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324 Chapitre V h 1¢ itre de V6 Vuc yén K Neguyén Phic Khoat fut investi du nom symbolique posthume “Kién curong uy dodn thdn nghi thdnh du nhdn tt dué tri Hiéu Vit vuong”. Linterdit du nom posthume Hiéu Vii consiste a déformer Vi en VO. Il a profondément marqué l’onomastique des régions méridionales a partir du Ha Tinh : Vii y est systématiquement lu V6 : V6 Trudng Toan, V6 Tanh, V6 Liem Son, Vo Nguyén Giap. i)_Le tabou phonétique du_nom de titre de Nguyén Phic Thuin BCR, prince Dinh Nous n’avons pas encore déterminé le tabou phonétique du nom posthume de Dinh vuong. D_Neuyén Phéc Duong [it till, prince Tan Chinh 4 n’eut pas de titre posthume (ey Aiéu) car il mourut au combat. 4- Observations générales 1) Parmis les rares textes du Sud qui nous sont parvenus, nous n’avons trouvé aucune trace d’ordonnance des seigneurs Nguyén en matiére interdit, Cependant, quelques documents nous montrent que le seigneur Nguyén Phic Chu s‘était luiméme abstenu d'écrire son nom dans les textes (le caractére est employé dans l’inscription de la pagode Thién Mu). Nous n’écartons donc pas I’hypothése selon laquelle les interdits des noms des seigneurs Nguyén auraient été observés dans un faible nombre de textes du Sud. Si cette hypothése devait étre confirmée, le procédé de tabou serait relativement simple - recours @ des caractéres homophones ou des variantes du caractéres. 2) Soulignons que ces tabous phonétiques ont défié le temps et leur diffusion a été trés large. Ils ont pu prendre diverses formes : ~ Le tabou du nom personnel exclusivement (cas de Nguyén Hoang). — Le tabou du nom du titre (cas de Nguyén Phiic Nguyén, Phiic Lan, Phic Tan). — Le tabou du nom personnel et du nom posthume (cas de Nguyén Phiic Thai). — Le tabou du nom posthume exclusivement (Phiic Khoat). Les caractéres interdits au Vietnam & travers l'Histoire 325 B. Le tabou des caractéres sous les Empereurs Nguyén (1802-1945) 1- Les caractéres taboués et leur réglementation sous le régne de Gia Long Au cinquiéme mois de année Nham Tudt (juin 1802), aprés s’étre emparé de la capitale Phé Xuan. Nguyén Phic Anh inaugura l"ére Gia Long HAVE. et fonda la dynastic impériale ‘des Nguyén. En dix-sept années de régne (1802-1819), il promulgua deux ordonnances en matiére d’interdits. deuxiéme année de Le Dai Nam thyc luc chinh bién, composé par le Bureau d*histoire de I’Etat (Quéc sti quan), est 4 ce sujet trés laconique : au 3° mois de la 2° année de Gia Long, "Empereur : ordonna au ministére des Rites de diffuser les caractéres taboués en tous lieux de !’Empire. Tout nom de personne ou toponyme semblable a un caractére taboué, devra étre modifié. Dans les écrits, il faudra les remplacer par des caractéres dont le choix dépendra du contexte !. Le Dai Nam hi dién eu 12 pourtant composé par le méme organisme, note que cette ordonnance fut promulguée en la 6° année de Gia Long (1807). Quoique ces deux ouvrages ne soient pas concordants, nous préférons suivre le Dai Nam thyc lye chinh bién pour la datation de ce texte réglementaire. c"est-a-dire 4 peine moins d’un an aprés la conquéte du pouvoir impérial par Gia Long. Le Bai Nam thy luc chinh bién ne nous donne pas la liste des caractéres huy qui fut promulguée. Mais l'on peut combler cette lacune a partir du Dai Nam hdi dién eu 1é, car entre la 2° (1803) et la 6° année (1807) de Gia Long, la réglementation des Auy: n’a pas changé. Cette ordonnance comporte trois dispositions réglementaires. —S’abstenir de prononcer le caractére taboué et lui substituer, a I"écrit, un caractére différent (six caractéres sont visés). | DNTLCBI, Q.20. 2 pai Nam h6i dign. Q.121. Cf Annexe I. photographie n® 33. 326 Chapitre V — S’abstenir de prononcer le caractére taboué et l’écrire selon le procédé “gia dang” qui consiste a ajouter l’élément “ au dessus du caractére (trois caractéres sont visés). Khang BE —> &&, Khoat #4] —> 4H, Thuan —> i Trois des six caractéres ci-dessus - Ching ff, Anh BR, Nodn Ii - sont les noms taboués de Gia Long, qui furent rappelés dans d’autres ordonnances de Minh Ménh, Thiey Tri, Ty Ditc. Dans le préambule de la période Thé' 1d cao hoang dé du Bai Nam thyc luc chinh bién, nous avons Iu l’expression : PHO MAO RARO Les “caractéres vides” y symbolisent les trois noms taboués de l’Empereur Gia Long!. Deux textes nous indiquent un quatriéme caractére tabou de Gia Long. Le Daj Nam thyc luc chinh bién KTS SRIE Sa, composé a Gia Dinh par Duy Minh Thi ##BAEK, gravé et publié en 1873. Dans la partie supérieure du premier folio du Livre I, ont été tracés horizontalement trois caractéres tabous consécutifs : AHR SZ HIME figt52 Anh, Nodn, C4o ; dans Je texte principal dont les caractéres sont plus petits, figure un autre caractére taboué “[...] FL ARFEM Cao hodng huy Ching chudng”. En raison de la situation politique, c’est l'un des seuls imprimés de la dynastic des Nguyén a faire figurer les noms tabous de Gia Long dans leur graphie complete et normale — i.e. qu’il ne manque pas un trait au caractére. Cela tient d'une part au fait que Duy Minh Thi a composé ce livre 4 Gia Dinh aprés loccupation des provinces du Sud par les Frangais et que d’autre part, le manuscrit a été gravé et publié a Phat Son dans la province de Quang Dong en Chine. Le deuxiéme ouvrage est le Hoang Viét long hung chi composé par Ngo Gisp Dau $25H & (1853-2), Aprés avoir évoqué les origines des Nguyén, Vauteur, parvenu a l’époque de Gia Long, écrit “(4H 54177 [...] fai, 1 pNTLCBI, F1,Q.1 Les caractéres interdits au Vietnam travers |'Histoire 327 SLARWR, LARWE, BSR The 6 Cao Hoang dé [...] huy Chung, hyw huy Anh, hyu huy Nodn, hyu huy Céo”!. Le caractére Cao 