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L’ORIENT SYRIEN Soke sGum REDACTION- ADMINISTRATION L’/ORIENT SYRIEN Revue trimestrielle d'Etudes et de Recherches ‘sur les Eglises de langue syriaque Directeur G. KHOURFSARKIS Chorévéque de TEglise Syrienne d'Antioche Sous-Directeur FRANCOIS GRAFFIN, S. J SOMMAIRE R. P. JeM. FIEY, O. P., professeur au séminaire de Mossoul : e démembrement de BA Nahadra .. R. P. Joseph LECUYER, C. S. Sp., professeur au ‘séminaire francais de Rom: La théologie de Tanaphore selon les Peres de Ecole d’Antioche a Dr T. JANSMA, professeur & Université de Leyde Les Homeélies du ms. Add. 17.189 du British Museum, : we a R. P. IoH. DALMAIS, professeur @ Institut Cath. de Paris Une relique de Vantique liturgie de Jérusalem : Voffice de Yensevelissement du Christ Mgr D. DAHANE, curé de N-D. de Chaldée, Paris Traduction de Vhomélie sur la paix . R._P. Francois GRAFFIN, $, J., Directeur de la Potrologie Orientale : La Iettre de Philoxéne de Mabboug & un su- Périeur de monastére sur Ia vie spirituelle Tables des matieres Paar 353 413 aan 452 455 487 LA THEOLOGIE DE L’ANAPHORE SELON LES PERES DE L’ECOLE D’ANTIOCHE On commencera par préciser les limites de cet exposé, et pour cela, trois remarques préalables me paraissent nécessaires : 1° — Diabord qu’entendons-nous par I'Keole d’An tioche ? Vers le milieu du 11f sidele, le prétre Lucien fonda 4 Antioche une école, dont le maitre principal sera Dio- dore de Tarse dans la deuxiéme moitié du TV* sidcle ; oF on peut découvrir chez, un certain nombre de théologiens originaires de cette ville d’Antioche, ou formés sous Tin: fluence des maitres antiochiens, un mouvement de pensée, un ensemble de tendances et’ de principes dexplication qui témoignent d'une certaine unité ; en réaction contre Vallégorisme de M'école dAlexandrie, ees auteurs cherchent surtout dans le texte sacré le sens littéral, tel que la méthode historique et grammaticale pent nous le rév6- ler, au risque, parfois, de donner Vimpression d’un cer. tain rationaligme qui évacuerait le mystére : ce fut en particulier Pun des sonpcons qui pesérent sur Théodore de Mopsueste. En fait, c'est ce dernier auteur, avec saint Jean Chrysostome, que nous autrons surtout & considérer. Occasionnellement, nous y ajouterons les témoignages do Théodoret et de Nestorius 2° — Par anaphore, on entend habituellement Ia pridre centrale de It Messe, ce qu’en latin nous nommons Te Ganon, et que Jes Grees nomment précisément anaphora, 86 Joswen Lécuven c'est dire oblation ; sans entrer dans les détails des dif- férents rites, on peut dire que Vanaphore commence avec un dialogue’ initial, préeédant une prigre d’actions de graces correspondant A notre Préface ; certains, comme Je P. Saraviite!, y ineluent Ii communion clieméme jusqu’d la priére d'actions de grices qui correspond hotre Posteommunion, .Je me tiendrai cependant a la fa- gon de parler qui me semble plus habituelle, selon la: quelle Panaphiore se termine avant la communion, plus exactement avant les pritres préparatoires Ja commu nion : ainsi pour prendre un point de comparaison dans la liturgie latine, Yanaphore se termine a ’Amen qui préeede Ie Pater. 3° — De cette partie centrale de la messe, nous vondrions exposer la théologie selon les Pares de Ecole WAntioche. Wai dit ta théologie ; il ne agit done pas dexposer les rites eux-mémes sinon dans la mesure od ce sera nécessaire pour en exprimer Ia doctrine théologique. Nous possédons plusieurs études sur les rites liturgiques tels quills sont déerits dans tes principaux auteurs que nons étudions ei: pour saint Jean Chrysostome, das 1883, une trés bonne étude de F, Prove : Die antioche nieche Messe nach den Schriften des hl. Johannes Chrysostomue? ; apres la publication par A. Mincawa en 1982.83, de In version syriaque des Homélice Catéché. tiques de Théndore de Mopsueste’, plusieurs travanx ont, exposé la liturgie de ce dernier : & pen prés simultané TL Larramaxw et A. Rocker rassemblent les textes essenticls, le premier en syriaque et dans une traduction allemande‘, Te second dans une excellente 1. Art, Anaphore, dans Catholicisme, 1, col. 507-508 2. Zeiltehr. J, k. Theol. 7, 1889, pp. 251-308. 38. Dans Woodbrooke Studies, ¥ et VI, Cambridge, 1992 1039, avec une traduction. anglaise 4, Hi, Lanramasy, Die Liturgie dee Theodor yon Mopsuestia, Silsungsberichte der K. Preussische Akademie der Wi schaften 24 Serlin, Phil, Hist. Klasse, Berlin, 1988, pp. 915-933. aa 1a THAOLOGIR DE VANAPHORE 38? traduction Latine® ; tous ces autenrs, apr’s A. Micawa, constatent la grande resemblance de la liturgie de Théo. dore avec celle que déerivent les Constitutions -Aposto- Liques, constatation reprise par O. Case.®, et par les au- teurs plus récents, notamment par Fr. J. Reixy, dans st these sur Ia doctrine encharistique et Ia liturgie des ca icheses mystagogiques de Théodore de Mopsueste, pu- blige en 1942 & Washington ®, Ce dernier auteur ne se limite (ailleurs pas A Faspect liturgique, mais dans une premiére partic, il étdie Ia doctrine | théologique de ‘Théodore ; on peut regrotter tontefols qu'il ait cru utile adopter un plan, valable en théologie scolastique, mais qui n'a rien @ voir avee la démarehe de la pensée de Vau teur quil étudie : commencant par la doctrine de la Pré sence réelle, il considere ensuite 'Bucharistie comme sa crement, puis comme sacrifice. On pourrait faire Je meme reproche % une étude déja ancienne de A. Narain, sur VBueharistie chez_saint Jean Chrysostome®; aga P. Barirror. soulignait les erreurs de critique contenues dans cet ouvrage et qui sont dues an désir de retrouver chez Chrvsostome les catégories de la théologie scolas: tique, et surtout de Ia théologie posttridentine *. Comment éviter ces erreurs? C'est équivalemment poser la question de la méthode que nous suivrons. Aprés bien des hésitations, fai pensé que Ie plus sir est de suivre le déroulement’ de Ia liturgie de Vanaphore telle que nous la découvrons dans Théodore de Sopsueste et 5. A. Rocxsm, nitas baptismi et missae quem deseripsit Theodorus Ep. Mopsueslenus in sermonibus catecheticis, Manster, 1993. 6.) 