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DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole Presses de Universite Toulouse Capitole Rapport de Synthese Laure Ortiz p. 310-328 @ Full text tpsfoooks.openedtion orgipute o9/12;2029 19:27 1 La VI'™* république est une revendication quasi concomitante a la mise en place de la constitution du 4 octobre 1958. Cette derniére, on le sait, a soulevé de vives critiques dans les partis de gauche, mais aus: ‘ine, dés son origine. Le 21 septembre 1961, en pleine crise algérienne, Pierre Mendés France publiait, dans (Express, un argumentaire et une méthode pour passer a la VI République dont l'un de nos éminents contributeurs, Paul Alliés, s'est fortement inspiré, contribuant ainsi, avec ses amis de la C6R, a assurer au theme le succés médiatique qu’on lui connait. Sortie de l’oubli dans les années 1990, l’idée d’une rupture constitutionnelle ou dune réforme radicale de nos institutions politiques s’est, aujourd’hui, diffusée bien au-dela des partis de gauche dans lesquels elle était initialement cantonnée. Pour Marie-Anne Cohendet, les cohabitations successives ont été un facteur propice a la montée des interrogations sur les dysfonctionnements du systéme politique francais. Elles ont mis en évidence le caractére relatif et contingent du régime institutionnel —distorsion majeure entre la loi et le fait, peu acceptable dans un Etat de droit démocratique. Mais c'est certainement le traumatisme politique du 21 avril 2002 qui a porté le réformisme institutionnel 4 son apogée. Depuis cette date, le projet d’une révision radicale des institutions n’a cessé de prospérer dans toutes les formations de l’échiquier politique, 4 droite comme 4 gauche, amenant successivement la plupart des leaders politiques a afficher, a titre individuel ou partisan, leurs intentions. Les candidats aux présidentielles 2007 ont été sommés de prendre position et d’avancer des propositions, qu’elles soient réformistes ou de rupture. Le débat institutionnel devrait ainsi, selon les commentateurs, @tre au coeur des prochaines campagnes électorales. Cette émulation de la créativité constitutionnelle, sous les sunlights des médias, n’a guére amélioré la lisibilité des modéles proposés et elle n’a pas davantage permis de dégager un consensus dans la société frangaise sur le vent des réformes souhaitables et souhaitées. Le désordre régnant sur ces dans la d hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 2130 oor202a 1927 Demin, a svitme République ? -Rappor de Synhése -Presses de Unversié Toulouse Capitole questions depuis 2005 invite 4 se demander, avec Emilie Mareovici, si la VI recouvre des projets crédibles et cohérents de revitalisation de la démocratie frangaise ou si elle est devenue un objet de “mercatique politique” dont Yimportance et le contenu fluctuent au gré des sondages. 2 C’est donc dans ce contexte d’affaiblissement des institutions de la V'™ République, parfaitement illustrée par la crise du CPE qui se joue sur nos campus au moment oii nous parlons, qu’Henry Roussillon et Stéphane Mouton ont eu la trés heureuse et opportune idée d’organiser ce colloque. Je tiens 4 les remercier vivement pour l’honneur et la confiance qu’ils me font en me confiant la synthése de contributions aussi riches et indispensables pour la clarification des enjeux du débat. 3. Qu’on me permette d’abord de faire état de ma surprise : sous Vapparent foisonnement des approches et des divergences @appréciation quant A lopportunité ou a la faisabilité d'un changement de République, j'ai trouvé dans ce colloque beaucoup plus de convergences que je ne pensais en rencontrer. 4 Premiére convergence : la lecture trés critique des institutions de la V'™ République, aussi bien au regard des vices imputables au régime politique qu’instaure la constitution qu’au regard des dysfonctionnements du systéme politique tel qu'il résulte de son interprétation. Nous voila réunis au chevet dune République gravement malade, moribonde ; Olivier Duhamel aurait dit en situation de “mort clinique”. Les intervenants ont rivalisé de talent et de cruauté dans la stigmatisation des maux qui I’affectent, donnant ainsi aux divergences de traitements un caractére plus ténu. 5 Deuxiéme convergence : ces maux appellent un changement profond du régime et du systéme politiques a défaut de justifier le changement de numérotation de la République. Un nouvel équilibre doit étre trouvé entre légitimité, responsabilité et pouvoir, ce qui est laspiration de toute constitution démocratique, pour reprendre Vheureuse formule de M-A. Cohendet. Certes, pour les uns, le nouvel équilibre hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en oor202a 1927 Demin, a svitme République ? -Rappor de Synhése -Presses de Unversié Toulouse Capitole requiert une refondation radicale, démocratique et participative du systéme politique qui assume pleinement le désir de rupture ; tandis que pour les autres, une reparlementarisation de la V'™ République est envisageable, possible et souhaitable par le biais d’un toilettage ciblé du texte relatif aux modalit de Télection du président de la République et aux pouvoirs qui lui sont conférés. 6 Troisiéme ligne de convergence : ramener le président de la République au strict réle arbitral qu’il n’aurait jamais da cesser d’exercer. Ici la distance est saisissante entre les universitaires et les hommes ou femmes politiques. En effet, parmi les formations ou les hommes politiques de droite (F. Bayrou et a N. Sarkozy) comme de gauche (les Verts, le PRG et, au PS, D. Strauss-Khan, L. Jospin, V. Peillon...), qu’ils revendiquent ou non Tavénement d’une VI'™ République, la voie dun “présidentialisme a la francaise” rencontre de plus en plus @adeptes. Or, c’est en faveur du régime parlementaire primo- ministériel qu’a plaidé l'unanimité des universitaires présents dans ce colloque, 4 exception sans doute de Guy Carcassonne. Certes, des divergences apparaissent déja dans la caractérisation du régime politique issu des textes de 1958, de 1962 ou des pratiques ultérieures. Modéle original, inédit, hybride ou batard, le régime institué sous la V°"* apparait, aux uns comme de nature clairement parlementariste mais dénaturé par une interprétation abusivement présidentialiste, et apparait, aux autres, comme un modéle semi parlementariste d’emblée. Philippe Lauvaux nous a pourtant mis en garde sur les taxinomies trompeuses de ces régimes, a partir d’une comparaison des régimes américain, anglais et francais. Francois Luchaire avertit que deux interprétations étaient possibles, en raison de la double équation sur laquelle reposent les institutions : un accord entre le peuple et le président de la république ; un gouvernement responsable qui détermine la politique de la nation ; mais l'une et Vautre ont été dénaturées par convention. A ces différences d’interprétation classiques, hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en o9/12;2029 19:27 DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole s‘ajoutent des divergences d’appréciation dans la méthode pour revenir ou parvenir au parlementarisme primo- ministériel. Le sacrifice de l’élection du président de la République au suffrage universel direct paraitra indispensable, inutile, accessoire, indifférent, inopportun ou impensable. Le parlementarisme apparait, malgré tout, comme un régime plus conforme aux traditions européenne et francaise. Pour Stéphane Mouton, il existe méme un “code génétique parlementaire” ancré dans tous les régimes constitutionnels qu’a conus la France depuis la Révolution, et qui les conduit, méme lorsqu’ils ont voulu s’en éloigner, 4 contribuer a la lente et inexorable rationalisation du parlementarisme. A l’inverse des Etats-Unis, dit-il, la notion de séparation des pouvoirs n’a jamais été qu’un principe @organisation des institutions politiques qui s’inscrit dans la prééminence d’un principe représentatif au terme duquel la nation est source de toute légitimité. Ce code génétique voue a l’échec les solutions qui le contrarient. 