5, comme en témoignent ces deux sources, est bien un autre nom taboué de Gia Long. Les documents historiques d’époque Nguyén ne nous indiquent pas Pidentité du titulaire du nom taboué Cén Afi. Cependant l’ordonnance de Gia Long nous autorise 4 répondre 4 la question en procédant par élimination, une fois établi que Noan, Anh, Ching sont les noms taboués de Gia Long et que les cinquiéme et sixitme caractéres sont les noms des méres de |’Empereur — Hoan est le nom de sa véritable mére (me dé), Lan est celui de la premiére é¢pouse de son pére (me cd). Selon la classification des noms taboués, le caractére Cn correspond 4 un nom taboué du pére de Gia Long. Des chercheurs comme A. Laborde? et Trin Trong Kim? l’avaient déja remarqué, mais le premier lisait le caractére Afi Luan, et le second Luan. Les auteurs d’un livre trés récent ont affirmé que “Nguyén Phic Anh est le troisi¢me enfant de I’héritier présomptif Nguyén Phéc Chuong”, Pourtant, selon le Dai Nam thyc luc tién bién, Nguyén Phic Chuong était vd 1, terme qui signifie qu’il n’avait pas de fils’. Le méme ouvrage ajoute que : V6 vuong Nguyén Phiic Khoat chérissait Hieu 5% son neuviéme enfant, fen fit son héritier présomptif. Mais Higu mourut prématurément, alors que son fils était encore trés jeune, Chuong, le fils ai né du seigneur, était digne d’étre choisi héritier présomptif, mais lui aussi disparu prématurément. Le deuxiéme fils du seigneur c’est-4-dire Nguyén Phiic Con, pére de Gia Long aurait da, selon ordre de succession, étre fait héritier présomptif (then) 6, Mais il ne le fut pas en réalité. Nguyén Phéc Anh n’était assurément pas le troisi¢me enfant de “I‘héritier présomptif Nguyén Phic Chuong” comme le prétendent les auteurs du livre précité. Nguyén Phic Con Bt#HBR (1723- 1765), était donc le deuxiéme enfant de VO vuong Nguyén Phic Khoat. Celui-ci avait fait Chuong, son fils ai né, comme heéritier présomptif (thé'nid). Mais comme ce dernier mourut prématurément Khodt choisit Con héritier | Hodng Vidt long hung chi, Q.1. 2 Laborde (A.), op. cit., pp.13-18. 3. Tran Trong Kim, Vigt Nam sii lugc, Saigon, 1971, t.Il, p.90 (annexe). 4 Nguyén Q. Thing, Nguyén B& Thé, Tu dign nhn vit lich eit Vigt Nam, Ha Noi, Nxb. KHXH, 1991, p.578. Bal Nam ligt truyén, trad., Hue, Nxb. Thuan Hol, 1993, t1, p.54. DNTLIB, Q.11, Pla. aw 328 Chapitre ¥ présomptif. Cependant, aprés la mort du souverain, la faction de Truong Phic Loan intronisa Phic Thudn, agé de 12 ans, 16° fils de Khoat. Phic Con fut incarcéré et mourut en octobre 1765, a l’age de 33 ans. En 1778, la Cour lui conféra le nom symbolique posthume de Hiéu Khang vung #8. En la 5° année de Gia Long (1806) il fut élevé au rang dynastique (gia td) de Hiéu Khang hodng dé. En la deuxiéme année de Minh Ménh (1821). il regut le nom impérial de culte (truy 161 miéu higu) de Hung 6. La prononciation sino-vietnamienne du caractére Unj fait également probléme. Les travaux de recherche. comme nous lavons rappelé, ont toujours considéré que Hifi pouvait étre Iu Luan ou Luan. La traduction du Bai Nam thuc luc chinh bién oscille également entre Luan! et Luan?. Celle du Dai Nam hdi dién opte pour Luan}. Mais le dictionnaire Khang Hy, se référant au Thién Hai*, indique Con comme prononciation (Hi. TTS). BIE, A EUL Co don thiét, con khut thanh, nhge quang da | Métathese de Cé et de don ; Prononciation : Cén ; Signification : lumiére du soleil). La question serait donc délicate & trancher si le Kham dinh tap van trich yéu SKE RB, édité en ta 20° année de Minh Menh (1839) par {Académie (Han lam vién) sur ordre impérial, ne nous apportait quelques éclaircissements. Quoique l‘avant-propos ne soit pas trés explicite, nous avons dégagé les deux procédés de tabou des noms des membres de la dynastie des Nguyén employés par I ‘auteur : — Dans le cas des noms formellement taboués. le caractére doit étre trans- formé par déplacement de la clé Nhat |! vers sa partie supérieure : Nodin IW transformé en $5 ; parallélement le chinh ue doit étre tracé dans fa partie dai au sommet de la page, selon le procédé “td tang hitu tong”. - Les caractéres taboués qui habituellement relévent de la catégorie “gia dang” doivent étre par exception écrits dans leur forme normale. (Ceci. peut-étre, pour éviter que les débutants ne se trompent de graphie). Le rédacteur doit parallélement signaler dans une note que le caractére est un agi danh ou un miéic huy, mais “il [/ui) faut scrupuleusement respecter & écrit la forme normale du caractére” (HAKASF cdn y bdn up). Dai Nam thu lyc chinh bién, trad... t.V. p.122 fd. (NU, p.178: 1. XXIX, p. 251. Dai Nam hdi din, t. VIII, p.146. Thién Hai : abréviotion de Ti thanh thién la dynastic des Kim (1115-1234) par Hin Hi Kham dinh tap van trich yéu, Q.5. 1° 6La, Désormais cité sous lubréviation KDTVTY. ictionnaire par rimes en 15 vol. rédigé sous Les caractéres interdits au Fietnam @ travers I'Histoire 329 Minh Ménh lui-méme autorisa les rédacteurs 4 recourir a cette solution d'exception. car louvrage ressortissait de la catégorie “khdm dink”! En d'autres termes. le caractére Ff}. qui aurait di étre tracé selon le procédé “gia dang” d’aprés le réglement de la 15° année de Minh Ménh (1834). fut écrit dans sa forme normale? car la rédaction d’un dictionnaire dérogeait a ce procédé. De plus, ce caractére était accompagné d'une annotation phonétique et sémantique : ij. dP). BEE, A Ete (Con, cd don thiét. con khit thanh, nhat quang dd), interprétation analogue a celle du dictionnaire Khang Hy. Dans la partie “dai /én”3 figure ce commentaire : tht F ASR eK BBE LEE Con tw cung ngg miéu huy, edn y ban ng, dan déc téc quyén n¢ (Quand on rencontre le migu huy Con, il faut écrire avec