0. Crem, Newe Zeugnisse fr das Kullmystertum, dans Jahrb. far riturgiewissenschajt, 18, 1985, p. 108. rps J. Rene, The Eucharistie Doctrine and Lituryy of the Mystagogical Catecheees of Théod. of Mopsuestia, Washington, 1942, 8. A. Nareue, Dio Lehre des hI, Chrysostomus sles Doetor Bucharistiae, Fribourg en Bir., 1900, 9, P. Banrror, ['Rucharistie, 1a présence réelle ol transsubstantiation, Paris, & &1., 3818, p. 418 s. 988 sosurn Lécuven dans Chrysostome ; ce plan s'i] peut conduire A certaines répétitions, nous garantit du moins une plus grande fl- Aélité A 1a’ démarche théologique de nos auteurs et & leur intention pastorale : est en partant des rites cux-mémes, des signes visibles dont se sert PPglixe, qu’ils présentent Jour théologic des sacrements et xpécialement de Eu charistie. Une communauté de priére Lanaphore commence par un salut que le prétre adresse aux fidéles ; Théodore nous en donne une assez Iongue formule tirée de In 2 épitre aux Corinthiens (2 Cor., «Que la grace de et amour de Dieu le Pére et Ia communication de PEspritSaint soient avec tous >. TI nows prévient, ailleurs, que certains em- ploient une formule plus brive : eque Ia gree de N. S. A.C, soit avec yous tous», Ce salut correspond & notre Dominus vobisoum et Dom H. Excuerpine en a étadié Jes différentes formes dans les liturgies d’Orient #¥. A ce salut du prétre, le peuple répoud : Ft avec ton esprit. Ce conrt dialogue est Voceasion de précieuses indi- cations théologiques sur la nature de Panaphore qui va snivre ; on pent les résumer en trois points : —a) @abord le souhait et la pritre du prétre sont un rappel du plan de salut: plus qu’ aucun autre mo- ment, cest au début de la liturgie cucharistique qu'il con- vient de se rappeler Yamour de Dieu pour les hommes, cet amour gratuit qui nous donne méme de pouvoir Ini faire une offrande agréable, ¢ Avant toute (autre) chose, 10. Homél, Catéeh. XVI, 2 — Nous suivons toujours les divisions en paragraphes de Véd. R, Toxsexe, Les Homélies tehétiques de Th. de Mops., Ciltd del Vat., 1949. I. H, Exonenoisc, Der Gruss des Priesters zu Begin der Eigapioria in Gellichen Liturgien, dans Jahrbuch J Litur- gléiwier. 9, 1929, pp. 138-143, Jawaruone 389 cest avant cette liturgie qu'il convient que te peuple soit déni par cette pridre apostolique... Cest A ce point en effet que Diew aima le monde, selon la parole évangélique, wil Tivra gon Fils unique pour Ini, afin que quiconque croit en Iui ne périsse pas, mais ail 'la vie Gternelle (Sot, B: 16), Or il montre un tel amour envers les hommes, non pas qu'il reedt de nous (rien) qui fot digne de ec (bon) vouloir, maix par sa grice & lui et sa miséricorde.. ». I ne s’agit pas toutefois dun simple rappel mais dune pritve que fait le prétre afin que les fidéles « se montrent dignes de cet amour que Dieu par sa grive montra a toute notre race > ® —b) Ainsi ¢au cours des mystéres lex plus redou: tables, le prétre prie pour le peuple, et Je peuple prie pour le prétre : les mots: « FE avce ton esprit > ne signifient ren autre >, Saint Jenn Chrykostome voit ici dabord le signe de la solidarité de (ous les membres de la communauté ras sembiée: membres d'un méme corps, nous devons avoir Ie souci de tous les membres de ce corps ; le salut mu tuel des fidéles et du prétre au début de Fanaphore doit nous rappeler It responsabilité collective de tous les chrétiens: . Ces Tignes de Théoilore de Mopsueste nots in troduisent & un aspect fondamental de PEncharistie que nos auteurs ont frGeurmment considéré : andela des ap- parences sensibles. des signes terrestres de ta liturgie, ¥ a une réalité invisible et eéleste qui staccomplit et qui requiert des chrétiens nn effort personnel pour élever leurs penséex audexsus ides choses terrestres™ : tel est Te sens de linvitation dn prétre, Fin d'autres termes, Bu: charistie, comme le haptéme, est un €mystére>, un «sacrement » 19, Théo. de Mops., Hom. XVI. 3 20. Voie la tits belle pazo de Chrysostome sur le Sursum Corda, dane De Pwrnit hom, 9, 1 (PG. 49, 340) ; et, Im Hebr. hom. 22, $ (P.G. 63, 158) 392 soseem 1sécuxER Nous avons une tréx riche moisson de textes sur ce concept de mystére, ou de sacrement chen lex Pares de YEcole d'Antioche, Vai rassemblé naguere tes principaux textes de Théodore dans un article des Recherches de Se. Rel. qu’on ne pourra que résumer ici: une page des Cat chéses en présente une synthése trés dense: «Tout sacremeut est Vindication en signes et sym- doles de choses invisibles et ineffables... Les Juifs donc, Cest en exemples et ombres de ve qui aura Tien au ciel quills servaient Dieu (Hebr,, 8 3) parce que la Loi con: tenait lombre des biens a’ yenir et n’était pas Vimage (cede) imeem salts, selon e mot du bienhenreax Paul (iébr., 10: 1). Vombre révéle la proximité dun corps... mais lle ne représente pas le corps qu’elle révale, chose que Vimage est de nature a faire, Quand on voit Pimage, en effet. on sait quel est celui qui est représenté, A cause de Vexactitnde de la ressemblance... tandis que par Fombre, jamaix on me pourra savoir quel est celui dont elle est Vombre, ear Yombre n’a aucune ressemblance de représentation avee Ie corps dont elle provient. Crest de In sorte qu’était Ie contenu de la Loi ; tout n'y était qu'indication des choses célestes, comme dit PApdtre » ®. Conformément A une distinction qui deviendra clas: ique en Occident xous Vinfluence de saint Ambroise ®, Théodore distingue done trois stades de possession de la v4 ité: ombre, image, réalité, La réalité pleine et entidre est dans le Christ qui est mort, ressuscité, et qui est maintenant au ciel A Ja droite du Pere® ; de cette réal lex Juife ne possédaient que Pombre, tandis que nous en postédons Pimage dans les sacrements. Or Vimage mest pas un signe queleonque ; c'est un signe qui contient BL. Rech. de Se. Rel, 38, 1949, p. 498 ss, 22. Momél. Catéch, XM, 2, 23. S. Ambroige, In Ps, #8, 26-26 (él, M. Prrscmese, CSEL, 64, pp. 203.201) ; De ofieit, 1, 48, 288 (P-L, 16, 100-101}, 2. Home. Catéeh, XI, 6. 