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Énergie de liaison

ASTON :

Pourquoi la masse du 168 O n’est pas égale à 4 fois la masse de


2 He et la masse de ce dernier n’est pas égale à 4 fois la masse
4

de 11 H ?

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Énergie de liaison

i. Le noyau le plus simple qui puisse exister est le proton ( 𝜏 ≃ 1031 années
(l’âge de l’univers est estimé à environs 14 milliards années) . C’est un
noyau stable.

ii. Si on lui ajoute un neutron, compte tenu de la force de liaison proton-


neutron, on obtient 21 H. Il doit être stable et il l’est, mais son énergie de
liaison est faible.

iii. Si on ajoute au 21 H un autre neutron ⟶ 31 H noyau instable (𝜏 ∼ 17.7


ans). Le neutron non apparié se transforme en proton :

1H ⟶ 32 He noyau stable (1)


3

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Énergie de liaison

iv. La particule alpha ( 42 He) est très stable.

⎧ + 11 p ⟶ 53 Li 𝜏 ∼ 10−21 s, très instable


{
4
2 He ⎨ 1
{ + n ⟶ 5 He 𝜏 ∼ 10−21 s, très instable
⎩ 0 2

I. Toutes les combinaisons de 𝑁 et de 𝑍 ne donnent pas lieu à des nucléides


stables ou radioactifs.

II. Les considérations sur l’équilibre masse-énergie peuvent apporter beau-


coup de lumière sur les propriétés de stabilité de diverses espèces
nucléaires.

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Énergie de liaison

Figure 1
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Énergie de liaison

⋆ La spectrographie de masse atomique montrent que les masses atomiques


déterminées expérimentalement sont inférieures à la somme des masses
individuelles des particules constitutives ;

⋆ On conçoit qu’une partie de la masse globale sert à fournir l’énergie in-


trinsèque associée à la liaison des particules dans le noyau ;

⋆ La masse mesurée d’un atome neutre dans un échantillon isotopiquement


pur, appelée poids atomique, est proche d’être un multiple entier 𝐴 de
l’unité de masse atomique 𝑢 ;

⋆ La différence numérique exprimée en 𝑢 étant appelée Défaut de Masse Δ.

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Énergie de liaison

Déf Défaut de masse


La différence entre 𝑀 et 𝐴, exprimée en uma, est le défaut de masse Δ𝑀 :
Δ𝑀 = 𝑀 − 𝐴 (2)
L’excès de masse 𝛿 est défini comme étant Δ𝑀 𝐶 2 . Le diagramme 𝛿 =
𝛿(𝑍, 𝑁 ) est appelé vallée de stabilité. Il renseigne sur la stabilité des noyaux.

Déf Coefficient de cohésion


Le coefficient de cohésion est le défaut de masse par nucléon :
𝑀 −𝐴
𝑓= (3)
𝐴

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Énergie de liaison

Figure 2 Coefficient de
cohésion 𝑓 en fonction de 𝐴
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Énergie de liaison

Le coefficient de cohésion 𝑓 :

⋆ 𝑓 varie avec le numéro atomique 𝐴 ce qui indique qu’il existe une variation
de l’énergie intrinsèque des configurations nucléaires dans l’intervalle du
tableau périodique ;

⋆ 𝑓 est nul pour 𝐴 ∼ 20 ( région du néon) et 𝐴 ∼ 170 ( région de l’erbium ) ;

⋆ Il est maximal aux extrémités et minimal au voisinage de 𝐴 = 60 (Co-Ni).

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Énergie de liaison

Masse atomique et masse nucléaire


Masse atomique 𝑀 (𝑍, 𝐴) : La masse de l’atome non ionisé et de numéro
atomique 𝑍. En toute rigueur, si 𝐵𝑒 désigne la somme des énergies de liaisons
des 𝑍 électrons, alors
𝐵𝑒
𝑀 (𝑍, 𝐴) = 𝑍𝑚𝑒 + 𝑀 ′ (𝑍, 𝐴) − (4)
𝑐2
où 𝑀 ′ (𝑍, 𝐴) est la masse du noyau.