respect le caractére sous sa forme normale, mais il faut le lire comme le caractére Cudin / Quyén #8). Nous sommes donc en mesure, grace au Kham dinh tap van trich yéu, identifier le caractére ij comme le nom taboué de Gia Long, dont la prononciation sino-vietnamienne est Cén, comme I’explique le Khang Hy. Nous savons par ailleurs que les contemporains, par tabou phonétique, le déformait en Cudn / Quyén 38. Les caractéres Hoan i et Lan fj font également probleme. Aucun document ne uous indique l’identité des titulaires de ces deux noms taboués. Nous supposons qu’ils sont des noms de femmes car Hodn et surtout Lan le sont habituellement. Le Bai Nam thuc luc Chinh bin, composé par le Bureau d'histoire de "Etat sous les Nguyén, nous donne tes biographies officielles des membres de la famille impériale. mais n’éclaire pas cette question. FMA NE RERE ER, LARRY, SBA SERRA Haw phi trayén dein tue t6n thuy tinh thi, di phy hus bat xudt mén, phong Minh sit truyén thé dal Quant au premitres et secondes épouses du roi, nous n’avons qu’écrit leurs nom de famille et nom personnel posthumes, car leur nom taboué doit étre ignoré des personnes extérieures (A la Cour). Nous avons imité les régles de composition des biographies officielles des Minh 4. En nous basant sur le classement des caractéres tabous, nous avons observé que, trois des neuf caractéres taboués énumérés dans |"ordonnance étaient les noms tabous de Gia-long (Noan, Anh, Ching), deux autres ' ~Kham dinh, c'est la version officielle. irés respectable, auvre de 'empereur™. (Langlet. P. L'ancienne historiographie d‘Etat au Vietnam. 1. II, Paris, EFEO, CTDI. 1985, p.15, n.1) 2 KDTVTY. Q.8. 1°20b. 3 Of supran.3 p.215. 4 DNLTTB, Phim I¢ (Avant-Propos). PIb, 330 Chapitre V étaient ceux de son pére (Con, Khang), un autre était celui de son grand-pére patemel (Khoit), et le dernier, celui de Nguyén Phic Thuiin. Quels sont donc les noms taboués de la grand-mére ou de la mére de Gia Long ? L’étude des Périodes Tran et Lé So nous a montré que le nom taboué de la mére du roi Tessortissait de la catégorie des trong huy. Dans les ordonnances, les noms taboués du roi (ngy danh ou ngu hu) figurent toujours en premier, suivis de ceux de son pére et de sa mére, puis éventuellement ceux de ses aieux. Aussi formulons-nous deux hypothéses : — Hoan serait le nom taboué de la grand-mére patemelle de Gia Long (ie 'épouse de Vo Vuong Nguyén Phiic Khoét, mére de Phiic Con) et Lan serait le nom taboué de la mére de Gia Long (femme de Nguyén Phiic Cén). — Hoan et Lan seraient tous les deux des noms taboués de la mére de Gia Long. La premiére hypothése nous parait la moins plausible car elle introduirait un déséquilibre dans le classement des caractéres taboués : Khoat. le nom taboué du grand-pére patemel du roi, V6 Vuong Nguyén Phiic Khoit, n’est qu'un tabou phonétique : seule la prononciation de ce nom est frappée d’interdit. II fallait I’écrire selon le procédé “gia dang” («), En d’autres termes, il était encore possible de l’employer. Le tabou du nom de Ja grand-mére patemelle de Gia Long (la femme de Phc Khoat) aurait dé, par symétrie, relever du méme procédé que le précédent. Or, comme nous I’avons noté, les tabous Hoan et Lan ont é6 classés dans la catégorie “cam ditng” (interdiction formelle) dans Pordonnance, qui stipulait également que Khoat devait Gre taboué selon le procédé “gia dang”. C’est pourquoi la seconde hypothése nous semble plus convaincante. Hoan et Lan seraient tous les deux les noms taboués de la mére de Gia Long. Le Bai Nam Ligt Truyén Tién Bién! précise que les deux femmes de Hung T6 alias Nguyén Phic Con, étaient les filles de Dién Quée cong Nguyén Phac Trung, nées au village de Ninh Binh, préfecture de Thita Thien. La fille ainée donna naissance a trois fils : Hao 4% 2 (qui fut plus tard élevé 4 la dignité de Tuong Duong Quan vuong, il était le fils ainé de Phic Con) ; un autre fils qui mourut prématurément, et Man (An Bien Quan vuong). Elle fegut, aprés 1807, le nom posthume de Than huy gia Ti phi. La fille cadette eut également trois fils : Déng #f] (Dong Hai Quin vuong), puis Anh BE (le futur Gia Long) et Thién @ (Thong Hos Quan vicong). En Ja premiére année de Gia Long (1802), elle fut élevée a la 1 DNLTTB, QU, 2. 2 Hao hit (DV: HE, TV: FEW, VH: AE, FER) Les caractéres interdits au Vietnam 4 travers I'Histoire 331 dignité de Vuong Thai hau, en la cinquiéme année (1806) — impératrice douairiére (Hodng thdi hdu). Elle s’éeignit 4 l’Age de 74 ans (1812) et recut le nom posthume de Hiéu Khang Hoang thdi hdu. Nous sommes donc en mesure d’identifier Hoan Jf et Lan Bil comme les noms taboués de ta mére de Gia Long et de la premiére épouse de son pére (me cd). D’aprés le classement des noms taboués dans I’ordonnance, nous Pouvons préciser que Hoan est le nom taboué de Hiéu Khang Hodng hau, femme de seconde rang (vg thit) de Nguyén Phiic Cdn et mére de Gia Long, Lan est le nom taboué de la Dame Huy Gia Tir phi, femme de premier rang, (vg cd) de Nguyén Phitc Con, et mére officielle (me cd) de Gia Long. b)_Ordonnance du troisiéme mois de la 15° année de Gia Long (avril 1816) Au 3° mois de la 15* année de Gia Long (avril 1816)!, l"empereur Gia Long, désigna Kiéu héritier présomptif du tréne. Nguyén Phic Kiéu Dt#E@%, né le 4° mois de l’année Tan Hoi (mai 1791), était le quatriéme fils de Gia Long, Sa mére était deuxiéme épouse de deuxiéme rang, de I’Empereur, et fille de Tho Quéc céng Trén Hung Dat. Hoang tk Kiéu (dit Ong hoang Tw) fut choisi héritier présomptif car ses fréres moururent prématurément (Canh, frére ainé, et Hy, deuxieme frére moururent en 1801 ; Tuan, troisiéme frére, mourut 4 Page de 12 ans). Au 1° mois de la seiziéme