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1
2.
NOUVELLE 357608
BIBLIOTHEQUE
DES
AUTEURS
ECCLESIASTIQUES,
CO N T E N A N T
L'HISTOIRE DE LEUR VIE ,
LE CATALOGUE , LA CRITIQUE ,
ET LA CHRONOLOGIE
DE LEURS OUVRAGES .
LE SOMMAIRE DE CE QU'ILSCONTIENNENT:
UN JUGEMENT SUR LEUR STYLE ,
ET SUR LEUR DOCTRINE;
ET LE DE'NOMBREMENT DES DIFFERENTES EDITIONS
DE LEURS OE U VRES .
OT
D
BI BLIO
+ PUB G
+ LYON
COLLEN
LUGDU A PARIS , 1892
Chez NA PRALARD , ruë Saint Jacques ,
à l'occaſion .
M. DC. XC.
AVEC APPROBATION , ET PRIVILEGE DE SA MAJESTE'.
AVERTISSEMENT.
a ii زن
DES CONCILES TENUS Depuis l’AN 439,
juſqu'à la fin du V. fiecle.
ISTOIRE du pre- LeConcile deVaiſon.888
H mier Concile – E- Second Concile d'Arles .
uheſe des autres Af- 891
Semblées d'Evêques, Le Concile d'Angers.
touchant l'affaire de 895
Neſtorius , qui ont pre- III. Concile d'Arles,896
cedé ou ſuivi ce Conci- Concile de Conſtantino
le. 685 ple de l'an 459 897
Hiſtoire du Concile de LettredeLoup de Troyes
Chalcedoine de des an- & d'Euphrone d'Au
tres Conciles qui l'ont tun à Thalaſius, E
precedé. 785 vêque d'Angers. 897
Du Concile de Ries tenu Concile de Tours. 898
en 439 . 878 Concile de Vennes. 899
Le premier Concile d'O- Concile de Rome fous le
range . 880 Pape Hilaire. 201
>
L'AN 439
.
APPROB A TION
Vaiſon.888
ile d'Arles.
des Docteurs en Theologie de la
Faculté de Paris.
d'Angers.
· Arles.896 L.'Egliſe a été ſi fertile en grands Hom
mes dans le cinquiémeſiecle , qu'il
onftantino n'a pas été poſſible à l'Auteur de cette
59. 897 Bibliotheque de les renfermer tous dans
de Troyes un même volume. Ceux qui ont lû ce
ne d'Au
qu'il nous a donné dans ſon dernier Tome
Nius, E
ers. 897
ſur les Ecrivains Eccleſiaſtiques qui ont
-s. 898 paru atec éclat avant l'année 430. ont
es, 899 remarqué ſans doute , avec combien d'e
Sous le xacticude & de fidelicé il rapporte & les
201 principes dont ils ſe ſont ſervis pour éta
blir , pour éclaircir & pour défendre les
veritez de la Foi ; & les regles de la diſci
pline, à la faveur deſquelles ils ont tâché
d'épurer les mæurs. Ils y ont trouvé par
tout un ſi grand fonds de connoiſſance,
de penetration , de diſcernement & de
critique , qu'ils n'ont pû s'empêcher de ſe
joindre à nous , pour engager l'Auteur à
nous enrichir au plûroſt d'un nouveau vo
lume. Comme il n'a pas moins de zele
pour le bien du Public , que le Public a
d'empreſſement pour profiter de ſes tra
vaux ; nous voyons avec plaiſir que le
preſent qu'il nous fait, ne laiſſe pas d'être
une dette qu'il paye à l'impatience de
tout le monde , & nous pouvons aſſurer
ceux qui liront ce nouvel Ouvrage , qu'ils
y trouveront de quoi ſe preparer à l'intel
ligence de tant d'Auteurs, dont on leur
épargne la peine de découvrir les ſenti
mens , ou de quoi renouveller les idées
qu'ils s'en font formées à eux - mêmes ,
aprés les avoir lûs , & qu'ils y verront une
Hiſtoire des Conciles d’Epheſe & de Cal
cedoine beaucoup plus preciſe , plus exa
&te , & plus circonſtanciée que toutes
celles qui ont paru juſqu'à préſent. Don
né le 21. Novembre 1689.
BLANPIGNON , Curé de S. Me
deric.
L. HIDEUX , Curé des SS. In
nocens .
PHIL. DU BOIS.
DE RIVIERE .
plaiſir que le
ille pas d'être EXTRAIT DU PRIVILEGE
patience de du Roi.
avons aſſurer
vrage, qu'ils Ar Lettres Patentes données à Chaville leis.
rer à l'inrel. Juin 1685. Par le Roi en ſon Conſeil, ſignées
ont on leur JUNQUIERES , & ſeellées , il eſt permis à An
r les ſenti DRE'PRALARD , Marchand Libraire & Impri
r les idées meur à Paris , d'imprimer ou faire imprimer, ven
dre & debiter par tous les lieux de l'obeïſſance de
x -mêmes, Sa Majeſté , leLivre' intitulé Nouvelle Bibliothe
erront une que des Auteurs Ecclefiaftiques , &c. durant le
Bx de Cal temps de fix années conſecutives , à compter du
plus exa jour que chaqueVolume ſera achevé d'imprimer:
de toutes Avec défenſes à tous Libraires & Imprimeurs , &
c. Don
autres perſonnes de quelque qualité & condition
qu'ils ſoient de l'imprimer , ni d'en vendre des
Editions étrangeres , à peine de trois mille livres
d'amende, comme il eſt plus amplement porté
S. Men par leſdites Lettres de Privilege.
5. In
Regiſtré ſur le Livre de la Communauté des
MarchandsLibraires 6 Imprimeurs de Paris le 2,
Juillet 1685.
Cette ſeconde Partie du Tome II I. a été ache
vée d'imprimer pour la premiere fois le 1. Decem
bre 1689 .
|
L
NOUVELLE
BIBLIOTHEQUE
DES
AUTEURS
ECCLESIASTIQUES
TOME 111 . PARTIE 1 l.
ATTICUS
Evêque de Conſtantinople.
RSACIU S freredeNectaire,quiavoit Articw ,
été mis ſur le Siege de Conſtantinople,
e
n la place de Saint Chryſo , étant
mort dans l'année de ſon ordination ,ſotnomcehoiſit ,
aprés quelques conteſtation , Atticus Moine d'Ar
Tomo IV: s А
2 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Atticus. menie pour remplir ce Siege. Il en pritpoſſeſſiott
l'an 406. & en jouït paiſiblement juſqu'à l'an 427.
qu'il mourut. Socrate qui avoit une eſtime toute
particuliere pour cét Evêque,nous le dépeintcom
me un homme mediocrement ſçavant, mais ex-,
3
trémement fage & prudent , qui avoit beaucoup
de pieté, de douceur & de charité , qui n'avoit
pas ſeulement ſoin des Catholiques , mais qui at
tiroit auſſi les Heretiques par les manieres douces
& agreables. Il ajoûte qu'étant Prêtre il appre
noit par cæur les Sermons ; que depuis qu'il
fut Evêque, il s'étoit accoûtume à parler ſur le
champ ; زmais que ſes diſcours n'eſtoient pas aſſez
beaux pour attirer les applaudiſſemens du peuple ,
ni pourmeriterd'être mispar écrit : tant il eſt vrai
qu'il faut qu'un Diſcours foit étudié pourplaire.
Il ne laiſſoit pas neanmoins de convertir bien
des gens , & il augmenta conſiderablement l'E-.
gliſe. Ses liberalitez y contribuerent beaucoup :
car les peuples ſont bien mieux diſpoſez à écou
ter & à croire leur Paſteur , quand ils voient
qu'il pourvoit à leurs beſoins temporels auſſi
bien qu'aux ſpirituels , & qu'en leur diſtribuant
le pain de vie pour nourrir leurs ames , il leur
donne auſſi liberalement de quoi avoir le pain qui
ſert à la nourriture des corps. C'eſt ce qu'Atti
cus pratiquoit non ſeulement à l'égard des pau
vres de fon Dioceſe , mais même envers les étran
gers. Socrate au livre 7. de fon Hiſtoire cha
pitre 25. rapporte une lettre qu'Atticus écrit à
Calliopius Prêtre de Nicée , par laquelle il lui
mande qu'il lui envoie trois cens écus d’or pour
foulager les neceſſitez des pauvres de la ville
de Nicée Il l'avertit en même temps
. d'affilter
QUE DES AUTHEURS ECCLESŤASTIQUES . 3
rit poſſeſſioni le's pauvres honteux & de ne rien donner Atticus .
u'à l'an 427 à ceux qui font un métier de demander l'au
eftime toute mône. Il ne veut pas que dans cette diſtribution
épeint com 'on ait égard à la Religion , & il lui recommande de
t , mais ex ., "
donner de quoi vivre à tous ceux qui ſont dans la
it beaucoup neceſlité, ſans exclure ceux qui font dedifferente
qui n'avoit Religion.Socrate rapporte encore quelques répon
mais qui at ſes de cét Evêque en faveur des Novatiens. Mais
Ceres douces comme cét Hiſtorien favoriſoit leur parti , ſon té
e il appre. moignage eſt un peu ſuſpect. Quoi qu'il en ſoit ,
epuis qu'il les réponſes qu'il lui attribuë ; font fort moderées.
rler ſur le Quelqu'un lui aiant dit qu'il ne faloit pas ſouffrir
les aſſemblées des Novatiens dans lesvilles ; Ne
-t
dupeuple,ai ſçavez- vous pas ; répondit -il, combien ils ont
il eſt vr ſouffert pour la Foi ſous les Empereurs Conſtance
our plaire. & Valens ? ils ſont des témoins irreprochables
ertir bien de la verité de nôtre doctrine , car ayant été ſe
ment l'E parez depuis tres long-temps de l'Egliſe, ils fe
trouvent avoir la même Foi que nous . Il louë
eaucoup :
à écou Aſclepiade ancien Evêque des Novatiens d'avoir
S voient ſolltenu cette charge pendant cinquante ans ; &
els auſſi il dit à cét Evêque: Je louë Novat, mais je ne
Zribuant ſçaurois approuver les Novatiens. Aſclepiade
il leur lui ayant demandé l'explication de ce para
doxe : Noyat , lui dit - il , ne refuſoit la Commu- *
pain qu
tii nion qu'à ceux qui étoient tombez dans l'Idola
qu’At terie pendant la perſecution. J'eufle fait la même
es pau choſe que lui ; mais je ne ſçaurois approuver les se
5 étran
e cth.2
Novatiens qui excluént les Laïques de la Com- "
ecri à munion pour des pechez legers. Aſclepiade lui de
il lui répondit, qu'outre l'adultere il y avoit d'autres
pechez mortels , pour leſquels l'Egliſe dépoſoit les
pour e Clercs pour toûjours ; & que les Novatiens ex
vill
communioient aufi pour toûjours les Laïques qui
Lifter A ij
1
4 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Atticus. avoient commis ces pechez , laiſlant à Dieu feul
le pouvoir de les remettre. Socrate ajoûte
qu'Atticus prédit fa mort à Calliopius , & qu'en
effer il mourut comme il l'avoit prédit l'an 427.
au commencement d'Octobre. Durre la Lettre
dont nous venons de parler , Theodoret cite dans
fon ſecond Dialogue un fragment d'une Lettre à
Eupſychius touchant l’Incarnation. Il a écrit une
Lettre à Saint Cyrille d'Alexandrie , pour le per
fuader de remettre dans les Dyptiques le nom de
Saint Chryſoſtome, comme nous l'apprenons par
la réponſe que lui fait Saint Cyrille , rapportée
dans le quatrieme livre de Facundus , qui nous
fait connoître qu'Atticus étoit auſſi moderé que
S. Cyrille étoit échauffé ſur ce ſujet. Nous avons
la Lettre d'Atticus & la réponſe de Saint Cyrille
parmi les Lettres de ce dernier. Les fragmens
des OEuvres d'Atticus nous font connoiſtre que
Socrate a jugé fort ſainement de ſon caractere , de
ſon ſtyle & de ſon genie. Gennade , dit qu'il avoit
fait un excellent livre touchant la Foi & la Vir
ginité , adreſſé aux Princeſſes filles d'Arcadius, i
LEPORIUS.
met ce Moine au rang des Auteurs Ec
Léporius. OcchN afiq pour
ues,àa cauſedel'Ecrit qu'il fitpour
retracter les erreurs de Pelage & de Neſto
rius, dont nous avons parlé dans les OEuvres de
S. Auguſtin. On peut voir auſſi ce qu'en diſent S.
Leon parmi les témoignages des Peres touchant
la verité des deux natures en Jesus-CHRIST,
Facundus Evêque d'Hermiane livre 1. chapitre
4. Gennade chapitre 59. Caffien dans le livre
de l'Incarnation chapitre 4. & Vigilç de Tapſo
livre 2. de la Trinité.
IQUE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 7
feré dans les
It obſcur, &
" Abregé dans
e livre de la
SAINT ISIDORE
DE DAMIETTE.
S.
*
QUÉ DES AUTEURS ECCLÈSÍAŠTIQUES.
commanda la corps a été dans le fepulcre. Il faut donc s'en s. Ifidore
Cre étoit vier tenir à la ſeconde. Le premier jour eſt le Ven- de Dan
Jean Baptiſte dredi , le ſecond le Samedi , & le troiſiéme le miette.
pas, comme Dimanche , au matin duquel J E s US -CHRIST
s ou des ani reſſuſcita. Ces trois jours ne ſont pas en
les extrémi. tiers : mais communément le commencement ou
Le Sabbat la fin des jours ſont pris pour des jours en
ſecond pre tiers , quand on en compte pluſieurs. Par exem
difficile à ple , ſi l'on dir le Vendrediau ſoir à un priſon
explication nier : Dans trois jours vous fortirez de priſon;
er jour des cela s'entend qu'il ſortira le Dimanche: Que ce
- le ſecond foit au matin ou au ſoir , il eſt toûjours vrai de
ere , où le dire en un ſens qu'il a encore été trois jours en
Les trois priſon. Pour les trois nuits , il ſeroit plus difficile
CHRIST de les trouver , l'on n'en peut compter que deux,
es à troua celle du Vendredi au Samedi , celle du Samedi au
ns pour Dimanche ; il n'y a ni commencement ni fin d'une
ES US
troiſiéme nuit ; mais auſſi n'eſt - il pas neceflaire ,
emidi, parce que quand Jesus-CHRIST a dit qu'il ſe
te heu roit trois jours & trois nuits dans le ventre de la
de teo terre , comme Jonas avoir été trois jours & trois
nuits dans le ventre d'une baleine , cela ne doit
paffer pas s'entendre à la lettre : c'eſt une maniere de
paflées
le jour parler uſitéeparmilesJuifs, deneſeparer point
la nuit du jour. Il ſuffit , afin que la verité de la
le fe .
odredi
prophetie ſubliſte , que JESUS-CHRIST ait été
di, la aufli long-temps dans le ſepulcre , que Jonas a
été dans le ventre de la baleine , l . 4. 114. 1. 2.
nche,
212. Voici encore un endroit qui a donné la tor
elle ,
nuit
ture à tous les Interpretes ; c'eſt celui où Saint
Parce
Paul parle du Baptême pour les morts. Saint
Ifidore refout cette difficulté d'une maniere fort
de
intelligible & fort raiſonnable. Eſtre baptizé
oix; pour les morts , dit-il , c'eſt être baptizé dans l'e- «
fon
16 Nouvelle BIBLIOTHIQUE
8. Ili- » fperance d'être changez en un étatincorruptible ;
dore de » l. 1. 221. On eſt en peinede ſçavoir ce que Saint
Damiet- Paul a entendu , & ce que l'on entend dans le
Symbole par les vivans &les morts qui doivent
être jugez au jugement dernier. Saint Iſidore
nous dit , que c'eſt ou le corps & l'ame , ou bien
les juſtes & les pecheurs , ou plûtôt ceux qui ſe
ront encore en vie ,& ceux qui ſeront morts aù
paravant, 1. j . 221. Pluſieurs Auteurs ont confon
du Philippe l'un des ſept premiers Diacres , qui
baptizoit l'Eunuque de la Reine de Candace ,
avec Saint Philippe Apôtre. Saint Iſidore ne
tombe point dans cette faute ; & diſtingue ces
deux Philippes, l. 1. 447. Les curieux de l’Anti
quité Grecquefont en peine de ſçavoir l'origine
de l'autel dreflé à Athènes en l'honneur du Dieu
inconnu , dont il eſt fait mention dans les Actes.
Saint Iſidore leur fournit deux conjectures capa
ósbles de ſatisfaire leur curioſité. Les uns , dit-il ,
diſent que les Atheniens ayant encore demandé
» du ſecours aux Lacedemoniens, leur courier fur
w arreſté auprés de la montagne de Parthenie , par
» un ſpectre , qui lui dit de retourner , & de dire
» aux Athéniens qu'ils prifſent courage , qu'ils n'a
» voient point beſoin du ſecours des Lacedemo
niens , qu'il les ſecourroit ; que les Athéniens
», ayant enſuite remporté la victoire , dreflèrent un
» autel à cette Divinité inconnuë , qui leur avoit
„ donné cét avis , & les avoit fecourus. D'autres di
fent, que la ville d'Athénės étant affligée d'une
os cruelle peſte , les Atheniens aprés avoir invoqué
inutilement tous leurs Dieux , s'aviſerent de dref
fer un autel à un Dieu inconnu, & que la peſte 1
JEAN
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 33
JEAN CASSIEN
Ean Caſſien né en Scythie a , s'étant conſacré Fean Caf
JI à Dieu dés les premieres années de ſa vie b , ſe fien.
retira dans le Monaftere de Bethleem . Voulant
enſuite ſe perfectionner dans la vie Religieuſe,ilen
ſortit avec un autre Moine appellé Germain , avec
lequel il avoit contracté une union tres-étroite
pour aller dans l'Egypte & dansla Thebaïde , voir
les Solitaires & les Moines de ce pays , & profiter
à Né en Scythie ] Genna- 1 à Carthage ; mais cela eſt
de dit clairement qu'il étoit fans fondement. Ce qu'on
de Scythie. Monſieur Hol- dit qu'il a écrit trop pure
ſtenius & le Pere Noris tâ- ment en Latin pour un Grec,
chent de montrer qu'il étoit n'eſt pas conſiderable. Il eit
Gaulois , & ils pretendent tres poſſible qu'un Grec vi
le prouver par le chap. 1. de vant parmi les Latins ait é
la Conference 24. mais cét crit en Larin comme il a fait.
endroit ne prouve point ce Outre qu'il a vécu dans un
qu'ils pretendent , & ne dé- temps ou preſque tous les ha
truit point le témoignage de biles gens ſçavoientles deux
Gennade qui eſt de grand langues .
poids. Photius dit qu'il étoit b il ſe retira dans le Mo
Romain ; mais il a voulu par- i nastere de Bethleem dés les
ler du lieu de la demeure ,& premieres années de ſa vie. ]
de la langue dans laquelle il Il le dit lui-même dans la
avoit écrit. Honorius l'ap- Preface de ſes Inſtitutions
pelle Afriquain ; c'eſt peut- adreſſée à Caſtor , où parlant
être qu'il a crûque la Scy- de ſes premiers exercices
thie étoit en Afrique. Quel dans ce Monaſtere , il dit , :
ques -uns diſent qu'il étoit à pueritia noſtra conſtituti.
originaire de Scychie , & né
Tone IV. C
34 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Jean Caf- de leur exemple & de leurs inſtructions.Aprés avoir
fien. pafie ſeptans e dans ce pays, & eu des conferences
avec lesplusſpirituels & les plus celebres Abbez de
ces quartiers , ils revinrent dans leur Monaftere ,
comme ils s'y étoient engagez ; & ayant rendu à
leurs anciens Freres ce qu'ils leur devoient , ils
s'en retournerent dans le deſert de Scythie. Il y
a de l'apparence que les querelles des Moines d'E
gypte avec l'Evêque d'Alexandrie obligerent ceux
ci, auſſi -bien que pluſieurs autres , de ſe retirer à
Conſtantinople. Quoi qu'il en ſoit , il eſt certain
qu'ils étoient à Conſtantinople, quand Saint Chry
foftome fur challé , & qu'ils furentenvoyez à Ro
me pour y porter les Lettres du Clergé de cet
te ville , contenant les plaintes de la violen
ce que l'on avoit exercée contre leurEvêque. C'eſt
ce que nous liſons dans la Vie de Saint Chryſo
ftome écrite par Pailade. Germain Prêtre, dit
il, & Caſjien Diacre,perſonnages d'une grande pie
té , qui étoient pour Saint Chryſoſtome, arriverene
aprés Pallade, ou apporterentdes Lettres de tout
le Clergé de Conſtantinople, quiportoientque leur
Egliſe avoit fouffert une oppreſſion & une tyran,
c Aprés avoir paſſé rept les principaux entretiens qu'
ans ] Dans la Conference i. ils eurent pendant le voyage
chap. 1. il declare que ce qui avec les plus ſpirituels Reli
lui fit entreprendre ce voya- gieux , & les endroits où ils
ge, ce fut l'envie de viſiter allerent , dansla Conference
les Solitaires, & de profiter 17.ch. 31. Il dit qu'au bout
de leurinſtruction. Germain de ſept ans ils s'acquitterent
avec qui il l'entreprit , éroit de la promeſſe qu'ils avoient
plus ancien que lui dans le faite de revenir à leur Moa
Monaſtere ; ils avoient coû- naſtere , & retournerent en
jours été cres -unis. Il ra- ſuite dans le deſert de Scy
conte dans ſes Conferences thie.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
mie inſupportable, leur Evêqueayant été chaſſé fean Cafe
par force , & c. Saint Innocent faiſant réponſe à fien .
Cetté Lettre , ditauſſi qu'elle avoit été appor
tée par Germain Prêtre & par Caffien. On ne
peut pas dire que ce Callion ſoit different de ce
lui dont nous parlons , puiſque non ſeulement il
porte le même nom , & a un collegue de même
nom , mais encore parce que nous apprenons de
Callien même , qu'il avoit été diſciple de Saint
Chryſoſtome. Gennade remarque auili qu'il avoit
été ordonné Diacre par ce faint Evêque. Il fur
enſuite promû à l'ordre de Prêtriſe ; il y a de
l'apparence que ce fut en Occident , & qu'il ne
retourna plus en Orient. Quoi qu'il en ſoit , il eſt
certain qu'il paſſa les dernieres années de la vie à
Marſeille , où il fonda deux Monaſteres , l'un
d'hommes, l'autre de filles. C'eſt là où il a compoſé
tous les Ouvrages qu'il nous a laiſlez. Il eſt more
fous l'Empire de Theodoſe & de Valentinien
vers l'an 440. Le premier de ſes Ouvrages eſt
celui de l'inſtitution des Moines , diviſé en douze
livres. Les quatre premiers qui traitent de l'habit
& de la maniere de vivre des Moines d'Egypte ,
ſont conſiderez par Gennade & par Photius com
me un Traité ſeparé : les huit derniers ſont au
tant d'inſtructions contre les huit pechez capi
taux ; il paroît neanmoins par la Preface & par
la ſuite , que Callien n'avoit fait qu'un corps
d'Ouvrage de ces deux parties. Ce Traité eſt a
dreſle à Čaſtor Evêque d'Apt , qui ſouhaitant d'é
tablir des Monaſteres dans la Province à l'inſtar
de ceux d’Egypte , pria Caffien qui avoit con
verſé long -temps avec ces Solitaires , de faire un
plan de leur maniere de vivre , pour ſervir de mor,
ç ij
1
36 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Fean Caf- dele aux Religieux d'Occident. Dans le premier
ſien. livre , il parle des habits des Moines d'Egypte ;
voici à peu prés la deſcription qu'il en fait. Leur
habit écoit ſimplement pour couvrir leur corps ,
& pour les préſerver des injures du temps. Il
n'avoit rien d'extraordinaire , ſoit dans la couleur,
ſoit dans la façon , de peur que la ſingularité ne
leur donnâr occaſion d'avoir quelque orgueil. Une
ceinture leur ceignoit les reins , ils portoient une
coulle ſur la tête. Leurs tuniques de lin avoient
de courſes manches , qui ne venoient que juſqu'au
coude , le reſte des bras étoit nû . Ils avoient par
deſlus leur habit une eſpece de ſcapulaire & un
petit manteau court , qui ne deſcendoit que juf
ques ſur les épaules : il leur étoit défendu d'en
avoir de plus longs. Ils avoient encore une eſpe
ce de ſurtout de cuir , dont ils ſe fervoient dans le
mauvais temps. Ils portoient un bâton , ils ne
mettoientjamais de ſouliers , ils avoient de fim
ples chauſſes pour ſe garantir du froid ou du chaud;
& encore ſe déchauſſoient-ils, quand ils alloient
celebrer ou recevoir les ſaints Myſteres.
Dans le ſecond livre, Caffien pour obvier aux
grandes diverſitez qui ſe trouvoient dans les Mona
ſteres touchant le nombre de Pſeaumes qu’on chan
toit à l'Office divin ,rapporte les uſages des Moines
d'Egypte & de la Thebaïde. D'abord ilremarque
que ces Moines , en entrant dans le Monaſtere ,
renoncent à toutes choſes, qu'ils travaillent des
mains , & qu'ils vivent dans l'obéiſſance. Il parle
enſuițe de l'Office divin des Moines d'Egypte &
de la Thebaïde : ils recitoient à l'Office de Vê- ,
pres, & à celui de la nuit douze Pſeaumes. On y
liſoit deux Leçons le Samedi & le Dimanche
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 37
& pendant tout le Carême, elles étoient toutes Jean Car
deux tirées du nouveau Teſtament ; les autres jours fien.
il y en avoir une de l'ancien , & l'autre du nouveau.
A la fin de chaque Pſeaumeon s'arrêtoit , & tous
les Moines en te levant faiſoient une priere ſe
crette : ils ſe proſternoientenſuite en terre , & a
prés s'être relevez , ils faiſoient encore une cour
te priere fanschanter le Gloria Patri , comme il
ſe pratiquoit en Occident. Les Pſeaumes n'é
toient pas chantez par les Moines en chæur ,
mais un d'entre eux les chantoit , & les autres
l'écouroient affis en ſilence. De temps en temps
il faiſoit des pauſes , afin qu'ils puſſent élever
leurs cæurs à Dieu, L'Office divin étant fini ,
ils s'en retournoient dans leur cellule modeſte
ment & ſans ſe parler , pour y travailler. Ceux
qui commettoient quelque faute , étoient exclus
de l'Office , & il n'étoit permis à pas un autre
de prier avec eux. Ils ne ſe mettoient point à
genoux, & ne jeûnoient point depuisles Vêpres du
Samedi juſqu'aux Vêpres du Dimanche , ni depuis
Pâque juſqu'à la Pentecôte , ſuivant l'ancienne
coûtume de l'Egliſe.
Dans le troiſiéme livre il eſt parlé de l'Offi
ce de Tierce , de Sexte & de None , à chacun
deſquels on recitoit trois Pſeaumes. L'Office de
Prime que Caſſien appelle celui de Marines , n'é
toit pas en uſage dans l’Egypte ; mais il remarque
qu'il étoit nouvellementétabli non ſeulement
en Occident , mais auſſi dans ſon Monaftere de
Bethleem . Ceux qui venoient à l'Egliſe, qu'il ap
pelle Oratoire , aprés le premier Pſeaume achevé,
n'entroient plus , mais ſe tenoient à la porte juſ.
qu'au ſortir, & fe profternoient alors par terre
ciij
38 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Fean Caf- pour demander pardon de leur pareſſe. A l'Office
ſien. de nuit,on permettoit d'entrer juſqu'à la fin du ſex
cond Pleaume. Outre ces Offices, il y avoit encore
des Vigiles la nuit du Vendredi au Samedi, dans
leſquelles on recitoit trois Anciennes & trois Pleau
mes. On ne jeûnoit point le Samedi en Orient
commeon faiſoit à Rome. Caſſien croit que co
jeûne s'eſt établi à Rome , parce que Saint Pierre
jeûna pour ſe preparer à combattre Simon le M2
gicien : mais il ajoûte qu'on n'a pas dû établir
une coûtume ſur cér exemple. Le Dimanche on ne
1
celebroit qu'une ſeule Meſle, à laquelle on joignoit
Tierce & Sexte. On recitoit des Pfeaumes avant
& aprés le dîner. Au fouper, on ſe contentoit
de faire une courte priere , parce que ce repas é
toit extraordinaire parmi les Moines.
Le quatriéme livre eſt des conditions requifes
dans celui que l'on reçoit dans un Monaſtere. Il
faut que celui qui ſe preſente , ſe tienne à la porte ,
qu'il conjure pluſieurs fois les Moines de le re
cevoir , qu'il donne des marques de fa patience ,
de ſon humilité , & de fon renoncement entier
aux biens , qu'il ſoit éprouvé par des refus , & mê
me par des affronts. On ne veut pas qu'il don
ne ſon bien au Monaftere où il entre , de peur
que dans la fuite cela ne lui donne lieu de s'é
lever au deſlus des autres. On lui fait quitter ſes
habits , & l'Abbé lui en donne d'autres , pour
lui marquer qu'il doit être entierement dépouillé :
on ne le fait pas entrer auſſi -tôt aprés dans la
Communauté. On le met avec un Ancien dans
un appartement qui eſt prés la porte ; où l'on re
çoit les hôtes ; & quand il a feryi pendant long
temps , on le met ſous la conduite d'un autre Ana
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUE S. 39
cien , qui a ſoin des Novices. Là on lui apprend Jean Car
à mortifier ſes paſſions , & à renoncer à les vo- fien.
lontez.. On l'oblige de découvrir toutes ſes pen
ſées à l'Ancien , on l'exerce par les pratiques hu
miliantes de l'obéiſſance. On ne lui donne pour
tous mets qu’un peu d'herbes cuites avec un peu
de fel ; mais Callien remarque que cette auſte
rité dans le manger ne peut pas le pratiquer en
Occident. Ces faints Moines ſont tellement ſu
jets au fon de la cloche , qu'ils ſont obligez de
quitter un ouvrage commencé , pour aller où elle
les appelle , quand même ce ſeroit une lettre..
Ils ne peuvent rien avoir en propre ; on les mec
en penitence pour les moindres fautes . On lit
dans le Refectoir pendant le repas, il leur eſtdé
fendu de manger hors du Refectoir , ils ſe fervent
mutuellement à table ; enfin ils ont une obéiſſance
aveugle pour leur Superieur,qui les oblige d'entre
prendre des choſes qui paroiffent impoſlībles. Caf
fien en rapporte quelques exemples qui ſemblent
incroyables,& qu'il ſeroit dangereux d'imiter.
Voilà le ſujet des quatre premiers livres des
Inſtitutions de Caſſien , que Gennade & Photius
ontconſideré comme un Ouvrage ſeparé des huit
derniers. Et en effet , ceux - ci ſont ſur une autre
matiere. Il y enſeigne à combattre les huit prin
cipaux vices , dont les hommes ſont tentez ; la
gourmandiſe , l'impureté , l'avarice , la colere , la
triſteſſe, l'ennui , la vaine gloire , & l'orgueil. Il
donne dans chaque livre la definition de ces vices ,
il en fait voir les pernicieux effets , il rapporte
des exemples pour confirmer combien on en doit
avoir horreur , il donne des preceptes fur la ver
tu oppoſée , & enſeigne des remedes propres
C iiij
40 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Jean Caf pour s'en garantir. Il foûtient que ſans la gri
fien. ce l'homme ne peut faire aucun bien , ni reſiſter
à la tentation ; mais il croit que cette grace eſt
donnée à tous ceux qui travaillent.
Mais Caſlien ne s'eſt pas contenté de pro
poſer pour exemple aux Moines d'Occident
la vie des Moines d'Egypte , & de leur don
ner des remedes pour reſiſter aux tentations les
plus ordinaires : il a encore recueilli les inſtru
ations qu'il avoit appriſes de la bouche des plus
illuſtres Abbez de cette Solitude , dans les confe
rences qu'il avoit euës avec eux. Il y en a vingt
quatre intitulées Collations ou Conferences de
Caflien. Les dix premieres ſont dediées à Leonce
Evêque de Frejus , & à Hellade Superieur du
Monaſtere établi par Caſtor , qui étoit decedé.
La premiere & la ſeconde contiennent les diſcours
de Moyſe, Abbé du deſert de Schete , lequel aprés
avoir parlé en general de la fin de lavie mo
naſtique , & des moyens pour parvenir à cette
fin , traite de l'eſprit de diſcretion . Dans la troi
fiéme, l'Abbé Paphnuce explique en quoi confi
fte le renoncement du monde. Germain compa
gnon de Caſſien l'ayant interrogé touchant les
forces du libre arbitre , il parle de la neceſſité
de la grace , même pour le commencement de la
Foi. Dans la quatriéme, l'Abbé Daniel montre
de quel uſage ſont les tentations, & les mouve
mens de la cupidité. Il enſeigne les moyens d'y
relifter , avouant toutefois que ſans la grace tous
les efforts humains & toute l'induſtrie des hom
mes eſt inutile. Dans la cinquiéme , Serapion dé
couvre les huit principaux vices , & enſeigne les
remedes qu'on y peur apporter. Dans la fixiéme,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 41
un Solitaire qui avoit une cellule entre les deſerts Jean Caf
de Scythie & de Nitrie , voulant expliquer la fien. ..
queſtion que Caſſien lui avoit propoſée , Pourquoi
Dieu avoit permis que des Solitaires euſſent été
pris & mis à mort par les Arabes , traite du
bonheur de la mort des Saints . L'Abbé Serenus
explique dans la ſeptiéme Conference les diffe
rentes tentations des Demons , & les artifices
dont ils ſe ſervent pour porter l'ame de l'homme
au peché. Ils ne peuvent pas la violenter , ni la
contraindre , mais ils l'excitent au mal. Ils ne
çavent pas les ſecretes penſées avec certitude 2
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUE S. 43
l'erreur de ces Moines, ils en furent extrémemen: Fean Caf.
troublez ; & tous les Moines du Monaſtere de fien.
Schete , à l'exception de Paphnuce , traiterent
leur Archevêque d'Heretique , & entreprirent de
refuter ſa Lettre. Ces bons Moines s'étoient ac
coûtumez à ſe repreſenter Dieu ſous la figure d'un
homme ; & ils ne pouvoient ſe défaire de cette
penſée , qui étoit ſi fortement gravée dans leur
imagination , qu'un Vieillard appellé Serapion
qui fut deſabuſé de ſon erreur par l'Abbé Pa
ms phnuce., & par un Diacre de Cappadoce appelle
-nt Photin , ayant voulu ſe mettre en priere , ne ſe
repreſentant plus Dieu ſous la figure d'un corps ,
ade ſemit à pleurer & à crier : Que je ſuis malheu
U reux , ils m'ont ôté mon Dieu , de ſorte que je
tres n'en connois plus que je puiſſe adorer & prier !
des Ceci s'étant paſſé aprés la premiere Conference
plu que Caffien & Germain avoient euë avec l'Abbé
mient Iſaac, ils revinrentle trouver pleins de l'imagina
nötre tion de l'Abbé Serapion , & propoſerent com
ginez ment il ſe pouvoir faire ; qu'un ſi faint homme
itres, fût tombé dans une erreur ſi groſſiere. L'Abbé
Iſaac aprés leur avoir répondu , que cette erreur
e faire étoit un reſte du Paganiſme que le Demon entre
a Fere tenoit dans l'eſprit de quelquesperſonnes ſimples,
ublic ajoûte que ceux qui ſont parfaits & éclairez ,
on ce n'ont rien de ſemblable pour objet de leur priere ,
on feu dont l'unique fin eſt l'amour ſpirituel , qui n'a
celle de rien de charnel. Il leur recommande enſuite une
icé dans pratique tres-utile , qui eſt de dire à tous momens ,
& dans toutes les actions de la vie , cette courte
الا-ca
epardes priere du Pſeaume: Mon Dieu , venez à mon aide
ant pris batez-vous , Seigneur , de me venir ſecourir. Il
es contre parle enfin des moyens d'éviter les diſtractions,
& d'arrêter ſes penſées:
44 Nou VELLE BIBLIOTHIQUE
Jean Caf- Les ſept Conferences ſuivantes ſontadreſſées à
ſien. Honorat Abbé de Lerins , qui fur ordonné Evê
que de Marſeille en 426.
Les trois premieres contiennent les diſcours
de l'Abbé Cheremon . Dans la premiere , il traite
de l'état de perfection , & des moyens d'y par
venir. La charité eſt le principal. Dans la ſe
conde , il traite de la chaſteté , & des moyens de
la pofleder. La troiſiéme eſt cette fameuſe Con
ference de la protection du ſecours de Dieu , où
il traite de la grace & du libre arbitre. Voici
les principes que Callien y établit ſous le nom de
l'Abbé Cheremon . Premierement , il ſuppoſe
que la grace eſt le principe non ſeulement des
bonnes actions , mais auſti des bonnes penſées.
Il ajoûte , que cette grace nous eſt toûjours pre
fente , qu'elle prévient quelquefois les commen
cemens de la bonne volonté , mais qu'elle les
fuit quelquefois. Que le libre arbitre eſt affoibli
par le peché du premier homme , mais qu'il n'eſt
pas entierement éteint ; qu'il reſte en nous une
connoiſſance du bien , & des ſemences de vertu,
Que la grace vient au ſecours pour perfectionner
cette connoiſſance , & pour fortifier ces com
mencemens. Que quoique l'homme puiſſe ſe por
ter naturellement au bien , il a beſoin de la gra
ce pour l'accomplir. Que quelquefois cette grace
prévient les defirs , & les commencemens de la vo
lonté, mais que ſouvent elle les fuit. Que ces
deux choſes étant ordinairement mêlées enſem
bles , il eſt difficile de ſçavoir ſi Dieu nous fait
miſericorde , à cauſe que nous avons un commen
cement de bonne volonté , ou ſi la miſericorde
de Dieu précede ce commencement. Que le plus
ſûr eft de dire , que quelquefois la grace eſt le
3
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUIS, 45
principe de la bonne volonté, comme il eſt arri- Fean Cafe
vé dans la converſion de Saint Paul & de Saint fien.
Matthieu ; mais qu'il y a des occaſions où elle
la ſuit , comme il eſt arrivé dans la converſion de
Zachée & du bon Larron. Que l'homme peut de
foi-même avoir le deſir de ſe convertir , & un
1 commencement de penitence & de Foi; qu'il peut
prier, chercher le remede , appeller le medecin
reliſter à la tentation , mais qu'il ne peut être
gueri , qu'ilne peut être juſte, qu'il nepeut être
parfait, qu'il ne peut être entierement victorieux
fans la grace. Que cette grace eſt gratuite , quoi
que Dieu ne la refuſe jamais à ceux quitravaillent
de leur côté. Qu'il ne faut pas croire qu'il ne
vient rien de bon de l'homme ; que le bien que
nous faiſons, dépend & de la grace & du libre ar
bitre. Voilà les principes que Callien établit dans
cette trciziéme Conference ſous le nom de l'Abbé
Cheremon , qui ont donné occaſion à Saint Pro
ſper d'écrire contre lui, pour défendre les prin
cipes de Saint Auguſtin , que Caffen ſembloit
attaquer dans cetteConference.,
La quatorziéme Conference eſt un entretien
de l'Abbé Neftorius touchant la ſcience , & les
connoiſſances ſpirituelles. La quinziéme eſt un
autre diſcours du même , touchant les miracles
des Anacoretes. Aprés en avoir diſcouru quel
que temps, il fait deux reflexions morales : l’une,
que l'humilité eſt preferable à la puiſſance de fai
re des miracles ; l'autre , qu'il eſt plus avanta
geux de chaffer les vices de ſon cæur, que les
Demons du corps des autres.
La ſeiziéme eſt un diſcours de l'Abbé Joſeph
fur l'amitié fondée fur la charité , ſur l'humilité ,
46 · NouvelLE BIBLIOTHEQUE
Jean Caf- ſur la douceur , & ſur la patience Chrétienne,
ſien. Dans la dix-ſeptiéme, le mêmeAbbé voulant
détourner Germain & Caffien de retourner en
leur Monaſtere de Paleſtine , quoi-qu'ils l'eufſenc
promis , s'efforce de montrer par pluſieurs exem
ples tirez de l'Ecriture, qu'il eſt quelquefois per
mis , & même utile de mentir.
Les ſept dernieres Conferences ſont écrites à
quatre Abbezaprés l'ordination & avant la mort
d'Honorat , c'eſt-à -dire , depuis 426. juſqu'à 429.
La premiere , qui eſt la dix -huitiéme, traite
des differentes fortes de Moines , c'eſt l'Abbé
Piammon qu'on fait parler. Il diſtingue de
trois ſortes de Moines : les Cenobires , qui vivent
en cominun ſous un Abbé , imitant la vie des
Apôtres ; les Anacoretes , qui aprés avoir été
inſtruits , & élevez dans les Monafteres , ſe re
tirent dans la ſolitude ; ceux - ci ont pour auteurs
Saint Paul Ermite , & Saint Antoine ; & les
Sarabaïtes , qui feignent de ſe retirer du monde ,
& ſe mettent trois ou quatre enſemble pour vi.
vre à leur phantaiſie, fans obéïr à perſonne. On
conſidere ceux-ci plûtôt comme une corruption
de l'état monaſtique , que comme un Ordre. Il
leur joint une quatrieme forte de Moines com
poſée de ceux qui n'ayant pû ſupporter la vie
monaſtique dans un Convent, ſe retiroient ſeuls
dans des cellules pour vivre plus en liberté. Ce
diſcours finit par des inſtructions ſur l'humilité ,
ſur la patience , & contre l'envie. L'Abbé Jean
qui parle dans la Conference fuivante, aprésavoir
été Anacorete , étoit revenu dans un Monaſte
re ; on lui demande , lequel des deux Ordres il
eſtime le plus. Il préfere la vie cenobitique pour
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUE S. 47
ceux qui ne ſont pas encore entierement parfaits ;fean Caf
& il fait voir qu'il n'y a que ceux qui ſont par- fien.
venus à un degré d'eminente perfection , qui
ſoient capables de la vie eremitique.
La Conference vingtiéme eſt un entretien de
l'Abbé Pinuphius touchant la vraie penitence.
Elle conſiſte ſelon lui à ne plus commettre les
pechez dont on ſe repent , ou que la conſcience
ort reproche ; ainfi nous devons croire , que nous
-9. ayons obtenu la remiſſion de nos pechez ,
Lite quand nous avons renoncé aux paſſions & aux
ODC
deſirs de ce monde. Il eft bon de ſe ſouvenir
de de ſes pechez au commencement de la peni
tence ,
tent mais il les faut enſuite oublier. Il у
des pluſieurs moyens de les effacer , fans parler du
été baptême, & dumartyre. La charité , les pleurs,
la confeffion ; l'aumône la priere, & c. fonc
ere .
teurs
des moyens d'en obtenir la remiſſion. Si on a
Bles honte de les confeſſer aux hommes , il ſuffit de
indes les reconnoître devant Dieu , ce qui ſe doit en
vur vi tendre des pechez ordinaires. Quand les grands
. On pechez nous ont été remis , & que nous ne ſen
uption
tons plus de mouvemens , ni de deſirs de les com
ire. 11 mettre , il faut les oublier entierement; il n'en eſt
s com pas de même des petits , où l'on tombe tous les
la vie jours , & dont il faur tous les jours faire penitence.
at lauls La vingt-uniéme Conference eſt de l'Abbé
té. Ca Theonas; on y décrit ſa converſion , & on rap-
imilité, porte de quelle maniere il quitta la femme mal
Dé Jean gré elle pour ſe retirer dans un Monaſtere : mais
iés avoir Callien à foin d'avertir qu'il ne rapporte pas cét
Monafte exemple comme une choſe qu'on doive imiter.
Ordres il Enfin, on demande pourquoi parmi les Moines
que pour on celle de jeûner depuis Pâque juſqu'à la Pente
48 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Fean Cas- côte. Pour reſoudre cette queſtion , on établit
fien . que lé jeûne eſt de ſoi-même une choſe indiffe
rente , qu'il n'est pas toûjours à propos de prati
quer , & l'on ſoûtient que c'eſt une traditionApo
Kolique dene point jeûner dans ces jours de joic.
Cette queſtion donne lieu à une autre , Pourquoi
le Carême eſt en quelques endroits de fix fe
maines, en d'autres de ſept, puiſque de maniere ou
d'autre, ſi l'on ôre le Samedi & le Dimanche, l'on
ne trouve point quarante jours de jeûne . Theo
nas répond , que les trente-ſix jours du Carême
compris en ſix ſemaines , font la dixiéme partie de
l'année que l'on conſacre à Dieu. Que ceux dont
le Carême eſt de ſept ſemaines , ont trente fix jours
de jeûne , ſans compter les Samedis & les Diman
chés , parce que le jeûne du Samedi Saint, que
l'on continuë ſans interruption juſqu'au Diman
che de Pâque, doit pafler pour deux. Que ceux
dont le Carême n'eſt que de ſix ſemaines, jeûnent
le Samedi. Qu'au reſte ce temps eſt appellé Qua
drageſime , quoi- qu'on ne jeûne que trente-lix
jours , párce que Moyſe, Elie, & Jesus -CHRIST
ont jeûné quarante jours. Que les parfaits ne ſont
point aftraints à cette loi , qui n'a été établie
que pour ceux qui paſſent toute leur vie dans les
plaiſirs & dans les delices , afin qu'étant con
traints par la loi , ils donnaffent du moins ce
temps à Dieu. Mais à l'égard de ceux qui don
nent leur vie toute entiere à Dieu , cette loin'eſt
point pour eux , ils ſont exempts de payer ces de
cimes. Sur ceprincipe , il avance qu'il n'y avoit
point de Carême dans la primitive Egliſe , &
qu'il n'a été établi qu’à cauſe du relâchement
des Fideles. Enfin Theonas conclut , que c'eſt la
charić
DE'S Auteur's ECCLESIASTIQUES. 15
Charité qui rend les preceptes de l'Evangile plus Fean taj
iegers ; & plus faciles à fupporrer , queceux de fien.
Ha Loi. Sur la fin , Germain lui demande pour
quoi ceux qui jeûnent beaucoup , ſe trouvent fou
vent plus inquietez des tentations de la chair.
La reſolurion de cette queſtion eſt remiſe à la
Conference ſuivante , où il traite des pollutions
nocturnes, qui arrivent ou parce qu'on a trop
mangé, ou par negligence , ou enfin par l'artifi
ce du Demon. Ces dernieres ne font point un pe
thé ; & filon fuit l'avis de cét Abbé , elles ne doi:
vent point empêcher de s'approcher des ſaints
Myfteres, quoi- qu'on ne doive les recevoir qu'a
vec frayeur , & s'en croire toûjours indigne.
Qu'il faut être faint à la verité pour s'en appro
cher ; mais qu'il n'eſt pas necefaire d’être fans
peché , parce qu'autrement perfonne ne s'en ap
procheroits puiſqu'il n'y a que Je s'u's-CHRIST
exempt de tout peché . Dans la vingt-troiſiénte
Conference ; زlemême Abbé explique ce paſſage
de Saint Paul : Je fais le mal que ſe hai , čo je ne
faispaslebien que j'aime , & quelques autres ſem
blables. Il foutient qu'ils ſe doivent entendre de
Saint Paul & des Apôtres , & non pas des pe
cheurs. Pour les expliquer , il dit's que ce bien
que l'homme ne peut accomplir ; eſt une ſouve
raine perfection ; & une exemption de peché . Il
ajoûte , que ceux qui rendent à l'état de perfe
étion , ſenient fouvent qu'ils ſont entraînez par les
mouvemens de la chair& des pafſions ; & qu'ils
reconnoiſſent par- là la neceſſité de la grace: I!
avouë que la concupiſcence eſt un effet du peché
du premier homme , qui a reduit le genre humain
en ſervitude
Tom IV
; que Jesus-CHRIST cſtDvenu l'en
e
30 Nou VELLE BIBLIOTHEQUB
Jean Caf- délivrer , & qu'il l'a fait en lui rendant ſa libetz
fren . té entiere , & non pas en l'opprimant. Que quoia
que nous ayons les lumieres du bien , & que nous
voulions les biens ſpirituels & celeſtes, la chair
nous entraîne ſouvent vers la terre , & nous in
{pire des deſirs terreſtres , qui ne precipitent pasles
juſtes dans de grands crimes , mais qui les font
tomber dans des fautes venielles ; & qu'ainſi c'eſt
avec verité, quelesplus ſaints & les plus juſtes ſe
diſent pecheurs, & demandentà Dieu tousles jours
le pardon de leurs offenſes. Qu'il eſt preſque im,
pollible de ne pas pecher dans la priere, ſoit par
diſtraction , ſoit par negligence ; mais que ces
pechez ne nous doiģent pas empêcher de nous
approcher de la Communion. Germain & Caf
fen ayant témoigné au ſaint Vieillard Abraham
le delir qu'ils avoient de retourner en leur pays ,
& l'ayant excuſé parce qu'ils pourroient y faire
du bien , ſoit par leur exemple”, ſoit par leurex
hortation ; ce faint Abbé les détourne de ce def
fein , & les aflûre que c'eſt un reſte d'attache
qu'ils ont encore au monde. Il s'étend enſuite
fur la neceſſité de la retraite , & de la ſeparation
entiere du monde. Il parle auſſi de la mortifica
tion des ſens & des deſirs de la chair , qui rend
le joug de Jesus -CHRIST doux & facile à
porter. Il avouë qu'il faut quelquefois ſe don
fer du relâche. Ilprouve enfin , que ceux qui
ont renoncé entierement au monde , poſedent des
bien's des plaiſirs & des honneurs infiniment
>
SAINT NIL
S. Nil Aint Nil Gouverneur de Conftantino
ple , &
SPIRIT
Diſciple de Saint Chryfoftome , s'étant retiré
du monde du vivant de la femme , avec ſon fils
Theodule , embraffa la vie folicaire dans le de
ſert de Sinai. Il y foufrir une rude perfecution par
les courſes des Barbares, qui firent mourir quel
ques-uns de ces Solitaires , & emmenerent caprif
fon fils Theodule. Il a Heuri fous les Empereurs
Arcade & Theodofe , & eft parvenu juſqu'à l’Em
pire de Marcien , au commencement duquel il
mourut vers l'an 451. 4
L'AUTEUR
DES PROFESSIONS DE FOY
attribuées à Rufin .
Pere Sirmond nous a donné en 1650. une
L'Auteur LlonE gu e Expoſition de Foi, quipropri le nom
€
fin d'Aquilée , dont celui- ci ſe plaint dans ſon L’Auteur
Apologie au Pape Anaſtaſe. des Pro
>
Il n'y a point dedoute ,que ce Rufin condam- fiffrons de
na les ſentiînens d'Origene , & qu'il fit des affai- Foy.
res au Prêtre d’Aquilée , parce qu'il les défen
doit. Mais nous ne voyons pas qu'il ait ſoûte
nu le dogme de Pelage touchant le peché origi
nel. Voici les raiſons que lc Pere Garnier appor
te pour montrer que le Maître de Pelage & de
Celeftius eſt different du celebre Rufin Prêtre
d'Aquilée . 1. Le Prêtre d'Aquilée étoit Italien ,
le Maître de Pelage étoit de Syrie , ſelon le té
moignage de Marius Mercator. 2. Ce même Au
teur parle du Maître de Pelage comme d'un hom
me peu connu : Un certain Rufin , dit-il. 3. Le
Prêtre d'Aquilée vint à Rome fous Sirice , le
Maître de Pelage n'y vint que ſous Anaftafe,
ſelon le témoignage du même Auteur. 4. Le Maî
tre de Celeſtius demeuroit avec Pammachius , le
Prêtre d'Aquilée n'étoit pas des amis de ce grand
Seigneur , au contraire ce fur Pammachius qui ex
cita Saint Jerôme à écrire contre Rufin. s. Le
Maître de Pelage enſeignoir à Rome qu'il n'y
avoit point de peché originel ; le Prêtre d'A
quiléeen étoitforti dans le temps que ce dogme
fut publié. s. Quand Saint Jerôme accuſe le Pre
tre d'Aquilée d'avoir été le précurſeur de Pelage ,
il ne parle que des dogmes de l’apathie & de
l'impeccabilité. 7. Paulin qui diſputoit contre
Celeſtius dans le Concile de Carthage , ne lui
oppola point que ce Rufin qu'il citoit, avoit été
condamné ; il l'auroic fait indubitablement , s'il
eût entendu parler du Prêtre d'Aquilée. 8. Ce
leftius parle de ce Rufin comme d'un homme vi
E QUE
76 Nou VELLE BIBLIOTH
L'Auteur vant , le Prêtre d'Aquilée étoit mort alors. 9. En
des Pro- fin , Rufin cité par Celestius étoit dans la Com
feſſions de munion de l'Egliſe , le Prêtre d'Aquilée en avoit
Foy . été challé. Ces raiſons ne ſont pas fans replique ,
& on peut dire qu'il y en a pluſieurs qui ſont
tres-legeres.