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Énergie de liaison

Déf Énergie totale de liaison du noyau


L’énergie totale de liaison 𝐵(𝑍 , 𝐴) d’un nuclide, formé de 𝑍 protons et de 𝑁
neutrons, est l’énergie nécessaire pour dissocier le noyau en ses constituants
élémentaires (neutrons et protons).
Réciproquement, c’est l’énergie libérée quand 𝑍 protons et 𝑁 neutrons se
combinent pour former un noyau.

Si 𝑀 (𝑍, 𝐴) est la Masse du noyau :

1
𝑀 (𝑍, 𝐴) = 𝑍𝑚𝑝 + 𝑁 𝑚𝑛 − 𝐵(𝑍, 𝐴) (5)
𝑐2

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Énergie moyenne de liaison

Déf Énergie moyenne de liaison du noyau


L’énergie moyenne de liaison ou l’énergie totale de liaison par nucléon est
définie par le rapport

𝐵(𝑍 , 𝐴)
Énergie moyenne de liaison = (6)
𝐴

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Énergie moyenne de liaison

Figure 3 Tendance générale lissée de 𝐵/𝐴 pour 30 < 𝐴 < 240, sans
représentation explicite des variations fines significatives qui ont été quantifiées
depuis.
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Énergie moyenne de liaison

⋆ Noyaux légers (𝐴 < 28) :


– Une récurrence cyclique importante des pics, cor-
respondant à une liaison maximale pour les noy-
aux pour lesquels 𝐴 est un multiple de quatre.

– Les noyaux les plus liés sont des noyaux pairs-


pairs pour lesquels 𝑁 = 𝑍.

– La structure cyclique suggèrent un modèle pour


les noyaux légers basé sur une structure en "par-
ticules 𝛼" : Chaque état étant occupé par deux
neutrons de spins opposés et par deux protons
Figure 4
également de spins opposés.

– L’existence de ces pics est une démonstration expérimentale convain-


cante du principe d’exclusion de Pauli dans les noyaux.

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Énergie moyenne de liaison

⋆ Des paires d’isobares stables apparaissent pour la


première fois à pour 36
16 S et 18 Ar et deviennent plus
36

fréquentes au fur et à mesure que 𝐴 augmente. 𝐵/𝐴


présente plusieurs valeurs pour la même valeur de 𝐴
même pour les noyaux stables.

⋆ Pour 𝐴 > 30 ( 30
14 Si), les noyaux pour lesquels 𝑁 ou
𝑍 = 14, 20, 28, 40, 50, 82, 126 ont des valeurs de
𝐵/𝐴 qui traduisent une stabilité particulière, prob-
ablement attribuables à des structures en couches
saturées.

⋆ Un maximum large au voisinage de 𝐴 ∼ 60 (Fe, Ni, Figure 5


Co) où 𝐵/𝐴 ∼ 8, 7 Mev/nucléon.

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⋆ En dehors de ce maximum 𝐵/𝐴 diminue de façon monotone jusqu’à at-
teindre la valeur de 7.3 MeV/Nucléon ( 238 U) ; valeur voisine de l’énergie
moyenne de liaison de la particule 𝛼 (7.7 MeV/Nucléon)

⋆ L’accumulation d’éléments plus lourds dans les processus de fusion


nucléaire des étoiles est limitée aux éléments inférieurs au fer : la fusion
du fer consomme de l’énergie au lieu d’en produire.

⋆ Le 56 Fe est abondant dans les processus stellaires. Avec une énergie de


liaison par nucléon de 8.8 MeV, il est le troisième noyau le plus fortement
lié. Son énergie de liaison moyenne n’est dépassée que par le 58 Fe et le
62
Ni.

⋆ Les noyaux lourds sont sujets à des désintégrations 𝛼 ou à des processus


de fission.

