.

L’AFTES accueillera avec intérêt toute suggestion relative à ce texte.

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 3


4 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020
SOMMAIRE

1. Préambule 6
2. Objectifs de cette recommandation 6

3. Terminologie et types de boulons 7

4. Critères de conception du soutènement par boulonnage 8


4.1. Règles pratiques pour la conception du boulonnage 8
4.2. Caractérisation du massif encaissant 9
4.3. Caractéristiques techniques et mécaniques du boulonnage 12
4.4. Durabilité du système de boulonnage 17

5. Fonctionnement et apport du soutènement par boulonnage 18


5.1. Rôles et fonctionnement du boulonnage radiale 18
5.2. Quantification de l’apport mécanique du boulonnage 22
5.3. Ordres de grandeurs de l’apport mécanique du boulonnage 33

6. Conception générale du soutènement par boulons 34


6.1. Retour d’expérience et recommandations générales 34
6.2. Méthodes fondées sur les classifications et règles empiriques 35
7. Calcul et dimensionnement du boulonnage 39
7.1. Approche de dimensionnement 39
7.2. Actions et conditions de chargement 41
7.3. Critères de dimensionnement 41
7.4. Calcul du boulonnage porteur selon l’approche aux équilibres limites 46
7.5. Méthodes de calcul sur la base d’une hypothèse de milieu continu 49
7.6. Méthodes numériques de calcul du boulonnage pour un massif discontinu 56

8. Références 59

9. ANNEXE 1 – Analyse et illustration du chargement d’un boulon sous sollicitation axiale 65

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1. PRÉAMBULE

1. PRÉAMBULE • les techniques de boulonnage du front de taille des tunnels.

Les recommandations proposées ici portent uniquement sur la


Le boulonnage est un procédé d’emploi très courant dans le do- conception et le dimensionnement du boulonnage radial*.
maine des travaux souterrains, qui a fait l’objet d’une attention
particulière de l’AFTES dès l’origine de l’association : deux recom- Elles visent à guider le concepteur dans le choix d’un système de
mandations furent déjà consacrées à la technologie du boulon- boulonnage radial et à fournir des recommandations pour l’utilisa-
nage [1974] et aux conditions d’emploi du boulonnage [1979]. tion des méthodes de calcul de dimensionnement actuellement
Ces textes constituent une référence encore valide à bien des disponibles. Elles ont surtout comme objectif majeur de l’aider
égards, mais, depuis leur parution, la technologie du boulonnage à justifier le dispositif de boulonnage retenu. Cette technique de
a connu des évolutions importantes, la plus importante étant sans soutènement, fortement couplée dans les décisions de mise en
doute l’apparition des boulons à friction et des boulons en fibres œuvre à la nature du terrain rencontré, doit continuer à s’appuyer
de verre, dont la mise en place et le fonctionnement sont assez sur l’expérience. Mais sa justification est jugée dans de nombreux
différents de ceux des boulons à ancrage réparti classiques. Par cas, nécessaire pour démontrer la pertinence du dimensionne-
ailleurs, ces recommandations axées sur la mise en œuvre pré- ment et de la technologie retenue, ainsi que pour comprendre
sentent simplement le principe de fonctionnement du boulonnage, et analyser en phase de réalisation le comportement du massif
et donnent des indications pour le choix d’un type de boulon en rocheux.
fonction du terrain traversé, mais ne proposent pas de critères de L’objet de ces recommandations n’est pas de proposer un recen-
conception ni de méthode de calcul pour leur dimensionnement. sement exhaustif et précis des méthodes et outils de calcul pour
Il a donc paru utile de mettre à jour et de compléter les recom- dimensionner un système de boulonnage, mais bien d’apporter
mandations de l’AFTES concernant le boulonnage. Deux groupes une aide dans la justification du principe de soutènement, en s’ap-
de travail ont été mis à contribution : puyant en premier lieu sur des approches basées sur le retour
d’expérience et l’état de l’art de la profession, sur une description
• le GT6 [2014], chargé de réactualiser les recommandations et une bonne compréhension du comportement du massif durant
relatives à la technologie du boulonnage, de manière à prendre le creusement de l’ouvrage, sur l’identification des modes de rup-
en compte les nouveaux procédés apparus dans la pratique ture potentielle probables. Les outils de calcul et de dimension-
courante des chantiers. Les recommandations rédigées par ce nement ne sont que des éléments complémentaires qui doivent
groupe présentent également les types de boulonnage adaptés conforter le concepteur dans ses choix techniques concernant le
aux différentes classes de terrain, les précautions à prendre soutènement.
pour obtenir un bon fonctionnement des boulons et les mé-
thodes de contrôle permettant de s’assurer de la bonne réali- La complexité du massif, au sein duquel est creusé le tunnel, et
sation des boulons ; la difficulté à connaitre et quantifier sa variabilité géologique et
géotechnique doivent implicitement être prises en compte dans
• le GT30, chargé de proposer les présentes recommandations le cadre de la démarche de conception du soutènement par bou-
pour la conception et le dimensionnement du boulonnage. Le lons. Cette démarche doit permettre de s’adapter aux configura-
but de ce texte est de fournir des éléments de choix d’un sys- tions rencontrées. Ces adaptations devront pouvoir être décidées
tème de boulonnage, de comprendre le fonctionnement et de et mises en œuvre sur site. La technique de soutènement par
proposer les méthodes d’analyse et de calcul disponibles pour boulons est ainsi particulièrement pertinente dans ce contexte, en
justifier la conception du boulonnage. pouvant être adaptée au travers de certains paramètres comme la
longueur, mais surtout la maille du boulonnage. Sous réserve de
2. OBJET DES RECOMMANDATIONS bien comprendre le comportement de l’ouvrage grâce à un sys-
tème d’auscultation adapté et pertinent, la conception proposée
Le terme de boulonnage en travaux souterrains recouvre plu- du soutènement par boulons doit être suffisamment flexible dans
sieurs techniques ayant recours à des inclusions résistantes et sa conception pour déboucher sur des renforcements éventuels,
rigides, de section et de longueur diverses, en acier ou en ma- mais aussi sur des réductions de soutènement, sources d’écono-
tériau composite, mises en place dans le terrain par foration ou mies du projet.
fonçage. La complexité de son fonctionnement rend difficile une Le soutènement par boulons radiaux scellés doit en priorité
définition simple et exhaustive du boulonnage. En revanche, il s’appuyer sur une compréhension correcte du développement
est nécessaire de préciser que certaines techniques apparentées des modes de ruptures qui sont fonction à la fois de l’état des
n’entrent pas directement dans le champ des recommandations contraintes, de la géotechnique du terrain et des phases d’excava-
proposées ici : tion et de mise en place du soutènement. Cette « compréhension »
• les techniques de présoutènement, de type « voûte parapluie » sera basée sur l’expérience, les analyses en retour des ingénieurs
constituée de barres ou de tubes métalliques ou de colonnes
de jet-grouting, éventuellement accompagnées par des injec-
* le boulonnage est considéré comme radial lorsque la direction des bou-
tions de traitement, lons considérés est approximativement perpendiculaire à celle de la plus
grande dimension de la cavité.

6 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


2. OBJET DES RECOMMANDATIONS

en charge de la conception, ou sur des modélisations pertinentes. Les principales catégories de boulons peuvent se différencier en
Tout manquement à cet aspect de la conception du boulonnage fonction de leur technologie de mise en œuvre et de fonctionnement.
pourrait se traduire par des déconvenues importantes. Il est possible de distinguer les 4 catégories principales suivantes :

La réalisation de calculs dans un cadre méthodologique mieux cer- • Les boulons à ancrage ponctuel,
né ne saurait réduire l’importance et la responsabilité du « chargé • Les boulons à ancrage réparti,
de soutènements » dans le choix final du soutènement, mais lui • Les boulons mixtes,
permet de disposer d’un référentiel pour chaque projet intégrant • Les boulons à friction.
des considérations de stabilité générale de l’ouvrage, au-delà
Les boulons à ancrage ponctuel sont liés au terrain en leurs extrémités
des obligations liées à la sécurité des personnels, qui peuvent le
et sont libres dans le trou de forage, sur la longueur de la tige. Ils sont en
conduire à adapter ce soutènement.
général ancrés au terrain en fond de trou par un système mécanique
Ces recommandations ne proposeront donc pas un cadre métho- de « coquille à expansion » ou par un scellement sur une longueur li-
dologique rigide pour la justification d’un soutènement par bou- mitée. Ils sont bloqués à la paroi de l’excavation par une plaque fixée
lons d’une cavité souterraine, mais fournissent des conseils pour à la tige par un écrou de tête, permettant éventuellement une mise en
apporter davantage d’objectivité dans la justification de ces struc- tension lors de la mise en place. Cette technologie est applicable dans
tures de renforcement. les milieux rocheux, capables d’accepter les contraintes locales d’ac-
crochage en fond de forage, sans arrachement du scellement ou de la
Une utilisation fructueuse des présentes recommandations im-
fixation. Leur efficacité est immédiate, dans la mesure où une première
plique de se référer aux autres recommandations de l’AFTES, et
mise en tension même faible est assurée lors de l’installation.
notamment en ce qui concerne :
Les boulons à ancrage réparti par scellement interagissent mécanique-
• La technologie du boulonnage [AFTES 2014] ;
ment avec le massif environnant, par scellement de la tige sur toute sa
• La caractérisation des massifs rocheux [AFTES 2003] ;
longueur. Le produit de scellement est généralement de la résine ou
• La méthode convergence-confinement [AFTES 2002] ;
du mortier de ciment. En variante de mise en œuvre, la technique du
• La conception et le dimensionnement du béton projeté
boulon autoforeur permet la foration du trou directement à l’aide de la
[AFTES 2001].
tige creuse du boulon, munie en son extrémité d’un taillant perdu. Le
scellement est effectué en injectant du coulis de ciment par l’intérieur
3. TERMINOLOGIE ET TYPES DE BOULONS du boulon. Du point de vue de leur justification et du comportement,
ces techniques n’ont pas lieu d’être différenciées.
Les boulons se différencient par la nature du matériau constitutif
Cette technologie est applicable dans la plupart des terrains, aussi
(acier, fibre de verre…), par la géométrie et l’assemblage de leurs
bien dans des roches tendres que dans des milieux fracturés. Leur
éléments (tige, plaque…) et par leur principe de mise en œuvre.
efficacité est différée d’au moins le temps de prise du produit de
Ces facteurs influent sur le principe d’action du boulon et sur le scellement.
comportement du massif qui en résulte.

Figure 1 : Principales catégories de boulons

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 7


3. TERMINOLOGIE ET TYPES DE BOULONS

Les boulons mixtes combinent les deux principes précédents conception du soutènement de l’ouvrage à des mesures et cri-
puisqu’il s’agit de boulons à ancrage ponctuel, scellés dans un tères d’auscultation pertinents, permettant de partiellement gé-
deuxième temps sur toute leur longueur par injection de coulis rer les incertitudes. L’auscultation d’un tunnel et la conception
de ciment. du soutènement sont intimement liées, et la définition d’un sys-
tème d’auscultation adapté fait intégralement partie de la concep-
Les boulons à friction interagissent mécaniquement avec le massif
tion de la structure. Cette auscultation permet soit de renforcer, soit
environnant sur toute leur longueur, par frottement de la tige sur la
d’alléger le soutènement en phase de construction.
paroi du trou. Cette friction entre le terrain et le boulon est assurée
soit par expansion hydraulique du profilé creux et mince consti- Des critères de conception et de dimensionnement pertinents ;
• 
tuant la tige, soit par poussage en force d’un tube fendu dans en fonction de l’apport mécanique attendu du boulonnage,
le trou de forage, dont le diamètre est inférieur à celui présenté donc de sa technologie et de son mode de fonctionnement,
initialement par la tige. Leur efficacité est immédiate. les critères de conception et de justification pourront être dif-
férents. Il est aussi important de s’interroger sur la finalité du
Du point de vue du concepteur, c’est la différence de mode d’inte-
boulonnage, en se demandant si ce soutènement est là pour
raction avec le massif, entre les boulons à ancrage ponctuel et les
limiter les déplacements du terrain et/ou pour assurer une sta-
boulons à ancrage réparti, qui apparait fondamentale.
bilité ultime et générale de l’excavation.
Une distinction, usuelle dans le domaine des soutènements, peut
En parallèle, la démarche de conception doit prendre en compte :
également être faite, entre le boulonnage actif et le boulonnage
passif. Le terme « actif » exprime le fait qu’une tension longitudi- Une souplesse d’adaptation du système de soutènement ;
• 
nale est appliquée initialement et reportée en paroi de la cavité. celui-ci doit pouvoir être adapté facilement et rapidement en
Le terme « passif » exprime l’incapacité de l’utilisateur à agir direc- fonction des conditions géologiques rencontrées, dans le but
tement sur l’intensité de l’effort dans le boulon et, par là, sur les de maintenir la sécurité des personnes, de garantir la stabi-
contraintes diffusées dans le terrain. lité de l’ouvrage dans le respect des critères de conception,
et le cas échéant de pouvoir optimiser et réduire les soutè-
nements initialement envisagés. Dans ce contexte et ce type
4. CRITÈRES DE CONCEPTION d’approche, le boulonnage est particulièrement bien adapté,
DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE de par son adaptabilité aussi bien pour ce qui concerne le pas
de boulonnage que la longueur des boulons.
4.1. Règles pratiques pour la conception La rapidité de mise en œuvre : le concepteur du soutènement
• 
du boulonnage d’un tunnel doit avoir à l’esprit la notion de temps de mise en
Dans sa démarche de définition, de conception et de justification place. Même si celle-ci n’apparait pas explicitement dans les
d’un soutènement basé essentiellement sur un système de bou- calculs, cette notion est intimement liée à l’idée de « gagner le
lonnage, le concepteur doit s’appuyer sur : terrain de vitesse ». Un des objectifs du soutènement par bou-
lons est de limiter la dégradation et de maintenir dans le terrain
Une connaissance suffisante du contexte géologique et géotech-
• 
des caractéristiques mécaniques apparentes suffisantes pour
nique, dont découlera une bonne compréhension du compor-
participer, voire assurer, la stabilité de l’ouvrage. Les déforma-
tement et des modes de rupture potentielle du massif rocheux,
tions et mouvements induits par le creusement, que ce soit
et donc le calcul du soutènement qui en découle.
globalement ou au droit de discontinuités, provoquent une di-
Des références à des ouvrages similaires, dont il sera possible
•  minution des propriétés mécaniques. Il est donc préférable,
de s’inspirer pour mieux justifier les choix de conception. Ce pour obtenir une efficacité optimale, que tout ou partie du bou-
retour d’expérience est à l’origine des méthodes empiriques lonnage soit mise en œuvre le plus rapidement possible. En
qui sont rappelées dans ces recommandations. Il faut toutefois conséquence les techniques de soutènement permettant une
faire attention au domaine de validité de ces retours d’expé- grande rapidité de mise en place accompagnée d’une effica-
riences et s’interroger sur la validité de l’extrapolation à d’autres cité presque immédiate telle que le boulonnage systématique
ouvrages. accompagné de béton projeté de faible épaisseur sont recom-
mandées.
• U
 ne identification des modes de comportement, de déformation
et de rupture potentielle de l’ouvrage. Cet aspect est essentiel,
L’association du boulonnage à un soutènement complémentaire
• 
car il oriente totalement le choix du type de soutènement, les
en parement du tunnel : Au-delà de la sécurisation de la zone de
méthodes de calcul ainsi que les critères de conception et de
travaux, les boulons assurent la stabilité générale de l’ouvrage.
suivi. C’est pourquoi une part importante dans la suite de ce
Des instabilités locales en paroi, entre les inclusions, peuvent
chapitre est consacrée à cette identification.
se développer en fonction de la structuration du massif ou sous
• U
 ne auscultation adaptée s’inscrivant dans le cadre de la mise l’effet de dégradations en paroi (dessication, gonflement, déli-
en œuvre de la méthode observationnelle, et associant la tement, fracturation et écaillage…). Il est donc généralement

8 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

préconisé d’associer le boulonnage à une protection de sur- mécanismes de comportement et des modes de pathologie sus-
face, en particulier un béton projeté éventuellement renforcé. ceptibles de se développer lors du creusement du tunnel.
Le couplage entre ces 2 structures composant le soutènement
Toutes les méthodes cherchant à décrire ou évaluer le rôle du bou-
est assuré par les plaques de tête des boulons qu’il convient
lonnage impliquent donc un modèle préalable de représentation
de justifier afin qu’elles ne constituent pas un point faible de ce
du massif rocheux, comme un milieu « discontinu » ou comme un
système.
milieu « continu ».
• U
 ne justification de la durabilité du boulonnage et de son effi-
La question de la représentation du massif rocheux comme un
cacité aussi bien à court terme (effet des vibrations générées
milieu discontinu plutôt que comme un milieu continu équivalent
par les tirs) qu’à long terme (perte de scellement ou d’ancrage,
est une problématique centrale de la mécanique des roches de-
perte de tension, risque de corrosion du boulon, mais aussi des
puis sa constitution dans les années 1960. Cette problématique
éléments d’ancrages en fond de trou ou en tête). Des réflexions
est abordée au paragraphe 4.21, en proposant un guide d’iden-
sont proposées dans cette recommandation conseillant le
tification du comportement du massif rocheux, et donc implicite-
concepteur en particulier vis-à-vis du risque de corrosion.
ment la méthodologie de dimensionnement et de justification du
Enfin, le concepteur doit s’assurer de : soutènement par boulons.

La pertinence de la conception proposée avec les conditions


•  4.2.1. Caractérisation du massif comme un milieu con-
réelles de chantier ; il est essentiel que le choix du soutènement, tinu ou discontinu
la technologie retenue pour les boulons, le phasage de mise en
œuvre, les caractéristiques mécaniques attendues, la méthode Un massif rocheux peut être assimilé soit à un milieu continu, soit
de calcul considérée, soient adaptés aux conditions réelles du à un milieu discontinu. Cette distinction nécessite en premier lieu
chantier, en particulier vis-à-vis de problématiques d’organisa- le postulat et la détermination d’un Volume Elémentaire Représen-
tion et de cadence. La conception proposée doit donc intégrer tatif (V.E.R.) pour lequel sont définies les grandeurs mécaniques
toutes ces considérations, bien au-delà des problématiques de (contraintes, déformations…) et leurs relations fondamentales.
stabilité générale. Ainsi, à titre d’exemple, la mise en œuvre
Dans le cas d’un massif rocheux, constitué de plusieurs « phases »
des boulons, en particulier des boulons à ancrage ponctuel, est
que sont la matrice rocheuse et les discontinuités, le V.E.R. recou-
souvent associée à une mise en tension par serrage de l’écrou
pera un nombre significatif de discontinuités de chaque famille
de tête. Cette mise en faible précontrainte permet en premier
ou un nombre significatif de blocs « moyens ». Selon Kim Bok Min
lieu de mettre correctement en place la plaque de tête du bou-
[2001] ou Chalhoub [2006], les dimensions du V.E.R. varieraient
lon avec son support et de mobiliser l’ancrage dans le terrain,
entre 5 et 50 fois la valeur de l’espacement moyen des disconti-
permettant une mise en charge de l’inclusion dès l’amorce des
nuités.
déplacements. L’efficacité et la persistance de cette mise en
tension sont difficiles à garantir durant les phases ultérieures Les limites de pertinence de ces deux types de représentations du
de creusement. Même si une légère mise en tension est indis- massif rocheux, milieu continu ou milieu discontinu, résident dans
pensable sur site, il est recommandé de ne pas la prendre en la notion d’effet d’échelle, consistant à comparer les dimensions
compte dans les calculs. du VER à la dimension du système étudié, par exemple la section
transversale d’un tunnel. Si la dimension du VER est suffisamment
• La mise en place d’une procédure de suivi qualité adaptée ;
petite relativement à la dimension de l’ouvrage, dans un rapport
Des essais de convenance puis de contrôle doivent être envi-
a minima de 10, l’assimilation à un milieu continu est acceptable.
sagés pour vérifier les procédures de mise en œuvre en accord
Il en découle, compte tenu des considérations précédentes sur
avec les caractéristiques mécaniques attendues et prises en
les dimensions du V.E.R, que le massif est assimilé à un milieu
compte dans les analyses de conception. La recommandation
continu si le rapport de la dimension de l’ouvrage à celle du bloc
sur la technologie du boulonnage [AFTES 2014] rappelle les
« moyen » est au moins de l’ordre de 50 à 500.
principes de contrôle du boulonnage.
En deçà de ce rapport purement géométrique, le milieu peut être
4.2. Caractérisation du massif encaissant assimilé à un milieu discontinu, correspondant à un système de
blocs en interaction, plus ou moins indépendant des phénomènes
Plus que tout autre système, le boulonnage constitue un soutè-
impliquant la matrice rocheuse.
nement dont l’efficacité et le fonctionnement sont très fortement
couplés au comportement du massif rocheux. Une prédiction et Cependant, l’assimilation du massif à un milieu continu ou dis-
compréhension de ce comportement sont essentielles, à la fois continu ne dépend pas uniquement de considérations struc-
pour le choix technologique du type de boulon, ses conditions turelles et géométriques, mais aussi du niveau de sollicitations
de mise en œuvre, mais aussi pour retenir une méthode et des régnant dans le massif ( 0). Un milieu discontinu pourra ainsi pro-
moyens de calcul et de justification pertinents. [USACE 1980]. gressivement être assimilé à un milieu continu si les contraintes
Une bonne définition et conception d’un soutènement nécessite auxquelles il est soumis deviennent suffisamment fortes pour
donc au préalable une bonne identification et compréhension des privilégier un mécanisme de ruine de la matrice rocheuse plutôt

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4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Figure 2 : Représentation du massif rocheux en fonction de l’indice


de compétence et du facteur d’échelle CF

qu’un mécanisme de rupture piloté par les discontinuités. Cette • l’élancement des blocs ;
influence des contraintes existantes est usuellement définie rela- • le nombre de famille de discontinuité ;
tivement à la résistance en compression de la matrice rocheuse • la densité de fracturation.
( ci) ou, dans le cas des milieux continus équivalents très den-
sément fracturés, relativement à la résistance en compression Une corrélation acceptable est donnée par :
simple de la masse rocheuse ( cm).
[eq. 1]
Les limites d’application de ces représentations du massif rocheux
peuvent être visualisées sur le diagramme suivant où se retrouvent
Une relation entre la dimension du bloc moyen Db et le RQD peut
en abscisses le critère en contraintes (indice de compétence) et
être définie à partir d’une relation entre le RQD et l’indice de dis-
en ordonnée, le critère géométrique relatif à la dimension prin-
continuité ID. En effet, comme l’a déjà montré Deere [1964] dans
cipale de l’excavation Dt et à Db, dimension moyenne des blocs
sa définition du « Rock Quality Designation », il existe une bonne
rocheux, qui est associée à la taille du VER (Facteur d’échelle).
corrélation entre la fréquence de discontinuité (FD, inverse de ID)
4.2.2. Identification de la dimension du bloc « moyen » et RQD avec les limites liées à la définition de cet indice. Dans ces
limites, une corrélation correcte est obtenue par :
Les commentaires précédents mettent en évidence le rôle joué
par la Dimension Moyenne des Blocs Db, en cohérence avec ce [eq. 2]
qui a déjà pu être avancé par plusieurs auteurs (Hoek [2006], avec :
Palmström [1995]). Palmström retient le volume du bloc Vb, ou la
dimension moyenne des blocs Db, comme un des paramètres de • pour RQD = 0, ID < 0,04 m (4 cm)
base du Rock Mass Index (RMi). Ce Volume peut être estimé à • pour RQD = 100, ID > 0,33 m (33 cm)
partir de l’Indice de Discontinuité ID ou de RQD. Il en découle que
Un travail de recherche mené dans le cadre de ces recomman-
dations confirme les travaux de Palmström et met en évidence les [eq. 3]
facteurs pouvant influer sur l’estimation de la dimension du bloc
moyen à partir de l’indice de discontinuité ID : Ce qui permet d’établir le tableau de correspondance suivant :

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n°GT30R1F1
GT12R11F1
du- 18
Mars
mai
2020
2017 - Edition de Novembre 2020
4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Classe AFTES ID (cm) Classe AFTES RQD (%) Dimension du bloc moyen Db (m)

ID1 > 200 RQD1 100 > 2,7

ID2 60 à 200 RQD1 100 1,5 à 2,7

ID3 33 à 60 RQD1 100 1,0 à 1,5

ID3 20 à 33 RQD1 90 à 100 0,7 à 1,0

ID4 13 à 20 RQD2 75 à 90 0,4 à 0,7

ID4 8 à 13 RQD3 50 à 75 0,3 à 0,4

ID4 6à8 RQD4 25 à 50 0,2 à 0,3

ID5 <6 RQD5 0 à 25 < 0,2

Tableau 1 : Tableau définissant la taille moyenne des blocs en fonction des indices ID et RQD.

Avec toutes les réserves sur l’imprécision et la signification de l’indice RQD, le nombre de blocs dans la section de l’ouvrage étudié peut
alors être exprimé dans le tableau suivant :

Section de l’ouvrage

2,5 m 5m 7,5 m 10 m 15 m 20 m
Classe AFTES Nombre de blocs dans la section
RQD1 (> 90 %) <4 <8 < 12 < 15 < 20 < 30
RQD2 (75 à 90 %) ≈5 ≈ 10 ≈ 15 ≈ 20 ≈ 30 ≈ 40
RQD3 (50 à 75 %) ≈7 ≈ 15 ≈ 20 ≈ 30 ≈ 40 ≈ 60
RQD4 (25 à 50 %) ≈ 10 ≈ 20 ≈ 30 ≈ 40 ≈ 60 ≈ 80
RQD5 (<25 %) ≈ 13 ≈ 30 ≈ 40 ≈ 60 ≈ 80 ≈ 100
Milieu discontinu
Milieu continu

Tableau 2 : Tableau estimant le nombre de blocs moyens rapportés à la section d’un tunnel.

