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Ministère de L’Education Nationale UNICEF

TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES 2

CONTEXTE 5

A. Définitions et concepts 6
1. L'enfant 6
2. La violence 6

B. Situation de la violence à l’égard des enfants au Maroc 7


1. Ampleur réelle de la violence commise sur les enfants 7
2. En matière de réponses apportées en vue de lutter contre la violence des enfants : 8

VIOLENCE EN MILIEU SCOLAIRE : ETAT DES LIEUX 9

A. Ampleur de la violence en milieu scolaire marocain 12

B. Les formes de punitions et de violences perpétrées en milieu scolaire


marocain 13

C. Les motifs des punitions corporelles et des violences perpétrées en


milieu scolaire marocain 14

D. Perception de la violence en milieu scolaire marocain par les


différents acteurs 14

E. Les conséquences des pratiques de violence en milieu scolaire 15

ANALYSE DU CADRE LEGISLATIF ET INSTITUTIONNEL 16

A. Analyse du cadre institutionnel 17


1. Missions administratives dans les établissements scolaires en relation avec la violence 17
a) Missions du personnel administratif : 17
b) Missions des conseils d’établissements : 19
2. Décisions de remédiation : 20
3. Les notes ministérielles : 21

B. Analyse du cadre législatif 23

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1. Ce que prévoient les conventions internationales et en particulier la Convention relative aux droits
de l'enfant 23
2. Ce que prévoient le code pénal et le code de procédure pénale 24
a) L'enfant victime d'infraction 24
b) Mesures de signalement des violences et de mauvais traitements des enfants 24
c) les sanctions pénales des violences commises sur des enfants 25
d) mesures de protection des enfants victimes de violence 27
3. Ce que prévoit le code du travail 28
4. La non-scolarisation des enfants 29

ANALYSE DES INTERVENTIONS ET REPONSES


APPORTEES 30

A. Réformes législatives 31

B. Sensibilisation, Education aux droits de l’enfant 31

C. Formation des intervenants 31

D. Structures et centres d’écoute d’enfants victimes de violence 31


1. Ministère de la Santé 31
2. L’Observatoire National des Droits de l’Enfant 32
3. Ministère de l’Education 32
4. ONG 32

E. Structures d’accueil et d’hébergement et de prise en charge intégrée


des enfants victimes de violence 32

F. Unités de Protection de l’enfant contre toutes formes de violence 33

SYNTHESE : ACQUIS ET DEFIS 35

AXES STRATEGIQUES 37

POUR PREVENIR ET LUTTER 37

CONTRE LA VIOLENCE DES ENFANTS SCOLARISES 37

A. Objectif global 38

B. Objectifs stratégiques 38

C. Population cible 39

D. Résultats attendus 40

3
E. Axe stratégique 1 : Renforcement institutionnel 40

F. Axe stratégique 2 : Renforcement des compétences des acteurs 41

G. Axe stratégique 3 : Amélioration et généralisation du cadre de prise


en charge et suivi des enfants victimes de violence 41

H. Axe stratégique 4 : Promotion d’une culture basée sur le respect des


Droits de l’enfant 42

I. Axe stratégique 5 : Prévention de la violence intra et péri scolaire 43


3. Prévention de la violence à l’égard des enfants en milieu péri scolaire 43

J. Axe stratégique 6 : Renforcement du système d’information et de


suivi évaluation 44

K. Synthèse des axes stratégiques 45


Prévention de la violence à l’égard des enfants en milieu péri scolaire 48

4
CONTEXTE

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A. Définitions et concepts

1. L'enfant

Selon la Convention internationale relative aux droits de l'enfant (article premier) "Un enfant s'entend de
tout être humain âgé de moins de dix huit ans sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la
législation qui lui est applicable".

2. La violence

L'organisation Mondiale de la Santé (rapport mondial sur la violence et la santé, 2002) définit la violence
comme :

L'usage intentionnel de l'autorité ou de la force physique ou la menace


de cet usage, contre soi-même, une autre personne ou contre un groupe
ou une communauté qui, soit produit, soit risque fortement de
produire des blessures, la mort, des dommages psychologiques, des
infirmités ou des carences.

Le comité des droits de l'enfant recommande la définition suivante pour les études sur la violence à
l'encontre des enfants :

La violence inclut toutes les formes de violences physiques ou


mentales, blessures ou abus, abandons ou négligences, incluant
les abus sexuels, les brimades dans les écoles et les punitions
corporelles.

Lors de l’étude mondiale réalisée par les Nations-Unies (2005), la définition adoptée s’est voulue plus
globale :

Toute violence physique, psychologique, sociale, sexuelle commise à


l’égard des enfants, incluant abus, négligence, exploitation, commise de
manière directe ou indirecte, qui porte atteinte à la dignité, à l’intégrité,
au développement physique et mental ou au statut social de l’enfant.

Les violences peuvent revêtir des formes multiples et être commises dans des lieux divers.

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Les violences peuvent être de nature très diverses :
- physiques : coups, blessures, tortures, punitions corporelles
- psychologiques : insultes, brimades, injures, harcèlement moral, abandon, non-reconnaissance
parentale, privation d’identité
- sexuelles : harcèlement sexuel, viols, attouchements, inceste, pédopornographie, mutilations
génitales, mariage précoce et/ou forcé, grossesses précoces, exploitation sexuelle commerciale
- négligences, mauvais traitements : carence de soins, carence nutritionnelle, non accessibilité à
l’éducation, conditions de vie défaillantes non propices à un bon développement de l’enfant.
- exploitation économique des enfants
- trafic des enfants (réseaux de prostitution, filières de migration, travail des enfants, mendicité)

Dans tous les lieux qu’il fréquente l’enfant peut être victime de violences :
- famille biologique ou famille d’accueil
- communauté
- rue
- école
- institutions d’accueil : orphelinats, centres de réhabilitation ou de protection, ONG…
- postes de police (rafles), prisons, tribunaux

Les auteurs d’actes de violence à l’égard d’enfants peuvent être des adultes ou des mineurs.

B. Situation de la violence à l’égard des enfants au Maroc

1. Ampleur réelle de la violence commise sur les enfants

Les études existantes ne reflètent pas la réalité de la violence car focalisées soit sur une forme ou une
nature de violence, soit par rapport à une catégorie d’enfants, soit encore dans une zone géographique
bien déterminée. Les données existantes restent sectorielles : violence subie par les enfants en institution,
enfants au travail, enfants en conflit avec la loi….

Par conséquent, ces études présentent des limites car leurs résultats sont parcellaires et sectoriels. Les
formes les plus analysées sont les formes physiques et sexuelles, la violence psychique reste le parent
pauvre des études. Si la violence dans les milieux institutionnels, scolaires, du travail, dans la rue a été
étudiée, il n’en va pas de même pour la violence intra-familiale et la violence commise par les agents
d’autorité.

Quant à la violence inter-enfants, elle est à peine effleurée.

Aucune étude n’analyse la violence contre les enfants de manière générale et globale.

Cela s’explique par l’absence d’un système standardisé d’information et de collecte des données.
Par ailleurs, les concepts utilisés pour décrire les natures d’infractions diffèrent d’une structure à une autre
(santé, police, justice, ONG, téléphone vert…). Ce qui rend difficile l’analyse des données collectées dans
les registres, PV, dossiers médicaux…

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2. En matière de réponses apportées en vue de lutter contre la violence
des enfants :

Les voies de recours en cas de violence commise à l’encontre des enfants sont méconnues et difficiles
d’accès aux enfants.
Les dispositifs mis en place (téléphone vert, centres d’écoute et d’orientation) sont peu ou non connues, et
restent insuffisants.
En cas de violences commises sur un enfant, les personnes qui en ont connaissance ne savent, le plus
souvent ni à qui recourir, ni comment le faire. Les dénonciations de cas de violence sont rarement
utilisées, les personnes redoutant les enquêtes, la lenteur des procédures et surtout les ennuis avec les
auteurs de violence (voisins, enseignants, agents d’autorité …).
L'enfant lui-même ne sait à qui s'adresser.
L'enregistrement et le traitement des plaintes déposées par les enfants victimes de violences ou par des
personnes ayant connaissance de ces violences, souffrent de lenteur et de complexité.

Les institutions ou structures chargées de prendre en charge les enfants n'existent pas en nombre
suffisants, mais c'est surtout leur qualité qui pose problème : elles ne sont soumises à aucune norme, à
aucun standard dûment établis. Leur contrôle ne doit pas se limiter exclusivement au processus comptable
mais, également et surtout, porter sur la qualité de prise en charge des enfants.

L’insuffisance en nombre et en qualité de même que l’absence de statut des travailleurs sociaux, affectent
le processus de prise en charge des enfants victimes de violence…

Du fait de l’absence de mécanismes de monitoring et de suivi, les conséquences de violences sur les
enfants restent relativement peu connues, de même que le devenir de ces enfants.

Les actions menées sont également le plus souvent sectorielles ; il s'agit plus de services rendus à un
certain nombre de catégories d’enfants.

L’impact sur la situation réelle des enfants n’est pas mesuré du fait de l’absence d’indicateurs qualitatifs
de mesure.

Au vu de la situation, on peut dire qu’il n’existe pas à proprement parler un environnement protecteur,
conformément aux critères définis par l’Unicef.

En effet, l’environnement dans lequel vit l’enfant est loin d’offrir toutes les garanties en matière de
protection :
- L’engagement du gouvernement, s’il est réel, n’est pas traduit dans toutes les actions à mettre
en œuvre
- Les législations, si elles ont été revues conformément à la Convention des droits de l’enfant,
sont partiellement appliquées (moyens insuffisants et déficit de coordination)
- La sensibilisation est épisodique
- Les mécanismes de reporting et de suivi sont quasiment inexistants
- Les acteurs intervenant dans le domaine de l’enfance (parents, enseignants, éducateurs,
policiers, juges, personnel de santé…) sont peu ou pas formés
- Les programmes de prise en charge des enfants sont très parcellaires et sectoriels
- Les voies de recours pour les enfants victimes de violence sont inadaptées et peu explicites
- Les enfants ne connaissent pas parfaitement leurs droits ; la participation des enfants est
aléatoire
- Les attitudes et comportements continuent de reproduire encore malheureusement un système
d’éducation basée sur la violence.

8
VIOLENCE EN MILIEU SCOLAIRE : ETAT DES LIEUX

9
La violence en milieu scolaire est un concept complexe, à plusieurs points de vue : sa définition, les
parties prenantes, les types de violences, ses causes et ses conséquences. D’abord, sa définition varie d’un
milieu scolaire à un autre et change avec les différents contextes, scolaire, familial, social, économique,
voire politique. Il implique plusieurs intervenants et partenaires, les élèves, les enseignants, les directeurs
d’établissements, les parents, les personnels des établissements scolaires et les intervenants du milieu
environnant. La littérature sur le sujet montre que plusieurs types de violence sont perpétrés en milieu
scolaire : violence physique, morale, psychologique…La victime des actes de violence peut être l’élève,
l’enseignant, un personnel de l’école ou l’établissement scolaire lui même. Deux éléments expliquent
également la complexité du concept, à savoir ses causes directes et indirectes et apparentes ou sous-
jacentes, ainsi que les diverses conséquences qu’il engendre, à court, à moyen et à long terme.

Dans la majorité des systèmes d’enseignement, les enfants passent plus de temps à l’école que n’importe
où ailleurs. En principe, l’école devrait jouer un rôle crucial dans la protection des enfants contre les
risques, notamment celui de la violence. Les directeurs d’établissements, les enseignants, le personnel
des administrations de ces écoles, avec le concours des parents, devraient veiller à ce que les enfants
évoluent dans un environnement propice, qui préserve leur dignité et favorise leur développement
intellectuel, psychologique et physique. Mais, malheureusement, dans les établissements scolaires, bon
nombre d’enfants sont victimes de différents actes de violence, ce qui leur offre l’occasion d’apprendre à
être violents.

Plusieurs types de violence sont commis par les enseignants et par le personnel administratif oeuvrant en
milieu scolaire, avec ou sans l’approbation des premiers responsables des établissements scolaires. Ces
violences prennent plusieurs formes: le châtiment corporel, le châtiment psychologique, les brimades et la
violence sexuelle. Les châtiments corporels tels que les coups, avec différents instruments, sont
couramment utilisés dans les établissements scolaires de nombreux pays. La violence à l’école se
manifeste aussi sous forme de bagarres se produisant essentiellement, dans les cours de récréation. Cette
violence, sous ses différentes formes est perçue différemment d’une société à une autre; et dans la même
société, selon les différents acteurs et intervenants. On assiste également à des actes de violence sexuelle
dans les écoles, perpétrés contre les filles, par les enseignants ou par leurs camarades de classe.

Les études sur le sujet ont montré aussi que le climat général à l’intérieur de l’école, et notamment en ce
qui concerne la question de la violence, est, en général, influencé, par le climat général du milieu
environnant, notamment l’importance croissante de la culture des bandes et l’augmentation des activités
criminelles de ces bandes, dans certains milieux.