293 une certaine participation, une certaine aimititude de la vérité céleste, et done nous donne ane certaine coufor- mité avee le Seigneur qui est mort et ressuscité®, Cela est vrai du baptéme, mais cele est vrai a bien plus forte raison de PBucharistie : celle-ei est un signe, une image an sens qu’on vient de dire, de la réalité du ciel : « Pais: que, en effet, ce sont les signes des réalités du ciel qu’en figures i accomplit, il faut done que ce sacrifice en soit aussi la manifestation : et Je pontife fait une sorte di mage de la liturgie quia Tiew an ciel.» Co euractive céleste du mystire eucharistique est vé ritablemeut fondamental dans la peusée de nox auteurs, Pour Chrysostome aussi, si Encharistie est un sacrifice qui saccomplit sur In terre, la réalité qu'il contient est toute céleste: « Assister au sacrifice Cest assister A un spectacle céleste >, Notre autel ext une table eéleste, qui vecoit les dons de Ia terre et sur laquelle s'opere un admirable échange entre Ia terve et le ciel; it a comme une double présence : ¢ fixé sur Ia terre, il ext proche du trone eéleste »® : aussi penton dire, puisque le ciel est le séjour des réalités immortelles, que c'est h une table immortelle que nous prenons place®, et que, & certains égards, notre autel ext invisible : c'est pourquoi, confor mément au conseil de saint Paul (J/ébr., 10: 23), il faut nous en approcher ¢ avec un eur véridique dans Ja plé. nitnde de ta foi >, car rien n'est visible : ni le prétre, ni Te sacrifice, ni Vautel ne se peuvent voir. Ce qui est vrai de Mantel, Pest aussi de Phostie, qui fest autre que le Corps du Christ Sleré a la droite du 25. CL Homél, (oetéeh. XH, 7 ef 10. 26. Homet, Catéch, XV, 15. Sazerdotio, TL, § (P.G. 48, 642) 28, Fragment conservé dans les Sacra Paraltela altribaés ‘saint Jean Damascie (2.0, 95, 184 ¢), et publié par 8. Hai ddachior, dau fiy-antinisele Zeitschrift, NVI, 1907, p. 177 29, In Ep. ad Hebr., Hom. 19 (P.G. 63, 101) 20, In Hebr.. Hom, 14 et 29 (P.G. 63, TL et 189) 394 s0skeu LécuveR Pere ; du prétre véritable qui est encore le méme Christ pénétré daus le véritable sanctuaire du ciel. On y re Viendra plus loin, Ce qui vient d’étre dit auffit pour faire comprendre le sens de Vinvitation du prétre au début de Yanaphore : Sursum Corda ; par les yeux de la foi, il faut sélever jusqu’au ciel si Yon veut vraiment participer a YEucharistie ; ¢ Or le peuple répond : Vers toi, Seigneur. Iis professent par leurs paroles qu’ils sont appliqués a accomplir cela >, A cette bréve remarque de Théodore, Chrysostome fait écho en reprochant avec véhémence a son auditoire de s’oceuper de choses profanes : « Que faistu ? Au prétre qui t’a dit: Pn haut Pesprit et les cours, mas-tn pas répondu: Nous les ayons vers le Seignenr ? Tu n’as aucune erainte, tu ne rougis pas d’étre reconnu mentor méme en cette heure redoutable ?... La semaine a 168 heures, Dien ne s'en est réservé quune seule ; et cotte heure fu Ia gaspilles en préoccupation de cette vie, en amusements et en bavardages | >®, L'Eucharistie, sacrifice d’actions de graces « Lorsque le Pontife a ainsi préparé ot réglé Pame et le awur des assistants, jl dit: Rendons grices au Seigneur... Le peuple répond : Crest digne et juste >. « Alors, étant nous tous levés, gardant le silence en grande erainte, le Pontife commence a offrir Poblation (qoréh qhrband) et immole le sacrifice de la communauté (debahta masseq) > ®, BL. Voici les références dans J. Lécurrm, Le Sacerdoce céteste “du Christ selon Chrysoslome, dans N.RTh, juin 1950, pp. 872-576 82, Théodore, Hom., Catéeh. XVI, 4 38. De Peenttentea, Hom., 9, 34 Théodore, Hom. Catéch. XVI, 4 5, Ibid. Hom, XVI, 5 La THfoLOGIE DE VaNaruoRE 395, Crest done ici que commence vraiment Je sacrifice de la Messe, et il commence par une grande pritve cucha ristique qui correspond a notre Prétuce + «Con Pontife a cet instant est In langue commune det 1 use en vette grandiose Titurgie de paroles qui con viennent — ce sont les louanges de Dieu, -- confessaut que toutes 1es Iouanges et toutes lex glorifications, eon Fiennent & Diew : A lui convient adoration et Titurgie de notre part & tous ; ot avant toutes es autres celle qui maintenant est le mémorial de cette grice qui nous fut faite et dont le récit est incompréhensib'e A (lontel la eréation > %, Ne cherchons pas chez nos autenrs une détinition abstraite du sacrifice ils me wen soucient pas. Ce qui contraire, lex Intéresse c'est que ce soit un sacrifice actions de grices, et Chrysostome Vexplique ainsi 2 ses auditeurs : «¢ Les mystdres redoutables et abondants en fruits salutaires que nous accomplissons } chaque svnaxe regoivent lo nom @'Bwchariatie, parce qi'ils sont le rappel Geapmmsu) do nombreux bienfaits, qirils“manifestent Te sommet (xezéiauy) de Ia providence de Diew, et quits nous préparent de toute maniére & Puction de graces... Cest pourquoi, lorsque ce sterifice est présente, Ie prétre nous Invite A rendre grices pour le monde ender, pour ceux qui nous ont précédés, pour cenx d'anjonrdhni, cone qu Sont deja nés, et pour ceux qui seront demal Crest que, ainsi qu'il Vespliquera plus clairement ailleurs, le sacrifice de In Messe est comme Te sommet et Te résumé de toute Péconomie salvifique de Dieu, puis qwil nous donne le sacrifice meme de Jésns. Commentant Tes mots de saint Paul : ..e calice de bénédiction (dew logie) que nous offrons (I Cor., 10; 16), Chrvsostome expliquera ; « None aussi, nos ajontons au eali¢e les inex primables bienfaits de Dieu. et tout ce dont nous avons Ia Jouissinee, et cest ainsi que nons Toffrons et y com- unions, rendant graces (8;apa-otvee) paree qu'il a sauvé 6, Ibid, hom. XVI, 5. 37. In Matth,, hom, 25, $ (PG st, 330, 396 Josseu LéceyER a race humaine de erreur ; parce que ceux qui étaient Ioin, il les a rendus proches ; parce que ceux qui étaient sais espoir et sans dien dans le monde, il les a faits ses frores et cohéritiens... Paul Ie nomme catioe d'eulogie (de Dénédiction), parce que, quand nous Tavons ex main, nous célébyons set Touanges, éimervcillés et effrayés de son don ineffable, Ie bénissant’ d'avoir aussi versé (ce sang) pour nous tirer de Verrenr : et non senlement de Vavoir versé, mais de noux en faine participants » Ainsi, par sa nature méme, le sacrifice de la messe est un rappel des bienfaits de Dien™, et done une invitation a Vaction de grices, Estce a dire que celleci apporte quelque chose 2 Dieu, on que ce dernier en retire quelque fe? Chrysostome répond a cette question : « Lac. on de graces wapporte aueun avantage 2 Dieu, mais West nous qu'elle rend plus familiers avec Dieu, En effet, quand nous nous remettons en mémoire les bienfaits des hommes, notre amour s'enflamme