année du régne (février 1817), le ministére des Rites présenta un placet a l’Empereur : De tout remps, les empereurs, princes et rois ont porté un quéc hiiy pour instruire le Ciel et la Terre [...] L*investiture de I’héritier présomptif est un acte 6 combien significatif. Aussi, nous prions Votre Majesté de bien vouloir porter 4 la connaissance de vos sujets le nom taboné [de I’heritier présomptif]?, L’Empereur approuva la proposition et promulgua les deux caractéres taboués suivants. L’ordonnance stipulait l’interdiction de les prononcer et Tobligation de les remplacer a l'écrit : ZEA AEE [le caractére tabous] présentant 4 gauche nhgt, a droite giao [= Kiéu e), doit étre remplacé par Hao fi At A AGES [le caractére tabous] présentant 4 gauche nhuc, a droite dam [= Dam [fff], doit étre remplacé par Phi Hf ' Le DNHD (Q. 121, fla) date cette ordonnance de Ia 18° année de Gia long (1819). 2 PNLTCB 1, Q.55, trad., LIV, p31]. 332 Chapitre V ¢) Les caractéres taboués dans les textes Huit des onze caractéres uy de l’époque de Gia Long étaient formel- lement interdits (cdim ditng). L*interdit frappait non seulement la toponymie et l’onomastique mais tous les livres et documents épigraphiques. L’analyse des livres! et inscriptions datés de Gia Long, actuellement conservés a Vinstitut Han Nom, tend a prouver que ce tabou a été strictement observe : les huit caractéres - Non I. Anh wi. IR, Ching #fi, Con Aj, Hoan 5, Lan BA. Kieu "2 . Dam Ilff - n’y apparaissent pas, 4 deux exceptions prés : — Hoan, dans “SR = 3% F Tuy hodn tam tdn nv’, extrait de louvrage Cd nghiép tan luong BEX - imprimé en la 3° année de Gia Long (1804) — n'est pas taboué. II est tracé dans sa forme normale St 2, —Quelques caractéres Ching fifi tracés dans leur forme normale dans le Hoa tang truyén Héfiid{, publié en la 7° amée de Gia Long : “HRB ESA FRA The’ gici chiing trung giai hine nhj thap nhat thé’ gigi ching”. Nous avons tenté d’interpréter la non-observation des interdits. II est probable que le texte de la premiére ordonnance (1803) n’avait pas encore été largement diffusé, lorsque le premier ouvrage fut publié (1804). Dans le second cas, l"expression “The’ gidi ching” qui reléve de la terminologie bouddhique, est trés difficile 4 remplacer. Nous avons également découvert, au cours de ces recherches, un caractére That (Thuc ff) tracé selon le procédé gia dang («): # ® Inscription de la c. de Dong Hai (préfecture de Thai Ninh, pr. de Thai Binh) gravée en la 16° année de Gia Long (1817): ~ BEG ELY Thuc thuy xwong phit” (Apparaissent ainsi les premiers signes de la prospérité). Trang tu Tir An tit bi, N°4052, 9° ligne. Le symbole « est-il d’origine ? A-t-il été ajouté postérieurement ? Itnous semble difficile de trancher, vu ta qualité médiocre de l’estampage. Nous formulons donc les deux hypothéses suivantes : "Le Bach ma thn tu. imprime en la 7 année de Gia long (1808) : le Thap anh dudmg thi tap. imprimé en fa LO année du méme régne (1811) : le Hidn ngu nhan duyén, édité en ta Tf année du méme régne (181. Hiéu sinh luc, édité en la 2° année du méme régne (1803): le Hoang Viet luat (é, édité en la 11° unnée du méme régne (1812): le Danh phi ep tuyén, mprimé par Hii hoc duéng, en la 13° année du méme régne (1814) : le Hai duong phong vat chi, imprimé en ta 10° année du méme regne (1811) Cit nghigp tn luong, 31. 4° ligne, Hoa tang truyén, Q.10, PL4b. Les caractéres interdits au Vietnam @ travers I'Histuire 333 — Si le tracé est d'origine, le nom taboué est celui de la premiére épouse de deuxieme rang, (ba chinh phi) de Dim, fils de ’Empereur Gia Long. Son nom d'origine était H6 Thj Hoa. Lorsqu’elle épousa Dam, Gia Long lui choisit Thuc comme nouveau nom. Elle donna naissance a Thiéu Trj. En la 4° année de Thitu Tri (1844), le caractére Thuc fut taboué par ordonnance. - Si le symbole « a été grave postérieurement, cela a dii se produire apres V'ordonnance dei844 !. Nous avons également identifié ‘I'rir, un caractére interdit de la Restauration, dans une inscription d’époque Gia Long : * Inscription du temple de Si Vuong de la c. de Ling Khé?, gravée en a 8" anne de Gia Long (1809) : “EI FABIF BHBESE, Binh phan AG dich tich giai trit mién™ (Tous les hommes astreints statutairement a la corvée et au service militasre, sont exemptés) 4 BIZ270 ER Ban quée Thanh (6 van bi, N°2770, 6* ligne. Nous pensons que le calligraphe a taboué par habitude le caractére Trir. 2- Les réglements et les caractéres taboués sous le régne de Minh Ménh A la mort de Gia Long, au 12° mois de la 19° année de Gia Long (janvier 1820), Nguyén Phuc Dam BicHANG, dont l'appellation (tiéi tu) était Kidu BX, accéda au tréne. En vingt-et-une années de régne (1820-1840) I’Empereur Promulgua cing ordonnances et plusieurs instructions (chi' dix) touchant aux interdits. a)_Ordonnance de la premiére année de Minh Ménh (1820) L’Empereur rappela les caractéres taboués des régnes précédents de la dynastie (qucie triéu can hus), i.e. ceux que Gia Long avait promulgués : — Hunt caracteres étaient formellement interdits (l'on devait s’abstenir de les Prononcer, et les remplacer, a I’écrit, par un autre caractére. Ul était interdit de Jes utiliser dans la toponymie et lonomastique) : Noiin IE [-> 18 Ao}, Anh Wt (> HH Chieu), Ching fl [> 4 Thuc], Con ti (> HE Digu], Hoan Bt [— Vien Iti), Lan ij [> Huong J, Kieu ®% [-> Hao Of), Darn NE [> Phi Hi}: 1 Cf infra p.356. 