Celle que
qui me frappe le plusle ,peché
eſt ceoriginel
que dit,
Celeſtius Rufin qui nioit
demeuroit chez Pammachius . Car quelle appa
rence y a-t-il qu'il logeât chez un de ſes plus
grands adverſaires , & chez un des meilleurs amis
de S. Jerôme ? Les autres ſont moins fortes. Car
Rufin ayant demeuré prés de trente ans en Pa
leſtine, '& venant de ce pays , quand il enſeigna
la doctrine à Pelage ,Marius Mercator a pû dire
de lui qu'il étoit de Syrie , & qu'il avoit le pre
mier apporté cette do&rine à Rome : d'autant
plus que cét Auteur avoit deſſein de faire voir
que cette doctrine venoit d'Orient. Il eſt vrai
que Rufin vint à Rome ſous la fin du Pontificat
de Sirice en 397. mais il y demeura quelque temps
fous celui d'Anaſtaſe. Celeſtius ne dit point que
celui dont il parloit , fût encore en vie. Si Pau
lin n'oppoſc pas ſa condamnation , s'il paſſe pour
un homme mort dans la Communion de l'Egliſe ,
c'eſt qu'en effet on ne le conſideroit pas en Afri
que comme un Heretique , ni comme un excom
munié. Il n'y a donc que l'objection de la de
meure chez Pammachius , qui puiſſe faire de la
difficulté : mais peut- être que Celcftius fe trom
poit , ou que Rufin s'étoit depuis reconcilié avec
Pammachius. On ne peut pas neanmoins nier que
l'opinion du Pere Garnier n'ait ſa vraiſemblance.
C'eſt ce qui m'a fait ici rapporter ſes raiſons , afin
d'en laiſſer le jugement au Lecteur.
DES Auteurs ECCLESIASTIQUE S. 77
1 **
POSSIDIUS.
E Diacre d'Afrique , diſciple de Saint Au- Posſidim .
guſtin , a écrit la Vie de ſon Maître d'un
ſtyle aſſez ſimple. Il y a joint le catalogue des
Ouvrages de ce Pere. Nous n'avons plus rien à
remarquer ſur cet ouvrage , aprés ce que nous
avons écrit de la Vie & des OEuvres de Saint
Auguftin .
ofeos
蒙德
URANIU S.
Ranius Prêtre , diſciple de Saint Paulin , Vranius,
UR a auſſi écrit la Vie de lon Maître dans une
Lettre adreſſée à Pacatus. Cette Lettre a été don
née par Surius , par le Pere Chifflet , & enfin
dans la derniere edition de Saint Paulin . Le ſtyle
en eft fimple ,clair & net : c'eſt tout ce qu'il a
de bon ,
NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Villagein SA
MYYy19931999969
SAINT CELESTIN .
S. Celes AINT Celeſtin fur élû Evêque de Ronse aprés
ftin. la NT
SAI mort de Boniface , au comniencement du
mois de Novembre en 423. Cette élection ſe fit
fans brigue & ſans diviſion , & il gouverna pai
ſiblement l'Egliſe de Rome juſqu'au mois d'Avril
de l'année 432. L'affaire de Neftorius, & l'af
ſemblée du Concile d'Ephefe ont rendu fon Pon-- 1
tificat celebre , & lui ont donné lieu d'écrire plu
ſicurs Lettres én Orient , dont nous remettons à
parler dans l'hiſtoire du Concile d'Epheſe >
1
82 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
S. Cele- Romen'eût pas manqué de faire. 6. Saint Pro
ftin. fper apportant contre Caſſien les deciſions des
Papes touchant la grace & le libre arbitre , cice
bien la Lettre de Saint Celeſtin, mais il ne dit
rien de ces Sentences. Eſt- il à croirequ'il les eûp
Qubliées, ſi elles euſſent été de ce Pape ? c'étoit
la piece la plus deciſive. Photius & Vincent de
Lerins ,fontmention de cette Lettre de Celeſtin ;
ils nediſent rien non plus des Capicules ſur lagra
.ce. D'ailleurs eſt-il croyable que Vincent de
Lerins , eût cité la Lettre de Saint Celeſtin pour
défendre le parti des Semipelagiens , li ce Pape
les eût condamnez ſi clairement ? 7. Si l'on con
fidere, la maniere dontles Capicules ſont couchez
dans le Codede Denys le Petit, on pourra con
jecturer qu'il ne les a pasattribuez au Pape Saint
Celeſtin comme l'on croit. Car quoi - qu'il les
mette en ſuite de la Lettre, il les diſtingue par
ce titre : Ici commencent les autoritez des
Evêques qui ont été sur le Saint Siege, tanchans
la grace: On trouve la même remarque à la
fin, lci finiſſent , & c. Voilà des conjectures
qui peuvent balancer les autoritez qui ſemblent
prouver que ce Recueil eſt de Saint Celeſtin.
Aufſi ont- elles porté les Critiques à en chercher
un autre Auteurque ce Pape ; & n'en ayanç point
trouvé àqui cét Ouvrage convinſ mieuxqu'à
Şaint Proſper, plufieurs le lui ont hardiment at
tribué , quoi-qu'ils n'ayent pour eux ni Many
ſcrit, ni Auteur ancien. Il eſt vrai qu'on cite un
paffage d'Hincmar tiré du livre qu'il a fait con
tre cette expreſſion , Trina Deitas, où il remarque
que Saint Proſper a par l'ordre de SaintCeleſtin
refuré & terraffé l'herelie naiſſante dans les Gay
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 183
' Ies, tant
par l'autorité de l'Ecriture Sainte , que S. Cele
par la doctrine de Saint Auguſtin . On ſuppoſe fiin.
que c'eſt de cér Ecrir-ci que parle Hincmår , &
on conclur de là que c'eſt Saint Proſper qui l'a
écrit par l'ordre de Saint Celeſtin . Mais cette
preuve ne me ſemble pas bien ſolide : I. Parće
qu'Hincmar ne ſeroit pas un fort bon garant
d'un fait de cette nature. 2. Parce que ce même
Hincmar attribuë les'Capitules à Saint Celeſtin.
53. Parce qu'il n'eſt pas certain que l'Ouvrage'dont
il parle en cet endroit , foit ce Recueil d'autori
tez :'il n'eſt pas même certain qu'il parle d'au
cun Ouvrage en particulier. 4. S'il parle de
quelque Ouvrage en particulier,il y a bien de l'ap
parence que c'eſt de quelque autre : car ce qu'il
en dir., que Saint Profper a terra'flé l'hereſie
naiſſante dans' les Gaules par l'autorité de l'Ecri
{ ture Sainte& par la doctrine de S. Auguſtin , ne
convient pointà nosCapitules,dont l'Auteur ſecon .
tente de rapporterles deciſions des Papes & des
Conciles, ſans diſputer contre les ennemis de la
grace , & où il n'allegue aucun paſſage deS. Au
guſtin :Mais, dit -on , l'on ne peutpas dire que pas
un autre Ouvrage de S. Proſper ait été écrit
par ordre de Celeſtin. Ilparoît par ſes Ouvrages
mêmes , qu'illes a écrits en qualité d'Ecrivain
Particulier , & comme un homme qui défend les
fentimens qu'il croit veritables, fans condamner
les adverſaires. On 'ne peut donc pas dire que ce
• foit pár ordre du Pape , & comme dit Hincmar,
sex delegatione Pontificis , qu'illes ait ‘écrits. Il
* n'y
donca que les Capitules à qui eela convienne : c'eſt
ucson
Voilàou fe reduir l'objection. On la confirme
F ij
1
84 Nouvelle BIBLIOTHEQUE
S. Cele- par un pallage de Saint Proſper tiré de les Répono
ſtin. les aux objections de Vincent, où il dit qu'il rap
porte les propres paroles de la Foi & des fentimens
qu'il a défendus contre les Pelagienspar l'auto
rité du Saint Siege . Propofitis figillatim ſexdecim
Capitulis ſub unoquoque eorum ſenſus noftri & fidei ,
quam contra Pelagianos ex Apoſtolicæ Sedis auto
ritate defer dimus, verba ponemus . Ce qui arapport,
dit - on , aux Capitules de la grace , qui font contre
les Pelagiens. On peut répondre à tout ceci , que
c'eſt prendre trop à la rigueur les paroles d'Hinc
mar , & peut- être aulli celles de Saint Proſper.
Le premier n'a point pretendu que Saint Pro
ſper ait eu ordre exprés du Pape Saint Celeſtin
pour écrire quelque Ouvrage particulier ſur la
grace ; il a feulement voulu dire que cePape avoit
approuvé qu'il écrivît pour défendre la doctrine
de Saint Auguſtin : & * c'eſt ce qui paroît par la
lettre de Celeſtin même. Saint Proſper ſe vantoit
auſſi de défendre par l'autorité du Saint Siege la
doctrine de Saint Auguſtin , parce qu'il étoit per
fuadé qu'elle avoir été approuvée par le Saint
Siege , & que les Semipelagiens ruinoient les prin
cipes qu'ilavoit établis contre les Pelagiens. Au
reſte , il n'eſt pas neceſſaire d'entendre le paſſage
de la Preface de la Réponſe aux objections de
Vincent , de quelque Ouvrage precedent. Il ſe
fapporte bien plus naturellement à l'Ouvrage mê
me de la Réponſe à Vincent. Voici le texte tout
entier : Propoſitis igitur ſigillatim ſexdecim Capi
titulis ſub unoquoque eorum ſenſus noftri & fidei ,
quam contra Pelagianos ex Apoſtolica Sedis au
toritate defendimus, verba ponemus , ut qui pau
lulum fe ad legenda hac dignati fuerint occupare,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. , 85
evidenter agnoſcant impiarum prophanarumque S. Cele
opinionum nullum cordibus noſtris inhæfiffe veſti- ſiin.
gium , & blafphemias quas perſpexerint noſtraprofef
Jione damnari, in earumdem repertoribus cenfeant
debere puniri. La ſuite de ce diſcours fait voir
que quand S. Proſper dit qu'il rapportera les ve
ritables ſentimens qu'il défend contre les Pela
giens par l'autorité du Saint Siege Apoſtolique
il parle des choſes mêmes qu'il dit dans ces Ré
ponſes à Vincent , & non pas de celles qu'il a
dites dans un autre Ouvrage. Il ne renvoye pas
le lecteur à ce qu'il avoit écrit ailleurs , mais il.
l'exhorte de lire les Réponſes qu'il donne aux
objections de Vincent , pour connoître quelle eſt
la veritable doctrine approuvée par le Saint Sie
ge , que Saint Auguſtin & ſes diſciples défendent
contre les Pelagiens. Il faut donc avouer qu'il n'y
a nulle vraiſemblance qu'il ſoit parlé en cét en
droit des Capitules attribuez à Celeſtin.
Mais on apporte d'autres raiſons pour les don
ner à Saint Proſper. On dit que c'eſt le ſtyle de
cét Auteur, qu'il n'y a eu perſonne en ce temps-là
qui ait eu plus d'occaſion que Saint Proſper de
faire ce Recueil, que c'eſt la doctrine, & qu'en
fin il y a une ſi grande conformité entre les opi
nions& les expreſſions de l'Auteur de ces Capi
tules', & celles de Saint Proſper, qu'il eſt diffici
le de ne pas reconnoître qu'il en eſt Auteur. C'eſt
ce qu'un nouveau Critique pretend faire voir , en
comparant ces Capitules avec des endroits des
Ouvrages de Saint Proſper ; & il faut avouër
que cette comparaiſon fait remarquer dans les
OEuvres de Saint Proſper non ſeulement les mê
l,
mes termes & les mêmes expreſſions , mais en
F iij
86 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
S. Cele- core le même tour & la même maniere d'expli
ſtin. quer ſes penſées. Le Pere Queſnel trouvanç aufli
dans les OEuvres de Saint Leon des expreſſions
ſemblables à celles que l'on rencontre dans ces
Capituleș , n'a point fait de difficulté de les attri
buer à ce. Pere. Ceci fait voir combien la conje
cture que l'on tire de la conformité du ſtyle , eft
peu decilive , quand elle n'eſt appụyée d'aucune
autre. Voici deux Auteurs qui ont tous deux bien
lů Saint Leon , Saint Proſper & les Capitules :
l’un trouve que rien n'eſt plus ſemblable que le
ſtyle des Capitules & celui de Saint Proſper ;
l'autre n'y trouve point cette reſemblance , & il
s'imagine appercevoir des traits bien pļus ſem
blables dans les OEuvres de Saint Leon : lequel
croirons-nous des deux ? Le Pere Queſnel ſem ,
bloiſ avoir découvert des traits aſſez pareils : mais
fon Adverſaire en fait remarquer bien . d'autres
dans les OEuvres de. Saint, Proſper ; &, il faut
avouer que le portrait,de, celui-ci eſt bien.plus
refemblant quecelui du premier. Mais qui peut
répondrequ'il n'y aitaucune difference , & qu'on
n'en puiſie pas trouver un troiſiéme auſi ref .
SAINT CYRILLE
D'ALEXANDRI E.
LYON
1892
IO Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
S.Cyrille vans il montre qu'elle a auſli preſcrit la charité
d'Ale- envers ſes freres, & l'amour du prochain . Dans
xandrie, le neuviéme & dans le dixiéme il trouve une infi
nité de rapports entre le Tabernacle & l'Egliſe,
Le ſacerdoce de l'ancienne Loy , la conſecration
des Grands Prêtres , leshabits facerdoraux , le mi.
niſtere des Levites , & c. fourniſlent une ample
matiere d'allegorie , qui eſt traitée dans les trois
livres ſuivans. Les perſonnes prophanes ou impu
tes ſelon la Loi , qui étoient excluſes du Temple
& du Tabernacle, font la figure des méchans que
apprennent
l'on doit challer des Egliſes , & nous
qu'il n'y a que ceux qui ſont purs , qui puiſſent
fe preſenter devant Dieu . Les animaux purs ou
impurs ſont encore le ſujet de quelques allego
ries. Ceci eſt traité dans les livres 14. & 15. En-.
fin les oblations & les facrifices de la Loi ſong,
la figure des oblations ſpirituelles que nous de
vons offrir à Dieu , & les Fêtes folennelles des
Juifs nous marquent les recompenſes celeſtes. C'eſt
le ſujet des deux derniers livres. Il eſt aiſé de
juger par ce que nous venons de dire , combien
cét Ouvrage eſt myſtique , ou combien il contient
d'explications allégoriques & extraordinaires. Il
faloit en avoir un fonds inépuiſable , pour four
nir à dix -ſept livres auſſi longs que ceux-ci, qui
font toûjours loûtenus ſur des allegories conti
nuelles.
Les Glaphyres ſur le Pentateuque ne ſont pas
moins pleins de penſées myſtiques. Il y rapporte
Jésus- CHRIST & à fon Egliſe tout ce qui
eft dit dans le Pentateuque. Il n'y a point d'hi
ftoire , point de circonſtance , point de precepte ,
qu'il n'applique à jos u s -CHRIST & au noua
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUE S. IOI
1
I20 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
S. Cyrille Dans la vingt- ſeptiéme il dit , que Zacarie fus
d' Ale tué entre le Temple & l'Autel , pour avoir laifle
xandrie, entrer Marie en ce lieu , où il n'y avoit que les
vierges qui euflent droit d'entrer.
La derniere explique en peu de mots les cau
ſes de la joie que les Anges témoignerent à la
naiſſance de Jesus-CHRIST,
Le Traité ſuivant de la Sainte Trinité eft d'un
Auteur plus recent que Saint Cyrille , quoi-qu'il
s'attache fort à fa doctrine , & qu'il fuive ſa me
thode & les principes : mais il eſt aiſé de voir
qu'il a vécu aprés la naillance de l'hereſie des Mo
nothelites : car il traite à fond la queſtion , s'il y
a deux operations & deux volontez en Jesus
CHRIST. Il refute ceux qui tiennent le contrai
re & expliquent le ſens des Anciens qui avoient
avancé , qu'il n'y avoit en Je su -CHRISI
qu’une nature incarnée , & une operation thean
drique.
Le Recueil d'explications morales ſur l'ancien
Teſtament n'eſt pas tiré des OEuvres de Saint
Cyrille ſeul, mais encore de Saint Maxime & de
pluſieurs autres Inierpretes : ainſi l'on ne peut pas
le conſiderer comme un Ouvrage de Saint Cy
rille,
Balthazar Cordier nous a donné encore xix .
Homelies ſur Jeremie , imprimées à Anvers en
1648. qui portent le nom de S. Cyrille. Pour les
Apologues moraux donnez par le même Auteur
en 1631. ſous le nom de Saint Cyrille , ils ſont
l'Ouvrage d’un Auteur Latin. Les ſeize livres ſur le
Levitique, qui étoient autrefois parmi les OEuvres
de Saint Cyrille , font d'Origene. C'eſt mal à
propos que quelques-uns ont douté , fi lę Traité
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 121
MARIUS MERCATOR.
Oicr un Auteur qui eſt demeuré long temps Marius
es
V dans l'obſcurité : les anciens & les nouveaux Merca
10 Bibliothequaires n'en avoient point parlé, ce n'eſt tor.
que depuis peu que l'on a recouvre ſes Ouvra
ges , II a commencé à écrire du vivant de S.
ܐܐ Auguſtin , qui nous allure dans la lettre 193 .
écrite en 318. que Marius Mercator , à qui elle
eft adreſſée , avoit fait un Traité contre les
n; nouveaux Heretiques , c'eſt - à-dire , contre les
lai Pelagiens. Saint Auguſtin en parle comme d'un
ei
homme de inerite & d'erudition . Il y a ap
ine
1
parence qu'il étoit d'Italie a ; & il ſemble n'a
a
Tos
D'Italie. ] Le Pere croyoit d'Afrique. M. Ba
Garnier étoit de cér avis.: luze eſt auſſi de cet avis. La
jus mais la conjecture ſur la lettre entiere de Saint Au
07 quelle il fé fondoit , étoit guſtin donnée par les Bene
JUS
foible. Le Pere Gerberon le dictins , éclaircit ce fait :
124 NouveLLE BIBLIOTHEQUE
Marius
Merce-
voir êté que ſimple Laïque 6 .
Cét homme a été un des plus ardens Adver
tor, faires des Heretiques de ſon temps, & principa
lement des Pelagiens , qu'il a pourſuivis vive
ment , en donnant des Memoires contre eux , &
des Recueils de pieces , pour découvrir leurs er
reurs , & pour les faire condamner.
Le premier Ouvrage qu'il avoit compoſé, étoie
un Ecrit contre les ſentimens des Pelagiens, dans
lequel il avoit recueilli pluſieurs paſſages de l'E
criture ſainte , comme Saint Auguſtin le témoi
gne dans la lettre 193. Nous n'avons plus cét Ou
vrage , à moins que ce ne foit l'Hypognofticon qui
porte le nom de Saint Auguſtin , comme nous.
l'avons conjecturé dans la premiere partie de ce
Tome de nôtre Bibliotheque , p. 816.
Le fecond eſt un Memoire hiſtorique contre
Celeftius., qu'ilfit d'abord en Grec , pour le difa
tribuer à Conftantinople & qu'il preſenta à
l'Empereur Theodoſe l'an 429. afin d'inftruire
car il paroît par le com- fils. If re l'étoit point ron
mencement
Mercator
,demeuroie
que Mariusà Memoire
plus , quand il preſenta ſon
au Conci'e d'E
Rome avec Saint Sixte į pheſe. Enfin dans ſon livre
& Celeſtin , à qui Saint au Prêtre Pientius , il parle
Auguſtin écrie en même comme un homme qui étoit
temps les deux lettres pre - audeſſous de celui à qui il éa
cedentes , qu'il envoye avec crivoit. Tu quoque venerande
celle-
teur.
ci par le même por- . Preſbyter Pienti, ju fifti, parui
imperatis.
b Simple Laïque. ) Il Ċ L'an 429. ] Tout ceci
n'étoit ri Evéque ni Prêtre, eſt tiré du titre de ce Me
quard Sairt Auguſtin lui é- moire. Il y a pourtant ure
crivit ſa lectre. Car il ne lui ambiguité touchant l'année :
donne point de titre d'hon - car il n'eſt pas clair , ſi c'eſt
neur
mais il l'appelle fon / en 4.29. que le Memoize
DÈS Auteurs ECCLESIASTIQUES. 125
des Orientaux de la condamnation de Celeſtius Marius
.
& de ſes ſectateurs. Le titre de ce Memoire en fait Mersa
connoître le temps , l'occaſion & l'effet. Voici de tor .
quelle maniere il eſt conçû. Copie du Memoire
que Mercator a publié en Grec contre Celeſtius ,
& qu'il a donné non ſeulement à l'Egliſe de con
ftantinople, diſtribué a pluſieurs perſonnes de
pieté , mais qu'il a même preſenté à l'Empereur
Theodofe fous le Conſulat de Florence & de Denys,
& qu'il a depuis traduit de Grec en Latin : le
guelMemoire ayant découvert leserreurs de Cele
ſtius, a été cauſe que Julien qui les défendoit, et
ſes compagnons, ont été chaſſez de Conſtantinople
auſſi-bien que Celeſtius, par un Edit de l'Empereur,
& condamnez depuispeu dans le Concile d'E
pheſe par les avis de deux censfoixante & quinze
Evêques.
Ce Memoire eſt un abregé de l'hiſtoire de la
condamnation de l'hereſie de Pelage. Mercator
y rapporte, que Celeſtius diſciple de Pelage étant
ſorti de Rome il y avoit prés de vingtans,avoit
paſlé à Carthage o
, ù il avoit été accuſé par Pau
lin Diacre de Saint Ambroiſe , de pluſieurs er
reurs contenuës en ſix articles , qu'il tranſcrit ;
que les Evêques d'Afrique les avoient condamnez
dans un Synode ,& avoient enjoint à Celeſtius de
les anathematizer ; qu'il avoit jugé à propos d'en
appeller à l'Evêque de Rome , mais qu'ayant
fut preſenté , ou traduit ; | le de la condamnation de
mais il parle dans le corps Celeſtius dans le Concile
de l'Ouvrage de Theodoteſ d'Epheſe comme venant
>
d'Antioche mort en 428. I d'être faite : ce qui fait voir
comme d'un Evêque decedé ; qu'il l'a traduit en 431.
& dans le titre même il par
126 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Marites' negligé de ſuivre cette appellation , il étoit veriu
Merca- à Ephcſe, où il s'étoit fait ordonner Prêtre. Que
tor . de là il étoit paſſé à Conſtantinople du temps
d'Atticus , mais qu'ayant été connu , il en avoit
été challé par cét Evêque qui avoit écrit des let
tres circulaires contre lui. Que Celeſtius ſe voyant
ainſi expulſé , étoit venu trouver le Pape Zoſime,
& qu'ayant feint de condamner les articles qu'on
lui avoit impurez , il avoit obtenu des lettres en
fa faveur adreſſées aux Evêques d'Afrique mais
que ces Evêques ayant récrit à Zofime pour l'im
former de tout ce qui s'étoit paſſé , Celeſtius qui
ne vouloit point faire ce qu'il avoit promis n'oſa
plus paroître devant Zoſime, & ſe retira de Rome ;
& qu'alors Zofime le condamną parun long Ecrit ,
qui conrenoir les articles de Celeftius , & toute
l'hiſtoire de la condamnation. Mercator parle en
ſuite des erreurs de Pelage maître de Celeſtius ,
qu'il rapporte dans les propres termes de Pelage
tirez de Ton Commentaire ſur les Epîtres de Saint
Paul. Il ajoûte que ces erreurs ayant eté condam
nées
par la lettre de Zoſime envoyée de toutes
parts & confirmée par le conſentement & par
les fouſcriptions des Evêques des autres pays ,
Julien , & ſes complices qui n'avoient pas voue
lu la ligner , ävoient été challez d'Italie ſuivant
la Loi des Empereurs , & dépoſez par les Decrets
des Synodes ; & que quelques-uns ayant recon
nu leur erreur , avoient été reçûs & retablis par
le S. Siege .
Mercator ajoûte , que Pelage & Celeſtius
ayoient déja été condannez auparavant par Inno
cent predeceſſeur de Zoſime ; & pourle prou
ver il remonte à l'origine de la cauſe des Pela
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 127
giens . Pelage, dit-il, ſe retira en Paleſtine aprés Marius
la priſe de Rome. Ses Ecrits étant tombez entre Merca
les mains de quelques Evêques, ils y trouverent sor,
des choſes contraires à la Foi Catholique, &
ils les envoyerent en Afrique, où ils furent lûs &
1 examinez dans trois Conciles , qui en écrivirent
")
au Saint Siege . L'Evêque de Rome condamna
12 ces livres , & excommunia Pelage & Celeſtius.
Pelage fut encore deferé à un Synode tenu à Jeruſa
lem , mais il évita la condamnation qu'il meri
-
toit , en trompant les Evêques par ſes fubtilitez
& par ſęs ſubterfuges. Il fut condamné dans
un ſecond Synode auquel preſida Theodote d'An
tioche , comme la lettre écrite au nom de cét Evê
j
9
que & de Praile de Jeruſalem en fair foi. Il rap
porte enſuite les erreurs particulieres de Pelage
condamnées dans ce Synode, & finit le Memoi
5,
re , en ſommant Julien & ſes adherans de con
damner Pelage & Celeſtius convaincus de tant
d'erreurs.
Le troiſiéme Ouvrage de Marius Mercator eſt
8
un autre Memoire contre les mêmes Heretiques ,
écrit aprés la mort de Saint Auguftin. Il y décrit
5,
l'origine de l'erreur de Pelage, dont il fait auteurs
quelques Syriens , & principalement Theodore
de Mopſuelte. Il ajoûte , que Rufin qui étoit aufli
ts de Syrie , qui l'avoit le premier apportée à Rome,
n'ayant oſe la publier , en avoit inftruit Pelage
21
Moine Anglois, qui l'avoit fouré dans ſes Com
mentaires ſur Saint Paul ; que Celeftius homme
U18
de qualité & d'eſprit , mais quiétoit venu cunu
0
que au monde, s'étoit joint à Pelage , & avoit
114
compris la doctrine en fix articles, qu'il avoit
répandus parmi le peuple. Que quai-que les er
128 Nou VELLE BIBLIOTHEQUÈ
Marius reurs euſſent été condamnées , Julien s'étoit aviſe
Merca de les défendre par de gros livres , auſquels Saint
tor . Auguſtin avoit oppoſé de longues & de fortes
réponſes . Qu'après avoir lû ces Ouvrages , il a
voit fait auſſi quelques courtes obſervations ſur les
Ecrits de Julien qu'il avoit recueillies, & qu'il
publioit pour ſatisfaire à la priere du Prétre Pien
iius. Il y attaque principalement quatre erreurs
de Julien. t . Que la concupiſcence n'eſt pas une fui
te & un effet du peché du premier homine , mais
qu'elle eſt naturelle à l'homme. 2. Que la mort
eſt entrée dans le monde par le peché d'Adam ,
mais qu'elle ne pafle danslesautres hommes quc
parce qu'ils imitent le peché d'Adam. 3. Que
le peche du premier homme n'eſt point paſ dans
fa poſterité. 4. Que le Baptême remet les pechez
àceux qui en ont,& qu'à l'égard des enfans qui
n'en ont point , elle perfectionne leur nature par
les dons de la grace. Marius Merčator rapporte
les pallages de Julien , où il avance plus expreſ
ſément ces propoſitions , & les refure enſuite
par des notes preſſantes , dans leſquelles il mêle
des termes aigres & piquans contre Julien . Il ne
lui laiſſe paſſer aucune expreſſionſuſpecte; & com
me il s'étoit fervi du terme d'innovation , au lieu de
celui de renovation , il lui en fait un crime , quoi
que Saint Auguſtin ſe ſoit ſervi de l'un & de
l'autre. Il remarque que les Catholiques ne diſent
pas que le peché ſoit naturel à l'homme, mais
que le peché originel eſt attaché à la nature cor
fompuë de l'homme. Il le pouſſe avec beaucoup
de vigueur ſur une raillerie un peu libre qu'il
avoit faite. Il lui fait voir qu'il ſe contredit ,
quand il dir que la mort a parlé dans le genre
humaia
DÈS AUTEURS ECCLESŤASTIQUEs. 129
humain par le peché d'Adam , & que cependant Marius
elle ne regne que ſur ceux qui imitent fa preva- Merca
rication. Enfin ,il prouve par tout ce qui eſt ditdans tor.
l'Ecriture Sainte de la redemption de JE su s
CHRIST & du Baptême , qu'elle ſuppoſe necef
fairement que tous les hommes & les enfans mê
nes ſont dans le peché , avant que d'être rege
nerez & renouvellez par ce Sacrement .
Marius Mercator ne s'eſt pas contenté d'op
poſer à Julien & aux Pelagiens l'autorité de l'E
gliſe ; illesa encore attaquczpar le témoignagę
de Neſtorius , qui les avoit fi bien reçûs, & qui
avoit écrit en leur faveurau Pape Celeftin , &
envoyé une lettre de conſolation à Celeſtius. Il
produit donc avec les trois lettres de Neftorius
écrites pour eux , les Extraits de quatre Sermons
prêchez par cét Evêque en preſence des Pelagiens,
où il avoit avancé , 1. Que la chûte d'Adam a été la
cauſe des miſeres , auſquelles la nature humaine eſt
ſujette , & de la ſervitude où elle a été reduite
į ſous la tyrannie du Demon. 2. Que J e su s
Christ eſt venu racheter l'homme de ſes pe
chez , déchirer la cedule qui étoitcontre lui ,
& le mettre en liberté. 3. Que c'eſt par le Sa
" crement du Baptême qu'il opere ces choſes , &
que le Catecumene eſt toûjours ſujet à la maledi
& tion du peché , juſques à ce qu'il ait reçû ce sa
crement. Le troiſiéme de ces Sermons ſe trouve
enſuite en Grec parmi les OEuvres de S. Chryſo
ſtome , de l'édition de Savil , au tome 7. & le
Pere Garnier l'a fait imprimer avec les Extraits 2
de Marius Mercator .
Mais parce que Julien ſe pouvoit vanter d'a
voir pour ſoi Theodore de Mopfueſte Evêque de
Torne IV. I
130 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Marius Cilicie , Marius Mercator entreprit de mono '
Merca trer que cet Evêque avoit eu des ſentimens here
tor .
tiques ſur l'Incarnation . Pour le prouver , il
traduiſit un Symbole .attribué à Theodore de
Moplueſte, & mit à la fin une obſervation , pour
faire voir que la doctrine contenuë dans ce
Symbole étoit hererique , & qu'elle ſuppoſoit
que Jesus-CHRIST eſt un compoſé de deux
perſonnes , & non pas deux natures unies en unc
même perſonne. Il refute cette erreur , & prou
ve la doctrine de l'Egliſe par des paſſages de l'E
criture Sainte.
Il fait voir encore dans un autre Ecrit la con
formité qu'il y a entre l'erreur de Neftorius , &
celle de Paul de Samoſate.
Pour convaincre encore plus clairement Neſto
rius & les ſectateurs , il rapporte de longs Extraits
de cinq Sermons de Neftorius, la lettre qu'il
écrivit à Saint Cyrille , & des Extraits de ſes li
vres , & il leur oppoſe deux lettres de Saint Cy
rille à Neftorius, & une troiſiéme lettre du même
au Clergé de Conſtantinople.
Il attaque auſſi les Capitules de Neftorius op
poſez à ceux de Saint Cyrille ; & aprés les avoir
refutez l'un aprés l'autre , il expoſe en peu de
mots la Foi de l'Egliſe touchant l'Incarnation
& découvre les erreurs differentes des Heretiques
qui l'ont attaquée. Pour confirmer ce qu'il venoit
d'avancer,il produit ce qu'il y a dans les Actes du
Concile d'Epheſe de plus formel & de plus con
vaincant contre l'hereſie de Neftorius. Il y joint
la traduction des deux Apologies de S. Cyrille
pour défendre ſes Anathematiſmes contre les 0 .
richtaux . Il tâche de rendre odieuſes la doctrine &
ÞËS Auteurs ECCLESIASTIQUES, izi
la perſonnedeTheodoret,en rapportant desExtraits Marius
deſes Traitez , & pluſieurs de ſes lettres. Il le traite Merca
d'heretique & de fcelerat , quoi- qu'il avouë qu'il tor's
a enfin approuvé les ſentimens de Saint Cyriile ,
fans vouloir condamner Neftorius. Il rapporte un
Fragment du Concile contre Domnus d'Ancio
che, où Theodoret eſt accuſé d'avoir parlé con
tre la memoire de Saint Cyrille , en diſant que
l’hereſie d'Egypte avoit été enlevelie avec lui. Il
conclut de là , que l'on a raiſon de condamner
Theodoret , auffi -bien que Theodore & Neſto
rius . Et pour convaincre Theodore d'erreur &
d'hereſie , il rapporte des Fragmens tirez de ſes
livres contre Saint Auguſtin. Il y joint des Ex
traits de ſon maître Diodore. Il accuſe Ibas Evê
que d'Edeffe d'avoir avancé ce blaſpheme: Je
n'envie point à Jesus-CHRIST fa divinité , para
ce que je puis devenir comme lui , car il n'eſt pas
d'une autre nature que moi . Il cite un paſſage tiré
d'une Homelie de cetAuteur , qui necontient tou-
tefois rien de ſemblable. Il ajoûte à tout ceci
l'Extrait d'un Sermon d’Eutherius Evêque de
Tyane ; qu'il pretend avoir été dans les fentimens
de Neſtorius ; & il finit ce Rccueil par une refle
xion contreles Neſtoriens & contre les Eutychiens,
qui ſont deux hereſies oppoſées , également re
25
jectées par les Catholiques. Il avoit apporté con
tre les uns & les autres des témoignages tirez
Eu
des Sermons de Jean Evêque de Tomes , de la
1
Province de Scythie; mais ils ne ſe trouvent plus
preſentement dans le Recueil des OEuvres de
mi
Mercator. Cette fin nous fait connoître que ce
es
D
Recueil de pieces a été fait depuis que l'hereſie
des Eutychiens a été connuë fous ce nom , c'efta
I ij
132 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Marius à -dire, depuis le Concile de Calcedoine tenu en
Merca- 451. Cependant la maniere injurieuſe dont il par
tor. lc de Theodoret , reçû dans ce Concile , feroit
croire que ce Recueil a été fait quelque temps
auparavant, fi l'on neſçavoit qu'il y a toûjours
eu desperſonnes qui n'ont jamais voulu pardon
ner à Theodoret la querelle qu'il avoit euë avec
S. Cyrille.
Il у a encore à la fin de Marius une tradu
ction des pieces ſuivantes, de la lettre de Neſte
rius à Saint Celeftin , de la lettre Synodique de
Saint Cyrille contre Neſtorius, & des Scolies
du même Pere ſur l'Incarnation contre Neſtorius.
Ces pieces devroient être avec les precedentes.
Marius Mercator n'eſt pas un Auteur fort élo
quent : auſſi les Ouvrages qu'il faiſoit, ne deman
1
doient-ils pas beaucoup d'éloquence. Il fuffit dans
ces fortes de Memoires & de Recueils , que l'on
ſoit exact & fidele. Il traduit le Grec fidele
ment & nettement. Son ſtyle n'eſt point emba
Talle, mais il n'a ni grandeur ni noblefle, & il
degenere même en puerilitez , quand il veut ſe
měler de refuter les autres de fon chef. Son Re
cueil a été de grand uſage à l'Eglife Latine , &
nous voyons que Facundus & le Pape Pelage II.
ſe font ſervis de la verſion .
L'on a trouvé deux Manuſcrits des OEuvres de
cét Auteur, l'un dans la Bibliotheque du Vatican ,
l'autre dans celle de l'Egliſede Beauvais. Le Perc
Labbe donna d'abord dans l'edition des Conciles
le Memoire hiſtorique de Marius Mercator , &
il avoit refolu de donner le reſte des OEuvres
de cet Auteur : mais étant mort ſans avoir exe
cuté ce deflein , le Pere Garnier ſon confrere les
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 133
publia en 1673.mais il renverſa dans cette edition Marius
l'ordre où ſes Ouvrages étoient dans les deux Ma- Merck
nuſcrits , y joignit plufieurs autres pieces , & tor.
groſſit extrémement ſon volume de longues Notes
& d'un grand nombre de Differtations ſur l'Hi
ſtoire des Pelagiens & des Neftoriens.
Dans le même temps le Pere Gerberon Bene
dictin fit paroître ſous le nom emprunté de Rig
berius, le Memoire contre Julien , la traduction du
Sermon de Theodore de Mopfueſte avec ſon pro
logue , les deux letgres contre Neſtorius, & le
Traité d'un Hiſtorien . Il n'y a pas mis le premier
Memoire hiſtorique , parce qu'il étoit deja impri
mé dans le ſecond tome des Conciles du Pere
Labbe. Cette edition de Marius Mercator eft un
tres-perit in 12. imprimé à Bruxelles en 1673 .
Les Notes de celui qui l'a donné , ne font pas fi
longues que celles du Pere Garnier , mais elles ne
laiſſent pas d'être utiles & fçavantes.
Il eſt aiſé de voir que ces editions étoient dé
fectueuſes : car celle du Pere Garnier n'étoit pas
tant une edition du Marius Mercator , qu'un
grand Commentaire fur l'Hiſtoire des Pelagiens
& des Neſtoriens ; & celle du Pere Gerberon ne
contenoit qu'une petite partie de ſes OEuvres : ou.
tre que ni l'un ni l'autre n'avoit conſulté exa
ctement les Manuſcrits , le Pere Garnier s'étant
>
ANIEN
NIEN Aureur Latin, Diacre d'une ville ap
Axien: A pellé Celede a , fur un des défenſeurs de
Pelage b. Saint Jerôme nous apprend qu'il avoit
écrit des livres contre la lettre à Cteſiphon , dans
leſquels il ſolltenoit par des diſcours fort éten
dus lęs dogmes que Delage avoit avancez. Il a
traduit quinze Homelies de Saint Chryſoſtome,
ſçavoir les huit premieres ſur Saint Matthieu , &
les ſępt Sermons des louanges de Saint Paul , &
a mis à la tête de ces traductions deux leçores ,
а. D'une ville appellée b Des défenſeurs de Pelas
Celede. ] Saint Jerome Ep. ge. ] Janfenius pretend que
79 . à Saint Auguſtin l'ap. c'eſt Pelage même, qui avoit
pelle Celedenſis.On ne ſçait pris le nom d’Arien : mais
où eſt cette ville. Quelques- , cette conjecture eſt fauſſe,
ụns croyent que c'eſt de ce- Les Prefaces de la traduction
Jene ville de de Campanie. des Homelies de S. Chry
Nous avons encore une let - foftome font aſſez connoî
tre de Saint Jerôme à Marc tre qu'Anien eſt un Auteur
de Celede, veritable. Saint Jerôme ça
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES 135
l'une à Orontius , l'autre à Evangelus , dans leſ- Anien ,
CE quelles il ſe declare ouvertement contre les di
é, fciples de Saint Auguſtin , à qui il donne le nom
0: de Traduciens. On peut encore lui attribuer l'an
211 cienne traduction de l'Homelie de S. Chryſo
TIC ſtome aux Neophytes , qui avoit été faite
DIS comme Saint Auguſtin le marque dans ſon pre
mier livre contre Julien chapitre 6. par un di
ſciple de Pelage. Cét Auteur Içavoit bien le Grec,
& écrit aſſez bien Latin. S. Jerôme l'accuſe de
ſe ſervir de jeux de mots , verbis tinnulis & emen
dicatis. Cela paroît particulierement dans les deux
lettres qui ſervent de Preface à la traduction des
Homelies de Saint Chryſoſtome. Il a fleuri au
commencement du s . ſiecle , & il ne faut pas le
confondre , comme a fait Sigebert , avec celuiqui
a écrit le Code Theodoſien , du temps d'Alaric
au commencement du fixiéme ſiecle,
IS
L parle de même , & il dit negat , in hoc Opere profiter
1ܐ qu'il défend les blafphemes tur. Il faut ajoûter ou ſouſ
d'un autre, c'eſt-à -dire , de entendre le nom de Pelage,
Te, Pelage. Il eſt vrai qu'il ajou- & lire , Pelagius dixiffe fe de
,& te , qu'il défend dans ſon i negat. Pelage étoit Prêtre ;
& Ouvrage les dogmes , qu'il l'Auteur des livres contre S.
n'avoit pas voulu reconnoî- Jerôme , & de la traduction
spesia
tre dans le Synode de Diof- | des Sermons de Saint Chry
pole : mais il faut qu'il y ſoſtome, étoit fimple Diacre.
. ait une faute dans le texte Il n'y a pas plus de raiſon
de Saint Jerômc. Quidquid de le confondre , comme
enim in illa miſeravili syne- fait Baronius , avec Valerien
171.23 de Dioſpolitana dixiffe fe de- ou avec Julien ,
ulte
32704
*
I wij
LE EQLLE
136 NouVEL BIBLIOTH
ofo efoefoefoe
JULIEN
Jilien, ULIEN né dans l’Apouille a vers l'an 386.
This
fils de Memor b , ou de Memorius , qu'on
croit avoir été Evêque de Capouë , & de Ju
lienne , épouſa la fille d'Emilius appellée Ja.
Enſuite il' entra dans l'état Eccleſiaſtique. 11
étoit Diacre en 40 8. quand Saint Auguſtin
écrivit à ſon pere la lettre 30, où il fait l'éloge
du pere & du fils. Il fut ordonné en 416. c par le
Pape Innocent Evêque d'Eclanc d ville lituéc
entre la Campanic & l'Apouïlle. Pendant que ce
Pape vécut , Julien ne découvrit point ſes lenti
a Né dans l'Apouille. ] | Mercator dit , que ce fut
Saint Auguſtin lib. 6. Op. Saint Innocent qui l'ordon
imperf. c. 18, Non enim quia na. En 405.- il n'étoit en
to Apulia genuit. Saint Ful core que Diacre i il étoit
gence dit qu'il étoit de qua- jeune , & il n'y a pas d'ap
iné. parence qu'il ait été ordon
b Memorius. ] Saint Au- né avant 416. Innocent mou
guftin dans la lettre 30. rut en 417 .
Paulin dans l'Epitaphe de Ja- d w'Eclane. ] Quelques
lien, Marius Mercator. Ce- uns ont lû Celane , mais c'eſt
lui- ci reproche à Julien d'ê- Eclane . Le témoignage de
rre indigne d'être le fils de Mercator fait la deciſion de
Memor & de Julienne, & le / çe point d'Hiſtoire. Cecce
traite d'enfant ſuppoſe. Il ville étoit auprés du Lac
remarque auſſi qu'il a eu Ampſanetin entre la Campa
deux lours. Les Anciens ne nie & l’Apulie , éloignée
diſent point de quelle ville de vingt milles de Benevent.
Memorius étoit Evêque. On l'appelle à preſent Frin
© Ordonné ) Marjus genç,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 137
mens : mais auſſi-tôt aprés la mort il fe declara Julień.
pour la doctrine de Celeſtius & de Pelage. Gen
nade nous affûre , qu'avant cela il avoit pallé pour
un des plus habiles Docteurs de l'Egliſe ; mais
il ne marque aucun de ſes Ouvrages en particu
lier , & il n'eſt pas certain qu'il en eût compo
ſé. Quoi qu'il en ſoit , nous n'avons plus rien
de ces Ouvrages qu'il pouvoit avoir compoſez
avant que de s'être declaré contre Saint Auguftin.
Mais if nous reſte des Fragmens conſiderables des
Ecrits qu'ila faits contre l'Eglife.
Sous le Pontificat de Zolime il commença à
ſolltenir les ſentimens de Celeftius , dans les dif
cours qu'il tint à Rome. Il ſe mit enſuite à dé
crier par écrit la doctrine de Saint Auguſtin & de
l'Egliſe touchant le peché originel.
La premiere choſe qu'il fit , fut d'en écrire en
ſon nom au Pape Zoſime. Nous avons quelques
Fragmens de cette lettre dans Marius Mercator.
Enſuite il lui adreſla une ſeconde lettre en for
me de Profeffion de Foi , écrite au nom de dix
Evêques de ce fiecle. Le Pere Garnier nous a
donné celle-ci . Julien avonë que c'eſt lui qui en
étoit Auteur , auſſi-bien que de celle qui fut
adreſlée au nom des mêmes Evêques à Rufin de
Theſſalonique . C'eſt celle que Saint Auguſtin
rapporte dans les trois deniers livres à Boniface.
Ces lettres font de l'an 418.
Le premier livre de Saint Auguſtin de la Com
cupiſcence & du Mariage étant tombé entre les
mains de Julien , il écrivit en 419. quatre livres
adreſlez à Turbantiùs contre le premier livre de
Saint Auguſtin. Peu de temps aprés il fut challe
d'Italie en vertu des Edits de l'Empereur , &
138 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Fulien. obligé de ſe retirer en Orient. Il alla en Cilicic
trouver Theodore de Mopſueſte , & compoſa en
ce lieu, ſi nous en croyons Marius Mercator, huit
autres livres adreſſez à Florus Evêque de Benevent
contre le fecond livre de S. Auguſtin ſur les Nô
ces & ſur la Concupiſcence. Quelque temps aprés
il ſe retira de Cilicie ; & ſi l'on ajoûte foi à ce
que dit encore Mercator , il fut condamné aprés
ſon depart dans un Synode de la Province de Ci
licie. Peut - être revint - il en Italie ; mais en
ayant encore été chaſſé, il ſe retira à Conſtantino
ple, où il fut rejetté par Atticus, & enſuite par
Siſinnius. Mais Neſtoriusdiſciple de Thcodore
ayant été élû Evêque de Conſtantinople , les fa
voriſa , & écrivit deux lettres en leur faveur à
Celeſtin. Ce fut alors que Mercator preſenta
ſon Memoire contre Celeſtius , Julien & ſes
Collegues,& fit tant par ſes follicitations, qu'ils
furent chaſſez de Conſtantinople. Ils allerent au
Concile d'Epheſe , où ils furent reçûs par le parti
de Jean d'Antioche : mais le Concile les condam
na , & confirma tout ce qui avoit été fait contre
eux en Occident. Ainſi Julien demeura toûjours
cxclus de ſon Egliſe , & banni d'Italie. Il fit tous
ſes efforts pour y rentrer ſous le Pontificat de
Saint Sixte, mais inutilement, Gennade dit qu'il
mourutſousl'Empire de Valentinien , c'eſt -à -dire,
avant l'an 455. aprés avoir diſtribué tous ſes biens
aux pauvres pour les ſoulager par ce moyen dans
une famine ; & avoir attiré pluſieurs perſonnes
dans ſon parti. On tient que ce fut en Sicile
qu'il paſſa les dernieres années de ſa vie ,faiſant
le métier de Maître d'école, & que l'on mit cet
te inſcription fur fon tombeau : Ci giſt en paix
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 139
Fulien Evêque Catholique. Epitaphe qui ſe voyoit Fulick: ;
encore au neuviéme ſiecle. Voici ce que nous
avons des Ouvrages de Julien , dont nous venons
de parler.
Quelques Fragmens de la Lettre à Zofime dans
15
= Marius Mercator lib. ſubn.c.6.9.10.6 0.9.1.3 . Il
C
Il avouë dans ces Fragmens , que la mort eſt entrée
m dans le monde par le peché d'Adam . Une longue
Profcflion de Foi donnée par le P. Garnier dans la
V. Diſſert. ſur la 1. partie des OEuvres de Marius
20
Mercator. Certe Profeſſion de Foi a quatre parties.
La premiere contient les articles du Symbole ex
.
pliquez , entre leſquels il met la neceſſité du Ba
ptême pour tous les âges. La ſeconde , eſt un
abregé de la doctrine ſur la grace & le libre ar
bitre, qui ſe peut rapporter à cinq propoſitions,
I. Quc l'homme eſt entierement libre de faire &
le bien & le mal. 2. Que pour faire le bien , il
11
a beſoin de la grace , mais que cette grace ne lui
manque jamais. 3. Que la nature de l'homme cſt
bonne & parfaite. 4. Qu'il n'y a point de peché
naturel, ou de quelque autre nom qu'on puiſſe
l'appeller. s. Que les Juſtes de l'ancien Teſtament
ont été juſtifiez par leurs auvres & par la Foi en
JESUS -CHRIST . La troiſiéme partie rejetre les
erreurs , ſçavoir celle des Ariens, des Sabelliens,
des Eunomiens , des Macedoniens , des Apollina
is riſtes & des Novatiens , auſquels on joint les Jo
vinianiſtes, qui diſent que l'homme juſtifié par le
Baptême ne peut plus pecher. On vient enſuite
E à celle des Manichéens , avec les erreurs deſquels
on confond la doctrine des Catholiques, que l'on
expoſe d'une maniere odieuſe. Ceux, dit-on , qui a
défendant un peché naturel, diſentque le Diables
140 Nou VelLE BIBLIOTHEQUE
Juliene » eſt auteurdes nôces ; queles enfans qui en naiflent,
font enfans duDiable; que tous leshommes naiſ
» ſent en la pofleflions que le Fils de Dieu n'a com
» mencé à verſer ſes graces ſur les hommes qu'au
» temps de ſon Incarnation ; que les pechez ne font
» pas remis entierement par le Baptême; que les
„ Saints de l'ancien Teſtament ſont morts en état
» de peché ; que l'homme eſt necellité à pecher ;
qu'on ne peut éviter le peché, même avec la gra
as ce. Ilcondamne enfin les plus groſieres erreurs
» des Pelagiens , ſçavoir ceux qui diſoient que les
» hommes peuvent éviter le peché ſans le ſecours
de Dieu ; que les enfans ne doivent point être
baptizez, ou qu'on doit ſe fervir d'autres termes
w en les baptizant ; que ceux qui naiſſent de peres
& de meres baptizez , n'ont point beſoin de la
» grace du Baptême ; que le genre humain ne meurt
» pas par Adam , & ne reſſuſcite pas par Jesus
„ Christ. Dans la derniere partie,les Evêques , au
nom de qui cette Profeffion étoit écrite , decla
rent à Zolime, que ſi on veut encore leur faire
des affaires , ils en ont appellé à un Synode ple
nier ; qu'ils ne peuvent ligner la condamnation
portée contre des abfens, & qu'ils ſont prêts de
tour ſouffrir plûtôt que d'abandonner la juſtice
& la verité . Ils finiſſent par un paſſage
d'un Sermon de Saint Chryſoſtome aux Neo
phytes.
La Lettre de Julien & des autres Evêques à
Rufin deTheſſalonique, eft rapportée preſque toute
enriere dans les trois derniers livresde S. Augu
ftin à Boniface. Elle contenoit les chefs d'accu .
: fations que nous avons énoncez en parlant de ce
Traité de Saint Auguſtin.
1
AUTEURS ECCLESIASTIQUE S.
Le premier livre à Turbantius , eſt rapporté Julien.
tout entierdansle deuxiéme livre de Saint Augu
ftin des Nộces & de la Concupiſcence. Il y a des
Fragmens des trois autres livres dans les lix lin
vres de Saint Auguſtin contre Julien . Enfin , les
cinq premiers livres deJulien à Florus font copiez
tout entiers dans les fix livres de l'Ouvrage impar 1
1
142 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
NE STORIUS
Nefto:
rius. Nelieve & baptize a Antioche ,ſe retiradans
le Monaſtere de Saint Euprepius , qui étoit aux
fauxbourgs de cette ville . Il fut ordonné Prêtre
par Theodore , & s'acquit en peu de temps beau
coup de reputation par fa maniere de vivre , &
par les predications. Siſinnius Archevêque de
Conſtantinople étoit mort en 427. L'ambition
que les Eccleſiaſtiques de cette ville avoient de
parvenir au gouvernement de cette Egliſe , fit re
ſoudre l'Empereur de ne pas permettre qu'aucun
d'entre eux en fût élû Evêque , & defaire élire
un Eccleſiaſtique d'une autre Egliſe malgré les
brigues que quelques -uns faiſoient pour Philippe,
& d'autres pour Procle. On jetta les yeux ſur
Neftorius , on le choiſit d'un commun conſen
tement , on le fit venir d'Antioche ; & trois mois
aprés fon élection il fut ordonné & mis en pof
fcllion du Siege de Conſtantinople au mois d'A
yril de l'an 428 .