davantage ; A plus forte raison, si nous nous remettons en mémoire fréquemment les bienfaits du Seigneur envers nous, nous serous plus zélés observer ses commandements. Cest pourquoi Paul recommande : Soyez dans action de graces. C’est une exeellente gardienne de (votre) bonne conduite que ta mémoire des bienfaits recus et Puction de graces > ®. Crest done encore le bien des hommes que Te Christ et 'Eglise ont en vue en leur donnant un sacrifice action de gv Ceci apparaitra encore mieux dans la suites, 8. In 1 Cor, hom, 2, 1 (P.G. 61, 199-200), 39. CL In Matth.. hom. 25, 43 « Ce que Dieu falsait en rappelant ses bienfails aux juifs par Tes prescriptions concernant Tes lieu, les tops, les Tétes, c'est encore ce quill a fait ici en nowy incitant, par Ja nature méme du sacrifice, & nous rappeler ses bionfaits » (P.G. 87, 992) 40, Ibid, Hom. 25, 3 (P.G. 67, 831) 41. On ne dira rien ici en détail des motifs d'action de ertoes qu’énumire In priére eucbaristique Dans « Ad 0s qui Seandalizati sunt », 1, 8 (P.G. 52, 496-496), Chrysostom énumére tune longue liste des bienfaits'divins qui pourrait bien étre NAPHORE 397 Cependant cette action de graces n'est pas seulement souvenir émerveillé et reconnaissant du passé ; des main tenant elle nous unit au ciel. Ce n'est pas seulement Fautel veritable qui est eéleste, ni seulement Ihostie ow le grand prétre ; tous les assistants peuvent des ici-bas unir leurs Iouanges an chur des anges ; tel est en effet, le sens du triple Sanctus. Puisque toute lx fonle le chante en union avec le prétre et les puissances angéliques *, west done quielle est déja de quelque fagon présente devant le tréne de Dien, avce les chérubins , avec les martyrs glorifi¢s " ; est done déja que dans les chrétiens ge réatisent les pré mices de la promesse de Jésus: ¢ IIs sont paveils aux anges, ot ils sont fils de Dieu, étant fils de Ia résur- rection ». (Lue, 20 : 36) ; c'est done aussi un signe que la terre est réconciliée avec le ciel, Chrysostome ne laissera pas passer cette occasion de rappeler encore A ses, auditenrs, puisque leurs voix ne forment avee celles des anges qu'un seul chur mis en mouvement par la Trinité elleméme, quits ont Vobligation «'imiter des icicbas 1a vie des esprits célestes #. le schéma de ta pride liturgique qu'il employait : eréation — don de la Ini naturelle — pardon apris le péché — élection a Abraham et des patriarches — don de Ta Toi derite -— envoi des prophétes — envol du Christ — passion, résurreetion, asce = don do VEsprit... cf. F. Proner, Die Antiochenische Messe znach den Schriften ites hl. Johannes Chrysostomus, dans Zell. JR. Th, 7, 1883, pp. 251-303 ; FE, Bricitrwss, Lilurg. Eastern and Western, Oxford, 1896, 1, p. 479. 42, Chrys, In 2 Cor. Hom. 18, 2 (PG. 61, 537 ore, Hom. Catéeh. XVI, 62. 48. In Eph., hom. 14, 4 (P.G. 62, 104-108) 44. De SS. Martyribus, 2 (P.G, 50, 710). 45. Théodore, Hom, XVI, 7 46. Chrysnstome + In illud Vidi Domine, hom, 6, 3 (@.6. 55, 138190) 41." Ibid, Hom. T, 1 (P.G. 56, 97-98) 48. Ibid. Hom, I, 3 (P.G. 86, 101-102) ; In Eph. hom, 14, & (P.G, 62, 104-105), Théo. 398 Josnem uicuvER 4. Liinstitution a la derniére Céne La présence réelle Apris le chant du Sanctus, Ia priére dactions de graces reprend. Chrysostome fait remarquer ailleurs quil n'y a pas véritable interruption et que déja. saint Paul agissait de méme, Mais Paction de grices se trans- forme en une pridre centre sur le Christ et sur som ouyre, ce que Théodore appelle « "économie divine par le Christ >", Au cours de cette pridre christologique prend place le récit de linstitution du saerement a Ta derniére Céne, et cest une occasion daifirmer que le Seigneur nous a donné A ce moment son Corps et son Sang. ‘Théodore ne fait, dans ses catéchéses, qu'une bréve allusion & cette partie de Manaphore: «Nous faisons commémoraison de la mort du Seigneur par cette litur gie redoutable. Nous prenons Ja nourriture immortelle et spirituelle qu’est le Corps et le Sang de NotreSeigneur JésusChrist, (nous) pour qui, Notre-Seigneur sur le point @avancer A 4a passion, (en) fit Ia remise 2 ses disciples, en sorte que par ceux-ci nous les recevions et les fassions... >. En fait, dans ces lignes, il y a tout Pessentiel : don par le Christ ‘de son Corps et de son Sang, transmission as: surée par les apétres jusqu’a nous, ‘On 1 parfois mis en doute, notamment le P. de Vaurs, gue Théodore ait admis la présence réelle® ; cette opi. nion me paratt insoutenable devant des affirmations aussi claines que celle-ci: «Ce qui est présenté est du pain ct du vin communs ; mais par la venue de PEsprit: 40, In Matth,, hom, 55, 6 (P.G, ST, 547); In Ps. 194, 6 (.6. 56, 996) 50, Hom, Catéch, X¥I, 10. 51 Hom, XVI, 10, 52. W, oe Vrurs, Der Nestoriantsmus Théodors wn Mop- suestia in seiner Sakramententehre, dans Orient, Christ, Perio. ica, VIT, 194, p. 188. CE, Rech, de So, Rel, 36, 1949, p, 511, note 129, La THBOLOGIR DE Waxarrone 399 Saint, il est changé en Corps et en Sang», Plus clai- rement encore, et cette fois dans un fragment dont le texte gree original est conservé : «(Le Christ) wa pas dit: Ceci est Te symbole de mon corps, et : Ceci ext le symbole de mon sang, mais’; Ceci est mon corps et mon sing, nous enseignant ainsi qu’il ne faut pas juger d’a- pres’ la nature des Géments, mais que ceux-ci, par la priére eucharistique qui a ea liew, sont transjormés en chair et en sang (i0h& ak vig yevonivne ey alas werabihdecda) le adipex nat Quil_y ait done une transformation, une yezx6cdv, opérée dans Ie pain et Ie vin, on ne saurait douter que Théodore ait admis, et c'est sur les paroles mémes du Christ & la Céne que s'appuie cette certitude. Chez Chrysostome, il en est de méme ; chez Ini cette transfor. mation sexprime en particulier par le verbe wersjissyiten'®; elle est Ia méme que celle qui s'opere & la derniére Cenc, et ce sont encore les mémes paroles du Christ qui Ia réa: sent ; une page admirable de la premiere Homélie sur la trahison de Judas résume cet enseignement : «Judas Gtait 1a, tandis que le Christ disait : Ceci, Judas, est le corps que tn as vendu trente pigees dangent ; ceci est le sang que tu viens honteusement de tlengager A livrer aux phavisiens scélérats... Judas était la, et il prit part ala table saint is il est temps en venir A notre table & nous, si redoutable. Approchons-nous done avec les sentiments de respect et de modestie qui conviennent ; et qu'il n'y ait plus de Judas, qu'il n'y ait plus de méchant, plus dé cour venimenx. plus personne qui parle d'une fa ‘gon et pense tout autrement. Le Christ est 1a; aujour- 53, Hom, XVI, 36. Frag. in Matth., 26, 26 (P.G. 66, 718 b); cet le 1h? 108 de Td. do J. New'ss, Matthaus-Kommentare aus’ der grie- chischen Kirche, Beclin, 1957, p. 133-196 55. Sur lo sens de ce mot, voir B-B, Pussy, The Doctrine of the Real Presence as Contained in the Fathers from the Death of S. John the Buangelist to the Pourth General Council, Oxtord, 1855, pp. 211-218. 