Sauf dans le cas d’ouvrages exceptionnels, il apparait que pour ou lorsque l’état de contrainte est susceptible d’engendrer des
les classes RQD 1 et 2 (RQD > 75), le massif rocheux peut être ruptures dans la matrice rocheuse.
assimilé à un assemblage de blocs en nombre limité, caractéris-
La figure 3 synthétise l’ensemble des conclusions précédentes,
tique d’une approche en milieu discontinu, sauf lorsque l’état de
sous forme d’un graphe à double entrée permettant d’estimer la
contrainte est susceptible d’engendrer des ruptures dans la ma-
configuration et le mécanisme probable de comportement et de
trice rocheuse. C’est également le cas des galeries visitables de
ruine éventuelle.
petites dimensions.

Dans le cas des tunnels de dimension courante, le massif rocheux


n’est assimilable à un milieu continu que pour les classes RQD 4
et 5 (RQD<50), correspondant à une forte densité de fracturation,

Recommandations de l’AFTES Recommandations


n°GT30R1F1 du 18de
mai
l’AFTES
2017 -n°Edition
GT12R11F1
de Novembre
- Mars 2020 11
4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Figure 3 : Prédiction du mode


principal de comportement
en fonction de l’indice de
compétence et du facteur
d’échelle.

Commentaires relatifs à la figure 3 : GSI> 65 et Indice de fragilité> 10. Si ces 2 conditions ne sont
pas remplies, le comportement du matériau est alors associé à
1. En fonction de la densité de fracturation, l’état des contraintes
un mécanisme de cisaillement et donc à des critères de défor-
sera comparé à la résistance en compression simple de la ma-
mation (voir commentaire (7)). Les qualifications de « faible »
trice rocheuse (axe inférieur en abscisse) ou à la résistance en
ou « important » pour le risque d’écaillage sont respectivement
compression simple de la masse rocheuse (axe supérieur en
associées à des critères de sollicitation tels que <6 et <3.
abscisse).
2. La dimension moyenne des blocs Db peut être estimée à partir
7. Le développement d’un mécanisme de cisaillement est as-
de la corrélation avec l’indice RQD suivante : .
socié à des déformations plastiques du massif, se traduisant
par des convergences des parois de la cavité. Un indicateur
3. La définition selon la formulation précédente d’une dimension
de convergence sans soutènement a été développé par Hoek
moyenne des blocs suppose implicitement qu’il est possible
et Marinos [2002], (cf 6.2.4)Dans ce tableau, le qualificatif de
de mesurer et de déterminer un indice RQD. Dans le cas des
« comportement convergent » est associé à des convergences
roches pour lesquelles il n’est pas possible d’individualiser la
relativement faibles, avec <1 % en ordre de grandeur. Le seuil
matrice et les discontinuités (roches broyées, hétérogènes à
dit de « convergences importantes » correspond à un indicateur
petite échelle, cisaillées, évoluant vers un sol...), le matériau est
de convergence de l’ordre de 2,5 %. Le seuil correspondant à
alors assimilé d’emblée à un milieu continu et non pas à un
des « convergences très importantes avec instabilité du front »
milieu continu équivalent.
est associé à >5 %.
4. La dimension de l’excavation Dt correspond soit à la dimension
maximale de l’ouvrage dans sa section transversale, soit la por-
tée, soit la hauteur.
4.3. Caractéristiques techniques et mécaniques
5. La contrainte 0 correspond à la contrainte initiale en place dans
du boulonnage
le plan d’étude. Dans le cas courant d’un état de contraintes
anisotrope, caractérisé par une contrainte majeure max et une Justifier un système de boulonnage implique de vérifier le dimen-
contrainte mineure min, il est proposé de calculer la contrainte sionnement des différents éléments vis-à-vis de mécanismes de
initiale équivalente selon l’expression suivante : ruine. Ces modes de ruine des composants du soutènement par
(Russo [2014]). boulons sont les suivants :
6. L’écaillage est un mécanisme de dégradation régi par un critère
• la rupture de la barre, qui peut être étudiée relativement
relatif à l’état des contraintes, et un critère relatif à la nature de la
à 2 critères associés à un niveau de chargement limite (en
roche, à savoir son degré de fracturation et sa fragilité. Comme
traction ou cisaillement) ou à une déformation excessive ;
critère d’enclenchement de ce mécanisme, il est proposé que
• la rupture du scellement, dans le cas de boulons scellés ;
les 2 conditions suivantes soient simultanément vérifiées :
• la rupture à l’interface acier/terrain dans le cas de boulons
à friction ;

12 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

• la rupture du système d’ancrage dans le terrain, dans le cas de en traction de la barre et de la résistance en compression du mas-
boulons à ancrage ponctuel ; sif rocheux ou/et du matériau de scellement.
• la rupture de la plaque d’appui en parement du tunnel.
La résistance du scellement éventuel de la barre est une donnée
Afin de dimensionner le soutènement vis-à-vis de ces modes de fondamentale pour la conception d’un soutènement par boulons.
rupture, il est nécessaire de connaitre les caractéristiques tech- Ce point est abordé ci-dessous, en fournissant des ordres de
niques et mécaniques du boulonnage, ainsi que de préciser les grandeur permettant d’initier le dimensionnement de la structure.
critères de dimensionnement. Ces différents aspects sont déve- Toutefois, seuls des essais de convenance de traction en place
loppés dans cette partie. peuvent justifier pleinement le choix de ces caractéristiques.

4.3.1. Paramètres utiles au calcul et à la justification Dans le cas des boulons à ancrage ponctuel, assuré par une coquille,
il conviendra de se référer aux caractéristiques fournies par les fournis-
Les principales caractéristiques mécaniques utiles au dimension- seurs, en fonction des diamètres de foration et de la barre.
nement du boulonnage, en fonction du type de boulons et/ou des
Enfin, il faudra aussi s’interroger sur le choix de la plaque d’an-
références des fabricants sont les suivantes :
crage en paroi, afin de vérifier ses caractéristiques vis-à-vis d’un
• la résistance de la tige en traction à la limite élastique, en kN ; risque de poinçonnement du terrain.
• la résistance de la tête (dispositif de fixation de la plaque) en
L’ensemble de ces caractéristiques est abordé par la suite.
traction à la limite élastique, en kN ;
• la résistance de la tige à la traction maximale, en kN ; 4.3.2. Caractéristiques dimensionnelles et mécaniques
• la résistance de la tête (dispositif de fixation de la plaque) à la
traction maximale avant rupture en kN ; Le tableau suivant fournit quelques-unes des principales carac-
• l’allongement relatif de la tige en traction à la limite élastique, téristiques mécaniques de différents boulons actuellement dispo-
en % ; nibles sur le marché. Ces valeurs peuvent varier en fonction des
• l’allongement relatif de la tige à la traction maximale, en %. fournisseurs, et il conviendra de se rapprocher de ces derniers
pour connaitre plus précisément les valeurs nécessaires au calcul
Il s’agit de caractéristiques garanties par le fabricant (« valeur mi-
de justification du boulonnage.
nimale garantie »), obtenues par des essais de traction en labo-
ratoire sur tout ou partie des éléments constituant le boulon tel
Les boulons métalliques sont généralement des barres pleines de
qu’issus de la fabrication. Elles sont indépendantes des conditions
diamètre variant couramment entre 20 et 32 mm, exceptionnel-
de mise en œuvre (foration, scellement…).
lement plus grand en fonction de la technologie et du type de
Les caractéristiques de la tige peuvent être théoriquement dé- boulon.
duites des caractéristiques géométriques en section du boulon et
des caractéristiques mécaniques du matériau qui le composent, Pour les boulons en acier, la nuance est souvent du Fe E 500,
telles que : mais peut être différente en fonction du type de boulons (boulons
expansifs, autoforeurs…). Le boulonnage étant un concept de
• la section résistante de la tige (en m2) ;
soutènement souple, censé s’adapter aux mouvements du terrain,
• la contrainte en limite élastique à la traction du matériau
il n’est pas toujours nécessaire de rechercher une nuance d’acier
(en Pa) ;
élevée. En fonction du contexte rencontré, il peut s’avérer intéres-
• le module de déformation élastique (module de Young) du ma-
sant de retenir des boulons présentant une grande déformabili-
tériau (en Pa) ;
té en traction, au travers de ses caractéristiques mécaniques ou
• la contrainte maximale en traction du matériau (en Pa) ;
grâce à une géométrie spécifique (D-Bolt® par exemple).
• la déformation à la contrainte maximale en traction (%).

Il conviendra généralement de se référer aux caractéristiques four- 4.3.3. Caractéristiques des interfaces terrain/inclusions
nies par les fabricants pour la définition de ces valeurs.
La caractérisation mécanique de l’interface entre l’inclusion et ter-
Le fonctionnement du boulonnage dans un massif rocheux im-
rain est une donnée essentielle et importante pour le calcul du
plique également la mobilisation des caractéristiques des boulons
boulonnage. Elle pilote directement le transfert des efforts entre la
« au cisaillement », c’est-à-dire sous une sollicitation de déplace-
barre et le terrain, et régit donc l’efficacité du boulonnage. Pour les
ment relatif, transversale à l’axe de la tige. Il apparait qu’il s’agit
boulons à ancrage réparti, fonctionnant par scellement ou par fric-
d’un fonctionnement complexe, impliquant les caractéristiques de
tion, le transfert des efforts entre le massif et l’inclusion se produit
cisaillement et de traction conjuguée du boulon lui-même, mais
essentiellement par cisaillement à l’interface :
également les caractéristiques du rocher et celle du matériau de
scellement le cas échéant. • barre/coulis de scellement ;
• coulis de scellement/Terrain ;
Aucun essai normalisé n’existe pour caractériser ce fonctionne-
• barre/terrain en cas de boulon travaillant en friction.
ment, mais diverses approches théoriques ont été proposées qui
permettent d’estimer cette résistance à partir des caractéristiques

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 13


4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Module Limite Charge Allon-


Charge Résistance
Nuance limite gement
Types de boulons les plus couramment utilisés d’élastici- élastique à la rup- en cisaille-
d’acier élastique à la
té E σe ture Tr ment
Te rupture

275 MPa 90 kN 110 kN


Ancrage par gonflement S275JR/ 10 à
210 GPa à à à 400 MPa
du tube S355MC 20 %
355 MPa 190 kN 240 kN

Boulons à friction
30 kN 105 kN

Boulons à tube fendu 210 GPa 500 MPa à à 15 % 350 MPa

90 kN 150 kN

210 kN 230 kN
Barres HA 25 Fe E500 210 GPa 500 MPa (filetage) (filetage) 12 % 180 kN
à 246 kN à 270 kN

347 kN 382 kN
Boulons à ancrage Barres HA 32 Fe E500 210 GPa 500 MPa (filetage) (filetage) 12 % 293 kN
réparti scellé ou à 402 kN à 442 kN
boulons à ancrage
ponctuel Barres pour boulons
autoforeurs
E355 470 MPa 180 kN 220 kN 58 kN
à 210 GPa à à à à
(φext: 27 à 100 mm
E460 590 MPa 2 700 kN 3 460 kN 88 kN

(φint : 16 à 78 mm)

Barres rondes pleines, rondes


Boulons en fibre de 750 à 100 à
creuses, à section en Y, barres - 40 GPa - - 3à4%
verre 1000 MPa 200 MPa
plates

Barres rondes pleines ou plates 100 kN 100 kN


Boulons en fibre de
- 130 GPa 2300 MPa 1,8 % -
carbone
Sections de 44 mm2 à 200 mm2 à 450 kN à 450 kN

157 kN 173 kN
Boulon à ancrage
ponctuel injectable Barres f20 à 22 mm Fe E500 210 GPa 500 MPa à à
sur toute sa longueur
190 kN 266 kN

Tableau 3 : Ordres de grandeur des caractéristiques mécaniques des principaux types de boulons actuellement utilisés.

14 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Cette résistance découle de la mobilisation de 3 mécanismes : cette valeur de qs. La valeur maximale proposée par la recomman-
dation Clouterre est de 0,5 MPa, pour des roches tendres, alors
• une composante d’adhérence ; que cette contrainte peut atteindre quelques Mégapascals dans
• une composante de frottement ; les roches plus cohésives et compétentes.
• une composante d’imbrication.
Cette résistance en cisaillement peut aussi être déterminée expéri-
La résistance apparente de cette interface entre l’inclusion et le mentalement à partir de l’interprétation d’essais d’arrachement en
terrain découlant de l’activation de tout ou partie de ces 3 com- cohérence avec la norme NF-P94-270.
posantes, est usuellement quantifiée soit par une contrainte limite
de cisaillement notée qs, soit par un terme de frottement noté La caractérisation de l’interface scellement/Rocher dépend en
l=tan(finterface), en fonction de la technologie du boulon (scelle- premier lieu de la résistance de la roche. En l’absence de mesures
ment ou friction) et des caractéristiques du massif. spécifiques, il est possible de retenir la valeur caractéristique de
sci/10 telle que proposée par Littlejohn [1995], en limitant cette
Dans le cas d’un boulon scellé, elle correspond à la valeur la plus valeur à 4 MPa.
faible mobilisable le long des 2 interfaces. Des ordres de grandeur
sont indiqués par la suite, utilisables à un stade d’étude prélimi- Cette estimation de la résistance en cisaillement à l’interface scel-
naire, et qui doivent être justifiés par des tests d’arrachement, en lement-terrain s’applique aussi bien à des scellements au mortier
phase d’étude ou lors des essais de convenance. de ciment qu’à la résine. Elle ne peut être considérée que comme
Cette résistance dépend : un ordre de grandeur qui devra être justifiée par des essais de
convenance d’arrachement, en conditions réelles de chantier.
• des caractéristiques de résistance de la roche, en particulier de
sa résistance en compression simple ; 4.3.3.3. Caractérisation de l’interface boulon-terrain pour
• de la nature géologique de la roche, en particulier de son alté- des boulons à friction
rabilité et sensibilité à l’eau ; La prise en compte des boulons à friction dans les calculs bute
• des caractéristiques mécaniques (résistance et déformabilité) sur la difficulté de caractériser de façon simple et pertinente la
du produit de scellement ; résistance en cisaillement apparente entre le boulon et le terrain.
• des caractéristiques géométriques (diamètre du forage/dia- De par leur mode de mise en place, la résistance de cette interface
mètre de la barre) résulte du frottement du tube fortement confiné contre le rocher.
• de l’état de surface des parois du forage ; Cette résistance est donc dépendante de la morphologie de la pa-
• de la géométrie de la barre et surtout de ses caractéristiques de roi du forage et de la résistance du rocher.
surface (lisse, crénelée…).
4.3.3.1. Caractérisation de l’interface scellement-barre De manière usuelle, mais sans que cela ait été étudié précisé-
pour un boulon scellé ment, il est rarement fait de distinction dans les calculs entre un
boulon scellé et un boulon à friction. La valeur de qs est vérifiée et
Pour les scellements au coulis de ciment présentant une résis- éventuellement adaptée suite à des essais de convenance d’arra-
tance en compression a minima de 30 MPa, les valeurs caracté- chement, qui doivent être réalisés sur site aussi rapidement que
ristiques suivantes peuvent être suggérées : possible.
• Barre lisse acier : qs≈1 MPa
• Barre Crénelée HA : qs≈1,5 MPa Il existe peu de données techniques sur la caractérisation de la
résistance à l’arrachement des boulons expansifs. Le tableau sui-
Pour des boulons en fibre de verre sablés lors de leur fabrication, vant fournit quelques ordres de grandeur. Il faut noter que les ré-
cette résistance en cisaillement peut atteindre 4 MPa. sistances à l’arrachement de ces boulons peuvent apparaître par-
Si la caractérisation est basée sur un terme de frottement limite l, fois relativement élevées, notamment de par un effet de matriçage
les valeurs préconisées sont les suivantes : de l’acier en cas d’alternance de roches dures et tendres.

• Barre lisse acier : tan(fg/2) <l< tan(2fg/3)


• Barre Crénelée HA : tan(fg)

fg étant l’angle de frottement du coulis de scellement.


4.3.3.2. Caractérisation de l’interface scellement-
terrain pour un boulon scellé
Des valeurs de qs sont proposées par la recommandation Clouterre
[1991], pour la mise en place d’inclusions dans des sols, en fonc-
tion de la pression limite du terrain. Dans le cas des cavités sou-
terraines en milieu rocheux, ces abaques ne sont pas directement
applicables et ils auraient tendance à nettement sous-estimer

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4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Référence Valeur de qs Gg est le module de cisaillement du scellement ,


D est le diamètre du boulon,
Roche tendre
Roche dure E>10 GPa t est l’épaisseur du tore de coulis autour de la barre, fonc-
Boulons Swellex E<5 GPa
l= 1
- Li [1999] l=0,36 tion du diamètre de foration du trou.
qs = 1 à 3 MPa
qs = 1 à 3 MPa
Pour une description plus précise de ce module, il conviendra de
Roche tendre Roche dure se référer à St John [1983] et Cai [2004].

Mn12/Pm12 – > Mn12/Pm12 – > qs = 4.3.4. Caractéristiques des ancrages mécaniques


Boulons Swellex
qs = 1.4 MPa 1.9 MPa
Atlas Copco Les ancrages mécaniques à expansion sont généralement com-
Mn24/Pm24 – > Mn24/Pm24 – > qs = posés d’un cône d’expansion coulissant entre des coquilles qui
qs = 1.8 MPa 2.6 MPa viennent se mettre en contact avec la paroi du forage et assurent
un transfert d’efforts vers le massif par frottement. La capacité
d’ancrage est fonction du nombre de coquilles (entre 2 et 6) et
de leur surface (entre 70 cm2 à 220 cm2 environ). Il convient de
se rapprocher des fournisseurs pour plus d’informations sur les
Roche produits proposés et connaitre les spécifications de mise en œuvre
Le soutènement Granite
Granite altéré calcaire associées à chaque type d’ancrage mécanique, et en particulier le
des galeries sain
qs = 0,08 à diamètre du trou.
minières (Fine qs= 1,9 à
0,2 MPa qs = 0,5 à
[1998]) 2,3 MPa
1,25 MPa Fine [1998] décrit le mode de fonctionnement d’un ancrage par
coquille, en considérant 2 modes de rupture :
• par glissement des coquilles sur la paroi du forage ;
• par poinçonnement du terrain et glissement de la noix au
centre des coquilles.
tunnel de Croix-
Molasses sableuses —qs = 0.16 MPa
Rousse Le risque de glissement n’existe que pour les roches présentant
un angle de frottement entre la coquille métallique et la roche
CMHM
Argilite —qs ≥ 0.6 MPa inférieur à 30°, ce qui sous-entend que la matrice rocheuse est
de l’Andra
relativement faible, ou qu’elle présente une anisotropie telle qu’un
Boulons Split- qs =l. sn : sn contrainte normale à l’interface cisaillement excessif est appliqué selon un plan de faibles caracté-
Set (Larsson dépendant du type de boulon et du diamètre
ristiques (Exemples des schistes ardoisier de l’Anjou ou des phyl-
[1983]) de foration. sn=0,3 à 1,0 MPa.
lades de Revin).
Tableau 5 : Ordres de grandeur de la résistance en cisaillement
de l’interface entre un boulon à friction et le terrain. Le risque de poinçonnement peut être évalué relativement à la
résistance en compression simple de la matrice rocheuse, selon la
4.3.3.4. Raideur de cisaillement de l’interface Terrain/ formulation suivante :
Inclusion
[eq. 5]
L’interaction entre le boulon et le terrain ne dépend pas unique-
ment du seuil de résistance décrit précédemment, mais aussi de
n est le nombre de coquilles ;
la déformabilité de cette interface entre l’inclusion et le massif.
S est la surface de chaque coquille ;
Cette déformabilité, qui correspond à un module de cisaillement,
Rc est la résistance en compression simple de la matrice rocheuse.
dépendra des modules de cisaillement relatifs du rocher et du pro-
duit de scellement, ainsi que du diamètre du forage relativement à
Cette condition confirme la préconisation émise dans la recom-
celui de la barre. Lorsque ce paramètre mécanique intervient, en
mandation AFTES sur la technologie du boulonnage [AFTES
particulier dans les modélisations numériques avec une prise en
2014], comme quoi l’utilisation d’un ancrage mécanique à co-
compte explicite des boulons, il ne faut pas négliger l’effet de ce
quille n’est envisageable que pour des roches présentant une
paramètre qui influe directement sur le taux de transfert d’effort
résistance en compression simple supérieure à 10 MPa environ.
du terrain vers la barre, ou inversement. Ce module de cisaille-
ment peut s’exprimer de la manière suivante tel que proposé par
St John [1983] : 4.3.5. Caractéristiques des plaques d’ancrage
[eq. 4] La plaque est indissociable du boulon, mais son rôle et son in-
fluence sur le fonctionnement du soutènement varient en fonction

16 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


4. CRITÈRES DE CONCEPTION DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

de la qualité du terrain et de la technologie de boulonnage : Il existe différents types de plaques – plaques planes ou bombées,
rigides ou déformables – avec des caractéristiques d’écrasement
• elle permet d’assurer la tension des boulons à ancrage ponc-
bien différentes. Les dimensions des plaques — épaisseur et lar-
tuel. Elle est alors indispensable ;
geur — dépendent principalement de leur usage et du fabricant
• les plaques offrent aussi la possibilité de fixer des éléments aux
de boulons (figure 5). Pour les ouvrages courants, un calcul de
boulons : grillage, treillis soudé, équipement… ;
dimensionnement n’est généralement pas justifié compte tenu de
• elle permet de mieux confiner les terrains en paroi et d’empê-
la faible sollicitation en tête de boulon. La plaque doit être suffi-
cher la chute de petits blocs autour de la tête du boulon, et
samment large pour être ancrée dans la coque de béton projeté.
ceci, quelle que soit la technologie employée ;
• elle permet une liaison et un transfert des efforts entre les bou-
Toutefois, dans le cas où de fortes convergences sont attendues,
lons et le béton projeté, conditionnant le mode de comporte-
typiquement supérieures à 4 % du diamètre, une démarche de
ment de ce dernier.
dimensionnement préalable au choix du modèle de plaque est re-
Le fonctionnement mécanique de la plaque des boulons à an- commandée. Dans ce cas, la capacité d’écrasement de la plaque,
crage ponctuel est simple. Il sert de butée à l’écrou et participe ou encore la résistance en compression (typiquement, pour des
ainsi pleinement à la « précontrainte » du boulon lors du serrage. plaques carrées bombées 15-17 tonnes (ép. 8 mm) ou 25-28
La diffusion de l’effort issu de la plaque au sein du massif rocheux tonnes (ép. 10 mm)) doit être au minimum égale à la résistance en
s’apparente alors à un bulbe de contraintes, d’autant plus marqué traction du boulon qui lui est associé, sans quoi la plaque risque
que la plaque est petite. de constituer le point faible du système de soutènement. De plus,
la plaque doit pouvoir se déformer et indiquer visuellement qu’elle
Dans le cas d’un ancrage réparti, son rôle est plus difficile à ap-
est sollicitée avant qu’elle ne se rompe (critère en ductilité et dé-
préhender. La modélisation numérique du fonctionnement d’une
formabilité). En se déformant, la plaque suit la déformation du
voûte boulonnée, autour d’une cavité dans un terrain peu raide,
terrain et limite le risque de cisaillement du béton projeté.
permet de comparer la répartition des efforts dans les boulons
avec ou sans plaque d’appui.
Dans la situation où le terrain est poussant et de faible résistance,
la plaque peut également poinçonner la paroi et s’enfoncer. Elle
perd ainsi son rôle de confinement local. La solution consiste à uti-
liser des systèmes plus déformables qui répartissent mieux l’effort
en tête de boulon : plaques plus larges, tôles ondulées épaisses ou
blochets (morceaux de bois).

4.4. Durabilité du système de boulonnage


Lorsque les boulons ont pour vocation de constituer un soutè-
nement définitif, il convient de s’interroger sur les conditions de
durabilité et l’effet d’une corrosion éventuelle des éléments métal-
liques le composant (plaque, ancrage, écrou, manchons et barre).
Figure 4 : Visualisation de l’impact d’une plaque d’ancrage sur la
Une protection contre la corrosion peut s’avérer indispensable, en
répartition des contraintes de traction dans le boulon.
fonction de la durée de vie de l’ouvrage et de l’agressivité du mi-
La figure précédente présente qualitativement un exemple de ré- lieu. Dans ce cas, le principe général recommandé est d’assurer
partition d’effort interne de traction dans un boulon radial, issu de une double barrière de protection du boulon dans son ensemble.
plusieurs calculs numériques aux éléments finis [Launay 2010]. Ces barrières peuvent correspondre à la prise en compte d’une
La plaque concentre les efforts en tête, sans modifier de façon épaisseur sacrifiée pour les pièces métalliques, à préconiser une
sensible la répartition dans le reste du boulon et la localisation de protection de surface de type-résine époxy ou galvanisation, à ga-
la zone de traction maximale. La plaque applique ainsi un confine- rantir un scellement continu par coulis de ciment ou tout autre
ment en paroi. L’absence de plaque soulagerait le boulon en tête, produit non agressif vis-à-vis de l’acier de la barre et un recouvre-
mais supprimerait une partie du confinement, ce qui pourrait avoir ment suffisant de la tête du boulon, ou enfin à protéger la barre
pour effet une rupture localisée du terrain entre boulons en paroi. par une gaine imperméable. C’est la combinaison de 2 de ces
barrières a minima qui permettra, en fonction des spécifications
de l’ouvrage dans son contexte, de garantir une durabilité du sys-
(Document DSI)
tème de soutènement par boulons. Enfin, dans un milieu à fort
degré de corrosivité et pour une durée de vie de l’ouvrage impor-
tante, il pourrait s’avérer nécessaire d’écarter la faisabilité d’un
soutènement définitif par boulonnage et de préconiser dans ce

Figure 5 : Exemples de plaques de têtes d’ancrage.