Dans le premier Sermon qu'il fit en preſence
de l'Empereur, il declara le deſſein qu'il avoit de
faire la guerre aux Heretiques , en diſant haute
ment à l'Empereur : Purge , Sire, la terre d'He
retiques , je vous donnerai le ciel. Faites-leur
la guerre avec moi , je la feraiavec vous aux
DÉS AUTEURS. ECCLESIASTIQUES. 143
Perſes. Quoique l'averſion quepluſieurs perſon- Neſta
nes du peuple avoient pour les Heretiques, leur rini,
fiſt approuver ce diſcours , les plus éclairez , dit
Socrate , en condamnerent la vanité & la violená
ce , & s'étonnerent de voir un homme, qui avant
que d'avoir , comme on dit , goûté l'eau de la
ville, declaroit qu'il vouloit perſecuter ceux qui
n'étoient pasde ſon ſentiment. Ces menaces fu
rent ſuivies de l'effet : car cinq jours aprés qu'il
eut été ſacré , il entreprit d'abattre l'Egliſe où
les Ariens faiſoient ſecrectement leurs Aſſem
blées , & les reduiſit à tel deſeſpoir , qu'ils y
mirent le feu , qui aprés l'avoir confumée , s'éten
dit aux maiſons voiſines. Cét embraſement excita
un deſordre extraordinaire , & depuis ce temps
il fut appellé incendiaire. Il fit tout ce qu'il pût
pour tourmenter les ſesNovatiens ; mais Ill'Empeexer
reur arrêta un peu emportemens.
ca auſſi des rigueurs contre les peuples d'Aſie, de
Lydie & de Carie , qui celebroient la Pâque le
quatorziéme jour de la Lune , qui furent ſigrandes,
qu'il en arriva des meurtres à Milet & à Sardes, 1
e ex
intention. C'eſt ce que ſon ami Jean d'Antioche
es of
avouë dans la lettre , par laquelle il l'exhorte à re
connoître le terme de Mere de Dieu , où il lui
jetent marque , que quoi qu'il ſoit perſuadé que fa dó
halali. ctrine eſt orthodoxe, le refus opiniâtre qu'il fait
roire d'avouer que la Vicrge eſt Mere d'un Dieu , pour
OU
roit le faire ſoupçonner d'être dans l'erreur . On ne
ples peut pas même douter que cet Evêque n'ait enfin
l'in reconnu que Neftorius étoit dans l'erreur &
que ſon obſtination étoit puniſlable , puiſqu'il
0. ! l'abandonna, & ne voulut plus le ſouffrir dans ſon
DC Dioceſe. Theodoret la défendu plus long- temps ;
x mais il a été enfius.obligé de le condamner , com
me nous remarquerons dansla ſuite. Quel moyen
! de le défendre , aprés que les plus intimes amis
l'ont reconnu coupable ?
c Les Fragmens des OEuvres de Neſtorius con
Tone IV .
154 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Nifto firment le jugement que les Anciens ont porté de
rius. ſon ſtyle & de ſon caractere d’e prit. Il paroît
par ce qui nous en reſte , qu'il parloit avec facilité
& avec netteté , mais que c'eſtoit un petit genie ,
qui avoit peu d'élevation & peu de noblefle d'e
ſprit. Tout l'ornement de ſes Sermons conſiſte en
des deſcriptions , des metaphores & des apoſtro
phes ; ils font ſecs & décharnez. Du reſte , ils ſont
d'aſſez bon ſens, & les penſéesen paroiſſent aſſez
juſtes, à fon erreur prés. Il avoit peu d'érudition ,
peu de ſcience , mais il faifoit aſſez valoir ce qu'il
Içavoit.
JEAN D'ANTIOCHE ,
ACACE DE BERE'E ,
ET PAUL D'EMES E.
HEODOTE Evêque d'Antioche étant mort
Fean
d'Artio
THE
en 427. eur pour ſucceſſeur un nomméJean ,
qui n'a été connu que depuis ſon Ordination , à
che, Aca- loccafion de la conteſtation qu'il eut avec les
ce de B :
rée , Orientaux contre Saint Cyrille d'Alexandrie. Il
Paul d'E. fut appellé au Concile d'Epheſe , où il ne ſe ren
dit pas au jour marqué ; & ayant trouvé que S.
mele. Cyrille avoit tenu un Concile ſans lui , il allem
bla un autre Concile des Evêques de fon parti ,
condanna S. Cyrille , & excommunia les Evê
ques qui avoient avec lui condamné Neftorius ;
entreprit la défenſe de celui- ci , & perſiſta juf
DES Auteurs ECCLESIASTIQUES. 155
qu'à la fin du Concile dans cette reſolution ; de fean
forte que l'Orient & l’Egypte furent quelque d' Antin
temps en diviſion. Mais enfin la paix ſe fit , & che, Aca
les Orientaux abandonnerent Neftorius , & firent ce de Be
profeſion de la Foi orthodoxe , ſans vouloirnean- rée , ein
moins approuver les Anathematiſmes de S. Cy- Pauld’E
rille. Tout cela donna occaſion à Jean d'Antioche meſe.
d'écrire pluſieurs lettres. Nous en avons quelques
unes en Grec & en Latin dans les Actes du Con
cile d'Epheſe, & pluſieurs autres Latines , parmi
le Recueil de pieces donné par le Pere Lupus. Il y
a auſi une de ſes Homelies dans les Actes du
Concile d'Epheſe , P. 375 .
Acace de Berée écoit auſſi un des principaux
défenſeurs du parti des Orientaux. Il étoit plus
âgé a que Jean d'Antioche , & eut beaucoup de
part à tout ce qui ſe paſia dans cette affaire ; زmais
il aima toûjours la paix. Pendant le Concile d'E
pheſe il demeura à Conſtantinople , où il ne nuiſit
pas aux Evêques d'Orient. Ce fut lui qui conſeilla
à l'Empereur de confirmer la dépoſition de S. Cy
rille & celle de Neſtorius. Aprés le Concile ,
t pendant les plus grandes brouilleries, S. Cyrille
1
n'oſa rompre avec lui. Ce fur à lui qu'on s'adreſſa
pour faire la paix. Il en fit les propoſitions , &
SS
Ia fit enfin conclure. Nous avons une lettre de lui
à S. Cyrilledans les Actes du Concile d'Ephele
tome 3.des Conciles p . 382. & deux lettres à l'E
vêque Alexandre dans le Recueil du Pere Lupus
P. 109. & 188.
-
a Il eſtoit plus âgé. ] 11 , dans le Monaſtere d'un vil
avoit eſté diſciple du fameux lage prés d'Antioche. Il fue
Anacorete Aſterius', & avoit ordonné Evêque en 378. &
fait affez long-temps profer- mouruten 436 .
fion de la vie monaſtique
i$6 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Paul Evêque d'Emeſe', qui avoit tenu la place
d'Acace dans le Concile d'Epheſe , étoit encore
7
fort porté à la paix ; ce fut lui qui la conclut avec
S. Cyrille , qui dreſli la Formule de Foi ,, qui de :
/ voir être approuvéc de part & d'autre , & qui fit
deux Homelies ſur la paix. On a ces monumens
dans les Actes du Concile d'Epheſe tome 3. des
Conc.p.1089 . & 1096. & une lettre de lui à Ana
tole dans la Collection de Lupus p. 228 .
ofoofe obofobeloof ofcofife of costofrolo
EVÊQUES DU PARTI
DE NESTORIUS.
Evéques L autres Evêques plus attachez
di parti
de Ne
I.au уparti &quelques
à la doctrinc de Neftorius , que ecux
dont nous venons de parler , qui ne voulurentpoint
fiorius. de paix , & avec quiles Egypriens n'en voulurent
pas avoir. Comme nous avons quelques-unes de
leurs lectres , nous en ferons ici nicntion .
Melece de Mopſueſte ſuccefleur de Theodore
qui fut dépoſé dans le Concile d'Ephefe , & en
voyé en exil, dont on a onze lettres dans le Re
cueil du Pere Lupus : Dorothée de Martiano
ple dépoſé dans le même Concile , & chaflé du
Concile de Conſtantinople , dont il y a quatre ler
tres dans le même Rccueil : Alexandre d'Hicraple,
Auteur de vingt-quatre lettres , qui ſe trouvent
dans le même Recueil : Zenobius Evêque de Ze H
18
1 EUTHERIUS DE TYANE.
0
fefefefefefefefefefefefe
oefoefoof ofoefoefoefoefoefoefoefo ofoefoefe
solo forogo ofialoogoogoogoof
THEODOTE D'ANCYRE.
EVÊQUES CATHOLIQUES
DU PARTI DE S. CYRILLE .
號 號 號 號 號 器
9999999999999999
PROCL E.
P Rocleau rang
mis
étoit encore fort jeune , quand il fut Procle.
des Lecteurs de l'Egliſe de Con
ſtantinople. Les fonctions Eccleſiaſtiques ne l’em
pêcherent pas de faire ſes études , & de s'appli
quer particulierement à la Rhetorique. Il fut en
ſuite Secretaire d'Atticus Evêque de Conitantino
ple , de quiil reçûr les Ordres du Diaconat &
de la Prêtriſe. Aprés fa mort quelques -uns jet
terent les yeux ſur lui pour le faire Evêque de
170 NOUVELLE BIBLIOTHÈQUE
Procle. Conſtantinople : mais les ſuffrages du peuple furent
pour Siſinnius,qui ordonna Procle Evêque de Cy
zique. Les habitans de cette ville ne l'ayane
point voulu recevoir , parce qu'apparemment ils
ne vouloient pas reconnoître la juriſdiction de
l'Evêque de Conſtantinople , il fut obligé de
fe retirer à Conſtantinople , où il acquit beaucoup
de reputationpar ſes predications. Aprés la mort
de Silinnius il eut encore des ſuffrages pour ſoi .
Mais pour faire ceſſer les brigues qui étoient
entre les Eccleſiaſtiques de l'Egliſe de Conſtan
tinople, on ſe reſolut de choiſir Neftorius Prêtre
d'Antioche. Aprés fa depoſition Procle fut pro
poſé une troiſième fois pour être Evêque de Con
ftantinople , & il eût été élû , fi des perſonnes qui
avoient beaucoup de credit , n'euſſent repreſenté
que cela étoit contraire aux Canons qui défen
doient les tranſlations des Evêques, il fut done
encore rejetté cette fois, & Maximien élû . Mais
enfin il parvint à cette dignité , à laquelle on
l'avoir deſtiné tant de fois , & fur ordonné Evê
que de Conſtantinople aprés la mort de Maxi
mien l'an 433. Il jouït paiſiblement de ce Siege
juſqu'à la mort arrivée en 446.
Les Sermons de cét Auteur ont été donnez
par Vincent Richard , imprimez à Rome en
Grec & en Latin en 1630. & inſerez par le Pere
Combefis dans le premier tome d’Addition à la
Bibliotheque des Peres.
Il y en a vingt. Le 1. le s . le 6. ſont ſur la
Vierge Marie. Il y releve preſque uniquement la
qualité de Mere de Dieu. Le 2. & le 3. ſur l'In
carnation. Le 4. ſur la NativitédeJesus-CHRIST:
celui-ci a bien du rapport avec la ſeconde Oraiſon
DES AuteurS ECCLESIASTIQUES. 171
de Theodore d’Ancyre. Le 7. ſur la Theophanie Procle.
ou ſur leBaptêmede Jesus-CHRIST, qui eſt dans
les Actes du Concile d'Epheſe. Le 8. ſur la Trans
figuration de Nôtre Seigneur. Le 9. ſur la Fête
des Rameaux. Le 10. ſur le Jeudi Saint , & con
tre l'avarice. Le 11. ſur la Paſſion. Le 12. ſur la
Reſurrection . Les 13. 14. & 15. ſur la Fête de Pâ
que. Le 16. ſur la Pentecôte . Le 17. ſur Saint
Eſtienne premier Martyr. Le 18. eſt un Panegy
rique de Saint Paul. Le 19. eſt celui de Saint An
dre. Le dernier eſt un Fragment Latin d'un Ser
mon à la louange de Saint Chryfoftome.
Ces Sermonsſont écrits d’un ſtyle coupé & ſen
tencieux, pleins d'antitheſes, d'interrogations,d'ex
clamations & de pointes : les penſées ſont étudiécs
& ſubtiles, mais elles ſont peu utiles & peu inſtru
1 ctives. Il dir la même choſe de cent manieres diffe
rentes , & lui donne une infinité de differens tours .
Cette maniere de compoſer demande beaucoup de
peine & d'application , & elle fait connoître le feu
& la vivacité de celui qui parle. Mais elle eſt de
peu d'utilité aux auditeurs, elle les divertit & les
charme quelquefois, pendant qu'ils entendent ce
diſcours étudié , mais ordinairement ils n'en for
77
tent ni plus inſtruits, ni plus touchez ; & à peine
ſont-ils ſortis , qu'ils oublient tout ce qu'on leur
a dit. Car ces tours agreables qui ne plaiſent que
par leur grande delicateſſe, ne font aucune im
preſſion ſur l'eſprit ni fur le cæur , & ne laiſſent
le plus ſouvent qu'un ſouvenir general , qu’on a
été charméde ce qu'on vientd'entendre, fans qu'on
ſçache pourquoi. Voilà le caractere des Sermons
de Procle, qui a réüſli parfaitement en ce gen
14. Il a montré par là ce qu'il eût pû faire , s'il
172 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Procle. eût fait choix d'un meilleur ſtyle , ou qu'il eût
eu le bonheur de vivre en un temps où l'on avoit
meilleur goût.
ha เป็น บ้าง
CAPREOLUS
APREOLUS ſucceſſeur d'Aurele dans le Sie,
Capreo- Chede Carthage , envoya en 431.desDépu
tez au Concile d'Epheſe , avec une lettre qui eſt
rapportée dans les Actes de ce Concile . Nous
avons auſli un petit Traité , qu'il a écrit pour
répondre à Vital & Conſtance Chrétiens d'Eſpa
gne , qui l'avoient conſulté
que Dieu eſt né d'un
, ſi l'on pouvoit dire
vierge . Il établit cette
e у
verité, en montrant qu'il n'y a qu'une perſonne
en Jesu s -CHRIST , & refute ceux qui étoient
dans d'autres ſentimens. Il parle dans ce Traité
de la condamnation de Neſtorius & de ſon here
ſie dans le Concile d'Epheſe, où il dit qu'il avoit
cnvoyé ſes Députez . Il ett fort remarquable , que
deux Eſpagnols s'adreſſent à Capreolus pour lui
demander ce qu'ils doivent croire ſur un point
auſſi important que celui-là : ils le font même en
termnes tres -follmis. Que ne diroient point les
Theologiens de la Cour de Rome , ſi cette conſul
tation étoit adreſſée à l'Evêque de Rome ? Quel
les conſequences ne tireroient -ils point d'une ſem
blable conſultation en faveur des pretentions de
la Cour de Rome ? Ce Traité a été donné par le
Pere Sirmond , & imprimé chez Cramoiſy en
1630.
Des Auteurs ECCLESIASTIQUES. 173
TOR
STRUTTURUT
APARTADOS
ANTONINUS
HONORATUS ,
0.8
EVÊQUE DE CONSTANTINE
en Afrique.
Ous avons une Lettre de cét Evêque adreſ- Antoni
Ne
ſée à un nommé Arcadius , qui avoit été en- nus Hono
voyé en exil pour la Foi par Genſeric Roi des ratus, E
Vándales . Il t'exhorte à ſouffrir patiemment pour vêque de
112 JESUS-CHRIST , & lui propoſe pluſieurs exem- Conſtan
ples de l'Ecriture pour l'encourager à perſeverer tine en A
de ſouffrir conſtamment , afin d'obtenir la cou- frique.
ronne du martyre qui lui eſt affûrée , s'il demeure
SOLO ferme dans la Foi. Cette Lettre eft courte & plei
nes de penſées & d'expreſſions vives & preſſantes.
Sur la fin il donne des comparaiſons pour expli
DIE quer le Myſtere de la Trinité. On la trouve
dans les Bibliotheques des Peres. Elle a été écrite
yers l'an 435 .
los
.
de
uke
jca
174 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
VICTOR D'ANTIOCHE:
Victor E Victor Prêtre d'Antioche a fait un Com
d'Anio-
che.
Cmentaire surl'Evangile de SaintMarc, qui
a été traduit en Latin , & donné au public par
Peltanus . On croit que cet Auteur vivoit au com
mencement du cinquiéme ſiecle , ou vers la fin
du quatriéme : car il dit ſur le chap. 13. de Saint
Marc, qu'on voyoit encorede ſon temps desreſtes
du Temple de Jeruſalem . Il remarque auſſi dans
le même endroit , qu'il y avoit encore des Chré
tiens , qui remettoient à recevoir le Baptême
juſqu'à la fin de leur vie. Dans le chapitre ſui
vant il parle de l'hereſie des Novatiens , comme
d'une Secte ſubſiſtante.
Il remarque dans ſa Preface , que pluſieurs
Auteurs avoient écrit ſur l'Evangile de Saint
Matthieu & de Saint Jean ; qu'il y en avoit fort
peu qui euſſent travaillé ſur Saint Luc, & qu'il
n'en avoit point trouvé qui eût encore écrit ſur
Saint Marc, quoi qu'il eût parcouru exactement
les Catalogues des OEuvres des Anciens . Il ajoû
te que c'eſt ce qui l'a fait reſoudre à recueillir ce
que les Docteurs de l'Egliſe avoient remarqué de
côte & d'autre ſur differens endroits de cér E
vangeliſte, &de compoſer une courte explication
de cét Evangile. Il dit enſuite, que Saint Marc
portoit encore le nom de Jean , & que fa mere
DES AUTÉURS ECCLESIASTIQUES. 175
eft cette Marie chez qui les Diſciples demeu- Victor
roient à Jeruſalem , dont il eſt parlé dans les dº Antio
Actes : que c'eſt auſſi lui qui étoit à la ſuite che,
de Saint Barnabé , & qui enſuite s'attacha à
Saint Pierre ; qu'il écrivit enfin ſon Evangile à
Rome à la priere des Fideles de cette ville. Saint
Matthieu avoit déja écrit le ſien,
Voilà ce que cet Auteur remarque de Saint
Marc dans la Preface de fon Commentaire.
Dans ſon Commentaire il s'attache à l'expli
cation de la lettre & de l'hiſtoire , qu'il éclair
cit par des remarques fort ſolides & fort judi
cieuſes. Ce Commentaire a été imprimé avec
celui de Tite de Boſtres ſur Saint Luc , à In
golſtad en 158o. & dans les Bibliotheques des
Peres ,
SGS
SS S MESTERS
※※※※※※ 燃烧 燃燃 燃燃 燃燒
VICTORIN
DE MARSEILLE.
LAUDIU s Marius Victor , ou Victorin , Rhe. Victorin
teur
hhhhh
Photo details who want to *****
SED ULIUS.
Sedulius. OELIUS Sedulius, Poëte Chrétien , com
ſous l’Empire de Theodoſe .II. & de
Valentinien II l. vers l'an 430. un Poëme he
de
roïque de la vie de Jesus-CHRIST . Il l'a in
titulé OEuvre Paſcal, parce que Jesus-CHRIST
eſt nôtre Pâque. Il eſt diviſé en quatre livres. Le
premier commençant à la creation du monde ,
parcourt les hiſtoires les plus remarquables de
l'ancien Teſtament : les trois autres contiennent
la vie de Jesus-CHRIST . Cét Ouvrage eſt adref
ſé à un Abbé appellé Macedoine. Ila été revû
&
DES Auteur's ECCESÍASTIQUES: 177
& publié par Tyrſius Aſterius. Arator ; Caf- Sedulins
fiodore, Fortunat ; & Gregoire de Tours en font
mention comme d'un excellent Poëme. Il l'a mis
tenſuite lui -même en proſe. Nous avons l'un
& l'autre avec une Hymne acroſtiche , qui con
tient en abregé la vie de JE sUS-CHRIST
Cér Auteur avoit du genie ; le tour de ſon
Poënte eſt noble & grand ; ſes penſées font
poëtiques, & les ver's aſſez paſſables. Il n'eſt
pas neceſſaire d'avertir que ce Sedulius eſt difa
ferent de celui qui a fait un Commentaire ſur
toutes les Epîtres de Saint Paul, qui n'eſt pro
prement qu'un Extrait des Commentaires des au
tres. Commeil cite des Auteurs bien plus recens
que le Poëte Sedulius, & entre autres Saint Gre
goire Pape & le Venerable Bede , il eſt viſible
qu'il a vécu long-temps aprés. C'eſt celui-ci qui
étoit Anglois , & contemporain de Bede:
Le Poëme de Sedulius a été imprimé par
Alde Manuce en iso2, à Bâle en 1541. & et
1564. & mis dans les Bibliotheques des Peres,
Tome IV M
178 , NouvellE BIBLIOTHIQUE
SSSSSSSSSS
SSSSSS SSSSSSSSS
ASS 3333 RS354335 333333
999999
PHILIPPE DE SYDE:
Oici ce que Socrate nous apprend de cét
Phil ippe
de Syde. V.Auteur , & le jugement qu'il en porte.
Philippe de Syde ville de Pamphylie ſe vantoit
d'être parent du Sophifte Troïle natif de la mê
me ville. Erant encore Diacre , il frequenta
Saint Chryſoſtome , & enſuite il fut ordonné Prê
tre de Conſtantinople. Il s'appliqua beaucoup à
l'étude des belles lettres , & fit un grand amas
de toutes ſortes de livres. Il a compoté plufieurs
Ouvrages d'un ſtyle Aſiatique : car il a refuté les
livres de Julien, & compoſé une Hiſtoire du
Chriſtianiſme , diviſée en trente livres. Chaque
livre eft feparé en pluſieurs ſections,de ſorte qu'il
y en a en tout prés de mille. L'argument de cha
que ſection eſt auſi grand que la ſection même.
Il a donné à ce livre le nom d'Hiſtoire Chrétien
ne , & non pas celui d'Hiſtoire Ecclefiaftique , &
il a recueilli" dans cet ouvrage pluſieurs recher
ches curieuſes & ſçavantes , pour paroître un
grand Philoſophe. " Il parle ſouvent des Theore
mes de Geometrie , d'Aſtronomie , d'Arithmeti
que ou de Muſique. Il s'arrête à faire des deſcri
ptions des Illes, des montagnes & des arbres , &
à pluſieurs autreschoſes de peu d'importance. C'eſt
ce qui a rendu ſon Ouvrage extrémement gros ,
& à ce qui me ſemble , également inutile aux igno,
Des Auteurs ECCLESIASTIQUES. 179
rans & aux ſçavans. Car les ignorans n'apper- Philippe
çoivent point les ornemens de ce diſcours ,& les de Syde.
fçavans condamnent les redires inutiles. Chacun
VaR
RAM
neanmoins portera tel jugement qu'il voudra de
cét Ouvrage. Tout ce que j'en dirai , c'eſt qu'il
renverſe l'ordre des temps : car aprés avoir rap
DI porté ce qui s'eſt paſſé du temps de Theodole ,
il remonte au temps de Saint Athanaſe , & il ren
ko verſe ainſi tres -ſouvent l'ordre naturel des cho
fes.
Comme il avoit eſperé pouvoir être ordonné
Evêque de Conſtantinople en la place d'Atticus ,
il s'étoit déchttué dans fon Hiſtoire contre l'Or
Po dination de Siſinnius, qui lui avoit été préferé ,
& avoit rapporté des choſes tres - choquantes
-
contre ceux qui l'avoient choiſi & ordonné.
Photius qui avoit lû une partie de cér Ouvra
el ge de Philippe de Syde , en dit à peu prés les
ed mêmes choſes , & en porte le même jugement
1
au code 35. de ſa Bibliotheque. J'ai lû , dit-il,
07 l'Ouvragede Philippe de Syde , qu'il a intitulé “
Hiſtoire Chrétienne , qui commence par la crea
tion dumonde', & qui continuë l'Hiſtoire de Moy.
ſe. Tantôt il traite les choſes en abregé, & quelque
fois d'une maniere plus étenduë,mais toûjours avec "
beaucoup de verbiage. Le premier livre contient "
vingt-quatre fe& ions , & les vingt-trois autres
un nombre pareil. C'eſt tout ce que nous en avons
vû . Il eſt un grand parleur , 'mais il n'a ni agré
ment , ni politeſſe ; au contraire il eſt languillant,
& on s'ennuie facilement en le liſant. On y trou-
ve plus d'oſtentation d'erudition , que d'utilité .
101 Il a fait entrer dans fon Hiſtoire pluſieurs choſes
qui n'y viennent nullement : de forte qu'à voit «
M ij
180 Nou VELLE BIBLIOTHEQUË
Philippes cét Ouvrage , on ne diroit jamais que c'eſt une
de Syde.» Hiſtoire , mais un Traité ſur pluſieurs matieres
» tant il fait de digreflions inutiles. Il a été con
9
temporain de Sifinnius & de Procle Evêques de
Conſtantinople. Il parle ſouvent dans ſon Hi
(toire contre le premier , chagrin de ce qu'étant
» avec lui dans la même dignité & dans la même
Egliſe, on lui avoit préfere Siſinnius pour le Pa
» triarcat , quoi- qu'il crût être plus éloquent que lui.
Le jugement que ces Auteurs portent de cet Ou
vrage, ne nous en doit pas faire beaucoup regret
ter la perte .
PHILOSTORGE.
HILOSTOR GE né
Philofor-
ge. 388. fils de Carterius , & d'Eulampia , entre
prit de compoſer une Hiſtoire Eccleſiaſtique. Mais
comme il avoit été élevé dans l'Arianiſme, &
qu'il étoit engagé dans le parti des Eunomiens
fon Ouvrage elt plûtôt un Panegyrique de ces
Heretiques , qu’une Hiſtoire. Il s'y declare ou
vertement contre les Catholiques , il les calom
nie , les blâine & les déchire par tout ; il louë
au contraire par une aveugle prévention tous ceux
qu'il trouve engagez dans le parti des Ariens.
Àërius eſt ſelon lui le plus grandhomme qui aic
jamais été, lui & Eunomius ſont les reſtaurateurs
de la Foi. Euſebe de Nicomedie , Theophile E
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 781
vêque des Indes; & pluſieurs autres Evêques Ariens Philoftora
font des Saints , qui ont fait des miracles. Les ge.
demi-Ariens n'y ſont gueres mieux traitez que les
Catholiques. On y blâme les ménagemens d’Eu
doxe , & on y fait paſſer Acace pour un four
be fort adroit. Saint Gregoire de Nazianze eſt
le ſeul des Catholiques , ſur lequel il ne trouve
point à mordre. Il ne peut pas même s'empêcher
de louër l'eloquence de Saint Bafile. Au reſte,
il eſt plein de fauſſerez , de menſonges & de ca
lomnies contre les Evêques Catholiques ; & il a
NONNUS
Nonnus. CONNUS Poëte Chrétien de la ville de
NIPanople en Egypte eſt mis au rang des Au
teurs qui ont vécu dans le cinquième fiecle. On
n'en açait pas neanmoins bien preciſément le
temps. Tout ce qu'on en peut dire , c'eſt qu'il a
vécu depuis Saint Gregoire de Nazianze, & qu'il
eſt plusancien quel'Empire de Juſtinien , puiſqu'
Agathias qui vivoit du temps de cét Empereur le
cire dans ſon quatrième livre de la guerre des
Goths. Son ſtyle & ſes manieres s'accordent for
avec celles des Auteurs du cinquiéme ſiecle. Il a
fait une Paraphraſe en vers de l'Evangile de Saint
Jean , qui eſt d'un ſtyle dithyrambique & am
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 183
poullé. Alde Manuce a le premier donné le texte Nonnus. "
Grec au public au commencement du ſiecle paſlė.
On en a depuis fait des verſions qui ont été impri
mées avec le texte à Lyon en 1590. à Franc. en 1541 .
& à Heildeberg en 1596. Heinſius ayant travaillé
ſur cét. Ouvrage en fit une nouvelle edition im
primée à Amſterdam en 1627. il y en a auſſi une
edition de Paris chez Cramoiſy en 1623. On le
trouve dans la Bibliotheque des Peres de 1624.
Cét Auteur ä encore fait un autre Poëme du
même ſtyle , mais ſur un ſujet bien different. Il
eſt compoſé de quarante- huit livres appellez Dio
nyſiaques, contenant les expeditions fabuleuſes de
Bacchus,
SOCRATE
OCRATE naquit à Conſtantinople au com-Socrate.
mencement de l'Empire de Theodoſe. Il étu
dia la Graminaire fous deux fameux Grammai
riens , Helladius & Ammonius, qui s'étoient re
tirez d'Alexandrie à Conſtantinople. Aprés avoir
achevé ſes études , & fait pendantquelque temps
la profeſſion d'Avocat,il entreprit d'écrire l'Hiſtoi
re Eccleſiaſtique.Son Hiſtoire commence à l'an 309.
où finit celled'Euſebe , & elle continuë juſqu'à l'an
440. Il y rapporte en fept livres les grandsévene
mensarrivez dans l'Egliſe depuis la converſion de
Conſtantin . Cette Hiſtoire eſt écrire , comme re
marque M. de Valois , avec beaucoup de juge
ment & d'exactitude. Son exactitude paroît
qu'il a eu ſoin de conſulter les monumens ori
M iiij
1
184 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Sacrate, ginaux , les Actes des Conciles , les lettres des
Evêques , les témoignages des Auteurs contem ,
porains , dont il a fait entrer aſſez ſouvent des
extraits dans ſon Hiſtoire. Il a encore ſoin de
marquer exactement la ſucceſſion des Evêques ,
& les années dans leſquelles, chaque choſe s'eſt
paſſée , & les deſigne par les Conſuls & par les
Olympiades. Son jugement paroît dans les refle.
xions & dans les remarques qu'il fait de temps
en temps , qui font fort juſtes & fort deſinteref
ſées. On peut voir dans le chapitre 22. du s. li,
vre un exemple des recherchesqu'il avoit faites
touchant la diſcipline Eccleſiaſtique. Il y
traite de la diſpute ſur le jour de la celebra
tion de la Fête dePâque , qui a tant cauſé de
troubles dans l'Egliſe,& remarque tres-judicieu
fement qu'il n'y avoit point de ſujet de diſpus
ter avec tant de chaleurſur une choſe d'aufli peut
de conſequence. Qu'il n'étoit point neceſſaire de
fuivre en cela les Juifs . Que lęs. Apôtres n'a
voient point fait une regle generale pour les jours
de Fête, mais qu'ils s'étoient introduits,dans l'E
gliſe par l'uſage. Qu'ils n avoient point de loi fur
le temps, de la celebration de la Pâque , & quc
ce n'étoit qu'hiſtoriquement que l'on avoit rap
porré dans l'Evangile que Jesus-Christ avoit
été crucifié dans les jours des Azymes. Que les A
pôtres ne s'étoient point mis enpeine de faire des
regles ſur les jours de Fête , mais que leur unique
but avoit été d'enſeigner la Foi & la vertu. Que
les Apôtres n'ayant rien établi ſur le jour de la
celebration de la Fête de Pâque , il ne faloit pas
s'étonner fi dés les commencemens les Egliſesnę
s'étoient toutes accordées ſur cela. Aprés avoix
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 185
conduit cette querelle depuis Victor juſqu'au Socrate,
Concile de Nicée , il ajoûte quelques particula
ritez ſur les differens rites des Egliſes. Il trouve
de grandes differences ſur le jeûne du Carême,
Les Romains , dit-il , ſe contentent de jeûner
pendant trois ſemaines, à l'exception du Diman
che & du Samedi. Ceux qui ſont dans l'Illyrie 86
dans l'Achaïe , auſſi bien que les Egyptiens, jeû.
pent ſept ſemaines avant Pâque , & ont donné
le nom de Carême à cet eſpace de temps. Les
autres commençant fept ſemaines auparavant, nç
jeûnent que troisſemainesde cinq jourschacune,
laiſſant des ſemaines entre deux , dans leſquelles
ils ne jeûnent point , & ne laiflent pas de don
ner nom dedifferent
auſſi leſeulement à leur
Carême ſur jeûne. On
le nombre des
n'eſt pas
jours du jeûne , on l'eſt auſſi ſur l'abſtinence. Car
uns ne mangent rien de ce qui a eu vie , les
autres ne mangent que des poiſſons, d'autres y
joignent les oiſeaux quiont été formez des eaux,
comme il eſt dit dans la Geneſe. Quelques-uns
s'abſtiennent des fruits des arbres &des @ufs.
Ily en a qui ne mangent que du pain ; quelques-uns
4 même s'en abſtiennent. Enfin il y en a qui atten
dent à mangeraprés None , mais qui ne font point
de difficulté de manger de toute forte de viande. Il
y a uneinfinité de ſemblables pratiques differen
3 tes en differentes Egliſes, dont chacun tâche de
rendre raiſon . Il n'y a pas moins de difference
fur les jours des Allemblées folennelles des Fi
deles. Toutes les Egliſes , à l'exception de celles
$ de Rome & d'Alexandrie , celebrent les ſaints
Myſteres le Samedi. Les Egyptiens & ceux de la
Tliebaïdę font bien des Allemblées en ce jour-là,
186 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Socrate. mais ils ne reçoivent point les ſaints Myſteres
comme les autres : car aprés avoir fait un repas,
ils communient ſur le ſoir. A Alexandrie on s'al
ſemble le Mercredi & le Samedi pour entendre
lire l'Ecriture Sainte , & pour y faire l'Office ,
mais on ne celebre point les Myſteres. Dans
cette même Egliſe d'Alexandrie on prend indif
feremment des Catecumenes ou des Fideles pour
faire la fonction de Chantres ou de Lecteurs. En
Thellalie ſi un Clerc marié couche avec la
femine, quand il eſt une fois reçû dans le Cler
gé , on le dégrade. En Orient les Clercs , & mê.
me les Evêques, gardent bien le celibat , mais
c'eft volontairement , & ſans y être obligez par
aucune loi ; & il y en a plufieurs qui ont eu des
enfans de leurs femmes étant Evêques . On dit
qu'Heliodore Evêque deeuxTrice, qui étant jeune
a fait des livres amour , eſt auteur de cette
coûtume, qui a licu non ſeulement en Theffalie
mais aufli en Macedoine & en Achaie . En Thef
falic on ne baptize que le jour de Pâque. A
Antioche la ſituation de l'Egliſe eſt renverſée ,
l'autel n'étant pas tourné vers l'Orient , mais vers
1 Occident. En Theſſalie & à Jeruſalem aufli
tôt aprés que les lampes ſont allumées, on ſe met
en prieres. A Ceſarée en Cappadoce & dans l'ifle
de Chypre les Evêques & les Prêtres interpretent
en ce temps-là l'Ecritute Sainte. Enfin , l'on trou
ve difficilementdeux Egliſes qui s'accordent tout
à -fait dans leurs ceremonies. Les Prêtres ne prê
chent point à Alexandrie. Cela a conimencé au
temps d’Arius , qui troubla l'Egliſe par ſes pre
dications. On jeûne tous les Samedis à Rome.
La cauſe de ces differences & de pluſieurs autres
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 187
vient des coûtumes établies de temps en temps Socrate."
par les Evêques , qui ayant été reçúës & auto
riſées par leurs ſucceſſeurs , ont palle en force de
loi .
Il ſe peut faire que Socrate ſe ſoit trompé ſur
quelques -uns de ces articles , & qu'il ait pris
l'abus de quelques particuliers pour la pratique
de toute une Eglife : mais cela marque qu'ilétoit
curieux , & qu'il avoit fait des obſervations & des
recherches allez exactes ſur la diſcipline de l'E
gliſe. Il avoit d'abord compoſé les deux premiers
livres de fon Hiſtoire fur la foi de Rufin : mais ayant
depuis reconnu par la lecture des Ouvrages de S.
Athanaſe, que cet Hiſtorien avoit omis les princi
pales circonſtances de la perſecution que ce gene
reux défenſeur de la divinité du Verbe avoit louf
ferte, il a refait ces deux premiers livres . Pour
les cinq autres , il les a compoſez tant ſur la foi
de Rufin & de quelques autres Auteurs , que ſur
les monumens Eccleſiaſtiques, & ſur le rapport
de ceux qui avoient été témoins des choſes , ou
ſur ce qu'il avoit vû lui-même. Cela ne l'a pas
empêché de tomber quelquefois dans des fautes
aſſez conſiderables , comme quand il confond Ma
ximien avec Maximin ; quand il aſſure qu'il y eut
cinq Evêques condamnez dans le Concile de Ni
cée pour avoir refuſé d'approuver la Formule de
Foi , quoi-que par la lettre du Concile.il paroille
clairement qu'il n'y en eut que deux , qui furent
Theonas & Second ; quand il attribuë les trois
Formules de Sirmich à un mêine Concile , quoi
qu'elles ſoient de trois Conciles differens ; & fait
quelques autres fautes de moindre conſequence.
Il eſt certain qu'il a fort parlé à l'avantage des
188 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Socrate. Novatiens , & qu'il avoit de l'inclination pour
cette ſecte. Car il a ſoin de faire le Catalogue
de leurs Evêques, il les louë , rapporte ce qu'ils
ont dit , ce qu'ils ont fait , & témoigne avoir une
eſtime toute particuliere pour eux. Selon lui No
vatien eſt un Martyr. Les Novatiens font de fort
honnêtes gens., qui n'ont rien changé dans la Foi ,
leurs pratiques & leurs uſages nę Iont pas à mé
priſer ; & la plupart ne les rejettent que parce qu'a
ils aiment le relâchement. Tout cela a fait croire que
Socrate étoit Novatien. Cependant il nous don
ne toûjours le nom d'Egliſe & de Catholiques ;
il met même les Novatiens entre les ſectes ſepa
rées de l'Egliſe , l. 6. c. 20. & 23. Ce qui fait
voir qu'il n'étoit pas entierement Novatien, quoi
qu'il eût fort bonne opinion de leur ſecte , &
qu'il necrûtpeur - être pas leur ſalur deſeſperé ,
perſuadé qu'il étoit qu'ils avoient conſervé l'an
cienne diſcipline , & que la difference qui étoit
entre eux & les Catholiques, ne touchoit point
la Foi .
Le ſtyle de Socrate eſt ſimple & facile. Il n'a
aucun trait d'Orateur, & ſe tient dans les bornes
d'une ſimple narration , qui n'eſt pas ornée des
agrémens ordinaires aux Hiſtoriens, mais qui n'a
rien d'obſcur ni d'embaraſle. Il fait de longs Ex
i
traits pour prouver les faits qu'll avance. Les mê.
mes Auteurs qui ont traduit l'Hiſtoire d'Euſebe ,
ont auſſi traduit celles de Socrate & de Sozome
ne : c'eſt pourquoi il ſeroit inutile de reperer ici
ce que nous avons dit de leurs verſions &de leurs
çditions,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 189
號 號 號 號 號 號 號 號 號 號號 號 號 號 號 號 號
沙 中 中 中 中 中 中 中 中 中 中 中 中中 中中 中中 中 中 中 中中 中 中 中 中
Skakasaki
GS 3363
SOZOMENE.
ERMIAS Sozomone vivoir en mêmetemps Sozome
H que Socrate , étoit de la même profeſſion , ne,
& a entrepris un Ouvrage tout ſemblable. Il étoit
de bonne famille, originaire d'une ville de Paleſti
ne , appellée Gaze ou Bethelie. Son grand -pere
ayant été converti par un miracle' d'Hilarion ,
s'appliqua à l'étude de l'Ecriture Sainte , & con
verfa beaucoup avec les Religieux de ſon pays.
Sozomene fut élevé parmi eux , & conçût une
eftime toute particuliere pour cét état. Il la fait
aſſez connoître dans ſon Hiſtoire , où il donne
un magnifique éloge à la vie monaſtique , & s'é .
tend fort ſur les actions & la maniere de vivre
de pluſicurs Solitaires. C'eſtpreſque tout ce qu'il
a ajoûté de confiderable à l'Hiſtoire de Socrate :
car il commence & finit au même temps. Je dis que
c'eſtce qu'il a ajoûté , parce que je luis perſuadé
qu'il a écrit aprés Socrate. Car outre qu'il étoit
encore Avocat , quand il compoſoit fon Hiſtoire ,
& par conſequent plus jeune que Socrate, qui
avoit quitté la profeſſion , il me paroît aſſez vi
ſible qu'il ſuit le recit de Socrate , auquel il ajoû
te ou change quelque choſe de temps en temps ;
auſſi le met -on ordinairement aprés Socrate. Ces
additions ont rendu ſon Hiſtoire plus groſſe , &
l'ont obligé d'en faire neuf livres.
Son ſtyle eſt plus fleuri & plus élegant que ce
19 с Nouvelle BIBLIOTHEQUE
Sozome lui de Socrate ; mais l’Auteur n'eſt pas ſijudicieux.
ne . Il a fait entrer dans la narration des choſes qui
n'y conviennent point. Il a fait preſque toutes les
mêmes fautes que Socrate , & eft même tombé
dans de plus groſſieres , comme quand il dit que
le Pape Jule ne pouvant ſe trouver au Concile
de Nicée à cauſe de ſon grand âge , y envoya
Viton & Vincent , quoi qu'il ſoit certain que ce
Concile s'eſt tenu ſous le Pape Sylveſtre. II
confond l'Ordination de Gregoire pour l'Egli
ſe d'Alexandrie , avec l'intruſion de George.
il n'a pas fait avec beaucoup de ſoin le Cata
logue des Evêques des grands Sieges . Il met
Romain au rang de ceux d'Antioche , quoi qu'il
n'eût été que Diacre. Il fait le Pontificat de Jule
devingt-cinq ans , quoi qu'il n'en ait duré que
quinze, & met ſa'mort aprés celle de Gallus,
quoi-qu'elle l'ait précedée de deux ans. Je paſſe
fous ſilence quantité d'autres fautes de cét Auteur,
Son Hiſtoire eſt dediée à Theodoſe le jeune.
THEODORE T.
Theodor
ret . HEODOR E t naquit à Antioche l'an 386 .
THE
Sa naiſſance fut précedéc & ſuivie de plu
fieurs miracles , qu'if rapporte lui-même dans
l'Hiſtoire
ſa mere futdes Religieux. incurable qu'elleavoit
guerie d'un malCarfinous l'en croyons,
à un ail , par un Solitaire appellé Pierre. Ce fut
aux prieres d'un autre Religieux appellé Mace
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES 191
TELE donius , que Dieu lui accorda de concevoir un Theodor
fils , & de le mettre au monde ; & ce fur par les ret .
pricres du premier de ces deux ſaints Religieux ,
MY qu'elle fur preſervée de la mort aprés ſon enfan
tement, Son mari & fon fils ſentirent auſſi les ef
- fets des merites de ce faint Religieux , ayant plu
VO . ſieurs fois été gueris de leurs maladies par l'attou
chement de la ceinture.
Aprés tant de graces que Dieu avoit faites à
çét enfant , qui doute que ſesparens ne duflent
le conſacrer à celui qui le leur avoit donné a ? Sa
mere s'y étoit engagée,quand ce ſaint Solitaire lui
promit un fils , & c'eſt ce qu'elle executa en le
L! mettant dés l'âge de ſept ans dans le Monaſtere
de Saint Euprepe, où il apprit les ſciences , la
Religion & la pieté. Il y eut pour Maître Theo
dore de Mopſueſte & Saint Jean Chryſoſtome,
& pour compagnons Jean , depuis Evêque d'An
cioche , & Neſtorius, qui fut enſuite élevé ſur le
Siege de Conſtantinople. Les Evêques d’Antio
cheayant connu la ſcience & la vertu , l'éleve
rent aux Ordres factez. Il ne changea pour cela
C
198 NouvellI BIBLIOTHEQUE
7theodo- vant leur action toute entiere fur les chefs d'aca
ref. cufation qu'ils auroient à propoſer les uns contre
les autres. Cette affaire fut remiſe ſur le tapis
dans la huitiéme action du Concile, dans laquel
le on porte un Jugement definitif en faveur de
Theodoret . Voici comme la choſe s’y paſla. Quel
ques Evêques ( c'étoit apparemment ceux d'Egypte
qui étoient les accuſateurs de Theodoret ) deman
derent qu'il eût à prononcer anatheme contre
Neſtorius. Thcodoret declara qu'il avoit preſen
té des Requeſtes à l'Empereur & à Saint Leon
dont il demandoit la lecture. Les Evêques répon
dirent qu'il n'étoit pas beſoin de rien relire da
Yantage , qu'il n'avoit qu'à prononcer anacheme
contre Neſtorius. Theodoret repartit, que graces
à Dieu il avoit été nourri & élevé dans la Foi
orthodoxe par des perſonnes tres-Catholiques
qu'il ayoit toûjours enſeigné la Foi orthodoxe ,
qu'il condamnoit Neſtorius , Eutyche , & toute
autre perſonne qui auroit des ſentimens qui ne
{croient pas orthodoxes. Ces Evêques qui n'é
toient pas de ſes amis , ne fe contentant pas de
cette declaration , exigerent de lui , qu'il pronon
çât clairement anatheme contre "Neftorius
contre la doctrinc & contre ſes ſectateurs. Theo
doret répondit, qu'ayant toutes choſes il vouloit
qu'ils fuffent perſuadez qu'ilne fongcoit point à
demeurer dans une grande ville , qu'il ne recher
choit point les honncurs , & qu'il n'étoit point
venu pour cela ; qu'il étoitſimplement venu pour
fepurger de la calomnie dont' on l'avoit noirci ,
& pour juſtifier qu'il étoit Orthodoxe , qu'il ana
thematizoit Neſtorius , Eutyche , & toute autre
perſonne qui croiroit qu'il y a deux Fils de Dicu.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES: 199
Les Evêques l'interrompirent ici ,pour le prefer Theodo
013 de dire anatheme à Neſtorius & à ceux qui ret.
étoient dans ſes ſentimens. Theodoret qui crai
gnoit qu'en condamnant purement & ſimplement
Neſtorius, il n'approuvât les ſentimens des Egy
priens qu'il croyoit être Eutychiens, répondit
qu'il ne diroit point anatheme à Neftorius, qu'il
n'eût fait une expoſition de ce qu'il croyoit. Et
OLE comme il commençoit à dire , Je croi donc , il
fuc interrompu par ſes adverſaires, qui crierent
BUL tumultuairement, il eſt heretique, il eſt Neſtorien,
chaffez l'heretique. Theodoret ſe voyant preſić
pas ces cris tumultuaires , fut obligé de pronon
JUL cer anatheme contre Neſtorius , & contre tous
ceux qui n'avouënt pas que la Vierge Marie cft
Mere de Dieu , ou qui diviſent en deux le feul
Fils unique de Dieu. Il ajoûra qu'il avoit ſigné
DIE
la Formule de Foi & la lettre de Saint Leon , &
qu'il étoit dans les mêmes ſentimens. Alors les
Commiſſaires de l'Empereur prenant la parole ,
declarerent qu'il n'y avoit plus de difficultépource
qui regardoit la perſonne de Theodoret, puif
qu'il avoit anathematizé Neſtorius , qu'il avoit
1 été reçû par Saint Leon, qu'il avoit ſigné la For
mule de Foi du Concile , & la lettre de S. Leon ,
Qu'ainſi le Concile n'avoit qu'à confirmer par
ſon Jugement celui du Pape S. Leon. Aprés cer
te remontrance tousles Evêques crierent: Theodo
ret eft digne deſon Siege ; & aprésquantité d'autres
acclamations de cette nature , les principaux opi
nerent ſeparément , & tous les autres fuivirent
leur avis . De forte que Ies Commiſſaires pronon
cerent que fuivant le Jugement du faiſit Concile,
10
Theodoret demeureroit en poffeffion de l'Egliſe de
N iiij
200 NouyELLE BIBLIOTHEQUE
Theodo- Cyr. y retourna auſſi -tôt aprés le Concile , &
Il
ret . paffa le reſte de fa vie en repos , en travaillant à
les Commentaires ſur l'Ecriture Sainte. Il mou
rut en paix au commencement du
regne de l'Em
pereur Leon en 457. ou 458. a âgé de ſoixante
& dix ou onze ans. Mais ſes ennemis renouvel
lerenț aprés fa mort les accuſations qu'ils avoient
formées contre lui pendant la vie , & malgré le
Jugement du Concile de Calcedoine , ils firent
tous leurs efforts pour ternir la memoire . Les
Chefs de cette entrepriſe en vouloient au Conci
le même,& n'attaquoient la memoire de Theodoret
que pour donner atteinte au Concile. Mais ils en
traînerent inſenſiblement pluſieursperſonnes Ca
tholiques dans leur ſentiment, & föûtenus par le
credit de l'Empereur Juſtinien, ils vinrent à bout
de ce qu'ils avoient entrepris , en faiſant condam
ner ſes Ecrits dans le Concile , que l'on compte
pour le cinquiéme general. Mais malgré le Ju
gement de ce Concile pluſieurs Catholiques ont
toûjours défendu , & défendent encore preſen
tement la perſonne & fes Ecrits : ce n'eſt pas
ici le lieu de traiter amplement cette matiere, dont
nous parlerons dans la ſuite. Il ſuffit d'avoir ici
averti du fort que Theodoret eut aprés fa mort,
peu different de celui qu'il eut pendant ſa vie.
De tous les Peres qui ont compoſé de diffe
rentes ſortes d'Ouvrages, Theodoret eſt un de
a En 458. ou 459. ] 1 qui a commencé à regner
Baronius met la mort en en 457. Quelques - uns re
453. mais il reçût cette an- culent encore la mort de
née - là une lettre de Saint quelques années ; mais il
Leon. Gennade dit , qu'il eſt n'y a pas d'apparence qu'il
mort ſous l'Empereur Leon , I ait vécu fi long -temps.
DES . AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 201
ceux qui a, mieux réüſli en tout genre. Il y en a Theodo
qui ont été habiles Controverſiſtes & mauvais In- ret,
terpretes. D'autres ont été bons Hiſtoriens &
méchans Theologiens. Quelques-uns ont réüſſi
dans la Morale , qui n'ont rien entendu aux Dog
mes. Ceux qui ſe ſont appliquez à combattre la
Religion des Payens par leurs principes & par
leurs Auteurs , ont ordinairement peu penetré dans
le fond de nôtre Religion . Il eſt rare enfin que
ceux qui ſe ſont appliquez aux Ouvrages de pie
té , ayent été bons Critiques. Theodoret a eu tou
tes ces qualitez, & l'on peut dire qu'il a égale
ment bien ſolltenu les caracteres d'Interprete >
a
226 NOUVELLE BIBLIOTHÈQUE
Theodo : Aprés avoir paſſé quelques années dans cette foo
ret .
litude , il fut obligé de la quitter malgré lui ,
pour prendre ſoin de l'Egliſe de Niſibe,dont il avoit
éré élû Evêque : mais ce changement ne lui fit
point changer de maniere de vivre , ni quitter ſes
auſteritez . Il fit quantité de miracles ; mais ce
qu'il y a de remarquable dans ceux que rapporto
Theodoret , c'eſt qu'il ont tous une bonne fin :
c'eſt ou pour punir le crime, ou pour faire con
noître la verité. Il punit l'impudence de quelques
filles qui s'étoient tenuësnedécouvertes devant lui',
en faiſant tarir la fontai où elles lavoient leur
linge , & en faiſant blanchir leurs cheveux. Il
fir connoître l'injuſtice de la ſentence d'unJuge ,
& la lui fit revoquer , en reduiſant en poudre une
grofle pierre , pour prouver l'injuſtice de cette ſen
tence. Des gueux portant un de leurs compa
gnons qui faiſoit le mort , afin d'avoir quelque
aumône ſous pretexte de l'enſevelir , & s'étant
adreſlez à Saint Jacques de Niſibe , il leur fit
quelques aumônes, & fe mit en prieres pour ce
mort pretendu ; mais Dieu permit qu'il mourût
effe&tivement , de ſorte qu'aprés que ce faint hom
me fut parti ' , les compagnons de ce gueux furent
fort éconnez de voir qu'il ne leur répondoit
plus. Ils eurent auſſi-tôt recours à celui, dont
les prieres avoient puni ſi feverement leur four
berie , ils lui avouërent leur faute : il la leur
pardonna , & rendit la vie à leur mort par ſes
priereś. Theodoret attribuë auſſi à ſes prieres la
mort precipitée de l'Heretique Arius. Mais il fe
diſant d'Alexandre d'Alexandrie
trompe en
ce qui convient à Alexandre de Conftantinople .
Le dernier miracle que Theodoret rapporte , eft
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 227
celui de la preſervation miraculeuſe de la ville Theodo
de Niſibe , qui étoit prête d'être priſe par Sa- ret.
por Rois dePerfe.
Le ſecond Moine dont il eſt parlé dans cette
Hiſtoire , elt Julien Sabas Solitaire de Cofi
roëne, qui habita long -temps dans un antre , ' ne
mangeant qu'une fois la ſemaine un peu de pain
de mil fortnoir. Tout ſon plaiſir étoit de chan
ter des Pſeaumes. Pluſieurs perſonnes vinrent le
trouver dans ce deſert ; & ſe mirent ſous la dir
cipline : de forte qu'en peu de temps , il eut
i
beaucoup de Religieux ſous laconduite , quide
meuroient tousdans cét antre,& n'avoient qu'une
qu'ils man
ſeule cellule pour ſerrer les herbes deux
geoient. Il ſes envoyoit le matin à deux
dans le deſert , & leur ordonnoit de reciter tour à
tour quinze Pſeaumes de David : celui qui les re
citoit; étoit debout , l'autre les écoutoit à genoux.