7 Quatriéme ligne de convergence : si les auteurs ont bien voulu se préter “au mécano institutionnel”, aucun ne prétend changer la politique en changeant de constitution. D’une part, chacun a conscience qu'une nouvelle orchestration constitutionnelle des pouvoirs ne suffira pas foreément a modifier le systéme politique et encore moins a revitaliser la démocratic. Ce dernier, explique Marie-Anne Cohendet, résulte moins de l’organisation institutionnelle prévue par le texte constitutionnel (le régime politique) que d’un ensemble de variables déterminantes, dont |’équation majoritaire et surtout les habitus. D’autre part, le constitutionnalisme doit intégrer de nouveaux défis, peu ou pas du tout pris en compte dans la réflexion actuelle : celui de la représentation et du statut du démos dans la constitution pour Stéphane Pierre- Caps ou de aspiration des individus 4 la démocratie existentielle chére 4 Stéphane Baumont ; celui de la place de la justice et de la fonction juridictionnelle, pour Xavier Bioy, ou de l’amélioration de la production normative pour hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en o9/12;2029 19:27 10 cr Bernard Beignier ; celui des impératifs de la gestion publique pour Frédérique Rueda. Cest donc un pragmatisme certain qui domine les analyses notamment lorsqu’il s’agit, avec Guy Carcassonne et Christophe Euzet, d’envisager les conditions concrétes de la transition vers une VI°™* République. C’est un scepticisme plus radical qui Temporte avec Daniel Bourmaud lorsqu’ll s’agit dapprécier la portée et Tefficacité d'une réforme constitutionnelle au regard de la fragmentation des espaces du politique dans la gouvernance multiniveaux et de la décomposition des matrices —idéologiques qui traditionnellement nous servaient de référents. Si, donc, un accord certain unit les communicants 4 ce colloque sur le fait qu’il faut changer la République (1), la nécessité de changer de République laisse la majorité d’entre eux plus circonspects (II). | — CHANGER LA REPUBLIQUE ! Les convergences et divergences dans les raisons de passer la Vr nous ont aidé, en réalité, 4 prendre la mesure des maux de la V'"© République et a dessiner, dans un relatif consensus, les enjeux et les principes fondamentaux que doit prendre en compte aujourd’hui tout projet _constitutionnel de modernisation et de démocratisation des institutions. A- Un systéme politique vicié Les maux de la V'™ république sont aussi graves que nombreux mais ils peuvent étre réduits a trois dysfonctionnements majeurs. 1. L’hypertrophie des pouvoirs présidentiels Le déséquilibre des pouvoirs caractérise toutes les relations inter institutionnelles, au sein de l’exécutif comme dans les relations entre exécutif et législatif. Si, a Torigine, la rationalisation du parlementarisme devait limiter les pouvoirs hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 6130 o9/12;2029 19:27 12 13 du Parlement au profit d’un exécutif responsable, elle se heurte, a partir de 1962, a ’hégémonie abusive du président de la République sur le gouvernement. Le régime institué par la constitution de 1958 peut étre interprété, selon Francois Luchaire, de deux maniéres : un “régime autoritaire de type consulaire”, fondé sur un accord entre le peuple et le chef de l’Etat et un régime de type parlementaire fondé sur la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée. Une certaine séparation des pouvoirs simposait qui n’a cessé d’étre dénaturée. La premiére déformation affecte la situation du gouvernement ; elle tient au pouvoir que s’est arrogé le président de la République de nommer et de révoquer a sa guise l'ensemble des ministres, pris collectivement ou individuellement tandis que la motion de censure est tombée en désuétude. La seconde dénaturation affecte la situation du Parlement et provient du quinquennat qui rend le gouvernement, sous l’autorité du président de la République, maitre du pouvoir législatif. Les lacunes du contréle parlementaire et |’aliénation du parlement” au gouvernement sont soulignées aussi par Guy Carcassonne, de méme que la faiblesse des contre pouvoirs tout juste nommés. Rappelant la théorie du trépied du doyen Vedel, Claude Emeri, résume les trois institutions fondamentales sur lesquelles repose le régime institué sous la V°"* République : Yélection majoritaire du président fagonne une majorité, Yélection législative la conforte, l'article 49-3 en contient les foucades, la rassemble autour de la dyarchie gouvernementale. La combinaison des trois éléments met en place deux circuits de pouvoir et de responsabilité, utilisables au gré des alternances, c’est-d-dire des rapports de forces politiques. Mais, un tel agencement n’assure la bonne gouvernance que lorsque chacun est en mesure de jouer sa partition. La crise de régime que nous connaissons tient au grippage des circuits de pouvoir et de responsabilité qui ne fonctionnent pas dans les conditions constitutionnelles. hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 7130 o9/12;2029 19:27 14 15 La V'™ République souffre d’une présidentialisation excessive du régime, avec un président qui n’est plus l’arbitre et qui n’est pas suffisamment l’incarnation de la nation qu’on attendait qu'il soit. Pour André Cabanis et Jean-Marie Crouzatier, la réforme de 1962 est largement responsable de la congestion des pouvoirs au sommet de I’Etat et de l’atrophie des pouvoirs du Parlement, réduit au réle de chambre d’enregistrement des projets gouvernementaux et affaibli dans sa mission de contréle politique. La conjonction des majorités présidentielle et parlementaire transforme le chef de Etat en un chef de parti au lieu de les transcender tous. Il est chef de la majorité parlementaire et chef de gouvernement autant que chef de lEtat. “Alors que de Gaulle souhaitait la fin de la confiscation des pouvoirs par les partis politiques, la réforme de 1962 qu’il a voulue aura transformé l’arbitre national en leader politique et paradoxalement replacé les partis au centre du jeu politique et institutionnel”. La prééminence monarchique quotidienne provoque une compétition personnalisée a l’extréme, oscillant entre l’omnipotence en période de conjonction majoritaire et Vimpuissance en période de cohabitation. Marie-Anne Cohendet partage cet avis : le fondement de la superpuissance présidentielle est bien la soumission de la majorité au président considéré comme le leader politique de la majorité. Mais elle refuse de voir dans Yélection du président au suffrage universel direct le facteur explicatif unique de la dénaturation de la constitution, fondamentalement parlementariste selon elle. Trois autres facteurs sont a mobiliser : le droit de dissolution, le scrutin majoritaire pour les élections parlementaires et les habitus. De ce point de vue, la cohabitation