400 Joscem nécurer hui encore, Iui qui avait apprété le repas de Ia Céne, cest Ini qui appréte notre table, Car ce mest pas um homme qui fait fes oblats devenir corps et sang du Christ c'est le Christ luiméme qui a été erucitié pour nous. Le prétre qui le repréxente est {a ; e’est Ini qui prononce les. paroles que nous avons citées plus haut ; mais Ia for qui agit et le don qui nous est fait sont de Dieu, Ce est mon corps, dit le prétre ; cette parole transforme (uerazuduite:) lex oblats ; de méme que la parole : Crois. ses ct multiplies-rous ct remplisses la terre (Gen., 1: 28) ne fut prononeée quune seule fois, et pourtant, dans toute In suite des temps, rend notre nature capable @en- gendrer ; de méme, cette autre parole, une seule fois pro- noneée par le Christ, opire sur nox autels depuis lors jus qu’a ve jour et jusqu'a la parousie du Christ, Ie sueriflee parfait > Crest au contraite Te verbe ueszseeuétew qu'on rencontre dans TTromélic 82 sur 'Evangile de saint Matthieu : «Celi qui autrefois opérait ces choses & la Céne, c'est encore Iui qui en est auteur aujourd'hui ; nous, nous ne sommes que des ministres ; celui qui sanetifie et qui transforme (yerarxcuilur), est Ini» Ainsi, ce qui s'est fait jadis a Ia Cone saccomplit encore sons nos yeux, et c'est encore Ie méme prétre, ac tuellement glorifié A la droite du Pere, qui agit et. par fait le sacrifice ; le prétre visible n'est qu'un zipbchov, jentant ; mieux: un sacrement du ouvrir Ja bouche, mais c'est Diew qui accomplit tout: le prétre ne remplit que Voffice de siuboioy > 8, En d'autres termes, le prétre west qu'un, serviteur, un ministre : « Nous, nons avons le réle de serviteura, celui qui sanetifie et qui transforme, cest 56, De proditione Jude, Hom, 1, 6 (DG. 49. 880). Voir aussi A peu pris dans les mimes termes, Ty 2 Homélte (P.G. 49, 1530-500), 57. In Malth., hom, 82, 5 (P.G, 8, 748). 58. In 2 Tim., Hom. 2. 4 (P.G, 62, 612). LA TnGoLoGiE DE VaNaPHOnE 401 Lui», Ainsi pas de différence essentielle entre la Cene et la Mess ¢ veux ajouter quelque chose Winvrai sembluble, mais gardez-vous de vous élonner ou de yous troubler, Quiest-ce done ? Loffrande® est Ia méme, quel que soit celui qui se trouve Gtre Poblateur, que ce soit Paul ou Pierre ; cest la méme que le Christ donna a ses disciples et que maintenant les prétres accomplissent. Celleci west en rien inférieure & cellela, ear celleei aussi, ce ne sont pas des hommes qui I celuila méme qui consacra la premigre, De méme, en effet, que les paroles prononeées par Dien sont cellesa méme que le prétre, aujourd'hui encore, profire, de méme Yoffrande aussi est la méme » ®, ‘A lire ces textes et d'autres semblables, on serait tenté de penser que Chrysostome admet une intervention personnelle du Christ & chacune de nos messes ; on sait que telle est Tinterprétation du P, Garnicov-Lacnaxca, opinion qui soppose a celle du P. de la Tattaw, et qui, selon W. Lawpex, wa yas plus de fondement que cette derniére dans 1a théologie de Chrysostome, On ne sar- rétera pas longuement a ce probléme, qui a été considé ailleurs ; il semble que Chrysostome rejette toute activité personnelie doffrande ou de sacrifice dans Ie Christ glo- rifié ; une telle activité lui paraitrait incompatible avec Pétat actuel de glorification du Seigneur ; si le grand- prétre e6leste continue & soffrir dans Eucharistic, cest par les mains de sex ministres, investis de sa puissance et de son autorité; personnellement il s'est olfert une 59, In Matt., Hom, 82, 5 (P.G. 57, 74). 60. pocgoga ; le mol, comme Sycia, a cher Chrysostome un double sens, actif et parsit (acte ‘offrir ou chose offerte). TL est arfois difficile de distinguer nettement ces doux sens. Ici om Serail tonté de traduire par: Vacte d'ofTrande, mais Yautre sens est pas exclu, et i sant mieux carder dans Ta traduction Te mot « offrando’y qui et susceplible des deux sens. G1. In2 Tim, Hom,, 2, 4 (PG. 62, 612-613) 62. R_Gannioot-Lacnascr, dans Angelicum, 19, 1942, pO s.;W. Laver, dans Antonianum, 1943, p. 3: 402 JospeHt wiicuvel fois, tinal, une fois pour toutes, puis il s'est assis a la droite du Pére, il n'est plus debout dans Vattitude du prétre qui offre un sacrifice. Tel est aussi Venseigne- ment de Théodoret : ¢Le Christ fait maintenant fone- tion de prétre, non pas qu'il offre Iui-méme quelque chose, mais en tant qwil est fa téte de ceux qui offrent. Car il appelle PEgliso son Corps, et par elle il exerce son sa- cerdoce comme homme, tandis que comme Dieu, il recoit les offrandes, Et I'Eglise offre les symboles de son Corps. et de son Sang, en sinctifiant toute Ia masse par les pré- mices » 4, ‘Théodoret, cependant, sil est, dans Yensemble, tres proche de Chrysostome®, s'en sépare sur un point im- portant : il admet, sans doute, la présence réelle du Corps et du Sang du Christ, mais il n'y a pas pera6ohi, il n'y 2 pas de conversion, de transformation au sens strict : «Aprés lx sanctification, les symboles mystiques ne perdent pas leur nature propre ; ils demeurent et dans leur substance premire, et dans leur apparence, et dans leur forme, visibles et tangibles comme auparavant » En goutenant cette position, Théodoret croit appor- ter un argument valable contre le monophysisme : de méme que la nature humaine du Christ n’est pas trans- formée dans la divinité, mais demeure intacte tout en étant unie an Verbe, de méme le pain et le vin demeurent dans !'Euchatistie avee le Corps et le Sang du Christ ; Ie dyophysisme christologique entraine ce qu’on peut ap- 63. CL Nouv, Rev, Théol., juin 1950, pp. 661-579 ; et aussi dans le vol. Rucaristia, publié sous