Pour prévenir et lutter contre ce phénomène, les organismes concernés par cette problématique déploient
des efforts louables, au niveau mondial, conformément à la législation en vigueur. L’article 28.2 de la
Convention des Droits de l’Enfant (CDE) fait appel aux Etats membres pour qu’ils prennent toutes les
mesures appropriées, afin de garantir que les enseignements scolaires soient dispensés dans le respect de
la dignité humaine de l’enfant. L’article 29.1 de la même convention souligne que l’éducation de l’enfant
doit être orientée vers le développement du respect des droits de la personne. Cette convention prévoit
également que les Etats parties doivent prendre toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que la
discipline scolaire soit appliquée. Selon l’initiative mondiale visant à mettre un terme à tous les
châtiments corporels contre les enfants, 102 pays ont aboli le châtiment corporel dans les écoles, mais la
loi n’est pas appliquée partout de la même manière.

10
Au niveau des pays arabes, les expériences et les efforts sont mis en commun, pour identifier les solutions
adéquates, à ce phénomène, notamment en milieu scolaire. A titre d’illustration, lors du Forum Arabe de
la Société Civile, sur l’enfant, tenu à Rabat du 15 au 19 février 2001, réuni pour passer en revue la
situation de l’enfant, dans les pays arabes, les recommandations n°11 et n°15 incitent les pays à « œuvrer
pour éliminer les formes de violence à l’école, y compris le châtiment corporel » et « œuvrer pour que
l’école devienne un espace propice à la diffusion de la culture des droits de l’enfant et des droits de
l’homme ».

Le Maroc qui adhère pleinement à ces efforts déployés au niveau international et régional, s’est engagé à
contribuer à l’édification d’un « Monde digne des enfants » par l’élaboration et la mise en place d’un Plan
d’Action National pour l’Enfant (PANE), dont l’objectif général, d’ici 2015 est d’améliorer la situation de
l’enfant. L’objectif n°3 du PANE est de « faire progresser le droit de l’enfant à la protection ». L’un des
résultats escomptés du PANE, dans ce domaine, est que « les mécanismes de protection de l’enfant
contre la violence à l’école sont mis en œuvre ». Il est prévu que ce résultat soit atteint par la mise en
œuvre des actions et des mesures suivantes :
• Identifier les sources et les formes de violence à l’école ;
• Elaborer des procédures de contrôle et de prévention des risques de violence et les diffuser ;
• Intégrer les comportements et risques de violence dans les programmes de prise en charge ;
• Promouvoir la culture et les comportements de la non violence,
• Evaluer la mise en œuvre des procédures de contrôle et de prévention des risques de violence.
D’autres secteurs sont associés à l’Education Nationale pour la réalisation de ce résultat, il s’agit
notamment des secteurs suivants : la Santé, l’Intérieur, la Justice, les Affaires Islamiques, les Collectivités
locales, l’Equipement, la Sûreté nationale, les Médias, les ONG. Cette diversité d’intervenants montre
bien la complexité du phénomène et la nécessité d’adopter une approche systémique dans son
appréhension.

Le développement et la protection de l’enfant occupent une place privilégiée dans la réforme du système
éducatif marocain entamée en 2000, dans le cadre de la décennie nationale de l’éducation et de la
formation. Ainsi, la Charte Nationale de l’Education et de la Formation précise que l’apprenant, en
général et l’enfant en particulier est placé au centre de la réflexion et de l’action. Dans cette perspective,
cette réforme se doit d’offrir aux enfants du Maroc, les conditions nécessaires à leur éveil et à leur
épanouissement. Elle exige un comportement pédagogique adéquat, à l’égard des enfants, au sein de la
famille et à l’école. Elle prône la non violence par les valeurs que le système éducatif devrait développer
chez le futur citoyen : modération, tolérance, dialogue, droit et obligation ; et ouverture sur les autres
cultures.

Pour apprécier le phénomène de violence en milieu scolaire marocain, quelques enquêtes ont été réalisées
sur le sujet. Elles ont montré que, malgré les efforts consentis pour le contrecarrer, on assiste
quotidiennement à des actes de violence, dans nos écoles. A travers les résultats de ces études, sont
présentés ci-après, une tentative de définition de la violence en milieu scolaire marocain, des données et
des statistiques sur son ampleur, les formes de violences perpétrées, leurs motifs, leur perception par les
acteurs principaux ainsi que leurs conséquences.

Les résultats de ces enquêtes ont montré que selon les enfants premières victimes de la violence, le
concept de violence renvoie pour eux d’abord à la brutalité physique, puis à la brutalité psychologique et
enfin à la notion d’injustice et d’éveil de sentiments de haine. Les enfants ont majoritairement affirmé que
le recours à la violence était très fréquent dans leurs écoles. Selon les enseignants, le concept de violence
renvoie aux violences physiques, aux violences verbales, à la privation intellectuelle symbolique, à la
pauvreté. Sont évoqués également la reproduction des violences vécues, la réduction des notes, la réaction
à d’autres violences, le manque de communication, la conviction de la nécessité des sévices corporels et
psychologiques et la corruption.

11
A. Ampleur de la violence en milieu scolaire marocain

Les enquêtes réalisées dans le milieu scolaire marocain dont celles réalisées par le MEN et par
l’association Atfale en 2001 et par l’école supérieure de psychologie en 2004 et, avec l’appui de
l’UNICEF ont confirmé sans équivoque le recours à des pratiques violentes à l’école. Elles montrent
également la gravité du phénomène et son ampleur, par des faits, émanant des déclarations des enfants,
des enseignants, des directeurs d’écoles et des parents. Ainsi, ces enquêtes ont montré globalement, que
plusieurs types de sanctions sont utilisés, avec des intensités différentes.

Elles ont abouti aux conclusions selon lesquelles, malgré l’interdiction formelle des châtiments corporels
au sein de l’école, cette pratique est largement répandue et que, dans une école aux pratiques
traditionnelles, l’enseignant est amené, pour pouvoir faire classe, à recourir, en général, à des menaces
incessantes et aux punitions corporelles. Les statistiques suivantes en témoignent :

Pour les enfants :


• 87% des enfants enquêtés déclarent avoir été frappés à l’école ;
• 60% des enfants disent avoir été frappés avec un tuyau, une règle, un bâton et 57% des enfants ont
vu leurs camarades frappés avec les mêmes instruments ;
• 44% d’entre eux ont été frappés avec les mains ou les pieds et 55% d’entre eux ont vu leurs
camarades frappés de cette façon ;
• 39% d’entre eux ont reçu des punitions écrites et 47% d’entre eux ont en vu donner à leurs
collègues.
• 39% d’entre eux ont eu des corvées à accomplir pour les enseignants et 36% d’entre eux ont vu
leurs camarades soumis à la même contrainte ;
• 35% des enfants ont reçu des vexations verbales et 44% d’entre eux en ont entendu proférer à
leurs camarades.
• 65% des enfants préfèrent taire les punitions corporelles dont ils sont victimes, ainsi la peur des
adultes et leur complicité contribuent à former un mur de silence autour de la violence scolaire.

Les statistiques élaborées à travers les réponses des enfants ont montré, également que les filles sont
moins frappées que les garçons et moins soumises à des contraintes telles que les corvées pour les
enseignants. D’autres types de sanctions sont utilisées telles que le tour de la classe ou de la cour avec un
bonnet d’âne. Les enfants questionnés ont affirmé également l’existence de violence sexuelle à l’école.

Pour les enseignants et les directeurs


• 73% des enseignants déclarent voir eu recours au châtiment corporel ;
• 54% des enseignants déclarent avoir déjà frappé les enfants avec une règle, un tuyau, un bâton et
29%, les ont frappés avec leurs mains et leurs pieds ;
• 80% des enseignants déclarent avoir convoqué des parents ;
• 33% des directeurs ont déjà frappé des enfants ;
• 21% d’entre eux ont frappé avec une règle, un bâton ou un tuyau et 17% avec les mains ou les
pieds ;
• 93% des directeurs convoquent les parents

Pour les parents


• 61% des parents déclarent avoir frappé leurs enfants, 37% des parents disent les frapper avec leurs
mains ou leurs pieds, 22% d’entre eux disent les frapper avec une ceinture, un bâton, un tuyau,
• 38% des parents grondent leurs enfants ;
• 27% des parents ont recours à la privation.

12
B. Les formes de punitions et de violences perpétrées en
milieu scolaire marocain

Les résultats des enquêtes réalisées dans le milieu scolaire marocain montrent que la violence peut
prendre plusieurs formes. La grande variété des punitions corporelles et des objets disciplinaires utilisés
montre que l’enseignant a l’exclusivité de l’évaluation de la lourdeur de la peine et de ses modalités. A
chaque nouvelle rentrée scolaire, l’enfant est amené à découvrir le système disciplinaire non à travers
l’école mais à travers son enseignant.
Ces formes de violence sont appréciées selon les avis des enfants et des enseignants.
Pour les enfants, la violence à l’école peut prendre les formes suivantes :
• Des violences physiques (coups avec règle de fer, de bois, de plastique, falaka, tahmila, coups sur
la main et sur les bouts des doigts, les gifles, les coups de pied, tirer les oreilles ou les cheveux,
aller au coin dans des postures contraignantes (le lever du pied 2 heures sans le poser), l’utilisation
des fils électriques, tuyaux, câbles,
• Les punitions écrites ;
• Des violences verbales (insultes, ségrégation, injures, menaces et brimades)
• Des privations (réduction des notes, interdiction de sortir à la récréation, interdiction de s’exprimer
et privation des cours et du sport).
• Des violences psychologiques.

Selon le point de vue des enseignants, la violence commise en milieu scolaire peut prendre les formes
suivantes :
• Violences entre élèves
• Destruction du matériel,
• punitions physiques ou morales,
• violences entre enseignants, directeur et parents.

Pour ce qui est des violences perpétrées envers les élèves par les enseignants eux-mêmes, les enseignants
évoquent les violences physiques, les violences verbales et les violences dites éducatives

Selon les mêmes enquêtes, le directeur, dans certaines écoles est utilisé par les enseignants comme
« bourreau » suprême en cas d’échec de leur autorité. Ce rôle du directeur peut être symbolique, mais
dans certains cas, il peut être effectif. Dans un système déjà violent, quelques directeurs d’écoles se
laissent entraîné à commettre de véritables actes de torture sur les élèves, pour en faire plus que leurs
enseignants.

13
C. Les motifs des punitions corporelles et des violences
perpétrées en milieu scolaire marocain

Selon les enquêtes réalisées au sujet de la violence, en milieu scolaire marocain, plusieurs raisons ou
causes sont à l’origine des violences.
Les motifs invoqués par les élèves sont les devoirs scolaires non faits, le retard, l’absence, l’indiscipline
flagrante à l’école, le non respect des règles du maître, les mauvais résultats, le bavardage en classe, les
difficultés personnelles des enseignants, l’incompréhension des cours de français, des cours d’arabe, des
cours de mathématiques, de sciences naturelles ; les difficultés de mémorisation des leçons d’éducation
islamique, de mathématiques, d’histoire et de géographie ; le manque d’hygiène.

Pour les enseignants, les motifs qui les poussent à punir les élèves et à recourir, par conséquent, à la
violence sont, selon leur ordre d’importance : l’indiscipline en classe, la dispute entre élèves, les devoirs
non faits, l’écriture sur les murs et sur les tables en classe, la paresse des élèves, la non motivation des
élèves, le vol des affaires entre élèves, les soupçons de rapports sexuels dans les toilettes. D’autres causes
de la violence perpétrée par les enseignants sont invoquées par ces derniers, il s’agit notamment des
programmes d’enseignement chargés et des classes surchargées.

D. Perception de la violence en milieu scolaire marocain


par les différents acteurs

Pour la majorité des enseignants, le châtiment infligé aux élèves a une valeur éducative et non punitive,
dans la plupart des cas. Selon les mêmes enseignants, les enfants ont besoin de les craindre pour mieux
travailler. Ils évoquent le fait que les violences aident à respecter l’école, à l’instauration d’une peur
nécessaire, à faire les devoirs. Cependant, la majorité des enseignants (85%), qui avaient eu recours à des
violences le regrettaient. Un fait particulier est à noter, les enseignants déclarent qu’ils peuvent éviter le
recours aux violences vis-à-vis des élèves lorsqu’ils sont aidés par les familles, ou dans le cas où il y
aurait communication avec les parents des élèves.
Pour les parents et les enfants, le recours aux châtiments corporels constitue un moyen indispensable pour
éduquer les enfants (50% pour les enfants, 52% pour les parents). Les enfants sont convaincus de la
légitimité des punitions corporelles à l’école. Ainsi, ils ont déjà intégré l’idée que les coups sont
nécessaires à la « bonne éducation » et aux apprentissages.
Pour les directeurs 79% d’entre eux sont conscients que le châtiment corporel est contraire aux droits de
l’enfant. 62% des enseignants. 70% des directeurs sont pour la participation des enfants aux CGE à
l’école primaire.