2 Aujourd’hui, dépendant de la c. de ‘Tinh Khuong, spf. de Thuan Thanh, pr. de Ha Bac. 334 Chapitre V — Trois caractéres étaient frappés d’interdit phonétique et devaient étre écrits selon le procédé “gia dang” : Khang Jat —> 8, Khost tf -> fi, Thuan 3 Minh Ménh adressa une instruction au ministére des Rites : Comme ils étaient trés anciens ou tombés en désuétude, des noms avaient été choisis en violation des interdits des anciennes dynasties. Nous ordonnons de remplacer immeédiatement ces caractéres, et d’empécher toute récidive. Le ministére des Rites conformément a cette instruction promulgua huit caractéres qu’il était formellement interdit d’employer comme nom de Personne, et en cas d’homonymie, le caractére devait é&re remplacé : Kim %&, Hoang 3%, Nguyen #4, Lan i Tan OH, Thai HE, Chu V4 , Thy Bf Les caractéres homophones n’étaient pas interdits a !’écrit?. Les noms taboués de Thé Tong Nguyén Phiic Khoat et Dué Tong Nguyén Phic Thuan devaient étre écrits selon le procédé “gia dang”. Nous en déduisons que Gia Long n’avait pas promulgué d’interdit des noms des seigneurs antérieurs 4 Nguyén Phic Kho4t. Minh Ménh fut le premier 4 tabouer ( « ) par ordonnance les noms des seigneurs de Tri¢u T6 Nguyén Kim a Dué Tong Nguyén Phic Thudn3. du septié ois de la sixié é jinh_Mé juin 1825 Elle &ait composée de quatre articles : — Cinq caractéres étaient formellement interdits (tabou phonétique, substitution a l'écrit par un autre caractére) : Nodin W [-> #81 Ao}, Anh 8% [—> BA Chieu], Chiing [> #4 Thyc), Kieu ® [> 6 Hao], Dam W& [> Hf Phi). Conformément 4 la loi toute transgression‘ était durement sanctionnée. — Ul fallait s’abstenir de prononcer les quatre caractéres suivants. En outre, il était interdit de les utiliser dans l’onomastique et la toponymie. Is 1 DNLTCB 2, Q.1, fb, trad., t.V, p.122 2 Texte original : 3 RBC], ARES Cht nhuc lam van déng dm, bdt tai cdim t¢. 3 Cf supra p.314. 4 Vi che’ 2 fil est le terme utilisé dans le ms. original du Hoang Viet ludt Ié [Code Gia Long] QS, 7b. Les caractéres interdits au Viemam & travers I'Histoire 335 devaient enfin étre écrits selon le procédé gia dang («&) : Con [BA —> tf], Hoan [3 —> aif }, Lan (Bi —> B& }, Dang [Bit ]. — Les onze caractéres suivants étaient taboués phonétiquement, et il ne fallait pas les employer dans l’onomastique : Kim ¥@, Hoang Yi, Nguyen i, Lan Yl, Tan BH, Thai #8, Chu 24, Thu 2Y, Khodt 3, Hiéu BE, Thudn &. Toute transgression de ces interdits était punie selon la loi, — Liinterdit du nom de Khéng Tir [Confucius] : le caractére Khuu (Khéng Khu) devait étre lu Ky $4 par tabou phonétique, et écrit £5 (Khu) (C’éait la premiére et Punique fois que le nom de Khéng Tit était frappé @interdit au Viemam). Minh Ménh déclara “Cet interdit manifeste notre respect G I'égard du Maitre et de sa Voie, Nous avons observé, en conftontant cette ordonnance a la précédente, que : — Trois caractéres avaient &é déplacés par Minh Ménh dans la catégorie “gia dang” Cn BA (nom de son grand-pére patemel), Hoan FR et Lan Bi (noms de ses deux aieules patemelles). Trois caractéres échappaient désormais & la catégorie gia deng : Khang , Khodt iff]. Thudn 2. Dés lors, le tabou graphique de ces trois caractéres fut levé (Mais il fallait toujours s’abstenir de prononcer Khoat et Thudn). — Pour la premiére fois, les réglements frappérent d’interdit Dang Hf, qui fut placé dans la catégorie gia dang : i#. La prononciation sino-vietnamienne du caractére est Dang?. Nous supposons que Dang, par tabou phonétique, a été déformé en Duong. Dans la catégorie des trong huy, nous avons en effet identifié les trois caractéres taboués du pére de Gia Long, et deux caractéres interdits de Minh Ménh, mais nous ignorons encore le caractére taboué de Vimpératrice douairiére (hodng thdi hdu). Dang 2% et Hiéu BE sont les seuls caractéres, dans cette ordonnance, qui aient &é taboués officiellement pour la premiére fois : Hidu Hf a é€é identifié comme un autre nom taboué de The Tong Nguyén Phic Khost. Dang #£ fait encore probleme. Nous pouvons conclure, vu la pratique concemant les interdits promulgués avant et aprés cette ordonnance, que Dang est le nom taboué de la mére (me de) de Minh Menh, la Dame Thuan Thien Cao hodng hdu. Trén Thi Ngoc Dang éait la fille de Tho Quée céng Trin Hung Dat, (originaire de la sous-préfecture de Huong Tra, préfecture de Thita Thien) et | DNTLCB 2, Pld. 2 DV, TV, Vi, CV: SBBBH 336 Chapitre V fut choisie comme deuxiéme épouse de second rang (NAj phi) du prince- régent Nguyén Phic Anh. Elle donna naissance a quatre garcons : Kiéu (quatriéme fils de Gia Long). puis Dai 4 (Kién An Vuong Dai), Hieu - qui mourut prématurément, Chan IZ (Thigu Hoi Qudn vung Chin). Kiéu accéda au tréne, sous le nom de Minh Ménh. Elle fut promue Hodng tdi Adu (1821). Thigu Tri l’éleva en 1841 a la dignité de Thdi hodng thdi hau. Elle mourut en la 6° année de Thi¢u Tri (10-1846). Il convient d’ajouter le caractére Hiéu I¥e dans la catégorie des tabous phonétiques. L’ordonnance est muette sur lidentité du titulaire de ce nom taboué. Mais suivant le Bai Nam thyc luc Tién bién!, le Hoang Nguyén thuc luc? et le Phi Bién tap yc3, Nguyén Phic Khoat se proclama lors de son avénement “Tiét ché' thuy b6 clue dink kiém téng néi ngogi binh chuong quan quéc trong su Thdi bdo Hiéu Quan cong WethZS", puis Hiéu Quoc cong WEERIZS, enfin, en 1744, Hiéu Vuong IEE, Nous en déduisons que Hiéu est le nom du titre du Seigneur Nguyén Phi Khoat (Thé Tong Hiéu V6 Hoang De) ¢)_Ordonnance de la 14° année de Minh Ménh (1833) Dorénavant les deux caractéres Hoan Sf et Lan fj ne devaient plus étre écrits selon le procédé “gia dung”. mais il fallait s’abstenir de les prononcer, et de les employer dans la toponymie et l’onomastique. L’Empereur avait décidé de substituer a Khuu FF, nom interdit de Confucius, Ky |], par tabou phonétique, et de le remplacer, a I’écrit, par le caractére ff} (Khuu). Or, il constata que le caractére était toujours en usage dans le sacrifice au