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Astolphe à la tête d'une armée qui aurait suffi, dit l'Arioste, pour
conquérir sept Afrique 734, continuait à ravager les états d'Agramant.
Il veut, de plus, délivrer la Provence des Sarrazins qui y avaient réuni
toutes leurs forces. Il lui faut une flotte. On vient de voir comment il
s'était fait une cavalerie nombreuse; il crée à peu près de même une
armée navale; il jette à pleines mains dans la mer, des feuilles de
laurier, de palmier et de cèdre; et ces feuilles se changent en
vaisseaux. Le poëte félicite avec raison le petit nombre d'hommes à
qui le ciel permet de faire de si grandes choses à si peu de frais 735.
Note 734: (retour) C. XXXIX, st. 25.
Gradasse, roi de Sericane, venait d'y aborder dans une autre barque.
Après avoir agité entre eux plusieurs projets, ayant appris comment
les choses se sont passées à Biserte, et quels sont les guerriers qui
l'ont détruite, ils s'arrêtent au dessein d'envoyer défier Roland de
venir, lui et deux autres chevaliers chrétiens, se mesurer avec eux
trois dans l'île de Lipaduse, entre la côte d'Afrique et l'île où ils ont
abordé. Roland accepte avec joie. Il choisit pour second son cousin
Olivier, et le plus cher de ses amis, Brandimart. Ils montent tous
trois sur une barque, et arrivent d'un côté à Lipaduse, en même
temps que leurs adversaires y arrivent de l'autre côté 744. Voici
encore un combat, mais plus terrible que tous les autres, et qui a un
caractère particulier. Ce n'est point un triple duel, c'est un combat
mêlé et à outrance entre ces six redoutables champions, qui font,
dans une petite île déserte et ignorée, des prodiges de valeur dignes
des regards de toute la terre. Brandimart est tué 745, Olivier
grièvement blessé; mais à la fin Roland reste vainqueur 746. Il tue
Agramant et Gradasse. Sobrin était étendu près d'Olivier, baigné
dans son sang et presque sans vie; Roland fait panser ses blessures,
et prend de lui autant de soin que d'Olivier même. Il ne peut se
réjouir de sa victoire, ni se consoler de la mort de son cher
Brandimart 747.
Note 744: (retour) L'Arioste les y quitte encore, st. 61, et nous laisse
dans l'attente jusqu'à la st. 36 du c. XLI, où, après nous avoir instruit de
la manière dont les trois chevaliers étaient armés, il les fait descendre à
terre, et peint les préparatifs du combat; mais notre attente est encore
trompée; il s'interrompt de nouveau, pour aller retrouver Roger, et ce
n'est qu'à la st. 68 que le combat commence enfin.
Note 750: (retour) Il craint, dit le poëte, que J.-C. ne se venge de lui, et
que pour s'être si peu soucié d'être baptisé dans l'eau épurée, quand il
en avait le temps, il ne le soit dans l'onde amère et salée:
Renaud fait part au duc Aymon son père des engagements qu'il a
pris pour sa sœur avec Roger 761. Le vieux duc est fort en colère: il
l'a engagée de son côté avec Léon, fils de l'empereur Constantin
Copronyme. Sa femme Béatrice et lui veulent absolument que leur
fille soit impératrice. La sensible Bradamante se désespère. Roger
forme le dessein d'aller défier au combat ce Léon, cet Auguste, ce
fils d'un empereur grec, de les détrôner son père et lui, et de se
rendre ainsi, aux yeux mêmes des parents de sa maîtresse, digne
d'être son époux. Bradamante n'ose opposer à ses parents aucune
résistance, mais elle va trouver Charlemagne, et obtient de lui qu'il
ordonne qu'aucun chevalier ne puisse obtenir sa main, à moins qu'il
ne l'ait vaincue en combat singulier. Aymon et Béatrice, mécontents
de cet ordre sollicité par leur fille, la renferment dans un château
fort, entre Perpignan et Carcassonne. Bradamante se soumet à ses
parents avec autant de respect et de modestie qu'une jeune fille qui
ne les aurait jamais perdus de vue 762. Cette peinture de mœurs est
admirable. Quoiqu'elle soit idéale, on sent qu'elle est de la plus
grande vérité, tant il y a de différence en poésie, de l'idéal à ce qui
n'est que fantastique. Bradamante devient plus intéressante que
jamais au moment où elle et Roger occupent presque seuls la scène.
L'Arioste a fort bien senti que la destinant à servir de tige à l'illustre
maison d'Este, il devait réunir en elle, dans la vie domestique, toutes
les vertus et toute la sensibilité de son sexe à l'éclatante valeur
qu'elle fait briller dans les combats. Intrépide et chaste comme
Marfise, elle est aussi tendre amante, fille aussi obéissante et aussi
timide que si jamais elle n'eût quitté le toit paternel.
Note 761: (retour) St. 35.