ne permet pas vraiment, objecte Francois Luchaire, le retour 4 un parlementarisme en raison des pouvoirs que la constitution confére au président non seulement en matiére de dissolution (article 12) mais aussi de négociation des traités (article 52). Parmi vingt-quatre Etats parlementaires membres de Union européenne, neuf dont la France ont un régime parlementaire bireprésentatif dans hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 8130 o9/12;2029 19:27 16 17 lequel le chef de 1’ la France est lunique pays dans lequel le président de la République dirige la politique de la nation, aprés avoir transformé les pouvoirs soumis au contreseing du premier ministre en pouvoirs réellement partagés, alors que partout ailleurs en Europe ils sont considérés comme des pouvoirs formels, le président étant politiquement irresponsable. “Le probléme fondamental, dans notre histoire comme sous la V""* république est done celui de Véquilibre entre légitimité, responsabilité et pouvoirs”. Philippe Lauvaux rappelle que ce nest pas T’élection populaire du chef de Etat qui définit le véritable régime présidentiel et que le régime de la V'™ n’a aucun rapport de logique fonctionnelle avec ce régime. Si leffectivité du pouvoir du Président dépend en France de l’existence d’une majorité parlementaire ; aux Etats Unis, elle s’en passe. “Le président nest pas élu et n’agit pas ensuite comme leader d'un parti”. “Le véritable régime présidentiel” reste étranger a la notion de majorité et 4 celle de gouvernement de parti”. Les projets de réformes destinés 4 accroitre la nature présidentielle du régime sous prétexte de mettre le droit en adéquation avec la pratique se nourrissent de cette confusion entre mode de désignation et phénoméne majoritaire en revendiquant comme présidentiel un régime de type parlementaire. at est directement élu par les citoyens. Or 2. Le déréglement du droit L’échee du parlementarisme retentit sur les qualités de la législation, et plus particuliérement la législation de droit privé. Bernard Beignier distingue “le bon ou le beau droit” qui échappe de plus en plus au Parlement de cette “masse adipeuse” des lois obéses qui en émanent. Dans le meilleur des cas, le beau droit est fait de ces lois (telles que la réforme de la filiation ou des stiretés en 2005) que le Parlement est invité a édicter tambour battant, a la faveur de majorités dociles, sans les avoir véritablement discutées. Que l’on se dispense du Parlement par le recours privilégié aux ordonnances en hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 9130 o9/12;2029 19:27 18 matiére ci production législative imputable 4 [initiative parlementaire constitue malheureusement du “mauvais droit”. La législation souffre non pas dune inflation de lois mais de lois ile, le doyen Beignier s’en réjouit car l’essentiel de la excessivement détaillées, confuses, bizarres et incompréhensibles aux juristes eux-mémes, lois inapplicables ou inappliquées (loi sur la modernisation sociale, loi solidarité et renouvellement urbain SRU), lois improvisées, sans cohérence, liées aux alternances politiques, lois de complaisance sur proposition intempestive ou inconséquente (loi sur le nom de famille du 4 mars 2002) qui doivent étre entiérement refondues par la suite comme le PACS le 21 février 2006. Autrement dit, le bon droit est soit le résultat heureux d’une reprise en main serrée par les experts du droit, comme le fait désormais la Chancellerie pour la production du droit civil et pénal (et comme le vice-président du Conseil d’Etat le conseille) ; soit le bon droit est lceuvre du juge, un juge qui n/hésite plus a écarter la loi. La Cour de cassation n’hésite pas A briser des lois stupides ou imparfaites, y compris celles que le législateur avait édictées pour briser sa propre jurisprudence (arrét de la premiére chambre civile 28 janvier 2006 qui écarte application de la loi du 4 mars 2002 consécutive 4 l’arrét Perruche, ou arrét de février 2006 relatif 4 la délégation de Yautorité parentale). Le juge trouve dans larsenal des principes juridiques fondamentaux, dans la multiplicité des traités ratifiés (un traité tous les deux jours) et surtout dans le droit communautaire une assise pour dire le droit. Alors faut-il supprimer le Parlement ? Non mais certainement revoir son réglement, pour redonner aux conseillers la place qui était la leur sous l’'an VIII, mais aussi pour institutionnaliser des formes de travail nouvelles qui ont prouvé leur effi comme les missions parlementaires qui ont permis de déboucher sur la loi sur la fin de vie adoptée sur proposition & Tunanimité le 22 avril 2005. hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 10130 o9/12;2029 19:27 Dem 19 20 Pour Bernard Beignier, ce nest pas tant la constitution qu’il faut changer, mais la place du droit parlementaire dans les facultés de droit. Les mécanismes de fabrication de la loi et les mécanismes de la démocratie doivent évoluer. Les missions parlementaires en canalisant l’expression des associations et la consultation des personnalités, permettent de conjuguer le régime représentatif et les exigences de la démocratie @opinion. Ce a quoi Guy Carcassonne objecte le plus grand scepticisme toutes les améliorations du travail parlementaire ont été des facilités supplémentaires données au gouvernement pour asphyxier le Parlement (la durée des sessions, les nouveaux TGV législatifs que sont les lois sur la sécurité sociale, les super DDOS)”. Il faut attaquer la cause de cette aliénation et notamment le cumul des mandats, dit-il. On lira, dans ce sens également, l’intéressante contribution du sénateur Patrice Gélard qui nous livre quelques explications sur les dysfonctionnements concrets du Parlement. “Si le Parlement n’exerce pas les pouvoirs qui sont les siens, c'est en partie a@ cause de lui et a cause de son incapacité, dit-il, a s‘adapter aux temps modernes” : organisation obsolete des débats ; technicité décourageante des textes présentés ; longueur des discussions générales ; indiscipline dans le pouvoir d’amendement. Le sénateur considére également des facteurs structurels bien plus préoccupants tels que lincapacité de prendre en compte dans le fonctionnement des institutions gouvernantes les spécificités de la construction européenne, toujours saisie a travers la conception du droit international classique. 