Ciel et 4 la Terre, sans qu’on lait modifié en ajoutant des traits. Minh Ménh ordonna alors de conserver a l'écrit le caractére [7.. sans qu‘il soit nécessaire de le transformer en ff, et a l"oral de substituer Ky 4 Khuu comme auparavant. DNTLTB, Q.10. Pla. Hoang Nguyéa thuc luc, 1°118a Phi Gién tap luc. A.184, £320 Les caractéres interdits au Vietnam & travers l'Histoire 337 d)_Ordonnance de la 15° année de Minh Ménh (1834). Elle donnait quelques précisions supplémentaires sur le tabou du caractére Chung. Cet interdit avait été promulgué en la 2° année de Gia Long (1803)!. L’ordonnance de 1803 stipulait la substitution de Thuc a ce caractére. Ching ff est polysémique : © En tant que substantif, il peut prendre trois significations : (a) race, variété, semence (pour les végétaux) : race, sang (pour I"homme, les animaux), (b) espéce, genre (catégories d’individus ; des entités dont les caractéres communs les distinguent d’autres ensembles, groupes), (c) choses. © Comme verte, il signifie planter, cultiver, se reproduire. Thue 46 signifie : © Comme substantif : un plant @ Comme verbe : (a) planter, “labourer et repiquer”, (b) se dresser, se redresser, Du point de vue sémantique Ching et Thyc peuvent étre assez proches : — Chuing (©.a) = Thuc (©.a) ; Ching (2) = Thyc (@.a) — ou éloignés Chiing (©.a.b) # Thuc (@.b) Une substitution totale de Thyc #4 a Ching fff aurait été impossible dans de nombreux cas. Minh Ménh précisa donc dans son instruction impériale : Nous avions auparavant approuvé la proposition du ministére des Rites selon laquelle i] fallait systématiquement remplacer le miéi Auy dont “[le caractére taboué] présente 4 gauche Hoa, a droite Trong” [= Chung]. par le caractére Thyc. Nous croyons maintenant que la substitution systématique sera source de nombreuses difficultés car le caractére est trés fréquemment utilisé et sa signification est trés large. Dorénavant lorsqu’on rencontrera (Ching) au sens de “planter, cultiver”, I’on continuera a lui substituer le caractére Thuc ; lorsque Ching aura le sens de “espéce, catégorie (lodi), race (1c loai)”, il devra étre remplacé par le caractére logi #81 (catégorie, type). Si ces deux caractéres (ching et thuc) sont accolés dans une phrase. il faudra les remplacer par su sic $¢ 3 (les choses, les faits), Pour les autres acceptions de Ching, il sera possible de chercher d'autres caractéres équivalents, a condition que le texte demeure intelligible?. "6° année de Gia long (1807) selon le DNHD. 2 DNHD, Q.121, (2b. 338 Chapitre V e in née de Min! En la 17° année de Minh Ménh (1836) le ministére des Rites présenta un placet a l’Empereur en vue de réformer la pratique des interdits des ng dant : Quelque soit la prononciation d'un caractére - chinh dm! ou variante phonétique -. quelque soit son emploi - nom de personne, toponyme ou appellation (xumg 4d), s'il est homophone d'un ng danh, vos sujets doivent tous s‘abstenir, par respect. de le prononcer. II nous semble quelque peu excessif de vouloir aussi prohiber des caractéres d'utilisation courante. Nous suggérons 4 Votre Majesté d *atténuer dans ce cas la rigueur de I’interdit. [1] Le ministére proposa, conformément 4 l’ancienne régle, de frapper de tabou phonétique et de remplacer a | écrit les sept caractéres suivants : © WE Kidu, © 45 Cio, @ 4 (Hi) Cao, © 5 (HE) Cao, © FR Cho, © ti Kieu, © If Dam. [2] UI proposa par ailleurs la levée de l'interdiction de certains caractéres. Il serait permis de les employer a I’écrit, mais ils devraient étre lus selon le chink dm comme dans le tableau suivant : Aprés avoir pris connaissance de ce placet, Minh Ménh adressa une instruction au ministére des Rites : Depuis les origines, les caractéres suivants sont taboués officiellement : ff (Cio) doit étre lu 8 (Giso) ; A (Cao) doit étre lu si (Cio) ; SR (Céo) doit "Chink dm il i aésigne un type de prononciation d'un mot sino-vietnamien. En effet. un méme mot pouvait éire lu de plusieurs manitres et & chaque prononciation correspondait tune signification déterminge. p. ex. 14 était A I'époque Duéng-Tong [Tang-Song] prononcé de trois manigres différentes : 1: Cach (QV : h4ft) metathése de cd et de haich ; TV, VEL. CV: S160) métathise de ede et de ngach) qui signifiait procédé. mode. regle. © Cie (QV : 11744) métathise de cd et de lac) qui signifiait branche darbre comme dans : Waid Chi ccich namg giao 1 des branches d'arbres entrelactes (Du Tin. Tidu vign phd). D Lac ( QV: metathése de fic et de cdich) signifiant habitat a donné thn lac FYHS, synonyme de thin lac HTB (of. Sky. Khéic lat truygn). Cach, la prononciation la plus courante. était le chinh dm de Hf alors que Cac et Lac était considérés comme des termes allophones (hige dm), Les caractéres interdits au Viemam & travers I'Histoire 339 @tre lu f# (Hao). Chacun de ces caractéres avait donc une prononciation particuligre pour que I’on puisse les utiliser en toute quiétude. Mais celui qui, par erreur, ne reconnaf trait pas homophonie de ces caractéres avec notre ng danh, serait chétié. Dans les autres cas, nous vous demandons de porter Pordonnance a la connaissance de nos sujets!. ‘Nous avons reconstitué l’ordonnance de la 17* année de Minh Ménh (1836) en comparant le placet du ministére des Rites et I’annotation impériale (du phé) de Minh Ménh. Elle stipulait I"interdiction formelle de trois nouveaux caractéres : OK (Bi) Cao, © H{ Kiéu - homophone de l’appellation (tié 1) de Minh Ménh (Kiéu ) -, © 4 Dam — homophone du nom officiel (chink huy) de Minh Ménh (Dam If) -. Par conséquent, Kiéu, appellation de Minh Ménh, était taboué phonétiquement Hao/Hi¢u?. Nous retrouverons des tabous du méme type avec Tu Ditc dont le nom taboué était