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 17


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

cas un revêtement assurant la stabilité à long terme de l’ouvrage.


Les normes NF EN 12501-1 et NF EN 12501-2 permettent de
définir la force corrosive des terrains.

En l’absence d’analyses spécifiques, l’application de la norme NF


P 94-270, fournit une estimation de l’épaisseur minimale sacrifiée
à la corrosion, en fonction de la durée de vie de l’ouvrage et de la
corrosivité du milieu [Tableau 6].

Il est rappelé qu’une barrière efficace contre la corrosion reste,


pour les boulons scellés sur toute leur longueur, la qualité du scel-
lement à base de liant hydraulique adapté à l’agressivité du milieu
et la continuité de ce scellement. Ceci implique en premier lieu, le
choix d’un diamètre adapté du trou de forage, permettant d’avoir
un bon enrobage de la barre, associé à des centreurs. Pour des bou-
lons métalliques de type HA, le diamètre de foration doit ainsi varier
entre 1.5 et 2 fois le diamètre de la barre. Cette barrière constituée Figure 6 : Illustration de la protection supplémentaire contre
la corrosion apportée par une gaine de protection.

Epaisseur minimale sacrifiée à la corrosion (mm)


Force corrosive* Durée de vie de l’ouvrage
2 ans 5 ans 30 ans 70 ans 100 ans
Faible 1.5 mm 2.5 mm 3.0 mm 3.5 mm
Moyenne 1.5 mm 3.0 mm 4.0 mm 5.0 mm
Protection complémentaire recommandée :
• Boulons avec gaine imperméable
Forte 1.5 mm 1.6 mm
• Mise en place d’un revêtement pour assurer la stabilité
mécanique à long terme
*
Au sens des normes EN 12501-1 et NF EN 12501-2 Tableau 6 : Epaisseur minimale sacrifiée en fonction de la corrosivité du milieu.

par le scellement n’est cependant pas considérée comme suffisante Les boulons à friction, présentant un contact direct avec le terrain,
et nécessite d’être complétée par une deuxième protection. sont plus fortement exposés au risque de corrosion, ce qui conduit
à l’heure actuelle à ne pas les recommander dans le cas d’un
Les scellements à la résine n’apportent pas le même niveau de pro-
soutènement définitif en milieu potentiellement corrosif. Toutefois,
tection, compte tenu du diamètre de foration généralement plus faible,
les fournisseurs proposent aujourd’hui ces boulons associés à un
associé à l’utilisation de cartouches. L’espace annulaire plus faible, des
traitement de surface, ce qui ne constitue cependant qu’une seule
quantités de résine contrôlées et limitées, le risque de perte dans des
barrière de protection.
fissures du massif sont des facteurs qui réduisent la contribution de la
résine à la protection contre la corrosion. Un risque important de corrosion existe au niveau de la tête d’an-
crage du boulon et en particulier du filetage qui ne doit en aucun
Une barrière possible consiste à retenir des pièces métalliques
cas constituer un point faible du boulon, ce qui est le cas pour les
avec une protection de surface telles que la galvanisation ou l’en-
barres HA utilisés comme boulons. Il conviendra dans ce cas de
robage par une peinture époxy. Des précautions sont à prendre
tenir compte de la diminution de section associée à ce filetage, ou
pour éviter d’endommager ces couches de protections lors du
de retenir des barres nervurées.
stockage et de la mise en œuvre.
Cet aspect est particulièrement important pour les boulons à an-
Enfin, le tableau 6 préconise, pour des durées de vie importantes
crage ponctuel non injectés dont le fonctionnement requière né-
et pour un milieu fortement corrosif, de prévoir une gaine de pro-
cessairement la présence de cet ancrage de tête. De manière gé-
tection autour de la barre. Cette technique permet en particulier
nérale, la tête doit alors être enduite d’une finition anticorrosion et
d’isoler la barre, même en cas de fissuration du scellement, ce
enrobée d’une épaisseur suffisante, supérieure à 50 mm, de bé-
qui peut survenir au droit d’une discontinuité, zone privilégiée de
ton de classe minimale C20/25 (béton projeté ou béton coffré de
présence d’eau, mais aussi de sollicitation du boulon.
revêtement). Il conviendra de s’assurer, en cas de galvanisation,

18 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

de l’absence de risque de création de couples galvaniques entre par boulonnage radial, en lui affectant soit un rôle « PORTEUR »,
les différentes parties du boulon. Pour une protection optimale, la soit un rôle de « RENFORCEMENT ». La distinction entre ces deux
plaque de tête ne doit pas être en contact direct avec le terrain, modes de fonctionnement, et donc par la suite entre deux types
mais être totalement enrobée dans le béton. de conception, est délicate, car ils peuvent être mobilisés simul-
tanément. Toutefois, ils peuvent se distinguer en considérant leur
finalité vis-à-vis des conditions de stabilité générales de l’ouvrage
5. FONCTIONNEMENT ET APPORT et du mécanisme de comportement global de celui-ci.
DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE
La stabilité générale d’une excavation souterraine est assurée
à partir du moment où les contraintes régnant dans le massif
5.1. Rôles et fonctionnement du boulonnage radiale peuvent se répartir et se réorganiser autour de l’ouvrage. Ceci
Les situations nécessitant la mise en place de boulons radiaux en constitue le principe de base de la Nouvelle Méthode Autrichienne
travaux souterrains conduisent à viser des objectifs différents, qui dont l’efficacité résulte grandement de l’utilisation d’un boulon-
peuvent être classés en deux grandes catégories, suivant le niveau nage limitant la désorganisation et la dégradation du massif au
d’exigence imposé par la technique d’excavation ou les conditions voisinage de l’ouvrage.
environnementales :
Selon cette approche, la reprise et la réorganisation des contraintes
• éviter une instabilité du massif encaissant et des éléments de induites dans le terrain sont impérativement assumées par le mas-
structures composant le soutènement ; sif lui-même (à la différence d’une structure rigide de type anneau
• limiter les déformations du terrain. en béton ou cintres lourds qui reprennent une partie des efforts
induits). La fonction première du système de boulonnage, souvent
Le premier objectif consiste à se prémunir contre les éventuelles
en association avec le béton projeté, est donc d’assister et d’aider
instabilités locales ou générales, susceptibles de générer un effon-
le massif à équilibrer le nouvel état des contraintes généré par le
drement partiel ou total de l’excavation. On entend par instabilité
creusement, garantissant une stabilité globale de l’ouvrage.
locale, un volume de roche délimité par des discontinuités pré-
existantes (dièdre rocheux) ou néoformées (surfaces de rupture), Par exemple, si les déplacements entre des blocs potentiellement
mobilisant un volume relativement réduit par rapport aux dimen- instables peuvent être limités par le boulonnage, des contraintes
sions de l’excavation et dont l’instabilité ne remet pas en cause la pourront de nouveau transiter au sein de ces blocs, réintégrant
stabilité générale de l’ouvrage. Il peut s’agir aussi d’une dégrada- ceux-ci dans la structure globale du massif, et leur permettant ain-
tion et d’un écaillage de surface, limité à une faible profondeur. si de participer à la stabilité générale de la cavité. Le boulonnage
exerce alors un rôle de stabilisation par « Renforcement ».
Lorsque le volume de matériau instable est par contre à l’échelle
de l’ouvrage, on parlera plutôt d’instabilité générale. De même, si la déformation de la matrice rocheuse et des dis-
continuités peut être limitée par le boulonnage, de façon à en
Le second objectif est de limiter ou contrôler les déformations
préserver voire à en améliorer les caractéristiques de résistance
du massif dans le but :
initiale, les conditions de stabilité générale de la cavité seront amé-
• en premier lieu, de maintenir, ou tout au moins de limiter, liorées. Là encore, le boulonnage jouera un rôle de stabilisation
la dégradation des caractéristiques mécaniques du massif, par « Renforcement ».
à grande échelle, afin que celui-ci soit à même de participer
En revanche, si des blocs se désolidarisent du reste du massif et
de manière optimale à la stabilité globale de l’ouvrage. Il s’agit
qu’ils n’interviennent plus dans la stabilité générale de la cavité, il
de la fonction fondamentale et principale attendue d’un bou-
peut être nécessaire de les soutenir et de les maintenir en place,
lonnage ;
notamment pour assurer la sécurité de la zone de travail. Le fonc-
• de réduire les mouvements induits lors des travaux sur les ouvrages tionnement à grande échelle du terrain, à savoir la nouvelle répar-
avoisinants, et en particulier dans le cas des tunnels superfi- tition des contraintes autour de l’ouvrage, est pas ou peu impacté
ciels, les tassements du bâti. Toutefois, s’il est indéniable que par la présence de ce bloc libéré. La fonction du boulonnage, qui
la mise en place de boulons limitera les mouvements du ter- pourra être systématique ou localement adapté (boulonnage dit
rain, cette réduction restera insuffisante et souvent incompa- « à la demande »), est alors de maintenir en place ces volumes. Il
tible avec des critères stricts de limitation des déformations joue un rôle dit « Porteur ».
des structures avoisinantes. Ce n’est qu’en association avec un
autre soutènement disposé en avant du front de taille (voûte
parapluie, boulonnage de front…) ou un soutènement rigide
(coque de béton projeté, cintres…), et sur la base d’une ana-
lyse précise en déformations, adaptée au contexte, que les
boulons pourront participer à cette limitation des mouvements
et tassements.

Ces fonctions se déclinent, en ce qui concerne le soutènement

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 19


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Le schéma de boulonnage peut alors être local, fonction du levé


structural de la roche et pour lequel la plus grande attention doit
être portée.

Volumes désolidarisés ne
participant plus à la
5.1.2. Rôle de confinement et de renforcement du massif
stabilité générale de la
cavité Un principe fondamental de conception d’un boulonnage radial
consiste à faire jouer au terrain encaissant tout ou partie du rôle
d’autosoutènement (en cohérence avec les notions à la base de la
Nouvelle Méthode Autrichienne). Il s’agit de permettre le transfert
des contraintes, induites par le creusement, autour de l’ouvrage,
ce qui nécessite d’avoir et de maintenir une résistance en cisaille-
ment suffisante du massif au voisinage des parois.

Cette résistance en cisaillement du terrain est localement régie par


2 composantes :
• 
L’état des contraintes locales et en particulier la contrainte de confi-
Figure 7 : Exemple d’identification de volumes instables nement (ou contrainte principale mineure de compression) ;
en longs-pans d’une cavité, ne participant plus à la stabilité • 
Les caractéristiques mécaniques, généralement assimilées en
générale de l’ouvrage. premier lieu à un angle de frottement, un angle de dilatance et
à un terme de cohésion.
5.1.1. Rôle porteur
Afin d’accroître ou de maintenir tout ou partie de la résistance
Dans un massif fracturé discontinu à l’échelle de l’ouvrage (cf § 4.2), en cisaillement du matériau, le boulonnage mis en œuvre peut
des blocs rocheux peuvent se détacher de la paroi et tomber, modifier localement l’une et/ou l’autre de ces composantes. Deux
glisser ou basculer sous l’effet de la gravité. Pour empêcher ces fonctions peuvent alors être identifiées :
chutes, on utilise un boulonnage qui assure un rôle « porteur », en
accrochant dans une zone stable non impactée par le creusement, Une fonction de confinement, qui consiste à agir sur la valeur
• 
le volume potentiellement instable. Cette configuration peut aus- de la contrainte de confinement, en intervenant en paroi de la
si correspondre au développement ou à l’existence d’une cloche cavité (effort externe) ou localement à l’intérieur du massif bou-
de terrain fortement fracturée et déstructurée, qui peut être sou- lonné (effort interne), par exemple au droit d’une discontinuité,
tenue par un boulonnage associé à une structure de garnissage ou encore par l’intermédiaire de boulons expansifs.
(béton projeté, plaques d’ancrage, treillis soudé, feuillards…). La Une fonction de renforcement, qui consiste à améliorer ou
• 
longueur du boulonnage est alors directement impactée par la maintenir les caractéristiques mécaniques de résistance en
géométrie de la zone instable. cisaillement, et en particulier à générer une cohésion équiva-
Les boulons sont supposés travailler en traction et/ou localement lente au sein d’un « nouveau » matériau composite.
en cisaillement, en s’opposant aux efforts gravitaires et éventuelle- Ces notions sont illustrées ci-dessous en considérant l’équation
ment aux pressions interstitielles, qui ont tendance à faire chuter ou générale suivante, supposant un critère de résistance de type
glisser le volume instable. Les boulons utilisés sont principalement Mohr-Coulomb.
des barres à ancrage ponctuel, mises éventuellement en place avec
une tension initiale afin de limiter les mouvements des dièdres avant
toute mobilisation d’efforts supplémentaires dans le boulon.

Figure 9 : Conceptualisation du rôle de renforcement


et de confinement par un système de boulonnage
5.1.2.1 Rôle de confinement
L’accroissement de la contrainte de confinement (rôle de confi-
Figure 8 : Rôle porteur : détachement d’un bloc en toit nement) dans le terrain consiste donc à modifier localement, au
ou en parement (Hoek 2000) voisinage de l’ouvrage, l’état des contraintes afin d’améliorer la

20 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

résistance en cisaillement de la roche et de limiter les dégrada- sif avant excavation. Toutefois, ces faibles pressions sont souvent
tions associées à ce cisaillement (fracturation d’extension à proxi- suffisantes pour assurer l’équilibre du massif à proximité de l’ou-
mité de la paroi et/ou fracturation par glissement ou extension au vrage et limiter les conséquences de la décompression du terrain.
sein du massif).
Ce principe de boulonnage conduit à la création d’un anneau de
Cet effort de confinement peut être appliqué, de manière plus ou roche confinée en paroi de l’excavation, suffisamment résistant
moins contrôlée, soit : pour faire transiter toute ou partie des contraintes orthoradiales
• en périphérie de l’excavation ; induites par le creusement de l’ouvrage.
• dans le massif, localement, au sein de la zone boulonnée.
Le soutènement par boulons doit présenter des caractéristiques
Le cas d’un boulonnage à ancrage ponctuel conduit directement d’allongement compatibles avec les déformations du terrain at-
à l’application d’une pression de confinement en paroi de la cavi- tendues, qui peuvent être importantes dans certaines configura-
té, et de manière plus générale, dans la zone boulonnée comme tions géologiques (roches poussantes, développement d’une zone
schématiquement visualisée sur la figure 10. fracturée importante avec forte dilatance,…). Il peut alors s’avérer
La justification préalable de ce soutènement et son dimensionne- opportun d’utiliser des barres en acier doux, acceptant des défor-
ment découlent de la pression moyenne appliquée en paroi de mations à la rupture relativement importantes (>20 %).
la cavité qui est relativement bien connue, fonction de la tension Dans le cas d’un boulonnage scellé sur toute sa longueur, une
initiale ou de la traction admissible des boulons. pression peut être appliquée en périphérie du tunnel, mais cela
peut ne pas être systématique, en fonction de nombreux facteurs
tels que le mode de comportement du massif, son hétérogénéité
structurelle, la présence de zones de tension ou cisaillement privi-
légiées induites ou pré-existantes, les conditions de mise en place
des plaques d’ancrage, l’interaction avec le béton projeté... La fi-
gure 10, présentant des mesures de traction dans des boulons
sur les cas particuliers des tunnels de Las Planas et du métro de
Marseille, illustre ces propos.

Par ailleurs, pour ces boulons scellés sur toute leur longueur, en
plus d’une pression éventuelle appliquée en paroi du tunnel, un
confinement implicite, interne et localisé, au sein de la zone de
terrain boulonné, peut généralement exister (figure 11). Cette aug-
Figure 10 : Visualisation du confinement d’une partie du massif
mentation localisée de la contrainte de confinement découle de la
sous l’effet d’un boulonnage à ancrage ponctuel [Talobre 1967]
mise en tension indirecte des barres au droit de discontinuités,
Les caractéristiques techniques des boulons usuels et les den- préexistantes ou induites, soumises à une sollicitation de cisaille-
sités courantes de mise en œuvre ne permettent pas d’atteindre ment. Ce mécanisme de mise en tension est décrit au paragraphe
des confinements très élevés (généralement inférieurs à 200 kPa), 5.2.2. Dans ce cas, le rôle de confinement ne peut être totalement
souvent très inférieurs aux contraintes préexistantes dans le mas- dissocié du rôle de renforcement décrit ci-après.

Figure 11 : Mesures de répartition des contraintes de traction dans des boulons à ancrage réparti [Launay 2010]

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 21


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Figure 12 : Illustration d’un renforcement par boulonnage Figure 13 Illustration d’un renforcement par boulonnage
d’un massif initialement fracturé [Tincelin 1992] de discontinuités induites par cisaillement [Rabcewicz 1973]

5.1.2.2. Rôle de renforcement Ce mécanisme de renforcement des caractéristiques mécaniques


du massif à l’aide de boulons à ancrage réparti, est décrit et quan-
Une amélioration des propriétés mécaniques apparentes de cisail-
tifié plus en détail dans la suite du document. Cette action locale
lement nécessite impérativement l’utilisation de boulons à ancrage
se traduit à l’échelle de l’ouvrage par une amélioration équivalente
réparti, qui agiront comme des armatures de renforcement au sein
des propriétés mécaniques telles que le module de déformation
du terrain, travaillant en traction et/ou en cisaillement. Cette image
ou la cohésion, au sein d’un « nouveau » matériau composite.
conceptuelle de « roche armée » a été proposée et décrite par de
très nombreux auteurs comme Londe [1974], Etienne [1985].
5.2. Quantification de l’apport mécanique
Les boulons scellés permettent ainsi de constituer autour de la du boulonnage
cavité un massif ou un anneau armé, suffisamment résistant pour
La finalité d’un boulonnage systématique est de permettre le
faire transiter les contraintes induites par le creusement de l’ou-
transfert et la réorganisation du champ des contraintes autour de
vrage, permettant d’atteindre un nouvel état d’équilibre. Ces bou-
la cavité. Cet objectif peut être atteint en augmentant progressive-
lons jouent le rôle d’« armatures », qui solidarisent et créent des
ment ou instantanément les contraintes mineures de confinement
forces de liaison entre les volumes de roches délimités par des dis-
dans le massif, ou en maintenant ou améliorant les caractéris-
continuités préexistantes (figure 12) ou induites par cisaillement/
tiques mécaniques apparentes du massif.
traction dans les roches (surface de rupture) (figure 13).
Les boulons à ancrage ponctuel permettent d’appliquer, de ma-
Au niveau des discontinuités, en traversant celles-ci, les barres
nière relativement contrôlée, une pression en paroi de la cavité et
scellées apportent une cohésion équivalente induite par la résis-
au sein du massif.
tance en cisaillement de l’armature (effet goujon) et un confinement
local et interne, cité précédemment, permettant de mobiliser la Les boulons à ancrage réparti sont susceptibles d’apporter un
composante de frottement et surtout de dilatance (fonctionnement confinement et un accroissement des propriétés mécaniques,
en bielle). Ces notions sont décrites au §5.2.2. et en particulier une cohésion apparente, sans qu’il soit aisé de
contrôler leur amplitude et leur évolution. Le confinement peut
Dans des terrains stratifiés, ces boulons à ancrage réparti sont à aussi bien s’appliquer en paroi de l’excavation ou au sein du mas-
même d’assurer un « collage » des bancs entre eux. Ils arment le sif, en fonction des reports d’efforts entre les inclusions et le mas-
terrain et en particulier les plans de discontinuités, en augmentant sif, et de la présence ou non, entre autres, d’une plaque d’appui.
les caractéristiques de cisaillement de ces derniers, et permettant Les approches présentées ci-dessous ont pour objectif de décrire
le transfert des contraintes d’un banc à l’autre. Les boulons mis en et d’évaluer ces composantes de confinement et/ou de renforce-
place peuvent aussi avoir comme objectif dans ces terrains stratifiés ment, et de fournir des ordres de grandeur de l’accroissement de
de limiter les décollements des bancs et d’éviter une rupture par ces dernières.
flambage ou fléchissement.
De manière générale, quel que soit le mode de ruine potentielle
Ce rôle de renforcement, en maintenant et améliorant les carac- de l’ouvrage ou le type de boulon, les inclusions elles-mêmes sont
téristiques mécaniques apparentes du terrain boulonné, est pré- amenées à travailler selon 2 mécanismes :
dominant dans le cas des massifs continus de faibles caracté- • un mécanisme de traction ;
ristiques, ou pour les massifs discontinus initialement ou après • un mécanisme de cisaillement.
excavation, ayant subis des déformations suffisantes pour dégra-
der fortement ses caractéristiques mécaniques. Ces deux mécanismes sont très souvent mobilisés simultanément,

22 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

en fonction du mode de comportement du massif, lui-même dé- aussi de reproduire les trois modes de rupture observés : rupture
pendant de nombreux facteurs dont en particulier la structuration de la barre par excès de traction lorsque la longueur d’ancrage est
du terrain relativement à la géométrie de l’excavation, et de l’état suffisante, rupture de l’interface barre-scellement (ancrage au ro-
des contraintes relativement à la résistance de la roche. Ces deux cher) ou de l’interface scellement-terrain (ancrage dans des sols)
facteurs étawnt ceux identifiés comme prépondérants et pris en (cf figure 15).
compte dans les graphes en figures 2 et 3.

Ainsi, dans une roche continue, mais massive, une fissura-


tion d’extension orientée selon la contrainte principale majeure

Déplacement radial à l'interface (mm)


de compression, susceptible de déboucher sur un mécanisme

Force d'arrachement (kN)


d’écaillage associé au développement de fractures sensiblement
parallèles aux parements de l’excavation, impliquera essentielle-
ment une sollicitation en traction du boulonnage radiale.

Une roche continue, mais suffisamment sollicitée pour que se dé-


veloppe dans le massif un mécanisme de cisaillement sollicitera
essentiellement les boulons en cisaillement au droit des fractures
induites par l’excavation.
Dans le cas d’un massif discontinu, les boulons pourront être sol- Déplacement axial (mm)
licités en traction et/ou cisaillement, en fonction de leur positionnement
par rapport aux mouvements possibles des blocs à stabiliser.
Déplacement radial à l'interface (mm)

5.2.1. Contribution d’un boulon sous une sollicitation axiale


Force d'arrachement (kN)

Le comportement d’un boulon sous une sollicitation de traction


pure peut être approché par l’essai d’arrachement, à la fois in situ
ou en laboratoire.

Les expérimentations en laboratoire ont l’avantage de conduire


des essais dans des conditions bien maitrisées et d’acquérir les
données qui peuvent être utilisées pour l’élaboration de modèles
rhéologiques appropriés. Les derniers dispositifs développés (Fi-
gure 14) utilisent des cellules biaxiales pour étudier l’effet du
Déplacement axial (mm) Déplacement axial (mm)
confinement sur ce comportement, ainsi que l’influence de la lon-
gueur d’ancrage, la pression de confinement, la nature et le profil
de la barre, la nature et l’épaisseur du matériau de scellement, Figure 15 : Résultats d’essais d’arrachement sur des bou-
le matériau d’ancrage (roche ou sol) et le profil du trou. Il permet lons HA25 pour différentes pressions de confinement
Rupture de l’interface barre-scellement [Blanco Martin, 2012]

Figure 16 : Exemples de courbes contrainte-déplacement


Figure 14 : Banc d’arrachement d’une inclusion sous confinement en arrachement pour différents types de boulons
latéral [Blanco Martin 2012] [d’après Fine 1998 et Stillborg 1994]

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 23


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

La réponse du boulon à un essai d’arrachement est plus ou moins par mobilisation du frottement et/ou du scellement. Sur une pre-
ductile, en fonction de la technologie du scellement ou d’ancrage mière partie située du côté du tunnel (intrados), l’effort en tête
au terrain (figure 16). Par ailleurs, la distinction entre la réponse est transmis par la plaque d’appui, puis augmente jusqu’à une
de la barre proprement dite et celle de l’ancrage au terrain n’est certaine profondeur, plus ou moins rapidement en fonction des
pas toujours facilement accessible à l’observation. caractéristiques respectives de rigidité du terrain, du scellement et
de la barre. Au-delà, l’effort dans la barre va diminuer pour s’an-
Les boulons à friction présentent une déformabilité importante, nuler en extrémité côté terrain (extrados). La valeur maximale de
ce qui peut être un avantage en souterrain, en particulier dans des la traction dans le boulon est atteinte en un point où la contrainte
roches tendres susceptibles de présenter des convergences significa- de cisaillement entre le boulon et la barre s’annule, appelé point
tives. Cette ductilité peut aussi être obtenue avec des barres à ancrage neutre. De part et d’autre de ce point, la barre retient le terrain dé-
ponctuel mécanique, mais cela dépendra de la capacité de l’ancrage confiné(intrados) et s’ancre côté massif (extrados), retransmettant
par rapport à la nature du terrain. les efforts à celui-ci.