Le ſoir ils revenoient tous à l’antre, & aprés s'ê
tre un peu repoſez , chantoient encore les louan
ges de Dieu . Theodoret rapporte pluſieurs mi
racles de Julien , & s'arrête particulierement ſur
CE
le voyage qu'il fit à Antioche fous l’Empire de
Valens,à la priere d’Acace de Berée , pour forti
fier les Catholiques d'Antioche contre les Ariens,
Marcien iffü d'une illuſtre famille de la ville
de Cyr , ſe retira dans le deſert. Il mangeoit tous .
les joursſur le ſoir un quarteron de pain , croyant
qu'il étoit plus à propos de manger tous les jours,
ſans ſe jamais raftafier , que d'être pluſieurs jours
fans manger , & manger enſuite tout ſon faoul.
do Il eut pour diſciples Euſebe & Agaper. Le premier
eur la conduite de pluſieurs Religieux qui ſe reti
terent dans la ſolitude où il étoit . Le dernier alla
P ij
228 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Theodos à Apamée où il fit auſi pluſieurs Religieux. Il
ret . paroît par les hiſtoires que Theodoret rapporte
de Marcien, qu'il avoit un bon eſprit. Il faiſoit ce
qu'il pouvoit pour cacher les miracles qu'il fai
foit, & en faiſoit le moins qu'il lui étoit poſſi
ble. Ayant reçû une viſite de cinq Evêques, qui
étoient Flavien d'Antioche , Acace de Berée
Euſebe de Calcide , Iſidore de Cyr , & Theo
dote d'Hieraples , il fut long-temps fans parler ;
& comme on le preſſoit de les entretenir : Dieu
dit-il , nous parle tous les jours, & par ſes crea
tures & dans l'Ecriture Sainte , il nous avertit de
il nous
ce qu'il nous faut faire , il nous nienace ,
exhorte fans que nous en profitions : comment
donc les diſcours de Marcien pourroient-ils être
de quelque utilité ? Il ne voulutjamais fouffrir que
ces Evêques l'ordonnaſſent.Un autre Solitaire nom
mé Avitus, l'étant yenu voir , aprés s'être entrete
nus fort long-temps , il fit apprêter le ſouper aprés
l'heure de None , & invita ce Solitaire à pren
dre le repas avec lui. Ce Solitaire lui dit qu'il
n'avoir coûtume de manger qu'aprés le foleil cou
ché , & qu'il étoit quelquefois deux ou trois
jours ſans manger. Marcien le pria de changer
cette coûtume pour cette fois à cauſe de lui,
parce qu'étant infirmie il ne pouvoit attendre le
coucher du ſoleil. Cette priere n'ayant rien fait
ſur l'eſprit d'Avitus, il ſe mit à ſoûpirer , en diſant
qu'il étoit bien fâché de voir qu'Avitus avoit tant
pris de peine pour viſiter uneperſonne qui étoit
fi intemperant. Avitus lui ayant répondu qu'il
mangeroit plûtôt de la viande , que de ſouffrir
qu'il lui parlât de cette maniere ,illui dit: Nous
n'avons pas coûtume de manger non plus que
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 229
1 'vous qu'aprés le ſoleil couché ; mais nous ſça- Theodor
vons que la charité doit l'emporter fur le jeûne : ret.
car elle eſt de commandement , & le jeûne dé
pend de nous. Or nous devons preferer la Loi de
Dieu à nos obſervances particulieres. Il engagea
un antre Solitaire appelfé Abraham, de ſuivre
la diſcipline établie par le Concile de Nicée ,
fur la celebration de la Pâque. Il haïſſoit tous
les Heretiques , & ſur tout les Apollinariſtes
les Sabelliens & les Euchites. Ayant appris que
pluſieurs perſonnes avoient bâti des Oratoires
pour y mettre fon corps aprés ſa mort , il enga
gea ſon diſciple Euſebe par ſerment de l'enterrer
0 en un endroit où perſonne ne ſçült de long-temps
où il ſeroit. Euſebe executa fidelement cér or
dre, & on ne fçût où étoit le corps de ce faint
Solitaire , qu'aprés que tous ces autres Oratoires
furent conſacrez par les Reliques des Martyrs.
- Dans le quarriémechapitre Thcodoret décrit les
vertus d'Euſebe , 8c de ſon collegue Marcien
& de ſes diſciples qui avoient habité proche
d'Antioche .
CH Dans le cinquiéme, il fait l'éloge de Publius
natif de la ville de Zeugma, Superieur de plu
ficurs Moines , qu'il fir demeurer dans un même
Monaſtere, Comme la Communauté étoit compo
fée de Grecs & de Syriens , il faiſoit chanter l'Of
fice en Grec & en Syriaque. Theodoret parle
auſſi dans ce chapitrede Theotime & d'Aphtho
ne , ſucceffeurs de Publius.
éir L'hiſtoire de l'ancien Simeon eſt pleine d'e
venemens extraordinaires . Il fait conduire des
UM Juifs par des lions , il éteint le feu du ciel qui
Nu avoit pris à une grange , il entreprend le voyage
19 P iij
230 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Theodor de la montagne de Sinaï , il trouve en chemin un
ret . homme dans une caverne , qui y habitoit depuis
long-temps , & étoit nourri par un lion qui lui
apportoit des dattes . Simeon fut une ſemaine en
prieres ſur la montagne de Sinai , fans prendre
de refe& ion , aprés quoi il entendit une voix qui
lui diſoit de manger, & il trouva trois pommes
qu'il mangea. Etant de retour , il établit des Mo
nafteres. Pallade ami de Simeon fit declarer å
un mort celui qui l'avoit tué.
Aphraate Perſan faiſoit profeſſion de la vie mo
naſtique ; mais il paſſa une grande partie de ſa
vie à Antioche , pour combattre les Ariens. On
trouvera forç étrange qu'il ait fait un miracle
pour guerir un cheval de l'Empereur, en lui faiz
fant boire de l'eau fur laquelle il avoit fait le fi
gne de la croix , & frottant fon ventre d'huile
benite,
Pierre né en Galatie , vécut quatre-vingts-dix.
neuf ans , & en paſſa quatre - vingts -douze dans
les exercices de la vie monaſtique. Les premie
res années il demeura en la patrie , il vint en Pa
leſtine pour adorer JESU s -Christ dans le lieu
où il eit mort pour nous. De là il alla à Antio .
che , où il s'enferma dans un ſepulcre , ne bu
vant que de l'eau , & ne mangeant que du pain
& encore une ſeule fois en deux jours. Il délivra
pluſieurs poſſedez , & guerit quantité de nialades ,
entre autres la mere de Theodoret qui étoit tour
mentée d'un mal d'yeux , aprés l'avoir exhortée à no
plus s'ajuſter ni farder :il la guerit encore d'une
maladie' dangereuſe qu'elle eut aprés la couche,
Theodofe Solitaire de Cilicie, fut oblige
par les courſes des Barbares de ſe retirer à An.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES : 231
tioche : ce qu'il y a de plus remarquable dans ſa Theodo
vie , ce ſont ſes auſteritez & ſon travail conti: ret.
nuel. Il fur enterré dans le ſepulcre d’Aphraate ,
& eur pour diſciple Hellade, qui aprés avoir paflo
foixante ans dans les exercices de la vie monas
Atique, fur ordonné Evêque de Tarſe. }
!
250 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Theoda- neanmoins de tomber dans quelques fautes , il n'a
ret. point mis les Pelagiens ni les Origeniſtes au rang des
Heretiques. il remarque à la fin du troifiéme li.
vre , que la plậpart des anciennes herclies n'a
voient pas lubliſté long-temps , qu'elles avoient
eu un petit nombre de lectateurs, qu'elles ne s'é
toient répanduës que dans quelques Provinces, &
qu'il n'y avoit preſque plus perſonne qui enfift pro
feflion , au lieu que toute la terre étoit pleine de
Chrétiens qui faiſoient profeſſion de la Foi or
thodoxe , ſuivantla promeſſe que Dieu avoir faitę
à ſon Eglife.
Le dernier livre contient une explication de la
Foi de l'Egliſe , oppoſée aux erreurs des Hereti
ques, en voici l'abregé. Il n'y a qu'un ſeul prin
cipe de toutes choles, ſçavoir Dieu le Pere de
nôtre Seigneur Jesus-CHRIST. Ce Dieu eft
éternel , infini , fimple & incorporel, ſouverai
nement bon , ſouverainement juſte. Il connoît
toutes choſes , & il eſt tout-puiſſant. Le Fils eft
engendré du Pere avant tous les fięcles : il n'eſt
point creé , il eſt égal à fon Pere & de fa même
lubftance, auſſi éternel, auſſi-puiſſant que lui.Les.
Eſprit reçoit ſon exiſtence du Pere : il n'eſt ni creé
ni engendré; mais il eſt Dieu , & de la même na
ture que le Pere & lc Fils. Ces trois Perſonnes
divines ne ſont& qu'un ſeul & même Dieu , qui
a creé le ciel la terre , la matiere même, &
tous les êtres qui font au monde. Les Anges ſont
auſſi du nombre des creatures . Il ne faut pas si
maginer qu'ils foient d'une nature charnelle fem
blable à la nôtre , ni ſujets aux mêmes paſſions,
Ils ſont immortels & d'une nature fpirituelle :
Diey en a cree des millions , leur miniſtere eft de
کمی
PES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 251
chanter les louanges de Dicu . On conjecture en- Theoda
core qu'il y en a qui ſont chargez du ſoin des ref .
peuples & des particuliers. Les Demons ne ſont
pas méchans par leur nature , Dieu les avoit
2
creez en un état qu'ils pouvoient faire le bien &
I
le mal. Ils ſe ſont portez volontairement au mal
par leur orgueil , & Dieu les a punis de leur pe
ché , en les faiſant déchoir de leur état. L'hom
me eft aufli l'ouvrage de Dieu qui l'a förmé par
ſa main toute-puiſſante, il eſt compoſé d'un corps
& d'une ame ſpirituelle & raiſonnable , laquelle
eft immortelle : Dieu la crée , quand le corps eft
formé. Toutes choſes ſont gouvernées par la pro :
vidence divinc , ce n'eſt point le deſtin qui diſ
poſe de nous. On peut conſiderer dans le monde
trois fortes de choſes : des biens veritables , qui
conſiſtent dans la vertu ; des maux réels , qui
conſiſtent dans les vices ; & des choſes indiffe
rentes, quipeuvent être bonnes ou mauvaiſes fe
lon l'uſage qu'on en fait, coinmc les richefles &
lapauvreté , laproſperité & l'adverſité, la ſanté
& la inaladie. Si l'on en croit Theodoret, les biens
& les maux du premier genre dependent de nous,
il ne tient qu'à nous d'être vertueux ou méchans í
mais à l'égard de toutes les autres choſes, c'eſt
Dieu qui en diſpoſe comme il lui plaît, pour des
raiſons qui ne nous font pas connuës. Le Verbe
de Dieu fon Fils unique s'eſt fait homme , pour
renouveller la nature corrompuë ; & comme
l'homme entier avoit peché , il a pris ſa nature
entiere , il n'a pas ſeulement pris un corps pour
çouvrir fa divinité , mais un corps & une ame
ſemblables aux nôtres , il n'a point quitté cette
pature à la reſurrection. Il eit venu enſeigner
252 NouVELLE BIBLIOTHE QUIE
Theodo- aux hommes une doctrine plus parfaite que celle
ret. de l'ancienne Loi , mais qui ne lui eſt pas nean
moins contraire. Le Baptême a ſuccedé aux aſper
lions des Juifs : ce don merveilleux n'eſt pas
ſeulement établi pour remettre les pechez paf
ſez , mais auſli pour nous faire eſperer les biens
proniis, en nous faiſant participer à la mort &
à la reſurrection de Jesus-CHRIST, & en nous
rendant les enfans de Dieu , les heritiers de ſon
royaume, & les coheritiers de Jesus -CHRIST :
car le Baptême n'eſt pas ſeulement un raſoir qui
coupe les pechez precedens. Si cela étoit ,pour
quoi baptizerions -nous tous les enfans, dit ici
Theodoret, eux qui n'ont point de peché ? ( cela
eſt Pelagien, ſi on ne l'entend despechez actuels )
Ce Sacrement du Baptême nous donne l'eſperance
de la reſurrection que nous attendons. L'ame ne
reſſuſcite point ; elle fera ſeulement réünie à ſon
corps qui ſera formé de nouveau. Les Infideles
refluſciteront auſli -bien que les Fideles , les im
pies comme les juftes. Tous les hommes rece
yront au jour du Jugement , ou la recompenſe de
leur vertu, ou la peine dûë à leurs crimes. La re
compenſe des Saints n'aura rien de temporel ni
de periflable , elle conſiitera dans la jouïllance
des biens éternels. Le regne de mille ans eft une fa
ble. Cette vie éternelle ſera exempte de tentation
& de peché, pleine d'une joie ineffable. Tout ceci
ſera precedé de l'avenement glorieux de Jesus
CHRIST ,
qui ſuivra la venuë de l'Ante
Chriſt.
Theodoret aprés avoir parlé de ce qui regar
de la Foi du Symbole, paſſe aux articles qui con
cernent les meurs. Le premier eſt de la virginite,
E des Auteurs EcclistASTIQUE S. 253
QUE O Dieu ne l'a point commandée ; mais il lui a don- Theodo
né les louanges qu'elle merite , pour porter les ret .
hommes à l'embrafler. Le mariage n'eſt point dé
DE fendu ; mais la fin en doit être d'avoir des enfans.
1
Les ſecondes nôces ne ſont pas même défenduës ;
mais la fornication & toutes les autres impudici
tez ſont condamnées par la Loi de l'Evangile.
on Theodoret pafle enſuite à la Penitence , & aprés
avoir fait remarquer que l'Ecriture ne défend pas
ſeulement le péché , & qu'elle apporte encore
le remede pour guerir ceux quil'ontcommis,en
exhortant à la penitence , iſ dit qu'il y a même
* du remede aux pechez commis après le baptême ;
is
mais qu'ils ne peuvent plus être gueris, comme
auparavant , par la Foi ſcule ; qu'il faut employer
des larmes,des pleurs , des gemiffemens, des jeû .
nes , des prieres , & une ſatisfaction proportion
née à la grandeur du peché que l'on a commis ; &
qu'à l'égard de ceux qui ne font pas dans cette
diſpoſition ,l'Egliſe n'en deſeſperepas , mais qu'el
le ne leur refufe pas la Communion. Telles font
dit-il , les Loix de l'Egliſe ſur la Penitence. En
fin à l'égard de l'abſtinence , l'Egliſe ne défend
point l'uſage du vin & de la viande, comme font
quelques Heretiques. Elle laifle la liberté de s'en
abſtenir à ceux qui le veulent. Elle n'oblige per
fonne à embraffer la vie monaſtique ; cela eſt en
tierement libre . Voilà les articles de la doctrine
de l'Eglife , que Theodoret oppoſe aux erreurs des
Heretiques , & qu'il prouve par les témoignages
formels de l'Ecriture Sainte , dont il a fait un ex
cellenr choix.
En parlant de la Providence il renvoye à ce
qu'il en a dit dans dix livres qu'il avoit écrits fur
254 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Theodo- ce ſujet. Il les cite auſſi dans ſon Commentaire
ret . fur lé Pſeaume 67. & en parle dans les lettres 1333
& 182.Cela nous fait connoître , que quoi que les
diſcours de la Providence ſoient mis aprés le Trai
té des Fables des Heretiques , ils ont été compoſez
long -temps auparavant vers l'an 433. Ce ſont des
Diſcours ou des Sermons qu'il recita apparem
ment à Antioche. Dans les cinq premiers il prou
ve la Providence par la diſpoſition admirablc des
corps celeſtes, par l'ordre merveilleux des clemens,
par l'arrangementdes parties du corps humain , par
l'invention des arts , par l'empire des hommes ſur
les bêtes. Dans le ſixième; dans le ſeptiéme & dans
lel huitiéme, il répond à quelques objections que
'on peut faire contre la Providence , en montrant
que la pauvreté, la ſervitude & les autres malheurs
auſquels les hommes , & même les juftes , peuvent
être ſujets , ont leur utilité. Dans le neuviéme , il
fait voir ; que la pratique de la vertu n'eſt pas inu
tile , quoi- que ſouvent on n'en foit pas recom
penſé en ce monde , parce que l'on en recevra la
recompenſe dans l'autre vie. Dans le dernier ,
aprésavoir marqué que Dieu a toûjours aimé &
pris ſoin de tous les hommes , il fait voir com
bien cér amour paroît dans l'Incarnation du Fils
de Dieu , & dans tout ce que JE sUS-CHRIST a
fait pour eux. Ces diſcours font écrits avec nobleſ
ſe & avec éloquence. Ils ont été donnez au pu
blic Majoranus en 1545. & traduits par Gual
terus en 1546.
Il n'y a pas moins d'éloquence , & encore plus
d'erudition dans les douze Diſcours de la gueriſon
des fauſſes opinions des Payens, où il prouve la
verité de nôtre Religion , & convainc de faufletó.
bts AUTEURS ÉĞCLESIASTIQUES. 255
telle des Payens, en les comparant l’une avec l'au- Theodos
ISI tre. Theodoret entreprir cét . Ouvrage pour fa- ret .
tisfaire à quelques objections qui lui avoient été
faites ; il en parle dans fa lettre à René , & dans
celle qu'il écrivit à S. Leon , & il le met au rang de
ceux qu'il avoit compoſez avant l'an 438. il у
parle de la Loi de l'Empereur , par laquelle il avoit
ordonné la démolition des Temples : ce qui a rap
port à la Loi que Theodoſe publia en 426. ainſi
cét Ouvrage eſt dequelqu'une des années ſuivantes.
IR Il eſt diviſé en douze Diſcours , dont Theodorec
fait lui-même le Sommaire dans ſa Preface . Le
premier eſt de la credulité des Chrétiens , & du
peu de ſcience des Apôtres. Theodoret y montre
que c'eſt à tort que l'on reproche l'un & l'autre
aux Chrétiens , comme une preuve de la fauſſeté
de leur Religion ; que les plus fages n'ont pas
toûjours été ceux qui ont eu plus d'éloquence &
53 d'erudition ; que les Grecs ont été inftruits de la
ſageſſe parles Barbares ; que Platon avoit recon
nuque les plus grands Philoſophes n'étoient pas
toûjours ceux qui avoient le plus cultivé les arts
& les ſciences ; qu'il n'eſt pas vrai que les Chré
tiens croyent legerement & ſans preuves ; que les
Philoſophes Payens ayoient exigé qu'on leur
ajoûtâc" føi,& qu'ils avoient eux -mêmes ajoûté
foi aux Poëtes ; qu'ils avoient reconnu que la
Foi étoit néceſſaire pourſçavoir qu'il n'y a point
de connoiſſance qui ne ſoit neceflairement pre
cedée de quelque foi.
Dans le ſecond, aprés avoir examiné les ſen
timens des Philoſophes Payens ſur les principes
du monde , il fait voir que ce qu'en a dit
Moyſe ,eſt beaucoup plus raiſonnable que tout ce
256 NouveLLE BIBLIOTHEQUE
Theodo que les Philoſophes ontimaginé, & que Platon
a tiré des livres de Moyfe ce qu'il a dit de meil
leur ſur ce lujer.
Dans le troiſiéme il compare ce que les Grecs
ont écrit de leurs Divinitez fubalternes,avec ce que
les Chrétiens ont dit des creatures fpirituelles , des
Anges & des Demons; & fait voir par cette
comparaiſon , que la doctrine des Chrétiens eft
autant fage & raiſonnable , que celle des Paycns
eſt impie& ridicule.
Dans 'le quatriéme il montre que ce que les
Chrétiens croyent de la creation du monde eſt
bien plus raifonnable , que ce qu'en ont enſeigné
Platon 8c les autres Philoſophes.
Dans le cinquième il parle de la nature de
l'homme ; & aprés avoir rapporté ce qu'en pen
ſent les Chrétiens & les Grecs , il fait voir la
difference qu'il y a entre la lumiere & les tenc
nebres , entre l'erreur & la verité.
Le fixiéme Difcours et de la Providence. Car
» il étoit juſte , dit-il , aprés avoir parle de Dieu
» & des creatures, de dire quelque choſe de la Pro
» vidence , pour refuter l'impieté de Diagore , les
blafphemes d'Epicure , & les foibles fentimens
» d'Ariſtote , en confirmant la doctrine de Platon
& de Plotin ſur ce ſujet, & pour prouverpar des
„ raiſons tirées de la nature & de la diſpoſition du
monde ; que la providence de Dieu éclate dans
s; roures fes creatures.
Dans le ſeptiéme Diſcours il condamné les faa
crifices des Payens , & employé les témoignages
des Prophetes , pour faire voir que les ceremonies
de l'ancienne Loi n'étoient que pour des perſonnes
imparfaites.
Dans
DES AUTEURS ECCLESŤASTIQUES. 257
Dans le huitiéme il défend l'honneur que les Theodo
Chrétiens rendent aux Martyrs , en montrant par ret .
le témoignage des Philoſophes des Poëtes & des
Hiſtoriens que les Grecs ont honoré la memoire
31 des perſonnes illuſtres, en leur offrant des ſacrifi
ces aprés leur mort , & en leur donnant la qua
lité de Dieux , de demi- Dieux & de Heros , quoi
que la plûpait euſſent été des infames & des cri
minels . Pour faire voir que les Chrétiens ho
noroient leurs Martyrs à plus juſte titre , il fait
une comparaiſon des Legiſlateurs Payens avec les
Apôtres , c'eſt le lujer du neuviéme Diſcours .
Dans le dixiéme il compare les predictions
des Grecs avec les prophecies des Juifs ; & fait
voir par cette comparai
ſon combien les uns ont
avance de fauſſetez' & d'abſurditez , au lieu que
les autres n'ont rien prédit que de vrai & de rai
fonnable.
Dans l'onziénie il rapporte ce que les uns &
les autres ont dit de la fin du monde , & du Ju
gement dernier ..
Enfin , le douziéme Diſcours montre que la vie
des Apôtres , & de ceux qui les ont imitez , eſt
au deſſus de la vie des autres hommes.
· Il y a bien de l'erudition dans ces Diſcours.
216
Theodoret y cite plus de cent Auteurs Payens :
ils ſont écrits avec beaucoup d'art & d'éloquen
ce , & ne cedent en rieñ à tous les Ouvrages de
l'antiquité , compoſez pour la défenſe de la Re
151 ligion. Ils ont été traduits par Acciaolus, qui fit im
primer ſa verſion à Paris en 1519. Silburge les a
depuis donnez en Grec.
. L'Addition qui eſt la fin de ce 4. tome des
OEuvres de Theodoret , ne contient pas des Ou.
Tone IV . R
D.
258 NOUVELLE BIBLIOTHÉQU E
Theodo- vrages ſuppoſez , mais des Traitez qui n'avoient
ret . pasété mis en leur rang. Le premier eſt un Dif
cours de la charité , qui eſt une eſpece de peroraiſon
de l'Hiſtoire des Religieux, dans laquelle il fait
l'éloge de la charité & de l'amour que les Saints
de l'ancien & du nouveau Teſtament ont fait pa
roître dans leurs ſouffrances. '
Le Diſcours qui porte le nom de lettre à Spo
race , n'eſt point une lettre , c'eſt un Fragment du
Traité des Hereſies, auquel on a joint une expli
cation du myſtere de l'Incarnation. Nous join
drons la lettre à Jean Evêque de Germanicie aux
autres lettres de Theodoret , & nous parlerons
ailleurs de la refutation des Anathematiſmes de
Saint Cyrille , auſſi-bien que des Diſcours qu'il
fit à Calcedoine contre Saint Cyrille , quand il
fut député de la part des Orientaux aprés le Con
cile d'Epheſe. Nous avons un de ces Diſcours en
tier dans les Actes du Concile d'Ephefe , & des
Fragınens de trois autres dans ceux du V. Concile.
Theodoret érant de retour à Antioche aprés le
Concile d'Epheſe, compoſa cinq autres livres con
tre S. Cyrille. Marius Mercator en a rapporté quel.
ques Extraits en Latin , & le P. Garnier en a auſ.
fi donné quelques Fragmens Grecs. Photius dans
le code 46. de la Bibliotheque fait mention de
27. livres de Theodoret contre pluſieurs propo
ſitions : les vingt derniers ſont d’Eutherius de
Tyane , comme nous l'avons appris de Marius
Mercator. Le P. Garnier croit que les ſept pre
miers livres ſont l'Ouvrage contre S. Cyrille ; mais
pour moi je croirois plûtôt que c'eſt un autre
Traité de l'Incarnation, dont il fait fort fouvent
mention. Car 1. l'Ouyrage contre Saint Cyrille
DÈS Auteurs ECCLESIASTIQUES. 259
OK étoit diviſé en cinq livres, celui-ci l'eſt en ſept. Theodo
D: 2. Photius auroit ſans doute remarqué que ces reta
ca Diſcours étoient contre Saint Cyrille. 3. Le ſu
jer de ces Diſcours ne convient gueres à un Trai
té contre ce Pere. Le premier , dit Photius , eſt «
IR contre ceux qui diſent qu'il ne s'eſt fait qu'une
nature du Verbe & de l'Humanité , & qui attri- «
buent les ſouffrances à la Divinité. Le ſecond at
taque plus fortement ces mêmes erreurs ſur des ce
témoignages de l'Ecriture. Le troiſiéme eſt auſſi co
ſur le même ſujet. Le quatrieme contient les ſen- «
timens des ſaints Peres ſur l'Incarnation de no- .
tre Seigneur J E S U S-CHRIS T. Le cinquiéme
ramafle les opinions des Heretiques, & fait voir «
C
qu'elles ont rapport avec l'erreur de ceux qui ne .
veulent pas reconnoître deux natures en J E su s - a
Christ . Le fixiéme montre qu'il n'y a qu'un
ſeul J.E su s -Christ. Le ſeptiéme tient lieu de
: lettre.
gi
Theodoret en faiſaħt le Catalogue de ſes Ou
10
vrages , fait encore mention des Traitez qu'il a
voit écrits contre les Ariens , contre les Macedo
Sed
- niens , contre les Apollinariſtes , & contre les
ܬ ܢܐ
Marcionites. Mais ces Ouvrages ſont entiere
م
ment perdus l,auſſi bien que le Traité contre les
Juifs , & la Réponſe aux demandes des Mages de
Perſe. Nous n'avons plus le Livre myſtique, au
quel il renvoye ſes lecteurs en parlant du Baptê
TL me dans le dernier livre des Fables des Hereti
L
1 Entierement perdus. ] ſemblable qu'ils ſontde Ma
Le Pere Garnier pretend xime. Voyez ce que nous
que ce ſont les Dialogues i en avons dit dans les notes
TUTE qui ſont dans Saint Athana- ſur les OEuvres de S. Atha
le": mais il et bien plus vrai-| naſe, t. 2. pag.172.
R
ij
260 NouVELLE BIBLIOTHE QUIZ
Theodo- ques , & dont il fait mention dans les endroits
ret, où il fait le Caralogue de ſes Ouvrages , ni le
livre de la Theologie. Il ſemble même que tous
ces Ouvrages n'ont pas été connus à ceux qui ont
parlé de Theodoret : car ni Photius , ni Genna
de,ni Nicephore , ni Hebed -Jelu , qui font ceux
qui ont fait le Catalogue des OEuvres de Theo
doret , n'en font point mention . Il avoit encore
fait une Apologie pour Diodore de Tarſe , &
pour Theodore de "Mopluefte , que le dernier
des Auteurs que nous venons de nommer , appelle
l'Apologie des Peres . Theodoret en fait mention
dans une de ſes lettres , & l'on en trouve des Frag
mens dans le cinquiéme Concile. Photius nous a
conſervé des Extraits conſiderables des cinq Dif
cours que Theodoret avoit compoſez à la louan
ge de Saint Chryfoftome. Il remarque qu'il en
avoir fait un plus grand nombre , mais qu'il n'a
voit vû que ces cinq; qu'une partie du premier
Diſcours ſembloit regarder un autre ſujet, mais
que dans l'autre partie il étoit parlé de la ma
niere dont Saint Chryfoftome avoir été fait Evê
quesdu deffein qu'il avoit de rétablir le Sacerdo
ce dans ſon ancienne fplendeur ; du Diſcours qu'il
fit contre Caïnas , des Sermons qu'il fit pour le
bien de l'état , de l'envie qu'on lui portoit , de
la maniere dont il fut challé & envoyé en exil
& des autres circonſtances de la vie de ce grand
Saint. Il dit que le ſecond Sermon étant court
ne contenoir que fort peu de louanges , mais que
le troiſiéme qui étoit au deffus des autres pour le
choix des paroles & des penſées , a ſurpaſé les
loix d'un Panegyrique. Le quatriéme & le cin
quiéme achevoient l'éloge deſes vertus.
DES rS
AuteuRS
AUTEU ECCLESIASTIQUES. 261
roiss
ni le
Photius en rapporte de longs Extraits ,qui ſont Theodo;
d'un ſtyle tout autre que celui de Theodoret : ce ret.
TOUS
ne ſont qu'antitheſes, que jeux de mots , que phra
I OM
les entrecoupées , que penſées pueriles , & ilsn'ont
enna
rien du ſtyle de Theodoret qui eſt grave, mâle
CEUX
& ſerieux. Il n'en eſt pas de même du Sermon
heo für la Nativité de Saint Jean Baptiſte ,donné par
Core
le Pere Garnier , qui eſt allez du ſtyle de Theo
,& do ret. Hebed- Jeſu attribuë à Theodoret un livre
mier
contre Origenes ; mais il n'en eſt parlé en aucun
elle autre endroit , & il n'y aguere d'apparencequ'il
0101 ait rien écrit contre cet Auteur. Il y a un Manu
ra ſcrit, où l'on trouve ſous le nom de 'Theodoret un
US 2
Dil
livre Aſcetique imprimé ſous le nom de S. Ma
2120
xime, mais il eſt plûtôt de ce dernier.
Nous avons remis ici à parler des lettres de
Theodoret , parce qu'elles ſont tres- propres pour
12 remettre devant les yeux l'hiſtoire de la vie, &
ier pour donner une idée de la conduite. Ainſi com
115 me nous finiffons ordinairement par le portrait
2 des Auteurs , nous avons crû que nous ne pou
é. vions mieux faire celui de Theodoret, qu'en le ti
fant de ſes lettres , où il découvre naïvement ſes
1 ſentimens & ſes penſées : on y voit les liaiſons
qu'il avoit, les motifs qui le faiſoient agir , l'hu
meur dont il étoit , les vertus & les defauts qu'il
pouvoit avoir.
Ces lettres font de deux fortes, Les unes con
cernent les démêlez qu'il a eus pendant toute lavie
avec les Evêques d'Egypte. Les autres ſont des let
tres familieres , écrites für des affaires particulie
res . Les premieres ſe peuvent rapporter à trois
claſſes. La premiere ſera compoſée de celles qu'il a
écrites ayant & dans le temps du Concile d'E
Rii)
♡
262 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Theodo. pheſe. La ſeconde ,de celles qu'il a écrites pendant
ret . la negociation de la paix entre les Orientaux &
les Evêques d'Egypte, juſqu'à ce qu'il y eût conſen
ti. Et la troiſiéme contiendra celles qu'il a écrites
depuis que l'on a commencé à l'inquieter de nou
veau , juſqu'à ſon:abſolution prononcée dans le
Concile de Calcedoine,
Comme nous ſerons obligez de parler de ces
lettres en particulier , quand nous ferons l'hi
ſtoire des Conciles d'Epheſe & de Calcedoine ,
nous nous contenterons de remarquer ici leur
nombre , & ce qu'on en peut tirer, pour faire
connoître les diſpoſitions de Theodoret.
La premiere claffe ne contiene qu’un fort petit
nombre de lettres, à moins qu'on ne veuille attri
buer à Theodorer toutes les lettres qui ont été
écrites d'Epheſe au nom des Evêques d'Orient.
La premiere eſt la lettre qu'il écrivit à Jean d'An
tioche , en lui envoyant en 431. la refutation des
douze Chapitres de Saint Cyrille. On a celle-ci
en Grec & en Latin , au lieu qu'on n'a qu'une ver
fion Latine des autres. Marius Mercator rapporte
le Fragment d'une lettre que Theodorer écrivit
d'Epheſe à André de Samoſate. Il y en a une
dans les Actes du Concile d'Epheſe', écrite de
Calcedoine à Alexandre d’Hieraples , & quatre
ou cinq autres dans la Collection de Lupus , écri
tes avant qu'on commençât à parler de negocia
tion, Il paroît par ces lettres , que Theodoretétoit
extrémement irrité contre les douze Chapitres,par
ce qu'il les croyoit heretiques ; qu'il défendoit la
perſonne de Neſtorius, qu'il croyoit orthodoxe,
& injuſtement condamné ; qu'il étoit perfuade
quę Cyrille & Memnon avoient été juſtement
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 263
condamnez: en un mot, qu'il ſolltenoit tout ce Theodo
qui avoit été fait par les Evêques d'Orient, & def- ret.
approuvoit tout ce que Saint Cyrille & le Con
cile avoient fait.
La ſeconde claffe ne contient preſque point
d'autres lettres , que celles qui ont été données
depuis peu au public par le Pere Lupus , ſur un
Manuſcrit de la Bibliotheque du Mont -Caſlin
qui contient quantité de lettres des Evêques d'O-,
rient , mais ſeulement en Latin. Elles ſont tirées
d'un Recueil qui avoit été fait autrefois par le
Comte Irenée ; qui aflıfta au Concile d'Epheſe de
la part de l'Empereur , & qui fut depuis Evêque en
Phenicie. Comme il étoit des plus zelez partiſans
de Neftorius , il avoit recueilli Coutes les lettres qui
pouvoient le favoriſer, & en tiroir des inductions
pour foûtenir fon parti . Ce livre étoit intitulé
Tragedie , parce qu'il
on
pretendoit montrer que
toute la condamnati de Neitorius étoit une fce
ne qu'on avoit donnée au monde. Nous avons
déja vû qu'Iſidore de Damiette , & Eutherius de
Tyane avoient donné ce nom à ce qui s'étoit pal
ſe dans le Concile d'Epheſe. L'Auteur ancien qui
en a tiré ces lettres qu'il a inferées dans ſon Re
cueil , a aufli mis en quelques endroits des refle
xions d'Irenée. Le but de cet Auteur a été de ju
ftifier Thcodoret , & de montrer que quand bien
même toutes ces lettres feroient veritablement
de lui , on ne pourroit pas l'accuſer d'hercfie ,
puiſqu'il paroiſloit qu'il avoit toûjours reconnu
pour Catholique " la doctrine de la lettre que S.
Cyrille écrivit pour l’union ,& qu'il n'avoit foû
tenu Neſtorius que ſur le fait , le croyant dans
les mêmes ſentimens .
R iiij
264 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
T ! codo Quoi que nous n'ayons ces lettres que fur la
ret . foi de cét Auteur , & dans un ſeul Manuſcrit ,
que les Romains ont même pris le ſoin de cacher,
depuis que le Pere Lupus s'en eſt ſervi , peut-être
parce qu'il contenoit quelques pieces qui n'étoient
pas favorables aux pretentions de la Cour de
Rome ; on ne peut pas neanmoins douter qu'el
les ne ſoient anciennes. Car 1. On en trouve
dans ce Recueil , qui ſont dans les Actes du Con
çile d'Ephele , dans ceux du troiſiéme Concile , &
dont Marius Mercator rapporte des Fragmens,
2. Elles contiennent des faits ſi particuliers , & tel
lement circonſtanciez & qui ont un rapport G
naturel avec le reſte de l'hiſtoire du Concilc d'E .
pheſe , qu'il eſt impoſſible qu’un impoſteur les ait
inventées. 3. Lesprincipaux faitsd'auqu'elles avan
çent , ſe trouvent confirmez par tresmo nu
mens indubitables , quoi- qu'ils ne ſoient bien cx
pliquez & bien éclaircis que par ces lettres . En
fin , l'on ne peut douter qu'elles n'ayent été tirées.
du Recueil d'Irenée : les termes que l'on cite, font
bien voir qu'on n'a pas ſuppoſe cet Ouvrage. Or
Irenée vivoit du temps même de cette querelle ,
& avoit été témoin de tout ce qui s'étoit pal
fé : ces lettres ſont donc tres - anciennes. On
pourroit dire , qu'Irenée étant du parti des Neſto
riens , auroit ſuppoſé des lettres de Theodoret en
leur faveur : mais quelle apparence qu'il ait eu le
front de le faire dans un temps où il eût pû être
ſi facilement convaincu d'impoſture . Il yy.a plus de
trente lettres dans ce Rccueil , qui portent le nom
de Theodoret . Je ne parlerai point ici de chacune
en particulier, pour ne pas repeter deux fois lamê
me choſe. Je me contenterai de rapporter les in
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 265
ductions que l'on en peut tirer. Theode
Premierement , elles font voir que Theodoret ret.
a toûjours approuvé la doctrine contenuë dans la
lettre de Saint Cyrille pour la réinion . Il la con 1
ANDRE DE SAMOSATE,
André de A NDRE'
time de Evêque
Theodoret , & gardafut
de Samoſate, preſque
ami inla
Samoſa
mênie conduire . Il fut choiſi par Jean d'Antiochę
pour rcfuter leş Anathematiſmes de Saint Cyrille ,
& le fir avec beaucoup de moderation . Nous ayons
encore céc Quvrage ayec les réponſes dę Sąing
Cyrille. André de Samoſate les ayant vûës , les re
futa par un Ecrit moins moderé . Anaſtaſe Sinaïtę
fait mention de ce dernier Ouvrage , & en rap
porte un Fragment dans ſon livre intitulé o empois
chapitre 22. Il y a neuf lettresde lui dans la col.
lection du Pere Lupus , par leſquelles il paroît
qu'il condamna Rabbulas , qui avoit eu la har
dielic d'anathematizer Theodore ; qu'il deſapprou
va d'abord la lettre de Saint Cyrille , pour l'u
nion & la paix qui fut faite avec lui ; mais qu'cn
an il ſe rendit fuiyant l'exemple de Theodoret ,
& qu'il conſeilla à Alexandre de faire de même.
Il fut condamné dans le Conciliabule d'Epheſe fouş
Diofcore , fi nous en croyons Theophane. Il étoit
mort avant le Concile de Calcedoine, où ſon ſuc
çeffeur appellé Rufin aſiſta.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 281
es
HELLADE DE TARSE ,
MAXIMIN D'ANAZARBE,
ET
UVCA
del 1 AINT Leon a , aprés s'être ſignalé dans le S. Leon,
con de Rome b , ſous le Pontificat de S.
Celeſtin , & fous celui de Saint Sixte , en qualité
Sle d'Archidiacre, fut élû & Evêque de Rome , aprés
PAT, la mort de ces Papes arrivée le 1. Avril del'an
440. Il étoit alors dans les Gaules , où il nego
cioit un accommodement entre Aëtius & Albinus.
PUS 3 On lui envoya des Députez lui porter la nouvel
aron le de ſon élection , & pour le faire venir à Rome
2002 où il fut ordonné quarante jours aprés la mort
1103
!
294 NouVELLE ' BIBLIOTHEQUE ,
S. Leon. L'on n'a point mis dans certe edition un article ,
qui étoit le ſecond dans les editions ordinaires
parce qu'il ne ſe trouve point dans les meilleurs
Manuſcrits , & qu'il n'a aucune liaiſon avec ce qui
precede. De ſorte que c'eſt un paſſage fuppo
fé , qui n'eſt point de Saint Lcon f ; ou s'il eſt de
lui , c'eſt un fragment de quelque autre lettre
que l'on a inferé dans celle-ci . Il contient une
défenſe d'ordonner des Evêques dans des Bour
gardes ou dans des Chafteaux , & un avertiflement
aux Vierges qui avoient été violées par les Bain
f C'eſt un paſage fulp- ! par la concluſion de la lettre
poſé qui n'eſt point de Saint inémé?Cùm itaque deonibus
Leon. ).Cet article ſe trou- que Fråtris noſtri Potentii re
ve dans la Collection de latio continebat', egc. Cela
Denys le Petit ,& dans ſuppoſe que la lettre eft a
quelques Manuſcrits > ou chevée : cependant ce n'est
Pon ne trouve point les 6.7 . ici que le . 2. article de la
& 8. Mais ceux - ci ſe trou- lettre & il parle dans la
vent dans quatre anciens ! ſuite de bien d'autres choſes,
Manuſcrits > où l'on ne contenuës dans la Çelation
trouve point le ſecond. Les de Potentilis.3. Le P. Queſ
editions des Conciles de nel pretend que ce qui eſt
Merlin en 1524 : & en 1535. traité dans ces articles , ne
font conformes à cesderniers ; convient point à l'état où
Manuſcrits, qui font les plus étoit alors l'Egliſe d'Afri
anciens & les meilleurs.que . Il n'y a pas d'apparen
On ne peut pas dire que ce que dans la perſecution
Saint Leon ait repeté la mê- l où elle éroit , on eut ordon
me choſe dans une méme né des Evêques dans des
lettre, en deux articles diffe- Bourgades , &c. 4. Il ſoù
rens ſur les Vierges : ilfaut tient qu'il n'eſt point du
donc que le ſecond ou le 8. ſtyle de Saint Leon ; que les
article ſoir ajoûté. Il y a le termes de Diæcefis poux
plus d'apparence que c'est le Parochia,ſpecialiùs ego propen
ſecond :: car 1. il ne ſe trou- liùs commoveri, damnum pro
ve point dans les plus anciens prii honoris evadere, Epiſcopa
Manuſcrits. 2. Il commence lia gubernacula prafidere,pen .
DES AUTEURS . ECCLESIASTIQUES . 293
bares , qui ne doivent être miſes ,felon l'avis de S. Leon.
l'Auteur de ce Fragment , ni au rang des Veuves,
ni parmi les Vierges. Enfin , il y eſt parlé d'un
Evêque d'Afriqueappellé Lupicinus , quiavoit
été excommunié en Afrique, nonobſtant l'appel
qu'il avoit -interjerté à Rome , & en la place du
quel l'on avoit ordonné 'un autre Evêque avant
le Jugement du Saint Siege. Ceci fait voir que
les Evêquesd'Afrique ont retenu long-temps leur
ancienne liberté ſur le ſujet des appellations, &
qu'ils n'avoient point encore rien cedé de leurs
droits , quand cette lettre a été écrite par Saint
Leon , ou par quelque autre Pape.
La ſeconde ſerre eſt écrite vers l'an 442. §
à Ruſtique Evêque de Narbonne. Céu Evêque
avoit envoyé ſon Archidiacre Hermés à Saint
Leon, pour lui propoſer pluſieurs queſtions ſur
la diſcipline, & lui montrer le procés qu'il fais
dente negotio , ne ſont pointdelCollection, n'y a rien mis de
Saint Leon , ni même de ſon certe lettre. Ces raiſons foni
temps.s. Ildoren'a point mis conjecturer au Pere Quel
cét article dans ſa Collection, nelque ce Fragment a été
quoi - qu'iln'oubliaſt rien de , ajoûté dans le Code de
ce qui pouvoit favoriſer le Denys le Petit , par celui
droit des appellations au S. qui y a ajoûté des lettres du
Siege. 6. Il y a quelque Pape Hilarius & de ſes ſuc
apparence qu'il a été ajou- ceſſeurs juſqu'à Gregoire II.
té à l'ancienne Collection de g 442. ) Les queſtions
Denys le Petit : car le titre que Ruſticus, fait à Şainc
eſt énoncé differemment de Leon , font connoître qu'il
celui des autres ; celui qui écrivoit dans un temps , où
eſt à la tête de la lettre , & i les Chrétiens étoient fort
celui de l'Index font diffe- incommodez par les Bar
rens. Enfin Creſconius qui a bares. Le Pere Sirmond a
ſuivi le Code de Denys le rapporté cecià l'irruption des
Petit, & qui l'a inſeré dans la Huns dans les Gaules ſous
T iiij
196 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE ,
Se Leon, foit à deux Prêtres qui étoient ſous la juriſdi
&tion , qui s'étoient retirez avant que leur procés
fût achevé. Saime Leon laille à la prudence de cér
Evêque de les juger comme il croira le devoir
faire , & l'exhorte ſeulement de faire fon polli
ble pour les faire revenir dans le bon chemin ,
en ne les traitant pas à la rigucur. Il le détour
ne entụite du deſſein qu'il avoit de quitter l'E
piſcopat, pour pafler le reſte de ſa vie dans la re
traite. Il répond enfin à pluſieurs demandes que
cét Evệque lui avoit faites ; il ſuffira de rappors
ter ici les réponſes de ce Pape.
Dans la premiere il déclare , que ceux qui n'ont
été ni choiſis par le Clergé, ni demandez par le
peuple , ri ordonnez par les Evêques de la Pro
vince , du conſentement du Metropolitain , ne
peuvent point paller pour Evêques , & qu'on ne
doit point leur donner une dignité qu'ils n'ont poinç
1
reçûë ; que li neanmoins il ſe trouve que ces faux
Evêques ayent ordonné des Clercs dans des Egli
fes , du conſentement des Preſidens, c'eſt -à - dire ,
des Evêques de ces Egliſes, on peut approuver leur
Ordination , à condition qu'ils demeureront dans
ces Egliſcs ; mais qu'on la doit regarder comme
nulle , s'ils n'ont point été arrêtez dans une Egli
ſc , ni approuvezi par une autorité legitime.
Dans la feconde il dir qu'il n'est pas permis de
mettre en penitence publique un Prêtre ou un
Diacre , quand même il demanderait à la faire ;
la conduire d'Arrila ; le Pere eſt confirmée par la deman
Queſnel à la priſe de Car- de 18. où il eſt parlé des
tage , & à la defolution de Chrétiens d'Afrique & de
l'Afrique par Genſeric en Mauritanie,
450. L'opinion de celui- ci
DES ANTEURS ECCLESIÀSTIQUES. 297
& que s'il ſe ſent coupable de quelque crime, il doit S. Leon .
ſe ferirer & faire penitence en fecret. Ce regle
ment de Saint Leon eft contraire à la diſcipline
ancienne de pluſieurs Egliſes , & aux Canons
des Conciles d'Orange 1. & d'Arles II.
Dans la troiſiéme il ordonne que les Miniſtres :
de l’Aurel , c'eſt-à -dire, les Diacres & les Soûdia
cres , comme il paroît par la lettre à Anaitafe
de Theſſalonique,ſeront loûmis à la loi de la con
tinence , comme les Evêques & les Prêtres. Il
ajoûte qu'étant Laïques ou Lectcurs , ils ont pû
lé marier & avoir des enfans, mais qu'étant par
venus au miniſtere ſacré des Aurels , cela ne leur
eſt plus permis; que leur mariage de charnel qu'il
étoit , doit devenir ſpirituel ; qu'ainſi ils ne doivent
ni quitter leurs femmes , ni avoir un commerce
charnel avec elles. Saint Leon eſt le premier qui
ait étendu la loi du celibat aux Soûdiacres , les
predeceſſeurs Saint Sirice & Saint Innocent ne
parlent que des Diacres . La pratique de l'Egliſe
de France étoit contraire du temps même de Saint
Leon , comme il paroît par les Canons du Con
cile d'Orange I. d'Arles II. & d'Angers, où l'on
n'oblige queles Diacres à la continence ; & cnco
re le reglement du Concile d'Orange n'eſt -il que
pour l'avenir. On eut même bicnde la peine à
loûinettre les Diacres à cette loi , puiſque les Evê
ques des Gaules furent obligez de la renouveller
tres - ſouvent. On l'étendit enſuite dans quelques
Egliſes aux Șoûdiacres ,comme il paroît par les
Conciles de Vennes & d'Agde : mais cette diſci
pline n'étoit pas generale dans toutes les Egliſes
des Gaules , comme nous l'apprenons de la lettre
de Loup de Troye , & d'Eupkronc d'Aurun à
298 Nou VELLE BIBLIOTHEQU 2
5. Leon. Thalaſius , Evêque d'Angers.
Danslaquatriéme il déclare, qu'un Clerc qui don
ne ſa fille en mariage à un hommequi a une concu
bine , ne doit point être traité comme s'il la
donnoit à une perſonne qui fût déja mariée , par
1 ce que les concubines ne peuvent point paſſer
pour des femmes legitimes , ni l'habitude que
I'on a avec des femmes , pour un mariage , à
moins qu'elles ne ſoient libres ,dotées& épouſées:
par des noces publiques,
Dans la cinquiémeil dit, que les filles que leurs
parens ont mariées à des perſonnes qui ont des.
concubines , ne commettent point de peché cn.
demeurant avec ceux à qui elles ſont mariées.
Dans la fixiéme , que ce n'eſt pas un crime:
d'adultere , mais une actiion de vertu à un hom
me, de quiter fa concubine , pour ne vivre qu'avec
fa femme. Les concubines dont il eſt parlé en
cét endroit , ſont des eſclaves, avec qui les homa
mes vivoient comme avec leurs femmes, ſans avoir
commerce avec d'autres , quoi qu'ils ne les euſſent
pas épouſées ſolennellement.
Dans la ſeptiéme il dit , qu'il faut blâmer la
negligence de ceux qui attendent à l'heure de la
mort , à demander la penitence, & qui ne la font
point quand ils ſont revenus en bonne ſanté ; qu'il
ne: faut pas neanmoins les abandonner entiere
ment , mais les porter par de frequentes exhorta
tions à executer ce que la neceſſité les a obligez
de deniander , parce qu'il ne faut deſeſperer de
perſonne , pendant que l'on eſt en ce monde , &
qu'il arrive ſouvent que l'on fait dans un âge plus
mûr ce qu'on a differé par défiance .
Dans la huitiéme , que ceux qui meurent aprés
DES AUTEUR-S ECCLESIASTIQUES. 299
}
avoir reçû la penitence , ſans être reconciliez , S. Leon .
doivent être remis au jugement de Dieu , mais
que l'on ne doit pas leur donner des marques de
Communion. Cette pratique étoit contraire à celle
de l'Egliſe d'Afrique , de France & d'Eſpagne.
Dans la ncuviéme il parle de ceux , qui ayant
demandé la penitence , lorſque le mal les prefſoit,
ne veulent pas la recevoir
*faire
quand il eſt appaiſé.
Il dit qu'il le peut quecette diſpoſition ne
vienne pas du mépris de la penitence , mais de
la crainte de pecher ; qu’ainli il ne faut pas la
leur refuſer , quand ils la demandent une feconde
fois.
Dans la dixiéme ildit,qu’un Penitent nedoit pas
plaider dans une Juſticefeculiere , mais ſeulement
devant des Juges Eccleſiaſtiques , parce qu'il doit
ſontt permiſes.
s'abſtenir des choſes mêmes qui fon
Dans l'onziémę il dir , que quoi qu'il n'y ait
que la qualité dų gain , qui excufe ou condam
ne le negoce , il eſt plus utile à un Penitent de
s'en abſtenir tout -à-fait , parce qu'il eſt difficile
qu'il n'y ait du peché dans le commerce , ſoit de
la part du vendeur, ſoit de la part de l'acheteur.
Dans la douziéme il remarque , qu'il eſt con
traire aux Loix de l'Egliſe , d'entrer dans la mi
lice aprés avoir fait penitence.
Dans la treiziéme iſ témoigne , qu'il ſouhaiteroit
que ceux qui ontfait penitence étant garçons , ne
fe mariaflent point ; il excuſe neanmoins les j4i
nes gens qui le font , quand c'eſt pour éviter l'in
continence .
Dans la quatorziéme il ordonne , que l'on met
tra en penitence les Moines qui ſe marient , ou
qui ſe font foldats 2 parce que l'on ne peut quit
300 - NouveLLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon. ter fans peché cette Profeſlion , quand on l'a une
fois embraflée , & que l'on eſt obligé de s'acquit
ter de ſes veux.
Dans la quinziéme il condamne les Vierges
qui ſe marient aprés avoir volontairement pris
t'habit , & embraflé la virginité , quoi- qu'elles
n'ayent pas encore, reçû la conſecration.
Dans la feiziéme & la dix -ſeptiéme il affûre ,
qu'il faut rebaptizer ceux donton n'a aucune preu
ve qu'ils l'ayent été , quoi- qu'ils ſe ſouviennent
d'être autrefois venus dans l'Egliſe.
Dans la dix-huitiéme il dit qu'il ſuffit d'im
poſer les mains , & d'invoquer le Saint Eſprit
ſur ceux qui ſe ſouviennent bien d'avoir été ba
prizez , mais qui ne ſçavent point dans quelle
fccte .
Dans la dix -naviéme & derniere il dit u, que
les enfans qui aprés avoir été baptizez ont vécu
avec les Payens , doivent être mis en penitence $
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 301
de Saint Leon ne ſe trouverent pas conformes S. Leon ;
aux coûtumes de l'Egliſe de France , comme nous
avons avons remarqué, & comme l'on peut voir
en conſultant leş Canons de ces Conciles.
La troiſiéme lettre de Saint Leon adreſſée
aux Evêques de la Campanie , de la Toſcane , de
la Marche d'Ancone , & des autres Provinces ,
eſt datée du 14. Octobre de l'an 443. Saint
Leon remarque au commencement de cette lettre,
que conime le reglement des Egliſes lui donne de
la joye , il ſe ſent attriſté quand il s'y paſſe quel
que choſe contre les ſtatuts des Canons , & con
tre la diſcipline Eccleſiaſtique. Il ajoûte que ſi
les Evêques ne retranchent les déreglemens avec
toute la vigilance poſible , eux qui ſont établis
pour veiller ſur le troupeau de Jesus-Christ,
ils ne ſont pas excuſables de permettre que le
Corps de l'Egliſe qu'ils doivent conſerver dans fa
pureté, ſoit louïllé & corrompu par la brigue. Il
joint à cette remontrance les Canons ſuivans.