3. La crise de la démocratie Daniel Bourmaud jette un regard sur la vie démocratique francaise qui permet de prendre l’'ampleur de la distanciation des liens entre gouvernants et gouvernés. La démocratie fonctionne sur le sentiment de compétence et la croyance dans les institutions. Ce sentiment et cette croyance sont aujourd’hui brisés. La V™ république a connu au cours des hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en la sie Répusique ? - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Captole +1130 o9/12;2029 19:27 21 vingt-cing derniéres années, deux grandes mutations qui ont été mal négociées. L’une est de nature institutionnelle, | ‘ autre est de nature idéologique. La premiére mutation a décomposé le rapport stable, charnel des citoyens aux pouvoirs : cest la gouvernance multiniveaux, la multiplicité des échelles du politique avec I’élection du Parlement européen au suffrage universel direct d’une part et avec la décentralisation d’autre part. Cette “atomisation” a défait les figures traditionnelles de la représentation du pouvoir politique, la figure nationale du parlementaire et la figure locale du maire. Elle a rendu illisible pour le citoyen la répartition des compétences. Le citoyen ne sait qui fait quoi : qui gouverne ? La deuxiéme mutation tient a la décomposition des matrices idéologiques qui alimentaient le clivage droite/gauche, A la suite de la décomposition du bloc communiste et 4 l’effondrement du marxisme. La perte des idéologies a favorisé une technicisation des problémes de la société, une dépolitisation qui rend impossible toute vision globale de la société et tout projet de société. Il en résulte la crise des partis politiques qui ne représentent plus grand monde. Avec un tiers d’abstentions, un tiers de votes protestataires, les partis de gouvernement se disputent 50 % du tiers restant. Le systéme partisan se défait et conduit 4 une désaffection structurelle du politique. B-Un systéme politique dépassé Par dela les jugements que on peut formuler sur Pécart existant entre la norme fondamentale et le systéme politique qu'elle était censée déterminer, les constitutionnalistes s‘interrogent autant, sinon davantage, sur l'adéquation du systéme politique 4 l’évolution des structures sociales et des aspirations citoyennes ainsi qu’aux mutations de l’Etat. La réflexion constitutionnelle contemporaine intégre des problématiques nouvelles qui ne se limitent plus Yaménagement des rouages de gouvernement, ni a la charte des droits et libertés fondamentaux. Elles touchent a des questions diverses mais essentielles : la signification a hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 12180 o9/12;2029 19:27 22 23 contemporaine de la citoyenneté, la place des juges, les conditions du contréle de la gestion publique ; autrement dit trois maniéres de poser la question du sens et des conditions actuelles de la démocratie. 1. Repenser la citoyenneté La communication de Stéphane Pierré-Caps sur “la constitution démotique” interroge la __ signification contemporaine de la notion de peuple et le statut qui doit étre désorma Baumont revient sur le concept de “démocratie existentielle” développé par Robert Misrahi et la notion de “bonheur né comme but de la société. Stéphane Pierré-Caps pose la question de notre capacité aujourd’hui a faire évoluer les concepts et la théorie du droit constitutionnel pour appréhender le phénoméne nouveau : celui de la représentation et du statut du démos dans la constitution. Le droit constitutionnel s’est attaché depuis le début du XX®™* a fixer un double objet : “le statut du pouvoir dans |’Etat ; les droits et libertés fondamentaux et leur garantie juridictionnelle”. Mais une constitution, rappelle S. Pierré- Caps est aussi expression juridique d’une société déterminée et organisée en Etat. La problématique de la “constitution démotique” est de poser la question du peuple, non plus celle “du peuple a lorigine de la constitution” mais celle “du peuple juridiquement situé par la constitution”, c’est-d-dire de saisir le peuple dans son identité et non pas seulement dans son pouvoir, de résoudre la question de la juridicisation des cadres territoriaux et sociaux des sociétés humaines. La constitution sert en quelque sorte de miroir au démos qui liinstitue en réfléchissant ses caractéristiques propres ou supposées telles. Cette problématique impose une mise a jour du droit constitutionnel pour résoudre le pourquoi un peuple fait peuple. Elle suppose de réfléchir 4 des questions essentielles comme le concept de “peuple frangais”, le communautarisme, la discrimination positive, la laicité. “Le peuple frangais, dans s le sien dans la constitution. Celle de Stéphane hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 13130 o9/12;2029 19:27 24 25 sa signification juridique unitaire, est-il 4 méme de rendre compte aujourd’hui d’un vouloir vivre ensemble ?”. Le débat sur la VI'™* aura une portée limitée s'il se cantonne aux schémas institutionnels classiques en occultant les aspects culturels et identitaires qui conditionnent J/’intégration nationale. Stéphane Baumont, comme S. Pierré-Caps, souligne la difficulté du droit constitutionnel 4 rendre compte du substrat humain de l’Etat. Chaque numéro de République est la traduction d’un espoir de métamorphose politique, une symbolique nécessaire A la sacralisation du changement espéré. Celui dont est porteur la VI'™* République est le dépassement de la démocratie politique (élective et représentative) dans l’avénement d’une “démocratie existentielle” qui place la liberté et le bonheur de lindividu a son principe. L’auteur voit dans l’aspiration des Francais a la VI" république la volonté d’inscrire une nouvelle philosophie du politique, 4 base de revendication éthique : “l’exigence démocratique contemporaine consiste, en effet 4 confronter systématiquement les actes du pouvoir aux valeurs auxquelles la société s’identifie”. Insister sur importance de l’éthique dans la politique c’est rendre plus évidente la responsabilité du gouvernant face aux gouvernés et plus impérieuse la nécessité de traduire les valeurs en contenus qualitatifs et concrets d’un programme ayant le bonheur des personnes pour horizon. 2. Repenser la place des juges Décu par la modeste place accordée a la justice dans les débats sur la VI'™® République, Xavier Bioy s’interroge sur le décalage entre, d'une part, la formidable mutation de la régulation juridique et la place qu’elle occupe dans le concert du social —a tel point qu’on peut se demander si “la VIéme des juges est déja une réalité ?”— et, d’autre part, la difficulté a “ancrer au coeur de la révolution constitutionnelle” la fonction juridictionnelle. Il fallait done reprendre les termes du débat, noué en 1958, autour de la problématique largement obsoléte hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 14130 o9/12;2029 19:27 26 du statut de la seule justice judiciaire comme autorité ou pouvoir. Certes les termes de lalternative autorité/pouvoir n’ont cessé d’étre réactualisés. La reconnaissance d’un “pouvoir juridictionnel” renvoie 4 Vidée de l’émergence a Vintérieur de l’Etat d’un appareil permettant a l’individu de s’opposer & lui (Th. Renoux). L’autorité fonde sa légitimité sur une position extérieure et transcendante par rapport au systéme politique (A. Garapon). En revanche, la réflexion constitutionnelle sur “la fonction de juger” est relativement pauvre au regard des enjeux d’une justice exercée aujourd’hui, par une pluralité d’organes dont la composition et le statut, les liens hiérarchiques, voire l’existence méme font débat. Devant Yabsence de vision d’ensemble des partis politiques sur la justice, Xavier Bioy reprend point par point les aspirations et solutions avancées dans les propositions sixiémistes les plus abouties. Dominées par la volonté de rationalisation et de responsabilité, ces propositions, a quelques exceptions prés, n’accordent pas aux juges la place qu’ils occupent déja. “La sixiéme des juges est la, mais la sixiéme a venir ne sera sans doute pas une république des juges, faute de penser la Juridiction dans sa fonction constitutionnelle et sa responsabilité”, conclut Xavier Bioy. 3. Contréler l'efficacité de la gestion publique La gestion publique est un domaine en forte mutation, depuis au moins un quart de siécle, engendrant, en France comme dans tous les pays de !OCDE, une succession de politiques de “réforme de l’Etat” dont le théme est aussi prégnant que le résultat est