Cette répartition des


Les boulons scellés au
efforts dans la barre
coulis cimentaire ou à
ou des contraintes
la résine vont présenter,
à l’interface entre le
de manière générale,
massif et l’inclusion,
une rigidité et une ré-
donc l’efficacité que
sistance plus élevées
peut avoir le boulon
que les autres boulons,
sur le comportement
ce qui sera un avan-
du terrain dépend
tage indéniable dans
fortement de la résis-
le cas de roches dures
tance en cisaillement
fracturées, mais peut
de l’interface barre/
s’avérer moins adapté
scellement/rocher (ou
dans le cas de terrains
barre/rocher dans le
fortement convergeant.
cas d’un boulon à
Une ductilité supplé-
friction), qui peut lo-
mentaire peut être ap-
calement être dépas-
portée avec l’utilisation
sée dans les zones
de barres lisses.
de scellement des
barres.
Dans une configuration
représentative d’un ou- L’effet du boulonnage
vrage souterrain, une à ancrage réparti dans
sollicitation de traction une telle configura-
pure se retrouve dans tion de chargement
Figure 17 : Visualisation du chargement axial d’un boulon par convergence
le cas de boulons à par le terrain, se tra-
du massif [Freeman 1978]
ancrage ponctuel libres duit dans l’absolu au
sur toute leur longueur, sein du massif par une
ainsi que dans le cas très spécifique où les déformations du massif contrainte de confinement externe appliquée à la paroi (effort
sont parallèles à l’axe des boulons (cas d’un tunnel parfaitement cir- transmis par la plaque de tête) et par une contrainte de confine-
culaire dans un massif et sous un état de contraintes isotropes). Ce ment interne associée au transfert progressif des contraintes entre
dernier cas correspond typiquement aux hypothèses de la méthode la barre et le terrain au travers de l’interface boulon/rocher (scel-
convergence-confinement. La prise en compte d’un boulonnage scel- lement ou frottement) ; Contrainte de confinement qui améliore les
lé purement sollicité en traction, a été étudiée par de très nombreux capacités en cisaillement du massif boulonné.
auteurs, et en premier lieu Freeman [1978], ou encore Stille [1989],
Dans le cas où il ne serait pas mis de plaque d’appui en tête, la
Oreste [1996], Li [1999], Bobet [2011], Stille [1992], Cai [2004],
répartition des tractions dans le boulon se traduit uniquement par
Fahimifar [2009]. La figure 17, issue des travaux de Freeman, il-
un confinement interne du massif.
lustre la répartition des efforts dans le boulon et à l’interface avec
le scellement sous l’effet d’une convergence du terrain selon l’axe Dans le cas d’un boulonnage à ancrage ponctuel laissé libre sur
de la barre. toute sa longueur, l’effort dans la barre est constant et le confine-
ment ne dépend que des capacités mécaniques des systèmes d’an-
La figure 17 illustre bien qu’à partir de chacune de ses extrémi- crage, en parement ou en fond de trou.
tés, le boulon à ancrage réparti va se charger progressivement

24 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

5.2.1.1. Quantification de la pression de confinement st et sl définissent les espacements transversaux et longitudinaux


induite par un boulonnage à ancrage ponctuel. entre boulons.

La mise en traction des boulons se traduit, dans le cas des barres À titre indicatif, en considérant que les boulons sont chargés à
à ancrage ponctuel, par l’application d’efforts appliqués à la fois leur limite d’élasticité, les pressions de confinement pouvant être
en paroi, via les plaques d’appui, et en interne au massif via le sys- appliquées à la paroi de la cavité sont données dans le tableau 7.
tème d’ancrage au terrain (coquille ou scellement en fond de trou).
Il convient de noter que cette pression diminue en s’éloignant des
Ces aspects ont été étudiés par Hoek [1980], Labiouse [1992,
parements du tunnel compte tenu du rayonnement des boulons,
1994, 1996], Bobet [2002, 2011], Carranza-Torres [2009].
et que les ordres de grandeur fournis précédemment ne prennent
L’amplitude de cet effort et de la contrainte de confinement associée pas en compte la corrosion éventuelle des barres.
est relativement facile à calculer et à contrôler, car elle dépend es-
Selon ce mécanisme de renforcement, les propriétés de la roche
sentiellement du rapport de rigidité entre le terrain et le système de
ne sont pas modifiées, ce qui de manière synthétique et telle que
boulonnage, schématiquement du ratio E/Eb (E étant le module de dé-
visualisé sur la figure 18, reviendrait à ne pas modifier la courbe
formation du massif rocheux et Eb le module d’élasticité des boulons),
de convergence représentative du terrain. C’est cette approche qui
ainsi que des caractéristiques du système de boulonnage, à savoir :
a été initialement proposée par Hoek [1980], consistant à négliger
• Les caractéristiques géométriques des barres (section Ab) la force de réaction transmise au sein du massif au niveau de
l’ancrage ponctuel.
• Les caractéristiques géométriques du schéma de boulonnage
(Maille du boulonnage) En toute rigueur, la réponse du soutènement par boulons n’étant
pas totalement indépendante du comportement du massif, l’ap-
• 
Les caractéristiques mécaniques des boulons (Module Eb,
proche précédente n’est pas totalement pertinente. En modifiant
limite d’élasticité e)
dans le massif, au voisinage de la cavité, le champ des contraintes
• Les conditions de mise en œuvre et la technologie retenue induit par le creusement de l’ouvrage, la présence du système de
(Tension initiale, déformations locales aux têtes d’ancrage et boulonnage influe sur le comportement mécanique du massif, et
de fond de trou) ; donc sur sa réponse en termes de convergence. Ces notions ont
été analysées et formalisées par Labouise [1992] et Bobet [2011].
Le confinement maximal pouvant être appliqué en paroi de la ca-
En prenant en compte simultanément la pression de confinement
vité s’exprime de la manière suivante :
en paroi du tunnel et la force de réaction des boulons dans le mas-
[eq. 6] sif rocheux, l’effet du boulonnage à ancrage ponctuel se traduit
par une modification de la courbe de convergence.
Tb est la charge admissible de traction dans le boulon, valeur mini-
male imposée par les propriétés mécaniques et géométriques de 5.2.1.2. Quantification de l’effet associée à un boulonnage
la barre, les conditions d’ancrage en fond de trou, et par les carac- à ancrage réparti en traction
téristiques de la plaque d’appui. La contrainte admissible considé- Pour les boulons à ancrage réparti, la forte interaction entre le
rée pour la barre est définie conformément aux recommandations massif et les inclusions impose une prise en compte simultanée,
émises au §7.3.1.2. dans l’analyse du comportement, des boulons et du terrain. Dans
le cas souvent traité d’une cavité circulaire soumise à un état de

Maille Pression
Nature de la barre et nuance Diamètre extérieur Limite d’élasticité Charge admissible
de boulonnage de confinement
Barres à Haute Adhérence HA
20 mm 157 kPa 39 kPa
500 MPa
HA Fe E 500 25 mm 245 kPa 2,00 x 2,00 61 kPa
32 mm 402 kPa 100 kPa
20 mm 157 kPa 157 kPa
HA Fe E 500 25 mm 500 MPa 245 kPa 1,00 x 1,00 245 kPa
32 mm 402 kPa 402 kPa
Boulons autoforeurs
2,00 x 2,00 37 kPa
MAI R25N 25 mm 500 MPa 150 kN
1,00 x 1,00 150 kPa
Tableau 7 : Exemples d’estimations des pressions de confinement maximales applicables en paroi d’un tunnel

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 25


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Pression de confinement

Courbe de convergence du terrain

pi
Application
d’un
confinement
Pi en paroi
Point d’équilibre
Pi

Convergence

Figure 18 : Représentation de l’effet d’un boulonnage à ancrage ponctuel par un confinement appliqué en paroi

Figure 19 : Effet du boulonnage à ancrage ponctuel sur la courbe de convergence-confinement [Labiouse 1994]

sollicitation isotrope, tel que cela est supposé dans une approche En considérant une adhérence parfaite entre la barre et le terrain,
de type convergence-confinement, la convergence du massif in- l’effort T(r) dépend des déplacements du massif après installation
duit uniquement une mise en tension des inclusions. du boulonnage.

La prise en compte de ce boulonnage dans les calculs peut se [eq. 8]


faire au travers de différentes approches, consistant soit à modifier
l’état des contraintes dans le terrain boulonné, en appliquant une
Cette expression traduit alors le couplage entre le massif (via les
pression de confinement en paroi et/ou un effort complémentaire
déformations) et les inclusions, en fonction de sa rigidité et de ses
de compression au sein du massif, soit en assimilant ce renforce-
ment à une modification des propriétés mécaniques au sein du
caractéristiques .
massif boulonné.
La deuxième approche, consistant à modifier les caractéris-
• 
La première approche consiste à modifier l’état des contraintes
•  tiques mécaniques du terrain renforcé, est celle retenue et
dans la zone boulonnée, en supposant un transfert des efforts décrite par de nombreux auteurs, comme Indraratna [1990],
de traction dans les barres vers le massif. Elle a été proposée Peila [1995], Cai [2004], Osgui [2007,200 9].
par des auteurs tels que Stille [1983, 1989], Oreste [1996],
Fahimifar [2005], Bobet [2011]. De manière générale, elle Dans cette configuration, la présence d’un boulonnage à ancrage
découle de l’introduction dans l’équation d’équilibre, dans le réparti se traduit par une augmentation des propriétés apparentes
cas d’une configuration géométrique et de chargement pure- de déformabilité du massif (module de déformation), ainsi que des
ment radiale, du terme ; T(r) étant l’effort de traction dans caractéristiques de résistance en cisaillement (angle de frottement
la barre, pour une densité st.sl du boulonnage. et/ou cohésion). Il existe de nombreuses approches permettant de
quantifier cet effet. Ainsi, Indraratna et Kaiser (1990) assimilent le rôle
[eq. 7] d’un boulonnage à ancrage réparti à une amélioration des propriétés

26 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

de résistance de la zone renforcée. Ils incluent dans l’équation d’équi- • r est le rayon équivalent du tunnel, estimé à partir de l’expres-
libre un effort radial dû au boulonnage qui traduit le mécanisme de sion suivante :
frottement proposé par Freeman entre l’inclusion et le terrain. • A est la section excavée du tunnel.

L’équation d’équilibre d’un élément de volume autour d’un tunnel


Comme l’illustre l’équation précédente, l’apport du boulonnage se
circulaire s’exprime de la manière suivante, en considérant un cri-
traduit, dans une configuration purement cylindrique et en suppo-
tère de Mohr-Coulomb :
sant à tout instant un massif isotrope, homogène et continu aussi
bien dans le terrain non boulonné que dans la zone renforcée, par
[eq. 9] un accroissement :

• De l’angle de frottement apparent du massif :


• d est le diamètre de la barre ou du trou de foration ;
•  s l .s t est la maille du boulonnage ;
•  est le coefficient de frottement limite entre l’inclusion et [eq. 10]
le scellement ou entre le scellement et le terrain, tel que défini
au § 4.3.3.1.
• 
; • De la cohésion apparente du massif :

où φ est l’angle de frottement du terrain ;


[eq. 11]

Cohésion supplémentaire maximale en paroi


d’un tunnel de 10 m de diamètre

(Cohésion initiale : 1 MPa)

Caractéristiques du boulonnage λ=0,50 λ =0,75 λ =1,00


Diamètre : 20 mm
76 kPa 112 kPa 146 kPa
Maille : 1 m x 1m
Diamètre : 20 mm
39 kPa 57 kPa 76 kPa
Maille : 1 m x 2m
Diamètre : 20 mm
29 kPa 29 kPa 39 kPa
Maille : 2 m x 2m
Diamètre : 25 mm
94 kPa 138 kPa 180 kPa
Maille : 1 m x 1m
Tableau 8 : Estimation de l’accroissement de la cohésion apparente du massif boulonné

Accroissement de l’angle de frottement en paroi


d’un tunnel de 10 m de diamètre

(Angle de frottement initial : 33°)


Caractéristiques du boulonnage λ =0,50 λ =0,75 λ =1,00
Diamètre : 20 mm
3° 5° 6°
Maille : 1 m x 1m
Diamètre : 20 mm
1,8° 2,6° 3,4°
Maille : 1 m x 2m
Diamètre : 20 mm
0,9° 1,4° 1,8°
Maille : 2 m x 2m
Diamètre : 25 mm
4,2° 6° 8°
Maille : 1 m x 1m
Tableau 9 : Estimation de l’accroissement de l’angle de frottement apparent du massif boulonné

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 27


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Dans ce type d’approche, l’accroissement des caractéristiques en considérant un critère de plasticité de Hoek et Brown. Il est
ne s’applique qu’à la zone de transfert des efforts du terrain vers montré que l’amélioration des caractéristiques apparentes du
boulons, c’est-à-dire entre la paroi du tunnel et le point neutre, massif rocheux se traduit par une réévaluation des paramètres
ou point de traction maximale dans le boulon. La distance de ce mb, sb et ci ( ci : Résistance en compression simple de la matrice
point à la paroi peut être estimée à 45 % environ de la longueur rocheuse).
des boulons. Les tableaux 8 et 9 quantifient, pour une configura-
tion particulière, cette amélioration des caractéristiques du terrain [eq. 14] avec
dans cette zone boulonnée.

En considérant non plus un mécanisme de frottement entre le


[eq. 15]
boulon et le terrain, mais une condition de scellement quantifiée
par le paramètre qs, la même démarche que celle proposée pré-
cédemment peut être reconduite. Il n’y a alors pas de modification D’autres approches basées sur une démarche d’homogénéisation
de l’angle de frottement, mais uniquement un accroissement de des milieux périodiques ont été proposées. Il est possible de citer
la cohésion apparente. les travaux de De Buhan [De Buhan 1986, De Buhan et Salençon
1987]. Dans un cadre mécanique rigoureux, le mélange hétéro-
L’équation d’équilibre s’écrit donc :
gène sol/boulons est remplacé par un milieu homogène équiva-
lent, mais anisotrope, avec des caractéristiques propres de dé-
formabilité et de résistance. Les déformabilités du massif et des
[eq. 12] boulons sont prises en compte, ainsi que l’anisotropie de l’action
des boulons. Aucune hypothèse n’est faite sur la traction des bou-
lons, qui découle naturellement de l’équilibre mécanique.
L’accroissement maximal de cohésion apparente dans la zone
boulonnée s’exprime de la manière suivante : La validité de cette approche est toutefois sujette à trois condi-
tions :
• Cohésion apparente du massif :
• l’analyse doit s’intéresser au comportement global de l’ouvrage
[eq. 13] homogène associé, et non pas aux réponses locales de la
structure hétérogène initiale ;
• les inclusions de renforcement doivent être réparties de façon
Le tableau 10 fournit une estimation de l’accroissement de cohé- à peu près régulière, pour satisfaire l’hypothèse de périodicité,
sion en fonction de la résistance en cisaillement qs à l’interface des ce qui conduit à supposer un boulonnage sur toute la circonfé-
inclusions et du terrain. rence du tunnel ;
• les périodes caractéristiques du renforcement (espacements
Cette même approche a été reconduite par Osgui [2007, 2009] latéraux des inclusions) doivent être suffisamment petites

Exemple de
cohésion supplémentaire maximale en paroi
d’un tunnel de 10 m de diamètre

(Angle de frottement 33°)

Caractéristiques du boulonnage qs=0.5 MPa qs=1.0 MPa qs=1.5 MPa

Diamètre : 20 mm
42 kPa 84 kPa 126 kPa
Maille : 1 m x 1m
Diamètre : 20 mm
21 kPa 42 kPa 63 kPa
Maille : 1 m x 2m
Diamètre : 20 mm
10 kPa 21 kPa 31 kPa
Maille : 2 m x 2m
Diamètre : 25 mm
52 kPa 105 kPa 156 kPa
Maille : 1 m x 1m

Tableau 10 : Estimation de l’accroissement de la cohésion apparente du massif boulonné

28 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

devant les dimensions globales de l’ouvrage, en pratique au Ce premier modèle a été amélioré puis étendu à des cas plus gé-
moins une dizaine de boulons sur le pourtour. néraux par les travaux de Wong et Larue [1998] puis de Subrin et
al [2001] en prenant en compte :
Un modèle analytique dans le cadre de la méthode Conver-
gence-Confinement a été proposé par Greuell [1993, 1995]. Un • la montée progressive de la traction des boulons suivant la dé-
comportement élastoplastique parfait est supposé pour les deux formation du massif après la pose ;
composantes, le massif étant du type Tresca sans dilatance. Les • le seuil limite de l’adhérence à l’interface boulon-massif ;
boulons, disposés radialement, sont parfaitement adhérents sans • un comportement du massif plus complexe type radoucissant.
glissement au massif. Ce modèle suppose que les boulons tra-
Ces travaux ont également mis en évidence deux paramètres adi-
vaillent à leur traction limite dès leur mise en place, ce qui sures-
mensionnels pertinents qui permettent d’apprécier intuitivement
time légèrement l’efficacité des boulons.
l’apport du boulonnage relatif aux caractéristiques du massif
in situ :

; [eq. 16]

Le paramètre donne une mesure de l’apport (anisotrope) en


termes de raideur, dû au boulonnage relativement à celle du ter-
rain in situ. Le paramètre quant à lui traduit l’apport (anisotrope)
relatif de la résistance, mais applicable seulement pour les terrains
purement cohérents avec un angle de frottement nul.
�z
Subrin (2002) a montré qu’en comportement purement élastique,
� un système de boulonnage radial et un soutènement classique
agissant uniquement en paroi (une coque de béton projeté par
exemple) conduisent à la même convergence finale lorsque :

[eq. 17]

où Ksn est la raideur classique d’une coque cylindrique élastique.


Aucune relation d’équivalence de ce type ne peut être trouvée en
comportement élastoplastique, de sorte qu’il est rigoureusement
impossible d’assimiler l’action des boulons radiaux à un soutène-
ment classique agissant uniquement en paroi.

Selon l’approche proposée par Greuell (tableau 11), le boulonnage


Figure 20 : Principe d’homogénéisation du massif renforcé par radial à ancrage réparti se traduit par un accroissement de la co-
boulonnage radial [Greuell 1993] hésion apparente du massif de l’amplitude suivante :

[eq. 18]

Exemple de cohésion supplémentaire maximale en paroi d’un tunnel de 10 m de diamètre


Caractéristiques du boulonnage Boulons acier HA scellés. Limite d’élasticité 540 MPa
Diamètre : 20 mm
84 kPa
Maille : 1 m x 1m
Diamètre : 20 mm
42 kPa
Maille : 1 m x 2m
Diamètre : 20 mm
21 kPa
Maille : 2 m x 2m
Diamètre : 25 mm
132 kPa
Maille : 1 m x 1m

Tableau 11 : Estimation de l’accroissement de la cohésion apparente du massif boulonné selon l’approche proposée par Greuell.

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 29


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

ρ est la distance par rapport au centre du tunnel : toire ont permis de comprendre et de quantifier ce renforcement.
(L étant la longueur des boulons) Les figures 23 et 24 illustrent cela, en présentant les courbes
Tb est la traction admissible des boulons. de chargement de joints traversés perpendiculairement par des
boulons de différents types. De nombreux travaux ont été publiés
s l et s t sont les espacements des boulons dans les directions sur ce sujet, parmi lesquels Grasselli [1999,200 5], Chen [2014],
longitudinale et orthoradiale. Spang [1990], Egger [1991], Pellet [1993,1995,1996], Pells
[1974,200 2], Aziz [2005,200 7], Holmberg [1992], Bjurström
Selon le même type d’approche, Greuell propose aussi une esti-
[1974], Haque [1999] etc.
mation de l’augmentation du module de déformation en fonction
du renforcement. Dans la direction radiale, le module du terrain
Ce comportement en cisaillement peut aussi être étudié dans de
renforcé par les boulons découle de la formulation suivante :
grandes boites de cisaillement de type Casagrande en reprodui-
sant une discontinuité renforcée par une ou plusieurs armatures
[eq. 19]
selon une direction donnée par rapport au plan de cisaillement.
Un tel dispositif est celui développé au CEREMA (figure 22). Le
Eb est le module d’élasticité du boulon d le diamètre de la barre. tableau 12 donne une illustration de la contribution de l’armature
au cisaillement de la discontinuité en fonction de son inclinaison.
On observe que toutes ces approches, assimilant l’effet du renfor-
cement par un système de boulonnage réparti à une amélioration
des propriétés mécaniques du massif, fournissent des
accroissements de caractéristiques du même ordre de
grandeur, en particulier pour la cohésion apparente qui
ne croit que de quelques dizaines de kPa suite à la pré-
sence du boulonnage.

5.2.2. Contribution d’un boulon


sous une sollicitation de cisaillement
Si pendant longtemps il était attendu une fonction de
support des boulons, en particulier des boulons à an-
crage ponctuel, et donc une sollicitation en traction pure
de ceux-ci, le développement des boulons à ancrage
réparti par scellement ou friction a permis d’apporter
une contribution significative de ces inclusions dans
Figure 22 : Machine de cisaillement au LRPC de Lyon sur des
l’accroissement de la résistance en cisaillement des discontinuités
blocs de béton de dimensions 1500 x 1000 x 625 mm (Bidaut et
dans les massifs rocheux facturés. Ainsi, il s’agit probablement du
al, 2006)
mode le plus courant de sollicitation d’un boulonnage par barres
scellées, en combinaison avec une sollicitation de traction. Malgré ces nombreux travaux, ce mode de fonctionnement est
délicat à appréhender et à quantifier. Cette difficulté est liée au
fort couplage qui existe dans ce cas entre le comportement de
la discontinuité et le fonctionnement du boulon, lui-même sollici-
té, même en cas de cisaillement pur le long du plan du joint, en
flexion, traction et cisaillement.

De nombreux paramètres physiques influent sur le comportement


de la discontinuité renforcée par des boulons, tels que les caracté-
ristiques de la matrice rocheuse (Résistance en compression), de la
discontinuité rocheuse (Ouverture, rugosité, résistance en cisaillement
du joint non renforcé…), l’orientation du boulon par rapport au plan de
cisaillement, les caractéristiques du boulon et de son scellement…Ces
aspects sont traités dans la littérature et il conviendra de se référer aux
Figure 21 : Modes de sollicitation des boulons à ancrage réparti références citées précédemment pour plus d’informations. On peut
au voisinage de blocs instables toutefois rappeler les principales conclusions concernant l’effet d’un
renforcement d’une discontinuité par un boulon sous une sollicitation
La capacité d’un boulonnage à renforcer un joint rocheux en cisail- de cisaillement :
lement n’est plus à démontrer, et de nombreux essais de labora-
• Comme cela est visible sur les figures 24 et 25, la courbe de char-

30 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Figure 23 : Contribution de la barre en fonction de son inclinaison (Bidaut et al, 2006)

gement présente principalement 3 phases : Une phase de com- la résistance en cisaillement de la barre [Bjurström 1974, Pells
portement linéaire ; Une phase de comportement non linéaire cor- 2002, Pellet 1993, 1996] ;
respondant à une plastification du boulon et/ou du scellement et/ • Pour un cisaillement donné de la discontinuité, un renfor-
ou de la matrice rocheuse ; Une phase de rupture associée à une cement par des boulons scellés est beaucoup plus résistant
traction ou un cisaillement excessif de la barre [Grasselli 1999]. qu’un renforcement par des boulons à ancrage ponctuel qui ne
• La résistance de la matrice rocheuse et du scellement ont un effet fonctionne qu’en traction [Hibino 1981]. La différence est es-
significatif sur l’influence du boulonnage, plus en termes de dé- sentiellement liée à la composante de cisaillement du boulon ;
formabilité que de résistance. Plus la résistance sera élevée, plus • Le comportement de la discontinuité dépend fortement de la
le déplacement le long du joint renforcé sera faible à la rupture nature du boulon. Avec un boulon en fibre de verre, l’accrois-
[Spang 1990] ; sement de résistance est 2 fois plus faible qu’avec un boulon
• L’angle entre la barre et le plan de discontinuité joue un rôle impor- en acier de même diamètre [Ludvig 1983] ;
tant sur la déformation à rupture. Des boulons disposés perpendi-
culairement au joint autorisent plus de cisaillement avant rupture ; Le renforcement en termes de résistance, d’un joint traversé par
• L’accroissement de résistance en cisaillement de la discontinuité une barre scellée, peut s’exprimer globalement de la manière sui-
dû à la présence d’un boulon scellé est lié à 2 composantes : Une vante [Egger 1991, Pells 2008]
composante associée à une contrainte normale supplémentaire
sur le plan de glissement et une composante correspondant à

Figure 24 : Comparaison du comportement en cisaille-


Figure 25 : Comportement d’un boulon à ancrage réparti
ment d’un boulon scellé et d’un boulon expansif de type
en cisaillement. [Chen 2014]
Swellex, orienté perpendiculairement à une discontinuité
cisaillée. [Grasselli 2005]

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 31


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

Pellet [1993] a ainsi analysé de manière précise et analytique,


[eq. 20] la contribution d’un boulon traversant un joint sous l’effet d’une
sollicitation de cisaillement, en considérant éventuellement une
cj et j correspondent respectivement à la cohésion et à l’angle de plastification de la barre. La formulation retenue conduit à définir
frottement de la discontinuité. dans le plan des forces normales et de cisaillement, un critère
d’élasticité du boulon et un critère de plasticité.
Δcb et Δ b correspondent respectivement à l’apport de cohésion
et à l’apport de contrainte normale, ou contrainte de confinement, En supposant une déformation de la barre cohérente avec les
liés à la présence du boulon. conditions aux limites sous sollicitation de cisaillement et de trac-
tion, Pellet exprime une relation entre l’effort normal N0e dans la
Cette formulation illustre clairement la notion de renforcement de
barre et l’effort de cisaillement Q0e pour une hypothèse de compor-
la résistance en cisaillement d’une discontinuité rocheuse, et donc
tement élastique (figure 27).
indirectement du massif, généré par un boulonnage à ancrage
réparti, qui se traduit par un accroissement des propriétés méca- L’extension de cette approche dans le domaine de plasticité de la
niques apparentes et par un effort de confinement localisé au droit barre, jusqu’à une déformation de rupture εf, est menée en défi-
des zones de faiblesse et des discontinuités existantes ou induites nissant un critère de rupture et en supposant qu’après apparition
par le creusement. des rotules plastiques, la déformation supplémentaire de la barre
n’est associée qu’à un allongement entre ces dernières. Il propose
L’estimation de ces accroissements de propriétés mécaniques ou
une expression permettant de calculer les sollicitations dans la
de confinement s’appuie sur la description du comportement de
barre, à savoir , la force normale, et , la force de cisaillement, agis-
la barre selon deux modes :
sant au point d’intersection du boulon avec le plan de cisaillement,
Une flexion localisée de la barre conduisant à faire travailler
•  lorsque l’inclusion atteint sa limite de rupture (figure 28).
le boulon principalement en traction, selon un mécanisme de
En assimilant les efforts de cisaillement Q0e ou Q0f, c’est-à-dire l’ef-
bielle. Ce mode peut devenir prépondérant dans le cas d’une
fet goujon, à un terme de cohésion et les efforts normaux N0e ou
matrice rocheuse peu résistante, qui aura tendance à être
N0f à un terme confinement interne agissant au niveau du plan
écrasée lors du cisaillement par le boulon ; ce mécanisme aura
de glissement, il est possible de quantifier l’influence du renfor-
alors tendance à privilégier l’accroissement de la pression de
cement d’une discontinuité par un boulon scellé, en l’associant à
confinement.
un niveau de déplacement en cisaillement. Les tableaux suivants
Un cisaillement de la barre, sans flexion significative de celle-
•  découlent de l’application de l’approche proposée par Pellet et
ci, qui correspond à un mécanisme en « goujon ». Cette confi- fournissent quelques ordres de grandeur de composantes de ren-
guration de fonctionnement se retrouve essentiellement dans le forcement au droit d’une fracture, en considérant successivement
cas d’une roche dure, très résistante. Ce mécanisme aura alors un comportement élastique puis plastique de l’inclusion. Pour
tendance à privilégier l’accroissement de la cohésion apparente, plus de détail, il conviendra de se référer à Pellet [1993].
au détriment de l’augmentation de la contrainte normale.
Il est intéressant de constater que les ordres de grandeur obtenus
(Tableau 12), aussi bien pour l’accroissement des propriétés mé-
caniques (en l’occurrence de la cohésion) que pour l’apport d’une
pression de confinement, sont similaires à ceux obtenus et décrits
précédemment (§ 5.2.1.2) dans le cas d’un boulonnage à ancrage
réparti soumis à de la traction.