14
E. Les conséquences des pratiques de violence en milieu
scolaire

Les travaux réalisés sur le phénomène de violence en milieu scolaire montrent que les conséquences des
pratiques de violence sur les enfants peuvent varier selon leur nature et leur gravité, mais les
répercussions à court et à long terme sont très souvent graves et préjudiciables. En termes de coûts
économiques de la violence, la grande diversité des conséquences à court et à long terme de cette violence
semble indiquer que les coûts économiques pour la société sont considérables.
Sur le plan personnel, la violence peut entraîner, pour l’enfant, une plus grande prédisposition à des
troubles sociaux, émotionnels et cognitifs. Elle peut être à l’origine de comportements dangereux, chez
l’enfant, notamment pour sa santé, tels que l’abus de substances et l’initiation précoce à l’activité
sexuelle. Outre cela, des problèmes sociaux et mentaux connexes peuvent ainsi survenir : anxiété et
troubles dépressifs, hallucinations, déficience dans l’exécution des tâches, troubles de la mémoire et
comportement agressif. Il est à noter également qu’une exposition précoce, de l’enfant, à la violence est
associée ultérieurement au développement de maladies des poumons, du cœur et du foie et à des maladies
sexuellement transmissibles.

Dans le milieu scolaire marocain, les enquêtes réalisées sur le phénomène montrent que les conséquences
des violences perpétrées contre les enfants à l’école sont très négatives. A court terme, les enfants
expriment leur sentiment d’injustice et de révolte, leur peur, leur humiliation, leur dégoût, leur haine de
l’école, leur rejet des enseignants, leur désir d’abandonner l’école. Les actes de violence réveillent,
également en eux des sentiments d’infériorité, d’agressivité et des désirs de vengeance. A plus long terme,
l’école prend le risque grave de fabriquer des adultes craintifs, dociles, peu doués d’initiative, ayant perdu
le désir d’apprendre, agressifs en réponse aux violences subies, pou finir peu susceptibles, de s’inscrire
dans un projet démocratique ni de relever les défis de développement de leur pays.

Les mêmes enquêtes, réalisées en milieu scolaire marocain, ont conclu que plutôt de créer un climat de
sécurité affective, indispensable à l’épanouissement des enfants, il règne un climat d’insécurité et
d’anxiété fort peu propice aux apprentissages, ce qui laisse peu d’opportunité pour l’enfant de suivre sa
scolarité sans être victime de violences de la part de ceux qui ont pour mission de le protéger et de
l’éduquer. Les expériences profondément injustes traumatisantes vont constituer sans doute un handicap à
l’émergence chez le futur citoyen la compréhension du droit, le bien-fondé de la loi et de son respect.
Le désir de quitter l’école, comme conséquence de la violence perpétrée contre eux, exprimé par les
enfants interviewés, dans le cadre des enquêtes sur ce phénomène a été confirmé dans l’étude « opération
de recensement des enfants déscolarisés et non scolarisés par les enfants scolarisés », puisque « la
maltraitance des enfants par les enseignants » et « la maltraitance des enfants par leurs pairs » font partie
des causes principales de l’abandon scolaire, évoquées par les élèves enquêtés.

15
ANALYSE DU CADRE LEGISLATIF ET INSTITUTIONNEL

16
A. Analyse du cadre institutionnel

Les études réalisées au sujet de la violence en milieu scolaire, notamment celle faite par l’école de
psychologie, montrent que la violence est présente sous toutes ses formes avec une ampleur plus ou moins
différente, une présence plus accrue de la violence physique est à souligner. Dans les écoles primaires, on
assiste à une violence contre les enfants de la part des enseignants et des directeurs. Dans les lycées et les
collèges, on note l’existence de la violence entre acteurs, élèves/élèves, élèves/enseignants,
enseignants/élèves. Les élèves ont évoqué des types de violence tels que, la diminution des notes,
l’écriture de mots ou de phrases plusieurs fois. Les enseignants ont parlé de classes et de programmes
surchargés comme violence à leur égard. Nous pouvons conclure qu’une bonne partie de la violence en
milieu scolaire est due à des causes d’ordre pédagogique, de gestion éducative et d’organisation de la vie
scolaire. Ces causes peuvent être traitées en majorité dans le cadre de missions du directeur de
l’établissement, de ses collaborateurs et des différents conseils selon une approche participative basée sur
les droits humains.

1. Missions administratives dans les établissements scolaires en


relation avec la violence

a) Missions du personnel administratif :

Au niveau des établissements scolaires, l’une des attributions prioritaires des directeurs des établissements
scolaires est de veiller au bon déroulement de l’enseignement, au respect de l’ordre et d’assurer les
conditions nécessaires pour préserver la santé des personnes et la sécurité des biens (l’article 11 de
l’arrêté n°675.04.2 du 29 décembre 2004 pour l’organisation de base des établissements scolaires
publics).

Nous constatons que le directeur de l’établissement est le premier responsable de maintenir l’ordre à
l’intérieur de l’établissement et d’assurer la protection des élèves, des enseignants, du personnel
administratif et des visiteurs. Une question se pose à savoir, quels sont les moyens que le législateur a mis
entre les mains du directeur pour lui permettre de réaliser cette tâche efficacement ?

Dans les collèges et les lycées, des postes administratifs ont été crées dans ce sens, il s’agit de la
surveillance générale de l’externat et de la surveillance générale de l’internat quand il existe.

17
Le rôle principal assigné au surveillant général de l’externat, consiste à suivre de manière continue chacun
des élèves, en prenant en considération s tous les aspects de sa personnalité. Ces attributions sont
consignées dans « l’article 15 du même arrêté » :
• Suivi de la situation éducative, psychologique, sociale et de la santé des élèves ;
• Maîtrise et suivi des dossiers des élèves et réalisation de rapports sur leur scolarisation ;
• Contrôle des résultats inscrits par les enseignants dans les dossiers des élèves et réalisation des
travaux administratifs complémentaires ;
• Réception de rapports sur le comportement des élèves et proposition de cas qui ne se soumettent
pas aux règles disciplinaires au conseil de classe ou conseil de discipline quand c’est nécessaire ;
• Participation à l’organisation des examens et des évaluations, suivi et contrôle de ces opérations ;
• Préparation de rapports annuels sur l’assiduité et le comportement des élèves pour les proposer
aux conseils de classes.

Nous constatons que le législateur a pris en considération le suivi permanent de chacun des élèves à
l’intérieur de l’établissement scolaire par le surveillant en collaboration avec les enseignants dans le cadre
des conseils de classes constitués par les enseignants de chaque classe (article 30 du même arrêté). La
réalisation d’un suivi efficace participatif selon les modalités prescrites permettra sans doute d’identifier
de manière prématurée des facteurs qui peuvent être des causes de violence entre les différents acteurs,
élèves/élèves, élèves/enseignants. En effet et à titre d’exemple, l’étude réalisée par l’école de psychologie
révèle que des enseignants ont du recourir à la violence physique contre les enfants à cause de
l’absentéisme, des retards, des devoirs non faits, des comportements non disciplinaires. Or tout cela peut
être traité de manière préventive et participative entre le surveillant général et les conseils de classe dans
un premier temps et dans le cadre du conseil de gestion, le cas échéant. L’élève doit aussi être suivi par le
surveillant général de l’internat quand il est interne. Le surveillant général a comme mission de conserver
l’ordre et la discipline, de veiller aux bonnes conditions de vie des internes, de contrôler leurs activités
scolaires et l’organisation d’activités culturelles, sportives et artistiques (article 16 du même arrêté).

En plus de ce système de suivi des élèves qui contribue à la prévention et à l’intervention pour le
règlement de conflits et de comportement pouvant conduire à des actes de violence, le législateur n’a pas
oublié un autre acteur aussi important que l’élève, il s’agit de l’enseignant. En effet, des poste
administratifs ont été crées pour le suivi du travail éducatif et pédagogique des enseignants. A ce sujet, un
censeur est nommé au niveau des lycées, il a comme mission de (article 13 du même arrêté) :
• Suivi et coordination des travaux du personnel éducatif ;
• Organisation de l’aspect éducatif et des tableaux de service ;
• Suivi de la réalisation des curricula et des activités éducatives ;
• Préparation des travaux des conseils éducatifs et application de ses décisions ;
• Veiller en l’application de toutes les procédures pour la réalisation du travail éducatif ;
• Participation à l’organisation et au contrôle des examens et des évaluations.

Le suivi des enseignants par le censeur en collaboration avec les conseils éducatifs d’une part, et le suivi
des élèves par le surveillant général en collaboration avec les conseils de classes d’autre part, selon les
procédures prévues par la législation scolaire peuvent avoir un impact positif sur la réduction de la
violence en milieu scolaire.

Le suivi efficace de l’organisation pédagogique et de la réalisation des curricula peut agir largement sur la
violence en milieu scolaire. En effet, l’étude citée précédemment a montré que les enseignants
considèrent que les classes et les programmes surchargés sont une violence à leur égard et créent des
conflits avec les élèves.

18
b) Missions des conseils d’établissements :

En plus de ce personnel administratif, le législateur a prévu des structures à l’intérieur des établissements
scolaires pour renforcer l’approche participative des différents acteurs dans la gestion de l’établissement
scolaire. Il s’agit du conseil de gestion, du conseil pédagogique, des conseils d’enseignement, et des
conseils de classes. Cette approche participative se trouve concrétisée par la constitution des différents
conseils qui prend en considération la représentativité des différents acteurs et la complémentarité entre
les missions qui sont attribuées à ces quatre conseils.

En ce qui concerne la composition, dans l’école primaire, le conseil de gestion est constitué du directeur
comme président, un représentant des enseignants pour chaque niveau scolaire, un représentant des cadres
administratifs, le président de l’association des parents et un représentant de la commune (article 19 du
même arrêté). Au niveau des collèges et lycées, le CGE est constitué du directeur comme président, des
deux surveillants généraux, un représentant des enseignants pour chaque matière scolaire, l’économe, un
conseillé en orientation, deux représentants des cadres administratifs et techniques, le président de
l’association des parents, un représentant de la commune.

Le CGE, à travers cette représentativité large des différents acteurs, peut jouer un rôle primordial dans la
diminution de la violence dans l’établissement en veillant à la mise en œuvre de l’une de ses missions
essentielles, à savoir «Elaboration du règlement intérieur » (article 18 du même arrêté). Ce règlement peut
contenir toutes les règles à respecter et les comportements à adopter par les uns et les autres pour prévoir
tout acte de violence et agir efficacement en cas de besoin. Le législateur a responsabilisé directement le
CGE dans ce domaine en lui attribuant la mission qui consiste à « étudier les dispositions à entreprendre
pour sauvegarder l’établissement et ses biens » (même article). Le CGE est en mesure aussi de
promouvoir les activités culturelles, artistiques et sociales qui peuvent contribuer à la diminution de la
violence en milieu scolaire. En effet, ce conseil est missionné pour « étudier le programme annuel des
activités et le suivi de leur réalisation ». Ce programme, pour être efficace, doit prendre en considération
les avis des autres conseils comme cela est prévu par la législation. A ce sujet, le CGE doit « étudier les
plans d’action proposés par les autres conseils de l’établissement, les valider et les intégrer dans le
programme annuel de l’établissement » (même article).

En ce qui concerne le conseil pédagogique, il est composé dans les écoles primaires du directeur comme
président, un représentant des enseignants de chaque niveau scolaire. Dans les collèges et les lycées, ce
conseil est composé du directeur comme président, le surveillant général de l’externat, un représentant des
enseignants des différentes matières scolaires, le conseillé en orientation et le président de l’association
des parents. On constate que ce conseil constitue une partie du CGE, ce qui peut aider à une meilleure
collaboration entre les décisions administratives et pédagogiques par rapport à la violence.

Quand on analyse les causes de la violence entre les élèves et les enseignants, on constate que les
examens, les résultats obtenus par les élèves, l’organisation pédagogique, les conditions de réalisation des
curricula, la coordination entre les différentes disciplines sont souvent cités comme causes principales de
la violence en milieu scolaire. Or, ce conseil peut agir sur ces facteurs à travers l’exercice de quelques
unes de ses missions (article 23 du même arrêté) :
• Elaboration de projets de programmes éducatifs annuels et d’activités de soutien et parascolaires,
en suivant leur réalisation ;
• Proposition de recommandations sur les curricula au conseil d’administration des AREF ;
• Coordination entre les différentes matières ;
• Emettre des suggestions par rapport à la distribution des élèves dans les classes et les répartitions
horaires ;
• Programmation des examens au niveau des établissements.