incertain. Frédérique Rueda s’intéresse ici a la réforme financiére de I’Etat, la LOLF du 1* aoft 2001. La nouvelle “constitution financiére”, annoncée comme une “révolution financiére” implique, on le sait, une révolution dans les rapports entre le gouvernement et le parlement puisqu’elle vise a revaloriser la fonction de contréle du Parlement sur Pusage des deniers publics et Vefficacité de la gestion publique. La LOLF restructure le budget de V’Etat (et hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 16130 o9/12;2029 19:27 27 28 29 de Yensemble de ses opérateurs) selon une logique @évaluation de la performance des résultats au regard des objectifs, missions et programmes déterminés par la représentation nationale. La nouvelle architecture budgétaire implique donc en principe une vraie collaboration du législatif et de l’exécutif ; elle implique de faire du Parlement un partenaire actif du gouvernement qui réinvestisse le domaine de l’'action publique. Or, il faut bien constater que la mise en oeuvre de la réforme est des plus décevantes. Dire que la capacité du Parlement a influencer les choix budgétaires du gouvernement a fait peu de progrés, est méme sans doute un doux euphémisme si on en juge aujourd’hui par Punanimi docile que le gouvernement a rencontrée lors du vote du dernier budget. Il faut donc un véritable travail de rééducation des parlementaires. Pour que la réforme ait des résultats tangibles, une revalorisation des pouvoirs du Parlement est nécessaire. L’objectif requiert aussi une remise a plat des missions de lEtat et une réorganisation d’ensemble des administrations publiques. Le passage a la VI'™ République pourrait étre “un électrochoc salutaire” si la réforme s’enlisait. Les dysfonctionnements institutionnels et les nouveaux enjeux se conjuguent donc pour donner des bases sérieuses au projet de refondation de notre systéme politique. Si tous les intervenants s’accordent sur la nécessité de réformes importantes du régime politique, d’aucuns sont convaincus par Vidée de passer a une VI*™ république. Il - CHANGER DE REPUBLIQUE ? Sans que l’idée de changer de République leur soit jamais apparue comme un crime de lése majesté, mais tout au contraire comme un projet largement justifié par les errances du systéme politique actuel, les contributeurs A ce colloque se sont livrés 4 un examen précis et détaillé des conditions de la refondation. Tout au long de ces réflexions, ils ont décliné une gamme large opinions et de réponses a la question posée (demain la VI'"* hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 16130 o9/12;2029 19:27 30 31 République ?) qui va du néce: constitution pour changer de régime), du possible a Vimprobable (les conditions juridiques et politiques de la transition vers la nouvelle constitution), pour finalement converger, 4 mi-chemin sans doute entre le désirable et limpossible, vers une relativisation des effets attendus d’une résolution constitutionnelle des dysfonctionnements observés. re a Vinutile (changer de A-— Changer de Constit régime ? ition pour changer de Comme le sénateur Gélard, n’ayons pas le fétichisme des chiffres : comme le souligne justement Stéphane Baumont si Yon prend en compte les révisions substantielles qu’a connues la V'"* République, dans le texte ou dans son interprétation, “la VI'™° République, est-ce d’ailleurs le bon numéro ?”, Aprés celles de 1962 (élection du président de la République au suffrage universel), de 1974 (modification de la saisine du Conseil constitutionnel), 1986 (cohabitation), 1992 (traité de Maastricht), 2000 (quinquennat), c’est de XI'™* République qu’il faudrait parler 4 défaut de pouvoir évoquer la constitution européenne. Mais changer de numéro ce n’est pas rien ; c’est méme une symbolique fondamentale qui sacralise la volonté d’une métamorphose politique bouleversant le régime existant. C’est la voie que propose Bastien Frangois. Cest pourtant avec un désir de rupture tout aussi fort qu’André Cabanis et Jean-Marie Crouzatier, et 4 leur suite, un certain nombre d’orateurs, proposent, a Vinverse, de donner 4 sa chance 4 la constitution de 1958, sous réserve de quelques aménagements. Entre les deux points de vue, Stéphane Mouton avance V’idée d'une rupture pour la continuité. 1. La rupture Mus par l’impérieuse nécessité de la rupture symbolique, Bastien Frangois et Paul Allis évoquent avec modestie le réle pourtant important qu’ils ont joué dans l’essor de Vidée hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 17180 o9/12;2029 19:27 33 34 dune VI*™ République, en tant qu’acteurs politiques et en tant quexperts universitaires. Je ne retiendrai momentanément que les propos du premier. La contribution 4 ce colloque du co-auteur (avec Arnaud Montebourg) d’un projet rédigé de constitution pour la VI'™* République est intéressante car elle dévoile les écarts entre les convictions personnelles du politiste constitutionnaliste et les compromis passés par le militant. Intéressant écho au remarquable travail de recherche conduit par Emilie Marcovici sur les partis politiques — et pas simplement de gauche !~ et l’idée de VI™ République. L’économie du projet Frangois-Montebourg s’ordonne autour de deux axes forts : la responsabilité et la gouvernabilité. La responsabilité politique commande Tinstauration du systéme primo-ministériel existant déja en Europe et suppose de retirer au président de la République les pouvoirs de gouvernant : signatures des décrets et ordonnances ; nomination des fonctionnaires ; participation a la définition de Yordre du jour du conseil des ministres. Le président doit devenir un vrai arbitre et, a ce titre, conserver les pouvoirs qui lui permettent de saisir le Conseil constitutionnel ou de demander une seconde délibération de la loi au Parlement. Dans la veine de la responsabilité toujours, les pouvoirs de contréle et d’évaluation du Parlement seront majorés, avec un renforcement notable des droits de l’opposition. La gouvernabilité conduit les auteurs 4 maintenir deux éléments, par ailleurs contestés par la plupart des intervenants au colloque : le droit d'initiative en matiére de dissolution (“ au cas ot il n'y ait pas de majorité trés claire ”) et Pélection du président de la République au suffrage universel direct. Bastien Francois se réfugie derriére le droit comparé qui enseigne que bien des régimes primo-ministériels fonctionnent avec un président élu directement par le peuple. Il avoue cependant avoir cédé ses préférences personnelles pour la suppression de Télection populaire directe a linsistance amicale du co-auteur de son ouvrage. Sans doute hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 18130 o9/12;2029 19:27 36 37 38 aurait-il eu avantage 4 recourir 4 l'imagination créatrice du professeur Claude Emeri, qui, pour convaincre Vincent Auriol de se porter candidat A sa présidence, invente un systéme original et ouvert d’expression des préférel citoyennes de désignation du président de la VE™ République, dans le cadre d’un vote devenu obligatoire et électronique. Pour B. Francois, limportant, au fond, se joue au niveau des pouvoirs. Le souci de la gouvernabilité incline au maintien de l’élection des députés au scrutin majoritaire tandis que les représentants au Sénat rénové seraient élus a la proportionnelle, le Sénat perdant certaines de ces prérogatives : plus de droit au dernier mot ni droit de veto pour la réforme de la