Ia direction de Myr Protaxt, Rome, 1957, pp. 151162. Gt. In Ps, 109, 4 (P.G. 80, 1272 €-1273 a), 65. Cf, Eucaristia, pp. 150-162, 66, Eranister HI (P.G. 83, 168 ¢). — Gt. P, Barvrron, L'Bu- charistio, " éd., Paris, 1906, pp. 277-284 ; G. Lamuzros, Le dogma {te la transsubstantiation et la christologte antiochionne du & sidele, dans Report of the XIX Bucharistic Congress, Londres, 1009, pp. $98.980; Janes, art. Pucharistiques (accidents), dans Diet. de Théol. Cath. V, Col, 1376. La THEoLoGIE Dp L/aNAPHoRE 403 peler un dyophysisme encharistique. A vrai dire, Théo- doret west pas le seul ni le premier A défendre cette thése, et il semble bien qu’il faitle en donner la paternité a Nestorius luiméme. En effet, le Livre d’éraclide de Damas, qui doit 1ui etre tres probablement attribué, con- tient le méme enseignement «Est-ce par un changement: d’essence que le pain est Corps du Christ ? Ou bien sommes.nous son corps par ua changement ? Ou bien le Corps du Fils de Dieu estil un ayee Dieu Ie Verbe par nature? Mais s'ils sont un par nature, il n’y a plus de pain et il n'y a plus de corps >. ‘Méme enseignement encore, dés le lendemain du Con- cile PEphise, dans les Confutationes quarumdam propo- sitionum, ouvrage attribué parfois a saint Athanase®, et que Photius met sous le nom de Théodoret, mais qui est en réalité @Buthérius de Thyane®, Mémorial de la Passion, de la Résurrection, de I’Ascension Dans la description que fait Théodore des rites de Yanaphore, il est difficile de trouver une mention précise de Vanamnese comme rite particulier ; cependant, apres Vallusion au récit de Ia Cone, auteur continue :'¢.. et suecessivement (nous) faisons commémoraison de la mort 67. Le Livre d’léraclide de Domas, trad, fr, de P. Nav, Paris, 1910, pp. 29.90 ; of. p. 288. 63. PG. 28, 1597-1994 69. G. Floren, Eutherius von Tyana, Laiprig, 1898 ; fe toxte qui nous intéresse se trouve pp. 20-31. — On retrouve ie méme fenseignement vere la fin du Y° sidcle dans Yeuvre de Narsat (ou farsts), Tun des principaux mattres do cole de Nisibe, dont Jes Homélies Citurgiques subissent Vinfluence de 1'école d’An- toche, specialement de Théodore ; cf. RN. Cowsourx, The ttar= gical Homilies of Nersal, Tezls and Studies, VIII, 1, Cambridge, {fo09, pp. 16-17. 404 JoserH LACUYER de NotreSeigneur le Christ et par 1 nous recevons une nourriture ineffable, Wot nous avons une espérince .’ Dvailleurs on peut parler indifféremment Cimmotation et dojfrande, les deux étant synonymes #. En plus des signes déja indiqués, 1a prononciation sur les deux espices des paroles de institution est um signe de Ja passion et de In mort violente du Seignew: « NotreScignenr done, en livrant les deux, dit ; Ceci en effet est mon corpx qui pour yous est rompu pour la rémission des péehés ; et : Ceci est mon sang qui pour vous a 616 répundu pour Ia rémission des péehés. Par la premidre parole, if révale In Passion, mais par la seconde, Ja violence et Métendue de la Passion of beaucoup de sang 70. Hom. XVI 10-11, TA. Hom. XP, 26. 72. Hom, XV, 29. 78, Hom, XV, 20: « Clest Iui-méme, maintenant encore, quit par te moyen de ces figures esl immolé », 74, Homélie XV, $4: « Un sacrifice de In communauté est immolé et tune oblation de Ia communauté est offerte... Hest bien Gvident que cst ki méme (chose) que nous appelons offrir Foblation et immoter Voblation, puisque c'est une sorte de view time radoutable qui est immolée, et done qui est offerte 4 Diew, comme lo Bienheurewx Paul dit tantét : Le Christ Gt cect une fois pour toutes en s'immolant Tuixnéme (Hébr., 7: 20), et ftant0t : A cause de quoi il fallait quo cotui-ci eut quelque chore & offrir (Hébr., 8: 3). Aussi, puisque c'est une similitude de cette immolation que nous faisons, Vappelons-nous oblalion ow anaphore de Voblation 1A THBOLOGE DE VaNaPnonE 405 {nt répandu, Et nous aussi, 2 juste titre, selon cette tra- dition, nous placons Tes deux sur lautel pour révéler ce qui eut lieu, afin qu'il nous soit connu que ces denx sont. un en vertu, parce quills appattiennent & ce qui seul su- bit la passion, la chair, dis-je, de NotreSeignenr, dont le sang fut ainsi répandu » Pour Chrysostome aussi, Vanaphore est un mémoi de la Passion et de la mort du Christ : ce que Yon voit ir Vautsl, cest ; en effet, s'il s'ayit Wun sacrifice dat iance, Wan nouveau testiment (selon le double sens de Buber), conformément i Tenseignement de VEpitre aux Hébreux, cela me peut se faire sans effusion de sang, comme jadis au Shiai, et sans la mort du testatear™ ‘Ainsi I vietime, Phostie de notre sacrifice, c'est In view time méme de la Croix, "Agnean qui a été immolé au Calvaire : «Crest toujours Ia méme vietime que nous of: frons, non pas aujourd'hui une brebis et demain une autre, mais toujours In méme ; de la sorte il n'y a qu'un seul sacrifice. Sinon, parce qu'il est offert en tous eux, y ati] aussi plusieurs Christs ? Pas du tout, mais le Christ ext un seul en tout Tiew ; ici il est tout entier, et Ta de méme, tout entier, un seul corps». Pour bien comprendre le raisonnement de Vauteur, il faut se rap. peler que le mot e-sacrifice » (Quoin) n'a pas seulement un sens actif de rite sacrificateur, mais aussi, et peut-#tre 15. Momél, XVI, 16. 16. De Sacerdotio, I, 4 (PG. 48, 642). 71. De proditione Jude, hom. 1 (P.G. 49, 380-381) ; Hom. IT (PG. 49, 390) ; De casmeterio et de Crace (BG. 49, 397) 78, In Matih., Hons 8%, 1; In Hebr., Hom. 16, 1 & @.. 