5.3. Ordres de grandeur de l’apport mécanique du


boulonnage
Les approches brièvement décrites précédemment fournissent
des ordres de grandeurs sur l’apport d’un boulonnage, en termes
d’accroissement de la résistance au travers d’une modification de
l’état des contraintes (effet de confinement) ou d’une augmenta-
tion des propriétés mécaniques (Cohésion apparente supplémen-
taire) sous une sollicitation de traction et/ou de cisaillement, en
Figure 26 : Visualisation du fonctionnement d’un boulon fonction de la technologie de boulonnage retenue.
à ancrage réparti au droit d’une discontinuité cisaillée.
Un boulonnage à ancrage ponctuel, mis en œuvre de façon sys-
Différentes approches ont été développées pour décrire et quan- tématique, ne se traduira que par une modification de l’état des
tifier l’effet d’un boulon traversant une discontinuité soumise à un contraintes dans un anneau confiné au voisinage du tunnel. Les
cisaillement pur, ou combiné avec une sollicitation de traction. propriétés mécaniques du massif ne sont pas ou peu modifiées.

32 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


5. FONCTIONNEMENT ET APPORT DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONNAGE

En plus d’un confinement, un boulonnage à ancrage réparti mis


en œuvre de façon systématique agit aussi comme un renforce-
ment interne du massif, au travers d’un accroissement localisé
de la cohésion, et éventuellement de l’angle de frottement appa-
rent. En considérant que ce type de boulon peut fonctionner en
plasticité, au-delà de sa limite d’élasticité, l’apport d’une cohésion
apparente supplémentaire peut être de l’ordre de 50 à 150 kPa.

Dans ce cas, cette cohésion et ce confinement supplémentaires


sont générés localement et de manière anisotrope, en fonction de
l’orientation du schéma de boulonnage par rapport aux contraintes
principales, du mécanisme de ruine susceptible de se développer,
Figure 27 : Schéma de fonctionnement et de chargement d’un bou- ou encore de la morphologie de la fracturation du massif.
lon cisaillé au droit d’une discontinuité, à la limite d’élasticité.
Quel que soit le type de boulonnage retenu, il est important de
souligner que le confinement et la résistance supplémentaires ap-
portés restent relativement faibles en ordre de grandeur ( 0,1 à
0,2 MPa) par rapport :
• aux contraintes pouvant régner dans le massif (jusqu’à plu-
sieurs MPa) ;
• aux valeurs de cohésion initiales généralement rencontrées pour
la masse rocheuse, sauf si celle-ci est fortement fracturée.

Ce constat sur les ordres de grandeur permet de mieux identi-


fier et surtout de quantifier le domaine d’application d’un soutè-
nement par boulons et les limites de ce type de soutènement, et
Figure 28 : Schéma de fonctionnement et de chargement d’un boulon
de préciser les méthodes de prise en compte de ce soutènement
cisaillé au droit d’une discontinuité, à la limite de rupture.
dans les calculs et modélisations.

Ainsi, en conséquence des constats précédents, les commen-


Un tel système de boulonnage est susceptible d’appliquer en taires suivants peuvent être avancés :
parement de la cavité une pression maximale de confinement •  Sur le plan de la compréhension des mécanismes, l’estima-
de l’ordre de 50 à 150 kPa, en fonction des caractéristiques du tion de ces valeurs de confinement et/ou d’accroissement des
schéma de boulonnage et des inclusions. Des valeurs de 200 à caractéristiques mécaniques conduit à relativiser l’apport du
300 kPa peuvent être parfois mobilisées, mais moyennant un soutènement par boulons, mais permet surtout de comprendre
boulonnage très dense (< 1 m2 boulon) associé à des barres de pourquoi, dans certaines approches de calcul, la prise en
diamètre relativement important (Diamètre>25 mm).

Sollicitation de la barre dans le domaine plastique jusqu’à 5 % de déformation

Caractéristiques du boulonnage Confinement supplémentaire Cohésion supplémentaire


Diamètre : 20 mm
126 kPa 87 kPa
Maille : 1 m x 1m
Diamètre : 20 mm
63 kPa 43 kPa
Maille : 1 m x 2m
Diamètre : 20 mm
31 kPa 22 kPa
Maille : 2 m x 2m
Diamètre : 25 mm
196 kPa 136 kPa
Maille : 1 m x 1m

Tableau 12 : Ordres de grandeur de la cohésion et d’un confinement additionnel générés par un boulonnage passif
(Nota : Boulons acier HA scellés. Limite d’élasticité 540 MPa ; Résistance de la matrice rocheuse : 100 MPa)

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 33


6. CONCEPTION GÉNÉRALE DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONS

compte du boulonnage ne montre pas d’effet significatif. L’apport des blocs potentiellement instables, la définition de cette longueur
du système de boulonnage ne devient flagrant dans les calculs dans le cas d’un milieu continu pour lequel il est attendu du bou-
que dans les cas où ces accroissements de cohésion ou l’apport lonnage un rôle de renforcement, est plus délicate à établir. Elle
d’un confinement sont similaires en ordre de grandeur à la cohé- doit être suffisante pour que la barre ait la possibilité de s’ancrer,
sion ou aux contraintes régnant dans le terrain (faible profondeur donc qu’elle ait une longueur minimale de 2 m. La figure 28 pré-
et cohésion initiale ou résiduelle, milieu discontinu ou fracturé…). sente un recensement, pour des ouvrages récents, des longueurs
• Un système de boulonnage seul ne permet pas de réduire de des boulons en fonction de la dimension principale de l’excavation
manière significative les déplacements dans le terrain, sauf sous (hauteur des piédroits ou portée de la voûte). La relation suivante
faible profondeur et dans un matériau avec peu de cohésion (< est recommandée, considérant une longueur des boulons a mini-
quelques centaines de kPa). De plus, sauf en cas de faible pré- ma de 2 m et proportionnelle à la dimension du tunnel :
contrainte, la mise en charge des boulons nécessite un déplace-
[eq. 21]
ment du massif, retardant l’effet du renforcement.
• Un système de boulonnage ne permet pas de stabiliser seul des Dans l’idée que les boulons à ancrage réparti ont comme fonc-
terrains très poussants et fortement déstructurés, mais joue alors tion essentielle de renforcer le massif sollicité au voisinage de
un rôle « d’homogénéisation » et de « cohésion » du massif autour l’ouvrage, il n’y a pas lieu d’imposer que la longueur des boulons
de la cavité. Il doit alors bien entendu être associé à un autre sou- soit supérieure à l’épaisseur de la zone plastique. Considérer que
tènement. les boulons doivent impérativement sortir de la zone « plastique »
• À un stade d’étude préliminaire, ces pressions de confinement risque parfois de conduire à des boulons de très grande longueur.
maximales estimées permettent d’écarter ou de retenir le principe
Par ailleurs, il convient de privilégier, autant que possible, des
d’un soutènement basé essentiellement sur un système de boulon-
boulons présentant des longueurs inférieures à 5 ou 6 m, ce qui
nage, en les comparant à une estimation de la pression de soutène-
correspond aux dimensions maximales des glissières des boulon-
ment qui serait jugée nécessaire pour garantir la tenue de l’ouvrage.
neurs. Retenir de telles longueurs, lorsque cela est possible, per-
met de limiter les opérations de mise en œuvre et en particulier le
6. CONCEPTION GÉNÉRALE DU SOUTÈNE- manchonnage des forets et des inclusions.
MENT PAR BOULONS
6.1.2. Densité du boulonnage
Ce chapitre présente quelques recommandations générales utiles Les mailles courantes pour un boulonnage systématique varient
au prédimensionnement d’un soutènement par boulons, en s’ap- entre 2 et 6 m2/boulons (soit respectivement des mailles de
puyant sur des règles de retour d’expérience, sur des approches 1.5 m x 1.5 m et 2.5 m x 2.5 m). Un boulonnage relativement
empiriques et sur les classifications les plus courantes disponibles dense est parfois utilisé, de 1m2/boulon (1.0 m x 1.0 m) (cas des
en mécanique des roches et travaux souterrains. Leur application cavernes du LHC à Genève, Terhi en Inde,…). Il n’est générale-
permet d’avoir une première définition du principe de soutène- ment pas retenu de maille plus faible que 1m2/boulon.
ment, avant de mettre en œuvre si nécessaire, en fonction des en-
jeux et de la complexité de l’ouvrage, des approches plus sophis- Dans le cas d’un boulonnage à ancrage réparti ayant vocation à
tiquées, mais souvent plus complexes, décrites aux §7.4, §7.5 ou renforcer le massif, le paramètre influant est la maille du soutène-
§7.6. Ces dernières (les méthodes par éléments finis ou distincts, ment, plus que sa longueur. Afin d’accroitre l’effet du système de
par différences finies) sont aussi celles qui permettent en principe soutènement, il est donc préférable de réduire l’espacement des
de traiter une grande variété de configurations possibles. boulons plutôt que d’accroitre leur longueur.

Bien qu’il n’apparaisse pas clairement, d’après le retour d’expé-


6.1. Retour d’expérience et recommandations rience, de corrélation entre la densité du boulonnage et la lon-
générales gueur des boulons, Fine [1998] et l’USACE [1980] proposent une
Un système de soutènement par boulons est en premier lieu décrit règle empirique définissant la densité en fonction de cette lon-
par ses caractéristiques géométriques, à savoir par la longueur et gueur, afin que le soutènement génère dans le massif une pres-
la densité du boulonnage. La plupart des préconisations décrites sion de confinement plus uniforme. Il est ainsi proposé que la
sont issues du retour d’expérience sur des projets réalisés ces der- densité (boulons/m2 de parement) soit supérieure à 4/L2 ; L étant
nières années par les organismes participant à l’élaboration des la longueur des inclusions.
présentes recommandations. Il est précisé que ces règles s’ap- Le tableau 13 donne la valeur de ces seuils en fonction de la
pliquent essentiellement à un soutènement par boulons destiné longueur. Ces valeurs doivent être considérées comme pure-
au renforcement du massif, donc à des boulons scellés. ment indicatives et ne fournissent qu’une densité minimale en
deçà de laquelle l’efficacité du soutènement peut être dégradée.
6.1.1. Longueur des boulons
Il conviendrait alors de bien justifier cet allègement du soutène-
Si, dans le cas des boulonnages porteurs, la longueur des inclu- ment à partir d’autres approches.
sions est bien entendu régie par la dimension et la profondeur

34 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


6. CONCEPTION GÉNÉRALE DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONS

Figure 29 : Corrélation entre la longueur des boulons et les dimensions de la cavité.

Dans les configurations particulières et difficiles en termes de Deux autres méthodes sont par ailleurs proposées dans cette
comportement et de stabilité, cette densité peut exceptionnelle- recommandation ; celle de Meritt, qui n’a vocation qu’à fournir
ment être augmentée et être de l’ordre de 9/L2. une première idée de la faisabilité d’un soutènement par boulons
sur la base de la connaissance du RQD ; et l’approche de Hoek,
6.2. Méthodes fondées sur les classifications qui consiste à estimer la pression de soutènement à mettre en
et règles empiriques œuvre. Il existe de nombreuses autres méthodes (Rmi, Russo,…)
qui peuvent être utilisées, et qui ne feront que compléter les ap-
Il existe de nombreuses méthodes empiriques de prédimension-
proches recommandées ici. Il est ainsi préconisé de mettre en
nement des soutènements, formalisant le retour d’expérience ac-
œuvre, lorsque cela est possible, plusieurs approches, permettant
quis dans les travaux souterrains. Parmi ces méthodes, les plus
de converger vers un principe commun de soutènement.
couramment mises en œuvre sont celles de Barton (basée sur
l’estimation de l’indice Q) et de Bieniawski (sur la base de l’estima-
Ces méthodes empiriques s’inscrivent généralement dans une dé-
tion du Rock Mass Rating RMR). Ces deux classifications et leurs
marche d’analyse préliminaire de l’ouvrage, mais peuvent parfois
limites sont décrites dans les recommandations du GT1 concer-
être suffisantes en fonction de la nature de celui-ci, des enjeux, du
nant « la caractérisation des massifs rocheux utile à l’étude et à la
comportement pressenti et des difficultés attendues en termes de
réalisation des ouvrages souterrains » [AFTES 2003]. Si elles sont
creusement et de stabilité.
utilisées pour caractériser le massif rocheux, elles peuvent aussi
déboucher sur la proposition d’un principe de soutènement et un
prédimensionnement de celui-ci.

Longueur des boulons 2m 3 4 5


Densité minimale du boulonnage
1 0,44 0,25 0,16
(boulons/m2)

Espacement maximal entre boulons 1mx1m 1.5 m x 1,5 m 2.0 m x 2,0 m 2.5 m x 2,5 m

Tableau 13 : Correspondance entre la longueur des boulons et la densité minimale de boulonnage

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 35


6. CONCEPTION GÉNÉRALE DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONS

Figure 30 : Nature du soutènement en fonction du RQD.

6.2.1. Approche de Meritt lisation des ouvrages souterrains » [AFTES 2003]. Cette approche
était basée au départ sur l’étude de plus de 300 tunnels principa-
L’approche de Meritt [1972] se résume totalement par le graphe lement en roches sédimentaires à profondeur modérée. Établie à
de la figure 30, qui préconise un principe de soutènement par partir d’exemples issus principalement d’Afrique du Sud, la base
boulons en fonction de la dimension de l’ouvrage et de la valeur de données utilisée s’est ensuite fortement enrichie à l’aide de
de RQD. En l’occurrence, il s’agit d’une méthode insuffisante pour nombreux autres cas internationaux.
concevoir un soutènement, mais est très utile à un stade préli-
minaire d’un projet, lorsque peu de données géotechniques sont Le tableau 14 propose les différents soutènements possibles en
disponibles, pour donner un premier avis sur la faisabilité de l’ou- fonction de l’indice RMR, nécessaires à la stabilité de tunnels,
vrage. Il est évident que l’indice RQD est insuffisant pour carac- dans les conditions restrictives suivantes : tunnels en fer à che-
tériser à lui seul un massif rocheux et son comportement lors du val de 10 m de diamètre, excavés à l’explosif, avec ou sans eau,
creusement d’un ouvrage, mais il s’agit souvent d’un des premiers mais sans problème particulier lié à l’état de contraintes en place
paramètres disponible, dès qu’un sondage a pu être réalisé. ( v<25 MPa). Il s’agit de soutènement à long terme, dont la stabi-
lité est à vérifier par l’auscultation en place. Un revêtement addi-
tionnel en béton coffré n’est pas prévu.

Ce tableau, publié en 1989, n’a pas évolué depuis cette date.


6.2.2. Approche de BIÉNIAWSKI
Dans beaucoup de cas aujourd’hui, le béton projeté fibré a rem-
Z. T. Bieniawski a présenté sa classification en 1973 en vue du placé le béton projeté armé de treillis soudé. En ce qui concerne
dimensionnement des ouvrages souterrains et l’a modifiée à plu- le boulonnage, le choix des longueurs est précisé, car il varie en
sieurs reprises. La version actuellement utilisée est celle de 1989 fonction de chaque classe de roche et du diamètre de l’ouvrage
[Bieniawski 1989]. L’indice RMR est la somme de cinq notes (entre 3 et 6 m), mais le type de boulons proposé reste limité aux
représentant la quantification de cinq paramètres caractérisant boulons à ancrage réparti.
le rocher et d’une note d’ajustement dépendant de l’orientation Il reste que l’application de ce tableau est restrictive aux condi-
des discontinuités vis-à-vis de l’ouvrage. Pour la définition de ces tions précisées ci-dessus et que le jugement du concepteur est
notes, il convient de se reporter à la recommandation AFTES sur toujours nécessaire pour passer d’une classification de rocher à
« la caractérisation des massifs rocheux utile à l’étude et à la réa- un projet pertinent de soutènement.

36 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


6. CONCEPTION GÉNÉRALE DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONS

La valeur de Q varie selon une échelle logarithmique de 0,001 à


1000 et définit 9 classes de rocher correspondant à la qualité du
massif, depuis exceptionnellement mauvaise jusqu’à exception-
nellement bonne.

Après avoir défini la valeur de l’indice Q représentatif de la qualité


du massif in situ, Barton a introduit un paramètre supplémentaire
De appelée « dimension équivalente de l’excavation » :

[eq. 23]

ESR est un facteur de correction (Excavation Support Ratio) qui


varie de 0,8 à 3,5 selon la destination de l’ouvrage et le caractère
temporaire ou permanent de ce dernier.

C’est sur la base de l’estimation de ces 2 valeurs, Q et De, qu’un


type de soutènement est proposé et un prédimensionnement de
celui-ci suggéré. Ce soutènement découle de l’abaque reproduit
en figure 31.

Il est à noter que le soutènement ainsi déterminé est à comprendre


comme un soutènement définitif pour assurer la stabilité à long
terme de l’ouvrage (du moins pendant la durée de sa vie, prise en
compte par le coefficient ESR). La mise à jour effectuée en 1993
a tenu compte des développements en matière de soutènement,
notamment dans l’application de plus en plus large du béton pro-
jeté fibré qui permet entre autres de soutenir et boulonner des
terrains à qualité Q plus faible qu’autrefois.

Des dispositions particulières sont prévues dans le cas des sou-


tènements en piédroits, puits, ainsi que pour les soutènements
Tableau 14 : Proposition d’un soutènement provisoires.
en fonction de l’indice RMR Pour estimer les soutènements pour les piédroits, l’indice Q est
remplacé par Qwall, tel que :
6.2.3. Approche de Barton
• Qwall=5. Q si Q > 10
L’indice Q est le paramètre central d’une méthode, appelée Q-Sys- • Qwall= 2,5 Q si 10> Q > 0,1
tem, développée à partir de 1974 [Barton 1974] pour caractériser • Qwall= Q si Q< 0,1
la qualité d’un massif rocheux en vue du percement d’un tun-
nel et l’évaluation de sa stabilité. Cette méthode s’est initialement Pour déterminer un soutènement provisoire, Barton [1994] pro-
développée à partir de l’analyse de plus de 200 cavités souter- pose, en plus de multiplier le coefficient ESR par 1,5, d’appliquer
raines, majoritairement situées dans le bouclier scandinave à les corrections suivantes à la valeur de Q :
contraintes horizontales élevées. Elle a été réactualisée en 1993, • de remplacer Q par 5.Q ;
en particulier par la prise en compte de plus de 1000 cas de tun- • de remplacer Qwall par 5. Qwall
nels [Grimstad 1993].
Cette modification est susceptible de conduire à des coefficients
La méthode repose sur le même principe que le RMR de Bie- de Barton élevés, et donc à sous-estimer in fine le soutènement.
niawski, c’est-à-dire qu’il s’agit de donner une note globale à la Par ailleurs, le retour d’expérience n’étant pas suffisant sur l’appli-
qualité d’un massif par l’intermédiaire de paramètres. Au lieu cation de cette règle, il est recommandé de ne pas l’appliquer ou,
d’être une somme de notes, il est le produit de six paramètres : le cas échéant, de justifier précisément ce choix et de conforter le
[eq. 22]

Tableau 15 : Corrélation entre l’indice


Q et l’ordre de grandeur de la pression
de soutènement

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 37


6. CONCEPTION GÉNÉRALE DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONS

Figure 31 : Abaque pour la sélection d’un mode de soutènement en fonction de l’indice Q.

dimensionnement du soutènement qui en découle par une autre À partir de la connaissance de Q, Barton a proposé une estima-
approche d’analyse. tion de la pression de soutènement, ce qui permet d’associer le
domaine d’application d’un soutènement classique par boulons à
Cette méthode va plus loin dans le dimensionnement des éléments
une plage de valeur de Q.
de soutènement que celle de Bieniawski, et traite de plus de situa-
tions. C’est pourquoi elle est largement utilisée au stade du projet.
Conformément aux valeurs de pression de confinement, avancées
dans le tableau 7 pour des soutènements courants par boulons,
Concernant la conception du boulonnage, l’approche propose une
on constate que le domaine d’utilisation optimal du boulonnage
densité de boulons selon qu’un béton projeté est mis en œuvre ou
correspond à des terrains rocheux dont l’indice Q de Barton est
non, ainsi qu’une estimation de la longueur des barres, accessible
supérieur à 0,1, voire 1. En deçà de cette qualité de terrain, un
sur l’axe à droite des ordonnées.
soutènement par boulons ne sera a priori pas suffisant, et devra

38 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


6. CONCEPTION GÉNÉRALE DU SOUTÈNEMENT PAR BOULONS

éventuellement être associé à un autre système. approche de prédimensionnement de la pression de soutènement


n’est pertinente que pour des ouvrages à faible profondeur, pour
6.2.4. Approche de Hoek lesquels Pi est du même ordre de grandeur que P0. A plus forte
profondeur, ce critère en déformation n’est plus nécessairement
Hoek [2000] a proposé une expression liant le rapport entre pertinent et le soutènement mis en œuvre n’a plus comme objectif
la contrainte initiale en place et la résistance en compression premier de bloquer et de limiter les déplacements, mais il doit
simple de la masse rocheuse, à un indicateur de convergence accompagner le massif, éventuellement au–delà du critère de 1%
noté ε. Cette relation s’exprime de la manière suivante : à 2% de convergence.

. [eq. 24]
7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT
En fonction de l’amplitude de cet indicateur, Hoek donne un pre- DU BOULONNAGE
mier avis sur le comportement probable de l’ouvrage en phase de
creusement (figure 32), sur la méthode de calcul qui peut être
mise en œuvre, et sur le type de soutènement envisageable. Ces 7.1. Approche de dimensionnement
recommandations sont présentées dans le tableau 16. Les ouvrages souterrains et a fortiori ceux creusés en milieu ro-
cheux, domaine dans lequel le boulonnage peut être retenu
Au-delà de cette première étape applicable à un stade d’analyse comme le soutènement essentiel et principal permettant d’assu-
préliminaire, Hoek propose de compléter la formule précédente rer la stabilité générale du tunnel, ne relèvent pas actuellement
en prenant en compte la pression de confinement (ou pression de la démarche normative dite aux Eurocodes. Le cas échéant,
de soutènement), et son effet sur l’amplitude de la convergence. la conception des tunnels correspondrait essentiellement à des
ouvrages de catégorie 3 au sens de la Clause 2.1 de l’Eurocode
7 [NF P94-270 1.3 Note 2]. Cette clause exclut donc les tunnels du
[eq. 25]
champ d’application des Eurocodes, tout au moins dans la situation
actuelle.

Les présentes recommandations s’appuient sur une démarche déter-


ministe, au sens où les actions et les éléments de résistance sont tous
deux qualifiés de façon déterministe, et la marge de stabilité de la
structure est quantifiée par un indicateur correspondant à un coef-
ficient de sécurité. Toutefois, lorsque cela a été possible, les critères
proposés ici se sont inspirés d’une interprétation de documents de
référence existants, concernant des domaines d’application proches
des soutènements par boulons et inclusions. Ils s’inspirent de recom-
mandations [Clouterre, TA95, DTU13.2, Fascicule 62 Titre 5] ou de
documents normatifs [EN 1537, NF P 94-282, NF P 94-270].

Une spécificité du boulonnage est sa très forte interaction avec le


terrain. Ce soutènement ne peut généralement pas être étudié indé-
pendamment de la rhéologie du massif, lui-même travaillant générale-
ment dans un domaine de comportement non linéaire. C’est pourquoi
les méthodes de calcul décrites par la suite doivent considérer ces
couplages complexes entre le massif et les inclusions, ce qui est co-
hérent avec une approche déterministe, basée sur la donnée, pour
Figure 32 : Occurrence de désordres en fonction de l’estimation les différentes composantes et sollicitations, de valeurs caractéris-
de la convergence selon la relation eq ***** tiques non pondérées, assimilées aux valeurs de calcul. Il est rappelé
qu’une valeur caractéristique d’un paramètre correspond à sa valeur
Ainsi, en fonction du seuil d’acceptation retenu par le concep- raisonnablement prudente, et non à sa valeur minimale ou à sa valeur
teur, si celui-ci est dépassé, il est possible d’estimer la pression après affectation d’un coefficient de sécurité. Concernant les données
de soutènement Pi à appliquer pour respecter le critère considéré. géotechniques, les valeurs caractéristiques retenues sont celles repor-
La figure 31 montre que des difficultés sont rencontrées lors du tées dans le mémoire de synthèse géotechnique (cahier B au sens de
creusement de l’ouvrage, ce qui implique des études un peu plus l’AFTES [2004]).
spécifiques, lorsque ce critère de convergence dépasse 1 à 2 %
de convergence théorique calculée selon la formule [eq24]. Cette

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 39


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Critère Avis sur le comportement géotechnique Avis sur le soutènement

Quelques problèmes de stabilité. Des mé-


thodes simples de conception du soutène- Conditions d’excavation très simples.
ment peuvent être retenues.
Soutènement « type » constitué de boulons et de
Définition des soutènements basés sur les béton projeté.
classifications (Q-NGI, RMR)
Les méthodes de convergence-confinement
peuvent être mises en œuvre et suffisantes Quelques problèmes mineurs de convergence,
pour prévoir la formation d’une zone plas- généralement résolus par la mise en œuvre de
tique autour du tunnel et pour analyser les boulons et de béton projeté. Des cintres légers
conséquences de cette zone sur la concep- ou réticulés peuvent être mis en place.
tion du soutènement
Problèmes importants de convergences, néces-
Des analyses aux éléments finis incorpo-
sitant l’installation rapide du soutènement et
rant les structures de soutènement et les
un contrôle approfondi des conditions de réa-
séquences de creusement doivent être réa-
lisation. Des cintres lourds associés à du béton
lisées
projeté pourraient être nécessaires.