constitution. Notons, enfin que le projet de constitution comporte d’autres dimensions destinées a redynamiser la démocratie participative (initiative législative populaire, contréle de constitutionnalité a posteriori) et la démocratie locale (avec un fonctionnement des pouvoirs locaux calqués sur le fonctionnement des pouvoirs centraux). Sila VI'™ République de Bastien Francois est parlementaire et primo-ministérielle, tous les projets alternatifs 4 la V'™ ne le sont pas. Emilie Marcovici s'est livrée pour nous a la mise en forme et en ordre des propositions foisonnantes, plus ou moins cohérentes, qui fleurissent dans l'aréne politique, sous la banniére d’une VI""* République mais aussi et de plus en plus sous la banniére de la V'™® République rénovée. Sous prétexte de mettre le droit en cohérence avec les faits — la prééminence présidentielle — et au nom d'un attachement des Frangais a l’élection du président de la République au suffrage universel direct, la solution d’un présidentialisme 4 la francaise tend A devenir un schéma dominant. Philippe Lauvaux révéle les abus taxinomiques, a partir d’une comparaison des régimes américain, anglais et francais. N’est pas présidentialiste qui veut. Le critére qu’il faut considérer pour qualifier notre régime c’est le fait majoritaire, dit-il. La ve République est moins hybride qu’on ne le dit. L’effectivité hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 19130 o9/12;2029 19:27 39 du pouvoir du président repose sur Vexistence d'une majorité parlementaire. Ce sont les élections législatives qui conditionnent le pouvoir du chef de Etat comme chef de Vexécutif. Ce qui est primordial dans le régime américain ce sont les élections présidentielles, indépendantes des élections législatives. Le président des Etats-Unis n’agit pas comme un chef de parti. La V'™* République est parlementaire et de Gaulle récuse la transposition du modéle américain qui confond le président de la République et le premier ministre. La revendication d’un régime présidentiel “A la francaise” viendra plus tard comme une revendication de lisibilité, comme une exigence de clarté, pour éviter le risque d’une crise chronique au sein de V'exécutif. Les hommes politiques qui revendiquent le présidentialisme a la francaise plaquent une facade américaine sur un régime fondé sur le concept majoritaire parce qu’il est fondamentalement parlementaire. Le vrai présidentialisme serait une révolution mais il est impossible. 2. La continuité Pour Stéphane Mouton il faut changer de constitution pour parachever le régime parlementaire dont la constitution de 1958 était grosse et conduire, ainsi, A son terme la vague de fond qui inspire toute les constitutions qu’a connues la France depuis 1789. D’une constitution a l'autre, il repére la lente affirmation du régime parlementaire. Malgré Vapparente hétérogénéité des textes constitutionnels qui se sont succédé (révolutionnaires, napoléoniens, monarchistes et républicains), il existerait un “sens caché”, “un métronome perpétuel”, ou encore un “code génétique parlementariste”. Pour les saisir, il faut rompre avec les classifications par le principe de séparation des pouvoirs et s’intéresser au principe représentatif d’abord. Alors on peut se rendre compte, comment chaque constitution a apporté une pierre a l’édifice qui nous conduit, comme une logique inexorable de notre histoire, vers le parlementarisme rationalisé. La V°™ hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 20130 o9/12;2029 19:27 40 république l’a perfectionné, comme les précédentes, mais elle n’a pas su accomplir. De 1789 a 1815, le temps des fondations nous légue une assemblée dépositaire de la souveraineté mais aussi la figure du chef de l’Etat et des ministres qui préfigurent le gouvernement, un droit d’initiative et un droit de dissolution, bref “deux pouvoirs qui ne savent pas marcher ensemble”, Avec la Restauration arrive le temps des jonctions : glissement vers le gouvernement solidaire et responsable, développement des collaborations fonctionnelles entre le gouvernement et la chambre. Dans sa phase de concrétisation, de 1875 jusqu’en 2006, ce déséquilibre persiste. Tantét moniste tantét présidentialiste, le parlementarisme ne fonctionne jamais en équilibre. 1958 est une ceuvre de réaction, un parlementarisme hybride, inachevé. La VI'™* République pourrait poser les conditions d’un véritable parlementarisme. Elle s‘inscrirait alors dans la continuité depuis 1789 car c’est cette ligne de fond qui structure notre histoire constitutionnelle. 3. Le retour Changer le régime sans changer de constitution, c’est Yalternative 4 laquelle nous invitaient André Cabanis et Jean-Marie Crouzatier, partir d’un point de vue qui, s’il fallait le classer, ne serait ni “pour” ni “contre” le changement de République, mais peut-étre indifférent. Leur problématique est non pas de réhabiliter la V°"® république mais de s‘interroger sur ce que pourrait étre ce régime si on avait respecté la lettre de la constitution du 4 octobre 1958. Leur point de vue n’est pas conservateur puisque, au fond, cette constitution n’a jamais été appliquée ni dans la lettre ni dans lesprit des origines et encore moins conformément 4 esprit de son fondateur Michel Debré, comme I’a souligné Claire Conte. Ce n’est pas non plus un point de vue utopique puisque les périodes de cohabitation ont pu nous y ramener. Marie- Anne Cohendet nous dira plus tard que les cohabitations ont également permis d’en saisir les limites, favorisant ainsi le hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 21190 o9/12;2029 19:27 41 débat public sur Vopportunité dun cl République. “Donner sa chance a la V'™* République”, tel est le voeu de Messieurs Cabanis et Crouzatier qui reconnaissent a la constitution de 1958 Voriginalité d’avoir voulu un partage équilibré du pouvoir au sein de exécutif par différence avec le parlementarisme classique et le présidentialisme. Mais, en réalité ce n’est pas au simple retour qu’ils nous invitent car, dans loptique de reparlementarisation du régime chére a “(Ecole toulousaine” de droit constitutionnel, un certain nombre de réformes sont nécessaires : “des frappes fines au laser” sur Varticle 8, 12 et 13 mais aussi une chirurgie lourde et audacieuse : la suppression de V’élection au suffrage universel direct du président de la République, en revenant au suffrage indirect des origines. Leur objectif premier est ainsi de “recentrer la présidence” sur une fonction d’arbitrage qui angement de n’aurait jamais di cesser d’étre la sienne, en retirant au président de la République sa légitimité, ses capacités d’ingérence dans la formation, la composi du gouvernement ainsi que son pouvoir d’initiative en matiére de dissolution de l’Assemblée nationale. Leur second objectif est corrélativement de “révéler le premier ministre”, en garantissant son indépendance par rapport au chef de |’Etat, en affirmant son statut de chef de la majorité parlementaire (le retour 4 la procédure d’investiture) et de chef de gouvernement (par une révision des pouvoirs de nomination inscrits 4 article 13 et la réduction du domaine réservé en matiére de défense et de relations internationales). L’opportunité de maintenir l’élection du président de la République au suffrage universel direct, dans un projet de reparlementarisation de la V'™* République, fait done débat. Guy Carcassonne qui visiblement ne veut pas raisonner dans le cadre