63, 199-12 79. In Ep. ad Hebr., Hom, 17 (€.G. 63, 181) 406 JoserH LiicuxER wrtout, il signifie 1a chose offerte en sacrifice, Ia vie- time™, “Das lors, puisque Ia vietime de notre Bucharistie est Ia méme qui fut immolée au Calvaire, on doit qu’il n'y a qwun seul sacrifice, et que le nétre est un mé morial de la Passion : «Ce n'est pas un autre sacrifice. mais c'est Je méme que nous faisons toujours ; on plutot nous faisons le mémorial d'un sacrifice >". C'est aussi ce que dira Théodoret : <1 est clair, pour ceux qui sont instruits dans les choses divines, que ce n'est pas un autre sacrifice que nous offrons, mais que nous accom. plissons le mémorial de cet unique sacrifice sauveur. Te Seigneur Iuiméme nous I'a commandé: Faites ceci en mémoire de moi ; afin que, par Ia contemplation, nous nous souvenions que cest Ie signe des souffrances endu- rées pour nous, et que nous soyons enflammés de amour de notre bienfaiteur, et que nous vivions dans Vattente des biens future» ®. Mais le Christ quia été immolé sur la croix n'est plus mort ; ressuscité, il est monté an ciel avec son corps, on, comme dit Chrysostome « avee son sacrifice », comme jadis le grand.préire, au jour de 'Expiation, pénétrait dans Te Saint des Saints portant le sang de la vietime™ ; fn fait Te sacrifice de Jésus contient indisolublement les trois mystéres de In Passion, de la Resurrection, et de YAseension, et ne sachive qu'au ciel. La messe, mémo- rial de la Passion, sera done aussi le mémorial des autres nidres par les rites ; d'abor |, parce que, comme nous Pa- 80. Gest te sens habituel du Nouveen Testament (ef. Zonesx, Lexicon gr, Novi Testamenti, ad verb.). BL. In Hébr, Hom, 17 (PG, 68, 128) 82. In Hébr, 8, 55 (PG. 82, 796 be) ; ef. Théodore de Mopsueste, Hom, Catéch, X¥, 20. 83. In Hebr., hom. 17 (P.G. 63, 129) BA. GE Chrysostome, In Hobr., hom, 1b (PG. 63, 111); ‘Théodore, Homél. Catéch., VI, 2, 6, 8 (voir Rech. S. Rel. 1949, p. 4888), La THAoLOGIE DE VaNarHonE 400 yons dit, dé les débuts de Panaphore et constamment, hous sommes invités a Iever vers le ciel les yeux de notre Ame® ; ensuite parce que le pain et le calice nous sont préseniés comme des aliments de vie immortelle® ; mais Fortout nos auteurs en voient un signe dans invocation au SaintEsprit, Pépiclése, qui suit la pridre christolo- gique. 6. La vie immortelle par l'Esprit En effet, solon un schéma trinitaire qui se retrouve dans presque toutes les anaphores, Théodore et Chry- sostome mentionnent, apres le récit de la Céne et 'anam- nése, une prigre au Saint-Esprit, Or, la manidre dont ‘Théodore introduit son explication de i'Bpiclése est tout a fait remarquable. Le rituel qu'il commente contient les mots suivants: «Mais il faut dds lors que d’entre les, morts ressuseite Notre-Seigneur le Christ par la vertu de ces actions, et quill répande sa grace sur nons tous » Or, raisonne Théodore, ce renouvellement sacramentel (par Ja vertu de ces actions) de la résnrrection ne peut se faire que par ly grace de l'Esprit-Saint, ear c‘est cette gritce, selon Rom., 1: 4 et Jo., 6: 68, quia opéré Ia re surrection historique. C’est pourquoi le Pontife « présente demande et supplication A Dieu, pour qwait lieu Ix venue de PEsprit-Saint, afin qu’on voie que véritablement cest le Gorps et le Sang de Notre-Seigneur qui est le mémo- rial de Vimmortalité. Car le Corps de Notre-Seigneur le Christ aussi, qui est de notre nature, était dabord mor. tel par nature, mais par le moyen de Ia résurrection il passa A une natare immortelle et immuable. Quand done Je Pontife dit que ce (pain et ce vin) sont Je Corps et lo 85. Ct. Théodore, Homél. catéch. XVI, 3; Chrysostome, De Sacerdotio, IIT, 4 (P.G. 48, 642), ete... 86. Théodore, Hom. Catéch, XVI, 25; ef. plusieurs passages u Commentaire sur 8. Jean, chap. 6'(éd,. Vostt, p, 98 5.) 87, Hom, Cat. XVI, it 408, sosern LécryER Sang du Christ, il révile elairement qu’ils Te sont devenus par Ta venne de I'Bsprit Saint ®* ct que par lui ils sont deyemus immortels, — parce que le Corps de NotreSei gncur aussi, quand il fut oint et recut PBsprit-Saint, s'est ainsi clairement montré De la méme maniére main. tenant encore, quand vient l'HspritSaint, cest comme une sorte d’onction par la grice surrenue que, pensons- nous, recurent Je pain et le vin présentés. Bt dés lors nous les «croyons (étre) le Corps et Ie Sang du Christ, immor. tels, incorruptibles, impassibles et immuables par nature, comme il advint du Corps de NotreSeigneur par le moyen de Ja résurrection » ®, Ainsi, selon ‘Théodore, Vinvocation du Saint-Rsprit, qui est Panteur de la résnrrection du Christ, signifie, du: amt Panaphore, que le pain et Ie vin, transformés qu’ils ont: été dans le Corps et le Sang du Seigneur glorifié,® sonst eux aussi devenus immortels et incoreuptibles : VBs pritSaint survenant sur les oblats y a opéré une trans: formation analogue A celle qu'il opéra une premiére fois sure le Corps du Christ : onetion @immortalité, transfor- maation merveilleuse en cette ¢nourriture immortelle et spiirituelle qu’est le Corps et le Sang de NotreSeigneur » %, 88, Ct. Théodore, Comment. sur . Joan 6, 63 (dans Vosté, paige 109, G11; texte grec dans Devreesse, Essai sur Théod. de ML, p, 831, 810) 89, Hom. entéch, XVI, 12. 90, Tl semble done bien, comme to pensait M. Seas, qu'il Stagisse d'une épiclise postconsécraloire, manifestant. la ‘cons eration déji accomplic (De forma Eucharistiae, de Epiclesibus euicharisticis, Rome, 1943, pp. 42-49) 91, Hom. XVI, 10, — Théodore verra d'autres signes do la resurrection dans les nites do la fraction et de la communion. Loa fraction signifie les mulliples apparitions du ressuscité : lo Prontife w rompt le pain commie lui aussi le premier so partagea fem ses manifestations » (Hom. XVI, 17-18). & a. communion «c'est comme d'une sorte de tombeau que du saint autel il res- Suscite d’entre Tes morts...; il s'approche de mous par son ap- oarition ; et par Ia. communion avec. Ini c'est Ia resurrection qu'il nous annonce A tous » (llom, XVE, 26) ta Tuborocis DE VANAPHONE 409 L/Epieldse ne se limite pas a cet aspect ; «le Pon. tife demande aussi que sur tous ceux qui sont ‘rassemblés Vienne la grace de P’Esprit-Saint, afin que, comme par Ja nouvelle naissance ils ont é& parfaits en un seul corps, ils soient maintenant aussi affermis comme en un seu! corps par la communion au Corps de NotreSeigneur Fesus-Christ >. C'est, en effet, pour nous communiquer a vie méme du Christ reesuseité que PEsprit transforme ie pain et le vin, et dés maintenant sa grace nous donne ‘une participation, les arthes de Ia vie éternelle : « Par eux (le pain et le calice), d'une maniére que nul ne peut dire, il nous améne a participer aux biens a venir. Alors purement, par la grace de I'ExpritSaint, sans sacrements ni signes, nous serons nourris et deviendrons parfaite ment immortels, incorruptibles et immuables par na- tare » %3, On retrouve les mémes aspects de Iépiclése dans les ouyrages de Chrysostome : «Le prétre appelle le Saint Exprit pour qu'il vienne ct touche les oblats.. L'Esprit donne Ia grace, descend, touche les oblats,.. tu vois PA. gnean immolé et rendu parfait »". Cette dernitre ex. Pression, chez Chrysostome signifie Vétat de glorifica tion procuré au Christ par la résurrection et Fascension ; tel est le sens des expressions de l'Epltre aux Hébreux : whadsat, wehewieis (Hebr., 2: 10; 5: 9)" Aussi, a ce ‘moment de la messe, ainsi qu'on I'a déja dit, les ehrétions doiventils se transporter au ciel par les yeux de la foi ; et Ia grice de lEsprit. en descendant sur le sacrifice, opérera aussi en eux Ia merveilleuse transformation > «Celui qui sidge Ta-haut avee Te Pere, en ce moment est dans les mains de tous, et se donne 2 ceux qui veulent Je contempler et Je recevoir. Et tous le font par les yeux de la foi.. Le prétre se tient debout, portant non pas du 92, Hom. XVI, 18; ef Hom. XVI, 2. 