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Formule de Bethe-Weizsäcker

Hypothèses (Modèle de la goutte liquide) :

La matière nucléaire est incompressible et est universel : Sa masse volu-


mique est voisine de 2 × 1014 t/m3 ;

Dans son état stable non perturbé, le noyau est assimilable à une sphère
uniforme et uniformément chargée. Son rayon 𝑅 = 𝑟0 𝐴1/3 ;

La densité volumique de charge est constante : la probabilité d’existence


des protons est la même en tout point du noyau ;

La force de cohésion ne dépend pas de la charge (interaction forte).

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Formule de Bethe-Weizsäcker

Par analogie avec les propriétés thermodynamiques d’une goutte liquide


l’énergie de liaison est présentée comme une série de termes qui seront à
leur tour déterminés par ajustement sur les valeurs expérimentales :

𝐵 = ∑ 𝐵𝑖 (7)
𝑖

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Le terme de volume (𝐵𝑣 )

Ce terme est le plus important. Plus le


nombre des nucléons en volume est im-
portant plus ils seront très fortement liés
(interaction forte). Ce terme est propor-
tionnel au volume :

𝐵𝑣 = 𝑎 𝑣 𝐴 (8)

𝑎𝑣 est un coefficient numérique.

Figure 6

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Le terme de surface (𝐵𝑠 )

Les nucléons en surface sont moins


entourés que les nucléons du volume
;

Plus le nombre de nucléons en sur-


face est important moins est stable
le noyau ;

Le nombre des nucléons en surface


est proportionnel à la surface du
noyau. Les nucléons de la surface
sont moins liés :
Figure 7
𝐵𝑠 = −𝑎𝑠 𝐴2/3 (9)

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Le terme Coulombien (𝐵𝑐 )

L’interaction électrostatique entre les


protons réduit la stabilité du noyau.
L’énergie potentielle 𝑊 d’une sphère
uniformément chargée est :
3 𝑍 2 𝑒2
𝑊 = (10)
5 𝑅
d’où le terme Coulombien :
𝑍2
𝐵𝑐 = −𝑊 = −𝑎𝑐 1 (11)
𝐴 3

Que l’on corrige en écrivant :


Figure 8
𝑍(𝑍 − 1)
𝐵𝑐 = −𝑎𝑐 1 (12)
𝐴 3

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Énergie de liaison

Si on se limite à ces trois termes :

𝑍(𝑍 − 1)
𝐵 = 𝑎𝑣 𝐴 − 𝑎𝑠 𝐴2/3 − 𝑎𝑐 1 (13)
𝐴3
𝑍(𝑍 − 1)
𝑀 (𝑍, 𝑁 ) = 𝑍𝑚𝑝 + 𝑁 𝑚𝑛 − [𝑎𝑣 𝐴 − 𝑎𝑠 𝐴2/3 − 𝑎𝑐 1 ] (14)
𝐴3
Le maximum de stabilité au sein d’une chaîne isobarique :


(15)
1
𝑀 (𝑍, 𝐴)] = 0 ⇔ 𝑍 = 0.66𝐴 3
∂𝑍 𝐴

Càd que pour 𝑍 = 20, 𝐴 serait de l’ordre de 28 ce qui est en contradiction


avec expérience !

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Énergie de liaison : Suite

Pb : Chercher des termes correctifs supplémentaires. On part des constats :

La symétrie
Les noyaux pour lesquels 𝑁 = 𝑍 sont stables ⇔ Les noyaux pour
lesquels 𝑁 ≠ 𝑍 sont moins stables.

Tous les noyaux ne sont pas symétriques ;

En général 𝑁 > 𝑍 : On construit un noyau asymétrique partant d’un


noyau qui l’est.

L’énergie d’asymétrie sera l’énergie nécessaire pour transformer un noyau


symétrique en un noyau asymétrique .