Dans le premier il défend d'admettre dans le
Clergé ceux qui font eſclaves , & même ceux qui
ſont fermiers ou engagiſtes , ou qui dépendent en
quelque maniere que ce ſoit de quelques maîtres ,
à moins que ceux de qui ils dépendent, ne le de
mandent . Il donne deux raiſons de cette dé
fenſe. La premiere , parce que le miniſtere ſacré
eft comme avili par ces. Cortes de perſonnes ;) &
la ſeconde, parce que cela fait tort à leurs maîtres.
Le Pape Gelaſe permet le contraire à l'égard des
fermiers dans ſon Epître 9 .
Dans le ſecond Canon , il reprend en termes
tres - forts les Ordinations des digames , & ordon
nc en vertu de ſon autorité Apoſtolique , qu'on
(
302 Noů VELLE BIBLIOTHEQUE LE
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 335
torde doncquatre Evêchez Suffragans , qui font S. Leon .
Valence , Tarentaiſe , Geneve & Grenoble , &
laiſſe les autres ſous la juriſdiction de l'Evêquc
d'Arles , qui ſera , comme nous le prions , dit-il ز
fi ani de la paix & de la concorde, qu'ilne croi
ra pas qu'on lui ôte ce qu'on a laiſſé à ſon
frere.
La lettre si . eft adreſſée àRavennius. Il lui en
voye ſa lettre à Flavien , & l'exhorte à rendre re
commandables les commencemens de ſon Epiſco
pat en défendant la Foi Catholique ſur l'Incara
nation. Elle eſt dacée du . Mai 450 .
La lettre 76. eſt encore écrite au même Evê
que , mais ſur un autre ſujet. Il lui fait ſçavoir
le jour que l'on doit celebrer la Fête de Pâque
en l'année 452. & lui mande de le publier par
toutes les Gaules ; ce qui fait voir qu'il le recon
noiſloit pour ſon Vicaire dans les Ganles.
Cette lettre eft ſuivie d'une lettre de Ceretius ;
Salonius & Veranus Evêques des Gaules , par lais
quelle ils remercient Saint Leon de ce qu'il leur
avoit envoyé la lettre à Flavien , & le prient de
revoir & de corriger la copie qu'ils en avoient
fait faire. Cette lettre n'eſt pas ficonſiderable que
la ſuivante , qui eſt la lettre Synodique d'un Con
cile des Gaules au Pape Saint Leon , pour le re
-mercier de ce qu'il leur avoitenvoyé la lettre
adreſſée à Flavien. Le nom de Ravennius eſt à la
tête : ce qui peut faite conjecturer que ce Synode
a été tenu à Arles ; les fouſcriptions nous appren
nent qu'il étoit compoſé de quarante- quatre Evê
ques des ſept Provinces des Gaules. Ces Evêques
aprés s'être excuſez de n'avoir pas faitréponſe
plûtôt, parce qu'ils n'avoient pas pû s'aſſembler ,
336 NouveLLÉ BIBLIOTHEQUE
S. Leon. diſent qu'ils ont reçûla lettre de Saint Leon com :
me un Symbole de Foi i que pluſieurs y ont re
connu la doctrine qu'ils avoient reçûë par tra
dition , & que quelques-uns même en avoient
été plus inſtruits aprés l'avoir lûë. Ils remercient
Saint Leon avec des termes tout-à -fait obligeans,
& ils ne font pointde difficulté de dire qu'aprés
Dieu les Fideles lui ſont redevables de la pureté de
leur Foi .
Ils ajoûtent qu'ils euſſent auſſi écrit à l'Em
pereur ſur le même ſujet , pour lui témoi
gner le zele qu'ils avoient pour la Foi en fuivant
l'exemple du Pape ; mais qu'ayant reçû des nou
velles d'Orient, ils avoient crû que cela ſeroit in
utile. Ils appellent l'Empereur le ĥils de Saint Leon ,
filium veftrum . Enfin, ils écrivent qu'ils ne cef
ſent jamais de rendre graces à Dieu de ce qu'il
donne un Evêque qui a tant de fainteté & de Fois
à l'Egliſe Apoſtolique, d'où eſt venuë la ſource &
l'origine de nôtre Religion.Apoſtolica Sedi, unde
Religionis noſtra fons & origo manavit. Ils prient
Dieu de le conſerver long-temps dans ce Siege
Ils finiſſent en diſant , que quoi- qu'il s'en faille
beaucoup qu'ils n'ayent Ion merite , ils ont toute
fois la même Foi, impares meritis , pari fide , &
qu'ils ſont prêts de la défendre , & de mourir pour
elle: Certe lettre eſt pleine de termes fort refpe
ctueux envers le Saint Siege , & eſt fort obligeante
pour laperſonne de Saint Leon .
Aufli Saint Leon leur répond - il d'une ma
niere fort honnête dans la lettre 77. Il y reçoit
leur excuſe , louë leur Foi , explique les erreurs
de Neftorius & d'Eutyche. Il leur fait ſçavoir
que ce dernier Heretique vient d'être condamné
dans
bes Auteurs ECCLESIASTIQUES. 337
.
dans un Synode de ſix cens Evêques , qui a con- S. Leona
firmé la Foi Catholique & Apoſtolique. Il re
marque que la Foi Catholique ne peut changer,,
II
qu'elle peut bien être attaquée par ſes ennemis
mais
di que ces attaques larendent plus illuſtre. Il
t que le Synode a approuvéla lettre qu'il avoit
:
écrite , & qu'il a condamné Diofcore. Enfin , il
les conjure de rendre graces à Dieu , de prier
pour le retour heureux de ceux qui avoient été
envoyez au Concile, & il les prie de faire fça
E
voir aux Evêques d'Eſpagne ce qui s'étoit paſtë
en Orient.
Cette lettre eft fuivie d'une lettre d'Eufebe
Evêque de Milan à Saint Leon , danslaquelle cée
Evêque lui témoigne la joie qu'il avoit du retour
des Evêques d'Occident qui avoientaſſiſté au: Con
cile de Calcedoine , & aflûre Saint Leon
que fa
lettre à Flavien a été lûë & approuvée dans un
Concile de Milan , où l'on a aufli condamné l'er
reur d'Eutyche.
Les lettres ſuivantes ſont dans les Actes du
E Concile de Calcedoine. Dans la 78. à Marcien ,
aprés l'avoit congratulé du fuccés du Concile de
Calcedoine , il blâme l'ambition d'Anatolius Pa
triarche de Conſtantinople, qui vouloit avoir des
droits qui ne lui appartenoient pas. Il veut bien
quela ville de Conſtantinople foit égalée à celle
de Rome : mais il dit qu'iln'en eſt pas ainſi des
Eglifes ; qu'il n'y a point de bâtiment folide , s'il
- n'eft fondé ſur cette pierre que Jesus - CHRIST
a miſe pour le fondement de fon Egliſe ; qu'Ana
tolius ne peut pas faire
11 que fon Egliſe Toit un Sie
ge Apoftolique; qu'on ne peut renverſer en aucune
maniere les privileges des Egliſes établis par le ;
Tome IV, X
338 : Nou'VEILE BIBLIOTHEQUE
S. Leon. Canons des Peres , & fixez par les Decrets du
Çoncile de Nicée ; qu'il eſt obligé par la charge
de les faire executer , & qu'il ſeroit coupable , s'il
les laiſfoit violer. Il exhorte donc l'Empereur de
porter Anatole à ſe defifter du droit qu'il pre
tendoit , auquel les Legats du Saint Siege s'étoient
oppoſez , & s'il ne le fait , à emploier ſon auto
rité pour le tenir dans l'ordre, & l'empêcher d'en
treprendre ſur les droits des autres Evêques. Certe
lettre eft du 22. Avril 452 .
Il repete les mêmes choſes dans la 79. à l'Im
peratrice Pulcherie , qui eſt de même date : il y re
marque en particulier qu'Anatolius avoit obtenu
l'Evêché de Conſtantinople par les bienfaits de
l'Imperatrice , & par fon conſentement , pietatis
veſtre beneficio , & pietatis meæ affenfu . il avoit
auſſi dit dans la precedente, qu'il devoit fon Evê
ché aux bienfaits de l'Empereur , veftro beneficio.
Il fait encore valoir les Canons du Concile de Ni
cée contre la pretention d'Anatolius , & declare
qu'il calle & qu'il annulle par l'autorité de Saint
Pierre toutes les conſtitution contraires aux loix
s
établies dans le Concile de Nicée.
Il repreſente les mêmes choſes à Anatolius dans
la lettre 8o . Il y louë ſa Fois & condamne ſes pre
tentions. Il trouve mauvais qu'il ait ordonné l'E
vêque d'Antioche, & qu'il veuille encore violer les
Decrers du Concile de Nicée , en faiſant perdre le
focond rang à l'Egliſe d'Alexandrie , & le troifiéme
à celle d'Antioche , & en privant les Metropo
litains de fa Juriſdiction du droit & de l'honneur
qu'ils avoient. Il l'accufe d'avoir voulu faire fer
vir à ſon ambition le Concile qui n'avoit été af
ſemblé que pour abattre l'hereſie, Il l'alûre qu'
DE's Auteurs ECCLESIASTIQUES. 339
aucun Synode ne peut toucher à ce qui a été faitpar Si Leon.
celui de Nicée, & que les Legats du S. Siege avoient
raiſon de s'oppoſer à ſon entrepriſe. Il l'exhorte
enfin à fe tenir dans les bornes de l'humilité &
de la charité Chrétienne, & ne plus cauſer de ſcana,
dale dans l'Egliſe de Jesus-CHRIST. Il l'aver
tit qu'il ne peut point s'autdriſer d'un pretendu
Reglement d'Evêques fait il y a ſoixante ans, qui
n'a jamaisété envoyé au Saint Siege ; & qui n'a
point eu d'execution. Il lui défend de trouble
les Metropolitains dans leurs droits anciens , &
lui declare qu'il entend que les Egliſes d'Alexan
drie & d'Antioche demeureront en poſeſſion de
leur ancien rang. Cette lectre eſt encore du mê
me jour .
Saint Leon ne ſe contenta pas d'écrire ainſi
fortement contre les pretentions d'Anåtolius , il
månda par la lettre 81. écrite , quelques joursaprés
celle- ci, à Julien de Coos ;زqui étoit chargé de ſes
affaires en Orient, qu'il ne pouvoit confentir aux
pretentions d'Anatolius. Comme Julien lui avoit
écrit en fa faveur , il lui témoigne , que quoi qu'il
ait beaucoup de conſideration pour lui, il ne fera
B neanmoins rien à fa recommandation qui ſoit
contre les regles de l'Egliſe. Il ajoûte qu'Ana
tolius devroit bien ſe contenter d'avoir été élevé
par ſon fuffrage à l'Evêché d'Antioche s fans vou
loir l'obliger à violer les regles de l'Egliſepour
favoriſer ſon ambition . Il recommande à Julien
d'avoir plus d'égard à l'ordre de l'Egliſe univer
felle , qu'à l'amitié perſonnelle d'Anatolius , & de
ne plus lui demander une grace qu'il ne pourroit
obtenir , fans mettre en faute celui qui l'auroit dem
mandée , & celui qui l'accorderoit.
Y ij
340 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon. La lettre 82.eft adreflée à Ruſticus, Ravennius,
Venerius & aux autres Evêques des Gaules . Saint
Leon leur fait ſçavoir la definition du Concile de
Calcedoine , & leur envoye une copie de l'avis
que Paſcafius & Lucentius avoient prononcé dans
ce Concile. 11 fuit cette lettre , & elt quelque peu
different de celui qui ſe trouve dans les Actes du
Concile .
La lettre 83. eſt adreſſée à Theodore Evêque de
Frejus, & datée du 10. Juin de l'an 452. Saint
Leon ayant été conſulté par cét Evêque fans la
participation de ſon Metropolitain , l'avertit qu'il
devoit premierement s'adrefler à lui pour avoir
l'éclairciſſement de les difficultez , & que s'il eût
auffi ignoré la ſolution , ils pouvoient alors ſe join
dre enſemble pour confulter le S. Siege, parce qu'on
ne doit , dit- il , faireaucune queſtion ſur les choſes
qui concernent l'obſervation generale des Egliſes ,
ſans l'autorité des Primats , c'eſt- à -dire, des Me.
tropolitains. Il ne laiſle pas d'inſtruire cét Evê
que fur ce qu'il lui avoit demandé touchant la dif
cipline de l'Egliſe envers les Penitens. Il dit que
la penitence eſt le ſeul temede aux pechez com
mis aprés le Baptême. Que Jesus-CHRIST 3
donné le pouvoir aux Prêtres d'impoſer une peni
tence auxpecheurs , & de les admettre quand ils
ont été purifiez par une fatisfaction proportion
née, de les admettre, dis-je , à la Communion des
Sacremens par la porte de la reconciliation . Il
ajoûte que Jesu S-CHRI$ T intervient, pour ainſi
dire , à l'ađion du Prêtre ; en ſorte que ſi l'ef
fer ſuit l'action , il faut croire que c'eſt par la
vertu du Saint Eſprit. Que fi quelque Penitent
meurt avant la reconciliation , il ne peut être res
1
of
temps ſans lui envoyer des lettres de Communion ;
mais qu'en conſideration du témoignage de l'Em
pereur, & de la Profeſſion de Foi qu'il avoit faite,
il l'avoit reçû à ſa Communion , en l'averti flant
STI
neanmoins de n'avoir avec ſoi aucun de ceux qui
avoient perſecuté Flavien , & dedépoſer un dé
met
fenſeur du parti d'Eutyche. Qu'il avoit été en
tierement ſatisfait par la lettre,par laquelle il lui
7.30
11.
fait ſçavoir ce qu'il avoit decide dans ſon Syno
de ; mais qu'il avoit été ſurpris , qu'aprés avoir fi
bien commencé, il avoit depuis dépoſé l'Archi
diacre Aëtius , qui s'étoit toûjours oppoſé aux
ar
Eutychiens, pour mettre en ſa place André Eucy
chien : ce qu'il avoit fait avec tant de precipita
WA Y iij
342 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon. tion , qu'il avoit ordonné celui - ci le Vendredi
contre l'uſage ordinaire & contrela Tradition Apo
ſtolique, & qu'en dégradant l'autre , il lui avoit
donné la charge du Cemetiere , le condamnant par
ce moyen à une cfpece d'exil. Il prie l'Empereur
de prendre Aëtius en ſa protection , & d'obliger
Anatolius à révoquer ce qu'il avoit fait. Cette
lettre Mars
eft du 10. 453 .
Il écrivit aufli en même temps la lettre 85. à
l'Imperatrice Pulcherie , elle eſt ſur le même ſu
jet , & contient à peu prés les mêmes choſes. Il
remarque que quand André auroit abjuré l'erreur
des Eutychiens , on ne devoit pas le preferer à
ceux qui ayoient toûjours conſervé la pureté de la
Foi.
Il écrivit encore le lendemain la lettre fui
vante ſur cette affaire à Julien de Coos ſon Agenç
en Orient. Il paroît par cette lettre , qu'Anato
lius avoit êté l'Archidiaconat à Aëtius en l'or
donnant Prêtre : car un Prêtre ne pouvant être
Archidiacre , ſous pretexte de l'éleverà une digni
té plus relevée , il l'avoit effectivement dépouillé
de la charge d'Archidiacre, qui étoit plus hono
rable. Saint Leon ſe plainț de cette conduite, &
encore plus de ce qu'il a mis en fa place une
perſonnequi favoriſoit le parti d'Eutyche. Il re
commande à Julien de veiller au nom du Saint
Siege Apoftolique ſur ce qui ſe paſſe en Orient,
& șe parler librement à l'Empereur fur lcs cho
fes qui regardentle bien de l'Egliſc. Il veut qu'il
lui écrive ſur les choſes qui pourront fouffrir qucl
que difficulté. Il lui recommande de reprendre
fortement Anatolius de ce qu'il a mis un Archi
diacre Heretique en la place d'un Catholique,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 343
Il accuſe ce Patriarche de n'avoir point de zele S. Leon .
pour la Foi. Il prie Julien de lui faire ſçavoir ce
que c'étoit que le trouble des Moines de Paleſti
E
ne , s'ils ſont Eutychiens , ou s'ils ne ſont en dif
corde avec leur Evêque Juvenal, que parce qu'il a
I favoriſé ce parti. Il remarque qu'ilfaut les punir à
E proportion de leur faute , parce qu'il y a bien de la
difference , dit-il , entre s'élever contre la Foi , &
s'échauffer un peu trop pour la Foi . Il le prie en
core de lui faire ſçavoir des nouvelles des Moi
ines d'Egypte , & des affaires d’Alexandrie. Il
I
avertit enfin Julien , qu'il n'a pas encore reçû la
Formule de Foi qu'il lui avoit adreſſée. On ne
ſçait pas quelle eſt cette Formule , dont S. Leon
parle en cet endroit, & que Julien lui avoit en
voyée. Le Pere Sirmond en a donné une , qu'il pre
tend être celle- ci ; mais le Pere Chifflet nous af
ſûre qu'il a trouvé dans un Manuſcrit celle du
Pere Sirmond attribuée à Alcuin . Le Pere Qucf
nel croit , que la Formule de Foi que Julien avoit
envoyée à Saint Leon , n'étoit autre choſe que la
definition de Foi qui eſt dans la cinquiéme action
du Concile de Calcedoine. Saint Leon prie en
$
core Julien de lui envoyer une verſion des Actes
DI
entiers du Concile de Calcedoine, qui n'étoient
pas entendus à Rome , à cauſe qu'ils étoient écrits
en Grec.
La lettre 87. eft adreſſée aux Evêques qui avoient
aſſiſté au Concile de Calcedoine. Saint Leon у
approuve les deciſions de ce Concile touchant la
UCP
Foi , & declare enmêmetemps, qu'il ne conſen
tira jamais à ce qu'il a fait contre les reglemens
zbog du Concile de Nicée. Certe lettre eft du 21.
chi Mars 4532
Y iiij
344 NouÝELLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon, Saint Leon fut obligé de l'écrire pour fatis-.
faire l'Empereur , qui lui avoit demandé qu'il
approuvait clairement ce qui avoit éré defini dans
le Concile de Calcedoine , de peur qu'on ne priſt
occaſion de s'élever contre le Concile, parce que
le Pape ne vouloit pas reconnoître le droit qu'il
avoit accordé à Anatolius. C'eſt ce que Saint Leon
même témoigne dans la lettre ſuivante écrite à
Julien de Coos, où il louë le zele de l'Empereur
& de l'Imperatrice qui avoient réprimé l'infolen
ce de quelques Moines. Il lui mande encore que
l'Empereur lui ayant fait dire fecrettement d'aver,
ţir l'Imperatrice, il lui a écrit auti- côt, & le prie de
lui faire ſçavoir quel fruit a fait la lettre , & fi
enfin elle a approuvé la doctrine, ou plûtôtcelle
de Saint Athanaſe, de Theophile & de Saint Cy
rille.
Ą l'égard de l'affaire d'Aetius , il marque qu'il
prend beaucoup de part à fon malheur ; mais il
p
de eur
croit qu'il faut paſſer cçla doucement , de
qu'on ne ſemble porter leschoſes à l'excés. Enfin ,
il lui dit qu'Anatolius perſiſte dans ſa pretention ,
& qu'il a appris par celui qui lui elt venu appor
ter la nouvelle de l'Ordination de l'Evêque de
Theſſalonique , qu'il a voulu faire figner les Evê
ques d'Illyrie ; que c'eſt pour cela qu'il ne leur a
point écrit , quoi-que Julien lui eût demandé de lę
faire, parce qu'il a connu par là qu'il ne vouloiç.
point ſe corriger. Il lui enyoye deux copies de la
lettre precedente, l'une ſimple , & l'autre qui étoit
aubas de la lettre qu'il avoitécrite à Anatolius ,
afin qu'il pût donner à l'Empereur celle qu'il juge
roit le plus à propos.
Dans la lettre 89. il écrit à l'Empereur für çe
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 345
de lui , qu'il approuvât
qu'il avoit exigéCalcedoine ce que S. Leon .
le Concile de avoit defini touchant
la Foi. Il l'affûre qu'il l'avoit déja approuvé en
écrivant à Anatolius, mais que cét Evêque n'a
voit pas youlu publier la lettre, parce qu'il y re
prenoit fon ambition. Il remercie Dieu d'avoir
donné un Empereur qui a fçû joindre la vigueur
ſacerdotale à la puiſſance royale. On ſera peut
être ſurpris de cette expreſſion ; mais il eſt bon
d'avertir aprés le Pere Queſnel , qu'il y en a plu
ſieurs femblables dans les lettres de Saint Leon ,
Conſtantin s'eſt donné à lui-même la qualité d'E
vêque de l'exterieur de l'Egliſe. Les Peres du
Concile de Calcedoine , & ceux du Concile
de Conſtantinople ſous Flavien , n'ont point fait
de difficulté dans des acclamations à la loüan
ge des Empereurs , de leur donner la qualité
d'Evêques. Saint Leon louë encore Marcien de
1 ce qu'il trouve bon que l'on ſoûtienne les regle
I mens du Concile de Nicée, & de ce qu'il a arrê
1 té les mouvemens de quelques Moines. Enfin ,
il l'affûre i que pour obéïr à ſes ordres , il a de
claré les ſentimens qu'il avoit touchant le Concilę
de Calcedoine . Il mande à peu prés les mênics
choſes à Pulcherie dans la lectre 20. qui eſt du 21.
Mars.4:53:
Dans la 91. écrire à Julien de Coos , il lui té
moigne qu'il n'a rien omis de ce qu'il pouvoit
11 fairepour défendre la Cauſe de l'Egliſe ; que c'eſt
à l'Empereur à réprimer les perturbateurs du repos
Sy de l'Egliſe & de l'Ecat, 11 ajoûte que les Evê
ques ne doivent pas permettre aux Moines de prê
cher. Il s'éronne que Thalaſſius quiétoit Evêque
Ć de Ceſarée en Cappadoce, ait donné ce pouvoir
346 NouvelLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon. à un certain George , qui étoit déchû de l'état
monaſtique par ſes déreglemens : il dit qu'il lui
écrira ſur ceſujet comme il faut , fi Julien le juge
à propos. Enfin , il l'exhorte de faire en ſorte
que l'Empereur empêche les Heretiques de trou
bler la paix de l'Egliſe. Cette lettre elt du 29. Avril
de la même année.
La lettre 92. à Maxime Evêque d'Antioche ,
traite de pluſieurs choſes. Il remarque premiere
ment , que la Foi Catholique tient le milieu en
tre les extrémitez de Neftorius & d'Eutyche. Il
exhorte Maxime à veiller ſur les Egliſes d'Orient,
& particulierement ſur celles que le Concile de
Nicée lui a confiées , pour empêcher l'hereſie de s'y
établir. Et afin qu'il puiſſe le faire avec plus d'au
torité , il lui recommande de maintenir les droits
que le Concile de Nicée attribuë à ſon Egliſe ,
& de lui conſerver le troiſiéme rang. Qu'il en
viendra facilement à bour , quoi que l'on faſſe ,
parce qu'il eſt impoſſible que l'on renverſe la dif
poſition établie par les Canons inviolables du Con,
cile de Nicée ; que l'ambition peut bien tenter
d'y apporter quelque changement , comme il eſt
déja arrivé dans le Concile où Juvenal voulut s'em
parer de la Primatie de la Paleſtine, & tâcha d'é
tablir ſes pretentions ſur des écrits ſuppoſez ; &
que Saint Cyrille ayant eu peur de cette entre
priſe , lui en avoit écrit : mais que quelque Regle
ment que l'on fift là-deffus contre celui du Conci
le de Nicée , quand ce ſero.c dans un Concile plus
nombreux , ilne pouvoit , ni ne devoit ſubfilter.
Que fi ſes Legats avoient donné leur conſentc
ment à quelque Reglement du Concile de Calce
doine, qui ne concernât point la doctrine , il le
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 347
1
declaroitnul, parce qu'ilne les avoit envoyez que S. Leon
5
pour défendrela Foi de l'Egliſe contre les Herc
lies. Qu'enfin tout ce qui ſe traite dans les Syno
des d'Evêques, à l'exception dela Foi , ne peut être
E
reçû , s'il ne s'accorde pas avec les Regles du Con
cile de Nicée ; qu'il verra par la copie de la let
tre qu'il a écrite à Anatolius avec quelle vigueur
il défend le Concile de Nicée. Enfin , il avertit
Maxime d'empêcher les Moines & les Laïques de
prêcher , d'autant plus qu'il n'appartient qu'aux
Evêques de le faire. Cette lettre eſt du dixiéme de
Juin.
Dans la lettre 93. à Theodoret , il témoigne
premierement à cér Evêque la joye qu'il a cuë,
3
quand il a appris par ſes Legats qu'il avoit en
voyez au Concile de Calcedoine , que la Foi Ca
1 tholique l'avoir emporté ſur les erreurs des Neſto
riens & des Eutychiens, & que le Concile avoit
confirmé par un Jugement qui n'étoit plus ſujet
à aucune reforme, les ſentimens qu'il avoit établis,
Ces paroles font remarquables, parce qu'elles font
connoître évidemment , qu'il n'y a que le Juge
ment du Concile univerſel que l'on ne puiſſe cxa
miner de nouveau , & que le jugement même du
Pape eſt fujet à reformation. C'eſt ce qui lui fait
ajoûter , qu'il n'a point été fâché que quelques
uns n'ayent pas voulu recevoir le Jugement qu'il
avoit porté , pour faire connoître que le conten
tement
que les autres Sieges avoient prêté à celui
que Dieu a voulu être leur Chef , ne pallât pour
une flaterie. Que la conrradiction que la verité
avoit ſoufferte en cetteoccaſion , avoit été cauſe d'un
bien , parce que l'on reconnoîc davantage les fa
1 veurs du ciel , quand on ne les obtient qu'avec
UE
348 Nou VELLE BIBLIOTHEQ
$ . Leon. peine, & que la Providence divine nous fait par
venir à un bien par une eſpece de mal. Que la paix
qui eſt foûtenuë parun repos continuel, eit moins
agreable que celle que, l'on acquiert par les tra
vaux. Que la verité s'éclaircit davantage, & ſe
maintientavec plus de force , quand l'examen con
firme ce que la Foi nous avoit appris ; & qu'enfin
la grandeur de la dignité Sacerdotale ſe fait mieux
connoître , quand on reſpecte l'autorité des Evê
ques les plus élevez , en ſorte toutefois que l'on ne
touche en aucune maniere à la liberté deceux qui
ne ſont pas ſi élevez . Il invite enſuite Theodoret
à ſe réjouïr de la victoire que la verité a rempor
tée. Il s'emporte contre les violences que Dioſ,
core avoit exercées . Il fait remarquer à Theodoret
qu'il faut être également éloigné de l'erreur de
Neſtorius , & de celle d'Eutyche. Il remercie Dieu
de ce qu'il a été juſtifié de toute ſorte de ſou
pçon ,& l'exhorte enfin à veiller pour la défen
Te de la Foi de l'Egliſe , & à ne pas permettre
que les Laïques ni les Moines ſe mêlent de pre
cher. Cette lettre eft du 12. Juin.
La lettre 94. à l'Empereur Martien , eſt ſur une
difficulté qu'il y avoit touchant le jour de la Fê
te de Pâque en l'année 455- Saint Leon dit
que les anciensPeres avoient chargé l'Evêque d'A
lexandrie du ſoin de rechercer tous les ans le jour
de cette Fête , & de le faire ſçavoir au Saint Sie
ge Apoſtolique, afin qu'il le mandât aux Egliſes
plus éloignées. Que Theophile avoir fait un Ca
lendrier pour cent années , qui commencoit à
l'an 380, mais que la Pâque de la 76. année , c'eſt
à-dire , dela 455.de Jesus-Christ, y étoit mar
quée à un jour extraordinaire , & trop avancé
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 349
dans le mois d'Avril. Il prie Marcien de faire S. Loon .
faire des Memoires exacts de cette fupputation ,
5 afin que toutes les Egliſes celebrent cette Fête en
même temps. La lettre ſuivante à Julien eſt ſur
le même ſujet ; elle ſont toutes deux du 16. Juin.
Celle - ci étoit adreflée à Eudocie dans les edi.
tions ordinaires ; mais la maniere dont elle eſt
écrite , & les Manuſcrits, nous font connoître
que c'eſt veritablement à Julien qu'elle étoit é
crire .
La lettre 96. eſt adreſſée à l'Imperatrice Eu
docie, qu'il exhorte d'employer ſon autorité pour
obliger quelques Moines de Paleſtine à ſe foll
mettre au Concile de Calcedoine,
Dans la lettre 97. aux Moines de Paleſtine
il donne des éclairciſſemens ſur les ſentimens qu'il
avoir avancez dans la lettre à Flavien , & fait
voir que ſa doctrine eſt oppoſée à l'erreur de Ne
ftorius auffi -bien qu'à celle d'Eutyche.
Dans la lettre 98.il prieJulien de lui faire ſçavoir
exactement des nouvelles de ce qui ſe paſſe à
Conſtantinople , & d'avoir loin que les Canons
foicnt obſervez. Elle eſt du 25. Juin 453.
La 99. eſt du 9. Janvier ſuivant : il remercie
l'Empereur de ce qu'il avoit appaiſe les troubles
de Paleſtine و, & rétabli Juvenal Evêque de Jeru
lem dans ſon Siege.
La ſuivante à Julien eſt de même date : il у
marque la joye qu'il a de ce que les Moines de
Paleſtine ont reconnu leur erreur , & de ce que
Juvenal de Jeruſalem a été rétabli . Il ajoûte que
Protérius d'Alexandrie lui a écrit une lettre , par
laquelle il lui a fait connoître la fincerité de la
do & rinc. Il parle du differend qu'il avoit avec cér
350 , NouyeLLE BIBLIOTHEQUÈ
S. Leon. cét Evêque ſur le jour de la celebration de la På
que l'an Ass. Il dit qu'il n'a approuvé dans ſaler
tre au Concile de Calcedoine la que ce qui regar
de la Foi , & ſe réjouït de ce qu'Aëtius avoit été
trouvé innocent.
Dans la lettre 101. à Marcien , Saint Leon té
moigne à cét Empereur,qu'il ſe reconciliera volon
tiers avec Anatolius; & qu'il lui auroit déja écrits
ſi les lettres qu'il lui a envoyées, euſſent eu quelque
cffet , ou qu'il y eût fait réponſe ; qu'il n'a qu'à
ſe foûmettre aux Canons , & qu'à renoncer à ſes
pretentions ambitieuſes,& qu’auli-tôt ille recevra
à la Communion. Cette lettre ett du 9. Mars.
La lettre ſuivante à Julien eſt de la même datea
Il l'avertit qu'il a reçû une lettre de Proterius , par
laquelle il à reconnu qu'il eſt bien intentionné
pour la Foi ; mais parce qu'il étoit fort tourmen
té par la faction des Eutychiens , qui ayant fait
une traduction infidele de la lettre de S. Leon
à Flavien , vouloient perſuader qu'elle favoriſoit
l'erreur de Neſtorius, il prie Julien d'en faire
faire une traduction en Grec , & de l'envoyer à
Alexandrie ſeellée du ſeau de l'Empereur,afinqu'on
la liſe publiquemenr. Il lui recommande de ſça
voir de l'Empereur la réponſe fur le jour de la
Fête de Pâque de l'année prochaine, & de la lui
mander, parce que le temps de remplir les lettres
formées pour la Pâque approche.
La lettre 103. eſt adreſſée à Proterius Evêque
d'Alexandrie. Saint Leon témoigne à cét Evê
que la joye qu'il a euë en apprenant par la lettre ,
qu'il eſt dans des ſentimens orthodoxes , & quc
l'Egliſe d'Alexandrie a reçû de Saint Març dil
ciple de Saint Picrre la mêmeFoique les Ros
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 351
mains ont reçûë de fon Maître. Il exhorte Prote- S. Leong
rius à veiller pour la défenſe de cette Foi . Il ajoû
te qu'il n'a rien enſeigné de nouveau dans lalet
tre à Flavien , & qu'il ne s'étoit point éloigné
de la regle de la Foi qu'il avoit reçûë de ſes an
cêtres ; que ſi Dioſcore eût voulu faire de même
il ne ſe ſeroit pas ſeparé de l'Egliſe , puiſqu'il
avoit les Ouvrages de Saint Athanafe , & les
1
Sermons de Theophile& de Saint Cyrille , qui
devoientle porter à reſiſter à l'erreur d'Eutyche.Il
1 avertir Proterius qu'il faur éviter ſoigneuſement
? de rien dire qui puiſſe approcher des ſentimens
de Neftorius , & qu'il faut, en enſeignant le peu
ple; lui faire connoître qu'on n'avancerien de nou
veau , & que l'on n'enſeigne que ce que les faints
Peres ont unanimement prêché ; & que pour l'en
convaincre, il ne ſuffit pas de le dire, mais qu'il eſt
bon de le prouver en apportant & en, expliquant
leurs autoritez ,aufquelles on pourra joindre fa fettre
Enfin , Saint Leon dit que l'on s'attache à l'an
tiquité auſſi - bien dans les
choſes de diſcipline
que dans les matieres de Foi : que c'eſt pour cela
qu'il s'eſt oppoſé à ceux , qui par leur ambition
vouloient donner atteinte aux privileges de l'E
gliſe d'Alex andrie , & aux droits des Metropoli
.
tains. Il avertit Proterius de conſerver les coû
tumes qui ont été en uſage du p
temps de ſes re
5
deceſſeurs deretenir les Evêques qui ſuivant les an
ciens reglemens ſont ſoûmis à l'Egliſe d'Alexan
drie, dans leur devoir , en les obligeant de ſe trou
ver à ſon Synode d, ans les temps reglez ,ou quand
il y a quelque affaire qui demande leur preſence.
Cette lettre eſt du 1o, Mars 454. Elle n'avoiy
point encore paru ,
U E
352 Nou VELLE BIBLIOTHEQ
S. Leon. L'on a mis ici la lettre de Proterius d'Alexan.
drie à Saint Leon , touchant la Fête de Pâque
de l'an 455. Il étoit d'avis contraire au Pape , qui
ſe rendit enfin à l'opinion de Procerius. Ceux
qui ſont curieux des ſupputations que l'on faiſoit
pour trouver le jour dela Fête de Pâque en cha
que année , y trouveront de quoi ſe contenter.
Sur la fin il remarque à Saint Leon , qu'il n'avost
pas oſé faire traduire cette lettre en Latin , parce
qu'il eût été difficile à des gens quine le ſçavoient
pas bien , de parler juſte en Latin ſur une ma
tiere auſſi embaraflée & auſſi épineuſe que celle
là etoit.
La lettre 104. à l'Empereur Marcien , eft de
la même dare que la 103. à Proterius , & con
tient à peu prés les mêmes chofes. Saint Leon y
louë Proterius à cauſe de l'approbation qu'il
ayoit donnée à Flavien . Il dit que quelques He
retiques l'avoient fallifiée , & prie l'Empereur de
la faire traduire en Grec , & de l'envoyer à Ale
xandrie.
La ios: au même eſt du 15. Avril ſuivant. Il
promet à l'Empereur qu'il ſe remettra bien avec
Anatolius , pourvû qu'il veuïlle ſe defifter de ſes
pretentions. Il prie Sa Majefté de relegaer plus
loin Euryche, qui dogmatizoit dans le lieu de ſon
-exil. Il le remercie qu'il a envoyé à Alexandrie
une perſonne pour s'informer exactement du jour
de la Fête de Pâque.
La lettre d'Anatolius à S. Leon , eft tirée de
la Collection d'Holſtenius. Il s'y plaint de ce que
Saint Leon avoit celle de lui écrire , & il témoi.
gne que les lettres qu'il avoit écrites aux autres
Tur ſon ſujet , avoient encore augmenté la douleut.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES, 353
11 lui marque qu'il n'avoit rien plus à cæur que S. Leon.
de lui donner Tatisfaction ; & qu'ayant eu com
munication d'une lettre que Saint Leon avoir
écrite à l'Empereur , il avoit auſſi-tôt executé ce
qu'il ſouhaitoit de lui pour le bien de l'Egliſe;
qu'il avoit rendu à Aëtius uni rang honorable dans
le Clergé , quoi-que ce ne fût pas celui d'Archi
diacre , comme il paroît par la lettre ſuivante ;
qu'il avoit chaſſé André de l'Egliſe , quoi- qu'il
ne l'eût pas fait Archidiacre ; mais qu'il fût par
venu à cette dignité par le rang d'ancienneté ;
qu'il avoit auſſi ſeparé de la Communion de l’E
gliſe ceux quiavoient été du parti d'Eutyche , quoi
qu'ils euſſent déja ſatisfaitpar leur ſignatures & par
leurs declarations , & qu'il ne les recevroit points
qu'il n'eût fçû de lui ce qu'il en devoit faire. Il
le prie inſtamment de lui écrire. Enfin , il pro
teſte qu'à l'égard de la dignité que le Concile de
Calcedoine lui a accordée en faveur du Siege de
l'Egliſe de Conſtantinople ; il n'y a eu aucune
part; mais que c'eſt le Clergé de Conſtantinople
qui l'avoir demandé, & les Évêques d'Orient qui
Pavoientfait ordonner : que pour luiil ne s'en étoit
point mêlé , & qu'il avoit toûjours vécu d'une ma- '
5 niere qui ne donnoit pas lieu de le foupçonner
d'être ambitieux , ou entreprenant. Le corps de
cette lettre étoit écrit en Latin , & les ligna
tures en caracteres Grecs.
Saint Leon fait réponſe à cette lettre par la
de 106. & mande à Proterius , que ce n'eſt point
manque de charité qu'il a celle de lui écrire ,
mais parce qu'ayant été obligé de s'oppoſer aux
TCB entrepriſes qu'il faiſoit contre les Canons , il
LE n'avoit reçû aucune réponſe de lui. Il le loue
Torné IV Z
BLIOTHEQUE
354 NouVELLE
S. Lcon. de ce qu'il s'eſt accommodé avec Actius, & de
ce qu'il a ôté André de la place d'Archidiacre,
Il lui marque qu'il peut le recevoir & l'ordon
ner Prêtre , lui & ceux qui avoient été engagez
dans le parti d'Eutyche , s'ils donnent des decla
rations publiques par écrit, dans leſquelles ils con
damnent les hereſies d’Eutyche & de Neſtorius;
mais qu'il faloit mettre dans la place d'Archidia
cre une perſonne qui n'eût jamais été engagée dans
ces ſectes. Il ne reçoit pas tout- à -fait l'excuſe
d'Anatolius ſur les prerogatives attribuées à
l'Evêque de Conſtantinople par le Concile de
Calcedoine. Il dit que leClergé ne pouvoit pas
faire cette entrepriſe fans ſon conſentement. Il
ſe réjouï neanmoins de ce qu'il le voit diſpoſé à
ſe deſiſter de cette entrepriſe : il l'exhorte de le
faire au plâcôt. Cette lettre eſt du 29. May
454
La lettre 107. à l'Empereur Marcien , eſt ſur le
mêine ſujet. Il luimande qu'il a fait réponſe à A
natolius, que cér Evêque ne devoit attribuer qu'à
ſon ſilence l'interruption du commerce de lettres,
qui avoit été entre eux ; qu'il ne doutoit point
que ce ne fût l'Empereur qui l'eût diſpoſé" à le
corriger ; qu'il neſe reconcilie avec lui ,qu'àcon.
dition qu'il abandonnera les pretentionsqu'il a,
contraires aux Canons de l'Egliſe , & qu'il veil
lera
pour découvrir les. Heretiques cachez , afin
de les chaſler avec le ſecours de l'autorité Inpe
riale ; qu'il eſt facile par ce moyen d'éteindre en
tierement les reſtes des hereſies , puiſque la Pa
leſtine eſt déja revenuë , & que l'Egypte com
mence à fe reconnoître ; qu'il ſe réjouit de ce
que l'on a fait en faveur d'Aëtius , & qu'il le prie
DES Auteurs ECCLESIASTIQUES. 355
d'écouter ce que Julien a à lui remontrer. Enfin , S. Leon .
il le prie d'empêcher le Moine Carolus de
ſemer, comme il fait , des erreurs dans Conftan
tinople.
Il écrivit encore en même temps une autre lettre
à l'Empereur, par laquelle il le remercie de la re
cherche qu'il a fait faire pour ſçavoir le jour de
Pâque ; il l'affûre qu'il a reçû les lettres de Pro
terius, & qu'il ſuivra ſon avis , quoi qu'il ne
ſoit pas perſuadé qu'il ait raiſon , mais pour le
bien de la paix & de l'unité. Enfin il prie l’Em
pereur de ne pas ſouffrir que les O Economes de
l'Egliſe de Conftantinople rendent compte de
vant des Juges ſeculiers , mais de laifler cela ſui
vant l'ancien uſage , au Tribunal de l'Evêque .
La lettre 109. eft une lettre circulaire aux E
vêques de France & d'Eſpagne , par laquelle il
leur fait ſçavoir , que la Fête de Pâque de l'année
ſuivante ſera le 22. Ayril . Elle eſt datée du 28 .
Juillet'454
La 110.eft adreſſée à Juvenal Evêque de Jerui
ſalem . Il ſe réjouït de ce que cet Evêque ayant
condamné Eutyche , avoit été rétabli dans ſon
Siege : il l'exhorte à défendre la Foi de l'Egliſe
fur l'Incarnation , dont les ſaints lieux qui font
dans ſon Evêché , font une preuve convaincan
te. Il lui fait une expoſition de la do&rine Ca
tholique, & l'avertit ,qu'il la trouvera prouvée
par des témoignages de l'Ecriture Sainte dans la
lettre à Flavien. Cette lettre eft du 4. Seprem
P bre.
IT La lettre mil. eſt une réponſe à une lettré ,
26 par laquelle Julien lui avoit mandé la mort de
Dioſcore. Il lui marque qu'il eſpere que cela ren
ጊ ij
356 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon . dra le retour de pluſieurs plus facile. Il lui rës
commande de ménager bien l'eſprit de l’Empe
reur , & de lui donner des inſtructions ſur ce
qu'il peut faire pour le bien de l'Egliſe , parce
qu'il îçait que ce Prince eſt perſuadé qu'il ne tra
vaille jamais plus utilement pour fon Empire ,
que quand il procure le bien de l'Egliſe. Il aver
tit Julien de lui faire ſçavoir en quel état eſt l’E
gliſe d'Alexandrie.
Les lettres 112. 113 , & 114. de Saint Leon
ſont écrites en 455. Dans la premiere il remercie
l'Empereur Marcien du foin qu'il a eu pour
faire éclaircir en quel jour l'on devoit celebrer la
Fête de Pâque , & l'affûre qu'il s'eſt rendu au
ſentiment de l'Evêque d'Alexandrie , & qu'il l'a
ſuivi dans les lettres qu'il a écrites à tous les Evê
ques d'Occident pour leur marquer le jour de cer
te Fête.Il remercie l’Empercurde ce qu'il a chaf
fé Caroſus & Dorothée de leurs Monaſteres. Dans
la ſeconde il fait réponſe à la lettre de Julien
quilui avoit écrit , que Carolus avoir fait pro
feflion de la Foi orthodoxe , mais qu'il étoit en
core en diſcorde avec Anatolius , que Jean avoit
été envoyé en Egypte pour y rétablir la Foi & la
paix. Il prie Julien de lui faire ſçavoir le fruit
quril y aura fait ; il lui marque qu'il eſt fort
aMigé de l'état del'Evêque d'Antioche, fi ce que
fes accuſateurs diſent eſt vrai. Il ajoûte qu'il a
tant de confianceen la pieté de l'Empereur, qu'il
ne doute pas qu'il n'empêche l'hereſie de s'éta
blir . Dans la 114. il exhorte Anatolius de travail.
lér de toutes ſes forces à étouffer les reſtes de l'he.
relie . La derniere de ces lettres eſt du 13. Mars.
Nous n'en avons plus de cette année ni de la fuj
• AuteuRS ECCLESIASTIQUES. 357
vante , parce que Rome ayant été priſe par les S. Leon.
Wandales , Saint Leon fut tellement occupé des
į affaires de fon Egliſe , qu'il n'eut pas le loiſir de
€ ſonger à celle des autres : outre que dans le trou
ble où il fut alors , il étoit difficile qu'il pût en
voyer & recevoir des lettres des pays éloignez .
3
Mais auſſi -tôt qu'il commença à être un peu plus
de repos , il recoinmença à donner des marques
de ſa vigilance paſtorale.
그
La lettre 115. à l'Empereur Leon du 9. de Juin
457. eſt la premiere. Il prie cér Empereur de pro
teger la Foi, & de ne pas permettre que l'on don.
nât atteinte à l'autorité du Concile de Calcedoi
ne , particulierement à Alexandric , où elle avoit
été fortement attaquée , ſuivant le rapport qui lui
en avoit été fait par Anatolius.
C'eſt à celui-ci que s'adreſſe la lettre fuivante
du 11. Juillet . Saint Leon le louë de la douleur
qu'il a cuë de voir l'Egliſe d'Alexandrie reduite
dans un état pitoyable par les violences des Here
tiques ; que l'Empereur Marcicn avoit été enlevé
du monde , lorſqu'il y alloit mettre remede, mais
que Dieu merci il avoit laiſſé un fils , de qui la
Religion Catholique devoit attendre la même
protection ; qu'il lui avoit écrit ſur ce ſujet ; qu'il
devoit ſe joindre à lui pour le porter à maintenir
for les deciſions du Concile de Calcedoine , & qu'il
le prioit de lui faire ſçavoir ce qu'il feroit au
prés de lui là - deſſus.
cul Dans la 117. qui eſt de même date , il témoi
vail
gne à Julien , qu'il eſt ſurpris qu'il ne lui ait point
e mia
écrit ;àmais
paſſe Alexandrie, été informe
qu'ayant par ce qui s'étoitil
la fettre ded'Anatolius,
ars āvoit écrit à l'Empereur pour le prier de remet
ܐ z iij
358 NOU VELIE BIBLIOTHEQUE
S.Leon. tre la paix dans cette Egliſe , & à Anatolius a
afin qu'il s'employâr auprés de l'Empereur pour
ce füjet. Il lui recommande de joindre ſes folli
citations à celles d'Anatolius, afin de faire ſubli.
ſter les Decrets du Concile de Calcedoine, & or
donner un Evêque Catholique à Alexandrie en la
place de Proterius.
La lettre 118. du 23. Aouſt 457. eſt adreſſée à
Baſile Evêque d'Antioche. Il ſe plaint d'abord
de ce que cér Evêque ne lui a point fait ſçavoir
ſon Ordination : il l'exhorte à le joindre à lui &
aux autres Evêques Orthodoxes ponr défendre
avec fermeté la Foi Catholique , parce qu'il eſt
perſuadé que l'Empereur & les Seigneurs de la
Cour n'entreprendront rien de nouveau , quand
ils verront les Evêques Catholiques fermes &
bien unis.
Il exhorte auſſi par la lettre 119. Euxithée E
vêque de Theſſalonique, & Juvenal deJeruſalem ,
à tenir ferme, & à ne pas fouffrir que l'on affem -
ble un Concile pour toucher à ce qui avoit été
fait au Concile de Calcedoine. Il envoya ces let
tres à Julien & à Aëtius , afin qu'ils les fiflent tenir
aux Metropolitains à qui elles s'adreſſoient , & que
par leur moyen tous les Evêques en euſſent con
noiſſance : c'eſt ce qui paroît par les lettres 120 .
& 121.
Dans la 12 2. il congratule l'Empereur Leon ,
de ce qu'il s'étoit declare pour le Concile de Cal
cedoine , & l'exhorte à procurer la paix de l'E
glife. Cette tertre eft du premier de Septembre
457 ,
il conſole dans la fuivante les Evêques d'E
gypte , qui avoient été chaſſez de leurs Egliſes
DES AuteurS ECCLESIASTIQULS . 359
pour la doctrine orthodoxe. Elle eſt du 11. 0- S. Leon.
ctobre.
La 124. eſt à Anatolius. Aprés l'avoir remercié
du foin qu'il a de lui écrire ce qui ſe pafle , il
l'exhorte à s'oppoſer vigoureuſenient aux tenta,
tives des Heretiques , & le reprend de ce qu'il
ſouffre que des Clercs de Conſtantinople ayent
commerce avec des ennemis de la Foi Catholique.
Cette lettre eft datée du 11. ou du 14. Ołto
bre.
Dans la lectre 125. à l'Empereur Leon , il s'ef.
force de montrer à cér Empereur, que l'on ne doit
plus remuer les queſtions fur l'Incarnation de
JESUS-CHRIST , & qu'il faut s'en tenir à la de.
ciſion du Concile de Cálcedoine. Il l'exhorte à aps
porter des remedes aux niaux de l'Egliſe d'Ale
xandrie , & à ne pas ſouffrir que les ennemis de
la vraie Foi s'emparent du gouvernement de
cette Egliſe ; qu'ayant reçû des Requeſtes de la
part des Heretiques & des Catholiques , il con
noîtra facilement qui font ceux qu'il doit fecou
rir
, que du côté des Heretiques il n'y a que vio
lence& que facrilege , qu'ils ont fait mourir un
Evêque tres-innocent, jetté ſes cendres au vent ,
renverſé les Autels, découvert les Myfteres à des
!
parricides & à des fcelerats , jetté l'Oblation , &
perdu le faint Chrême. Qu'aprés cela ils avoient la
hardicfle de demander des Conciles ; que l’Empe
reur -ne devoit pas ſouffrir cette impudence , &
qu'il devoitdélivrer l'Egliſe d'Alexandrie de l'op
preſſion où elle étoit ; qu'il lui adreſſe une let
tre ſur la Foi, pour l'inſtruire pleinement de la do
erine de l'Egliſe. Il ſe plaint enfin de ce qu'il y
BAS a des Clercs à Conſtantinople qui font dans les
Z iiij
360 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon, ſentimens des Heretiques. Il accuſe Anatolius do
negligence, à cauſe qu'il ne les punit pas , & il
exhortc l'Empereur à les chaſſer de la ville. I!
lui recommande enfin l'Evêque Julien & le Pré
tre Aëtius. Certe lettre eſt du premier de De
cembre.
Dans la lettre 126. il prie Anatolius de ſe join
dre avec lui pour obtenir de l’Empereur qu'il
maintienne les deciſions du Concile de Calce
doine, qu'il s'oppoſe auxHereriques, & qu'il ré
tabliſle la paix de l'Egliſe d'Alexandric. Il lui té
moigne qu'il a eu bien de la joye d'apprendre
qu'il n'y avoit eu que quatre Evêques d'Egypte
qui cuſenteu part au crime de Timothée, & qui
fuſſent de ſon parti ; qu'il faut faire ſes efforts
pour ſecourir les autres Evêques d'Egypte , qui
ſont perſecutez ,& aſſiſter ceux qui ſe ſont retirez
à Conftantinople ; que leur preſence eſt tres-utile
pour détourner l'Empereur d'aſſembler un nou
veau Synode. Il l'avertit de ne pas ſouffrir qu'.
Atticus & André, qui ſont du Clergé de Conſtan
tinople, continuënt à parler contre le Concile de
Calcedoine. Il lui fait même des reproches de ce
qu'il les ſouffre.
Dans la lettre 127. il conſole les Evêques Ca
tholiques d'Egypte , qui étoient retirez à Con
ftantinople. Anatolius reçût avec quelque forte
de chagrin les reproches que lui fit Saint Lcon.
Le Prêtre Atticus que Saint Leon avoit noté
voulut ſe juſtifier en envoyant des écrits qu'il
pretendoit être Catholiques ; mais Saint Leon ne
ſe contenta pas de cela , & demanda qu'il con
damnat clairement l'erreur & la perſonne d'Eu
tyche , & qu'il ſignât la Profeſion de Foi du Con
DES AUTEURS ECCLESIASTIQLLES. 361
cile de Calcedoine . Cette lettre eft du mois de S. Leon,
Mars de l'année 458.
La lettre 129. de Saint Leon à Nicetas , ou
plûtôt Niceas , Evêque d'Aquilée , eſt du 21.
Mars de la même année. La premiere & la prin
cipale queſtion qu'il traite dans cette lettre, eſt de
ſçavoir ſi des femmes qui pendant la captivité ou
pendant l'abſence de leurs maris qu'ils croyoient
morts , en ont épouſé d'autres , doivent retourner
avec les premiers , quand il arrive qu'ils revien
nent. Il répond qu'elles y font obligées , quand
leurs premiers maris les redemandent , quoi- que
les ſeconds n'ayent point fait de mal en les épou
fant. Il ordonne même que l'on excommuniera
les femmes qui ne voudroient pas retourner avec
eux .