d’une VI'™° République, considére, lui aussi, ion et la démission comme un élément absolument nécessaire a défaut d’étre suffisant la suppression de l’élection présidentielle. Il convient, dit-il, de renoncer a l’élection au suffrage universel si Yon veut en finir avec le présidentialisme, car si sa légitimité reste hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 22180 o9/12;2029 19:27 42 43 intacte, le président de la République, quels que soient les pouvoirs que lui attribue la constitution, confisquera ceux quelle ne lui attribue pas. Mais Guy Carcassonne n’accorde pas davantage de poids aux stratégies qui consistent a lier le président dans le choix du chef de gouvernement. Tout président est plus ou moins lié, d’autant que c'est le premier ministre qui fait le chef de la majorité et pas le chef de la majorité qui fait le premier ministre. Si Guy Ca constitutionnelle de la V'™ République et ne préne pas pour autant le passage a la VI'™* république, c'est que le dysfonctionnement de nos institutions tient, pour lui, davantage a la qualité des joueurs qu’aux régles du jeu (erreur de casting). L’évolution de la constitution — tient fondamentalement aux choix politiques des Frangais et aux résultats des umes. Pour “couper la téte du président”, il n’y a pas besoin de guillotine ni d’une nouvelle constitution parlementaire. Tl imagine un scénario catastrophe : la résolution de la prééminence présidentielle par le politiquement inacceptable : il suffit que les Francais envoient au second tour de la présidentielle Le Pen et Besancenot. “Si le président perd sa légitimité, il perd tous ses moyens, sans rien changer 4 la constitution. II suffira, version plus probable que les Francais envoie au 2** tour Le Pen c/X et que X ne bénéficie pas de la mansuétude dont a bénéficié Chirac....”. “Les Frangais ont les moyens d’endommager Uélection présidentielle”. G. Carcassonne redoute le cofit politique de Vélection mais il semble craindre davantage “l’aventurisme constitutionnel” de ce printemps qui fait fleurir trop de propositions constitutionnelles. En réalité pour Guy Carcassonne les conditions d’une revalorisation du régime parlementaire sous la V°™ République ne sont pas réunies. Tout en appelant les bonnes volontés réformistes 4 se rassembler, il n’est pas certain de la nécessité de ce passage ni certain que les conditions soient sonne ne croit pas a la_ revalorisation hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 23190 o9/12;2029 19:27 44 45 46 47 remplies. La cré absolue, déclare Guy Carcassonne. Ces considérations nous aménent a autre débat essentiel de ces journée é constitutionnelle n’est pas une urgence : les conditions de la transition. B - Changer de constitution pour changer le systéme : comment ? Les prises de position en faveur ou contre le passage a la VI" république sont largement déterminées par l’appréciation que chacun se fait de la faisabilité juridique et politique de la transition, mais aussi de la portée et de l’efficacité que chacun préte aux réformes constitutionnelles pour changer le syst¢me politique et revitaliser la démocratie. 1. La transition constitutionnelle “Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa constitution. Une génération ne peut assujettir a ses lois, les générations futures”. Mais comment ? Par quelles voie: Relativisant la volonté exprimée par Bastien Frangois dinscrire la VI'™* dans la continuité de la V'™*, Christophe Euzet pose la question du contexte de production du changement formel et symbolique de République. Tirant les legons de notre histoire politique, qui n’a connu aucun précédent de transition constitutionnelle juridiquement conforme, il conclut a la conflictualité inhérente a4 tout processus constituant. La constitution de 1958, pas plus que les précédentes, ne prévoit sa succession. C. Euzet explore, cependant, toutes les voies possibles pour établir une filiation juridique ou a défaut politiquement légitime. Modifier la clause de révision et convoquer une assemblée constituante ? Court-circuiter la représentation nationale par le recours direct au référendum ? Le détournement manifeste des article: 89 et 11 aux fins de changer la constitution ou de modifier la clause de sa révision ne recueillerait qu’un improbable consensus politique. L’article 89 suppose l’adoption, dans des hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 24190 o9/12;2029 19:27 48 termes identiques, par les Assemblées du projet ou de la proposition. L’article 11 suppose que le peuple approuve par un vote positif le coup de force. Il n’existe pas par nature de moyen constitutionnel de faire appel a la volonté du pouvoir constituant originaire d’ot seul peut résulter la nouvelle constitution. Tout changement de norme fondamentale s‘identifie alors 4 une rupture. En dehors de l’hypothése d’une situation de crise majeure, improbable 4 court terme, la transition constitutionnelle n’est envisageable que dans des circonstances extraordinaires. Le processus constituant européen pouvait (pourrait) fournir occasion d’élaborer une nouvelle constitution, cohérente et pleinement démocratique pour la rendre compatible avec la création d’un Etat fédérateur. L’occasion a été manquée ou différée. Défiant les legons de histoire, Paul Alliés imagine, au contraire, les conditions d’un passage pacifique a la VI" république en s’inspirant de la méthode suggérée par Pierre Mendés France, dés 1961. Dans la lignée de la démocratie participative a laquelle aspirent aujourd’hui les Francais, la méthode repose sur la structuration d’un mouvement populaire et la mobilisation d’un vaste courant d’opinion, de débats contradictoires, d’échanges argumentés dans des “cercles de responsabilités” et qui finirait par imposer la constitution d’un gouvernement de transition dont la mission serait de saisir le pays de propositions de réformes fortes de ses institutions. “Syndicalistes, universitaires, militants, officiers, élus professionnels ou politiques, journalistes, fonctionnaires, jeunes, tous peuvent et doivent participer a Uélaboration des propositions qui prépareront le travail du gouvernement provisoire de demain” écrivait PMF. C’est dire qu'il ne s’agit pas de soumettre un texte déja élaboré par des juristes et des experts mais de mobiliser ensemble des forces vives de la nation sur la base de principes et d’arguments pour offrir aux citoyens la possibilité de construire un projet démocratique alternatif 4 la V'™ République. hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 25190 o9/12;2029 19:27 49 Les tergiversations des formations politiques sur la nature du régime souhaitable et les modalités de sa mise en ceuvre montrent sans doute que nous sommes loin encore du scénario démocratique imaginé par Allié: Emilie Marcovici sur l‘actualité du débat politique ’'améne au constat que si la VI°™ République peut recouvrir un projet crédible répondant aux dysfonctionnements multiples de la vem, elle est aussi devenue un objet de mercatique politique. Depuis I’'an 2000, la VI°™* République est un théme qui a connu un développement extraordinaire ralliant des personnalités bien au-dela de la gauche. La thématique de la rupture institutionnelle dépasse le clivage droit/gauche. Les sixiémistes de gauche ou de droite partagent la volonté de rupture radicale pour fonder un nouveau modéle démocratique et leur critique de la V'™ affecte toutes les institutions (justice, démocratie locale). Cependant, s'il y a union dans la critique, il n’y a pas de consensus, y compris & Tintérieur d’une méme formation, sur la nécessité de passer 4 la VE™ République ni sur les solutions de réformes institutionnelles (scrutin majoritaire, cumul des mandats). De surcroit, entre sixiémistes et réformateurs, les propositions sont parfois convergentes notamment dans la volonté de consacrer |’évolution présidentialiste du régime. A défaut de projet institutionnel concret créant un consensus, le theme de la VI'™° est davantage un message de rupture se prétant 4 des usages diversifiés dans le cadre de stratégies électorales. Néanmoins, engouement pour la VF a eu pour effet, a partir de 2005, soit d’amorcer un désengagement de certains de ses plus médiatiques soutiens soit de précipiter les renoncements successifs aux propositions —_jugées impopulaires. Les projets dépendent plus que jamais des attentes du “marché électoral”, engendrant une confusion certaine dans le message institutionnel. L’état des lieux dressé par 2. L'efficacité constitutionnelle hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 26130 o9/12;2029 19:27 50 51 Marie-Anne Cohendet en s’‘interrogeant sur les variables déterminantes d’un systéme politique, tend A remettre A sa juste place Vorganisation institutionnelle des pouvoirs arrétée da politique) résulte de l’interaction entre le texte constitutionnel (le régime politique) et un ensemble de variables déterminantes. Parmi ces derniéres, la cohabitation a é élément essentiel : elle a transformé le systéme politique et révélé le régime politique (de type parlementariste moniste et non dualiste), l’interprétation présidentialiste étant tout au plus conventionnelle mais certainement pas coutumiére. Hors cohabitation, le régime parlementaire _ bireprésentatif fonctionne comme un systéme politique présidentialiste ; en période de cohabitation, il fonctionne comme un systéme politique parlementariste. C’est dans cette réversibilité du systéme que réside loriginalité au sein de Union européenne des institutions francaises. Si Yon veut un régime politique dans lequel la pratique institutionnelle ne varie pas au gré des cohabitations, le systéme parlementaire bireprésentatif n’est sans doute pas A conseiller. Le droit comparé enseigne que, de toutes les configurations de pouvoir possibles, c’est celui qui présente le plus grand danger de cohabitation conflictuelle, le plus grand risque d’une distorsion assez peu démocratique entre le régime politique institué par la constitution et le systéme politique réel. Si on veut conserver a la VI%™* un régime parlementaire bireprésentatif, le seul levier facile et efficace pour éviter les a-coups d’une cohabitation, est de retirer au président son droit de dissolution. Cependant, la réversibilité du systéme politique ne peut étre que partiellement résolue par les réformes constitutionnelles bien pensées (remettre en cause I’élection au suffrage universel direct du président, changer le scrutin majoritaire). En effet, le renouveau du régime a toute les chances de se heurter 4 une des “variables” déterminantes les plus prégnantes : “les habitus ”. Or, dans les régimes bireprésentatifs, l’incidence des s la constitution. a pratique institutionnelle (le systéme un variables déterminantes, et notamment des habitus, sur hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 27180 o9/12;2029 19:27 52 53 Vinfluence et la configuration des cohabitations est toujours plus fortes. En France, les habitus renforcent la légitimité politique du président, devenu le leader du parti majoritaire et les abus de pouvoirs qu’autorise ce surcroit de légitimité permettent de renforcer les habitus selon lesquels il serait normal qu’il gouverne. En supposant qu’un changement de constitution soit possible et réalisé, il ne déterminera pas immédiatement le systéme politique. Les pratiques de pouvoirs demeureront longtemps empreintes par le présidentialisme qui a fini par dominer l’interprétation de la constitution. Daniel Bourmaud est dubitatif sur les solutions institutionnelles a la crise de la démocratie. Le pouvoir est devenu un probléme technique qui renvoie a des solutions techniques maitrisées par les experts, 4 l'instar du pouvoir colonisateur qui impose sa rationalité technique par la disqualification des modes traditionnels de sacralisation du pouvoir. Cette situation est irrecevable pour une majorité de nos concitoyens. Nous sommes dans une évolution lourde de nos sociétés. La crise de la démocratie réside dans la dépolitisation des enjeux. D. Bourmaud avoue un pessimisme intégral sur le devenir de nos sociétés car le probléme est intraitable par des techniques constitutionnelles. Nos débats méme d’experts n’y participent-ils pas ? On peut toujours objecter que des solutions constitutionnelles et méme législatives peuvent corriger les fléaux qu’il pointe. Ainsi existe-t-il des remédes A la fonctionnarisation du politique qui joue un réle essentiel dans la technicisation. Le vote des étrangers peut modifier la vie dans les quartiers dans lesquels ils sont relégués. La repolitisation repose aussi sur une confiance retrouvée dans la valeur du jugement du citoyen méme non expert, la foi dans la démocratie repose d’ sur cette confiance. Je souhaiterai enfin conclure cette synthése en évoquant quelques lignes de tension qui ont discrétement sous-tendu nos débats. Tensions entre expertise technique et démocratie : leurs hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en DDemain, la sikiéme Répubique 7 - Rapport de Synthése - Presses de Université Toulouse Capitole 28130 oor202a 1927 Demin, a svitme République ? -Rappor de Synhése -Presses de Unversié Toulouse Capitole la place du savoir expert (B. Beignier) et la place du citoyen profane (D. Bourmaud) ; tensions entre réforme institutionnelle et révolution conceptuelle : ce que lingénierie constitutionnelle sait résoudre et ce qui lui échappe (Pierré- Caps) ; tensions entre constitutionnalisme et politique : ce que le droit peut résoudre et ce qui résulte des urnes, le fait majoritaire ayant largement hanté les débats. Author Laure Ortiz Professeur de droit public. Directrice de JInstitut d’Etudes Politiques de Toulouse By the same author La fonction publique territoriale : ’unité au défi de la territorialité in La décentralisation 30 ans aprés, Presses de Université Toulouse Capitole, 2013 The text and other elements (illustrations, imported files) may be used under OpenEdition Books License, unless otherwise stated. Electronic reference of the chapter ORTIZ, Laure. Rapport de Synthése In: Demain, la sixiéme République ? [online]. Toulouse: Presses de l'Université Toulouse Capitole, 2007 (generated 09 décembre 2023). Available on the Internet: hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en 22130 oor202a 1927 ‘Domain, la skibme Répuatque ?- Rapport de Syne - Presses de Universé Toulouse Capitola . ISBN: 9782379280009. DOI: hitps://doi.org/10.4000/books.pute.157. Electronic reference of the book ROUSSILLON, Henry (ed.). Demain, la sixiéme République ? New edition [online]. Toulouse: Presses de Université Toulouse Capitole, 2007 (generated 09 décembre 2023). Available on the Internet: . ISBN: 9782379280009. DOI: https://doi.org/10.4000/books.pute.102. Zotero compliant hitps?b0oks.openedton orgpute/187?ang=en 30130

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