Il arrive dans une ville et descend dans une auberge où, à ses armes
et à son bouclier sur lequel était peinte une licorne, il est reconnu
pour le guerrier qui avait arraché la victoire des mains de l'empereur,
et détruit une partie de son armée. Le commandant de la ville le fait
arrêter dans son lit pendant son sommeil, le fait mettre en prison, et
en donne avis à l'empereur 765. Léon, ferme dans les sentiments
qu'il a conçus pour Roger, espère tirer parti de la position critique où
il se trouve pour obtenir son amitié. Mais Roger avait tué dans le
combat le fils de Théodora, sœur de Constantin; elle sollicite sa
mort, et la demande avec tant d'instance que l'empereur ne peut la
refuser. Roger est livré à cette mère vindicative. Il est jeté dans un
cachot souterrain, chargé de fers, et menacé du plus honteux et du
plus cruel supplice.
Note 765: (retour) C. XLV, st. 10 et suiv.
Bradamante n'est pas moins désespérée que lui. Marfise vient à son
secours. Elle se présente devant l'empereur, et affirme que
Bradamante n'est plus libre; que devant elle, devant Roland, Renaud
et Olivier, elle a donné sa foi à Roger, qu'elle ne peut donc plus
recevoir la main d'un autre, et qu'elle Marfise le soutiendra contre
tout chevalier qui osera dire le contraire 770. Bradamante interrogée
est moins affirmative que Marfise, mais ne la contredit pas. Roland
et Olivier déposent pour elle; toute la cour se partage entre Roger,
que l'on croit absent, et Léon à qui l'on attribue le combat contre
Bradamante. Marfise fait une nouvelle proposition. Puisque son frère
est vraiment l'époux de Bradamante, nul autre ne le peut être de
son vivant; que Léon et lui se battent donc l'un contre l'autre, et que
Bradamante soit le prix du vainqueur. Léon, qui croit toujours avoir
auprès de lui le chevalier de la Licorne, ne craint pas plus Roger qu'il
n'avait craint Bradamante: il accepte le défi; mais il apprend bientôt
la fuite de son chevalier; il tombe alors dans de grandes inquiétudes,
et fait chercher de tous côtés si l'on n'en a point de nouvelles.
Note 770: (retour) St. 103, jusqu'à la fin du chant.
CHAPITRE IX.
Observations générales sur l'Orlando furioso; beautés de ce
poëme; fragment de l'Arioste, appelé les cinq Chants; caractères
particuliers et distinctifs de l'épopée romanesque.
Si l'on veut par un seul exemple juger de la supériorité de cet art sur
le talent des portraits, qui fait l'un des plus grands mérites de
quelques poëmes modernes, on n'a qu'à se rappeler comment paraît
pour la première fois la principale héroïne de ce poëme, l'intrépide
Bradamante; comment, passant dans une forêt, défiée au combat
par Sacripant qui la prend pour un chevalier, sans daigner lui
répondre, presque sans s'arrêter, elle le renverse sur la poussière,
continue dédaigneusement sa route, et comment ce n'est que d'un
courrier qui la suit, que Sacripant, et le lecteur avec lui, apprennent
que ce redoutable chevalier est une fille jeune et charmante 780.
Quel portrait pourrait égaler cette peinture vive et animée? L'Arioste
a presque toujours le même art, en le variant sans cesse. Il est, pour
les caractères, pour le moins égal au Tasse, inférieur au seul
Homère, et supérieur à tous les autres poëtes connus.
Note 780: (retour) Voyez ci-dessus, p. 394.
Ce qu'il décrit, on croit le voir. Je ne parle pas seulement des
descriptions innombrables de palais, de jardins, de fleuves, d'îles, de
campagnes, qui, toujours entremêlées à celles des armées et des
combats, font de cette suite de tableaux, la galerie la plus riche et la
plus variée; je parle de ce talent admirable de faire mouvoir tous ses
acteurs de manière qu'on voit leurs gestes, leur démarche, leur
attitude, qu'on les reconnaît, qu'on les distingue, qu'on a devant les
yeux, non un mélange informe d'objets qui se croisent et se
confondent, mais des images claires et ressemblantes, ou plutôt des
êtres vivants et de véritables actions. L'histoire, la fable, la féerie
sont trois sources fécondes où il puise tour à tour, sans apprêt, sans
effort et comme sans projet. Il ne cherche rien, tout vient à lui, tout
est sous sa main. Tous les genres de merveilleux sont bons pour lui,
sont à ses ordres; on le voit employer tour à tour, non-seulement la
féerie moderne et l'ancienne mythologie, mais les personnages
allégoriques, mais nos saints, nos anges et même
Je ne dis pas qu'en cela il soit à imiter, mais enfin c'est par tous ces
moyens réunis qu'il arrive, et qu'il vous fait arriver avec lui, sans
fatigue, jusqu'à la fin d'un si long poëme.