Aa iij
374 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon. doit avoir un autre ſens. Mais , quoiqu'il en ſoit,
jamais qui que ce ſoit n'a oſé l'étendre juſqu'au
temps de Saint Leon , parce qu'il eſt de la dernie
re evidence, que les Serinons qui portent ſon nom,
ont été compoſez pour le peuple Romain , & prê
chez devant lui. Ainſi rien n'eſt plus chimerique
que le ſyſteme de Monſieur l'Abbé Anthelmi . Mais
peut-être que , quoi-que Saint Leon les prêchất , il
ne les avoit pas faits lui-même ? Un Evêque oc
cupé commelui, avoit-il le loiſir de frire ſes Ser
mons ? N'eſt-il pas plus vrai-ſemblable que Saint
Proſper les lui a faits ? Cette hypotheſe eſt moins
abſurde que la precedente , mais elle n'eſt pas mieux
fondée. Pourquoi Saint Leon n'auroit-il pas eu
le temps de compoſer des Sermons courts comme
les liens ? Le principal devoir d'un Evêque étant
d'instruire fon peuple , & cela lui étant particulie
rement reſervé, commeS. Leon même le dit dans fes
le tres à Maxime & à Theodoret , il eſt clair qu'il
doit preferer cette occupation à toutes les autres.
il ne Leon
Saint étoitpaséloquent
lui faloit , & de
beaucoup tempsfacilement,
parloit pour faire
و۸
10
deuxmotifs&
, pouſſé par deux paſſions differen ONE
1
La premiere edition des OEuvres de Saint
Leon , a été faite par Jean André Evêque en
l'Ille de Corſe, & imprimée à Veniſe en 1485.
Cette edition fut rémprimée en isos. par Por
teſius. Elle ne contient qu'un petit nombre de ler
tres. Mais les Collections de Merlin & de Crab
be , en ont recueilli un plus grand nombre. Cani
ſius entreprit une nouvelle edition des OEu
vres de Saint Leon ܕ, qu'il publia à Cologne en
154.6. & 1547. Surius en fit une autre en 1561.
Celle-ci fut fuivie de celle des Chanoines de s.
Martin de Louvain , imprimée à Louvain en 1975 .
& 1578. & à Anvers en 1583. Les lettres de S.
Leon ont été inferées dans les Recueils des Decre
tales , & dans les Collections des Conciles. En
1614. & 1618 , les OEuvres de Saint Leon furent
_1 imprimées avec les Homelies de S. Maxime & de
Saint Chryſologue , & depuis réimprimées plus
fieurs fois à Lyon & à Paris.
Mais toutes ces éditions n'approchent point
说 de la derniere , que le Pere Quefnel Prêtre de
l'Oratoire a donnée au public. Elle aété imprimée
od à Paris par Coignard en 1675. Il a donné de
en nouveau trente lettres & un Sermon , & revû les
Ouvrages qui avoient déja paru , fùr un tres
grand nombre de Manuſcrits, d'où il a tiré des cor
rections tres- conſiderables. Elle eſt diviſée en deux
Bb iij
390 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
S. Leon, tomes in 4. Le premier contient les Sermons &
les lettres de Saint Leon , avec les livres de la
Vocation des Gentils , les Capitules ſur la grace ,
attribuez à S. Celeſtin , & l’Epître à Demetria
de qu'il pretend être de Saint Leon. Il y a ran
gé les Sermons & les lettres dans un meilleur
ordre, & diſtingué les Ouvrages ſuppoſez des ve
ritables. Cetomefinit par la Vie d'Hilaire d'Arles ,
écrite par Honorat. Le ſecond volume contient un
ancien Codede Canons & de Conſtitutions des Pa.
pes, que le P.Queſnel pretend être celui dont l'Egli
le Romaine fe fervoit autrefois : ſeize Differtations
ſur des matieres qui ont rapport aux OEuvres qu'il
vient de donner ; & des Notes tres-ſçavantes &
tres-utiles ſur les lettres de S. Leon, Quoique les
Differtations ſemblent un peu longues ,& qu'il y
en ait qui n'ont qu'un rapport aflez éloigné aux
OEuvres de ce Pere, elles ſont neanmoins écrites
avec tant de juſteſſe, & pleines de tant d'érudi
tion , qu'on n'aura point de regret de les trou
ver avec les OEuvres de ce Pere. L'induſtrie
de l'Imprimour pour la beauté du caractere , &
la correction de cette edition , répond à l'erudi
tion de celui qui en a pris loin .
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUE S. 391
sister
semereins het
SAINT HILAIRE
EVÊQUE D'ARLES.
ONORAT Evêque de Marſeille , que nous S. Hilai
Hcroyo
croyons être Auteur de l'ancienne Vie de reEvêque
Saint Hilaire d'Arles , l'a écrite avec tant d'exa- d'Arles.
ctitude, que nous ne pouvons point nous tromper
en le ſuivant. Il ne parle point de la nobleſſe de
ſon extraction, il ne dit pas même le nom de ſes
parens & de la patrie , pour suivre l'eſprit de S.
Hilaire , qui avoit mépriſé ces avantages. Il paſſe
fous ſilence ce qu'on eût pû dire des premieres an
nées de la vie , de ſes études , de la vivacité & du
feu de ſon eſprit, de ſon progrés dans les ſcien
ces , perſuadé qu'il eſt, que quand on écrit la Vie
و
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 393
ment humble , & cependant il étoit inflexible à S. Hilai :
l'égard des fuperbes , & terrible aux perſonnes or- reEvêque
gueilleuſes & remplies de leur propre grandeur. d'Arles,
Voici une marque fort illuſtre de la fermeté &
de ſon inflexibilité. Le Gouverneur de la ville
commettant des injuſtices, il l'en avertit pluſieurs
fois en ſecret : mais commele Gouverneur. en
faiſoit peu decas , un jour qu'il entroit avec ſesgar
des dans l'Eglife , pendant que S. Hilaire prêchoit,
il ceſſa lapredication , en diſant, qu'il ne faloit pas
que celui qui n'avoit pas fçû profiter des inſtru
ētions particulieres , entendît en public la parole
de Dieu. Ses predications étoient eloquentes , &
ornées de belles ſentences , il employoit le glaive
{pirituel de la parole de Dieu pour retrancher les
hereſies. Les jours de jeûne il entretenoit ſon
peuple fi agreablement juſqu'au ſoir , qu'il lui
faiſoit preſque oublier le beſoin qu'il avoit de
manger. Quand il avoit à parler à des ſimples
il fe fervoit d'un diſcours proportionné à leur
eſprit, Mais quand il voyoit des perſonnes éclairées
qui venoient l'écouter, il s'élevoit & ſe faiſoit fi fort
admirer , que deux Evêques de ce temps appellez
Silvius & Euſebe , affcz connus par leurs Ecrits ,
étant un jour entrez dans l'Egliſe comme il prêm ,
choit ,avouërent qu'il y avoitquelque choſe d'ex
À traordinaire & de divin dans ſon diſcours. Quand
il avoit une fois commencé , il n'auroit jamais fi
ni , li le ſignal que l'on donnoit pour marquer qu'il
étoit temps d'achever , ne l'eûr fait cefler . Ses dil
cours étoient ſi forts , qu’un Poëte habile de ſon
27 tcinps s'écria publiquement:Si Saint Auguſtin avoit
vécu aprés Hilaire , on le mettroit au deffous.
On peut voir encore des inarques de ſon éloquen
394 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE ?
- ce dans les Ecrits qu'il nous a laiſſez , quiſont la Vie
de S. Honorat , des Homelies ſur toutes les Fêtes
de l'année , une Expoſition du Symbole , un grand
nombre de lettres ,& des vers écrits avec beaucoup
de feu. Si l'on ne veut pas me croire , dit Honorat ,
ſur ce que je dis de ſon éloquence , qu'on ſe rap
porte à Saint Eucher , qui ayant reçû ſon livre en
proſe & en vers , lui récrivit qu'il n'avoit pas
ntoins d'eſprit que d'éloquence. Qu'on en croye
Auxiliaire Orateur Romain , qui louë ces lettres
comme des pieces fort bien écritęs, il avoiç tant
de facilité , qu'il liſoit , compoſoit , dictoit &
travailloit des mains en même temps. Cela eft
ſurprenant , mais autoriſé par le témoignage
du Poëte Edeſius qui l'avoit vû . Il faiſoit lire
toutes les fois qu'il prenoit ſes repas , & c'eſt
lui qui eſt l'auteur de cette coûtume. Sa ta
ble étoit fi frugale , qu'il n'oſoit y inviter perfon 61
SVINCENT DE LERINS .
ble , dan
s s l'agitation & dans les flors du monde,
pouſſé par le S. Eſprit, ſe retira , comme il le dit de
loi-même, au port de la Religion , porr heureux
& ſûr pour tout le monde ; & s'étant mis à couvert
contre les orages de l'orgueil & de la vanité du
fiecle , il reſolut de ſe retirer le reſte de ſes jours,
& d'offrir à Dieu de continuels ſacrifices d'hu
miliation , afin d'éviter & les naufrages de la vie
preſente ; & les feux du fiecle à venir. Le lieu
1
de fa retraite fut le celebre Monaſtere de l'Iſle
de Lerins , li recommandable par tant de perſon
nes eminentes en doctrine & en pieté qu'il a pro
duites dans l'Egliſe. Le Prêtre Vincent n'en eſt
pas un des moindres ornemens . Saint Eucher ,
qui nous apprend qu'il étoit frere de Saint Loup
Evêque de Troies , le compare dans l'ardeur de la
deyotion au brillant d'un diamant éclatant , in
terno gemmam fplendore perfpicuam , & louë en
un autre endroit ſa ſcience & ſon éloquence. Gen
nade nous aſſure qu'il étoit fort verfe dans l'Ecri
ture Sainte , & tres - inſtruit de la doctrine de
l'Egliſe.
h
Il a compoſé un excellent Traité contre les
Cc ij
404 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Vincent Heretiques , dans lequel il donne des regles tres :
deLerins, in faillibles , & des principes convaincans pour
diſtinguer l'erreur de la verité, & les ſectes des
Heretiques , de l'Egliſe Catholique. Mais ſon hu
milité lui fit cacherſon nom , & il publia ce Trai
té fous le titre de Memoire du Pelerin contre les 1
需 號 號 號 號警 器 需 警 器 端端
Sigurisht
w
SAINT EUCHER
S. Ex AINI Èucher, aprés avoir eu deux enfans ap
cber . Salonius & Veranus , ſe retira dans l'itle
de Lerins, & enſuite fut fait Evêque de Lyon. Nous
avons de lui quelques Ouvrages. Le premier eſt
le livre de la louange du deſert ou de la ſolitude, !
avoir ſoin de ſon ſalut. Qu'il eſt bien plus juſte d'a
voir ſoin du ſalut de ſon ame , que de celui de ſon
corps , parce que la vie de l'ame eſt éternelle , au
lieu que celle du corps doit avoir neceſſairement
une fin , que
, que c'eſt pour cela qu'il faut travailler ho
Lai
ſairement les quitter à la mort : que les honneurs
ſont communs aux bons & aux méchans , que la
fortune a ſes retours , qu'il n'y a que la picté qui
ſoit un bien itable. Que les veritables honneurs ;
les yeritables richeſſes ſont celles du ciel : qu'il
eſt impoſſible de faire une ſerieuſe reflexion ſur cen
la brieveté de la vie & ſur la neceſſité de mou
rir , qu'on ne fonge tout de bon à ſon ſalut. Qu'il
ne faut pas ſuivre les exemples de ceux qui menent
une vie toute mondaine , mais fe propoſer la vie 1
de ceux qui ont renoncé au monde pour mener
une vie Chrétienne, quoi-qu'ils fuſſent de qualité,
& qu'ils puſlent jouir des honneurs & desrichel ORE
fes. Saint Clement , Saint Gregoire Thaumatur
ge , Saint Gregoire de Nazianze, Saint Baſile
Saint . Paulin de Nole , Hilaire d'Arles , & Pea
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUIS. 413
trone, ſont ceux que Saint Eucherpropoſe à Vale- S. Ens
rien . Il n'oublie pas les habiles Orateurs qui ont cher ,
renoncé aux honneurs qu'ils pouvoient eſperer
dans le monde , & qui ont mistoute leur gloire
à écrire pour la Religion , tels que Lactance ,
Minutius Felix , S. Cyprien , Saint Hilaire , S.
Jean Chryfoftome , & Saint Ambroiſe. Il lui
propoſe auſſi les exemples des ſaints Rois. En
hin , il employe toute la nature & ce monde vi
üble entier , pour prouver que l'unique emploi de
l'homme doit être d'honorer le Createur de toutes
choſes. Aprés toures ces conſiderations , il lui
découvre la vanité de la ſcience des Philoſophes ,
& il luifait voir qu'il n'y a que dans laReligion de
Jesus-CHRIST ON l'on enſeigne la veritable fageſ
fe , & où l'on faſſe connoîtrela veritable beatitude,
Cét Ecrit porte ſa date , il eſt de l'annéede la fonda
tion de Rome 1085. qui eſt la 432.de l’Ere vulgaire.
Ces deux petits Traitezfont écrits d'un ſtyle tres
élegant , les penſées en font ſpiri
tuelles & tournées d'une maniere fort agreable.
On peut dire que ces perits Ouvrages ne cedent
en rien par la politeſſe & par la pureté du diſcours
à ceux des Auteurs qui ont vécu dans des lie
cles , où la langue étoit dans la plus grande pu
reté. Ils ont été imprimez feparément à Ån
vers en 1621 .
Il s'en faut bien que fes autres Traitez ne ſoient
ni ſi utiles ni li beaux que ceux -ci. Le Traité
des Formules fpirituelles adreſſé à Veranus , eſt
un Recueil de reflexions myſtiques & fpirituel
les ſur des termes & des expreſſions de l'Ecri
rure , où il y a fort peu de folidité. Le premier
livre des Inſtructions contient l’explication de
414 NouyELLE BIBLIOTHEQUE
S. Eu pluſieurs queſtions qu'il ſe propoſe ſur l'ancien &
cher. ſur le nouveau Teſtament. Il y en a quelques-unes 1
ti
3. L'explication de certains termes particuliers.
4. L'explication des noms de nations , de villes .Co
& de rivieres , qui ne ſont pas connus. s . Celle
des mois & des Fêtes des Hebreux. 6. Les noms bir
des İdoles. 7. L'explication des habits & des vê:
temens. 9. Celle des oiſeaux & des bêtes, 10. Le
tapport des meſures & des poids des Juifs , avec
celles des Latins & des Grecs , & la lignification
de quelques noms Grecs. On comprend aiſément Hii
fait
firmé
quantité de Sermons ; & cela ſe trouve con
par les Vers d'Helman diſciple de Raban ,
qui met Cefaire & Euſebeentre les Evêques
de France fameux. On auroit bien pû lui at
tribuer toutes ces Homelies : mais cela ne peut
pas être, parce que l'on en trouve quelques- unes
de Ceſaire , d'autres de Maxime de Riés, & en
fin de Faufte de Riés ; ce qui fait voir que c'eſt toto
un Recueil de Sermons compoſez par des Clercs
du Monaſtere de Lerins , qui portent peut - être life
le nom d'Euſebe , parce que ces Moines avoient
coûtume de ſe cacher ſous un nom appellatif.
Ainſi , Sermons d'Euſebe ne voudroient dire au
tre choſe que Sermons d'une perſonne de pieté.
On a peut - être mis ce titre à ces Sermons
parce qu'on en ignoroit l'Auteur,ou que ceux qui
les avoient compoſez , né les avoient pas intitulez
autrement , ſuivant la coûtume de Lerins. C'eſt
ainſi queVincent de Lerins avoit pris dans ſon
Memoire le nom de Peregrinus ; Salvien , celui
de Timothée ; & peut-être eſt- ce pour la même
raiſon que la Vie de Saint Hilaire d'Arles com
poſée par Honorat , porte le nom de Reverend .
Il y a auſſi quelques-uns de ces Sermons qui ſont
de Ceſaire Evêque d'Arles,qui avoit compoſé une
infinité deSernions , &qui les envoïoit de touscôtez
aux Evêques , afin qu'ils les fiffent reciter dansleurs
Egliſes. Salvien en compoſoit auſſi pour des Evê.
ques ;
DES AutėURS ECCLESIASTIQUES: 417
ques , de ſorte que le grand nombre de faiſeurs 5. Eu.
de Sermons quivivoient en ce temps , a mis une chera
grande confuſion parmi leurs Sermons , qui ſe
font trouvez preſque tout ſemblables, laquelle a
encore été augmentée par les copiſtes. Donnons
neanmoins nos conjectures ſur ceux-ci.
Il eſt certain que le Panegyrique de Saint Ma
xime eſt de Fauſte de Riés à , qui il eſt attribué
par Dinamius , qui a compoſé la Vie de ce faint
Abbé . Il y eſt marqué que le Monaſtere de Le
rins avoit donné deux Evêques à la ville de Riés ;
que le premier étoit Maxime qui lui faiſoit hon
neur ; وmais qu'il y en avoir un ſecond dont elle
devoit rougir. Il eſt viſible que c'eſt Fauſte qui
parle ainſi par humilité. Il eſt encore viſible que
le Sermon ſur la mort d'Honorat a été prêché
à Lerins devant les Moines du Monaftere ; ce qui
fait croire qu'il eſt encore de Fauſte. Voici les
Sermons que nous trouvons du même ſtyle que
les precedens , & que nous eſtimons être du mê.
me Auteur : la premiere & la ſeconde Hornelie
fur la Nativité ; la premiere fur l’Epiphanie s les
2. 6. 8. 9. 10. & i1. ſur la Fête de Pâque; cel
le du bon Larron ; la 2. de l'Aſcenſion : les Pa
negyriques de Saint Epiphodius , deSaint Alexan
dre , de Saint Geneſt de Saint Romain ; & tous
3 Jes Sermons donnez nouvellement ſous le nom
d'Euſebe , dont quelques-uns portent le nom de S.
Fauſtin. L'on trouve parmi les Sermons de Saint
Ceſaire d'Arles , les s. 6.9 . & 10. Sermons aux
D Moines , & l'Exhortation au peuple. Nous lui at
tribuons encore les 2. 3. & 4. Homelies ſur l'E
piphanie ; la premiere ſur le Carême ; la ſecon
le Symbole ; les 1. 3. & 7, ſur la Pâque ;
de ſurTome IV Dd
418 Nou VELIÊ BIBLIOTHEQUE
la premiete de l’Aſcenſion ; celle de la Pentecô
S. É4
te ; les deux Homelies ſur Saint Jean , ſur S. Pier
cher. re & S. Paul ; celle des Maccabees ; le Diſcours
ſur la Trinité ; deux Sermons ſur S. Matthieu .
Tous les Diſcours aux Moines paroiſſent être
du même Auteur : ainſi s'il y en a de Ceſaire
d'Arles , ils ſont tous de lui ; peut-être ſont-ils
de Maxime ou de Faufte , car leurs Ouvrages ont
été confondus. Il faut joindre à ceux -ci le Ser
mon aux Penitens , & les cinq autres ſuivans ,
qui ont beaucoup de rapport à ceux de Saint Ce
faire. Le quatriéme Sermon ſur la Pâque eſt de
Maxime de Riés ; il y en a peut- être encore quel
ques autres de lui. Le premier Sermon ſur le Sym
bole pourroit peut-être bien être d'Hilaire d’Ar
les, qui avoit fait un Diſcours ſur ce ſujet , comme
nous l'apprenons d'Honorat ; celui-ci n'eſt pas
digne de lui. Le Sermon de Sainte Blandine eff
d'un Evêque de Lyon. Il y a bien de l'apparen
ce qu'il eſt de Saint Eucher, c'eſt aſſez fon ſtyle,
La cinquiéme Homel ie ſur la Fête de Pâque por
te le nom d'Iſid oredans un Manuſc rit de l'aba
baye de Saint Germain : en effet , elle eſt fort nou
velle ; elle traite de l’Euchariſtie . Saint Thonias
en a tiré le ſujet de fa Proſe. L'Homelie ſur les
Litanies convient parfaitement bien à Saint Ma
mert Auteur des Rogations, Celle de la penitens
ce des Ninivites paroît être du même Auteur.
Le Sermon ſur Saint Eſtienne eſt d'un ſtyle touc
different des autres : on croit que c'eſt une traa
duction d'un Sermon Grec'; cela n'eſt pas nean
moins bien certain. Voilà quelles ſont mes con
jectures ſur ces Sermons , publiez ſous le nom
d'Euſebe. J'avouë qu'elles ne ſont pas de la der
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 419
niere évidence : mais il y a tant de brouillerie & S. Ema
de confuſion ſur les Sermons dans les MSS. cher:.
& les Auteurs ſe copioient &s’imitoient ſi ordi
nairement en ce temps-là , qu'il eſt difficile d'en
rien dire de plus affûré.
SAINT PIERRE
CHRYSOLOGUE.
Aint Pierre , à qui l'on a donné le ſurnom de S. Pierre
admis dans le Clergé par Saint Corneille Evêque gue.
de cette ville , comme il eſt marqué dans ſon Ser
mon 165. On tient que s'étant trouvé à Rome avec
ſon Evêque, dans letemps que le Clergé & le peu
ple de Ravenne avoient envoyé des Députez pour
demander un Evêque à Sixte Ill . Pape , il fut
choiſi par ce Pape pour remplir ce Siege vacant ,
fuivant l'avertiſement qui lui en avoit été don
né dans une revelation par Saint Pierre & par
Apollinaire premier Evêque de Ravenne. Mais
on ne peut pas faire fond fur cette hiſtoire , qui
s'eſt rapportée par aucun Auteur digne de foi. Il
eſt feulement certain , que Saint Pierre Chryſolo
gue fut élû & ordonné vers ce temps-là Evêque
de Ravenne. Il gouverna cette Egliſe pendant
歷 pluſieurs années. Il y a une lettre de Saint Leon
bcriçe à Neonas ſon fucceffeur , qui étoit autrefois
Dd ij
420 NouVËLLE BIBLIOTHEQUE
S. Pierre la 37. & à preſent la 135. Comme on la croyoit
Chryſolo- écrite en 4si. Tous le Confulat de Marcien &
gue. d'Adelphius , on ſuppoſoit que Saint Pierre Chry
ſologue étoit mort en 449. Mais le Pere Queſnel
ayant montré dans ſes Notes ſurcette lettre,qu'elle
cſt plûtôt de l'an 458. rien n'empêche qu'on ne
prolonge un peu les années de l'Epiſcopat de ce
Saint. On ne peut pourtant pas le faire vivre
juſqu'à l'an soo . ni le confondre avec Pierre ,
qui vivoir ſous Theodoric.
Tritheme dit que cét Evêque a compoſé plu
ſieurs Sermons ou Homelies au peuple ; une let
tre à Eutyche , qui commence par ces paroles :
J'ai lú vos lettres avec triſtefe ; & quelques autres
lettres . Nous avons 176. Sermons , & la lettre à
Eutyche.
Ces Sermons font fort courts. Il y explique en
peu de mots , & d'une maniere fort agreable le
texte de l'Ecriture , & fait de courtes reflexions
morales. Les paraboles & les miracles de JESUS
CHRIst ſont les principaux ſujets de ſes Sermonsa
Dans quelques -uns il traite du jeûne , de l'aumô
ne , de la vigilance , de la patience , & de quel
ques autres vertus Chrétiennes. Il y en a aufli
pluſieurs ſur les grandes Fêtes avec quelques Pam
negyriques de Saints. Saint Chryſ ologue a trou
d'allie dans ſes diſcours une extrêa
vé le moyen r be
me brieveté avec une tres - grande netteté. Son
ityle eſt compoſé de ſentences & de phraſes cou
pécs , qui ne laiſſent pas d'avoir une ſuite & une
liaiſon naturelle ; ſes termes ſont allez choiſis ,
fes penſées ſimples & naturelles ; il n'a rien de
guindé ni de forcé. Ses defcriptions font claires
& faciles. Mais avec tout cela l'on peut dire qu'il
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
n'y a rien d'aſſez grand , d’aſſez élevé , ni d'allez S. Pierre
éloquent , pour lui faire faire meriter le ſurnom Chryſolo
de Chryſologue , dont il eſt en poffeßion. On n'y gue.
yoit point de mouvemens extraordinaires , on n'y
rencontre rien qui vous enleve , ou qui vous tou
: che : onn'y trouve point de verité pouflée dans
toute la force ; point de dogme expliqué dans tou
Ć te ſon étendue. Tout fe reduit à des narracions
agreables , & à des penſées morales, qui repreſen
tent bien à l'eſprit* ce qu'on doit faire, mais qui
ne font aucune impreſſion ſur le cæur , & ne
changent point la volonté.
Les Sermons de cér Auteur ont été recueillis
il y a plus de neuf cens ans par Felix Evêque
de Ravenne , qui vivoit vers l'an 702. ou 708. Le
P. Oudin le prouve par un Avertiſſement qu'il a
trouvé dans trois Manuſcrits. Ils ont été depuis im
primez à Cologne en 1541. 1607. & 1678, à Paris
en 1585. à Anvers en 1618. à Lyon en 1636.à Bolo
gne en 1643. Cette edition eſt la meilleure . Ils ſe
frouventencore dans les Bibliotheques des Peres, &
avec les OEuves de S. Leon à Paris en 1614. & 1670 ,
La lettre à Eutyche eſt écrite aprés que ce
Moine eut été condamné par Flavien. Saint Chry
:
fologue lui mande qu'il a lû avec douleur ſa triſte
lettre , parce que ſi la paix de l'Egliſe , la concor
*
de du Sacerdoce, & le reposdu peuple donnent une
joie celeſte , la diviſion doit au contraire donner
de la triſteſſe & de la douleur, principalement
1
quand cette diviſion vient d'un ſujet aulli fâcheux
qu'étoit celui qui le diviſoit d'avec ſon Evêque.
Il ajoûte, qu'il y a trente années qu'il n'y avoit
plus de diſpute dans l'Egliſe , qu'Origene & Neſto
rius étoient tombez dans l'erreur , en voulant rai
Dd iij
422 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
S. Rierre ſonner ſur le myſtere ineffable de l'Incarna
Chryſolo- ţion. Qu'il étoit honteux à des Prêtres de ne pas
gue. connoître celui que les Mages ont reconnu & ado
ré ; quequand Jesusyint au monde,on avoit chan
te Gloire à Dieu , & qu'il eſt étrange preſente
ment que toute la terre Hechit à ce nom de Jesus,
que l'on en ignore preſque l'origine. Il dit enſui
te avec l'Apôtre , quequoi - que nous connoif
lions Jesus -Christ ſefon la chair , nous ne le
connoiſſons plus neanmoins ; que ce n'eſt pas à
nous à faire des recherches curieuſes ; & que nous
devons honorer , reſpecter , attendre nôtre Juge ,
& non pas diſputer ſur la qualité, Voilà , dit-il
ce que je puis répondre à preſent en peu de mots
à vôtre lettre. Je vous aurois fait une réponſe d
IKKEET
MAXIME DE TURIN .
AXIM E Evêque de Turin , Aorit ſous Maxime
MAEM
l'Empiręd'Honorius & de Theodoſe leJeu- de Turin.
ne. Il a vécu juſqu'à l'an 46.5. puiſqu'il ſe trouvą
en cette année-là à un Synode de Rome tenu ſous
le Pape Hilarus. Gennade dit qu'il s'étoit appli
qué à l'Ecriture Sainte , & qu'il étoit tres-pro
pre à faire ſur le champ une Homelie au peuple,
Nous avons pluſieurs de ſes Homelies ,qui ſe trou
vent la pluſpart citées par Gennade. Il y en a fur
les fêtes de Noël , de la Circonciſion , de l'Epi
phanie, de Pâque & de la Pentecôte ; pour deux
Dimanches de l'Avent, pour le jour des Cendres ,
pour le Dimanche des Rameaux , pour le temps
de la Paſſion. Il y en a aulli pour quelques Fêtes
0 de Saints , pour celles de Saint Etienne , de Saint
Jean Baptiſte , de Saint Pierre & de Saint Paul, de
Dd iiij
424 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Maxime Saint Laurent , de Saint Cyprien , de Saint Eu
de Turin. ſebe de Verceil , de S. Michel, des Martyrs deTu.
rin. Il y en a une ſur le Symbole , une ſur la vigi
lance,une ſur la pratique de rendre graces à Dieu
aprés avoir mangé , deux contre l'avarice, deux
autres ſur l'aumône ; un diſcours ſur une eclipſe
de Lune , & enfin un Sermon ſur ces paroles d'I
fare : Vos cabaretiers mêlepr l'eauavec le vin . En
tout il y en a ſoixante & treize. Pluſieurs ſe trou
vent parmi les Sermons de Saint Auguſtin & de
Saint Ambroiſe ; mais il eſt viſible qu'ils ne ſont
point de ces Peres, mais de cér Evêque. Car ou
ire qu'ils ſe trouvent lapluſpart deſignez par Gen
nade', ils ſont d'un même ſtyle , il y en a peut
être encore d'autres parmi les Sermons des Peres
Latins ,qui devroient être reſtituez à celui- ci. Ces US
1
Sermons ſont courts & foibles, ils n'ont ni orne
ment , ni beauté , ni élevation ; le ſtyle en eſt bas ,
& les penſées communes ; ils ne contiennent
rien de bien remarquable. Ils ont été imprimez à
Cologne en 1535. à Anvers en 1618. à Rome en
1564. & en 1572. à Paris en 1614. & 1623. avec les
OEuvres de Saint Leon , & dansles Bibliotheques
des Peres . Le Pere Mabillon nous a donné dans
le premier tome de ſon Cabinet d'Italie douze Ho
melies de Saint Maxime qu'il a crû être nouvel
les , mais il y en avoit trois d'imprimées parini
les OEuvres de Saint Ambroiſe.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 425
**
VALERIE N.
Valere a , Valerien ,
ville des Alpes maritimes , ancien Evêché,dé
pendant de la Metropole d'Ambrun , Aorit ſous
le Pontificat de Saint Leon . Nous trouyons une
lettre de ce faint Pape aux Evêques de France ,
dans l'inſcriprion de laquelle on trouve le nom de
Valerien , & unelettre des Evêques de France, dans
les ſouſcriptions de laquelle il ſe trouve encore,
Il a aſliſté au Concile de Riés en 439. & au Con
cile d'Arles III . en 455. où il fut appellé par Ra.
vennius pour juger d'un differend qui étoit entre
Theodore de Frejus & Faufte Abbé de Lerins ; il
y prit le parti de Faufte & du Monaſtere de Le
rins , dont il avoit été Moine. Nous avons vingt
Homelies de cér Auteur , & une lettre à des Moi
nes. La 1. eſt du bien de la diſcipline, ou de la
vie reglée , c'eſt commeune Preface des autres . La
2. & la 3. du chemin étroit du ſalur. La 4 . für
l'obligation de s'acquiter de ſesvœux , & de don
ner à Dieu ce qu'on lui a promis. La s . du mau
00
loldat de s'attribuer la victoire , quoi qu'il com
barte , il ſeroit impertinent à un Fidele de ſe don
ner la gloire du bien qu'il fait avec le ſecours du
Saint Eſprit. Il faut donner à Dieu le fruit de
tous nos travaux , parce qu'ils lui appartiennent.
Les 12. & 13. font ſur l'amour des ennemis , & fur
le bien de la paix . La 14. eſt de la neceſſité & des
conditions de l'humilité Chrétienne. Les trois ſui
vantes ſont ſur les avantages du martyre . La 18.
eſt en l'honneur des ſept Maccabées . La 19. com
bat le déreglement de ceux qui faiſoient des dé
bauches pendant les Dimanches de Carême , ſous
pretexte qu'il étoit permis de ne point jeûner en
ces jours . Saint Valerien exhorte les Chrétiens à
conſerver encore en ces jours quelque choſe de la
diſcipline du Carême , & à ne pas ſe laiſſer aller
à ces excés . La derniere Homelie eſt contre l'a
varice.
La lettre aux Moines eſt fort peu de choſe. Le
ſtyle de ces Homelies n'eſt point élevé, il eſt ſim
ple & fans ornement, mais il eſt clair & familier.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 427
Il n'y a ni allegories , ni jeux de mots , ni fi- Valerien
gures forcées ; ce ſont des entretiens moraux , tres
utiles , où l'on trouve des inſtructions fort édi
fiantes , & des maximestres-profitables. Les fen
3 timens des Religieux de Lerins, & des Prêtres de
Marſeille ſur la grace & ſur le libre arbitre , font
* répandus dans ſes Sermons. Il admet la neceſite
de la grace pour faire le bien ; mais il laifle l'hoin
!
說 幾 號 幾 號幾 號 幾 號 幾 號 號 號
VICTOR DE CARTENNE ,.
SAINT PROSPER
1
S. Pro ROSPEŘ de Řiés en Aquitaine , quoi- que
sper. Pim
ſimple Laïque a , ſe mêla des queſtions de
Theologie , & fut un des plus zelez défenſeurs :)
de la doctrine de S. Auguſtin. Il lui écrivit en 429. 1
2.
Dieu ne les a pas ôrez de ce monde dans le temps S. Prof.
qu'ils étoient en bon état , cela doit être rappor- per.
té à ces jugemens de Dieu qui ſont inconnus,& ne
! +
2
440 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
feverance , parce qu'ils n'ont pas été ſeparez de
la maſſe de perdition dans le decret éternel de
Dieu .
Réponſe. C'eſt parleur propre volonté qu'ils
tombent , & c'eſt à cauſe que Dieu l'a prévûë,qu'il
ne les a pas fçparez de la maſſe de perdition
par fon decret éternel. Il eſt vrai qu'il ne leur a
pas donné la grace de la perſeverance , mais il
n'étoit pas obligé de la leur donner.
VIII . Objection. Que Dieu ne veut pas
ſauver tous les hommes ,mais ſeulement un pe
tit nombre d'élûs.
Réponſe. Si la volonté de Dieu pour ſauver
les hommes étoit ſigenerale , pourquoi en a- t-il
tant laiflé dans les ficcles paſſez dans l'aveugle
ment ? pourquoi laiſſe- t-il moușir des enfans fans
Baptême ? Cependant il eſt vrai de dire que Dieų
veut fauver tous leshomines , parce qu'il n'y en
a point qu'il n'ait éclairé ou parl'Evangile, ou
par la Loi, ou par la nature. C'eſt des hommes
que vient leur incredulité , leur foi eſt un don
de Dieu.
18. Objection. Que Jesus -Christ n'a pas
été crucifié pour la redemption de tout le mon
de.
Réponſe. Je sus -CHRIST a pris la nature de
tous les hommes ; mais afin qu'ils ſoient ſauvez ,
il faut qu'ils deviennent les membres de Jesus
CHRIST par ſa grace .
X. Objection. Que Dieu ſouſtrait à quelques
uns la predication de l'Evangile , de peur qu'en
croyant ils ne ſoient ſauvez .
Réponſe. Și l'Evangile a été préché à tout le
monde , il n'eſt pas vrai de dire que Dieu en aig VA
DES AUTEURS ESCLESIASTIQUES. 441
fouſtrait la connoiſlance. Mais s'il y a des hom- S. Prof
mes qui n'en ont point entendu parler , il faut per..
av ouër que cela s'eſt fait par un ſecret jugement
de Dicu qu'on ne doit pas reprendre , parce qu'on
ne peut le comprendre .
XI. Objection. Que Dieu pouſſe les hommes
1 au peché par ſa toute-puiſſance.
Réponte. Aucun Catholique n’a avancé cette
maxime ; au contraire quand nous liſons que Dieu
a
endurci des pecheurs ,qu'il les a livrez à leurs
deſirs déreglez , nous diſons qu'ils l'ont mericé
par leurs pechez.
XII. Obje & ion. Que Dieu ôte le don d'o
béiſſance à des perſonnes qui vivent bien,
Réponſe. Cela ne peut être propoſé quepar
ceux qui confondenț la préſcience & la volonté
de Dieu . Il connoît le bien & le mal , mais il ne
veut que le bien : il n'ôte à pas un le don d'o
béžſlance, à cauſe qu'il ne l'a pas predeſtiné; mais
il ne l'a pas predeſtiné, parce qu'il a prévậu qu'il
n'obéïroit pas juſqu'à la fin de la vie.
XIII . Objection. Que Dieu a creé des hom
mes pour une autre fin que pour la vie éternelle ,
comme pour orner ce monde, & pour ſervir aux
autres .
1
ques-unes de les Sentences. Nous avons encore P.
DE L'AUTEUR
DES LIVRES
DE LA VOCATION DES GENTILS ,
& de l'Epître à Demetriade .
!
462 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Delu- Saint Ambroiſe ; les trois autres , dont le plus aña 1
tear des cien n'eſt que de 800. ans , celui de Saint Pro 1
livres de. Iper. Il faut qu'il y ait encore d'autres Manuſcrits
la l'aca-, où ils portent le nom de Saint Ambroiſe, puiſ 1
tion des qu'ils ont été imprimez par tout ſous le nom de
Gentils , ce Pere avant l'an 1566. Il ſemble donc que ſi l'on
c. s'en tenoit à l'autorité des plus anciens MSS. il fau
droit les attribuer à S. Ambroiſe. Monſieur l'Abbé
Anthelmi doit avouër ſuivant fon ſyſteme, que les
premiersManuſcrits de ces livres étoient anonymes,
puiſque le deſlein de S. Proſper étoit de ſe cacher.
D'où ſçait- on , que ceux qui ont les premiers mis C
en tête de ces livres le nom de S. Proſper , étoient
bien inſtruits qu'ils fuffent de lui ? N'eſt-il pas plus 1
vraiſemblable , que trouvant ce livre anonyme , la e
conformité de la matiere & de la doctrine les a 1
googoogoolouto of for
FLA VIEN
Et pluſieurs autres Evêques , qui
ont fait des Lettres ou des
Memoires ſur l'affaire d’Euty
che .
nous voulions
fieurs au- lettres , ou prefenté des Requeſtes dans les Con
tres Evê- ciles , nous pourrions y mettre Flavien , qui a été
ques, &c. Patriarche de Conſtantinople depuis l'an 446.
juſqu'à l'an 449. Il a écrit trois lettres contre
Eutyche, dont les deux dernieres font rapporiées
dans les Actes du Concile d'Epheſc , & la premic
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 487
ſe a été donnée par M. Cotelier dans le pre Flavien
mier tome de ſes Monumens de l'Egliſe Grecque. & plu
Nous y pourrions encore mettre Anatole fuccef- fieurs au
feur de Flavien , dont il y a une lettre à l'Empe- tres Evê
reur Leon dans les Actes du Concile , & une au ques; &c.
Pape Saint Leon parmi les lettres de celui - ci.
Euſebe 'de Dorylée ,principal accuſateur d'Euty
che , y tiendroit auſſi ſon rang , à cauſe des deux
Requeſtes qu'il preſenta contre lui aux Syno
des de Conſtantinople & de Calcedoine , ou à
cauſe dela lettre qu'il écrivit à Marcien . Il fau
droit auſſi y mettreAthanaſe Prêtred'Alexandrie ,
& Iſchyrion & Theodore Diacres de cette Egliſe,
qui preſenterent des Requeſtes contre Diofcore.
Photius Evêque de Tyr pourroit y trouver place,
à cauſe de la Requeſte qu'il prefenta au Concile ,
pour maintenir les droits de fon Evêché. Aga
per , Lucien ,Theotime, Viral, & quelques autres ,
qui écrivirent à l'Empereur Leon des 'Lettres rap
portéesà la fin desActes duConcile deCalcedoinep.
904. n'y ſeroient pas oubliez a. On pourroit auffi
у faire entrer Ibas Prêtre d'Edeflc , dont la lettre
à Maris Perſan a fait tant de bruit . On feroit
encore mention du Moine Eutyche Chef de par
ti , & de Baffien Evêque d'Evafe , à cauſe des Re
queſtes qu'ils ont prefentées pour ſe défendre. Mais
ceux qui n'ont fait que de ces fortes d'Ouvrages,
ne merirent pas le nom d'Aureurs , & nous par
lerons aſſez de ces Monumens, en faiſant l'hiſtoi
re des Conciles. On y trouvera auſſi deux let
a
Une grande partie de doine , tome 4. des Conc.
cette lettre eſt rapportée i p. 661.
dans le Concile de Calce
Hh iiij
488 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Flavien tres d’Acace Evêque de Conſtantinople , l'une
e plus à Simplicius , l'aurre à Pierre Foulon , & on y M
fieurs au- parlera des lettres de ce dernier , que nous n'avons 1
ires Evé- plus , auſſi-bien quç d'une lettre de Pierre Mon
ques. gus à Acace , D
de
PLUSIEURS LETTRES
DE DIFFERENS EVÊQUES.
Pluſieurs
lettres de
differens
Vlettreo01ci
ir rang
mệine
encore des Ecrivains à peu prés du
: ce ſont ceux dont on n'a qu'une
ou deux , & encore parmi les OEuvres des
Evêques. autres .Pafcaſe Evêquede Lilybée en Sicile ſera
le premier. Bucherius nous a donné une lettre de
lui ſur la Pâque de l'an 445. qui ſe trouve en
core parmi les lettres de Saint Leon , dans la
dernicre edition pag. 412. Julien de Coos eſt du
même temps; nous n'avons qu'une ſeule lettre de
lui adreliée à l'Empereur Leon , qui eft à la fin
des lettres de Saint Leon . On a auſſi parmi les
lettres de ce Pere quantité d'autres lettres qui lui
ſont adreſſées , ſçavoir une lettre de Cesetius ,
de la
Salonius , & de Veranus , Evêques deEvê,
Province des Alpes , une lettre des
ques de Vienne à Saint Leon , deux lettres des
Evêques des Gaules 2 ne lettre de Pierre de
Ravenne , une lettre d'Euſebe de Milan , & des
Evêques de la Province , les trois lettres de Fla.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 489
vien , dont nous avons deja parlé ; une lettre de pluſieurs
Marcien , de Theodoſe , de Placidie , de Pulche- lettres de
rie , & de Leonce ; une letțre de Proteriųs d’A- differens
lexandrie ſur la Pâque , rapportéc par Bucherius ; Evêques.
une de Saint Pierre Chryſologue à Eutyche , unc
de Salonius Evêque des Gaules , une autre lettre
de ſon frere Veranus s la lettre de Turribius à Ida
cius & Ceponius , & la lettre de Leon de Bourges
aux Evêques de la Province de Tours. Nous avons
déja parlé de toutes ces lettres. Il faut joindre
à ceslettres une lettre d'un Evêque appellé Ru
Itique , dont on ne ſçait pas l'Evêché , écrite à
Saint Eucher, rapportée par le Pere Sirmond dans
ſes notes ſur le 1. 2. des lettres de Sidonius, p. 34 ,
deux lettres de Loup Evêque de Troyes,dont l'une
eſt dans le 4. tome des Conciles , & l'autre dans
le 5. tome du Spicilege de Dom Luc Dachery ;
une lettre de Leonce Evêque d'Arles au Pape
Hilarus , au même endroit & dans l’Appendix du
4. tome de la derniere édition des Conciles ; & le
Teltament & l'Epitaphe de Perpetuus Evêque
de Tours , dans le s. tome du Spicilege.
490 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
hhhhhhh
BASILE DE SELEUCIE.
Bafile de
Seleucio BAASIL E Evêque de Seleucie ville d'Ifaurie ,
d'Eutyche. Il aliſta au Concile de Conſtantino
ple tenu lous Flavien en 448. & au Concile de
Calcedoine , où aprés avoir demandé pardon de ce
qu'il avoit fait dans le Concile d'Epheſe tenu ſous
Dioſcore, il fut rétabli, & opina coinme les au
tres .
L
492 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Bafile de terrible , pour apprendre aux hommes à aimer la
Seleucie, vertu , & à fuir le vice. Les hiſtoires de l'ancien Tes
ſtament n'ont point d'autre but. Celle-ci nous ap
prend que Dieu s'abaiſle vers les hommes , qu'il
agrée leurs facrifices ſans en avoir beſoin , pour
inſtruire ceux qui les lui offrent , & qu'il a foin
des juſtes aprés leur mort. Abel eſt le premier
juſte tué injuſtement. La vengeance que Dieu
tire de la mort , fait efperer la reſurrection,
Caïn eſt le premier enfant d'Eve : c'eſt un ſcele
rat , ennemi de la nature , dont les crimes & la
peine ſont ici dépeints d'une maniere vive.
La cinquiéme Homelic eft fur Noë & fur le
Deluge. Ce ſont les crimes des hommes qui l'ont
attiré ; Dicu la retardé le plus qu'il a pû ; il les
a avertis par pluſieurs fois, il les a invitez à la
penitence : mais les hommes n'ayant point profi
té de ſes avertiſſeniens , ont tous été enveloppez
de ce Deluge , à l'exception de Noë & de fà
famille qui ont été ſauvez dans l'Arche. Le bois
qui avoit été l'inſtrument de la perte des hom
mes en Adam eſt l'inſtrument , de leur falut au
temps de Noë.
La fixiéme eſt encore ſur quelque queſtion qu'on
pouvoit faire ſur le Deluge. Il y remarqueque
les enfans de Dieu , dont il eſt dit qu'ils eurent
commerce avec les filles des hommes , ne font
point des Anges , mais les deſcendans de Loth ,
qui eurent commerce avec les filles de la race de
Caïn . Il y rend raiſon de la difference des ani
maux purs & impurs. Il dit que Dieu l'a 'éta
blic , afin de donner de l'horreur aux Juifs des
animaux dont ils ne pouvoicnt manger , de peur
qu'ils ne les adoraffent. Il croit que Noë ne fut
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 493
pas obligé de chaſſer pour attraper tous les ani- Bafile de
maux qui ſe retirerent dans l'Arche, mais qu'ils y Seleucie.
vinrent d'eux-mêmes. Il y fait admirer l'habileté
de Noë dans la conſtruction de l'Arche , & la
providence de Dieu dans le cours du Deluge.
Dans la 7. il fait remarquer la prompte obéïs
fance d'Abraham , & la ſoůmiſſion aveugle qu'il
a pour les ordres de Dieu , en s'apprêtantdeſacri
fier ſon fils unique. Il dépeint cette hiſtoire d'une
maniere tres -touchante.
La 8. repreſente l'hiſtoire entiere de Joſeph ,
& fair un fidele tableau de ſes vertus ,
La 9. fait connoître la providence de Dieu dans
la vie de Moyfe.
La to . compare Eliſée à Jesus-CHRIST , &
le fils de la Sunamite reſſuſcité par ce Prophete
avec les Gentils.
La 11, contient pluſieurs reflexions ſur la vie
du Prophetę Elie.
Dansla 12. Baſile employe l'hiſtoire de Jonas
& la converſion des Ninivites , pour prouver com
bien eſt grande la clemence & la miſericorde de
Dieu envers les pecheurs.
Dansla 13. ilexplique les rapports de Jonas à
JESUS -CHRIST .
Les 14. 15. 16. & 17. Tont ſur le Roi David . Il
éleve dans les trois premieres les faveurs particu
lieres que Dieu a faires à ce ſaint Roi ; dans la
derniere , il parle de ſon peché & de fa peni
tence ,
Dans la 18. il donne de l'horreur de l'action
d'Herode & d'Herodiade.
La 19. eſt ſur l'hiſtoire du Centurion ,
La 20. ſur celle de la Cananée .
494 Nou VILLE BIBLIOTHEQUE
Bafile de La 21. fur la gueriſon du boiteux quiétoit à la
Seleucie. porte du Temple.
La 22. ſur la tempête appaiſée par Jesus
CHRIST.
La 23. ſur la gueriſon du poſſedé d'une legión
de Demons .
La 24. ſur les paroles de la mere de Zebedée :
Ordonne7 que l'un de mes deux fils ſoit affis à vó .
tre droite , l'autre à vôtre gauche.
La 25. ſur ces paroles de Je su s-CHRIST
aux Apôtres : Qui les hommes diſent-ils que je
ſuis
La 26. ſut ces autres paroles de notre Sauveur :
Je ſuis le bon Paſteur.
La 27. eſt contre la Fête & les ſpectacles des
Jeux Olympiques.
La 28. eſt ſur ces paroles de Jesus-CHRIST :
Si vous ne vous convertiſſez, que vous ne de.
veniez ſemblables à des enfans, vous n'entrerez
point dans le royaumedes cieux. Il y exhorte à
l'humilité.
La 29. eſt fur ces autres paroles : Veneſ à mož
vous tous qui eſtes tourmentez toho chargeks, et je
vous foulagerai.
La 30. Jur celles-ci : Suive2-moi, & je vousfe
raipeſcheurs d'hommes.
La 31. fur ce que dit Jesus-Christ'! Nous
allons à Feruſalem , & le Fils del'homme fera livre
entre les mains des pecheurs , dec.
La 32. ſur cette priere de Jesus-CHRI$ T à
fon Pere : Mon Perë, s'il eſt poſſible, que ce Calice
me paſſe.
La 33. eft ſur le miracle des cinq mille kom
mes nourris avec cing pains, rapporté en Saing
Matthicu chap. 141
3
DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.' 495
La 34. ſur la demande des diſciples de Saint Bafile de
Jean à Jesus-CHRIST : Eftes-nous celui qui doit Selcucie.
venir , on fi nous en attendrons un autre
La 35. eſt ſur la parabole du Publicain & du
Pharifien.
La 36. ſur les deux aveugles gueris parJesu s
CHRIST .
La 37. ſur le maſſacre des Innocens , qu'il décrit
d'une maniere fort élegante , & fort paſionnée.
Dans la 38. il montre par les propheties , &
particulierement par celle de Daniel, que le Mcf
ſie eſt venu , & que c'eſt Jesus- Christ. Il met
le commencement des 70. ſemaines au rétabliſſe
ment de Jeruſalem fait ſous Cyrus , la naiſſance
de*Jesus-CHRIST à la 29. année du regne d'Au
gulte , ſa mort à la 19. année de celui de Tibere ,
& il compte 483. ans depuis la premiere année de
Cyrus juſqu'à l'Aſſomption de Jesus-CHRIST ,
ce qui fait 69. ſemaines d'années. La 70. finit à
la 9 . année de l'Empereur Caïus, ſous lequel com
menca la guerre. Cét Ecrit eſt plûtôt un Traité
qu'une Homelie.
La 39. Homelie eſt ſur l'Annonciation de la
Vierge. Il y releve la qualité de Mere de Dieu ,
& fait admirer le myſtere de l'Incarnation.
La derniere eſt ſur la Transfiguration de notre
Seigneur. Le Pere Combefis a encore donné une
Homelie ſur Saint Eſtienne , qui porte le nom du
même Aureur.
Voici le jugement que Photius porte du ſtyle &
14
de lamaniere d'écrire de cér Auteur. Son diſcours
dit - il , eft figuré , plein de feu , & il y a gardé
autant que perfonne du monde une cadence egale.
Il a joint enſemble la clarté & la brieveté ; mais
496 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Bafile de il ennuie à force de tropes & de figures. Il fatis dimit
Seleucie . gue par làcontinuellement fon auditeur, & lemet baru
Torne IV . ij.
LE THEQUE
498 NOUVEL BIBLIO
X ins
TIMOTHEUS ÆLURUS.
Timo RỌTERIUS Evêque d'Alexandrie , ayant été
himsex - PRO
theust- maſſacré l'an 457 par le peuple d'Alexandrie,
lxrws . Timotheus Ælurus fut pris par le peuple , & or
donné en la place parun ſeul Evêque. Comme
il ne pouvoir fairefubfifter cette Ordination qu'en
prenant le parti du peuple , il condamna , comme
Neſtoriens ceux qui avoient communiqué avec Pro
terius . Quelque temps aprés , pour ſe juſtifier au
prés de l'Empereur Leon , il lui adreſla un Ecrit,
dans lequel il faiſoit ſes efforts pour établir ſon
tendus , faiſant er des Saints Peresnsmal en
hereſie , ſur des paſſages
pafl pour des Neſtorie l'Evê
que de Rome , les Evêques qui avoient allifté au ha
Concile de Calcedoine , & tous ceux d'Occident.
Mais il ne réüflic pas dans le deffein qu'il avoitde
tromper l’Empereur , & fur envoyé en exil à Gan
gres. Gennade dit qu'il avoit traduit en Latin l'E
crit de cét Herefiarque , qui vivoit encore lorſqu'il
écrivoit ſonlivre des Auteurs Ecclefiaftiques.Nous
n'avons ni l’Original ni la Traduction .
bis Auteurs EcCLESIASTIQUES . * 499
CHRYSIPPE :
ÎN n'eſt pas bienaffûré du temps auquel a Chryſipo
ON
vécu Chryfippe Prêtre de Jeruſalem . Il y a pe.
neanmoins de l'apparence qu'ila Aeuri dans le s .