93, Mom. XVI, 25. 94. De ewmeterio ef de eruce, 3 (PG. 49, 307-308). 95. In Ep. ad Hebr., Hom. 5 (PG. 68, 40): hom, 5 P.G, 63, 48) 410 Josnen uécurer feu, mais 'Esprit-Saint ; et il prie longuement, non pas pour qu'une flamme deseende du ciel et consume les oblats, mais pour que la grace descende sur le sacrifice et par lui enflamme les ames de tous, les rendant plus brillantes que de Vargent purifié par le feu» ™, Tel est done le sens de Vépiclése : signe de Vaction invisible de Esprit, elle est aussi le signe de la présence an ciel et sur Pautel du Christ ressuseité, et le gage de notre participation A sa griice. Ce don de "Esprit, fruit de la résurrection®, 1a pritre de 1a Messe le demande pour les vivants, et aussi pour que les défunts le recoivent en plénitude ; aprés !Epiclése, une priére publique pour les vivants et pour les morts, exprime cette supplication de T'Eglise* ; selon Chrysostome, la pri’re pour les morts au cours du sacrifice remonte A une lol apostoli que, et Yon doit croire quelle leur est utile”, Conclusion Ici Sachéve Fanaphore, telle qu'elle nous est: déer par les Péres d’Antioche. Tl est inutile de souligner 1a ichesse de leur enseiznement, tel que ce trop court ré sumé a pu en donner une idée. Beaucoup des aspects i diqués et sont A nouvean considérés dans les textes con eemnant les rites de la communion, mais cect nous en- 96. De Sacerdotio, Hl, 4 (D-G. 48, 642). Sur la desconte de VEsprit, voir aussi: De sazerdatio VI, $ (ol, 681) De S. Pen- fecoste,’ hom. 1, 4 (P.G. 50, 458459) ; In I Cor. h. 24, 5 (P.G. 61, 204). 97, CL J. Léceven, Le sacerdoce dans le mystére du Christ, Paris, 1967, p. 191 ss. 98. ‘Théodore, hom. XVI, 15 ; Chrysostome, De socerdotio, 8 4 (PG. 48, 680) ; Ins. Bustathium, $ (P.G. 50, 602); In Malt. Tom. 25, 8 (P.G. 87, 31), 99, In Philip. hom. 3, § (P.G. 02, 204) ; In I Cor. Hom. 4, £06. 8, 301), 1a THBOWWGIE DE WaNaPHORE an erait hors de notre sujet. Je voudrais seulement at- ENE Vartetion sur la méthode méme de nos auteurs: Us partent des rites de P'Pglise, des rites dont ils sont tes Yemoins et les acteurs, et c'est & partir de 1 quills cherchent A jeter quelque Iumivre sur Ie mystire. De méme, et cela vaut surtout pour Chrysostome, & chacun Ges aspects de la messe que nous avons considérés cor- respond une attitude intérieure de foi et de charité que Tes fidales sont invités a prendre ; il a été impossible dans un si bref exposé de nous Gtendre sur cet aspect si important ; mais il importe en terminant de le dire: tout sacrement, ct tout spécialement la Messe, est aussi un enseignement, une invitation, Ia proclamation d'une loi qui se résume dans la charité ; au don que Dieu fait aux hommes, ceuxci ne peuvent répondre que par le don de eur amour envers Diew et envers leurs fréres Chrysostome insiste spéciatement sur la nécessité de manifesier cette charité par la bienfaisance envers les pauvres : il ne servirait de rien qoffrir au prétre un ca lice dor et de pierreries, et de mépriser le Christ dans Tes pauyres ; c'est en ceuxci qu'il vent tre honoré, non par des vases en or. A quoi servirait de couvrir la table du Christ des ornements et des vases les plus précienx, tandis que le Christ luiméme meurt de faim dans ses membres déshérités ?', Comme les apotres apres la Cone, les chrétiens doivent se rendre au mont des Oli- viers, c'esta-dire aux pauvres, qui sont les oliviers plan ‘tés dans 1a maison de Dieu dont parle le psalmiste 1, Diailleurs, ce nest pas seulement aprés la messe que 100. Cf, Théodore, Hom, XV, 40-b1 ; XVI, 4; XVI, 29:25; XVI, $1; In Malach. 3, 5-4 (PG, G6, 621 4-624 a) ; In Aggarum, 2, 1115 (PG, 66, 489'o). Crest un’ enseignement constant cher Gheysostome : ef. In Gen. 27, 8 (P.G, 58, 25) ; In Malt. h. 7, 6 (PG. 87, 79-80) jh $2, 7 (B.G. 87, 386) 5 50, $°(0.G. 87, 807-508), te. OL. In Matt., Hom. 50, 3 (P.G. 87, 507, 508). 102, In Matt., Hom. 82, 5 (P.G. 88, 148, 744) a2 JosEPH LACUTER les chrétiens doivent vivre dans Ia eharlté, L’assistance A Yanaphore elleméme tequiert une pureté intérieure que le péché détruit ; et Chrysostome alfirme que les pé cheurs qui ne peuvent pas communier ne devraient pas non plus participer a Tanaphore, mais devraient sortir en méme temps que les catéchuménes ; comme les 16 breux au pied du Sinal (Frode, 19: 16) n'avaient pas le Aroit de sapprocher de la montagne de Vancienne al- Tiance, uinsi Jes pécheurs ue devraient pas s'approcher da sacrifice de Valliance nouvelle“, En effet, par le prétre hiérarchique, c'est le corps tout entier qui offre Poblation ; tous doivent etre cons: cients de cette dignité, et mettre leur vie en accord avec Je mystdre qu’ils accomplissent ®, Joseph LECUYER, C. 8. Sp. 103. In Bphes., Hom, 3, 45 (P.G. 62, 28.90) 104, ‘Théodore, Cat, XV, 40-41 L/ORIENT SYRIEN Revue d’Ftudes et de Rechercher sur les Egliset de langue syrisque Direction - Administration : 17, rue Saint-Lazare, Vernon, (Eure) (France) "Téléphone : 320 COP, : Paris 14.443.91 CONDITIONS D'ABONNEMENT. Un an: France: 16 N. F. Etvanger : 20 .N. F. U.S. A. et Canada: § 4 DEPOSITAIRE A PARIS: Librairie Orientale Samuélian, 61, Rue Monsieur-le- Prinee, VI‘. AVIS IMPORTANT Nous prions inatamment nox abonnés de vouloir blen mentionner sur le talon de leur bulletin de versement le numéro de référence qul gore sur Cembali leur sont adressés. Em ce nt, ils mous Imprimerie LUSEAUD Freres, 9, rue des Lopes, Fontenay-leComee (Vendde} Deportegat: Ne stedle | Teimestce ale ears G. Rheurl-Sark

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