La conception de l’ouvrage impose une ana-


lyse des conditions de stabilité du front, ce Importants problèmes de convergence (squee-
qui ne peut être traité par une modélisation zing).
2D.

La forte instabilité du front et du tunnel gé-


Problèmes extrêmes de convergence.
nère un problème tridimensionnel complexe.

Conception spécifique.
Solutions basées sur le retour d’expérience.

Tableau 16 : Recommandations sur la méthode de calcul et le comportement probable en fonction du critère


de déformation selon Hoek [2000]

Une approche particulière est celle basée sur la notion d’équilibre 7.2. Actions et conditions de chargement
limite, souvent retenue pour étudier la stabilité d’un volume prédéfi-
ni de terrain, potentiellement instable, selon une cinématique géné- Les principales actions susceptibles d’être prises en compte pour
ralement imposée par la structuration du massif. Cette approche en le dimensionnement et la justification d’un soutènement par bou-
contraintes, décrite au §7.4, consiste à comparer les « forces » mo- lons sont les suivantes :
trices et les « forces » résistantes, et à quantifier la sécurité associée
par un coefficient de sécurité global. • Des actions permanentes :

- Le poids propre du terrain, et en particulier des blocs


D’autres méthodes, basées sur des approches en déformations, in- rocheux potentiellement instables ;
tègrent avec davantage de pertinence les comportements respec- - L’état des contraintes régnant dans le massif avant exca-
tifs du terrain et des inclusions. Ces approches, décrites aux §7.5 vation de l’ouvrage ;
et §7.6, respectivement pour des milieux continus et discontinus, - Éventuellement, la pression hydrostatique régnant dans
consistent à définir des critères en déformations et en contraintes, le massif ;
aussi bien pour le terrain que pour les inclusions, afin de quantifier - Des comportements spécifiques tels que le fluage ou
la marge de sécurité et de justifier la conception du soutènement. le gonflement du massif rocheux, qui seront pris en
compte au travers d’une modélisation adaptée du terrain
Ces 2 types d’approches sont abordés distinctement par la suite. si nécessaire.

40 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

• Des actions accidentelles : tions irréversibles. Cette hyperstaticité est à privilégier lorsque cela
est possible, afin de pouvoir exploiter pleinement et plus aisément
-  hargement sismique, en fonction du niveau sismique
C
l’approche observationnelle, et de pouvoir anticiper des évolutions
retenu, intégrant l’effet de la profondeur sur l’estimation
pathologiques de l’ouvrage. La définition de seuils d’auscultation, en
de la sollicitation.
particulier en déplacement, trouve tout son intérêt dans ce cadre là.

Dans beaucoup d’ouvrages, le boulonnage est un élément com-


Il est donc préférable que chacune des composantes (terrain +
posant le soutènement provisoire, avant mise en œuvre d’un re-
soutènement) présente une marge de sécurité relativement aux
vêtement. Le boulonnage a donc une fonction temporaire, qui
critères de dimensionnement retenus. Si une des composantes
peut durer quelques mois voire quelques années. Dans d’autres
atteint et dépasse le critère associé, cela ne signifie cependant pas
circonstances, le boulonnage a une fonction de soutènement dé-
que l’ouvrage est instable. Il conviendra de vérifier que le niveau
finitif, et doit être garanti sur la durée de vie de l’ouvrage, soit
de stabilité est alors garanti en ne considérant qu’une seule des
généralement quelques dizaines d’années. Cette notion de durée
composantes restantes. Le tableau 17 illustre schématiquement
de fonctionnement du boulonnage n’est pas explicitement prise
cette notion dans le cas d’un soutènement constitué d’une seule
en compte dans les méthodes de calculs et critères de dimension-
composante (par exemple boulonnage seul), pour les mécanismes
nement proposés dans la suite de cette recommandation. Elle sera
d’instabilité mixte et interne.
considérée au travers des préconisations retenues vis-à-vis des
critères de durabilité associés au risque de corrosion, et par l’uti-
Des critères sont proposés par la suite, relatifs à ces différents mo-
lisation de propriétés géomécaniques intégrant l’effet du temps.
des de défaillance, en fonction de la configuration et la méthode
de calcul considérées.
7.3. Critères de dimensionnement
7.3.1. Critère en contraintes pour des approches aux
L’ouvrage stabilisé par un système de boulonnage peut périr du
équilibres limites
fait de la défaillance ou de la déformation excessive du massif et
des éléments de soutènement (Rupture ou déformation excessive L’approche aux équilibres limites correspond typiquement à
de la barre, résistance insuffisante de l’interface, défaillance des l’étude de stabilité d’un bloc rocheux instable, tel que décrit au
dispositifs d’ancrage en parement ou dans le massif). En cohé- §7.4. Dans ce cas, les critères de dimensionnement sont définis
rence avec les approches proposées pour le calcul des ouvrages en contraintes et les paramètres de calcul sont les valeurs caracté-
de soutènement renforcés ou cloués [NF-P-94-270], 3 méca- ristiques non pondérées.
nismes de ruine doivent être étudiés :
7.3.1.1. Critère de stabilité générale
• un mécanisme d’instabilité générale, correspondant à la
La stabilité générale consiste à vérifier l’équilibre du volume de ter-
configuration de l’ouvrage en l’absence de tout soutènement,
rain potentiellement instable, selon un mécanisme de glissement,
ou à un mécanisme d’instabilité en grand n’interférant pas
décrochement, ou combiné. Il convient donc de dissocier le cas
avec le soutènement par boulons ;
d’un bloc localisé en voûte, dont la rupture potentielle pourrait être
• un mécanisme d’instabilité interne, correspondant à une
relativement brutale et rapide, d’un bloc situé en piédroits dont la
défaillance du renforcement par boulons, par insuffisance soit
stabilité peut être partiellement assurée par une composante de
de la résistance en traction/cisaillement des inclusions, soit de
résistance en frottement le long de la surface de glissement.
la capacité de liaison entre les inclusions et le terrain, soit de la
résistance du dispositif d’ancrage en parement
Les critères suivants sont proposés pour analyser les conditions
• un mécanisme d’instabilité mixte, mobilisant le terrain dans sa
de stabilité générale. Ces valeurs peuvent être modifiées sous la
zone renforcée, selon un mécanisme interférant avec le sys-
responsabilité du Maitre de l’Ouvrage. Ces facteurs s’entendent
tème de boulonnage.
pour des calculs tridimensionnels d’équilibre des blocs.

L’étude du mode d’instabilité générale fait normalement l’objet • Situation courante :


d’une évaluation préalable à l’initiation de l’étude de soutènement,
- Blocs en voûte de tunnel : FS=1,80
en étudiant les risques d’instabilité en l’absence de toute structure
de renforcement. - Blocs en piédroits : FS=1.60

• Situation exceptionnelle correspondant à un chargement sis-


La stabilité d’un ouvrage souterrain en phase de creusement est as-
mique, dans le cadre d’une approche pseudo-statique :
surée en premier lieu par la capacité d’autostabilisation du massif par
lui-même, et/ou par la contribution du soutènement/revêtement. Les - Tous les blocs : FS=1,0
ouvrages souterrains présentent généralement (sauf cas spécifiques
d’instabilité de blocs en voûte) un niveau d’hyperstaticité important
compatible avec un fonctionnement dans le domaine des déforma-

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7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Critère de stabilité mixte du massif

Critère respecté Critère non respecté

   : Degré d’hyperstaticité élevé. Stabilité assurée par


respecté
Critère
interne du soutène-
Critère de stabilité

le massif ET le soutènement.
1 2

ment

: Degré d’hyperstaticité faible. Stabilité assurée


  par le massif OU le soutènement.
respecté
Critère
non

3 4  : Niveau de stabilité insuffisant

Tableau 17 : Niveau d’hyperstaticité en fonction des critères mixte et interne

Commentaires relatifs au tableau 17 :

1 Dans ce cas 1, à la fois le terrain et le soutènement présentent des marges de sécurité suffisantes par rapport à leurs critères respectifs
de stabilité ou de dimensionnement. La rupture de l’un des composants (terrain ou soutènement) ne remet pas en question la stabilité
générale de l’ouvrage.
2 Dans ce cas 2, le critère de stabilité du terrain n’est plus respecté et la stabilité générale repose uniquement sur le soutènement. Ce der-
nier présente une marge de sécurité suffisante par rapport aux critères de dimensionnement considérés. Le degré d’hyperstaticité de la
structure est réduit par rapport au cas 1.
3 Dans ce cas 3, le critère de dimensionnement du soutènement par boulon n’est plus respecté (rupture de la barre ou déformation
excessive par exemple), et la stabilité générale repose uniquement sur la capacité d’autorésistance du terrain. Le degré d’hyperstaticité
de la structure est réduit par rapport au cas 1.
4 Dans ce cas 4, les deux composantes (terrain et soutènement) ont dépassé leurs critères de stabilité ou de dimensionnement, et l’ouvrage
présente une marge de sécurité insuffisante.

7.3.1.2. Critère de stabilité interne • Situation courante :


La stabilité interne consiste à vérifier que : - Blocs boulonnés en voûte de tunnel : FS=1,80

- Blocs boulonnés en piédroits : FS=1.60


1. la contrainte dans la barre ne dépasse pas la limite
d’élasticité du matériau σe, soit une force admissible de • Situation exceptionnelle correspondant à un chargement sis-
calcul Tb = σeA. A est la section de la barre qui prend en mique, dans le cadre d’une approche pseudo-statique :
compte éventuellement une réduction de rayon liée à la cor-
- Tous les blocs boulonnés: FS=1,30
rosion, conformément aux recommandations du § 4.4 ;

2. la résistance de l’interface par scellement ou de l’an- 7.3.2. Critère pour des approches en déformations
crage mécanique est suffisante ;
Dimensionner le soutènement par boulonnage passif nécessite
3. la plaque de tête est suffisamment dimensionnée ; très souvent la prise en compte du couplage mécanique entre le
il conviendra de vérifier que l’effort appliqué par la barre comportement du terrain et celui du soutènement. Cette interac-
sur la plaque est inférieur à sa capacité, y compris la tion est implicitement intégrée dans de multiples méthodes de
résistance au poinçonnement du massif. calcul, en particulier celles prenant en compte les non-linéarités
de comportement, et en particulier la réponse du massif dans le
7.3.1.3. Critère de stabilité mixte domaine des moyennes et grandes déformations. La méthode
Convergence-Confinement ainsi que les modélisations numé-
Les facteurs de sécurité proposés sont les suivants ; ces valeurs riques telles que les éléments ou différences finies pour les mi-
peuvent être modifiées sous la responsabilité du Maitre de l’Ou- lieux considérés comme continus, ou encore les approches aux
vrage. Ces facteurs s’entendent pour des calculs tridimensionnels éléments discrets adaptées à des milieux discontinus, prennent
d’équilibre des blocs. en compte ce couplage entre le boulonnage et le terrain.

42 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Toutes ces méthodes permettent en premier lieu de comprendre le massif en phase de creusement peut être mesurée, à la différence
comportement du massif lors du creusement d’un ouvrage souterrain, du calcul qui, sauf correction, fournit une estimation de la dé-
de visualiser plus ou moins bien en fonction de la pertinence du mo- formation ou des déplacements totaux associés au processus de
dèle, le mécanisme de comportement et de ruine potentiel de l’ou- creusement et de déconfinement du massif.
vrage, mais aussi et surtout d’avoir une estimation des déformations
et des déplacements du massif et des structures de soutènement/re- Des indications sont fournies pour aider à définir des critères en
vêtement. Pour ces approches, il n’est pas recommandé de se référer déformations/déplacements en phase de conception.
explicitement à un coefficient de sécurité global.
7.3.2.1. Stabilité générale
Dans ces conditions de calcul (convergence-confinement, modé-
Le critère de stabilité général consiste à évaluer le niveau de sta-
lisations numériques continues ou discontinues aux EF/DF élé-
bilité du massif en l’absence de soutènement, et à vérifier le cas
ments discrets, ou assimilés), il est nécessaire de décrire le com-
échéant que les critères et spécifications de conception sont res-
portement mécanique du massif (aussi bien de la matrice et/ou
pectés lors des différentes phases de construction et d’exploitation
des éventuelles discontinuités et/ou de la masse rocheuse) et des
de l’ouvrage. Ces seuils doivent alors être exprimés en déforma-
différentes structures de soutènements/revêtements sollicitées,
tions dans le massif et/ou déplacements en parement du tunnel.
en particulier le boulonnage, dans la gamme de déformations de
sollicitation probable. Dans le cas d’un soutènement par boulons,
Il convient de distinguer les spécifications établies par le Maitre
soutènement souple qui doit s’adapter et accompagner le massif
d’Ouvrage, relativement à la fonctionnalité de l’ouvrage et à ses
durant son excavation, il est donc recommandé, pour obtenir une
conditions environnementales et d’exploitation (proximité d’ou-
prédiction pertinente, de prendre en compte les non-linéarités de
vrages souterrains ou de surface, conditions d’exploitation et de
comportement du massif et des soutènements.
gabarit,…), des critères purement mécaniques relatifs à la stabilité
du massif et des éléments structuraux de soutènement ou revête-
Au-delà des déformations/déplacements, ces méthodes four-
ments. Les indications fournies par la suite ne concernent que les
nissent aussi une estimation de la zone impactée mécaniquement
critères relatifs à un état limite de stabilité du massif encaissant.
par l’ouvrage, et en particulier une éventuelle zone dite « plas-
tique ». L’extension de cette zone plastique est un indicateur in-
Outre la méthodologie et les hypothèses de calcul, les critères à
téressant sur le comportement du massif, mais ne peut pas être
retenir dépendent fortement du comportement du terrain lors du
considérée comme un critère direct pour le dimensionnement du
creusement du tunnel, et donc en particulier de la résistance du
boulonnage. En particulier, il n’y a pas lieu de considérer que le
massif relativement à l’état des contraintes en place, comme cela
boulonnage doit nécessairement s’ancrer et aller au-delà de cette
a été illustré précédemment (cf figure 3).
zone plastique, dont l’estimation dépend fortement des hypo-
thèses de modélisation.
Lorsqu’il est possible d’assimiler la masse rocheuse à un milieu
continu, Hoek [2000] a proposé une évolution de la déforma-
Il est ainsi proposé, afin d’analyser le comportement du massif
tion en paroi d’un tunnel en fonction du rapport , montrant
renforcé par un système de boulonnage, et de dimensionner ou
justifier celui-ci, de s’appuyer sur des critères en déformation et/ une augmentation de la prédiction de cette déformation lorsque
ou en déplacement. Ces critères ne peuvent pas être définis de ce rapport diminue (cf §6.2.4). Ces calculs sont réalisés avec un
manière exhaustive, car ils dépendent du contexte général du modèle élastique plastique parfait, avec une description donc sim-
projet, de la méthode et des hypothèses de calcul, donc de sa plifiée du comportement post-rupture ; hypothèse qui conduit à
pertinence, de la confiance du concepteur dans son approche... sous-estimer les déformations, en particulier pour les faibles va-
leurs de . Laigle [2004] a suggéré une autre expression basée
Par ailleurs, les critères de conception et de dimensionnement, sur des séries de modélisations continues prenant en compte le
retenus en phase de conception, ne sont pas nécessairement si- comportement radoucissant post-rupture.
milaires aux seuils d’auscultation qui seront retenus pour suivre le
comportement de l’ouvrage durant sa construction. La cohérence
de ces critères de dimensionnement avec les seuils d’auscultation [eq. 26]
dépendra de la pertinence de la démarche de calcul, et donc de la
représentativité des données d’entrée et du modèle géotechnique,
des hypothèses de modélisation du massif et des structures, du À partir d’une analyse des courbes de déconfinement caractéris-
niveau de détails des calculs…Dans la mesure du possible, cette tiques, une déformation critique du tunnel est proposée. La marge
cohérence devra être recherchée, en particulier pour exploiter de sécurité est quantifiée comme le rapport : . La défor-
pleinement les apports de la méthode observationnelle souvent mation estimée à partir de la formule [eq 26] correspondrait un
mise en œuvre en phase de travaux. coefficient de sécurité de l’ordre de 4.
Enfin, il est rappelé que seule une partie de la déformation du

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 43


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Ces analyses illustrent le fait que des déformations importantes du En complément de cette évaluation sur la base des déplace-
massif peuvent parfois être observées sans que le terrain soit en ments des parois du tunnel, il est aussi recommandé d’analyser
limite d’instabilité mécanique, et que l’estimation de critères de le champ des déformations de cisaillement dans le massif. Il s’agit
calculs en déformations, ainsi que de seuils de déformations me- de vérifier qu’il ne se développe pas, entre 2 surfaces libres (par
surées sur chantier, doivent prendre en compte cette possibilité, exemple parement du tunnel et surface, parement du tunnel et
et ne pas être calés trop bas. autre cavité voisine…) une surface potentielle de glissement le
long de laquelle la déformation de cisaillement est supérieure à
La figure 33 fournit, en fonction du rapport , une estimation une valeur critique qui peut être estimée sur la base de la relation
suivante [Singh 2007].
d’un seuil limite de déformation pour l’interprétation des calculs.
La borne inférieure est calée sur l’expression de Hoek s’ap-
puyant sur des modélisations élastoplastiques avec un critère
[eq. 27]
de Hoek&Brown sans écrouissage (plasticité parfaite). La borne
supérieure correspond à l’expression proposée par Laigle pour
des modélisations avec une prise en compte du comportement
radoucissant, et un critère de résistance de pic de Hoek&Brown.
En fonction de la loi de comportement retenue dans les calculs,
il conviendra de proposer un seuil compris entre ces 2 bornes.

Il est rappelé que ces critères ne sont représentatifs que de la


capacité du massif à assurer ou participer à sa propre stabilité.
Si la déformation du massif est supérieure au seuil retenu, ceci
signifie que la stabilité générale ne pourra pas être assurée par le
massif seul, et qu’un soutènement est nécessaire pour améliorer
la marge de stabilité.

Il est aussi rappelé que les valeurs de déformation reportées sur


la figure 33 sont des déformations totales de calcul, découlant de
l’ensemble du processus de déconfinement, et ne peuvent pas Figure 34 Exemple de visualisation du champ de déformations de cisaillement
être appliquées directement pour l’interprétation de l’auscultation entre 2 cavernes souterraines (Tractebel).
sur site.

Figure 33 : Seuils de déformation calculée en fonction de l’indice de compétence

44 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Avec : ci
: résistance de la roche intacte reste en dessous d’un seuil admissible. Il est admis que la barre
peut travailler au-delà de sa limite d’élasticité, et le critère propo-
Ei : module tangent de la roche intacte sé consiste à limiter l’allongement à 50 % de la déformation à la
rupture.
Etj : module tangent du massif rocheux
Concernant le scellement pour un boulon à ancrage réparti, la
De manière générale, il faudra vérifier que le massif est sollicité valeur de calcul retenue correspond à la valeur caractéristique.
dans un domaine de comportement et une gamme de déforma- Les conditions d’interface étant rarement décrites par une loi de
tions compatibles avec les hypothèses d’entrée retenues (Justi- comportement pertinente dans la gamme de déplacement relatif
fication du choix des caractéristiques d’un joint en fonction de concernée, il conviendra donc, de manière conservative, de véri-
l’amplitude du glissement le long de cette discontinuité). fier que la résistance du scellement n’est pas atteinte partout sur
la longueur de l’inclusion.
Il est aussi rappelé que ces critères et seuils devront éventuelle-
ment être adaptés en fonction de la pertinence de l’approche de Concernant la vérification de la tenue de la plaque d’ancrage en
calcul mise en œuvre, et en particulier de la représentativité des tête du boulon, et l’ancrage éventuel en fond de trou, il est pro-
données d’entrée et des modèles de comportement retenus. posé de retenir les mêmes critères de dimensionnement qu’au
§ 7.3.1.2.
Dans le cas d’une modélisation discontinue, un ordre de grandeur
de la convergence (horizontale ou verticale) en fin de travaux, est Il est rappelé que le boulonnage peut être pris en compte de façon
donné par Barton [1999], en fonction de l’indice Q caractéristique indirecte dans les calculs, par exemple au travers d’une modifica-
du massif et de la dimension de la cavité (cavernes, tunnels dans tion des caractéristiques du terrain par homogénéisation, ou/et de
différents types de terrains). L’expression suivante est proposée l’application d’une pression de confinement en paroi. La contri-
pour estimer la valeur moyenne : bution du boulonnage n’est alors pas pondérée (§7,1). Comme
il n’est plus possible de remonter au niveau final de sollicitation
des inclusions, la vérification de la stabilité interne du système de
soutènement n’a plus d’objet. Seul le critère de stabilité générale
est alors à vérifier.
7.3.2.3. Stabilité mixte
Les critères proposés sont les mêmes que ceux établis précédem-
ment pour la stabilité générale, mais le non-respect de ces der-
niers n’implique pas nécessairement une instabilité de l’ouvrage et
il convient de vérifier alors les critères de stabilité interne propres
au soutènement.

Les seuils de déformations pour le massif peuvent paraitre exces-


sifs pour certaines composantes du soutènement. Ceci peut être
vrai en particulier pour le béton projeté, qui peut être amené à
se fissurer localement — ce point sort du cadre de la présente
recommandation. Il conviendra néanmoins d’analyser au cas par
Figure 35 : Déplacements de tunnels et cavernes en fonction de l’indice Q cas la criticité de cette dégradation de tout ou partie du soutène-
de Barton [barton 1999] ment vis-à-vis de la stabilité mixte de l’ouvrage.

Il est enfin rappelé que les critères précédents ne s’attachent qu’à


7.4. Calcul du boulonnage porteur selon l’approche
la stabilité de l’ouvrage isolé. Ces critères peuvent être complétés
aux équilibres limites
par d’autres seuils de conception relatifs à des interactions avec
les ouvrages avoisinants, et concerner par exemple les amplitudes
Cette approche consiste à identifier les blocs majeurs potentiel-
et la répartition des tassements en surface, ou les mouvements
lement instables et à analyser les moyens pour s’opposer à leur
induits sur d’autres ouvrages souterrains proches.
chute ou à leur glissement, selon une cinématique dépendante
de la structuration du massif fissuré. La configuration traitée et les
7.3.2.2. Stabilité interne
approches justificatives décrites supposent que le modèle géolo-
La stabilité interne consiste à vérifier le dimensionnement des élé- gique assimile le massif rocheux à un milieu discontinu. La mise
ments constituant le soutènement. Dans le cas d’un système de en œuvre de boulons selon un schéma radial ou localisé approprié
boulonnage, ceci consiste à vérifier que l’allongement de la barre constituera le moyen principal de stabilisation de ces blocs.