Thi, déformé en Thdi, par interdit phonétique. Si aujourd’hui on lit habituellement le nom taboué de Ty Ditc - Thi, il faut également prononcer Kiéu le nom taboué de Minh Ménh qui lui fut donné pendant son enfance. L’ordonnance ratifiait la proposition [2] du ministére des Rites tendant 4 “lever I'interdiction” de six caractéres. Quatre de ces caractéres se pronongaient Hao/Hitu. Le ministére des Rites employa l’expression “lever Kinterdiction” (Thi cam 344), alors que le Dai Nam Thyc Luc Chinh Bign et le Bai Nam Héi igh ne mentionne pas l’ordonnance correspondante. Nous pouvons conjecturer que les caractéres ff (HR), AH, Sf prononcés Hao depuis les origines, n’avaient jamais été taboués par ordonnance, mais comme de nombreux sujets estimaient que ces caractéres étaient homophones du nom taboué de Minh Ménh, ils tabouérent spontanément ce caractére Hao en Céo. Mais Cao était justement un nom taboué de Gia Long qui n’avait pas été officialisé, d’ot les précisions de Minh Ménh : “Depuis les origines, les caractéres suivants sont taboués officiellement : #4 (Cio) doit étre Iu 2 (Giko) ; $5 (Céo) doit étre Iu iif (CAo) ; SR (Cdo) doit étre Iu tt (Hao)... celui qui par erreur ne reconnai trait pas Il’homophonie de ces caractéres avec notre ngu danh, serait chatié”. En effet, d'autres documents confirment que C4o 5 était le nom taboué de Gia Long : I’édition Duy Minh Thj du Bai Nam Thyc Lye Chinh Bién et le Hoang Viet long hung chi 1 DNHD, Q.121, F2b-3a. 2 Higu est fa transcription phonétique adoptée par le DNTLCB (Irad., .V) et le DNHB (trad. pp.147, 245). 340 Chapitre V composé par Ngo Gidp Dau. En conclusion, a l’époque de Gia Long, les caractéres Cdo n’étaient pas officiellement taboués et quatre caractéres Cio furent intégrés dans |’ordonnance de le 17° année de Minh Ménh (1836) : BD: 1V.Cv: HEUGR. Hii: DV, TV, VH, CV: FEWLAR. 5: QV, TV, VH, CV: HA ER SRI DV, TV, VH, CV: HEH), Sh Le premier caractére Cao #& (H%) relevait de la catégorie cdm ding (interdiction formelle). Les trois suivants fif, 4%, 5% relevaient de la catégorie khéng cdin ding nhung phdi kiéng dm (Utilisation possible, mais transformation nécessaire par tabou phonétique), #ff devait étre lu Gifo, 45 devait étre lu Cio, 5% devait étre lu Hao. Linterdiction des six caractéres fut tempérée comme dans le placet du ministére des Rites. f)__Les caractéres taboués dans les textes. Le Hoang Viét thi tuyén {7 T#UR était un recueil de poémes établi par Tén Am Biti Huy Bich JEWENE, préfacé par Nguyén Tap Bt? comte (bd) Tap Trung 2", et conservé par Tén Am 7$HHf. Cet ouvrage fut grave en la 6 année de Minh Ménh (1825). Il était précédé dun texte de l’auteur, le Thi sao nguyén ban tiéu dén j§250LA/)\5| (Introduction a la copie de loriginal), écrit 4 l’automne de l'année Mau Than (1788). Nous y avons relevé les caractéres taboués suivants : Noan iff : © RAGA BBR Tang gid nodn hdi xudn ven lac (le mirier desséché revit au premier souffle printanier d’od sourd la verdeur jadis abolie)! (FANE Thai vi phong suy nodn2 (Alors souffla une brise légére et tide) 3, Anh i : © SNR TEHEAK Tich chiéic khé son hoa yéin duh (écho de la lumiére crépusculaire sur les ravins projetée)4. | Le Th&i Tong, ThAn chinh Vi inh Huong, Q.1, f7b. 2 Cf Annexe I. photographie n° 39. 3 Le Thanh Tong, 82 H8 Céng déng, Q.1, f12a. 4° ligne. Les caractéres interdits au Vietnam a travers l'Histoire 341 © WRU RR ZEMREE «Vo 56° hodng hoa dnh duoc lan (chrysanthémes infinis dont le reflet inonde de lumiére les dahlias désertés)! ATOR EOLA Tiéw siéu phong digp duh cé bd (Emoi des feuilles d'érable en J"eau stable unies au jonc solitaire), Ching fi : © ERATE Cine tai due ching udt nham bién (Un rejet d'un arbre planté jadis, devenu touffu et verdoyant sur le versant de la montagneP © BRA EAS EL AUER Trdn gia thugng néng chan long ching (Le général de corps d'armée des Trin, véritable fils de la lignée des dragons)‘. Hoan iff, 3 : © MAM Bi7k BR Tien Gia i quan thu’ hdi hodn' (L'tmmonel [Le Thanh Tong] jouissait d'un lac et d°une demeure tous deux ceints d'un cours d'eau protecteur)® o BRE RSH IE AE Tht hodn chai tod léu thank wruéng ({Des Taube] alors méme que les animaux n'étaient pas encore lachés {dans le pare du roi], la clepsydre égrenait ses notes aux accents cristallins lancinants)’. Khost ‘ij : + HIER EM Thuong mang thién vii khodt (Le bleu éclatant du ciel)’. © BREEAM AS Thang tam quy lai hung thit khodt 9 (Retour d’excursion, je fus saisi d’un sentiment de plénitude). whee eee Lé Thanh Tong, Lyc Vn déng. Le Quat, Tru nodi, Q.2, f13b Trinh St Manh, Qué tidu tuong, Q.2. (ida. Neuyén Kiéu, Luu Tian. Nguyén Mong Tuan, Ham Te quan, Q.3. 1°9a. Cf Annexe 1, photographie n” 26, ‘Than Nhan Trung. Phyng hoa ngy ché hanh Kién Thuy dung. Nguyén Thien Tich. Thin Hyu mn dai thu, Q.3.16b. Lt Thai Tong, Vong vién son a3 yén Q.1. (°7b, ‘Voi Lim, Phung binh Ngy ché Phuong win da yén. Cf Annexe I. photographie n° 38. 