19
La législation a prévu la mise en place de conseils d’enseignement qui préparent les rapports et les
données au conseil pédagogique. Ces conseils sont composés des enseignants de la même matière. Ils sont
ainsi inclus et représentés dans le CGE et le CP. Les missions de ces conseils sont d’ordre pédagogiques
et relatives à chacune des matières scolaires. Une réalisation efficace des attributions des conseils
d’enseignement aura sans doute une influence positive sur la réduction des conflits entre les différents
acteurs et par conséquent la diminution de la violence en milieu scolaire. En effet, les prérogatives de ces
conseils touchent directement les intéressés qui sont les élèves et les enseignants et influencent la prise de
décisions auprès du CP et du CGE. Les missions en question concernent la coordination horizontale et
verticale entre les enseignants de la même matière, le suivi de la situation de l’enseignement de chaque
matière, la mise en évidence des difficultés qui entravent la réalisation des curricula, l’identification des
besoins des enseignants en formation, les répartitions horaires de l’enseignement de chaque matière,
l’organisation des examens et des évaluations pour chaque matière (article 26 du même arrêté). Il est
évident que si l’ensemble de ces tâches sont prises en considération, de manière participative, par le CP et
le CGE, ça ne peut que donner de bons résultats en ce qui concerne la gestion des conflits.

Les conseils de classes ont des attributions de suivi des élèves par rapport à leurs résultats scolaires et à
leurs comportements. Ils ont un rôle important à jouer dans l’amélioration des acquis des élèves par le
moyen d’organisation d’activités de soutien aux élèves en difficultés d’apprentissage. Cet aspect est
souvent source de problèmes et de conflits entre élèves et enseignants. Il est important de signaler aussi
que c’est ce conseil qui est concerné par le traitement de cas d’élèves qui s’avèrent ayant des problèmes
de discipline et de respect du règlement intérieur. Il a les prérogatives de prendre les décisions adéquates
vis-à-vis de ces élèves. Il est important de conclure que si le personnel administratif et le personnel
éducatif arrivent à assurer les missions qui leurs sont attribuées individuellement, puis dans le cadre des
conseils des établissements de manière concertée, l’ampleur de la violence en milieu scolaire va diminuer.

2. Décisions de remédiation :

Le conseil de classe est la structure concernée par la prise de décision par rapport à un élève qui a commis
un acte considéré comme contraire au règlement intérieur ou comme acte violent. La nature des punitions
prises à l’égard des élèves peut varier d’un simple avertissement jusqu’au renvoi de l’établissement. Ceci
dépend de la nature de l’acte commis.

Par rapport au personnel (enseignants, directeur, cadres administratifs), le guide des affaires disciplinaires
élaboré dans le cadre du « projet de soutien de la décentralisation et de la déconcentration dans la gestion
des ressources humaines », postule, dans l’article1, qu’une infraction est commise quand un
fonctionnaire ne se conforme pas aux missions qui lui sont assignées ou quand il commet un acte
contraire aux lois en vigueur. L’article1 a précisé une vingtaine de ces actes dont les suivants :
• Refus de travailler (commentaire : quand un enseignant ou un élève ne montre pas une motivation
suffisante dans le travail, cela risque de créer des conflits en classe ou entre eux et
l’administration) ;
• Le recours à la violence physique ou aux insultes contre les élèves, les fonctionnaires ou les
responsables ;
• Abus de pouvoir ;
• Manque d’encadrement, de contrôle pédagogique et refus de participer à des sessions de formation
(commentaire : le manque de formation du personnel éducatif et administratif peut les amener à
recourir à des actes de violence au lieu de procédés pédagogique. C’est le cas des enseignants qui
frappent les élèves à cause de leurs résultats) ;

20
• Tricher dans les examens et fausser les notes et les résultats (commentaire : quand un élève
recours à la tricherie ou quand un enseignant n’est pas objectif dans sa notation, cela risque de
créer des conflits) ;

Parmi les décisions qui peuvent être prises vis-à-vis des fonctionnaires qui ont commis une infraction
parmi celles citées précédemment, on trouve dans l’article1 les suivantes :
• Quand le fonctionnaire n’a pas d’antécédents, c’est l’administration locale qui applique les
procédés en vigueur. Il peut s’agir, selon la gravité de l’infraction, de :
 Donner des explications par écrit à l’administration ;
 Avertissement ;
 Taoibikh
• Quand le fonctionnaire a des antécédents et que les décisions précédentes sont épuisées, ou que
l’acte commis est considéré comme grave, l’administration locale doit présenter le dossier au
conseil de discipline ;
• Dans le cas ou un fonctionnaire continue à commettre les mêmes actes malgré les punitions
précédentes, l’administration peut demander un arrêt provisoire de travail

3. Les notes ministérielles :

En plus de ces structures, le ministère a émis des notes et des circulaires qui visent la diminution de la
violence en milieu scolaire.

A cet effet, nous pouvons citer :

La note n°807/99 du 23 septembre 1999, elle traite des points majeurs suivants :
• Éviter d’utiliser toute forme de violence physique ou psychologique contre les élèves ;
• Promouvoir l’esprit de dialogue et l’encouragement de la liberté d’expression et d’opinion en
classe et dans les différents espaces de l’établissement ;
• Organisation de séances de sensibilisation pour faire connaître les dangers de la violence en milieu
scolaire et ses effets négatifs sur les plans psychologique et éducatif ;
• Inciter tout le monde à adopter l’esprit de tolérance, le respect de la dignité de l’être humain et
celle de l’enfant en particulier.

La note ministérielle n°87 du 10 juillet 2003 portant sur la redynamisation de la vie scolaire, elle relate les
points suivants :
• Intégration des principes de l’équité et de l’esprit de dialogue,
• L’acceptation de la différence, l’adoption de la pratique démocratique et le respect des droits de
l’homme et de sa dignité ;
• Encouragement et instauration de comportements positifs et adoption de bonnes conduites vis-à-
vis de l’ensemble des acteurs de la vie scolaire ;
• Constitution de comités régionaux, provinciaux et locaux pour la redynamisation de la vie
scolaire ;
• Activation, redynamisation des rôles des différentes associations crées au niveau des
établissements.

21
La note ministérielle n°88 du 10 juillet 2003 portant sur l’utilisation des espaces des établissements
scolaires, elle contient un point important :
• Diffusion du règlement intérieur de l’établissement et sensibilisation de tous à la nécessité de son
respect pour le sauvegarde de l’intégrité de l’établissement et l’instauration de valeurs nobles, dont
l’adoption d’un comportement civique basé sur le refus de la violence et le respect de l’autre.

Un projet de règlement intérieur a été proposé, il est constitué des éléments suivants :
• S’imprégner de l’esprit de tolérance, le respect de l’autre et le recours au dialogue dans le cas de
différence ;
• Sauvegarde et entretien de l’établissement en tant que bien public ;
• Maintenir la paix et la sécurité pour les personnes par le respect des individus et des biens.

La note ministérielle n°89 du 18 janvier 2000 dont l’objet est « le renforcement des conditions de sécurité
dans lycées ». Cette note invite l’ensemble des responsables à mettre en place des conditions de sécurité
des lycées, des élèves filles et garçons à l’intérieur de l’établissement et dans son environnement
immédiat. Trois modalités de travail sont relatées par la note :
• Identification de toutes les causes qui peuvent amener à toucher aux biens de l’établissement, à sa
sécurité et à celle de ses élèves (clôture, portes, fenêtres, heures creuses,….) ;
• Elaboration d’un plan d’action d’urgence et sa mise en place pour remédier aux causes identifiées
en faisant participer l’association des parents à toutes les étapes du plan d’action ;
• Faire participer les communes et les cercles de sécurité dans le cadre de leurs responsabilités par
rapport à la lutte contre le phénomène de la violence.

La note n°42 du 12 avril 2001, dont l’objet est « la redynamisation des clubs éducatifs dans les
établissements scolaires ». Elle rappelle que les clubs constituent un espace propice pour
l’épanouissement des élèves dans différents domaines et pour la découverte de leurs dons. Selon la même
note, les clubs sont un espace de dialogue et de coopération entre les jeunes. Suite à l’importance des
clubs sur le plan éducatif, il a été décidé de faire du 20 avril 2001, une journée de relance des clubs en
redynamisant ceux qui existent et en créant d’autres. Ces clubs peuvent être exploités par les différents
conseils de l’établissement pour des activités qui auraient un impact positif sur le phénomène de la
violence.

La note n°3 du 4 janvier 2006 concernant « la redynamisation du rôle des APTE ». Cette note vise une
extension du rôle des APTE pour intégrer de nouvelles activités dont :
● La sensibilisation de parents autour des droits de l’enfant
● L’instauration de l’esprit de citoyenneté, de tolérance, des principes de coopération et des droits de
l’homme
● La lutte contre la violence en milieu scolaire
● Le travail avec toutes les parties concernées pour l’intégration des élèves à l’école.

22
B. Analyse du cadre législatif

1. Ce que prévoient les conventions internationales et en particulier la


Convention relative aux droits de l'enfant

La protection est un thème transversal que l'on retrouve tout au long de la convention relative aux droits
de l'enfant.

On peut cependant mentionner en particulier :


- article 19 : protection contre les mauvais traitements ou toute forme de violence perpétrée par ses
parents ou toute autre personne à qui il est confié
- article 32 : protection de l'enfant contre tout travail mettant en danger sa santé, son éducation et
son développement.Cet article doit être lié aux conventions de l'OIT, en particulier :
- Convention de l'OIT n° 182 sur les pires formes de travail des enfants, entrée en vigueur
le 19 novembre 2000, ratifiée par le Maroc le 26 janvier 2001, publiée au B.O. du 4
décembre 2003, p. 1319, en même temps que la recommandation n° 190 concernant
l'interdiction des pires formes de travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur
élimination, p 1324).
- Convention de l'OIT n° 138 concernant l'âge minimum d'admission à l'emploi, entrée en
vigueur le 19 juin 1976, ratifiée par le Maroc le 6 janvier 2000, publiée au Bulletin officiel
du 20 juillet 2000, p. 681.
- article 34 : protection contre la violence et l'exploitation sexuelle y compris la prostitution et la
participation à toute production pornographique. Article auquel il faut ajouter le Protocole
facultatif à la Convention internationale des droits de l'enfant, concernant la vente d'enfant, la
prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, adopté le 25 mai 2000,
entré en vigueur le 18 janvier 2002, ratification par le Maroc le 2 octobre 2001
- article 35 : protection contre la vente, la traite, et l'enlèvement.Cet article doit être lié à la
Convention supplémentaire relative à l'abolition de l'esclavage, de la traite des esclaves, et des
institutions et pratiques analogues à l'esclavage du 7 septembre 1956, entrée en vigueur le 30 avril
1957, ratification du Maroc le 11 mai 1959.N.B. Selon l'article 1er in fine de cette convention, les
Etats parties s'engagent à prendre toutes mesures pour éliminer "toute institution ou pratique en
vertu de laquelle un enfant ou un adolescent est remis, soit par ses parents ou par l'un deux, soit
par son tuteur, à un tiers, contre paiement ou non, en vue de l'exploitation de la personne ou du
travail dudit enfant ou adolescent".
- article 37 : protection contre la torture et les privations de liberté
- article 36 : protection contre toutes autres formes d'exploitation non citées dans les autres articles
de la convention.
- article 39 : réadaptation, réinsertion : fait à l'Etat l'obligation de faire en sorte que les enfants
victimes de conflits armés, de torture, de négligence, d'exploitation ou de sévices bénéficient de
traitements appropriés pour assurer leur réadaptation et leur réinsertion sociale.

23
2. Ce que prévoient le code pénal et le code de procédure pénale1

Le code pénal et le code de procédure pénale, prévoient les mesures relatives à l'enfant victime
d'infraction, à l'enfant en situation difficile et à l'enfant en conflit avec la loi.

a) L'enfant victime d'infraction

Toutes les violences punissables lorsqu'elles sont commises sur des adultes le sont également lorsqu'elles
concernent des enfants.

Mais certains actes ne sont punis que dans la mesure où ils concernent des enfants (par exemple privation
de soin, pornographie mettant en scène des enfants, vente et achat d'enfant, exploitation d'enfant pour la
mendicité…) d'autres sont punis plus sévèrement dès lors que c'est un enfant qui en est victime (coups et
blessures, incitation à la débauche, viol et attentat à la pudeur…).

Les principales infractions prévues par le code pénal2sont :


* Abandon de famille : articles 479 à 482
* Abandon et provocation à l'abandon : articles 465 à 467
* Enlèvement et détournement de mineurs : articles 471 à 476
* Exploitation des enfants pour la mendicité : articles 326 et 330
* Exposition et délaissement des enfants et des incapables : articles 459 à 464
* Incitation à la débauche, proxénétisme : articles 497 et 498
* Mauvais traitements et privations à enfants : articles 408 à 411
* Pornographie mettant en scène des enfants : article 503-2
* Travail forcé : article 467-2
* Vente et achat d'enfant : article 467-1
* Viol et attentat à la pudeur : articles 484 à 486

b) Mesures de signalement des violences et de mauvais traitements


des enfants

♦ La levée du secret médical (article 446 du code pénal) en cas de faits délictueux, d’actes de
mauvais traitements ou de privations perpétrés contre des mineurs de moins de dix huit ans et
dont elles ont eu connaissance à l'occasion de l'exercice de leur profession ou de leurs
fonctions.