ſiecle. On trouve fous ſon nom dans la Biblio
theque des Peres un Sermon à la louange de la
Vierge , qui contient quantité d'éloges extraordi
naires pareils à ceux des Litanies . Photius dit
dans le volume 171. de la Bibliotheque , qu'il avoit
trouvé dans un volume où étoit le Traité d'Eu
ftathe, Prêtre de Conſtantinople, touchant l'état
des ames aprés la mort , un Cahier oùil étoitrap
porté , que Gamaliel& Nicodeme, qu'on affûroit
être ſon beau-pere, avoient été baptizez par Saint
Jean , & qu'ils avoient ſouffert le martyre. Il ajoû
te que cette hiſtoire étoit attribuće à Chryſippe
Prêtre de Jeruſalem , quidans un Panegyrique de
Theodore Martyr faifoit mention de Lucien
Prêtre de la même Égliſe ; & que celui-ci avoit
vécu du temps que Jean étoit Evêque de Jeruſa
lem , à qui Gamaliel avoit raconté cette hiſtoi
re , & enleigné le lieu où étoient les Reliques de
Saint Eſtienne & de Nicodeme, qui ayant été dé
couvertes avoient fait pluſieurs miracles.
Ii ij
E EQUE
Som NOUVELL BIBLIOTH
de casa dela 繼
05 Debat Debatt
*****
/
VIGILE DIACRE .
ENNADE nous a flûre cét qu'il
Vigile GImer dans le s . fiecle , a écrit ſuivant la tradi
Diacre.
tion des Peres une Regle pour Moine
des s. Il
ajoûte qu'on la lit dans les aſſemblées des Moi
nes, & qu'elle contient en peu de mots , & d'une
maniere fort claire , toute la diſcipline de la profeſ
fion monaſtique. Cela convient à une Regle qui
ſe trouve dans la Collection d'Holſtenjus p . i.
p. 89 .
FASTIDIUS PRISCUS
Astidius Auteur Anglois a écrit à un nom
Faftidius unFme Fatale unTraitéde la VieChrétienne,&
autre de la Viduité : fa.doctrine eſt ſaine &
eftimable . Voilà ce que Gennade nous apprend
de cét Auteur . Quelques -uns l'ontfait Evêque de
Londres , mais on n'en a point de preuves. Il
vivoit dans le cinquiéme fiecle ſous Honorius &
Thcodoſe . Nous avons ſon livre de la Vie Chré
tienne parmi les OEuvres de Saint Auguſtin . Il
lui a été reſtitué ſur la foi d'un ancien Manuſcrit,
DES Auteurs ECCLESIASTIQUE S. 501
imprimé ſeparément par Holſtenius en 1663. l'au- Faſtidius
tre Traité eſt perdu. Prifcus.
Le livre de la Vie Chrétienne eſt adreſſé à une
Veuve. Il rapporte d'abord l'origine du nom de
Chrétien à l'onction du Saint Eſprit. Il avertit
ceux qui portent ce nom , qu'ils doivent imiter
Jesus-Christ . Il rend enluite raiſon pourquoi
Dieu ſouffre les méchans , & afflige les bons. Il
explique les principaux devoirs d'un Chrétien ,
l'amour de Dieu , l'amour du prochain , & les
bonnes æuvres fans leſquelles il montre que
l'on ne peut être ſauvé. Il fait enfin un portrait
des vertus d'un vrai Chrétien , & exhorte la Veuve
à qui il écrit , de mener une vie ſemblable à celle
qu'il dépeint. Ce Traité eſt écrit d'un ſtyle aflez
mediocre. Il y a plus de pieté & de fimplicité ,
que d'éloquence & d'élevation. Il ſemble en quel
ques endroits qu'il favoriſe les ſentimens de Pe
lage.
vana 69
;;;;
DRACONCE
Raconce Prêtre Eſpagnol , qui vivoit du Dracona
temps de Theodofe le Jeune, a compoſé un ce.
.
Poëme en vers hexametres ſur les ſix jours de la
Creation , & une Elegie à l'Empereur. Il n'y a
rien de remarquable dans cet ouvrage, il eſt d'un
ſtyle aſſez barbare . Saint Iſidore & S. Ildephonſe
de Tolede parlent de cét Auteur. On trouve le
Poëme dans la Bibliotheque des Peres , & le
li iij
.
E QUR
ŞO2 NouyELLE BIBLIOTH
Þere Sirmond l'a fait imprimer avec l’Elegie en
1619. à la fin des OEuvres d'Eugene de Tolede,
qui a revû cét Ouvrage , & l'amis en l'état où il eſt
à preſent.
202800002
EUDOCIE IMPERATRICE,
1
ET PROBĄ FALCONIA .
Eudocie Ui croiroit yoir des nomsde femmes au rang
Emporio
Impera Q de ceuxdes Auteurs Ecclefiaſtiques : ļl y aeu
trice. Pro- de tout temps des femmes ſçavantes ; mais il у
ba Falco- en a peu qui ſe ſoient mêlées d'être Thcologien
mia, nes. " Il cſt encore plus rare de voir une Impera
trice occupée à cét emploi ; & rien n'eſt plus ad
mirable , comme remarque à cette occaſion le ſça
vant Photius , que de voir une Princeſſe au mi
lieu des delices & de la vie molle qu'on mene à
la Cour, compoſer des Ouvrages . Celle dont nous
parlons, étoit fillede Leon Philoſophed'Athenes ,
& femme de Theodofe le Jeune. Elle avoir com
poſé en vers heroïques Grecs une Paraphraſe des
huit premiers livres de la Bible. Photius nous
affûre dans le vol . 183. de fa Bibliotheque , que
cét Ouvrage étoit excellent , & qu'il ne cedoit à
pas un autre de cette nature , pour la beauté des
vers. Mais comme elle s'attachoit ferupuleuſement
aux loix de la traduction , elle pechoit contre
les regles de l'art. Ce qui eſt neanmoins approu
ve depluſieurs perſonnes, qui pretendent que c'eſt
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 503
ainſi qu'il faut traduire. Elle ne s'eſt point amu- Eudocie
ſée à Hatter les oreilles des jeunes gens, en ſe don- Impera
nant , comme font les Poëtes, la liberté de chan- trice .Pre
ger en fable des veritez. Elle ne détourne point ba Falco
fes Auditeurs par de longues digreſſions du ſujet nia.
qu'elle traite į mais elle fuitfon texte avectant
d'exactitude & de fidelité , que ceux qui liſent
ſon Ouvrage, s'en peuvent facilement paſler. Elle
conſerve entierement les propres penſées, de la
même maniere qu'elles ſont écrites , ſans y rien
ajoûter ni diminuer , & elle ſe fert autant qu'elle
peut des termes les plus ſemblables & les plus ap
prochans de ceux des Originaux. A la fin de cha
que livre elle avoit marqué en deux vers que c'é
toit elle qui l'avoit compoſé.
Le même Photius ajoûte dans le volume ſui
vant,qu'elle avoit auſſi compoſé du même ſtyle ,
une Paraphrafe des Propheties de Daniel & de Za
caric , & trois livres à"la loüange de Saint Cy
prien Martyr. Le premier contenoit la Vie de
Sainte Juſtine, les artifices dont Cyprien s'étoit
ſervi pour la corrompre , la converſion de Cy
prien , & fon Ordination . La Vie de Cyprien
étoit rapportéedansle ſecond ; & dans le troiſiéme,
le martyre de Saint Cyprien arrivé ſous l’Em
pire de Diocletien. Il y a pluſieurs choſes dans
cette hiſtoire , qui paroiſſent n'être pas fort cer
taines. On ſuppoſe que Cyprien étoit Evêque d'An
tioche , il n'y en a point eu de ce nom du temps de
Diocletien. Je palle fous ſilence quantité d'autres
circonſtances rapportées par Photius , qui ſont
peu vraiſemblables.
Nous n'avons plus les Ouvrages d'Eudocie ; mais
on a imprimé ſous ſon nom une Hiſtoire de la
Ii iiij
504 NouveLLĖ BIBLIOTHEQUE
Endocie Vie de Jesus-Christ écrite en vers heroïques
Impira- tirez d'Homere ; c'eſt- à -dire , qu'il n'y a pas un
trice.Pro- ſeul vers , qui ne ſoit un Fragment d'un Poëme
ba Falco- d'Homere . C'eſt pourquoi cet ouvrage eſt appel pour
nia . lé Centons d'Homcre.
Zonare & Cedrenus diſent que Pelage Patrice,
que l'Empereur Zenon fit mourir , avoit compoſé
un Ouvrage qui portoit cemêmetitre ; & en effet,
dans le Ca alogue de la Bibliotheque d'Heilde Bil
timit
berg , cét Ouvrage eſt attribué à un Patrice , que
l'on appelle par erreur Prêtre. Il y a auſſi dans
le même endroit un Epigramme d'Eudocie fur
ce mệne Poëme. Les premieres editions Grecques
d'Alde & d’Eſtienne de l'an 1554. & 1578. ne por
tent point de nom d'Auteur. Photius qui parle
des autres Ouyrages d'Eudocie , ne fait aucune
mention de celui- ci. Tout cela me feroit croire mo
ส่วน har
who
TYRSIUS RUFUS
ASTERIUS
"YRsius Rufus Aſterius qui a été Conſul
Tyrfiu
Rufus A
de
fterius. dulius. On lui attribuë auſſi une Conference en
vers de l'ancien & du nouveau Teſtament , que
d'autres donnent à Sedulius même. C'eſt une
Elegie , dont chaque ſtrophe contient dans le pre.
mier vers une hiſtoire de l'ancien Teſtament ,dans
le ſecond une application de ce fait à quelque point
du nouveau Teſtament. Elle eſt écrite d'un ſtyle
aſſez pur.
를
.
Des Auteurs EcclESIASTIQUES. 507
张光北 光光 3. aaah!
PETRONE
R avoirpaſſé
TTRON
PEaprés E , perſonnage de grande ſainteté , Petrone.
par lesexercices de la vie mo
naſtique , fur élû Evêque de Boulogne. Il étoit
contemporain de Saint EucherEvêque de Lyon ,
Code comme il paroît par la lettre de celui- ci écrite å
Valerien touchant le mépris du monde. On croit,
dit Gennade , qu'il eſt Auteur de quelques Vies
II , des Peres d'Egypte , que les Moines confiderent
comme le modele & le miroir de leur profeſſion,
J'ai lû , ajoûte encore le même , un livre de l'Or
dination d'un Evêque qui porte ſon non ; inais
l'élegance du ſtyle nous fait connoître qu'il n'eſt
.
Tome II .
I
508 NOUVELLE BIBLIOTHEQU E
********* * 3€
CONSTANTIN
OU CONSTANCE
Conſtan- Er Auteur eſt Germain Evêque ,d'Auxerre
Clavier
tin ou
Saint ,
Conſtan- rapportée par Surius au 31. Juillet.
ce.
polythe morethan
PHILIPPE
Philippe. P Afaireun commentaire fort fimplefurJob,
Il a auſſi écrit quelques lettres familieres : il y en
a quelques-unes, dans leſquelles il exhorte à ſouf
frir patiemment les douleurs & la pauvreté. Il eſt
mort ſous l'Empire de Marcien. Voilà ce que Gen
nade dit de cet Auteur. Nous avons encore un
Commentaire ſur Job , imprimé à Baſle en 1527 .
ſous le nom de ce Pere . C'eſt mal- à-propos qu'il
adepuis cſtéattribué à Bede , & imprimé ſousſon
non parmi les OEuvres, puiſque cét Auteur mef
me dans ſon Traité de l'Once , le cite ſous le nom
de Philippe : mais il n'eſt pas entierement certain
que ce ſoit l'Ouvrage du diſciple deS. Jerôme.
Le Commentaire ſur Job attribué fauſſement à S.
Jerôme, n'eſt preſque qu’un abregé de celui-ci.
SIAGRIUS .
IL DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 209
ICE
SIA GRIUS
on, que
ue d'Anne IAGRIUS , dit Gennade au chap . 65.de fon li- Siagrius,
vre des Ecrivains Eccleſiaſtiques, a compoſé
un Traité de la Foi contre les termes temeraires
& preſomptueux dont les Hereriques ſe ſervent
pour détruire ou pour changer les noms des trois
Perſonnes de la Trinité , en refuſant de donner à
E lapremiere Perſonnelenom de Perc , qui fait con
noître le Fils eſt de même nature , & en lui
que
Saint Juli donnant le nom d'un ſeul Dicu increé , ſans com
maple
ieres :1
mencement & fans principe , afin de faire croire
Xhoreix
que toute autreperſonne diſtinguée de celle-ci eſt
d'une nature differente. Cét Aureur montre con
pauvreci
tre eux , que l'on peut dire que le Pere eſt ſans prin
là cequale cipe , quoi qu'ilſoit de même nature que le Fils
ONS encos
qu'il aengendré , & non pas creé, & que le Saint
Bille cas Eſprit eſt produit , ſans qu'il puiſſe être dit en 1
的
.
ISA A C
Ifaac. SAAC Prêtre de l'Egliſe d'Antioche a écrit plu:
Syriaque : les principaux
ſont contre les Neſtotien's & les Eutychiens . Il a 1
fait auſli un Poëme , dans lequel il déplore la
ruïne d'Antioche , comme Saint Ephrem avoit au
trefois pleuré celle de Nicomedie. Cét Ifaac eft
mort ſous l'Empire de Leon & de Marcien vers
l'an 454. Il y en a eu un autre plus jeune du même
nom , qui a vécu juſqu'à la fin du fixiéme ſiecle ,
comme Saint Gregoire fait mention dans le 3. li
vre de ſes Dialogues. Le Traité du Mépris du mon
de , qui porte lenom d'Iſaac dans les Bibliothe
ques des Peres, eſt plûtôtde ce dernier que du pre
mier. Tritheme fait un Catalogue des Ouvrages
du premier en la maniere ſuivante.
Deux livres contre les Neſtoriens & les Euty:
chiens .
Une Exhortation à la vie fpirituelle.
Un livre du Combat des vices.
Un livre de l'Accés à Dieu .
Un livre de la difficulté de pratiquet les vertus,
Un Dialogue de l'avancement ſpirituel.
Un livre de l'Ordre monaſtique,
Un Traité de l'Humilité .
Un livre des trois Ordres de ceux qui s'avang
cent .
Un de la Solitude des Moines.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES , SII
Un des Tentations differentes . Ifaas,
Un de l'Inſtruction des Novices.
Un de la Penitence .
Un Poëme ſur la Deſolation d'Antioche.
Il avoit vû ces Traitez , & en marque les com
mencemens. Il ajoûte encore que cér Auteur avoit
fait pluſieurs Homelies qui n'étoient point tom
bées entre les mains .
MOCHIMUS.
Mochi- M.iocheza ecritun excellent Traicon
mus .
té treEu
tyche , dit Gennade au chap:71. On m'a dit qu'il
a écrit encore d'autres Ouvrages queje n'ai pas en
core lů. C'eſt tout ce que nous ſçavons de cét
Auteur , dont nous n'avons rien.
Sakabi 號 kosa 號
get soba kombinations between the
13693664919293
ASCLEPIUS ,
PIERRE , ET PAUL.
Aſcle Oici trois Auteurs dont nous n'avons rien ,
pius, Pier queque Gennade mer dans les chapitres 73.
re , 74. 75. de ſon livre parmi les Ecrivains Eccle
&
Paul. laſtiques de ſon temps . Voici ce qu'il en dit.
Aſclepius Africain , Evêque d'une petite Bour
gade dans le quartier de Baye , a écrit contre les
Ariens : on dit qu'il écrit à preſent contre les Do
natiftes. Il eſt en reputation de faire parfaitement
bien une Inſtruction ſur le champ.
Pierre , Prêtre de l'Egliſe d'Edeffe , grand De
clamateur,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 513
clamateur a écrit des Traitez ſur differens ſujets , Aſcle
& a fait des Pſeaumes en vers à l'imitation de S. pius,Pier
Ephrem Diacre. re e
Paul Prêtre né en Pannonie , autant que je l'ai Paul.
pû remarquer dans ſes Ecrits , a écrit à une Vier
ge de qualité appellée Conſtance , deux livres de
la garde de la Virginité,du mépris du monde , de
l'inſtitution de la vie Chrétienne , ou de la cor
rection des meurs . Son ſtyle eſt mediocre , mais
il eſt affaifonné d'un fel tout divin. Il fait men
tion de l'Heretique Jovinien , approbateur des
plaiſirs & des voluptez , dont la vie étoit ſi con
traire à la continence & à la temperance , qu'il
rendit l'eſprit au milieu d'un repas ſomptueux
ou ſelon d'autres , en écrivant des lettres d'a
mour,
SALVI E N.
ALVIEN Prêtre de Marſeille, tres - inſtruit des Salvien,
ſciences Eccleſiaſtiques & profanes', Maître
des Evêques a , a écrit pluſieurs Ouvrages d'un
5
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 523
tantes contenuës dans fon Ouvrage. 3. Qu'il a Salvien ,
choiſi le nom de Timothée, à l'exemple de S.
Luc qui a pris celui de Theophile , parce que ce
nom peut convenir à toute perſonne qui honore
Dieu , & qu’ainſi dans la crainte de commettre
un menſonge, il a pris un nom qui convenoit au
deſſein de l'Ouvrage compoſé en l'honneur de
Dieu. Qu'au reſte c'étoit une curioſité inutile de
rechercher l'Auteur , parce qu'il n'avoit pas vou
lu être connų. Il y a encore huit autres lettres
de Salvien , qui font toutes écrires avec beaucoup
d'elegance : la plus belle eſt celle qu'il a écrite au
pere & à la mere de ſa femme en ſon non , all
1 ARNOBE LE JEUNE.
'Auteur du Commentaire ſur les Pſeau - Arnobele
mes
à >
Je
& à Ruſtique , porte communément le nom une
d'Arnobe , il eſt difficile de dire ſi c'eſt le veri
table nom de cér Auteur , ou quelque nom ſup
poſé : quoi qu'il en ſoit , on ne peut pas le confon
dre avec l'Arnobe Apologiſte de la Religion ,
celui - ci ayant vécu aprés l'hereſie de Pelage ,
dans le temps où l'on diſputoit fortement ſur la
predeſtination. Il prend même parti contre les
diſciples de Saint Auguſtin , & le range du côté
des Prêtres de Marſeille : ce qui m'a perſuadé
que c'eſt un François nourri dans le Monaſtere de
Lerins. Les deux Evêques à qui il écrit , font ſans
doute Leonce d'Arles , & Ruſtique Evêque de
Frejus. Il paroît par ce qu'il dit ſur le Pleaume
jos. qu'il étoit dans le Sacerdoce.
Son Commentaire eft extrémement court . Il
s'attache au ſens allegorique ,
& rapporte à
Je su s-CHRIST & à fon Egliſe , le texte en
tier des Pſeaumes . Il le fait avec beaucoup d'e
{pri
des &
tmorales
d'agrément ;il ymêlede
, mais ſon tempsen
principal but temps
eſt de trou
ver dans les Pleaumes toute l'aconomie de l'In
carnation de Jesus -CHRIST , & particuliere
ment les graces de la redemption. If ſemble fa
$25 NOUVELLE BÍBLIOTHEQUE
Arnobe voriſer l'erreur de Pelage dans le Commentaire ſur
le feune, le Pleaume go, où il dir que l'homme naît ſujet à la
ſentence portée contre Adam ſans avoir de peché,
Qui naſcitur, ſententiam Adæ habet, peccatum verò
non habet. Cependantilreconnoît que la nature hu
naine eſt déchúë par le peché du premier homme;
il avouë toutes les ſuites du peché originel , il
reconnoît la neceflité de la redemption , & il re
marque preſque par tout , que nous ne pouvons
rien ſans le Tecours de Dieu ; que c'eſt lui qui
nous délivre de nos paſſions , qui nous donne la
connoiſſance du bien , qui nous le fait aimer &
pratiquer. Il va encore plus loin , il ne veut pas
que l'homme s'attribuë aucune bonne æuvre , ni
qu'il preſume des forces de ſon libre arbitre, par
ce que le libre arbicre , dit -il ſur le Pſeaume 117.
peut être vaincu , mais Dieu ne peut pas l'être .
La liberté de l'homme ne peut point dire , J'ai vain
cu mes ennemis :car janiais perſonne n'a ſurmon
té d'ennemis viſibles ou invilibles fans le ſecours
de Dieu. C'eſt donc à Dieu à qui nous devons
nôtre victoire , c'eſt la main toute puiſſante qui a
fait en nous le peu de bien qui y peut être ;
c'eſt elle qui nous fait vivre & mourir , & chan
ter les louanges divines. Mais quoi qu'il éleve
ainſi la force de la grace , il combat ceux qui en
ſeignent la predeſtination , ou , comme il dit ſur
le Pleaume 109. ceux qui enſeignent que Dieu a
predeſtiné les uns au bien , & les autres au mal
& qui nient le libre arbitre. Il ſoûtient que la
grace n'ôte point la liberté,que l'on peut toûjours
demander ,prier , frapper à la porte , & que Dieu
ne refuſe point fa grace à ces perſonnes , qu'il y
a unc grace prévenante univerſelle , que Jesus
1
.
CHRIST a répanduë ſur tous les hommes , qui Arnobe
gjen prévient toutes leur's volontez , par le ſecours le Jeune.
de laquelle onpeut avoir recours aux graces ſpe 1
ciales ; qu’ainſi nôtre liberté n'eſt point ruinée ,
EUROM & que cependant on doit imputer à Dieu tout le !
1
bmw
bienque l'on fait. Dieu ne commande rien d'im
CUCI poſſible, l'on ne peche que quand on n'a la
pas
volonté de faire une choſe que l'on peut faire.
POLRES Dieu n'abandonne point ceux qui ont recours à lui.
Voyez les Commentaires ſur les Pſeaumes 37. 77.
1
ut ...
91. 109. 117. 118. 146. Dans le Commentaire ſur
le Pleaume 138. il combat l'herefie des Nova
tiens. Sur le Pleaume 139. il remarque que l'ana
theme eſt plus à craindre quela mort, parcequ'il
exclut de la vie éternelle. Il ajoûte que les Here
TO,
tiques ne peuvent point avoir de part au royau
me des cieux , parce qu'ils empoiſonnent la pa
role de Dieu ; & il ajoûte que les Evêques qui
n'ont pas ſoin de nourrir leur peuple de cette di
teras vine parole , ſeront punis de la même maniere. Il
parle des Anges Gardiens dans le Commentaire
le care ſur le Pſeaume 37. & il pretend qu'ils ſe reti
rent quand on peche.
Ce Commentaire n'eſt pas du ſtyle de l'ancien
Arnobe , ni écrit avec toute la pureté poſſible ,
mais neanmoins le ſtyle n'en eſt pas mauvais.
On a encore ſous le nom d'Arnobe un Dialo
Dica gue ſur la Trinité & ſur l'Incarnation , & quel,
Cat ques Notes ſur les Evangiles.
üzle
VESBE
O THEQUE
$28 Nou VELLE BIBLI
hhhhhh
HONORAT
EVÊQUE DE MARSEILLE.
Honorat GEENNADE dir, que cét Evêque étoit élo
quent , & qu'il avoit une grande facilité de
Evêque
de Mar faire un Sermon ſur le champ , parce qu'ayant
été élevé dans la crainte de Dieu , & exercé dans
ſeille.
les affaires Eccleſiaſtiques ; aufli-tôt qu'il ouvroit
la bouche, il en fortoit comme d'un magaſin des in
ſtructions toutes divines. Il compoſoit pluſieurs
Homelies , dans leſquelles il s'appliquoit particu
lierement à expliquer les Myfteres , & à refuter
les Heretiques. Le peuple & le Clergé venoit en
foule l'écouter , & les antres Evêques leprioient
ſouvent de venir prêcher dans leurs Egliſes. Le
Pape Gelaſe reconnut par écrit la ſincerité de fa
Foi, & lui donna des marques de l’cſtime qu'il
faiſoit de lui dans une lettre. Il compoſoit des
Vics des Saints pour l'édification des Fideles ,
& il s'étoit attaché principalement à celle d'Hi
laire , à qui il étoit redevable de ſon éducation.
Il celebroit ſouvent des Litanies avec ſon peuple
pour implorer la miſericorde de Dieu. Voilà ce
que Gennade ou quelque autre Auteur du même
temps dit à la louange d'Honorat . Je dis Gen
nade , ou quelque autre Auteur de ſon temps : car
cér
DËS AUTEURS ÉcclesiASTIQUES. 529
cét article ne ſe trouve point dans quelques Ma . Honorat
huſcrits du Traité des Auteurs Eccleſiaſtiques de Evêquè
Gennade , & il ne paroit pas être de ſon ſtyle, de Mar.
Quoi qu'il en ſoit ; on ne peut douter que cela ſeille.
neſoit écrit par un Auteur du temps.
Nous avons une Vie de Saint Hilaire d'Arles ;
mais on doutoit ſi c'étoit celle d'Honorat , par
ce que dans le Manuſcrit de l'Egliſe d'Ar
les ,où elle fe trouve , elle eft attribuée à Reven
rentius ſucceſſeur d'Hilaire. Il n'y a point d'E
vêque d'Arles de ce nom ; mais peut- être a-t-on
voulu mettre le nom de Ravennius qui a fuccedé
immediatement à Hilaire. Or il eſt viſible que
te Vie ne peut pas être de lui , puiſque l'Au
reur dit que Ravennius fut envoyé à Rome par
Saint Hilaire , & qu'il fut depuis ſon ſucceſſeur.
Il eſt certain qu'elle a étéécrite par un diſciple
de Saint Hilaire : pourquoi ne ſeroit-ce pas Ho
norat , puiſqu'il eſt conſtant qu'il en avoit fait
une , & que celle-ci eſt tres-digne de lui : Elle eſt
tres-bien écrite , pleine de maximes tres - utiles.
parldaanvantta riarpcepeoLrt'eAutgeruarnde
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de
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mEoi ju
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un
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Tome IV , LI
$ 30 NouVELLE BIBLIOTHEQUE 3
rosoolo
SALONIUS ET VERANUS.
Salonius A LONIUS & Veranus fils de Saint Eucher,
du Vera- rennt élevez dans le Monaſtere de Lerins ſous
Shufure
nus . la conduite d'Honorat & d'Hilaire , & inftruits
enſuite par Vincent & par Salyien. Ils furent E
vêques dans les Gaules : on ne ſçait pas bien de
quefleville, mais il y a bien del'apparence qu’
ils l'ont été dans la Province des Alpes Mariti
nes a , dont Ambrun étoit la Metropole. Ils ont
2 On ne fcait pas , c . ] voit été Evêque de Vienne ;
Il n'y a pas lieu de douter mais il n'étoit pas encore 1
qu'ils n'ayent été Evêques. Evêque, quand Sidonius lui
Salvien dit , qu'aprés avoir écrivit cette lettre. Adon qui
été ſes diſciples , ils ſont de a fait le Catalogue des E
venus les maîtres de l'Egli- vêques de Vienne, n'y met
ſe. Gennade dit auſſi qu'ils point Salonius. D'autres one
furent Evêques ; & la lettre crû que Salonius & Vera 4
écrire à Saint Leon , aufli- nus avoient été Evêques de
bien que la réponſe du Pape Lyon , l'an aprés l'autre,
Hilaire , ſont des témoigna- & aprés leur pere Saint
ges authentiques de leur di- Eucher. Cette opinion n'eſt
gnité : mais pas un des An- fondée que ſur des Cata
ciens n'a marqué de quelle logues des Evêques de Lyon ,
ville ils éroient Evêques. Si- qui font manifeſtement fau
donius Apollinaris dans la tifs : car aprés Saint Eucher
lettre is . du 7. livre adres- on y met ſes deux enfans
ſée à Salonius , nous ap Salonius & Veranus
prend qu'ils demeuroient à la aprés eux Deſiderius , qui a
campagne prés de Vienne : été Evêque de Vienne , &
cela a fait croire à quel- ne l'a jamais éré de Lyon :
ques-uns , quc Salonius a- outre que Salonius a ligné
.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 531
écrit avec Ceretius une lettre à Saint Leon , pour Saloniis?
le remercier de ce qu'il leur avoit envoyé uneco- Verang
pie de la lettre écrite à Flavien. Leur lettre le nus.
trouve parmi les lettres de Saint Lcon. Vera
nus écrivit auſſi à ce Pape pour défendre les
droits d'IngenuusArchevêque d'Ambrun, & re
çût réponſe d’Hilaire ſucceſſeur de Saint Leon .
Salonius aſliſta au Concile d'Orange tenu en 441 ..
& Veranus füt commis par le Pape Hilaire pour
faire executer le reglement de Saint Leon tou
comme Evêque 'au Concile que Salonius étoit Evêque
d'Orange de l'an 441. ou de lamêmeProvince , aufli
Saint Eucher aſſiſta. Il é- bien que Cererius , puiſqu'
toit donc Evêque d'une au- ils ont tous trois écrit en
rre ville du vivant de ſon ſemble à Saint Leon , & ils
pere. La lettre 4. du Pape ne ſemblent l'avoir fait ſepa
Hilaire nous apprend que rément des autres Evêques
Veranus avoit écrit en fa- des Gaules , que dans la
veur d'Ingenuus Archevêque ! crainte qu'ils avoient de pre
d'Ambrun Metropolitain de judicier aux droits de leur
la Province des AlpesMari- Metropolitain & de leur
times , & qu'il fut commis Province,s'ilsſe fuſſent joints
pour les affaires qui concer- aux autres Evêques qui vou
noient des Evêchez de cet - loient qu'ils dépendiſſent
te Province. Cela donne lieu d'eux. Il eſt même fort proba
de conjecturer , qu'il étoit ble que Salonius a été Évêque
Evêque de cette Province. de Ĝeneve , & que c'eſt de
Cela s'accorde encore avec lui qu'il eſt marqué dans
le témoignage d'un ancien leMartyrologe d'Uluard au
Manuſcrit du Monaſtere de 28 . Septembre : Civitate
Lerins, où l'on met entre les fanuis Sancti Saloni Epiſcopi
Saints de ce Monaſtere Veal Confeßoris ;& dans d'au
ranus , que l'on qualifie Eve - tres Martyrologes:Genua ci
quede Vence : C'eſt- là le ſen- vitate depoſitio Sancti Salonii.
timent de Baralis dans la On a déguiſé ce nom dans
Chronologie de Lerins , où le Martyrologe de Bede, &
il donne le même Evêché à l'on en a fait un Salomon :
Veranus. Il y a apparence dc Salonius on a fait Saloa
il ij
232 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Salónisia chant l’union du Château de Nyſſe à l'Egliſe de Ĉe
& Verå- mele. Nous avons ſous le nom de Salonius une ex
nus . plication des Paraboles de Salomon , en forme de
dialogue entre lui & fon frere Veranus ; qui é
claircit par demande & par réponſe le texte de
ce livre de Salomon . Ily a encore une expoſi
tion myſtique compoſée de la même maniere. Le
ſtyle de fés Dialogues eft fimple & net; la pluſ
part des explications ont rapport à la Morale.
mus , comme on trouve en- , ſous le Roi Gontran on
core dans quelques MS. trouve uni Epiſcopus Ecclefia
& on a encore changé Salo- Genavenfis. Si cette ſouſcri
mus
en Salomon , comme prion eſt vraie , il faut qu'il
il eſt dans le Martyrologe y ait eu deux Evêques de
Romain. On a auſſi prisGeneve du même nom. Il
Genua oufanuis pour Gen- y avoit auſſi en ce temps
nes , & c'eft Geneve. Dans là un autre Salonius Evê
les ſouſcriptions du Conci- que d'Ambruń fameux par
le de Lyon tenu en 570. fes crimes.
Des AUTEURS ECCLESIASTIQUE S. $ 33
PAULIN DE PERIGUEUX.
pluſieurs Paulins en ce ſiecle : car ou- Paulin de
tre l'Evêque de Nole , & Paulin diſciple de S. Peri
Ambroiſe , Evêque de Beziers , qui avoit écrit une gueux
lettre dont Idacius fait mention dans ſa Chroni
que ſur l'année 420. il ya eu encore un Paulin
neveu d'Auſone , Auteur d'un Poëme d'actionsde
graces à Auſone , & ce Paulin - ci qui a fait fix
livres en vers de la vie & des miracles de S. Mar
tin . Dans les Manuſcrits , il eſt appellé Paulin Pos
tricordius , c'eſt-à -dire, de Perigueux. Le Pere
Sirmon pretend que c'eſt Petrocorius , & que Pe
trocorium ſignifie Beſançon ; & il croit que ce
Paulin eſt ce Rhetoricien qui demeuroit dans
cette ville , dont il eft parlédans Sidoine Apol
linaire , l. 28. ep. JI. Mais cette conjecture n'eſt
pas bien appuyée. Ce Poëme n'a rien d'elegant
ni de ſublime ; les termes en font durs & bar
bares , & les vers en ſont pitoyables ; la narra
ţion eſt ennuyeuſe.
Ll iij
534 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
MUSEE
VINCENT
NO Prerre
VICINCENT
deIVincent
de France , mais different Vincent,
Moine de Lerins , fort verſé
dans l'Ecriture , s'étoit acquis à force de lire &
d'écrire un ſtyle aſſez poli. Il a écrit un Com
mentaire ſur les Pleaumes ; je lui ai entendu lire
à Cannare quelque choſe de cét Ouvrage en pre
fence du Serviteur de Dieu , & il nous promit
que ſi Dieu lui donnoit des forces & de la ſan
té , il travailleroit de même ſur tout le Pleuticr.
C'eſt de Gennade que nous apprenons ceci ; il
met cét Auteur immediatement aprés Muſée.
Vre hhhhhhhhhhhh
SYRUS
Y rus ou Cyrus d’Alexandrie , Medecin de Syrus.
profeſſion , ſé' fit Moine de Philoſophe qu'il
étoit. Il ſçavoit parfaitement bien écrire , il avoit
compoſé un Traité contre Neftorius , qu'il refu
L1 iiij
QU E
536 Nou VELLE BIBLIOTHE
Syrus, te avec beaucoup de force & d'éloquence ; mais
il s'emporte par trop contre lui , & le combat
plûtôt par des fyllogiſmes que pardes témoigna
ges de l'Ecriture. Il panche auſli du côté de l'avis
de Timothée , & croit que l'on n'eſt pas obli
gé de ſuivre la definition du Concile de Calce
doine , qui oblige de croire qu'il y a deux na
tures en Jesus -CHRIST aprés l'incarnation . Il
a fleuri Tous l'Empereur Leon. Ceci eſt tiré de
Gennade chapitre $ 1 . car nous n'avons plus ce
Traité .
il math Sot
SAMUEL
Samyel. Ici ce que Gennade de cét Au
Veur
teur.eOn dit que Samuel Prêtre de l'Egli
fe d'Edeffe, a écrit en Syriaque pluſieurs Ouvra
ges contre les ennemis de l'Egliſe , principale
ment contre les Neftoriens , contre les Euty
chiens & contre les Timotheens , tous Here
tiques differens, qu'il a ſouvent dépeints comme
une bête à trois têtes , & qu'il a refutez par la
doctrine de l'Egliſe & par l'autorité de la Sainte
Ecriture : montrant contre les Neſtoriens , que
le Verbe eſt un Dieu homme , & non pas un
pur homme , né d'une Vierge ; contre les Eury
chiens , que Dieu a pris une vraie chair dans le
ventre de la Vierge , qu'il ne l'a point euë du
ciel , & que fa chair n'a point été formée d'un
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 537
1 air épaiſi; & contre les Timothccns , que le Ver- Samuel.
1 be s'eſt tellement fait chair , que demeurant dans
ſa ſubſtance auſſi bien que l'humanité dans ſa na
ſure , il s'eſt fait une ſeule perſonne par l'union ,
.
& non point par le mélange des deux natures,
1
On dit qu'il eſt encore à Conſtantinople : car
c'eſt au commencement de l'Empire d'Anthemius
que j'ai appris de ſes nouvelles , & de celles de
1
ſes Ouvrages. Anthemius a commencé à regner
en 467.
ces 女 关 文 之 文 文定
EXAS
CLAUDIANUS MAMERTUS.
ก9
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 539
kroit de Fauſte de Riés . Claudia
Il paroît par la réponſe de Mamertus , que nous nus Mas
n'avons pas cét Ecrit entier : car dans la pre- mertus.
1 miere partie, il avoit avancé que la divinité avoit
fouffert en Jesu s -CHRIST , non en la nature ,
mais par un ſentiment de compaſſion . C'eſt ce
que Mamertus refute d'abord , faiſant voir que
cette expreſſion eſt fauſſe & nouvelle , parce qu'on
ne peut dire en aucun ſens que la divinité de
Jesus-CHRIST ait ſouffert les peines, quoi
qu'on puiſſe dire , à cauſe de l'unité des deux na
tures en une ſeule perſonne , que Dieu a ſouffert.
Il prouve enſuite que l'ame eft incorporelle, par
ce qu'elle a été faite à l'image de Dieu. Il avoue
que tout ce qui eſt inviſible n,'eſt pas ſpirituel : il
en donne pour exemple les ſenſations qui ſont in
viſibles ; mais il pretend que les ſens corporels
tiennent de la nature des elemens , au lieu que
l'ame ne dépend point d'eux, & n'a point été for
mée d'eux , mais qu'elle informe la matiere.Pour
refuter enſuite les objections de l'Ecrit qu'il at
taque , il dit que tout ce qui eſt incorporel , n'eſt
pas increé ; que les Anges ontdes corps àla veri
té, mais qu'ils ont auſſi un eſprit & uneame. Il
ſoûtie nt que S. Jerôme & les Philoſophes même
n'ont point eu d'autre penſée, quand ils ontdit que
les hommes , aprés li reſurrection , ſeroient en
tierement ſemblables auxAnges,parce qu'ils auront
un corps aufli leger & aulli fubtil que le leur,
& uneame. Il s'étonne qu'il y ait des Chrétiens
aſſezlesgroſiers , pour s'imaginer qu'on vețra Dieu
corps.
par yeux du Aprés quelques remarquos
ſemblables, il vient à la grande difficulté : L'a
me eſt dans le corps , elle eſt dans un lieu ; elle
543 NouveLLE BIBLIOTHEQUE
Claudia- eft donc étenduë , & par conſequent corporelle,
nus Ma- Il demande à ſon Adverſaire en quelle partie du
mertus. corps elle eſt. Eft -elle dans le tout ? eſt-elle dans
chaque partie ? Sielle eſtdans tout le corps , pour
quoi ne penſe-t-elle qu'à un ſeul endroit ? Si elle
peut être diviſée par parties , pourquoi ne perd
elle pas de la force, quand on ccupe quelque par
tie du corps ? Voilà de quoi embaraller Ton en
nemi. Mais il faut répondre à la difficulté. Pour
la reſoudre entierement, il diſtingue trois fortes
de mouvemens ; le ſtable, le local , & celui qui rę
ſe fait point dans le lieu. Le premier ne con
vient qu'à Dieu , le ſecond aux creatures corpo
porelles, &le dernier eſt celui qui eſt propreaux
creatures ſpirituelles. Dieu veut toûjours là même
chofe , voilà un mouvement (table; un corps ſe
meut d'un lieu à un autre , yoilà le mouvement lo
cal ; l’ame veut une choſe,elle ne la veut plus tantôt
elle aime , tantôtelle hait , elle eſt tantôt humble ,
tantôt ſuperbe, tantôt gaye,tantôt triſte , & c, voilà
un mouvement d'une creature quin'eſt point local :
on en apperçoit des effets dans le lieu , mais il
ne ſe fait point dans le lieu. Par exemple , qu'un
homme penſe à quelque figure de Mathematique,
ou à écrire quelque nom , ſon amecontemple les
idées iinmuables de ces choſes , ſon bras & ſa
main les mettent ſur le papier par un mouvement
local : ce n'eſt point fon ame qui ſe meur locale
ment , mais ſans elle fon bras ne pourroit faire
des mouvemens fi juſtes. Vous direz peut- être que
c'eſt la partie de l'ame qui eſt dans ſon bras , qui
ſe meut localement ; fi cela eſt , l'ame eft donc
diviſible. Or cela ne peut point être : car toutes
choſes diviſibles ſe peuvent toucher par parties, &
DE S AUTĚURS ECCLESIASTIQUES. 541
agiſſent ſelon leurs parties. Or l'ame agit toure Claudia .
entiere dans ſes inouvemens , elle n'a ni longueur , nus Mag
ni largeur , ni haureur ; elle ne ſe meut ni vers le mertu ,
haut , nivers le bas , ni en rond . Elle n'a ni par
ties interieures , ni parties exterieures ; elle penſc,
elle fent , 'elle imagine dans toute ſa ſubſtance, elle
eſt tout entendement , tour ſentiment, toute ima
gination ; & en un mot , on peut dire la qualité de
l'ame , mais on n'en ſçauroit jamais dire la quan
tité. Elle n'eſt donc pointétenduë, ni dans lelieu.
Aprés avoir ainſi établi la nature de l'ame de
l'homme ,il fait voir en quoi elle eſt differente de
celle des bêtes & des plantes. La principale differen
ec confiſte en ce que celles -ci n'ont aucune connoiſ-
fance ; les bêtes peuvent avoir les images des corps
gravées dans leur cerveau , mais elles ne les con
noiſſent point , & ne fe connoiſſent pas elles-mê
mês , au lieu que l'ame de l'homme connoît les
choſes corporelles par le corps , & les ſpirituelles
fans le corps; quelquefois même ellene s'applique
pas aux choſes quifont impreffion ſur ſon corps.
Je lis , un autre in'entend , & comprend ce que je
dis; & moi ſi j'ai l'eſprit ailleurs, je ne ſçai ce
que j'ai fû. L'ame eſt preſente pour me faire ap
percevoir les lettres , mais elle n'y eſt pas pour
me faire comprendre ce que je lis.
Mais , dira-t-on , autre choſe, eſt la ſubſtance
de l'amé , autre chofe eſt ſon operation. Vous
yous trompez en confondant la penfée de l'amé
avec la ſubſtance de l'ame. L'ame eſt quelquefois
fans penſée ; d'ailleurs, quand l'amé penfe, c'eſt
dans le corps & par le corps qu'elle penſe. Ce
font les images corporelles des objets qui la font
penſer ; & elle ne ſe fouviendroit jamais, fi ces
542 NOUVÉLLE BIBLIOTHEQUE
Claudia- images n'étoient gravées dans le cerveau. Voila
nus Ma- juſqu’où on peut pouſſer la difficulté. Mais Ma
mertms . mercus y répond d'une maniere à ne plus laiſſer
de difficulté. L'ame , dit -il , n'eſt pas differente
de la penſée, quoi-que les choſes auſquelles l'ame
penſe , ſoient differentes de l'ame même. Il n'eſt
pas vrai que l'ame ſoit jamais ſans penſée. Elle
peut bien changer de penſée, mais elle ne peut
pas être ſans penſée , & elle eſt toute où elle pen
le , parce qu'elle eſt toute penſée. Vous vous
trompez en diſtinguant les puiſſances de l'ame mè
me ; quoi que ce ſoitpar accident qu'elle penſe à
quelque objet , ſon eflence eſt d'être une lubftan
ce qui penſe. Il en eſt de même de la volonté
c'eſt par accident qu'elle veut ceci ou cela ; mais
vouloir en foi eft ſå ſubſtance. Elle eſt toute pen
ſée, toute volonté , toute amour. Il eft dit de Dieu
qu'il eſtamour , mais il eſt tellement añour ai
mant eſſentiellement le bien. L'ame eſt auſſi a-.
mour , mais c'eſt un amour qui peut fc à
porter
Dieu & aux creatures , au bien & au mal. Mais
toûjours
à quelque objet qu'il ſe porte , il eſt on vrai
de dire que l'ame eſt route amour ne trouve
rien de ſemblable dans le corps. Pour prouver 5
>
DËS Auteurs ECCLESIASTIQÚÉS. $ 45
donc obligé d'avouër que le monde eft infini , Claudia
my
ou de dire qu'il n'eſt pas dans le lieu. Pourquoi nas Ma:
ne direz -vous pas que l'ame ſpirituelle n'eſt point mertus.
localement en un endroit ? Mais comment dit-on
.
que l'ame de Jesus -CHRIST a ceſſé d'être dans
ſon corps aprés la mort , fi elle n'eſt pas dans
le corps comme dans ſon lieu ? Si cette conſequen
ce eſt bonne , il faudra dire , dit Mamertus , que
la divinité étoit aulli dans le corps de Jesus
CHRIST, comme dans un lieu , parce qu'elle a
celle d'être unie au corps de Jesus-CHRIST. Les
Anges ont des corps , par leſquels ils deviennent
viſibles ; les Demons en ont , par leſquels ils ſouf
frent. Ces corps ne ſont point des corps étran
gers , ce ſont leurs propres corps ; mais ils ont
auſſi des ames fpirituelles. Enfin , pour répondre
à la derniere objection; les ames des impies ſont
en enfer , celles des juſtes dans le ciel . Si cela ſe
doit entendre , dit-il , de ſeparation de lieux , com
ment ſe peut- il faire qu'Abraham & le mauvais
Riche s'entendent & fe parlent ? comment celui
ci voit- il le Lazare dans le ſein d'Abraham ? L'en
fer & le Paradis ne doivent pass'entendre deslieux
differens , mais des états differens. Le juſte &
l'injuſte peuvent être localement dans un même
endroit ,mais ils ne peuvent plus changer d'état.
L'ame voit les choſes incorporelles , ſans qu'elles
lui ſoient preſentes localement , & elle ne voit pas
les corporelles, qui lui ſont les plus unies,quand
elle ne peut pas le ſervir des yeux du corps pour
1
les voir. Rien eſt - il plus uni à l'ame que le
cour , les entrailles ou le cerveau ? voit - elle ces
choſes ?
Mais, diſent quelques-uns, l'ame eft corporelle
Tome IV. Mm
UE
IO THEQ
5 46 Nou VELLE BIBL
Claudia- aux yeux de Dieu , & fpirituelle à ſes yeux . C'eſt
nues Ma- là une fauſſe fubtilité,dit nôtre Auteur : car ou
elle eſt ſpirituelle , ou elle eſt corporelle. Si elle
mertusi
eſt ſpirituelle , Dieu la connoît être telle; si elle
eft corporelle , elle ſe connoîtroit telle elle
même .
Quc conclure de tout ceci , que l'homme eft
compoſé de deux ſubſtances , dont l'une eſt ſpiri
rituelle , l'autre corporelle ; l'une immortelle , &
l'autre mortelle . C'est l'ame & le corps. C'eſt auſi
la concluſion de Claudianus Mamertus , qui en
finillant ſon Traité , reduit tout ce qu'il a dit , aux
dix principes ſuivans.
1. Dieu eſt incorporel : l'ame de l'homme eſt
ſon image ; elle ne pourroit pas l'être , fi elle n'é
toit ſpirituelle.
II. Tout ce qui n'eſt point dans le lieu ,eft in :
corporel : l'ame eſt la vie du corps ; cette vie eſt
également dans tout le corps , & dans chacune
de ſes parties : l'ame n'eſt donc point dans le
lieu.
111. L'anie penſe , & ſa nature eſt de penſer : la
penſée eftincorporelle , elle n'eſt pointdans le lieu :
l'ame eft donc incorporelle.
IV . La volonté eſt de la ſubſtance de l'ame :
toute l'ame veut , elle eſt toute volonté ; la volon
té n'eſt point un corps : donc l'ame n'eſt point
un corps .
V. La memoire n'eſt point dans le lieu , elle
n'a point d'étenduë; le grand nombre de choſes
dont on ſe ſouvient, n'augmente point la quantité,
& le petit nombre ne la diminuë point, elle ſc
ſouvient des choſes corporelles d'une maniere in
corporelle . L'ameentiere ſe ſouvient , elle eſt tou,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES: $47
të memoire : elle n'eſt donc point un corps. Claudia
V I. Le corps ne peut être frappé qu'à l'endroit nus Mai
où on le touche : l'ame ſent tout entiere ; quand mertus.
une partie du corps eſt touchée. Ce ſentiment n'eft
donc point dansle lieu , & par conſequent il eſt
ſpirituel auſſi bien que l'amequi ſent.
VII . Le corps ne s'approche point, & ne s'é
loigne point de Dieu ; il s'approche & s'éloigne
des autres corps. Or l'ame s'approche & s'éloigne
de Dieu ; elle ne s'approche point , ellene s'é
loigne point des corps d'une maniere locale : elle
n'eſt donc point un corps.
VII. Le corps femeur dans le lieu , 8c chan
ge de place ; l'ame ne fe meut point de cette ma
niere : elle n'eſt donc pas un corps.
IX. Les corps ſont érendus en longueur, lar
geur & profondeur; l'amen'a point ces proprietez.
X. Tous les corps ont differens côtez , le droit ,
le gauche , un deflus, un deffous , un devant , un
derriere ; tout cela ne convient point à l'ame : elle
eſt donc incorporelle
Cét Ecrit eft dedié à Sidonius Apollinaris, qui
paya bien l'honneur que lui faiſoit Mamertus , par
les grand éloges qu'il donna à l'Auteur & à Ion
Ouvrage. Il exalte l'Auteur au deflus de tous les
Ecrivains de ce temps ; il le fait paffer pour le plus
habile Philoſophe , & pour leplus ſçavant hom .
me qu'ily eut alors parmi les Chrétiens. Il dit qu'il
pofledoit toutes les ſciences dans un ſouverain de
gré ; que la pureté de fa di&tion égale ou ſurpaſſe
celle des Terences , des Varrons , des Plines , & c .
Qu'il a fçû allier les termes de la Dialectique avec
l'éloquence ; que la diction coupéc & ſerrée com
prend dans unpetit nombre de lentences unc tres.
Mm ij
EQUE
548 Nou VELLE BIBLIOTH
Claudia- profonde doctrine ; qu'il exprime enpeu de mots
nus Ma- les plus grandes veritez ; que ſon ſtyle n'eſt point
mertus . enfe par de vaines hyperboles ; & qu'il ne dege
nerepoint dans une balleſſe mépriſable. Enfin , il
ne fait point de difficulté de lecomparer aux plus
grands Philoſophes, aux plus éloquens Orateurs,
& aux plus' ſçavans Peres de l'Egliſe. Il juge ,
dit-il , comme Pythagore ; il diviſe comme So
crate ; il explique comme Platon ; il embaraſſe
comme Ariſtote ; il plaît comme Eſchinés ; il
cxcite les paſſions comme Demoſthene ; il diver
tit par une agreable varieté à l'exemple d'Horten
fius ; il remuë comnie Cerhegus ; il excite comme
Curion ; il arrête comme Fabius ; il feint comme
Craffus ; il diffimule comme Cefar ; il confeille
comme Caron ; il diſſuade comme Appius ; il per
ſuade comme Ciceron. Et ſi nous voulons venir à
le comparer aux Peres de l'Egliſe , il inſtruit com
me S. Jerôme ; ildétruit l'erreur comme Lactance;
il prouve la verité comme Saint Auguſtin ; il s'ć
leve comme Saint Hilaire ; il parle auſli facile
ment & auſli intelligiblement que S. Jean Chry
ſoſtome; il reprend comme Saint Baŝle ; il con
ſole comme Saint Gregoire de Nazianze'; il eſt
auſli fertile qu'Oroſe a,uſſi preſſantque Rufin ; il
fait une narration aufli bien qu'Eufebe; il excite
comme Saint Eucher ; il provoque comme Saint
Paulin ; il appuye comme Saint Ambroiſe.
Quoi que toutes ces louanges ſoient exceflives ,
il faut avouër que le Traité de Mamertus eſt tres
bien écrit , & qu'il a joint beaucoup de netteté avec
une tres-grande fubtilité, & qu'il traite des que
ſtions fort metaphyſiques avec toute la clarté &
tout l'agrément pollible. Mais ce qu'on doit
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 549
le plus louër en lui , c'eſt la juſteſſe de ſes rai- Claudia
w
ſonnemens, & la penetration de ſon eſprit , qui lui nus Ma
a fait découvrir & expliquer des veritez tres- abf- mertus.
traites , & que la pluſpart des autres ont à peine
apperçûës.
Sidonius louë encore un Poëme de Mamertus ,
& lui donne ces éloges. Il eſt , dit- il , fententieux',
plein de penſées , agreable, élevé , & furpaſſe toute
forte de versde cette nature , autantpar l'agrément
de la poëſie, que par la verité de l'hiſtoire. C'eſt
apparemment l'Hymne de la Paſſion , qui com
mence par Pangelingua gloriofi, dontil parle.La
maniere dont il le dépeint dans la fuite", le fait
aſſez connoître. Il en dit plus de bien qu'il n'y
a à en dire , & exagere beaucoup ſa beauté. Il ne
PASTOR
' Evequr
Paftor: L'homme Paſtor a compoſé
de Symbole un petit livreen
,qui contientpar ſentences
preſque tout ce qu'on doit croire pour être Ca
tholique . Entre les erreurs qu'il anathematize ,
fans nommer les noms deceux qui les ont avan
cées , il condamnc les Priſcilianiſtes avec leurchef.
Il y a , cum ipſo Auctoris nomine , je croirois qu'il
faut,prætermiffo Au &toris nomine.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES, SSI
te OK
Sic SSSSS
Am en
VILLA SSSSSE SE
AIS ***
503
je ka VOCONIUS
Oeonius , comme l'appelle Gennade , ou Voconimi
VBuceBuconius , ſelon Honore & Tritheme , Evê
que du Châtelet ,ville de Mauritanie , a écrit con
tre les ennemis de l'Egliſe, Juifs, Ariens & autres
Heretiques. Il a aufli compoſé un excellent Ou
vrage des Sacremens & des Myfteres.