342 Chapitre V Kiéu & : © 4s RGR RIT A Truong khong thu kiéu Hoang giang nguyét | (Miroir du ciel d'automne, le fleuve Hoang giang par la lune éclairé)2. — Certains caractéres n’étaient plus taboués : Thudin #2, Khang HR: KY, MISAR(AL]A Dao Cut Sigu Loai Thudn Khang [xd] nhdan. (Dao Cit originaire de la commune de Thudin Khang, sous- préfecture de Sieu Loai)? . -L ait enfin omis de taboue! i ract Noan Ig : © [BEALS IY! Tam xudn nodn nhap cuu thu idu (La chaleur printaniére du troisitme mois enveloppe de .douceur |’antique cabinet de lecture)* ° —PREIE Nhat duéng hdi nodn xi Kiéu ( : « BAA SSK IT Minh nguyét duong khong kigu bang tuyét (La lune, paleur nivale en le vide suspendue)® Hoan Ri: « FAS —hAK TELE Phitc Hung nhdit khic thuy hdi hodn (Un ruisseau tortueux ondule et traverse le hameau de Phiic Hung)? L*énumeération des caractéres taboués du début de régne de Gia Long au début de celui de Minh Ménh est relativement compléte dans cet ouvrage et refléte, dans une certaine mesure, observation des interdits dans les documents de cette époque. Toutefois, il ne respecte pas a la lettre la réglementation des tabous. Les trois caractéres Noan, Anh, Ching, pourtant Cf. Annexe I, photographie n° 40. ‘Tran Nguyén D&n., Phung canh Thdi thugng hodlng Ngy dé Thign Trung phi Tring quang cung, Q.2, P17b, 2* ligne. Q44, 8b. 8° ligne. Nguyén Binh Khiem, Trung T&n quén ngy hing, Q.5, 5a, 7° ligne. Le To, D6ng tit tic hing, Q.3, 23a. ‘Trdn Anh Tong, Vin Tidu Am, Q.t. f4a, 1" ligne. Trin Quang Khiii, Phiic Hung vién, Q.2. 2b, 6° ligne. we wawau Les caractéres interdits au Vietnam a travers I'Histoire 343 classés dans les ordonnances dans la catégorie “cdin ding” (interdiction formelle), étaient ainsi écrits selon le procédé “gia dang” dans louvrage. Son auteur, quoiqu’attaché a l"observation des interdits, a manifestement omis de tabouer beaucoup de caractéres pourtant énumérés dans les ordonnances. Nous nous proposons d’interpréter ce manque de rigueur dans Vobservation des interdits de la maniére suivante. Le manuscrit avait été ébauché a !'époque des Tay Son, sous le nom de Hoang vig thi sao. Au début du régne de Minh Ménh, Bui Huy Bich, avant de graver et publier ce texte sous le nom de Hoang Viét thi tuyén, avait utilisé le procédé “gia dang" pour tabouer les caractéres, a exception d'un caractére Hoan qui a été taboué par suppression de traits : B'!. S’il avait observé Pordonnance la lettre, il aurait di remplacer Nofin, Anh, Ching, par d’autres caractéres. De telles substitutions étaient d’autant plus délicates que l’auteur souhaitait rester fidéle 4 original, comme Villustre ce vers de Lé Thai Tong : SAAS ALM Tang gid nodn hdi xudn van lec? (Than chinh Vi Jenh huong) aurait di étre remplacé par : 4G HEE ASE Tang gid do hdi xudn van lac, Une telle correction, quoique conforme a la réglementation, n’affectait pas seulement la valeur littéraire du poéme, mais constituait un obstacle au travail de révision des textes. II est probable que Bai Huy Bich souhaitait éviter un contresens en conservant Nodn dans le Hoang Viét thi sao, taboué selon le procédé “gia dang” (trois traits bris¢s). La solution adoptée nous semble appropriée. Elle conciliait la fidélité au manuscrit original et le respect des noms taboués de la dynastie régnante, bien que le procédé ne soit pas strictement conforme a la réglementation3. Nous nous sommes également intéressés aux caractéres taboués du Kham dinh tap van trich yéu, dictionnaire par rimes, composé sur le modéle du Bi van van phi {i SCHARF (de Chine) par 'Académie impériale sur ordre de Minh Ménh‘. Cet ouvrage en 10 volumes fut gravé et publié en 1839. Hoang Vigt thi tuydn, Q.3. P16b. Lt Thai Tong, Thin chinh Vi Lénh huong, Q.1. 1° 7b. Nous avons également découvert des caractéres taboués selon ce procédé dans le Hoar Vidt viin tuyén, documents rassemblés par Bui Huy Bich it.) ; le caractere ching 4 par exemple été taboué selon le procédé “gin dang’ fit dans Ia phrase suivante: Nhiz thé vith ching (Q.7. P20, 3 ligne Tran Hig Duo dai memg du chue 0 uaing hich van) CF Annexe 1, photographie n° 34. wn a 344 Chapitre V Les auteurs, au début de l’avant-propos, ont commenté dans les termes suivants les divers procédés de tabous graphiques utilisés dans | “ouvrage. FLAS ARRAS MEF. APE TA LPR Falag AHMAR, (EG a BUDD aloe SF, FA ARP HZ SOG A SCRE, SB RE Pham cung ngo mig hus. ng danh clue chinh uc, cdn phung cdi dang. nlung vu cach thuong tiéu dé vi thute ki ne: déng dm gid truc tue bdn tr, dan wcdch thugng tiéu xudit dit ngu dank déng dm dang te, dung thi phan biét. Chi nue tam déc ti dm, lim van wt aghia cdi dung, v6 dée trye dung ban te} Chaque fois que nous avons rencontré un caractére normal (chinh 10) d°un mieic huh ‘ou ngic danh, nous V'avons écrit selon le procédé “cdi dang”. Les caractéres homophones ont été tracés selon leur forme normale. mais nous avons précisé dans la partie supérieure de la page qu'il s‘agissait d"homophones des ngi danh pout les distinguer des autres caractéres. Il taut s'abstenir de lire & haute-voix les caractéres taboués. Quant aux choix, a "écrit, du caractére de substitution, il est dicté par le contexte’. Ce passage est suivi d’exemples de caractéres taboués selon deux procédés “edi dang” et "khdéng cdi dang”. Le premier consistait 4 modifier la graphie du caractére mais sans ajouter de traits supplémentaires. Nous en exposons ci-dessous des exemples. Noan : annoté par déférence dans la partie supérieure de la page {du dictionnaire}? : BF MAH A AMA, ASU MOE. AUER Nodn tu nguyén td tong nhdt hitu téng vién, cung ngd miéu hus cdn phung edi dang, déc tdc hodn ng { La graphie normale de Noin associe la clé nhdr i (a gauche) au caractére vign % (a droite). Celui qui rencontre Nodn en tant que miéi huy, doit par respect en changer la graphie [i.. déplacer la clé nhat de la gauche au sommet du caractére], et le prononcer Hodn. Ching # : classé sous fa rime Tong 2 3 et annoté par déférence dans la partie supérieure de la page: FFMARA HIE TD. WM, EL BE, PETES Ching tu nguyén td tong hod hitu tong trong. cung ngd ng danh, cdn phung cdi dang, déc téc trong ne! La graphie normale de Ching associe la clé hoa AR (a gauche) au caractére trong {i (a droite). Celui qui le rencontre comme ngit danh, doit par respect en changer la graphie et le prononcer Trong. ' KDTVTY. Q.1. 10a, Pham Id, 2 Of supra. n.3 p.215. 3 KDTVTY. Q.7. P5b.

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