♦ L'incrimination de l'omission de porter secours (articles 430 et 431 du code pénal) : le code pénal
sanctionne d'une peine d'emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende ou de
l'une de ces deux peines seulement, quiconque s'abstient volontairement de porter secours à
une personne en danger, lorsque ce secours peut être apporté sans risque (article 431). La
même peine est prévue par l'article 430 pour celui qui, pouvant sans risque empêcher un
crime ou un délit contre l'intégrité corporelle, s'abstient volontairement de le faire.

1
Guide des procédures juridiques, Michèle Zirari, 2005

24
♦ L'incrimination de la non-dénonciation de crime (article 299 du code pénal) : l'article 299
sanctionne d'un emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende, ceux qui ayant
connaissance d'un crime déjà tenté ou consommé n'en ont pas aussitôt averti les autorités. La
peine est doublée lorsque la victime du crime ou de sa tentative est un mineur de dix huit ans.

c) les sanctions pénales des violences commises sur des enfants

♦ Les coups, blessures, violences, privations

L’article 408 du code pénal sanctionne dans le même article les coups, blessures, violences, voies
de faits et privations à enfant : "Quiconque volontairement fait des blessures ou porte de coups à un
enfant âgé de moins de quinze ans ou l'a volontairement privé d'aliments ou de soins au point de
compromettre sa santé ou commet volontairement toutes autres violences ou voies de fait à l'exclusion des
violences légères…".
Il doit s'agir d'un enfant âgé de moins de quinze ans. Au-dessus de quinze ans les coups, blessures et
violences sont punis comme s'il s'agissait d'un adulte (articles 400 et suivants, les peines sont moins
importantes et les privations ne sont plus une infraction).

La sanction de l'infraction est proportionnée à la gravité du résultat produit par les coups ou privations :
- Incapacité3 inférieure ou égale à 20 jours : un à trois ans d'emprisonnement
- Incapacité supérieure à 20 jours : deux à cinq ans d'emprisonnement.
Dans ces deux hypothèses il s'agit de délits qui relèvent du tribunal de première instance.
- incapacité permanente : réclusion de dix à vingt ans
- mort sans intention de la donner : réclusion de vingt à trente ans
- mort sans intention de la donner mais par l'effet de pratiques habituelles : réclusion perpétuelle
- mort avec intention de la donner : peine de mort.
Dans des quatre derniers cas il s'agit de crimes qui relèvent de la chambre criminelle de la cour d'appel.

La sanction est aggravée lorsque l'auteur de l'infraction est un ascendant ou toute autre personne ayant
autorité sur l'enfant ou sa ayant sa garde.
Si l'enfant à entre quinze et dix huit les sanctions sont moins élevées. Ce sont celles prévues par les
articles 400 et suivants du code.

♦ Les violences sexuelles

Les violences sexuelles sont sanctionnées par le code pénal, quelle que soit la victime. Mais
lorsque celle-ci est un enfant les sanctions sont aggravées. Par ailleurs, le code prévoit des incriminations
spécifiques pour les enfants.

Le viol (art. 486) : C'est l'acte par lequel l'homme a des rapports sexuels avec une femme contre le gré de
celle-ci.
Le viol est un crime punissable de la réclusion de dix à vingt ans lorsqu'il est commis sur la personne
d'une mineure de dix huit ans. Si la défloration s'en est suivie ou si le coupable est un ascendant ou une
personne ayant autorité sur le mineur, la réclusion passe à une durée de vingt à trente ans.

L'attentat à la pudeur avec violence (article 485) consiste dans tout acte immoral d'ordre sexuel, imposé
par la violence.

3
L'expression "incapacité de travail" utilisée par le législateur, signifie l'incapacité d'avoir une activité normale.

25
Comme le viol, l'attentat à la pudeur avec violence est un crime punissable, s'il est commis sur la personne
d'un (d'une) mineur de dix huit ans, de la réclusion de dix à vingt ans. Si la défloration s'en est suivie ou si
le coupable est un ascendant ou une personne ayant autorité sur le mineur, la réclusion passe à une durée
de vingt à trente ans.

Le proxénétisme (article 498 et 499) consiste à encourager, faciliter ou profiter de la prostitution d'autrui.
C'est un délit. Lorsque la personne que l'on pousse à la prostitution est un (ou une) mineur de dix huit ans
la sanction est l'emprisonnement de deux à dix ans.

L'attentat à la pudeur sans violence (article 484) n'est punissable que s'il est commis sur un mineur de dix
huit ans Il consiste dans tout acte immoral d'ordre sexuel non pas imposé par la violence.
L’attentat à la pudeur avec violence est un délit : La sanction est l'emprisonnement de deux à cinq ans. Si
la défloration s'en est suivie ou si le coupable est un ascendant ou une personne ayant autorité sur le
mineur, la peine est la réclusion de cinq à dix ans.

L'incitation de mineur à la débauche (article 497) consiste à pousser un mineur de dix huit ans à
commettre tout acte immoral y compris à se prostituer. C'est un délit dont la sanction est la même celle du
proxénétisme, l'emprisonnement de deux à dix ans.

L'exploitation de mineurs pour la pornographie (article 503-2)


C'est une infraction introduite récemment dans le code pénal. Le nouvel article consacré à cette
incrimination prévoit : "quiconque provoque, incite ou facilite l'exploitation d'enfants de moins de dix huit
ans dans la pornographie par toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d'un acte sexuel réel,
simulé ou perçu ou toute représentation des organes sexuels d'un enfant à des fins de nature sexuelle".
C'est un délit : La peine est l'emprisonnement d'un an à cinq ans et une amende de dix mille à un million
de dirhams. La tentative de ce délit est punissable.

L'infraction est punissable même si certains de ses éléments ont été commis dans d'autres pays que le
Maroc. Cette disposition permet au juge de se reconnaître compétent, même si tous les éléments de
l'infraction n'ont pas été commis au Maroc. C'est une mesure indispensable car ce type d'infraction est
rarement commis à l'intérieur d'un seul pays. Utilisant les techniques modernes de communication, il a le
plus souvent un caractère transnational.

♦ Mesures de sûreté et circonstances aggravantes

Encourent des circonstances aggravantes, les auteurs des violences qui sont :
- ascendant, personne ayant autorité sur l'enfant, tuteur, serviteur, fonctionnaire ou ministre
d'un culte ou si le coupable a été aidé par une ou plusieurs personnes (art. 487).
- ascendant de l'enfant, une personne chargée de sa protection ou ayant autorité sur lui (article
503-2).

La déchéance de puissance paternelle (article 88 du code pénal) : parmi les mesures de sûreté
prévues par le code pénal figure la déchéance de puissance paternelle, prévue par l'article 88. Cet article
dispose que "lorsqu'une juridiction de jugement prononce contre un ascendant une condamnation pour
crime ou délit légalement punissable d'emprisonnement commis sur la personne d'un de ses enfants
mineurs, et qu'elle constate par une disposition expresse de sa décision que le comportement habituel du
condamné met ses enfants mineurs en danger physique ou moral, elle doit prononcer la déchéance de la
puissance paternelle".

 L'introduction de la récidive de délits commis à l'encontre d'enfants mineurs (article 158 du code
pénal) : la loi 24-03 publiée le 4 janvier 2004 a créé une nouvelle catégorie pour la récidive : les délits
commis à l'encontre des enfants mineurs de dix huit ans.

26
♦ Le travail forcé des enfants

Le Code pénal sanctionne le travail forcé des enfants (article 467-2) :Sans préjudice des peines plus
graves, est puni de l'emprisonnement d'un à trois ans et d'une amende de cinq mille à vingt mille dirhams,
quiconque exploite un enfant de moins de quinze ans pour l'exercice d'un travail forcé, fait office
d'intermédiaire ou provoque cette exploitation.On entend par travail forcé au sens de l'alinéa précédent,
le fait de contraindre un enfant à exercer un travail interdit par la loi ou à effectuer un travail
préjudiciable à sa santé, à sa sûreté, à ses mœurs ou à sa formation.

La sanction est l'emprisonnement d'un à trois ans et l'amende de cinq mille à vingt mille dirhams.
C'est donc un délit qui relève du tribunal de première instance.

d) mesures de protection des enfants victimes de violence

Le code de procédure pénale contient des dispositions destinées à protéger l'enfant victime d'infraction.
Ces mesures sont prévues par les articles 510 et 511. Elle peuvent intervenir à deux moments : soit lors de
la poursuite de l'infraction commise sur l'enfant, soit lors du jugement de cette infractions :

 Lors de la poursuite de l'infraction commise sur l'enfant ( article 510 du code de procédure pénale) :
"Lorsqu'un crime ou un délit a été commis sur la personne d'un mineur de dix huit ans, le juge des
mineurs ou le conseiller chargé des mineurs peut, sur les réquisitions du ministère public ou même
d'office mais après avis du ministère public, décider par simple ordonnance que ce mineur sera
jusqu'au jugement définitif de ce crime ou de ce délit, soit placé chez une personne digne de
confiance, ou dans un établissement ou une œuvre privée ou association reconnue d'utilité
publique, soit confié au service ou établissement public chargé de l'assistance".

Le juge peut se saisir d'office lorsqu'il en est informé ou être saisi par le ministère public (qui est informé
de toutes les infractions poursuivies et jugées) :
 le juge des mineurs ou le conseiller des mineurs peut décider du placement :
- soit chez une personne digne de confiance ou dans un établissement ou une œuvre privée ou
une association reconnue d'utilité publique,
- soit confié au service ou établissement public chargé de l'assistance.
 Le juge peut également ordonner une expertise médicale, psychologique ou psychiatrique afin de
déterminer la nature et l'ampleur des dommages subis par lui et voir s'il a besoin d'un traitement
approprié à son état.

 Lors du jugement de l'infraction (article 511 du code de procédure pénale)


"En cas de condamnation prononcée pour un crime ou un délit commis sur la personne d'un
mineur, le ministère public peut, si l'intérêt du mineur l'exige, saisir le juge des mineurs ou le
conseiller des mineurs compétents qui peuvent ordonner toutes mesures de protection utiles. Ils
peuvent ordonner l'exécution immédiate de leur décision.

Le ministère public et le mineur ou ses parents, son tuteur, son tuteur datif, la personne ayant sa
garde, la personne qui le prend en charge ou la personne à qui il a été confié, peuvent interjeter
appel de la décision du juge dans les dix jours de son prononcé, devant la chambre
correctionnelle des mineurs près la cour d'appel".

27
Si aucune mesure concernant le mineur n'a été prise au moment de la poursuite de l'infraction, l'article 511
prévoit que, au moment du jugement, le ministère public, "peut si l'intérêt du mineur l'exige" (ce n'est
donc pas obligatoire), déférer l'affaire au juge des mineurs ou au conseiller chargé des mineurs. Le juge
ou le conseiller prennent alors les mesures qu'ils estiment adéquates. Ils peuvent ordonner l'exécution
immédiate de ces mesures.

Le code ne précise pas ici de quelles mesures il s'agit. On peut raisonnablement penser qu'il s'agit des
mesures prévues par le code de procédure pénale pour l'enfant en situation difficile. Ce sont les mesures
de garde provisoire prévue par l'article 471 du code pénal à savoir :
- remise à ses parents, à son tuteur, à son tuteur datif, à la personne qui le prend en charge ou qui est
chargée de sa garde,
- remise à la section d'accueil d'une institution publique ou privée habilitée à cet effet,
- remise au service public ou établissement public chargé de l'assistance à l'enfance ou à un
établissement hospitalier, notamment au cas de nécessité d'opérer une cure de désintoxication,
- remise à un établissement ou à une institution de formation professionnelle ou de soins, relevant
de l'Etat ou d'une administration publique habilitée ou à un établissement agréé,
- remise à une association reconnue d'utilité publique, habilitée à cet effet.

3. Ce que prévoit le code du travail4

Le code du travail prévoit deux sortes d'interdictions :


* faire travailler un enfant de moins de quinze ans,
* employer à certains travaux des enfants de moins de 18 ans ou de moins de 16 ans

Le code du travail (article 146) fixe l’âge d'accès au travail à quinze ans révolus : "Les mineurs ne peuvent
être employés ni être admis dans les entreprises ou chez les employeurs avant l'âge de quinze ans
révolus".

La sanction est fixée par l'article 151 du code du travail. C'est une amende de 25.000 à 30.000 dirhams.
En cas de récidive la peine est l'amende de 50.000 à 60.000 dirhams et l'emprisonnement de 6 jours à trois
mois, ou l'une de ces deux peines seulement.
L'infraction est un délit.

Dans le souci de leur protection le code interdit d'employer des mineurs ayant atteint l'âge de quinze mais
n'ayant pas atteint celui de dix huit ans ou de seize ans selon les activités envisagées, à certains travaux :
- tours de force périlleux, exercices d'acrobatie, de contorsion ou tout travaux comportant des risques
pour leur vie, leur santé ou leur moralité, interdits aux mineurs de dix huit ans ;
- emploi dans les carrières ou des travaux souterrains interdits aux mineurs de dix huit ans
- travail de nuit interdit aux mineurs de seize ans.
- travail salarié de comédien ou interprète dans des spectacles publics sans autorisation écrite de
l'inspection du travail, pour les mineurs de dix huit ans.
- emploi des mineurs de dix huit ans à des travaux qui présentent des risques de danger excessif,
excèdent leur capacité ou risquent de porter atteinte aux bonnes mœurs. La liste de ces travaux est
fixée par voie réglementaire5.