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 45


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Un bloc rocheux est défini géométriquement par les plans de • Des orientations des familles (classes Ori i=1 à 4) ;
discontinuité du massif et par la forme de l’excavation. À l’état
• Des espacements moyens entre fractures (classes Esi i=1 à 5).
naturel, le bloc est initialement entravé par le massif, l’excavation
venant libérer progressivement les efforts de butée. Le paramètre mécanique nécessaire à la justification du boulon-
nage porteur est la résistance en cisaillement des discontinuités
La méthode des blocs a pour objectif de définir le renforcement
mobilisées, caractérisée par un critère limite de cisaillement de pic
(ancrage passif ou actif) nécessaire à la reprise des efforts pour
et résiduel, dont découlent si nécessaire un angle de frottement et
maintenir le bloc en place, que ce soit en voûte ou en parement,
une éventuelle cohésion. Ces propriétés peuvent être mesurées à
en prenant en compte l’ensemble des efforts en jeu, y compris
partir d’essais de laboratoire sur des discontinuités prélevées en
éventuellement la redistribution des contraintes dans le massif. Le
forage, ou a minima, à partir de l’utilisation des travaux de Barton
mécanisme de rupture résulte de l’action de la pesanteur et de la
[1977], reposant sur la description de l’état de surface (JRC) et de
structure des discontinuités. Dans le cas de la chute libre en toit,
la résistance de la matrice (JCS).
l’action motrice est composée uniquement du poids du bloc. Dans
le cas d’un glissement, une loi de comportement au niveau des Cependant, ce critère fournit une caractérisation de la résistance
discontinuités d’appui doit être prise en compte. de pic, qui ne peut être mobilisée que pour de très faibles dépla-
cements, ce qui sous-entend que le soutènement par boulons est
Le bilan des actions motrices et des actions résistantes permet
apte à limiter ces mouvements.
de déterminer un facteur de sécurité FS, selon une approche aux
équilibres limites. • si les boulons ou tirants sont précontraints, les propriétés de
pic peuvent être considérées dans les calculs ;
L’étude de la stabilité de dièdres comporte quatre étapes princi-
pales : • si les boulons ne sont pas préalablement mis en tension, ou
ne sont pas justifiés pour limiter les mouvements, il est alors
le recueil des données géométriques et géomécaniques : déter-
• 
recommandé de retenir la résistance résiduelle, se limitant
mination de l’orientation et du pendage des principales familles
uniquement à un angle de frottement. Aucune cohésion n’est
de discontinuités (analyse structurale) ainsi que des caractéris-
alors prise en compte.
tiques des joints (extension, ouverture, remplissage, résistance
des épontes, présence d’eau, etc.) ; 7.4.2. Identification des blocs potentiellement instables
l’identification des blocs potentiellement instables qui peuvent
•  Les méthodes de projection stéréographiques permettent d’iden-
glisser ou tomber au contour de l’excavation (analyse cinématique) ; tifier sur la base de données statistiques, l’occurrence éventuelle
de blocs instables en cavité. En pratique, il est souvent difficile
le calcul du coefficient de sécurité de chaque bloc ;
• 
d’obtenir une bonne identification des plans de fracturation, les
le calcul du renforcement nécessaire par dièdre instable pour
•  mesures étant majoritairement réalisées en surface du massif.
obtenir un facteur de sécurité acceptable. La réalisation de forages avec mesures de l’orientation des dis-
continuités (caméra numérique, BHTV) est recommandée. Des
Plusieurs commentaires peuvent être apportés :
mesures sur forages inclinés selon plusieurs directions sont sou-
• il existe une direction optimale des ancrages passifs ou actifs haitables, afin d’intercepter l’ensemble des plans de discontinuité.
pour renforcer la stabilité d’un bloc, L’analyse structurale devra être poursuivie lors de l’excavation du
tunnel par les mesures en front de taille qui pourraient conduire à
• les ancrages apportent un effort direct de renforcement ten-
des ajustements du soutènement.
dant à s’opposer au mouvement du glissement et un effort
indirect par effet de confinement et donc d’amélioration des D’une manière générale, il conviendra dans l’analyse de stabilité
conditions de frottement sur les plans de discontinuité concernés. d’identifier trois types de blocs sur le périmètre de l’excavation :

7.4.1. Identification des données géométriques et • des petits blocs, qui sont en général déstabilisés par l’action
géomécaniques des discontinuités des moyens de creusement (tir, roue de coupe du TBM, etc.)
ou par les opérations de purge des parements. Ce type de blocs
L’identification des blocs instables repose essentiellement sur les peut être négligé dans l’analyse de stabilité à condition que les
résultats de l’analyse structurale du massif et la description dé- critères retenus pour leur définition comme le volume ou poids
taillée du système de discontinuités à l’échelle de l’ouvrage, aussi de blocs et/ou leur géométrie (aplatie et allongée) combinée à
bien structurellement que mécaniquement. Conformément aux leur profondeur soient réalistes.
« Recommandations relatives à la caractérisation des massifs ro- • des blocs de grandes dimensions qui sont généralement re-
cheux utile à l’étude et à la réalisation des ouvrages souterrains » lativement bien identifiés et stabilisés par le boulonnage sys-
[AFTES 2003], la description géométrique du système de disconti- tématique. La surface de facettes étant importante, l’effet sta-
nuité se base sur une détermination : bilisateur du frottement au niveau de joints est relativement
significatif. Ce type de dièdres se présente lorsque la persis-
• Des principales familles de discontinuités (classes Ni i=1 à 4) ; tance des joints et leurs espacements sont importants.

46 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Figure 36 : Modélisation de la stabilité du bloc à la surface de l’excavation avec prise en compte des contraintes initiales (Ghazal, 2013)

• Les blocs de dimensions moyennes dont les dimensions sont té est souvent amorcée par la chute de blocs, l’approche des blocs
inférieures à la maille de boulonnage et leur positionnement à isolés est une simplification du problème largement adoptée. Tou-
l’intérieur de celle-ci. Ces dièdres sont les plus dangereux, sur- tefois, les méthodes actuelles utilisant cette approche (méthode
tout lorsqu’ils sont placés en voûte. L’objectif principal d’une de Goodman et Shi [1985], méthode de relaxation [Hoek 1977])
étude de dimensionnement sera d’équilibrer ce type de blocs présentent plusieurs insuffisances dont la plus importante est la
avec un nombre de boulons raisonnable et bien distribué. Les non-prise en compte des contraintes initiales de façon rigoureuse.
suivis géologiques in situ devront s’orienter principalement vers
L’une des méthodes les plus récentes développées pour pallier
l’identification de ce type de blocs. Dans certains cas, un épin-
cette limite consiste à intégrer l’historique de chargement du bloc
glage par boulons supplémentaires localisés et mis en œuvre à
en considérant que le passage de l’état initial avant excavation à
l’intérieur de la maille de boulonnage systématique sera néces-
l’état final après excavation se fait par l’annulation des contraintes
saire. Il est très important que la direction de ces boulons loca-
initiales au niveau de la face libre du bloc [Ghazal, 2013]. Les
lisés soit relativement perpendiculaire aux plans de glissement
contraintes sur les faces du bloc en contact avec la masse ro-
ou qu’elle permette de reprendre de la façon la plus efficace
cheuse subissent alors une variation pour maintenir l’équilibre du
les forces mobilisatrices.
bloc. Le problème est résolu en considérant les équations d’équi-
libre des forces et des moments, les lois de comportement normal
7.4.3. Conditions d’équilibre et en cisaillement des joints et les équations de mouvement du
bloc en corps rigide (Figure 36).
La condition d’équilibre d’un bloc est donnée par le rapport entre
Cette méthode permet ainsi d’étudier la stabilité des blocs, quelles
les forces mobilisatrices et stabilisatrices (ou résistantes). Le fac-
que soient leur forme géométrique et leur position sur la surface
teur de sécurité FS relatif à la stabilité d’un dièdre est défini par
de l’excavation. Son principe même permet d’accéder à la courbe
le rapport entre les forces résistantes et les forces mobilisatrices.
convergence-confinement et d’évaluer la pression de soutènement
Un bloc est théoriquement stable lorsque FS>1, mais ce critère
nécessaire. Le soutènement par boulonnage peut être aussi pris en
de stabilité ne tient pas compte du caractère relativement aléa-
compte par l’intégration de sa matrice de rigidité dans la matrice
toire des données d’entrée retenues dans l’analyse. Du fait de ces
du système à un taux de déconfinement fixé par l’utilisateur.
aléas, il est indispensable de définir un critère de stabilité sous la
forme d’un coefficient de sécurité dont les valeurs sont proposées Les études paramétriques effectuées montrent que le rapport des
au §7.3.1. Ce facteur pouvant être fortement dépendant de l’orien- rigidités normale et tangentielle a un rôle important sur le com-
tation des plans de discontinuité, il est recommandé de prendre portement du bloc. La stabilité est d’autant plus réduite que ce
en compte de manière conservative, la variabilité des données rapport est élevé. L’augmentation des contraintes horizontales a
structurales. Un aspect également très important, qui conditionne un effet stabilisant sur un bloc symétrique situé au toit de l’exca-
la stabilité d’un dièdre, est celui des contraintes dans le massif à vation, mais cette augmentation peut avoir un effet déstabilisant
proximité de l’ouvrage. pour d’autres configurations.
La modélisation du comportement d’une cavité souterraine creu-
sée dans un massif rocheux fracturé avec une approche exacte 7.4.4. Exemples simples de dimensionnement de boulons
intégrant tous les blocs et rendant compte de leurs interactions est
Dans le cas de 2 configurations spécifiques, il est possible de
un problème lourd à cause, d’une part, de la configuration géomé-
prédimensionner rapidement un boulonnage systématique en
trique tridimensionnelle et complexe, et d’autre part, du comporte-
voûte et piédroits, en faisant abstraction des éventuelles inte-
ment fortement non linéaire des discontinuités. Comme l’instabili-

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 47


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

ractions entre les blocs et en se ramenant à une configuration W : Poids du dièdre instable
bidimensionnelle.
B : Charge maximale admissible pour le boulon
Cas d’un bloc isolé en voûte :
• 
: Angle de frottement de la discontinuité.
Dans ce cas, les propriétés mécaniques des discontinuités
C : Cohésion de la discontinuité.
n’interviennent pas et les boulons ont pour fonction de soute-
nir le bloc et d’accrocher celui-ci dans le massif stable situé A : Aire de la surface de glissement.
au-dessus.
: Angle des boulons par rapport à la normale au plan de glisse-
Le nombre minimal de boulons N à mettre en place est donné ment.
par l’expression suivante :
: Inclinaison du plan de glissement par rapport à l’horizontale.
[eq 28]

Cas d’un bloc isolé en parement latéral :


•  7.4.5. Outils numériques
Dans ce cas, la cinématique de ruine peut correspondre à Des modélisations plus complexes et précises des dièdres poten-
un glissement du bloc sur un ou des plans de discontinuités. tiellement instables sont maintenant possibles, en configurations
La connaissance des propriétés mécaniques en cisaillement aussi bien bidimensionnelles que tridimensionnelles. Des logiciels
sur ces plans est indispensable. Les boulons ancrés au-delà d’équilibre limite considérant des blocs tétraédriques indéfor-
du volume instable assurent la stabilité en l’accrochant d’une mables sont disponibles, permettant d’analyser uniquement les
part, et d’autre part, en appliquant sur le plan de glissement conditions de stabilité des blocs situés sur les bords de l’excava-
une pression de confinement permettant de mobiliser le frot- tion. Les blocs peuvent tomber ou glisser selon leur position, mais
tement sur celui-ci. ils ne pourront pas basculer.

• Pour un bloc glissant sur un seul plan, le nombre mi- Des approches plus avancées, basées sur une Modélisation 2D ou
nimal de boulons N à mettre en place est donné par 3D aux éléments distincts, sont aussi disponibles. Elles sont briè-
l’expression suivante : vement décrites par la suite. Plus complexes, elles ont cependant
l’avantage de prendre en compte les discontinuités sur l’ensemble
[eq 29]
du massif, avec des configurations et donc des formes de blocs
variées. Les blocs peuvent être considérés comme déformables ou
rigides et le fonctionnement au niveau des joints soumis à diffé-
rentes lois de comportement.

Dans tous les cas, ces approches nécessitent une analyse préa-
lable des familles de joints à retenir, et une attention particulière
compte tenu de la grande sensibilité de l’estimation du coefficient
de sécurité aux données d’entrées, qu’elles soient d’ordre géo-
Figure 37 : Mécanisme
métrique ou mécanique. Il est donc recommandé de réaliser des
de rupture pour un bloc
isolé en voûte études de sensibilité sur les principaux paramètres d’entrée.

7.5. Méthodes de calcul sur la base d’une hy-


pothèse de milieu continu
Dans le cas où le massif rocheux est assimilé à un milieu continu, il
a été montré au §5.2 que l’effet d’un système de boulonnage peut
se traduire par un accroissement de la résistance en cisaillement
du massif, au travers d’une action de confinement externe en paroi
et/ou interne dans la zone renforcée, ainsi que par l’apport éven-
tuel d’une cohésion supplémentaire au sein du volume boulonné.

Les méthodes de calcul correspondant à l’hypothèse de milieu


continu sont la méthode Convergence-Confinement ou les mé-
thodes numériques (Éléments finis/différences finies, éléments
frontières).
Figure 38 : Mécanisme
Le boulonnage peut alors être pris en compte de manière implicite
de rupture pour un bloc
isolé en parement ou explicite :

48 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

• implicitement, le boulonnage peut être intégré au travers de nement empiriques en tenant compte des effets de la géométrie de
son apport en termes de confinement et/ou de renforcement l’ouvrage, du phasage de réalisation, de l’influence éventuelle d’ou-
du massif. Il s’agit en particulier de traduire l’apport de ce sou- vrages voisins, de la stratigraphie, de l’anisotropie des caractéristiques
tènement au travers d’une pression de confinement en paroi, mécaniques du massif et de l’état des contraintes in situ.
d’une augmentation de la pression moyenne dans la zone bou-
Certains logiciels proposent des fonctionnalités de type « modé-
lonnée ou enfin d’une amélioration des propriétés mécaniques
lisation multiphasique des inclusions » ou « éléments structurels
du volume renforcé par un accroissement des propriétés de
incorporés » (embedded beams). Ces fonctionnalités ont généra-
résistance et éventuellement de la rigidité. Les ordres de gran-
lement été introduites pour faciliter la modélisation des renforce-
deur de ces pressions et/ou caractéristiques sont donnés au
ments structurels en trois dimensions, notamment les pieux et les
§5.2 de cette recommandation. Ce type d’approche ne per-
tirants d’ancrage. Elles permettent une description explicite des
met pas de remonter explicitement aux sollicitations dans les
inclusions, sous forme homogénéisée ou sous forme d’éléments
structures de soutènement, puisqu’elle suppose d’emblée un
distincts. Toutefois l’exploitation des résultats de ce type de modé-
niveau de travail admissible de ces structures.
lisation pour le dimensionnement du boulonnage n’est pas aisée
• explicitement, le boulonnage peut être intégré dans les calculs
et nécessite la plus grande prudence, car :
sous forme d’éléments structuraux spécifiques, interagissant
avec le massif environnant. En fonction du type de boulon, la • la loi de comportement des éléments structurels incorporés est
prise en compte explicite de ces boulons est plus ou moins souvent limitée à l’élasticité linéaire ;
simple. Ce type d’approche permet non seulement de remon- • les champs de déplacements du massif et de l’inclusion ne
ter au niveau de sollicitation dans les boulons, et donc de jus- sont pas toujours distincts (modélisation multiphasique), ce qui
tifier le dimensionnement « interne » du soutènement, mais conduit à une distribution d’effort le long du boulon non réaliste
aussi d’étudier l’apport du soutènement sur les conditions de et bloque artificiellement la propagation de la plasticité ;
stabilité générale de l’excavation. • lorsque les champs de déplacements sont distincts (éléments
structurels incorporés), les caractéristiques de l’interface mas-
Comme développé au paragraphe §5.3, l’apport effectif du bou- sif/ inclusion et les conditions limites aux extrémités des inclu-
lonnage en termes d’amélioration du comportement de l’ouvrage sions ne sont pas toujours réglables, ce qui peut conduire à
ne met en jeu que des efforts relativement faibles par rapport aux des artifices numériques ;
contraintes mobilisées dans le terrain. En d’autres termes, l’effet • les résultats sont très sensibles à la discrétisation numérique
du boulonnage dans les calculs ne sera visible que si la résistance (raffinement du maillage, ordre d’interpolation, schéma d’inté-
de la roche est initialement ou après chargement suffisamment gration).
faible. Cet apport dépendra donc fortement des caractéristiques
mécaniques du massif rocheux et de sa rhéologie, en particulier La modélisation explicite de chaque boulon par des éléments de
de sa rigidité apparente et donc de sa déformabilité et de son com- poutre liés à un maillage représentant le massif rocheux par l’inter-
portement dans le domaine des petites et/ou moyennes déforma- médiaire d’éléments d’interface à comportement élastoplastique
tions (plasticité, radoucissement, comportement volumique,…). reste l’approche la plus sophistiquée et la plus détaillée. Dans ce
type de modèle, une attention particulière doit être portée aux as-
Dans le cas d’une prise en compte implicite du système de bou- pects suivants :
lonnage, le renforcement apporté par les boulons peut alors être
modélisé par une augmentation de cohésion (isotrope ou orientée • modélisation des conditions limites aux extrémités des boulons
selon les fonctionnalités disponibles). Si le modèle retenu pour le (liés en tête si plaque d’ancrage et libres coté massif) ;
massif est de type élastoplastique parfait, il conviendra de définir • raideurs élastiques des éléments d’interfaces (suffisamment
le palier plastique sur la base de la résistance résiduelle majorée raide pour mobiliser les boulons, mais de grandeur raisonnable
de la cohésion apportée par le boulonnage. Si ce modèle est de pour conserver une matrice de résolution bien conditionnée) ;
type radoucissant suivi d’un palier résiduel, la résistance de pic • raffinement du maillage dans la zone boulonnée calé sur la
est celle du massif rocheux et seule sa résistance résiduelle est longueur active des boulons (largeur d’influence des points
majorée de la cohésion apportée par le boulonnage. On accor- d’intégration des éléments finis de même ordre de grandeur
dera alors une attention particulière à la vérification de la stabilité que la longueur active des boulons) ;
numérique et de la convergence du calcul non linéaire avant d’en • loi de comportement du massif de type élastoplastique radou-
accepter les résultats. cissant et dilatant ;
• vérification de la stabilité numérique et de la convergence du
Si cette approche macroscopique ne permet pas de remonter aux sol- calcul non linéaire.
licitations internes dans les inclusions, elle permet de caractériser la
répartition et l’étendue des zones plastiques, et surtout d’estimer les Cette approche détaillée, compte tenu de l’effort de modélisation
déformations et mouvements du massif pendant et en fin de creuse- et de calcul requis, est généralement réservée aux vérifications
ment, qui seront comparés aux critères de conception retenus. Ce des points singuliers, des ouvrages exceptionnels ou des condi-
type de modèle permet d’aller au-delà des méthodes de dimension- tions de réalisation particulièrement difficiles.

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 49


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

7.5.1. Prise en compte du boulonnage à ancrage ponctuel tunnel, évoluant progressivement au cours de la génération des
convergences.
Le boulonnage à ancrage ponctuel se traduit concrètement par
une augmentation de l’état des contraintes dans la zone bou- A une modification de l’état des contraintes dans la zone bou-
• 
lonnée, longitudinalement par rapport aux boulons, donc géné- lonnée. Ce type de démarche a été proposé entre autres par
ralement radialement dans le cas d’un tunnel sensiblement cir- Labiouse [1994], Bobet [2009] ; Ceci revient à prendre en
culaire. Ce confinement est appliqué en paroi de l’ouvrage par compte un couplage entre les comportements du soutènement
l’intermédiaire des plaques de tête et en interne au massif, au et du terrain, et donc à influer sur la rhéologie apparente du
niveau des coquilles d’ancrage ou d’une zone de scellement de massif et sur sa courbe de convergence.
longueur réduite. Cette contrainte croît progressivement en fonc- La figure suivante illustre selon ce type d’approche (Bobet [2011]),
tion des convergences du tunnel dans le cas de boulons passifs. Si l’impact d’un boulonnage passif à ancrage ponctuel sur la courbe
une précontrainte est explicitement recherchée, cette pression de convergence-confinement.
confinement est alors appliquée initialement par mise en tension
des boulons.

7.5.1.1. Méthode Convergence/Confinement


Dans le cas d’une approche selon la méthode Convergence/Confi-
nement, la prise en compte de l’effet du boulonnage à ancrage
ponctuel peut être étudiée en l’assimilant :

• à une pression de confinement appliquée uniquement en paroi


de la cavité. Ce type de démarche a été entre autres proposé
par Hoek [1980], et revient à assimiler le boulonnage à une
structure de soutènement dont le comportement est indépen-
dant de celui du massif. Le boulonnage est alors intégré dans
l’analyse de manière identique à celle d’un soutènement inté-
rieur au tunnel (de type cintre ou anneau en béton), qui est
caractérisé par une pression limite de confinement Pmax et une
rigidité radiale Ksn. Ces 2 paramètres s’expriment de la manière
suivante :

[eq 30]

[eq 31]

où :
- L est la longueur des boulons,
- d est le diamètre des boulons,
- Eb est le module d’Young de la tige des boulons,
- Q est un paramètre qui permet de prendre en compte les dé-
formations qui se produisent au niveau de l’ancrage et de la
Figure 39 : Impact du boulonnage sur le comportement du massif renforcé,
tête des boulons. Il est déterminé à partir d’essais de traction
par une modification de l’état des contraintes [Bobet 2011]
sur les boulons. L’ordre de grandeur dépend en particulier de
la nature de l’ancrage (type de coquille ou ancrage par scelle-
ment) et du massif rocheux. Les ordres de grandeurs varient 7.5.1.2. Modélisation en contraintes/déformations
de 0,02 m/MN à 0,16 m/MN, avec une valeur moyenne de
l’ordre de 0,08 m/MN. Dans le cas d’une approche basée sur des modélisations nu-
mériques en contraintes/déformations, le boulonnage à ancrage
Selon cette approche, la force transmise au terrain au point d’an-
ponctuel est généralement pris en compte, par :
crage interne, ainsi que l’influence du confinement sur la courbe
de convergence du massif, est négligée. Cela revient donc uni- • l’application d’une pression constante en paroi de la cavité, ap-
quement à appliquer une pression de confinement en paroi du pliquée instantanément, indépendamment des déplacements

50 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

du terrain et de leurs évolutions, et égale à la pression de confi- • par une troisième approche, consistant à prendre en compte
nement admissible Pmax, définie [eq. 30]. Il est alors supposé explicitement chaque boulon et ses conditions d’interface avec
dans cette première approche un découplage total entre le le massif, sous forme d’éléments structuraux. Ce type d’ap-
terrain et l’inclusion. Cette approche n’est pas recommandée proche est réservé aux modélisations aux éléments finis et dif-
pour les terrains déformables relativement à la rigidité du bou- férences finies.
lonnage ;
7.5.2.1. Calcul analytique de la capacité portante
• l’application d’une pression en paroi de la cavité pilotée en fonc-
d’une voûte armée
tion des déplacements du terrain et donc de la convergence,
en supposant implicitement que les ancrages des boulons Une approche analytique est possible en faisant référence aux
dans le terrain sont fixes. Ce couplage dépend de la raideur du principes de comportement d’un massif au voisinage d’une ex-
système de boulonnage caractérisée par la valeur Ksn. La valeur cavation, décrits initialement par Rabcewicz, Pacher et Golser.
maximale applicable est la pression de confinement admissible Elle est connue sous la terminologie de « Nouvelle Méthode Autri-
Pmax définie en [eq. 30]. Même si cette approche reste sim- chienne ». Cette approche consiste à aider le massif à reprendre
pliste, elle prend en compte partiellement un couplage entre les contraintes induites par l’excavation, en le renforçant par l’ac-
les inclusions et le comportement du terrain ; tion conjuguée d’un système de boulonnage et d’une peau de bé-
• une modélisation explicite des boulons, sous forme d’éléments ton projeté travaillant en cisaillement.
structuraux ou d’un couplage entre les nœuds du maillage cor-
Lors du déconfinement, un anneau plastifié, siège de zones pri-
respondant aux extrémités des boulons. Cette approche vise
vilégiées de cisaillement, est supposé se développer autour de
à reproduire de manière pertinente et complète le couplage
l’excavation. Le rôle du boulonnage est, en traversant ces disconti-
entre les boulons et la rhéologie du terrain. Ce couplage est
nuités induites, susceptibles de délimiter des zones potentielle-
régi par la raideur Ksn et la traction admissible Tadm dans les
ment instables, d’assurer un renforcement de cette zone et donc
boulons.
d’assurer l’équilibre global de cet anneau dit « porteur ».
7.5.2. Prise en compte du boulonnage à ancrage réparti Cette approche est décrite par Launay [2010] et reprise par
C. Jassionnesse [2014]. Pour plus de détails, il conviendra de se
Les boulons scellés sur toute leur longueur, quel que soit le mode référer à ces 2 articles.
ou la nature du matériau de scellement, ont un fonctionnement
qui peut être comparé aux barres d’acier du béton armé. Celui-ci 7.5.2.2. Prise en compte du boulonnage par modification
a été décrit précédemment, et il a été démontré que leur influence de l’état des contraintes
sur le comportement global du massif découlait simultanément
De par la présence de la plaque de tête et sous l’effet des conver-
d’une modification de l’état des contraintes dans la zone boulon-
gences du massif, un boulon à ancrage réparti va générer une
née (effet de confinement) et d’un renforcement du massif dans
force en paroi de la cavité. Si la densité du boulonnage est suf-
cette même zone (effet de renforcement). Ces 2 phénomènes
fisamment élevée, ceci pourra être assimilé à une pression de
peuvent être pris en compte dans les calculs explicitement, ou
confinement, comme pour les boulons à ancrage ponctuel. Dans
implicitement sous forme d’une modification des caractéristiques
le cadre d’une approche préliminaire, qu’elle soit de type conver-
de la masse rocheuse.
gence-confinement ou de type modélisation numérique, le sys-
Le très fort couplage mécanique entre les inclusions et le massif tème de boulonnage peut éventuellement être pris en compte
rend complexe la prise en compte de ce type de soutènement dans uniquement au travers de cette pression de confinement externe,
le cadre de modélisations numériques basées sur l’hypothèse du avec une amplitude correspondant à la charge admissible de la
milieu continu. La modélisation de ce boulonnage ne pourra alors plaque de tête. Cette démarche est extrêmement simple, mais elle
pas être abordée indépendamment de la loi de comportement du ne décrit pas la physique réelle du comportement de ce système
massif et des conditions d’interface entre l’inclusion et le massif. de soutènement et à ce titre, ne peut être conseillée à un stade
avancé du projet.
Dans les méthodes présentées ci-dessous, la présence du boulon-
nage pourra être prise en compte de différentes manières :
7.5.2.3. Prise en compte du boulonnage par modification
par une approche analytique en équilibre limite ;
•  des propriétés mécaniques
par une démarche implicite, consistant soit à renforcer les pro-
•  Dans le cas d’une sollicitation des boulons en traction pure (tunnel
priétés mécaniques de la zone boulonnée, en particulier un circulaire en milieu homogène/isotrope sous un état de contraintes
accroissement du module de déformation et/ou de la cohé- isotrope), l’effet du boulonnage peut être assimilé par homogénéi-
sion et/ou de l’angle de frottement (Greuel [1993], Indraratna sation à une modification des propriétés mécaniques du massif,
et al [1990], Grasso et al [1989]), soit à modifier l’état des comme cela a été décrit au §5.2.1.2. La présence de ce boulon-
contraintes dans la zone boulonnée (Oreste et Peila [1996], nage peut être représentée par :
Stille [1983], Stille et al [1989], Fahimifar et al [2005]) ;

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7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