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Terme d’asymétrie - Modèle de Fermi

(𝑁 − 𝑍)2
Le terme proportionnel à 𝐴 est le terme d’asymétrie. C’est un terme
quanto-mécanique que l’on peut attacher à la façon dont les nucléons se
répartissent sur les niveaux d’énergie permis dans le puits de potentiel les
décrivant.

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Terme d’asymétrie : Formulation

En définitive :

(𝑁 − 𝑍)2
𝐵𝑎 = −𝑎𝑎 𝐴 (16)
(𝑁 + 𝑍)2

𝑎𝑎 est une constante empirique déterminée par


ajustement sur les valeurs expérimentales.

Le terme (𝑁 + 𝑍)2 est un facteur de nor- Figure 9


malisation introduit de sorte que les ordres de
grandeurs de 𝐵𝑎 soient cohérents avec les trois premiers termes.

Le terme 𝐵𝑎 est affecté du signe moins car il contribue à la déstabilisation


du noyau occasionnée par l’asymétrie 𝑁 − 𝑍 : au delà d’une certaine
limite, les neutrons cessent d’être des agents stabilisateurs.

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Énergie de liaison :

– La parité

Type Stable + Longue période Stabilité Nbre d’isotopes stables par élément
P-P 166+11= 177 Très prononcée Plusieurs (2 à 3)
I-P 55 + 3 = 58 Moyenne 1
P-I 51+3 = 54 Moyenne 1
I-I 6+4 = 10 Faible 0

Les noyaux pour lesquels 𝑁 et 𝑍 sont paires sont stables ⇔ Les


noyaux pour lesquels 𝑁 ou 𝑍 ou les deux sont impairs moins stables.

⇒ Recourir à la Mécanique Quantique pour évaluer de nouveaux termes correctifs.

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Le terme d’appariement

La systématique montre :

– L’énergie de liaison par nucléon est systématiquement légèrement plus


grande pour les noyaux pair-pair que pour les noyaux impairs.

– Les noyaux pair-pair sont toujours légèrement plus stables que les noy-
aux impairs proches.

– Des proportions relatives selon la parité : ≃ 60.2% de noyaux pair-pair,


≃ 38.3% de noyaux impairs et ≃ 1.5% de noyaux impair-impair.

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Le terme d’appariement

Expression du terme d’appariement :

{ +𝛿 pour les noyaux P-P



𝐵𝑝 = ⎨ 0 pour les noyaux P-I ou les noyaux I-P
⎩ −𝛿 pour les noyaux I-I
{
(17)

La valeur adoptée pour 𝛿 (Bohr et Mottelson,


1
1969) est 𝑎𝑝 𝐴− 2 MeV où 𝑎𝑝 ∼ 12 MeV.

Figure 10

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La formule de Bethe-Weizsäcker

Figure 11 Contributions des différents termes dans l’expression de


l’énergie de liaison

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La formule de Bethe-Weizsäcker

𝑍(𝑍 − 1)
𝑀 (𝑍, 𝐴)𝑐2 = 𝑍𝑚𝑝 𝑐2 + 𝑁 𝑚𝑛 𝑐2 − 𝑎𝑣 𝐴 + 𝑎𝑠 𝐴2/3 + 𝑎𝑐 +(18)
𝐴1/3
⎧ +𝛿 (P-P)
𝐴 − 2𝑍 {
+ 𝑎𝑎 + ⎨0 (P-I) ou (I-P)
𝐴 {
⎩ −𝛿 (I-I)

𝑎𝑣 = 15.409 ± 0.026 MeV


𝑎𝑠 = 16.873 ± 0.080 MeV
𝑎𝑐 = 0.695 ± 0.002 MeV (19)
𝑎𝑎 = 22.435 ± 0.065 MeV
𝑎𝑝 = 11.155 ± 0.864 MeV

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La formule de Bethe-Weizsäcker

Figure 12 Comparaison des énergies de liaison par nucléon


expérimentales (points) et des valeurs obtenues à partir de la
formule empirique dans le cas de noyaux pair-pair stables

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