Les sanctions sont des peines d'amende. Ces infractions sont des délits de police ou des contraventions

4
Guide des procédures j, Michèle Zirari, 2005
5
Liste fixée par décret n° 2-04-682 du 29 décembre 2004, B.O. du 6 janvier 2005, p. 29.

28
4. La non-scolarisation des enfants

Le dahir du 13 novembre 1963 relatif à l'obligation de l'enseignement fondamental (modifié en 2000)


prévoit que l'enseignement est obligatoire jusqu'à l'âge de quinze ans révolus6. Ce texte fait obligation à
toute personne responsable d'un enfant, au cours de l'année où celui-ci atteint l'âge de six ans, de
demander son inscription dans un établissement d'enseignement. L'obligation pèse sur "les personnes
responsables" qui doivent en outre veiller à ce que l'enfant fréquente régulièrement l'établissement où il
est inscrit (article 3) :
- Toute personne responsable d'un enfant doit, au cours de l'année où il atteint l'âge de six ans,
demander son inscription dans un établissement d'enseignement. Elle doit en outre veiller à ce que
l'enfant fréquente régulièrement l'établissement où il est inscrit (article 3).
- Tout manquement des personnes responsables aux obligations qui découlent du présent dahir …fera
l'objet d'un avertissement par les autorités locales. Les personnes responsables qui, sans excuse valable,
ne se seront pas, dans le délai fixé par l'avertissement, conformée aux dispositions de la présente loi
seront passible d'une amende de 120 à 800 dirhams (article 6).

La loi précise qui doit être considéré comme personne responsable et par voie de conséquence considéré
comme auteur de l'infraction (article 5) :
a. Le père ou, à défaut ou en cas d'incapacité, la mère
b. le tuteur, la personne préposée la kafala ou le tuteur légal ;
c. les directeurs, administrateurs ou gérants de tout établissement ayant pour objet la garde et
l'entretien, à titre permanent, d'enfants orphelins ou abandonnés.

La sanction est une amende de 120 à 800 dirhams. En cas de récidive, le maximum de l'amende est
toujours encouru.
L'infraction est une contravention. Elle relève du tribunal de première instance.

Les dispositions législatives relatives à la protection de l'enfant contre la violence ont connu ces dernières
années des progrès notables (nouveau code de procédure pénale, loi sur l'état civil, nouvelle loi sur la
kafala, introduction dans le code pénal de nouvelles infractions sanctionnant les violences à l'égard des
enfants, code du travail, code de la famille…).
Pour veiller à la protection des enfants placés en institution, la loi 14/05 instaurant les normes et standards
des structures d’accueil et d’hébergement, vient de voir le jour.
Par ailleurs, dans le cadre du PANE (Plan d’actions national pour l’enfance) et plus particulièrement dans
le cadre de lutte contre le travail domestique des enfants, un projet de loi réglementant le travail
domestique vient d’être élaboré et en cours de validation.

6
- Loi n° 04-00 promulguée par dahir n° 1-00-200 du 19 mai 2000 (15 safar 1421) modifiant le dahir n° 1-63-071 du 13
novembre 1963 (25 joumada II 1383) relatif à l'obligation de l'enseignement fondamental, B.O. n° 4800 du 1er juin 2000, p. 483

29
ANALYSE DES INTERVENTIONS ET REPONSES
APPORTEES

30
Dans le vaste domaine de la protection de l’enfance, de nombreuses actions sont menées et sont le fait
d’associations ou de départements ministériels.

A. Réformes législatives
Ces dernières années, le dispositif juridique a enregistré des progrès notables dans le domaine de la
protection de l’enfant contre toutes formes de violence (cf chapitre cadre législatif).
De même qu’ont été élaborés en partenariat avec l’Unicef, un guide de procédures et un document de
synthèse de tous les textes de loi régissant la protection de l’enfant.

B. Sensibilisation, Education aux droits de l’enfant

En vue de prévenir la violence à l’égard des enfants, des campagnes médiatiques ont été
réalisées.Récemment, dans le cadre du programme INKAD visant la lutte contre le travail domestique des
enfants, des spots télévisés sont actuellement en cours de diffusion.
Des clubs d’enfants au sein des écoles et d’ONG visent l’éducation des enfants à leurs droits.

C. Formation des intervenants

Des plans de formation destinés aux juges, officiers de police/ gendarmerie chargés de la protection des
mineurs, inspecteurs de travail ont été élaborés et mis en œuvre.

D. Structures et centres d’écoute d’enfants victimes de


violence

1. Ministère de la Santé

Conformément aux directives de la circulaire ministérielle (985/DHSA du 28 Août 2000), 11 centres


d’écoute et d’orientation des enfants victimes de violence ont été mis en place depuis 5 ans, dans 11
provinces et préfectures : Agadir, Fès, Tétouan, Casablanca, Laayoune, Marrakech, Meknès, Oujda-
Angad, Rabat, Safi, Tanger-Assilah.

Ces centres assurent la prise en charge médicale, psychologique et l’orientation vers la justice des enfants
victimes de violence.

Suite à une évaluation de ces centres qui conclut globalement à une prise en charge jugée insuffisante, des
mesures ont été prises en vue d’assurer une prise en charge intégrée et non purement organiciste, qui se
veut à la fois :
- clinique : par le médecin, gratuite y compris les certificats médicaux
- psychologique par un psychologue et/ou un psychiatre
- sociale (assistante sociale)
- juridique (avocat, juge)
Dans ce sens, un protocole de prise en charge a été élaborée.

31
2. L’Observatoire National des Droits de l’Enfant

a créé un centre d’écoute et lancé un numéro vert national - 080002511 -en 2000. Ce centre est chargé de
l’accueil, de l’orientation des enfants victimes de maltraitance et du traitement des dossiers nécessitant
une intervention juridique, médicale et psychosociale. Ce centre d’écoute est en priorité mis à la
disposition :
 des enfants âgés de moins de 18 ans, quel que soit leurs conditions socioculturelles et
socioéconomique ou leur milieu urbain, périurbain ou rural.
 Des membres de leur entourage immédiat (familial, amical, de voisinage ou professionnel,
témoins d’actes de mauvais traitement et désireux de leur venir en aide).
 Des responsables et membres de l’environnement associatifs de proximité oeuvrant en faveur
des enfants en situation difficile
 Des responsables et membres des institutions concernées : la sûreté nationale, de la santé, de la
justice.

3. Ministère de l’Education

Des centres d’écoute et de soutien psychosocial ont été initiés dans certaines écoles.
Dans le cadre de la mise en œuvre du programme multisectoriel « Jeunes pour Jeunes », une étude de
faisabilité des centres d’écoute pour enfants scolarisés, vient d’être réalisée en partenariat avec le
FNUAP.
Cette étude a eu pour objectifs de :
- proposer des scénarii de modélisation des espaces d’écoute destinés aux enfants scolarisés
- déterminer les conditions de faisabilité des centres d’écoute
- concevoir un dispositif de suivi et d’évaluation d’impact des centres d’écoute mis en place

4. ONG

Quelques ONG ont mis en place des centres d’écoute et d’orientation pour enfants, destinés plus
particulièrement à l’accompagnement psychosocial et à la promotion des droits de l’enfant.

E. Structures d’accueil et d’hébergement et de prise en


charge intégrée des enfants victimes de violence

Vu la faiblesse des structures étatiques en matière de prise en charge des enfants victimes de violence, les
ONG sont pour l’instant, les principaux acteurs intervenant dans ce domaine.

Les types de prise en charge de ces enfants ainsi que le volume de prestations rendues sont variables en
fonction de la taille et de la spécificité des ONG.

32
Ces prises en charge intègrent plusieurs volets :
- médical : soins ambulatoires ; hospitalisations.
- psychologique : entretiens individuels, écoute, focus group, prise en charge psychothérapeutique
- juridique : plainte ; constitution en partie civile
- accueil : structures de jour ; structures permanentes
- réhabilitation et de réinsertion : éducation, initiation et formation professionnelle,
- médiation et accompagnement familial en vue d’une réintégration familiale (famille biologique,
élargie ou famille d’accueil)
- sensibilisation des parents, des employeurs des petites bonnes…

Aucune ONG ne travaille spécifiquement avec les enfants victimes de violence. Les ONG travaillent
particulièrement avec des catégories d’enfants considérés en situation difficile ou précaire: enfants en
situation de rue, enfants au travail, enfants exploités sexuellement, mineurs en conflit avec la loi, enfants
abandonnés, enfants orphelins, enfants migrants …

Les programmes mis en œuvre par ces ONG sont du registre de la prévention, de la protection et de la
réhabilitation, de la réinsertion sociale de ces enfants. La qualité et la diversité des actions menées, de
même que la nature et la qualité de l’encadrement sont variables d’une structure à l’autre. Les
méthodologies de travail adoptées sont faiblement basées sur l’approche-Droits. Les indicateurs de suivi
des enfants, de mesure d’impact des programmes, sont faiblement retrouvés.

Par ailleurs, très peu d’ONG dispose d’un système de traçabilité, avec des données qualitatives et
quantitatives, permettant l’analyse de l’évolution, des formes, de l’ampleur, des causes et des
conséquences de la violence à l’égard des enfants.

F. Unités de Protection de l’enfant contre toutes formes de


violence

Dans le cadre du plan d’actions national de protection de l’enfance « 2006-2015 », intitulé « un Maroc
digne de ses Enfants », élaboré en 2005 par le Secrétariat d’Etat chargé de l’Enfance, la Famille et les
Personnes Handicapées, la protection de l’enfance contre toutes formes de violence est un domaine
prioritaire, à travers la mise en place d’un système de protection intégré et pluridisciplinaire.

L’Unité de Protection de l’Enfance (UPE) est un élément de ce système car elle constitue :
 Une réponse de proximité accessible aux enfants victimes de violence
 Une approche multisectorielle et interdisciplinaire
 Un outil qui institutionnalise la prise en charge intégrée et le suivi des enfants victimes de
violence, et ce via l’application d’un protocole standardisé de prise en charge des enfants victimes
de violence
 Un mécanisme de coordination entre les divers acteurs locaux institutionnels (collectivités et
autorités locales, ONG, services étatiques déconcentrés).

L’Unité de protection de l'enfance est une structure de coordination loco-régionale pouvant être saisie par
toute personne concernée, y compris les enfants eux-mêmes, et chargée d'assurer la coordination entre les
divers organes appelés à intervenir en cas de violences commises sur les enfants.

33
En attendant la promulgation du décret qui définit son statut légal, l’UPE est créée sous forme
d’association dont les membres représentent les services décentralisés des départements ministériels
concernés, les autorités et collectivités locales, les ONG. La présidence est assurée par le SEFEPH.

L'unité de protection de l'enfance a pour mission la prise en charge intégrée de l’enfant victime de
violence, conformément aux procédures du protocole de prise en charge, à savoir :
• assurer une permanence permettant d’accueillir et d'écouter les enfants victimes de violences,
• orienter les enfants et/ou les parents ou tuteurs, vers les intervenants spécifiques (juges
psychologues, médecins..) et les structures d'accueil,
• fournir une assistance médicale, psychologique, légale et sociale aux enfants victimes de violence,
• accompagner les enfants et/ou parents d’enfants victimes de violences dans les démarches lors
des expertises médicales, psychologiques et des procédures judiciaires,
• suivre les enfants ayant été victimes de violences, évaluer leur prise en charge dans les familles ou
dans les centres et tenir à jour un rapport de suivi,
• assurer un espace de résolution des violences entre les enfants eux-mêmes, les enfants et leurs
parents ou les personnes qui en ont la charge,
• renforcer les compétences parentales et familiales à travers des programmes de sensibilisation, de
guidance et d’accompagnement

L'unité de protection a également pour mission la prévention, l’information et la sensibilisation dans le


domaine des violences à l’égard des enfants. Elle est chargée notamment :
- d'informer et sensibiliser sur les droits de l'enfant,
- d'assurer la promotion des droits de l'enfant en organisant des actions d'information sur ces droits
et leur respect effectif,
- d'offrir une documentation adaptée et appropriée, notamment législation, circuits, procédures,
annuaire des intervenants,
- d'animer des colloques, séminaires, ateliers, conférences,
- d'élaborer un plan d’action annuel de communication, information et sensibilisation.

L’unité de protection de l'enfance est en outre chargée d’assurer le suivi et l’évaluation de la situation des
violences commises à l’égard des enfants. Pour ce faire, elle est tenue de :
- tenir des statistiques sur les violences constatées par l’unité de protection de l'enfance (nature,
formes, ampleur, modalités de prise en charge et de suivi),
- établir un rapport annuel de son activité qu'elle adresse à l'autorité gouvernementale chargée de
l'enfance,
- recueillir et traiter toutes les informations relatives aux violences commises sur des enfants,
collectées auprès des différents intervenants au sein de la province/préfecture (justice, police,
gendarmerie, santé, éducation, jeunesse, entraide nationale, autorités locales, ONG..),
- établir un rapport annuel de la situation des violences à l’égard des enfants qu'elle adresse non
seulement à l'autorité gouvernementale chargée de l'enfance mais également au premier ministre et
aux autres départements concernés.