• un accroissement des caractéristiques de déformabilité, contraintes internes, il est proposé que l’effet de renforcement par
à savoir le module de déformation ; boulons soit uniquement traduit par une augmentation des pro-
• un accroissement des caractéristiques de résistance, en parti- priétés mécaniques.
culier la cohésion, et/ou de l’angle de frottement.
7.5.2.4. Prise en compte explicite du boulonnage
Cette augmentation des propriétés mécaniques dépend de la
densité du boulonnage, qui lui-même varie en fonction de l’éloi- Il est aujourd’hui possible de prendre en compte de manière ex-
gnement à la paroi, dans le cas d’un parement courbe. Cet ac- plicite le boulonnage, par des éléments de structures conformes
croissement des caractéristiques n’est donc pas, en toute rigueur, ou non au maillage. Ces éléments structuraux, travaillant en ef-
homogène dans la zone renforcée. Il est par ailleurs anisotrope, fort normal et éventuellement en flexion et cisaillement, peuvent
compte tenu de l’orientation radiale du boulonnage. Cette ani- interagir avec le massif via une connexion directe au niveau des
sotropie n’est généralement pas prise en compte. nœuds du maillage, ou via une condition d’interface continue entre
l’inclusion et le maillage de discrétisation du modèle (figure 41).
Comme cela a été détaillé au paragraphe 5.2.1.2, l’accroissement
apparent des propriétés du massif renforcé est relativement faible, En fonction des potentialités du code de calcul, l’intégration de
et varie généralement entre 50 et 150 kPa de cohésion supplé- ces éléments structuraux ne pose pas de difficultés particulières.
mentaire maximale, estimée au voisinage immédiat du parement Il se peut que le maillage soit à adapter en fonction de la position
où la densité du boulonnage est maximale. Cette estimation en des boulons, mais ceci n’est pas toujours le cas. Ces calculs per-
ordre de grandeur est assez cohérente entre les différents auteurs mettent généralement de déterminer les efforts et les déformations
et méthodes d’analyses. dans la barre, éventuellement le niveau de sollicitation de l’inter-
face, et les conséquences sur le comportement global du massif.
Il est recommandé, dans ce cas, de modifier les propriétés méca-
niques sur la zone boulonnée, et en particulier d’accroitre le mo- Il est rappelé que ces modélisations doivent être réalisées en
dule de déformation et la cohésion. Cette approche est aussi bien considérant les valeurs caractéristiques non pondérées, aussi bien
envisageable dans le cadre de la méthode convergence-confine- pour la description du massif et de son comportement, que pour
ment que pour la modélisation numérique. Cette démarche peut la caractérisation des éléments de soutènement. Il conviendra de
être mise en œuvre pour les modélisations tridimensionnelles. garder à l’esprit que ces prédictions peuvent être influencées par
de nombreux facteurs. Un certain nombre de ces hypothèses, et
Dans le cas plus général où le soutènement est sollicité simulta- leur influence, sont rappelées ci-dessous :
nément en traction et en cisaillement, il conviendrait en principe
d’ajouter à cet accroissement des caractéristiques mécaniques, Les conditions d’interface entre l’inclusion et le massif, dont va
• 
l’effet d’une augmentation interne de la contrainte de confinement dépendre directement le couplage mécanique entre la barre et
due au cisaillement. Toutefois, compte tenu de la difficulté à in- le terrain.
tégrer dans une modélisation numérique cet accroissement des

Figure 40 : Notations et lignes


de cisaillement selon Rabcewicz&Golser

52 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Figure 41 : Exemple de prise en compte explicite du boulonnage

Dans certains outils de calcul, la seule condition d’interface de plasticité parfaite parait acceptable dans le cas d’une dé-
disponible entre barre et terrain est l’adhérence parfaite. marche de dimensionnement qui vise à limiter les déplace-
Cette condition peut avoir une influence significative sur ments du massif et les sollicitations dans les inclusions.
l’estimation des transferts d’effort entre le massif et la barre,
La discrétisation des inclusions :
• 
conduisant à une sous-estimation des mouvements du ter-
rain et à une surestimation des efforts dans les boulons, Dans le cas d’un boulon à ancrage ponctuel, l’effort de trac-
d’autant plus si des déplacements importants sont attendus. tion est constant le long de la barre. Ceci n’est pas le cas
Il est donc préférable d’introduire une condition d’interface pour un boulon à ancrage réparti dans lequel cet effort sera
non adhérente entre les inclusions et le massif. Dans ce cas, variable et irrégulier. Il est alors indispensable de suffisam-
outre sa résistance ultime qs, il est nécessaire de définir sa ment discrétiser le boulon. De cette discrétisation découlera
rigidité. S’il est généralement admis que ce paramètre a un l’estimation des efforts et des déformations locales dans la
effet limité sur les résultats du calcul, il peut influer sur l’in- barre, donc la justification du boulonnage relativement aux
tégration numérique. Il peut éventuellement être déterminé critères définis au 7.3.2.2.
selon la formulation établie par St John [1983] et présentée
Si cela est possible, il sera préférable de discrétiser davantage
au paragraphe 4.3.3.4.
la barre au droit des discontinuités où peuvent se concentrer
• La résistance de l’interface les déformations du massif. Un bon compromis parait être
une décomposition de la barre en sous-éléments de longueur
La résistance de l’interface barre-terrain (implicitement
maximale 20 cm environ.
barre-coulis ou coulis-terrain) est généralement régie par une
composante de cohésion (qs) et/ou une composante de frot- Par ailleurs, dans le cas où la discrétisation géométrique des
tement/dilatance. La composante liée au frottement peut être inclusions est directement imposée par celle du maillage, il
significative, en particulier en parement du tunnel sous des convient de bien vérifier que celle-ci est suffisamment régu-
concentrations de contraintes induites par le creusement. La lière et précise. La figure suivante montre sur un exemple la
valeur de la résistance à l’arrachement du boulon découlant comparaison entre 2 discrétisations du maillage et de l’in-
généralement de l’interprétation d’essais de convenance, clusion, et son influence sur la répartition des efforts dans le
la composante de frottement pourra être retenue dans les boulon à ancrage réparti cisaillé.
calculs si elle a été prise en compte au préalable dans l’ex-
• Conditions aux limites en extrémité des inclusions :
ploitation des résultats d’essai. En général, seule la valeur de
qs, qui intègre éventuellement l’effet de ce mécanisme de La définition des conditions aux limites de l’inclusion dépend
frottement, est retenue, et des valeurs ont été proposées dans du type de barre, mais est aussi spécifique à l’outil de modé-
ces recommandations. lisation utilisé.
• La dégradation de l’interface inclusion/terrain : Dans le cas des boulons à ancrage ponctuel, la barre ne sera
en interaction avec le massif, et donc le maillage, qu’en ses
L’interface barre-terrain (implicitement barre-coulis ou cou-
extrémités. En son extrémité dans le terrain, la barre pourra
lis-terrain) est souvent caractérisée par un critère de plasticité
être fixée en ayant par exemple un nœud commun avec le
parfaite. Il n’est généralement pas tenu compte de la dégra-
maillage, ou en ayant son dernier tronçon scellé au massif via
dation des caractéristiques de cisaillement qui pourrait être
une interface avec adhérence parfaite. Cette interface pour-
associée à un glissement progressif à l’interface. L’hypothèse
ra aussi présenter une limite d’adhérence représentative de

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 53


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

la charge limite de la coquille d’ancrage ou de la résistance En apparence, la présence du système de boulonnage ne modi-
à l’arrachement d’un scellement d’extrémité. Ce principe fierait que très peu les caractéristiques mécaniques du massif, ne
d’accrochage pourra être reconduit en parement de la cavité. modifiant en conséquence que très peu le comportement du mas-
sif rocheux lors du creusement de l’ouvrage. Or, cette assertion
Dans le cas des boulons à ancrage réparti, il convient de dé- est en totale contradiction avec le retour d’expérience démontrant
finir cette condition aux limites en l’extrémité de l’inclusion l’efficacité d’un soutènement par boulons sur le comportement du
du côté tunnel. Si la barre dispose d’une plaque d’ancrage massif.
en tête, comme c’est généralement le cas, il est alors recom-
mandé de créer une liaison parfaite entre l’extrémité de l’in- Compte tenu du fort couplage entre le comportement du massif
clusion et un nœud du maillage en paroi de la cavité. Dans le et celui de l’inclusion, en particulier dans le cas d’un boulonnage
cas où il ne serait pas envisagé de mettre des plaques de tête, à ancrage réparti, l’apport de ce type de soutènement ne devient
il est envisageable de ne mettre aucune condition spécifique notable que si son apport en termes de modification de la résis-
de liaison en extrémité de la barre. L’effort de traction en tête tance, de la déformabilité et/ou de l’état des contraintes devient
de boulon sera donc in fine nul, tant que la barre ne se sera significatif relativement aux caractéristiques du terrain.
pas mise en charge progressivement via le scellement. Dans le cas d’un massif fracturé, le boulonnage va essentielle-
ment être sollicité au droit de discontinuités en cisaillement/trac-
7.5.3. Influence de la rhéologie du massif
tion pour lesquelles la cohésion est très faible, voire nulle. L’apport
Que ce soit en termes de confinement ou de renforcement appa- du boulonnage dans une telle modélisation (approche discontinue
rent des caractéristiques mécaniques du massif rocheux, l’apport et discrète) est donc clairement visible et cohérent avec ce qui est
d’un boulonnage reste d’un point de vue théorique relativement observé.
limité en amplitude. Ainsi, le confinement interne et/ou externe, Dans le cas d’un massif assimilé à un milieu continu, pour lequel
apporté par des boulons à ancrage réparti et/ou à ancrage ponc- la cohésion est supérieure à quelques Mégapascals et le module
tuel, varie entre 50 et 150 kPa. De la même manière, la mise de déformation supérieur à quelques Gigapascals, l’apport du
en œuvre d’un boulonnage à ancrage réparti peut s’accompagner boulonnage sera en apparence limité. Cependant, ces matériaux
d’un accroissement du module de déformation de quelques MPa, cohérents ne peuvent maintenir sous l’effet d’une sollicitation
et d’une augmentation de la cohésion de l’ordre de 50 à 150 kPa. mécanique et des déformations associées leurs caractéristiques
Dans les massifs rocheux assimilés à des milieux continus, ces valeurs initiales, et celles-ci vont progressivement décroitre suite à l’en-
sont généralement faibles par rapport à la résistance et à la déformabi- dommagement de la roche, de manière diffuse ou localement. En
lité attribuées au massif, ainsi que par rapport aux contraintes initiales laboratoire, ceci se traduit par un comportant fragile ou radou-
régnant dans le terrain et pouvant atteindre plusieurs Mégapascals. cissant, dans le domaine post-pic, évoluant jusqu’à un compor-
tement résiduel qui, dans l’absolu et aux très grandes déforma-
À titre d’illustration, prévoir l’installation d’un système de boulonnage tions de cisaillement, est caractérisé par un état purement frottant
relativement dense, composé de barres scellées de diamètre 25mm et à cohésion résiduelle nulle. C’est au cours de cette phase de
et de maille 1mx1m, pour un tunnel creusé dans une roche de ré- dégradation des caractéristiques mécaniques et d’augmentation
sistance en compression simple de 20 MPa (C=5.4 MPa et φ=33°) des déformations que le boulonnage à ancrage réparti va apporter
et de module de déformation E=4 000 MPa, revient à accroitre, toute sa contribution.
selon l’approche proposée par Greuell, ses caractéristiques de :
En conséquence, une prise en compte pertinente du boulonnage
• 
ΔC=0.132 MPa, soit une augmentation de 2,4 % de la cohé- passif dans des calculs assimilant le massif à un milieu continu,
sion ; nécessite de prendre en compte ce comportement radoucissant
• 
ΔE=103 MPa, soit une augmentation de 2,6 % du module . ou fragile au travers de la loi rhéologique de la masse rocheuse.

Figure 42 : Exemple montrant l’influence de la discrétisation du boulon sur la répartition des efforts de traction dans celui-ci.

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7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

Il en découle qu’une modélisation purement élastique ou avec un compte le comportement radoucissant ou fragile de la roche dans
critère de plasticité parfaite n’est pas adaptée pour une justifica- les modélisations n’est pertinente que pour les massifs présentant
tion du soutènement par boulons. une cohésion supérieure à quelques Mégapascals et un module
de déformation supérieur à quelques Gigapascals. Dans le cas
L’effet du boulonnage passif se traduit essentiellement par un ac-
d’un massif très faiblement cohérent et présentant un comporte-
croissement de la cohésion et est influencé par la dilatance. À titre
ment ductile et plastique, l’effet du système de boulonnage sera
d’illustration, dans le cadre d’une modélisation élastoplastique ba-
significatif sans avoir à décrire dans la loi rhéologique le comporte-
sée sur un critère de Morh-Coulomb, il est alors nécessaire de dé-
ment résiduel aux moyennes et grandes déformations.
crire le comportement post-pic de la roche par une réduction per-
tinente des paramètres de plasticité que sont la cohésion, l’angle 7.5.4. Couplage hydromécanique
de frottement et l’angle de dilatance. Laigle [2004] a proposé une
description de l’évolution de ces 3 termes dans le domaine post- Les ouvrages souterrains sont très souvent creusés sous la nappe
pic, illustré par la figure 43. phréatique. Ceci doit conduire à s’interroger sur la nécessité et la
pertinence de prendre en compte cette eau, et son couplage avec
Cette évolution est caractérisée par :
le massif, dans les études de conception et de dimensionnement
• une première phase de décroissance rapide de la cohésion du soutènement par boulons. Ainsi, en l’absence d’un système
avec une annulation quasi totale de celle-ci ; d’étanchéité en paroi de la cavité, le massif est généralement
• une phase d’augmentation de l’angle de dilatance suivie d’une drainé par le tunnel, et les pressions sont faibles au voisinage de
diminution de celui-ci jusqu’à annulation pour un état de dé- l’excavation. Il est alors possible de négliger l’effet mécanique de
formation élevée correspondant à l’état résiduel ; l’eau dans le terrain, et de réaliser les calculs en ne considérant
• un angle de frottement constant, correspondant à l’angle de pas la pression hydrostatique. Il sera possible, pour garantir cette
frottement résiduel. hypothèse, en particulier dans le cas d’un mécanisme d’instabilité
de blocs, de réaliser des drains.
C’est sur la base de ces hypothèses que des simulations ont
été réalisées pour la conception d’une caverne hydroélectrique, A contrario, dans le cas de terrains très peu perméables et dont
en considérant un modèle élastique-plastique avec un critère la compressibilité drainée ou de la matrice rocheuse reste proche
de Mohr-Coulomb et une décroissance des caractéristiques mé- de celle de l’eau (de l’ordre de 2 GPa), il peut s’avérer nécessaire
caniques citées telle que décrite précédemment [Laigle 2015]. de prendre en compte les couplages hydromécaniques, et donc
Les boulons étant modélisés explicitement par des éléments de réaliser les études en contraintes effectives.
structuraux.

La figure 44 montre la prédiction du déplacement en clé de voûte


durant l’excavation de la caverne, avec et sans boulonnage, dé-
montrant la nécessité d’un tel soutènement. La figure 45 illustre
l’influence de la densité du boulonnage.

Cette recommandation concernant la nécessité de prendre en

Figure 43 Principe d’évolutions


respectives des composantes
de cohésion, de dilatance
et de frottement

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 55


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

La déformabilité d’un joint est représentée par un système res-


sort-patin (figure 46) situé sur un ou plusieurs points (« contacts »)
le long du joint. Elle est régie par une relation contrainte/dépla-
cement, en général élastoplastique avec un critère de rupture de
Coulomb, qui permet d’évaluer les contraintes normale et tangen-
tielle(s) entre blocs :

[eq 32]

avec :

dsn,s = variation de la contrainte normale (tangentielle)


Figure 44 : Estimation du déplacement vertical en clé de voûte DUn,s = variation du déplacement normal (tangentiel)
d’une caverne, avec et sans soutènement par boulonnage
Kn,s = coefficient de raideur normale (tangentiel)

Figure 47 : Système ressort-patin

La méthode des éléments distincts permet donc de simuler idéa-


Figure 45 : Estimation du déplacement vertical en clé de voûte lement de grands déplacements ou des rotations de blocs (figure
d’une caverne, pour 2 densités de boulonnage 48). Cette méthode est fort utile pour traiter les problèmes de mé-
canique des roches dans lesquels les déformations et les modes
7.6. Méthodes numériques de calcul du boulon- de rupture potentiels sont directement liés aux caractéristiques
nage pour un massif discontinu géométriques et mécaniques des fractures du massif rocheux.

La représentation explicite des discontinuités d’un massif est réa-


lisée dans le cadre de la méthode des éléments distincts. Celle-ci
représente le comportement de milieux discrets constitués d’as-
semblages de blocs polyédriques (ou polygonaux en 2D) interagis-
sant au travers de « joints ». Pour une description plus complète,
on pourra se référer à Cundall et Strack [1979]. Aux débuts de la
méthode, les blocs étaient en général considérés comme rigides.
À l’heure actuelle, la plupart des modèles les considèrent défor-
mables. Dans le cas le plus général, un modèle de ce type peut
en fait être considéré comme l’assemblage de multiples modèles
« milieu continu » reliés par des interfaces.

Figure 48 : Étude du renforcement d’une mine de charbon (d’après


Figure 46 : Contacts entre blocs polyédriques Lendel et al. [2004])

56 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

7.6.1. La prise en compte des éléments de structure L’inclusion à ancrage réparti est un élément de renforcement si-
milaire, voire identique, à ceux utilisés dans l’hypothèse du mi-
Deux types d’éléments peuvent être utilisés pour représenter des lieu continu. Cet élément résiste en traction, éventuellement en
boulons passifs traversant un massif discontinu : le « renforcement cisaillement. Il est lié au matériau rocheux sur l’ensemble de sa
ponctuel », ou bien le « câble à ancrage réparti ». longueur par une interface cohésive/frottante qui représente le
Le renforcement ponctuel part de l’hypothèse, déjà évoquée plus scellement. Il est bien sûr mieux adapté aux matériaux où la défor-
haut, que l’essentiel de l’effet du boulon réside dans son action au mabilité de la roche joue un rôle plus important. Le comportement
passage des discontinuités. Il simule uniquement les interactions aux alentours d’un joint découle alors explicitement
locales entre un boulon et les deux épontes de chacune des dis- 1) du déplacement relatif des épontes du joint ;
continuités qu’il traverse. Il peut être utilisé pour les roches dures
et les faibles contraintes, lorsque les interactions entre blocs do- 2) de la pénétration relative du renforcement dans le matériau.
minent complètement le comportement, et donc lorsque ceux-ci Dans le cas d’un élément uniquement en traction, il peut être im-
peuvent être considérés comme rigides. Basé sur les travaux de portant de réaliser des simulations en grande déformation, pour
Lorig [1985], il découle de l’observation, sur des tests de labo- prendre en compte l’effet du changement de géométrie du sys-
ratoire (Bjurstrom [1974], et Pells [1974]) que les déformations, tème « bloc – joint – bloc — boulon ».
dans une roche résistante, restent localisées aux alentours de la
discontinuité. La figure 49 résume les hypothèses sur la géométrie
du système « boulon – discontinuité », et la figure 49 montre les
interactions qui découlent d’un cisaillement.

Figure 49 : Géométrie du renforcement après cisaillement. La longueur


active est typiquement de un à deux diamètres de part et d’autre Figure 51 : Schéma d’un renforcement scellé. « Câble à ancrage réparti »,
de la discontinuité (Dight, [1982] par exemple). avec représentation du comportement du scellement au cisaillement

7.6.2. Utilisation
La mise en œuvre d’un modèle éléments distincts est un travail
relativement complexe, surtout s’il doit être mené en trois dimen-
sions. Même si la géométrie et les propriétés entrées dans un mo-
dèle peuvent être largement paramétrées, une telle démarche est
difficilement compatible avec l’étude préliminaire de nombreuses
configurations. Elle n’est donc justifiée au stade de la conception
que si l’excavation est trop complexe pour être raisonnablement
représentée par une méthode plus simple. Dans la plupart des
cas, c’est donc plutôt au stade de la vérification/confirmation
d’une solution ou d’un petit nombre de solutions qu’elle peut in-
Figure 50 : Orientation des ressorts non linéaires représentant les effets
axial et tangentiel du renforcement avant et après le cisaillement.

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 57


7. CALCUL ET DIMENSIONNEMENT DU BOULONNAGE

tervenir. Elle permet alors d’examiner en détail le comportement


du système « matériau + renforcements ».

Si une approche à « deux dimensions » est acceptable (c’est en


fait rarement le cas, en particulier du point de vue de la géométrie
des plans de discontinuités par rapport à l’excavation), l’avancée
du creusement peut être approchée en reprenant le concept de la
méthode « convergence – confinement » : après l’initialisation des
contraintes dans le milieu avant creusement, puis la suppression
du matériau à excaver, les efforts en limite de l’excavation ne sont
relâchés que partiellement avant la mise en place du support. Ceci
permet de prendre en compte la convergence du massif avant la
pose du soutènement, en s’affranchissant des limites inhérentes à
une méthode analytique : la géométrie et les modèles de compor-
tement peuvent être quelconques.

58 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


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9. ANNEXES

9. ANNEXES

66 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


9. ANNEXES

ANNEXE 1: Analyse et illustration du chargement


d’un boulon sous sollicitation axiale

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 67


9. ANNEXES

Cette annexe propose une analyse du fonctionnement d’un boulon La position de la discontinuité sur le linéaire du boulon définit le
soumis à une sollicitation purement axiale, en décrivant qualitati- point où les efforts d’action-réaction se développent. À partir de ce
vement l’enveloppe de l’effort maximal en considérant un boulon point, on peut définir trois forces :
traversant une discontinuité située à une distance Lb du parement.
• la force F1 développée par l’ancrage de la tige dans le massif
D’une manière générale, la capacité du boulon est déterminée
stable (ligne AB) ;
par la force minimale possible des deux côtés de la discontinui-
• la force F2 développée au niveau du bloc (ligne CD) ;
té ou de la force admissible de la tige au droit de la discontinuité.
• la force F3 définie par la traction admissible de la tige (ligne
EF).

La capacité du boulon sera définie par la valeur minimale de ces


trois forces :

Fb = min [F1, F2, F3]

Un bloc étant en général stabilisé par plusieurs boulons, la somme


des composantes des forces apportées par chaque boulon suivant
la direction de glissement du bloc définira la force stabilisatrice
totale.

Pour une capacité mécanique de l’interface entre le boulon et le


terrain Q (MN/m), les forces F1 et F2 sont définies comme suit :

F1 = Q La
Le diagramme qui définit les efforts de traction maximaux dans
F2 = P + Q Lb si P < T en considérant un bloc complètement rigide
un boulon à scellement réparti en fonction de la position de la
où la capacité de la plaque P se rajoute à celle de l’ancrage dans
discontinuité est montré ci-dessous :
le bloc.

ou

F2 = T si P≥T

La force F3 est la force admissible de la tige au droit de la disconti-


nuité :

F3 = T
Pour un boulon sans plaque d’appui (P=0), la force F3 de main-
tien du dièdre ne dépend que de la longueur d’ancrage au droit
de celui-ci (Lb). De ce fait, si le boulon est situé à proximité des
bords du dièdre, il peut s’avérer qu’il n’est pas t o t a l e m e n t
opérationnel. Dans le cas contraire, si la discontinuité est trop
proche de la pointe du boulon, il peut s’avérer qu’il est relative-
ment peu sollicité.

Pour les boulons à friction par expansion, la résistance en traction


Ce cas correspond à un boulon dont la capacité de la tige est su- de ce type de boulons est montrée sur le graphique suivant, très
périeure à la capacité de la plaque. similaire à celui présenté précédemment pour les boulons scellés :
• La = longueur scellée dans le massif à l’extrados de la disconti-
nuité ;
• Lb = longueur scellée dans le bloc situé à l’intrados de la dis-
continuité ;
• Lns = longueur non scellée en tête de boulon.

Cette dernière longueur est relativement petite par rapport à la


longueur du boulon (5 à 10 cm). Pour les boulons scellés au coulis
par exemple, elle correspond aux dimensions du dispositif d’obtu-
ration de la foration lors des opérations d’injection.

68 Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020


9. ANNEXES

force de traction Fb en fonction du couple de serrage de l’écrou


en tête. Par ailleurs, ils peuvent être injectés a posteriori pour leur
donner un scellement réparti qui leur apporterait en même temps
une protection contre la corrosion.

Pour les boulons à ancrage ponctuel, la répartition des efforts le


long de la barre est constante, entre la pointe (coquille d’ancrage
ou scellement ponctuel à la résine) et la tête (plaque d’appui). La
capacité axiale F du boulon est donnée par la valeur la plus faible
des trois composants du boulon (ancrage ponctuel, tige et plaque
d’appui) :

• La force F1 développée en pointe du boulon par l’ancrage


(mécanique ou non) dans le massif stable (ligne AB).
• La force F2 développée au niveau du bloc (ligne CD) par l’ensemble
plaque-filetage en tête du boulon ;
• La force F3 définie par la traction admissible de la tige (ligne EF) ;

Fb = min [F1, F2, F3]

Le diagramme de distribution des forces axiales F en fonction de la


position de la discontinuité est montré sur le graphique ci-dessous.
Dans ce cas particulier, la capacité du boulon est déterminée
par la capacité de la plaque F2.

Ce type de boulons a la particularité de permettre d’adapter la

Recommandations de l’AFTES n°GT30R1F1 du 18 mai 2017 - Edition de Novembre 2020 69


Éditeur : AFTES (ASSOCIATION FRANÇAISE DES TUNNELS ET DE L’ESPACE SOUTERRAIN)
42 rue Boissière - 75116 PARIS

Prestataire d’édition : FFE - Régie publicitaire : 15 rue des sablons 75116 Paris

Imprimerie : Printcorp
N° ISBN : 978-2-901148-10-4
ISSN 2609-8822
Achevé le 4ème trimestre 2020 - Dépôt légal : Novembre 2020

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