L’unité de protection de l’enfance est supervisée et contrôlée par le département ministériel chargé de
l’enfance. Pour accomplir ses missions, l’unité de protection de l’enfance est composée d’une équipe
psycho-socio-éducative et de points focaux protection désignés nominativement, représentant les
différents services déconcentrés des départements ministériels concernés par les violences commises sur
des enfants, à savoir : Justice, Police, Gendarmerie, Santé, Education, Jeunesse, Entraide Nationale,
Emploi et affaires sociales.

Dans le courant de l’année 2007, 2 UPE vont être opérationnelles dans les villes de Casablanca,
Marrakech,.

34
SYNTHESE : ACQUIS ET DEFIS

35
La protection de l'enfance impliquant de nombreux intervenants, tant au niveau des départements
ministériels que des collectivités locales et de la société civile, implique la mise en place d’une politique
coordonnée en matière de protection de l’enfance incluant la prévention, la prise en charge et le suivi des
enfants.Cette politique de protection de l’enfance repose sur la mise en œuvre d’un système de protection
globale et accessible aux enfants.

Si les dispositions législatives relatives à la protection de l'enfant contre la violence ont connu ces
dernières années des progrès notables, l'application de la loi reste insuffisante. Les mécanismes
institutionnels sont la condition sine qua non de la mise en œuvre des dispositions législatives. Or, sur le
plan institutionnel de nombreux problèmes se posent. On peut souligner en particulier :

 Une dispersion des attributions relatives à l'enfance. Plusieurs départements ministériels sont appelés à
intervenir dans le domaine de l'enfance (justice, jeunesse, Secrétariat d'Etat chargé de l'enfance, Education
Nationale..). Cette situation, sans doute inévitable, ne facilite pas une action intégrée et globale dans le
domaine de l'enfance.

 L'absence d'une procédure simple et facile à connaître pour mettre en œuvre les dispositions
législatives. En cas de violences commises sur un enfant, les personnes qui en ont connaissance ne savent,
le plus souvent ni à qui recourir, ni comment le faire. L'enfant lui-même ne sait à qui s'adresser.
L'enregistrement et le traitement des plaintes déposées par les enfants victimes de violences ou par des
personnes ayant connaissance de ces violences, doivent répondre à des modalités simples et accessibles.

 Une insuffisance au niveau des institutions chargées de prendre en charge les enfants. Ces institutions
n'existent pas en nombre suffisants, mais c'est surtout leur qualité qui pose problème : elles ne sont
soumises à aucune norme, à aucun standard dûment établis. Leur contrôle ne doit pas se limiter
exclusivement au processus comptable mais, également et surtout, porter sur la qualité de prise en charge
des enfants.

 Une absence de suivi et d'évaluation de l'activité déployée dans le domaine de la protection de


l'enfance.
- L’ampleur et les formes de violence subies par les enfants ne sont pas bien connues. Les données
existantes restent sectorielles : enfants en institution, enfants au travail, enfants en conflit avec la
loi….
- Les actions menées sont également le plus souvent sectorielles ; il s'agit plus de services rendus à
un certain nombre de catégories d’enfants.
- L’impact sur la situation réelle des enfants n’est pas mesuré du fait de l’absence d’indicateurs
qualitatifs de mesure.

 Des insuffisances au niveau des travailleurs sociaux : Le statut professionnel du travailleur social doit
impérativement être établi : qualités professionnelles requises, évaluation continue, statut légal…

36
AXES STRATEGIQUES
POUR PREVENIR ET LUTTER
CONTRE LA VIOLENCE DES ENFANTS SCOLARISES

37
A. Objectif global

L’objectif global est la mise en œuvre d’une stratégie cohérente et globale sur la protection de
l’enfance scolarisée, basée essentiellement sur la coordination entre les trois composantes
étroitement liées que sont :
- la prévention de la violence
- la détection, la prise en charge et le suivi des enfants
scolarisés victimes de violence
- la promotion des droits de l’enfant

PROMOTION
DROITS ENFANT

DETECTION
ORIENTATION PREVENTION
PRISE EN CHARGE
SUIVI

PROTECTION

B. Objectifs stratégiques
Des objectifs stratégiques ont été définis afin de :
- renforcer les capacités institutionnelles des établissements scolaires
- renforcer les compétences des acteurs intervenant dans les établissements scolaires
- améliorer et généraliser les services de détection, de prise en charge et de suivi des
enfants victimes de violence
- prévenir la violence intra et périscolaire
- promouvoir une culture basée sur la non violence et le respect des Droits de l’enfant
- disposer d’un système d’information et de suivi évaluation fonctionnel

38
Renforcement
institutionnel

Système
d’information
et de suivi
Renforcement évaluation
des
compétences
des acteurs Protection
de
l’enfance
scolarisée Détection et
prise en
charge des
enfants
Promotion de la
culture de la
non violence
Prévention
de la
violence

C. Population cible

Cette stratégie de protection vise à la fois les sujets de droits que sont les enfants scolarisés victimes de
violence et les détenteurs d’obligation que sont le gouvernement, la société civile, les familles et
communautés et les enfants eux-mêmes

■ Sujets de Droit

Il s’agit à travers cette stratégie de garantir les droits des enfants des 2 sexes, âgé de 0 à 18 ans,
scolarisés, en apprentissage ou en formation (préscolaire, primaire, collège, lycée) :
- victimes de violence en milieu scolaire
- victimes de violence en milieu périscolaire

■ Détenteurs d’obligations

Il s’agit, à travers cette stratégie de renforcer les capacités des détenteurs d’obligations à l’égard des
enfants scolarisés, afin qu’ils puissent assumer le rôle qui leur est dévolu dans la protection de l’enfance,
en l’occurrence :
• le MEN, à travers ses services, départements, établissements scolaires…
• les autres services et départements étatiques
• les autorités et collectivités locales
• les ONG et associations locales
• les familles et communautés
• les enfants eux mêmes
• les médias

39
D. Résultats attendus

Les résultats escomptés sont :


- une meilleure connaissance de la situation de l’enfance scolarisée
- un cadre institutionnel fonctionnel, coordonné, organisé et outillé pour mettre en oeuvre et
suivre la stratégie élaborée.
- des acteurs intervenant auprès de l’enfance dûment formés et outillés
- un système d’information standardisé et fiable, avec un flux de l’information clair
- un système d’information et des mécanismes de suivi-évaluation fonctionnels,
- les enfants, familles, communautés et l’opinion publique sensibilisés et informés sur la
protection de l’enfance, les droits de l’enfant
- les enfants victimes de violence dépistés, pris en charge et suivis
- une plus large participation et implication des enfants et des associations des parents et
tuteurs d’enfants solarisés
- des instances et mécanismes de coordination mis en place et fonctionnels : entre les divers
départements du MEN, avec les autres départements étatiques, avec les ONG, autorités et
collectivités locales

E. Axe stratégique 1 : Renforcement institutionnel

Afin de renforcer toutes les structures relevant du MEN tant au niveau central que régional et local, il
convient de :
• Renforcer le cadre institutionnel existant en :
- redynamisant le rôle des comités, des conseils existants
( CGE, Conseil d’enseignement, conseil pédagogique…)
- impliquant activement les APTE et les commissions syndicales
- généralisant les différentes structures existantes : conseils de
gestion, centre d’écoute…
- dotant ces structures des moyens humains et matériels nécessaires
- renforçant le personnel existant et recrutant de nouveaux profils
relatifs au travail social
- intégrant les activités relevant de la vie scolaire dans le projet
d’établissement
- valorisant les activités de la vie scolaire par une notation qui serait
pris en compte dans l’évaluation des élèves
- intégrant dans le canevas du projet d’établissement des indicateurs
sur la violence et les indicateurs sur le comportement civique

• renforcer le cadre réglementaire existant, en :


- informant et formant tous les acteurs sur toutes les procédures ,
circulaires, notes et règlements
- diffusant largement toutes les notes, circulaires…
- veillant à l’application effective du cadre réglementaire

40
• instaurer des mécanismes de coordination fonctionnels :
- intra ministérielles : central, régional et local
- avec autres intervenants : services étatiques ( UPE, structures
d’écoute justice/ santé), autorités/collectivités locales, ONG et
associations locales

• développer des partenariats pérennes avec les ONG ayant une expertise
dans le domaine de l’enfance

F. Axe stratégique 2 : Renforcement des compétences des


acteurs

Afin de renforcer les compétences de tous les acteurs intervenant auprès de l’enfance dans les
établissements scolaires, il convient de :

• Elaborer un plan pluriannuel de sensibilisation/information portant sur :


- les formes et conséquences des violences commises sur les enfants
- les Droits de l’Enfant et les législations nationales relatives à la
protection de l’enfance

• Doter le corps enseignant de la documentation institutionnelle, législative,


textes, notes, circulaires et autres

• Au niveau de la formation de base, réintégrer le module sur la législation


scolaire dans les centres de formation

• Elaborer un plan pluriannuel de formation continue incluant :


- L’introduction de modules relatifs aux techniques ( écoute, gestion
des conflits, médiation, participation, communication…) et aux
approches pédagogiques ( pédagogie différenciée, pédagogie de
diagnostic et de soutien-intégration de l’évaluation formative
instrumentée en classe-, pédagogie de l’erreur)
- Les formations en matière de CDE, APBDH et les théories
éducatives respectant le feedback des enfants avec des mesures
d'accompagnement nouvelles
- L’élaboration d’outils, des guides, des manuels
- L’échange de bonnes pratiques entre les AREF afin de valoriser les
expériences réussies dans le domaine de la prévention et de la lutte
contre la violence à l’école La mise en place d’un système
d’évaluation continue des formations dispensées aux enseignants

G. Axe stratégique 3 : Amélioration et généralisation du


cadre de prise en charge et suivi des enfants victimes de
violence

41
Pour détecter et prendre en charge un enfant scolarisé victime de violence :
- au sein de l’école, l’auteur pouvant être le corps enseignant ou un autre enfant
- en dehors de l’école, l’auteur pouvant être un des parents, un tuteur, un autre enfant ou un
étranger

Il convient de :

• Evaluer les structures d’écoute mises en place au sein des établissements scolaires en analysant les
résultats obtenus à ce jour, leur fonctionnement, la qualité de l’encadrement
• Renforcer les cellules existantes en personnel qualifié, en moyens et en outils
• Doter les établissements scolaires d’assistantes sociales
• Mette en place les centres d’écoute conformément à l’étude de faisabilité réalisée dans le cadre du
programme « Jeunes à Jeunes »
• Mettre en place des mécanismes de médiation en cas de conflits entre jeunes
• Encourager le signalement de toute violence à l’égard des enfants
• Instaurer et diffuser l’information sur les mécanismes de recours pour les enfants victimes de
violence
• Mette en place des mécanismes de suivi des enfants victimes de violence
• Mettre en place des procédures de coordination avec les autres intervenants :orientation vers les
UPE, la police/gendarmerie, les cellules et structures relevant de la Justice, de la Santé et des ONG
• Etablir des conventions de partenariat avec les différentes structures : santé, ONGs, UPE, en
précisant les tâches et les attributions de chacune pour une coordination efficace

H. Axe stratégique 4 : Promotion d’une culture basée sur le


respect des Droits de l’enfant

Afin de promouvoir une culture basée sur la non violence et le respect des Droits de l’enfant, il
convient de :

- Elaborer un plan IEC pluriannuel destiné aux enfants, parents, communautés, acteurs
intervenant dans les établissements scolaires et l’opinion publique : messages ciblés,
supports variés et adaptés
- Mettre en place un système de médiation jeune à jeune et un système de règlement des
conflits
- Elaborer des activités parascolaires favorisant la non violence et le dialogue
- Organiser des concours et décerner des prix pour les écoles sans violence
- organiser des débats avec tous les intervenants sur la violence et les mécanismes de sa
prévention
- Elaborer de manière consensuelle avec la participation des enfants, une charte Ethique
pour une école sans violence, prônant les valeurs de tolérance, de respect et de dignité
- Elaborer manière consensuelle avec la participation des enfants, des normes en matière
de comportements non violents respectueux des droits : ces normes devront mettre en
évidence la séparation claire entre les aspects de discipline, de sanction, d’autorité, de
hiérarchie et les pratiques de violence.

42
I. Axe stratégique 5 : Prévention de la violence intra et
péri scolaire

Il s’agit d’asseoir un environnement protecteur pour les enfants scolarisés. Investir sur le volet préventif
est la priorité.

1. Prévention de la violence à l’égard des enfants en milieu scolaire

Pour prévenir la violence en milieu scolaire, il convient de mettre en œuvre les actions suivantes :

• Revoir les modalités de recrutement des enseignants et des responsables administratifs :


- impliquer les spécialistes dans les comités de sélection des enseignants
- introduire des critères d'ordre psychologique au moment du recrutement (motivation,
intérêt pour le métier,…)

• Revoir les modalités de sanction et d’accompagnement des auteurs de violence


- veiller à l’application des sanctions des auteurs de violence conformément à la législation
en vigueur
- apporter un soutien et un suivi psychologique aux auteurs de violence présumés

• Instaurer un accompagnement psychologique afin de :


- permettre aux enseignants qui sont tenus à la confidentialité, de consulter le dossier
médical des enfants à besoins spécifiques
- assurer un suivi psychologique du personnel pédagogique et administratif des
établissements
- Impliquer les associations de parents d’élèves dans la vie de l’école
- Instaurer un planning annuel de débats interactifs animés par des spécialistes (juristes,
médecins, psychologues, ONG..) destinés aux parents, élèves, enseignants

• Informer les enfants et des jeunes sur leurs droits, leur apprendre à se protéger

• Sensibiliser les enfants sur les risques liés à l’usage de drogue

• Créer des espaces ouverts aux Enfants, leur permettant d’exprimer leurs opinions, les considérant
comme de véritables acteurs sociaux

• Renforcer le rôle des associations de parents d’élèves dans la lutte contre la violence au sein des
écoles.Prévention de la violence à l’égard des enfants en milieu péri scolaire

Afin de prévenir les violences commises à l’extérieur de l’école ( rue, milieu familial) à l’égard des
enfants scolarisés, deux axes sont retenus :

• ouverture de l’école sur son environnement

Pour ce faire, il convient de :

43
- conscientiser les enseignants aux caractéristiques culturelles et socioéconomiques de
l’environnement de l’établissement
- renforcer les capacités des enseignants à communiquer avec l’environnement
- instaurer des activités extra-scolaires : sorties, visites, rencontres avec les autres acteurs
- développer des partenariats avec les ONG, le secteur privé, les autorités et collectivités
locales..
- encourager la scolarisation
- impliquer activement les APTE

• appui aux enfants scolarisés en difficulté

Pour ce faire, il convient de :

- mettre en place d’un système de soutien efficace en faveur des élèves en difficulté, aux
élèves défavorisés
- accorder une attention particulière aux écoles situées dans des quartiers défavorisés :
qualité de l’infrastructure, de l’encadrement, activités parascolaires culturelles et sportives
- renforcer les compétences parentales et familiales à travers des programmes de
sensibilisation, de guidance et d’accompagnement.
- lutter contre l’abandon scolaire et la déperdition scolaire, en instaurant des mécanismes de
suivi des enfants en difficulté
- assurer un suivi régulier des indicateurs : taux de redoublement, d’abandon scolaire
- instaurer des programmes d’accompagnement et de médiation familiale
- impliquer activement les APTE

J. Axe stratégique 6 : Renforcement du système


d’information et de suivi évaluation

La mise en œuvre d’une stratégie de protection de l’enfance scolarisée impose la mise en place d’un
système d’information et de suivi évaluation fonctionnel. Pour ce faire, il convient de :

• mettre en place une banque de données relatives à la violence des enfants scolarisés, fiable, en :
- opérationnalisant le système de collecte et de traitement des données relatives à la
violence des enfants scolarisés, au niveau local, régional et central
- instaurant un référentiel d’indicateurs relatifs à la violence
- le dotant des moyens humains et matériels nécessaires
- formant les acteurs à la collecte et au traitement des données
- clarifiant le circuit de circulation de l’information

• mettre en place un système de reporting en :


- élaborant des rapports annuels complets (nombre de cas ; nature et Qualité des réponses
apportées)
- publiant et diffusant ces rapports au niveau de l'académie, des Délégations, des
établissements

44
• mettre en place un plan de suivi évaluation de la stratégie de protection de l’enfance afin d’assurer
le :
- suivi de la mise en œuvre des programmes
- suivi des indicateurs
- mesures d’impact des programmes

CENTRAL

C
O I
O N
R F
D O
I R
REGIONAL M
N
A A
T T
I I
O O
N N

LOCAL

K. Synthèse des axes stratégiques

Le tableau ci-dessous résume les objectifs et moyens à mettre en œuvre pour une véritable stratégie de
prévention et de lutte contre la violence des enfants

Objectifs Actions
Renforcement des ■Renforcer le cadre institutionnel existant en :
capacités - redynamisant le rôle des comités, des conseils existants CGE,
institutionnelles Conseil d’enseignement, conseil pédagogique…)
- impliquant activement les APTE et les commissions syndicales
- généralisant les différentes structures existantes : conseils de
gestion, centre d’écoute…
- dootant ces structures des moyens humains et matériels nécessaires
- renforçant le personnel existant et recrutant de nouveaux profils

45
relatifs au travail social
- intégrant les activités relevant de la vie scolaire dans le projet
d’établissement
- valorisant les activités de la vie scolaire par une notation qui serait
pris en compte dans l’évaluation des élèves
- intégrant dans le canevas du projet d’établissement des indicateurs
sur la violence et les indicateurs sur le comportement civique

■ renforcer le cadre réglementaire existant, en :


- informant et formant tous les acteurs sur toutes les procédures ,
circulaires, notes et règlements
- diffusant largement toutes les notes, circulaires…
- veillant à l’application effective du cadre réglementaire

■ instaurer des mécanismes de coordination fonctionnels :


- intra ministérielles : central, régional et local
- avec autres intervenants : services étatiques ( UPE, structures
d’écoute justice/ santé), autorités/collectivités locales, ONG et
associations locales

■développer des partenariats pérennes avec les ONG ayant une expertise
dans le domaine de l’enfance

Renforcement des ■Elaborer un plan pluriannuel de sensibilisation/information portant sur :


compétences des acteurs - les formes et conséquences des violences commises sur les
enfants
- les Droits de l’Enfant et les législations nationales relatives à la
protection de l’enfance
■Doter le corps enseignant de la documentation institutionnelle, législative,
textes, notes, circulaires et autres
■Au niveau de la formation de base, réintégrer le module sur la législation
scolaire dans les centres de formation
■ Elaborer un plan pluriannuel de formation continue incluant :
- L’introduction de modules relatifs aux techniques ( écoute, gestion
des conflits, médiation, participation, communication…) et aux
approches pédagogiques ( pédagogie différenciée, pédagogie de
diagnostic et de soutien-intégration de l’évaluation formative
instrumentée en classe-, pédagogie de l’erreur)
- Les formations en matière de CDE, APBDH et les théories
éducatives respectant le feedback des enfants avec des mesures
d'accompagnement nouvelles
- L’élaboration d’outils, des guides, des manuels
- L’échange de bonnes pratiques entre les AREF afin de valoriser les
expériences réussies dans le domaine de la prévention et de la lutte
contre la violence à l’école La mise en place d’un système
d’évaluation continue des formations dispensées aux enseignants
Amélioration et Pour détecter et prendre en charge un enfant scolarisé victime de violence :
généralisation du cadre - au sein de l’école, l’auteur pouvant être le corps enseignant ou un

46
de prise en charge et autre enfant
suivi des enfants victimes - en dehors de l’école, l’auteur pouvant être un des parents, un tuteur,
de violence un autre enfant ou un étranger

Il convient de :
• Evaluer les structures d’écoute mises en place au sein des
établissements scolaires en analysant les résultats obtenus à ce jour,
leur fonctionnement, la qualité de l’encadrement
• Renforcer les cellules existantes en personnel qualifié, en moyens et
en outils
• Doter les établissements scolaires d’assistantes sociales
• Mette en place les centres d’écoute conformément à l’étude de
faisabilité réalisée dans le cadre du programme « Jeunes à Jeunes »
• Mettre en place des mécanismes de médiation en cas de conflits entre
jeunes
• Encourager le signalement de toute violence à l’égard des enfants
• Instaurer et diffuser l’information sur les mécanismes de recours
pour les enfants victimes de violence
• Mette en place des mécanismes de suivi des enfants victimes de
violence
• Mettre en place des procédures de coordination avec les autres
intervenants :orientation vers les UPE, la police/gendarmerie, les
cellules et structures relevant de la Justice, de la Santé et des ONG
• Etablir des conventions de partenariat avec les différentes structures :
santé, ONGs, UPE, en précisant les tâches et les attributions de
chacune pour une coordination efficace.
.
Promotion d’une culture - Elaborer un plan IEC pluriannuel destiné aux enfants, parents,
basée sur la non violence communautés, acteurs intervenant dans les établissements scolaires et
et le respect des Droits de l’opinion publique : messages ciblés, supports variés et adaptés Mettre en
l’enfant place un système de médiation jeune à jeune et un système de règlement
des conflits
- Elaborer des activités parascolaires favorisant la non violence et le
dialogue
- Organiser des concours et décerner des prix pour les écoles sans violence
- organiser des débats avec tous les intervenants sur la violence et les
mécanismes de sa prévention
- Elaborer de manière consensuelle avec la participation des enfants, une
charte Ethique pour une école sans violence, prônant les valeurs de
tolérance, de respect et de dignité
- Elaborer manière consensuelle avec la participation des enfants, des
normes en matière de comportements non violents respectueux des
droits : ces normes devront mettre en évidence la séparation claire entre
les aspects de discipline, de sanction, d’autorité, de hiérarchie et les
pratiques de violence

Prévention de la violence Prévention de la violence à l’égard des enfants en milieu scolaire


intra et péri scolaire • Revoir les modalités de recrutement des enseignants et des
responsables administratifs :

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- impliquer les spécialistes dans les comités de sélection des
enseignants
- introduire des critères d'ordre psychologique au moment du
recrutement (motivation, intérêt pour le métier,…)
• Revoir les modalités de sanction et d’accompagnement des auteurs
de violence
- veiller à l’application des sanctions des auteurs de violence
conformément à la législation en vigueur
- apporter un soutien et un suivi psychologique aux auteurs de
violence présumés
• Instaurer un accompagnement psychologique afin de :
- permettre aux enseignants qui sont tenus à la confidentialité,
de consulter le dossier médical des enfants à besoins
spécifiques
- assurer un suivi psychologique du personnel pédagogique et
administratif des établissements
- Impliquer les associations de parents d’élèves dans la vie de
l’école
- Instaurer un planning annuel de débats interactifs animés par
des spécialistes (juristes, médecins, psychologues, ONG..)
destinés aux parents, élèves, enseignants
• Informer les enfants et des jeunes sur leurs droits, leur apprendre à se
protéger
• Sensibiliser les enfants sur les risques liés à l’usage de drogue
• Créer des espaces ouverts aux Enfants, leur permettant d’exprimer
leurs opinions, les considérant comme de véritables acteurs sociaux
• Renforcer le rôle des associations de parents d’élèves dans la lutte
contre la violence au sein des écoles.Prévention de la violence à
l’égard des enfants en milieu péri scolaire
• ouverture de l’école sur son environnement :
- conscientiser les enseignants aux caractéristiques culturelles
et socioéconomiques de l’environnement de l’établissement
- renforcer les capacités des enseignants à communiquer avec
l’environnement
- instaurer des activités extra-scolaires : sorties, visites,
rencontres avec les autres acteurs
- développer des partenariats avec les ONG, le secteur privé,
les autorités et collectivités locales..
- encourager la scolarisation
- impliquer activement les APTE

• appui aux enfants scolarisés en difficulté :


- mettre en place d’un système de soutien efficace en faveur
des élèves en difficulté, aux élèves défavorisés
- accorder une attention particulière aux écoles situées dans
des quartiers défavorisés : qualité de l’infrastructure, de
l’encadrement, activités parascolaires culturelles et sportives
- renforcer les compétences parentales et familiales à travers
des programmes de sensibilisation, de guidance et
d’accompagnement.
- lutter contre l’abandon scolaire et la déperdition scolaire, en

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instaurant des mécanismes de suivi des enfants en difficulté
- assurer un suivi régulier des indicateurs : taux de
redoublement, d’abandon scolaire
- instaurer des programmes d’accompagnement et de
médiation familiale
- impliquer activement les APTE
Renforcement du • mettre en place une banque de données relatives à la violence des
système d’information et enfants scolarisés, fiable, en :
de suivi évaluation - opérationnalisant le système de collecte et de traitement des
données relatives à la violence des enfants scolarisés, au
niveau local, régional et central
- instaurant un référentiel d’indicateurs relatifs à la violence
- le dotant des moyens humains et matériels nécessaires
- formant les acteurs à la collecte et au traitement des données
- clarifiant le circuit de circulation de l’information

• mettre en place un système de reporting en :


- élaborant des rapports annuels complets (nombre de cas ;
nature et Qualité des réponses apportées)
- publiant et diffusant ces rapports au niveau de l'académie,
des Délégations, des établissements

• mettre en place un plan de suivi évaluation de la stratégie de


protection de l’enfance afin d’assurer le :
- suivi de la mise en œuvre des programmes
- suivi des indicateurs
- mesures d’impact des programmes

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