200.00
EUTRO PE
E TURO.Per Piese avoir écrit deuxlecturesàdeuxEutrope.
été desheritees par leurs parens, dans leſquelles il
les conſole de cette perte. Ces lettres font écrites
avec beaucoup de netteté & d'élegance. Il y em
ploye non ſeulement des raiſons,mais encore des
témoignages de l'Ecriture pour les conſoler. Voilà
ce que Gennade dit de cée Auteur , qu'il ne faut
pas confondre avec l'Eutrope, qui a fait l'abregé
de l'Hiſtoire. Celui dont nous venons de parler ,
étoit diſciple de Saint Auguſtin .
Mm iiij
352 NOUVELLE BIBLIOTHEQU L
EVA GRE.
Evagré. CelE's
a Evagre
par
different de celui du Pont , eſt mis
Gennade au rang des Auteurs Eccleſia
ſtiques du cinquiéme ſiecle ; il lui attribuë une
diſpute entre un Juif appellé Simon , & un Chré
tien nommé Theophile , laquelle étoit fort con
nuë de ſon temps. Nous ne l'avons plus prefen
tement,
NOVEMENT
06 ) 76316076
Diegiebig 2 :
jigichie
ΤΙ Μ Ο Τ Η Ε Ε.
'EVEQUE Timothée a écrit un livre de la Na
Timothée.Liv
vtivité de nôtre Seigneur felon la chair , qu'il
eroit être arrivée le jour de l'Epiphanie. C'eſt ce
que nous apprend Gennade chap. 58, 1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. SS3
EUSTATHE.
E't Euſtathe a traduit en Latin les neufHo- Euſtathe.
CETA i
de la Geneſe , & a dedié ſa traduction à la four
Synclerique Diaconeſſe. Caffiodore dit qu'il a éga
lé dans ſå verſion la beauté de l'original. Sedu
lius louë cette Syncletique dans la Preface de ſon
OEuvre Paſcal. Junilius , Caſſiodore , Bcde &
Sigebert font mention de cette traduction , qui ſe
trouve encore parmi les OEuvres Latines de Saint
Baſile,
THEODULE
N dit que Theodule , Prêtre de Cælefyrie Theodule.
pa
roles de Gennade chap. 91. Je n'ai vû qu’un de
ſes livres , qu'il a compoſé ſur la Concordance de
l'Ecriture Sainte du vieux & du nouveau Teſta
ment contre les anciens Heretiques , qui à cauſe
de la difference des preceptes & des ceremonies ,
folltenoient que le Dieu de l'ancien Teſtament
n'étoit pas celui
celui du nouveau. Il montre , que c'elle
par un effet de la Providence , que Dieu a donné
554 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Theodule. aux Juifspar le miniſtere de Moyſe, une Loi char
gée de ceremonies & de Loix judiciaires , &
qu'il nous en a donné une autre pår la preſence de
Jesus-CHRIST dans les myſteres & dans les pro
meſſes futures ; qu'il ne faut pas s'imaginer qu'elles
ſontpour cela differentes ; que c'eſt lemême Elprit
qui les a dictécs , & le même Auteur qui les a éta
blies , & que la Loi ancienne qui donne la mort,
étant obſervée, la lettre donne la vie quand on
l'entend ſpirituellement. Cét Auteur eſt mort il y
a trois ans , ſous le regne de Zenon . Zenon a cef
ſé de regner en 490. Gennade écrivoit donc en
493. Il y a danslaBibliotheque des Peres un Com
mentaire ſur les Epîtres de Saint Paul , qui porte
le nom de Theodule ; mais il ne peut pas être de
celui-ci , parce qu'il parle d'OEcumenius & de
Photius, qui ont vécu long -temps aprés. C'eſt un
abregé de la Chaîne d'Oecumenius.
SETTES
EUGENE
Eugene. Eneste commeparHunneric Koides Wandales
d'expliquer la Foi de l'Egliſe , & la ſignification
propre du terme de Conſubſtanciel, fit un Traité de
la Foi , approuvépar tous les Evêques , & de tous
les Confefleurs Catholiques d'Afrique , de Mau
ritanie , de Sardaigne & de Corſe , danslequel il
établit la Foi Orthodoxe , non ſeulement par des
autoritez de l'Ecriture , mais auſſi par des paſſages
DES Auteurs ECCLESIASTIQUES . 555
des Peres. Ce livre fut preſenté par ſes Collegues , Eugene.
lorſqu'on le devoit tranſporter en exil , pour la
recompenſe d'avoir fi librement fait profeſſion de
la Foi , comme un bon Paſteur. Il laila des ler
tres à ſon troupeau , pour les affermir dans la Foi
de leur Baptême. Il a mis aufli par écrit les dif
putes qu'il a euës par perſonnes interpoſécs
avec les Evêques Ariens, & les envoya à Hun
neric par leGrand- Maître de ſa maiſon . Il pre
ſenta aufli à ce Prince une Requệte en forme d'A.
pologie , pour obtenir la paix des Catholiques.
On dit qu'il vit encore , & qu'il continuë de ſer
vir l'Eglife, & de confirmer les Fideles. Voilà
ce que Gennade dit de ce faint Confeſſeur. Le,
Traité d’Eugene à Hunneric ſe trouve dans le
troiſiéme livre de l'Hiſtoire de Victor de Vite ;
& Gregoire dans le 2. liyre de ſon Hiſtoire de Fran
çe , rapporte une de ſes lettres à l'Egliſe de Car
thage.
02 2.0080.0282
CEREAL
EREAL Evêque Africain , étant fommépar Cereat.
Maximien Evêque des Ariensd'Afrique,de
tablir & d'expoſer laFoiCatholique parun petit
nombre de paſſages de l'Ecriture Sainte, fans en
frer en diſpute į aprés avoir invoqué le ſecours
Me du ciel , fatisfit pleinement à la demande, en éta
bliſfant clairement la Foi de l'Egliſe, non ſeule
ment par un petit nombre de paſſages de l'Ecri
ture , comme Maximien l'avoir demandé mais
NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Cereal. par un tres- grand nombre , tirez de l'ancien &
du nouveau Teſtament , & il en fit un livre. Cér
Ecrit eſt dans la Bibliotheque des Peres.
影 端 端盖
器 盖 盖继 盖 器 盖 器
Chipie vie
yo
SERVUS DEI.
Serum
'EVEQU E Servus Dei a écrit contre ceux qui
Dei L'ore
diſent que Jesus-CHRIST n'a point yû fon
les yeux de la chair , mais
Pere en cette vie par
ſeulement aprés fa reſurrection d'entre les morts,
& fon Aſcenſion , quand il a été transferé en la
gloire de ſon Pere , & que cette vûë a été une
recompenſe de ſon martyre. Il montre , dis-je ,
contre ces ſentimens , tant par les témoignages de
l'Ecriture. Sainte , que par des raiſonnemens, que
nôtre Seigneur Jesus-CARÍSTa toûjours vû par
les yeux de la chair le Pere & le Saint Eſprit ,
depuis le moment qu'il a été conçû par le Saint
Eſprit, & enfanté d'une Vierge , & que cette gra
ce lui a été accordée à cauſe de l'union intime
qu'il y a entre la nature divine & la nature hu
maine. Voilà ce que Gennade dir de cét Auteur,
L'opinion commune des Theologiens eſt, que l'hu
manité de Jesus- Christ a toûjours jour de la
vûë claire de Dieu , qu'ils appellent viſion bea
tifique ; mais ils ne croyent pas qu'il l'air vû
par Tes yeux du corps. La viſion de Dicu eſt ſpi
rituelle , les yeux du corpsn'y ont point dc part ,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 557
C'eſt une queſtion même , s'ils y en peuvent avoir Serum
parla toute-puiſtance de Dieu. Sicét Auteura crû Dei,
que Jesus- CHRIST a vû la Divinité par les
yeux du corps , il faloit qu'il fût fort groſſier.
Saint Auguſtin l'avoit refuté par avance ; mais
peut-être ne diſoit-il que се que diſent les Sco
laſtiques , & entendoit -il par les yeux de la chair
l'entendement humain de Jesus -CHRIST.
IDACIU S.
Dacius de Lamego en Galice , Evêque de Idacius,
Lugo a , Metropole de la même Province , a
fait une Chronique , dans laquelle il continuë cel
le de Saint Jerôme juſqu'à ſon temps. Elle com
mence à la premiere année de Theodoſe le Grand ,
& finit à l'onziéme de l'Empire de Leon , & con
!
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 359
qui eſt l'an 245. de la fondation de Rome, & fi- Idacius.
niflent au ſecond Conſulat d'Anthemius , c'eſt - à
dire , à l'an 468. où finit aufli la Chronique d'I .
dace .
VICTORIUS
IcTorius né à Limoge ville d'Aquitaine , Vi& torius,
VisasCalculate ur des temps , fit en 457.ala
priere d'Hilaire, pour lors Archidiacre, & depuis
Evêque deRome, un nouveauCycle Paſcal d'une
merveilleuſ e recherce. Il eſt de 532. ans , parce
que ſelon ſon calcul , au bout de ce temps le jour
de la Pâque doit recommencer au même jour du
mois & de la Lune qu'il s'eſt rencontré l'année
de la mort de Jesus-CHRIST. Le Jeſuite Bu
cherius nous a donné ce Cycle en 1634. la cor
!
rigé en pluſicurs endroits ,& l'a éclairci par un
{ çavant Commentaire . Il eſt precedé de la lettre
d'Hilaire à Victorius , & de la Preface de celui- ci .
1
Cét Auteur eſt le premier parmi les Chrétiens quiſe
foit ſervi de la Periode de 19. ans pour le Cycle Lu
naire. Son Cycle commence à l'année 73. qui eſt
la 28. de l'Ereincluſ
vulgaire , & finit à l'an 559. de
la même Ere ivemen contie
t. Il nt huit co
lomnes. Dans la premiere ſont les noms des Con
fuls. La ſeconde fait connoître les nombres des
années de la Periode. Les années Biffextiles font
marquées dans la troiſiéme. La quatriéme mon
560 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Victorius. tre en quel jour de la ſemaine tomboit le premier
jour de l'an de chaque année ; ce qui tientlieu de
la Lertre Dominicale , dont on n'avoit pas enco
re l'invention . La cinquiéme marque le quantić
me de la Lune il étoit en ce même jour; ceci tient
lieu d'Epacte. La ſixiéme fait connoître quel jour
arrive la Fête de Pâque. La ſeptiéme marque le
quantiéme il eſt de la Lunc en ce jour. La dernie
re contient les Indictions. Bucherius y a ajoûté les
années du nombre de 19. ans , & a marqué dans
une autre table à côté les années du monde ſelon
Euſebe, les années de l'Ere vulgaire , les Cycles
de la Lune & du Soleil , les années de l'Epoque
de la fondation de Rome ſelon Varron , la ſuite
veritable des Conſulats , & les années des Empe
reurs Romains. Ce Cycle a été fort celebre. Le
quatriéme Concile d'Orleans tenu en 541. ordon
ne que tous les Evêques s'en ſerviroient pour re
gler le jour de la celebration de la Fête de Pâ-"
que. Il eſt loué par Gennade , par Caffiodore
par Gregoire de Tours , par Saint Iſidore de Se
ville , & par pluſieurs autres. On ne ſçait rien de
particulier de la vie de celui qui en et l'Auteur,
GENNADE
BE's Auteur's ECCLESIASTIQUES. SÓI
號號號號路
G ENNÅDË
3 ÞAT R Í ARCH E
DE CONSTANTINOPLE.
ENNÅ DE fur élû Patriarche de Conſtan- Gennađe
Itinople en la place d'Anatole l'an 458. Il Patriar
nomma pour OEconome de l'Egliſe de Conftan- che de
tinople un nommé Marcien, qui avoit autrefois Conſtan
éré de la fecte des Montaniſtes. Ce fut cér OE- tinople
conome, fi nous en croyons Theodore , qui re
gla que lesent
Clercs de chaque Egliſe particuliere
difttibuëroi entre eux les offrandes faites à leur
Egliſc , au lieu qu'auparavant elles appartenoient
à l'Egliſe Patriarcale. Ce ne fur pas ſeulement
l’O Econome de Gennade qui mit la reforme dans
l'Egliſe de Conftantinople , ce Patriarche y cra
vailla auflifortement . Il tint en 459. un Syno
de , dans lequel il renouvella les reglemens faits
contre les limoniaques : il s'y fit außi une loi de
n'ordonner aucun Prêtre qui ne ſçût ſon Pleau
tier par cæur. Ce fut de ſon temps quc Studius
66666666666666666666666666
ANTIPATRE DE BOSTRE :
Ninij
364 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Son
HILARUS OU HILAIRE
ÉVÊQUE DE ROME.
Hilarus LILARUS, ou plûtôt Hilaire a , Archidia
ou Hilai Hie cre de l'Egliſe de Rome ſous le Pontificat
re Evē. de Saint Leon , fut un des Legats que ce Pape
gue de
envoya en Orient pour l'affaire d'Eutyche. Il
Rome, alliſta en cette qualité au Conciliabule d'Epheſe ,
& n'ayant point voulu y conſentir à la condam
nation' de Flavien , il fc' ſauva en Italie. Ce fur
en ce temps qu'il écrivit à l'Imperatrice Pulche
rie ſa premiere lettre, par laquelle il lui fit fça
voir que le Pape & tous les Evêques d'Occident
deſapprouvoient ce qui avoit été fait dans le Con
cile. Il continua de faire les fonctions d'Archi
diacre juſqu'à la mort de Saint Lcon. Nous avons
une lettre de lui écrite en 467. à Victorius ,
dans laquelle il lui demande l'éclairciſſement des
2 Ou plutôt Hilaire. ] | l'Empereur MichelHilariw ,
On l'appelle communément Hilaire. Marcellin dans la
Hilarus , & on trouve ſon Chronique l'appelle de la
nom ainſi écrit dans les an- même maniere. Il y a ap
ciennesInſcriptions de mar- i parence que ce n'eſt que par
bre. Il eſt nommé dans les corruption qu'on l'a nominé
lettres de Saint Leon & Hilarys.
dans celle de Nicolas I. à
DES AUTEURS ECCLESIASTIQULS. 365
difficultez qui ſe trouvoient ſur le jour de la Pâ- Hilarus.
que:Cycle
du cette lettre
Paſcaleft,commenous
de Victorius. avons dit,à la tête on Hilaio,
re Even
Les Archidiacres ayant eu part au gouvernement que de .
de l'Egliſe , on ne croyoit pas pouvoir choiſir des Rome.
perſonnes plus propres qu'eux pour fucceder aux
I Evêques : c'eſt ce qui faiſoit jetter ordinairement
la vâë ſur eux ; ainſi aprés la mort de Saint Leon
on élût en fa place Hilaire. Il fut ordonné le 17.
du mois de Novembre de l'an 461. Nous avons
une lettre de lui à Leonce Evêque d'Arles , da,
tée du 25. du mois de Janvier de l'année 462 .
par laquelle illui mande fon élection , & le pric
de la faire ſçavoir à tous les Evêques de ſon pays,
afin qu'ils joignent leurs prieres aux ſiennespour
le bien de l'Egliſe univerſelle. Cette lettre eft mal
miſe au cinquiéme rang , puiſque c'eſt la premie
re en date de celles qu'Hilaire a écrites étant E
ܕ
SIMPLICIUS
EVÊQUE DE ROME:
Simpli fur élû Sea
cius Enje. 1
FAUSTE
E VÊQUE DE RIE'S.
A uste Anglois ou Bretona , Prêtre & Moi- Faufte E
ne de Lerins, fut élû Abbé de ce Monaſtere, vêque de
quand Saint Maxime en fortit pour gouverner l'E- Riés.
vêché de Riés. Pendant le tempsqu'il en étoit
Abbé , il eut une difficulté avec Theodore Eyê .
quc de Frejus, ſur l'exemption, qui fut reglée dans
uin Concile d'Arles , que l'on nomme le troiſiéme,
tenu en 455. qui ordonna que l'Evêque feroit tou
tes les Ordinations , qu'il confirmeroit les Neo
phytes , s'il s'en trouvoit dans l'Abbaye , & que
l'on n'y admettroit point de Clercs étrangers que
a Anglois ou Breton . ] A - l ſtees Gallus ; mais il confide
vitus dans la lettre 4. dit coit apparemment le lieu de
qu'il étoit ortu Britannus, ba- la demeure. LePere Sirmond
bitatione Reienſis. Sidonius a dit qu'il étoit de la Pro
ep. ix.du l. 9.écrivant à Fau- vince A remorique. Je ferois
fte die , Britannistuis.Facun- plutôt de l'avis d'Ufferius
dus l'appelle Gaulois dans le qui le croit Anglois.
livre contre Marcien , Fau
Oo iij
$82 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Fauffe E- de ſon conſentement ; mais que le ſoin des Lai
vâque de ques de ce Monaſtere appartiendroit à l'Abbé ;
Riệs. que l'Evêque n'auroit point de juriſdiction ſur eux,
& qu'il ne pourroit en ordonner aucun fans le
conſentement de l'Abbé. Aprés la mort de Ma
xime , Fauſte fut choiſi pour remplir fa place ,
de ſorte qu'il fut deux fois ſon ſucceſſeur > une
4
exclut l'orgueil & la preſomprion qu'on pourroit
fe donner à cauſe du travail, fçachant qu'il eſt do
nôtre devoir de travailler. Il le ſomme de decla- 5
rer ſes ſentimens là-dellus , l'avertiſlant que s'ils
nic veut pas ſuivre la veritable doctrine , il inerite .
12 d'être chaſſe de l'Egliſe, dans le ſein de laquel
le il ſouhaite qu'il demeure. Il ajoûte enfin , o
qu'il garde un exemplaire de cette lettre , pour liz
faire paroître , s'il eft neceflaire , dans l'Allembléc c
d'Evêques qui ſe devoit tenir , & exhorte Lucides
à la ſouſcrire, ou à rejetter par écrit d'une ma- «
niere claire & netté les erreurs qu'elle con- «s
damne .
Quoi- que l'on trouve à la fin de cette letrre la
ſignature de pluſieurs Evêques , il eſt vrai nican
moins , comme le Pere Sirmond en convient
q'i'elle n'eſt que de Faufte , & que c'eſt lui ſeul qui
l'a écrite en ſon nom ; auſſi du temps d'Hincmar
586 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Faufte E- n'eſt-elle ſignée que de lui , comme dans les meil:
vêque de leurs exemplaires , comme dans celui dont s'eſt
Ries. fervi Caniſius,
Il eſt donc conſtant que cette lettre n'eſt pas
d'un Concile ; mais il y eſt parlé d'un Concile qui
devoit bien- tôt ſe tenir , auquel Lucide devoit être
cité , s'il eût perſiſté dans fon erreur : mais ce bon
Prêtre étant venu au Concile , fe rendit bien- tôt
aux ſentimens de Faufte & de ſes Collegues , &
ne ſe contenta pas de prononcer les anathemes
portez dans la lettre, il y en ajoûta même contre
d'autres propoſitions, & adreſlå fa lettre , ou plû
tôr ſa retractation à Leonce , Evêque d'Arles , &
à vingt- quatre autres Evêques , qui avoient compo
ſé un Concile , où ils avoient obligé Lucide å ſe
retracter : car il dit qu'il fait cette retractation ,
juxta predicandi recentia ftatuta Concilii; & qu'il
condainne avec ces Evêques :
1. Celui qui dit qu'il ne faut pas joindre le
travail de l'obeillance de l'homme à la grace de
Dieu .
2. Celui qui dit, que depuis le peché du pre
mier homme le libre arbitre eſt entierement é.
teint.
3. Celui qui affûre que nôtre Sauveur Jesus
CHRIST n'eſt pas mort pour tous.
uii dit que la preſcience
4. Celui qqu de Dieu
force les hommes & damne par violence , & que
ceux qui font damnez , le font par la volonté de
Dieu .
s. Ceux qui diſent , que ceux qui pechent aprés
le Baptême,meurent en Adam .
6. Ceux qui enſeignent que les uns font deſti
nez à la mort , & lesautres predeſtinez à la vic,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 587
Les Evêques du Concile de Valence ſemblent avoir Faufte E
decidé depuis le contraire de cette propoſition vique de
dans leur Canon 3. où ils prononcent qu'ils ayoüent Riés.
hardiment la predeſtination des élûs à la vie , &
11
.
la predeſtination des méchans à la mort.
7. Il condamne la doctrine de ceux qui en
ſeignent, quedepuis Adam juſqu'à Jesus- Christ,
nul d'entre les Payens eſperant en l'avenement
de Jesus -Christ , n'a été fauvé par la pre
miere grace de Dieu , c'eſt -à -dire, par la Loi de
nature , parce qu'il a perdu le libre arbitre dans
Adam .
8. Ceux qui diſent, que les Patriarches & les
Prophetes & les grands Saints avant la redem
prion ,ont habité dans le Paradis.
Il ajoûte enſuite des propoſștions contraires aux
precedentes
Il dit donc r . Qu'il confeffe ļa grace de Dieu,
en ſorte qu'il y joint toûjours l'effort & le travail
de l'homme.
2. Qu'il ne dit pas , que le libre arbitre foiţ
éreint , mais ſeulement diminué & affoibli , &
que celui qui eſt ſauvé, a pû être damné , & celui
qui cſt damné , être ſauvé.
3. Que nôtre Sauveur en ce qui regarde les ri
chefes de fa bonté , a offert le prix de la mort pour
tous les hommes.
4. Qu'il ne veut pas que perſonne periſſe
& qu'il eſt riche envers tous ceux qui l'invo
quent.
: 5.ک. Il fait profeſſion que Jesus-Christ ¢ lt
mort pour les impies , & pour ceux qui ont été
damnez ſans qu'il le voulût .
6. Įl confeſle aulli, que ſelon la diſpoſition &
$ 88 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Fauſte E- l'ordre des ficcles , les uns ont été ſauvez par la
vêque de ture
Riés.
Loi ,deque
Moyfe , & les autres par la Loidela na
Dieu a écrite dans les cæurs de tous les
hommes, dans l'eſperance de l'avenement de Jesus
Christ. Il eſt bien difficile de ſauver cette pro
poſition, auſſi-bien que la condamnation de la fe
ptiéme , ſi on l'entend à la lettre , puiſqu'il n'y
que Pelage qui ait pû dire , que les hommes ont
été ſauvez par la Loy de Moyfe & par la nature .
Mais Faufte & les autres l'entendent apparemment
en un autre fens , c'eſt -à -dire, que la Loi & la na
ture avoient contribué à leur ſalut. C'eſt pour
quoi Lucide ajoûte , que perſonne n'a été purgé
du peche originel, ſi ce n'eſt par l'interceflion du
Sang facré de Jesus-Christ . Enfin , il fait
1 profeſſion du feu d'Enfer & des flammes éternel
les preparées à ceux qui ont commis des crimes ca
pitaux ,parce que perſeverant dans leur peché , ils
ſont juſtement condamnez aux ſupplices , quemeri
tent auſſi ceux qui ne croyent pas ces veritez. La
lettre finit par ces termes : Orate pro me , Sanéti
& Apoſtolici Patres . Lucides Preſbyter hanc epi
ſtolam manu propria ſubſcripſi , ajo quæ in ea a
ftruuntar , affero , á queſunt damnata , damno.
Les Evêques de ce Concile d'Arles deputerent
Faufte Evêque de Riés , pour écrire ſur cette ma
tiere , comme il le témoigne dans la Preface de
fon Traité du libre arbitre & de la grace , adreſſe
à Leonce Evêque d'Arles . Voici ces paroles : Vous
avez fait, mon bienheureux Pere , un grand bien
toutes les Egliſes des Gaules , en aſſemblant un
Concile d'Evêques pour condamner l'erreur de la
predeſtination. Mais il ſemble que vous n'avez pas
affez eu foin de votre reputation , en me donnant la
DES AuteurS ECCLESIASTIQUES. 589
commiſſion de mettre en ordre par écrit ce que Fauſte E
vous avez dit dans vos conferences : car je neme vêque de
ſens pas aſſez de force pour l'executer comme il Riés.
faut. Le jugement avantageux que vôtre charité
vous a fait porter de ma capacité, vous a fait fai
re un choix dont vous pourrez vous repentir. Sur
la fin de cette Preface , il dit que cet ouvrage
étant compoſé , le Concile de Lyon lui avoit or
donné d'y ajoûter quelque choſe. monumens
Le Pere “Sirmond conclut de ces ,
qu'il ſe tint un Concile à Arles vers l'an 475.com
poſé de trente Evêques de France contre les Prede
Itinatiens; hereſie qui avoit commencé du temps
de S. Auguftin , & pris ſa naillance dans le Mona
ſtere d'Adrumet ; que de làelle avoit paſſé en Fran
ce , où elle avoit été combattuë par Hilaire , &
par Proſper, & condamnée par Saint Celeſtin ;
qu'elle avoit été puiſée des Ecrits de Saint Au
guſtin mal entendus, comme il eſt marqué dans
la Chronique de Tiro Proſper, & dans Sigebert;
combattuë par l’Aureur du livre des Herelics in
titulé Predeſtinatus , & par Arnobe le Jeune; miſe
au rang des hereſies par Gennade à la fin du li
vre de S. Auguſtin ; renouvellée dans le ncuviéme
fiecle par Goteſcalque, & refutée en ce temps - là
par Raban & par Hincmar. Que Lucide qui étoit
engagé dans cette hereſie , fut cité au Concile
d'Arles , que l'on y agita cette queſtion , & que
ce fuc par l'ordre du Concile qu'il fit cette retra
ctation , dont nous venons de parler. Que Fauſte
dans les livres de la grace n'a fait qu'expliquer
les ſentimens des Evêques de ce Concilc ; que
ſon Ouvrage a été approuvé depuis dans un au
ge Concilc de Lyon ; que cét Evêque eſt dans
$go Nou VELLÉ BIBLIOTHÉQUÉ
Fauſte E- des ſentimens tres-Catholiques , qu'il eſt encore
yêque de honoré comme un Saint, & que c'eſt à tort que
Ries: Jean Maxence & Goteſcalquel'ont fi malttaité.
Voilà à peu prés ce que le Pere Sirmond dit
fur cela dans fon Hiſtoire des Predeſtinatiens.
Mais d'un autre côté , d'habiles Theologiens !
RURICIUS , DESIDERIUS ,
& quelques autres,
Ruricius Ous
Defide ricius a
rius ,
la fin de ſiecle , & eft mort vers le commen,
се
Data ECARE
eget
APOLLINARIS
baie
SIDONIUS
L'
EVÊQUE DE CLERMONT .
Aïus Sollius Apollinaris Sidonius, iffu d'une Apollic
CAI
race illuſtre, dont le pere & le grand-pere a- naris Si
voient été Prefets du Pretoire dans les Gaules , donius E
vint au monde à Lyon vers l'an 430. Il fut éle- vêque de
vé avec ſoin , fit ſes études ſous les plus excellens Clermont,
Maîtres qu'il y eut alors, & ſe rendit tres-habile
dans les belles lettres , particulierement dans la
Poëſie. Il époula Papianille fille d'Avitus, qui de
Prefer des Gaules fut élevé ſur le Throne Impe
rial aprés la mort de Maxime ; mais Majorien
aflocié à l'Empire par Leon , l'obligeade quit
ter la Lyon,
couronne, & vinç aſlieger la ville de
où Şidonius étoit enfermé. La ville ayant été pri
res fe , Sidonius tomba entre les mains de ſon enne
4
100
mi, mais la reputation de fa ſcience le rendit ſon
ami ;il reçût de lui toutes les graces qu'il pou
care voit ſouhaiter , & en reconnoiffance il fit un Pa
LA negyrique en ſon honneur, qui fut ſi bien reçû ,
qu'on fit dreſſer à Sidonius une ftatuë dans la vil
le de Rome. L'Empereur Anthemius recompenſa
encore plus honorablement le Panegyrique que
Sidonius fit en fon honneur , l'ayant élevé àla
charge de Gouverneur de Rome , & cnfuite à la
602 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Apolli dignité de Patrice : mais il quitta bien -tôt ſes
naris Si- emplois ſeculiers, pour ſuivre la vocation de Dieu
vêque E-
donius qui l'appelloit au gouvernement de l'Egliſe. Cel
de le de Clermont étant vacante en 472. par la
Clermont, mort d'Eparchius , Sidonius qui n'étoit encore
que laïque ,fur choiſi pour remplir cette pla
ce ſans l'avoir briguée. Alors il s'appliqua aux étu
des qui convenient à ſon miniſtere , dont il rem
plit les fonctionsavec tout le ſoin & la pruden
ce poſlibles. La reputation de la ſageſle étoit fi
bien établie , qu'ayant été appellé à la ville de
Bourges , dont le Siege étoit vacant, tous les E 3
JEAN
DĖS Auteurs ECCLESIASTIQUES. 609
JE A N
PRÊTRE D’ANTIOCHE .
JtreEEAN , qui de Grammairien fut fait Prêtre du fean Prêa
Dioceſe d'Antioche , a écrit , dit Gennade , con- tre done
ceux qui ſoûtiennent qu'il faut adorer Jes u s- tioche.
Tome IV : Qg
610 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Fean Prê- Christ comme n'ayant qu'une ſeule nature , &
tre d'An- qui ne veulent point reconnoître deux natures en få
tioche, perſonne. Il y combat quelques propoſitions de 1
VICTOR DE VITE:
ICTOR Evêque de Vite , ville de la Provin- Victor do
V ce de Byzace, plûtôt que d'Utique a ,ville Vite;
de la Province Proconfulaire , a écrit l'Hiſtoire
de la perſecution des Catholiques d’Afrique ſous
les Rois des Wandales Genſeric & Hunneric ,
Cette perſecution commença l'an 427. quand Gen
à Plutôt que d'Vtique. ] Les ancienne Hiſtoire Ecclefiafti
éditions communes lui don que de Rufin , & dans une
noient la qualité d'Evêque Épître dedicatoire d'une
d'Utique ;mais c'eſt par ēr- Compilation de Sermons de
reurà caufequ'Utique eſt plus Saint Auguſtin imprimée à
connu que Vite : car dans les | Louvain en 1504. Il ne peut
meilleurs MSS . il eſt nommé i pas avoir étéEvêque d'Uti
Vitenfis ; dans un ancienne que , puiſque quand les Evê
edition faite par les foins de ques furent challez d'Afri
Rhenanus en 1941. il eftque , c'étoit Florentin qui
auſſi appellé Vitenfis ; auſſi- étoit Evêque de cette ville ,
bien que dans une autre cdi- comme il paroît par la No
tión , qui eft à la fin d'une tice.
Qq ij
612 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Viflor de feric paſſa en Afrique avec quatre -vingts inille per :
Vite... ſonnes , tant hommes , que femmes & enfans. Il
un étrange dégaſt, & deſola tout le pays par
mfiteurtres,
у
Yes par le pillagede par des incendies.
Il s'attaquaprincipalement aux Egliſes & aux Mo
naſteres qu'il ruina par le fer & par le feu . Il
fit perir une infinité d'Evêques & d'Éccleſiaſtiques,
aprés leur avoir fait ſouffrir mille tourmens pour
les obliger de donner les biens de l'Egliſe. " S'é
tant rendu maître en peu de temps des Provin
ces d'Afrique , il afliegea Carthage , & aprés l'a
voir priſe , il en chaſſa l'Evêque & le Clergé, s'em
para des Egliſes, il envoya auſſi en exil la pluſ
part des Evêques des autres Egliſes. Il parlame
me en Italie, prit & faccagea la ville de Rome en
455. Etant de retour en Afrique , tout fier de fa vi
čtoire , il continua d'affliger les Egliſes de ce pays,
& de perſecuter les Catholiques plus cruellement
que jamais ; cette perſecution dura trente-ſept ans.
Aprés la mort, ſon fils Hunneric en uſa d'abord
avec plus d'indulgence , ayant accordé aux prieres
de l'Empereur Zenon & de l'Imperatrice Placidie,
que l'on ordonnât un Evêque Catholique à Car
thage , à condition que les Evêques Ariens au
roient la liberté de celebrer dans les villes de
l’Empire. Cette condition ne fut point accordée,
& cependant on ordonna Eugene Evêque de Car
thage. Mais les Ariens exciterent bien- tôt une
cruelle perſecution contre les Catholiques, & fi
rent rendre un Edit , par lequel il étoit ordonné
à Eugene & aux autres Evêques Catholiques de
venir à Carthage pour entrer en conference fur
leur doctrine avec les Evêques des Wandales. Cét
ordre ayant été ſignifié à Eugene , il fit réponſe,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 613
qu'il faloit auſſi appeller à cette conference les Victor de
Evêques des autres Provinces, parce que s'agif- Vite.,
ſant de la cauſe de toute l'Egliſe Catholique , il
étoit raiſonnable que les Evêques de tout le mon
dey priſſent part , & principalement l'Evêque de
l'Egliſe de Rome , qui eſt le chef des autres Egli
ſes . Neanmoins étant preſſé de comparoître, il
le fit, & aprés quelques conteſtations , il lût la
Profefſion de Foi qu'i
e
l avoit toute dreſſée. Com
me cette conferenc n'étoit qu’un pretexte que
l'on avoit pris pour perſecuter les Catholiques ,
le Roi Hunneric publia un Edit contre eux , qui
contenoit les mêmes peines contre les Orthodo
xes , que les Empereurs Catholiques avoient de
cernées par leurs Edits contre les Ariens. Il fit fer
mer les Egliſes des Catholiques qu'il donna aux
Ariens , & envoya les Evêques Catholiques en
exil dans l'Ille de Corſe . Ils ſe trouverent au nom
bre de 466. dont quatre -vingts -huit perirent à
Carthage , & les autres furent conduits dans l'Iſle
de Corle. Cela fut ſuivi d'une horrible perſecution
contre les Catholiques , à qui l'on fit fouffrir une
infinité de tourmens. Tel fut alors l'état déplo
rable de l'Egliſe d'Afrique, autrefois fi foriſfântę
& ſi celebre. Victor de Vite qui a eu part à cette
perſecution , la décrit en cinq livres d'une manie
re tres-ſimple & tres -touchante. Cét Ouvrage a 1
Qq iij
614 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
SKINS ? 號 號
Pinyinies i bili
VIGILE DE TAPSE :
IGILE
Vigile >
FELIX III.
A
E VÊQUE DE ROME.
El nu s Felix fur ordonné Evêque de Rome Felix III,
CEau commencement de l'an 483. Peu de temps Evêque
aprés fon Ordination il tint un Concile à Rome, de Rome,
dans lequel Jean Talaïa, quichaſſé d'Alexandric par
le credit d'Acace Evêque de Conftantinople , s'é
toit retiré en Occident, lui preſenta une Requê
te laquelle contenoit pluſieurs chefs d'accufation
contre Acace. Cela obligea Felix d'envoyer vers
21 % Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Felix111, l'Empereur Vital Evêque de Trente , & Mifene
Evêque Evêque de Cumes , pour lui demander de faire
de Rome. confirmer le Concile de Calcedoine , de challer
Pierre Heretique du Siege d'Alexandrie , pour o
bliger Acace de condamner Pierre , & de répon
dre aux choſes dont il étoit accuſé, Felix donna
deux lettres à ſes Legats , l'une adreſiće à Acace ,
& l'autre à l'Empereur. Il demande avec beau
coup d'empreſſement dans l'une & dans l'autre ,
que Pierre ſoit chaſſé d'Alexandrie. Dans la ler
tre à Acace , il exhorte fortement cét Evêque de
fe purger des ſoupçons qu'on pouvoit avoir con
tre lui, & de s'employer auprés de l'Empereur
afin d'en venir à bout , & lui reproche le peu de
zele qu'il fait paroître dans cette affaire ; & la
diflimulation ou la tolerance qu'il ſemble avoir
pour un Heretique. Dans la lettre à l'Empereur,
il lui remontre avec vigueur qu'il ne doit pas
ſouffrir qu’un Heretique condamné depuis long
temps , & profcrit par ſes Edits , demeure en pof
ſellion du Siege de Saint Marc. Vital & Miſe
ne partirent avec ces lettres & des inſtructions,
Pendant qu'ils étoient en voyage , Cyrille Abbé
des Acemetes écrivit à Felix , que l'on entrepre
noit tous les jours de nouvelles choſes contre la
foi Orthodoxe, & qu'il falcit qu'il y apportât du
remedeau plûtôt. Felix ayant reçû cesnouvelles,
écrivit à ſes Legats de ne rien faire ſans en com
muniquer avec ce Cyrille, & leur envoya une lettre
adreſlee à l'Empereur danslaquelle il luiparloit de
l'autorité du Concile de Calcedoine , & lui écri
voit ſur la perſecution des Catholiques d'Afrique,
Nous n'avons plus ces deux lettres, dont Evagre
fait mention. Les Legats étant arrivez à Aby
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 619
de a , furent arrêtez par des gardes , on leur pritFelix 111.
leurs papiers, & on les mit en priſon. Ils avoient Evêque
ordre de ne point communiquer avec les adherens de Roms.
de Pierre Mongus , ni avec Acace , qui étoit
joint avec lui. Mais l'Empereur ſe fervit d'abord
de menaces pour les obliger de le faire , & n'en
ayant pû venir à bout par cette voie , il les ga
gna par douceur & par promeſſes , & les fit con
ſentir à communiquer avec Pierre Mongus &
avec Acace , à condition neanmoins que ce ſe
roir ſans prejudicier au fonds de la cauſe, que l'on
reſervoit en ſon entier au Jugement du Saint Sie
ge. Sous cette promeſſe ils celebrerent les ſaints
Myſteres avec Acace & avec les Apocrifiaires de
Pierre Mongus. Les zelez Catholiques firent
auſſi-tôt des proteſtations contre cette action ; ils
en attacherent une à l'habit d'un des Legats avec
un crochet , en envoyerent une autre dans un li
yre , & une troiſiéme dans un panier d'herbes,
Vital & Miſene ayant ſi mal réüli partirent pour
revenir en Italie ; mais ils avoient avec eux un
Défenſeur de Rome nommé Felix , qui fut obli
gé de reſter étant tombé malade à Conſtantino
ple. Comme celui-ci n'avoit point voulu ſuivre
l'exemple des Legats , il fut fort maltraité par A
cace. Vital & Miſene étant de retour à Rome,
trouverent que les Moines Acemetes avoient dé
ja mandé ce qui s'étoit paſlė , & qu'ils avoient
même envoyé un de leurs Moines appellé Simeon ,
pour en inſtruire le Pape. Felix aflembla un Con
a
Abyde. ] Anaſtaſe le | Theophane dit que ce fut à
Bibliothecaire dit qu'ils fu- Abyde.
rent arrêtez à Heraclée, mais
620 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
ils comparu
Felix 111. cile de ſoixante & ſept Evêques , où ils
Evêque rent pour rendre compte de leur ambaſſade, & rap
de Rome , porterent des lettres d'Acace & de Zenon pleines
d'invectives contre Jean Talaïa , & de louanges
de P erre. Ils voulurent s'excuſer , en diſant
qu'on les avoir violentez & ſurpris, & que c'étoit
fans le ſçavoir qu'ils avoient communiqué avec
Pierre d'Alexandrie. Mais Simeon leur follrint
qu'ils avoient bien ſçû ce qu'ils faiſoient , & qu'ils
n'avoient jamais voulu écouter les Catholiques
qui les étoient venus trouver. Silvain qui avoit
été à Conſtantinople avec eux , confirmala dépo
ſition de Simeon ; de forte que Vital & Miſe
ne étant convaincus de n'avoir pas ſuivi les ordres
qu'ils avoient reçûs , furent dépoſez & excommu
niez. On examina enſuite la conduite d’Acace, &
on le condamna avec Pierre Mongus. Ce Juge
ment fur rendu le 28. Juillet l'an 484 .
Felix fic ſçavoir cette ſentence à Acace , par
une lettre qui eſt la ſixiéme, dans laquelle il lui
declare qu'ayant été trouvé coupable de diverſes
fautes >, d'avoir violé les Canons du Concile de
Nicée , en s'emparant de la Juriſdiction ſur des
Provinces qui n'étoient pas de la dépendance , d'a
voir non ſeulement reçû à ſa Communion , mais
encore élevé ſur le Throne Epiſcopal des perſon
nes heretiques qu'il avoit lui-même condamnées
auparavant, tel qu'étoit ce Jean qu'il avoit fait
Evêque de Tyr , quoi-qu'il n'eût pas été reçû à
Apamée parles Catholiques , & que depuis il
eût encore été chaſſé d'Antioche-; tel qu'étoit enco
re le Diacre Numerius dépoſé, qu'il avoit élevé
à la dignité de la Prêtriſe. Qu'il étoit outre cela
convaincu d'avoir élevé Pierre Mongus ſur le Thro
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 621
ire de Saint Marc , & de l'avoir reçû à ſa Com- Felix Iſ.
munion , d'avoir corrompu Vital & Miſene pour Evêque
les faire conſentir à ce qu'il ſouhaitoit , au lieu de Romes
d'écouter & de ſuivre les remontrances qu'ils a
voient à lui faire de la part du S. Siege. Qu'en
refuſant de répondre aux chefs d'accufationque
Jean avoit propoſez contre lui , il ſembloit en
être convenu; qu'il avoit depuis mépriſé le Dia
cre Felix , & communiqué avec des Heretiques,
& qu'il continuoit à lefaire ; qu'ainſi il meri
toit d'être mis au rang de ceux qu'il recevoit àſa
Communion , & que par cette ſentence il le de
claroit privé du Sacerdoce & de la Communion
de l'Egliſe Catholique , dechû du droit des fon
& ions ſacerdotales, condamné par le jugement du
Saint Eſprit & par l'autorité Apoſtolique , & lié
pour toûjours des liens de l'anatheme. Nunquam
que anathematis vinculis exuendus. Outre cette
lettre , il y a une eſpece de declaration plus cour
te contre Acace , dans laquelle Felix le declare
privé du Sacerdoce , pour n'avoir pas obeï aux
avertiſemens du Saint Siege , & pour avoir em
.
1
Quelque inſtance que Felix fift, fa ſentence de- Felix 111.
meura ſans execution , & il n'en écrivit pas da- Evêque
vantage à l'Empereur du vivant d'Acace ; mais de Rome.
1
aprés la thort , il crût avoir trouvé une occaſion
favorable pour faire executer la ſentence. Flavite
qui fur ordonné en la place , ſouhaitant d'être uni
avec le Saint Siege , écrivit à Felix une lettre ,
dans laquelle il relevoir fort la dignité duSiege
de Rome , & faiſoit profeſſion de la Foi Catho
lique. Il envoya
accompagnez des Clercs
des Moines porter de
qui étoient cettela lettre
Com
munion deRome. La premiere choſe que fit le
Pape , fut de leur demander , avant que de les re
cevoir à ſa Communion , s'ils condamnoient Aca
ce & Pierre. Comme ils refuſerent de le faire, il
leur déclara qu'il ne les recevroit point à la
Communion , qu'ils ne lui promiſſent qu'on ne
reciteroit plus les noms d'Acace & de Pierre dans
les ſaints Myfteres. Les députez de Flavite ayant
répondu qu'ils n'avoient point d'ordre là-deſſus ,
le Pape fe reſolut d’écrire à Zenon & à Flavite,
pour obrenir d'eux qu'ils leur accordaflent co
qu'il demandoit. Ces lettres ſont les 12. & 13 .
i fait tout ce qu'il peur pour ſe défendre du re
proche qu'on lui pouvoir faire , d'agir en cela avec
empire , avec dureté, & avec obſtination . Il les
aflûre qu'il ne garde cette conduite que pour la
tisfaire à ſon devoir , & ne rien faire contre fa
conſcience : il leur témoigne qu'il ne ſouhaite
rien tant que d'être réüni avec l'Egliſe de Con
ftantinople, & que les deux Romes ſoient en bon
ne intelligence, mais qu'il ne peut pas procurer
cette union en violant les loix de l'Egliſe ;
que lc Concile de Calcedoinc ayant condam
624 NOUVELLE BIBLIOTHEQUÉ
Felix III. né Eutyche & Diofcore , on ne peut , ſans dona
Evêque ner atteinte à ſon autorité, recevoir Timothée &
de Rome. Pierre , qui étoient dans les mêmes ſentimens, &
qu'Acace ayant reçû Pierre à la Communion , a
prés l'avoir lui-même condamné , a été un préva
ricateur qui merite d'être condamné ; que Pierre
n'avoit donné aucune marque de converſion, mais
que quand il l'auroir fait , il ne pourroit pas être
reconnu pour Evêque , mais ſeulement reçû au
rang des Laïques. Voilà les principales remon
trances que Felix fait dans ces deux lettres , qui
ſont des plus éloquentes qui ayent jamais été écri
tes par des Papes. Il avoit mandé peu de temps
auparavant par la lettre 14. écrite pendant la va
cance du Siege de Conſtantinople à Thalaflius
Abbé des Moines Acemetes de Conſtantinople ,
qui étoient dévouez entierement au Saint Siege,
de ne recevoir point l'Evêquc de Conſtanti
nople , ni aucun autre à leur Communion , qu'ils
n’cuſſent été reçûs par le Saint Siege. C'eſt auſli
apparemment pendantla vacance du Siegede Con
ftantinople , qu'il écrivit à l'Evêque Vetranion
la lettre 15. dans laquelle aprés l'avoir entrete
nu de la diviſion de l'Egliſe de Conftantinople,
& de celle de Rome , & lui avoir fait voir que
ce n'eſt qu'en execution du Concile de Calcc
doine qu'il a condamné Acace , pour ne le pas
rendre avec lui complice des Herctiques , il lo
prie de s'employer auprés de l'Empereur , pour le
porter à conſentir que les noms d'Acace & do
Pierre ſoient effacez de la liſte des Evêques , afin
de procurer par ce moyen la réünion des Egliſes
de Conſtantinople & de Rome. Ces quatre let,
tres font de l'an 490 .
Nous
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 625
Nous n'avons point parlé de trois lettres Grec- Felixijt.
ques & Latines , touchant l'affaire de Pierre le Fvêque
Foulon , uſurpateur du Siege de l'Egliſe d'An- de Romea
tioche , dont il y en a deux écrites à ce preten
du Evêque , & une à l’Empereur : étant perſua:
dez avec le docte M. de Valois , que ces trois
lettres ſont de l'invention de quelque Grec , auſſi
bien que les autres lettres au li écrites à Pierre le
Foulon ſous le nom de differens Evêques , &
produites, à ce qu'on pretend, dans un Concile de
Rome tenu ſous Felix en 483. rapportées dans
le 4. tome des Conciles pag. 1098. & ſuivantes.
Car premierement toutes ceslettres ont été d'abord
écrites en Grec , & traduites depuis en Latin ,
comme il paroît tant par le ſtyle qui en eſt barbare ,
que parceque l'on en a deux verſions differentes.
2. Toutes ces lettres ſont d'un même ſtyle , quoi
qu'écrites aù nom d'Evêques de differens pays.
3. Elles ſont écrites d'une maniere baſſe & in
digne des Evêques de ce temps. Celles que l'on
attribuë à Felix , font bien differentes des lettres
de ce Pape. La ſentence qu'il prononce contre
Pierre le Foulon eſt ridicule. 4.Les noms delapluſ
part des Evêques qui écrivent à Pierre le Fou
lon , ſont inconnus : car qui a jamais oui parler
de Fauſte d'Apolloniade , de Pamphyle d’Abyde ,
d'Aſclepiade deTralles , d'Antheon d’Arſinoë
de Quintien d’Aſcule , de Juſtin de Sicile ? Dequoi.
s’aviſoient ces Evêques d'Egliſes particulieres &
peu conſiderables, d'écrire à Pierre le Foulon : a
t-on quelque exemple d'une choſe pareille : s. Il
n'eſt point vrai qu'en 483. Pierre le Fouloń ait
été condamné dans un Synode de Conftantino
ple & dans un Synode de Rome. Il l'avoit été
Tome IV. RE
626 NOUVELLE BIBLIOTHEQUI
Felix 111. ſous le Pape Simplicius, mais depuis on n'avoir
Evêque plus parlé de lui. Il ne commença à ſe remuër
de Rome. qu'en 484. quand Calendion fut chaſſé. Il n'y a
donc aucune apparence qu'en 483. on fc foit avi
ſé de le condamner fans neceffire.
Je croi encore que les deux Formules pour citer
Acace, que l'on ſuppoſe avoir été données à Vi
tal & Miſenc dans le Concile de Rome tenu en
483. Sono fuppoſées : car il paroît par la premie
re lettre de Felix à Acace , que quand ilenvoya
Vital & Mifene , il n'avoit aucun deflein de faire
venir Acace à Rome , & de lui faireſon procés.
Ilſouhaitoit ſeulement qu'il ſe juſtifiât par une
lettre des accuſations formées contre lui ; & il ne
demandoit rien autre choſe, ſinon qu'il s'employar
auprés de l'Empereur pour faire chafler Pierre
Mongus, ne ſçachant pas même qu'il l'eût reçû
fa Communion .
Enfin , je ſuis perſuadé que la lettre que l'on
fuppoſe avoir été écrite par le Concile de Rome
contre Acace , aux Clercs & aux Moines de Bi
thynie , eft encore une piece fuppofée. Elle a don
né occaſion à Monſieur de Valois de foûtenir
qu'il y a eu en cette année-là deux Conciles tenus
à Rome contre Acace , & deux excommunications
prononcées contre cét Evêque, l'une dans un Con
cile de 67. Evêques tenu le 28. Juillet , & l'autre
dans un Synode de 42. Evêques tenu le 1. jour
d'Aouft cnſuivant, il eſt vrai que cela eſt marqué
dans cette lettre , mais c'eſt ce qui la rend fufpecte,
/
parce qu'il n'eſt parlé en aucun autre endroit de
ces deux condamnations. Cependant ſi cette ſe
conde étoit veritable , Felix n'auroit cu garde de
l'oublier dans les lettres qu'il a écrites depuis con :
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 627
tre Acace, & de ſon vivant , & aprés la mort : Felixili.
lui qui recherchoir avec tant de loin toutes les Evêque
raiſons qu'on pouvoit apporter contre Acace , au- de Rome.
F roit-il oublié l'autorité de ce ſecond Synode : au
roit -il tû cette ſeconde condamnation : Cela eft
d'autant moins croyable, qu'elle eſt fondée ſur une
nouvelle prevarication d’Acace , pour avoir , dit
on , chaffè Calendion , & mis Pierre le Foulon en
ſa place. Felix eût-il manqué de faire valoir une
raiſon auſſi plauſible pour condamner Acace , que
l'eſt celle-là ? Il n'en dit rien neanmoins dans
toutes ceslettres. Le même jour que l'on ſuppo
fe que се Concile s'eſt tenu , Felix écrit la ſenten
ce qui doit être fignifiée à Acace. Il y rapporte
exactement toutes les raiſons de la condamnation ,
il n'y parle point du tout de celle-ci , qui eût été
une des principales & des plus fortes. Il n'eſt donc
pas à croire qu'il eût étécondamné pour ce fu
jer ; d'ailleurs quelle apparence qu'il ſe ſoit tenu
deux Conciles differens à Rome en fi peu de
temps ? Qu'on ne diſe point que ce ſont deux
feances d'un mêmeConcile : car ce ſont de differens
Evêques. Enfin , le Memoire ancien touchant l'af
faire d’Acace quirapporre exactement toutes les
circonſtances de fa condamnation , ne parle que
d'une ſeule qui precede l'entrepriſe qu'il fit de re
mettre Pierre le Foulon ſur le Siege de Conſtan
tinople.
On ne peut donc pas ſolltenir cette lettre .
é
crite au nom du Synode de Rome , aux Moines &
au Clergé de Bithynie, au moins à l'égard de la
ſecondepartie : car il eſt à remarquer qu'elle a
deux parties. La premiere eſt une narration de
la condamnation d'Acace , ainſi que nous l'avons
Rrij
628 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Felix 111, rapportée , laquelle eſt autoriſée parles lettres
Evêque ' de Felix. La ſeconde contient une autre con
de Rome. damnation d’Acace , pouravoir rétabli Pierre le
Foulon ; ce qui ne s'accorde nullement avec l'hi
ſtoire , & l'une & l'autre partie n'eſt point du
ſtyle du Pape Felix , particulierement la derniere
qui eſt écrite d'une maniere impertinente , & qui
contient des louanges baſes en faveur de Felix ,
qu'il appelle Caput noſtrum ,Papa e Archiepiſco
pus, termes dont on ne ſe ſervoit point en ce fie
cle-là. Il y a un ancien Manuſcrit où certe ler
tre eſt datée du mois d'Octobre de l'année 485.
Cette date eſt viſiblement fauffe : car il eft dic
que l'on envoyoit cette ſentence par Tutus Défen
-ſeur. Or le voyage de Tutus eſt en 484. Il n'a
voit plus cette qualité en 485. Je pafle ſous fi
lence quantité d'endroits de cette lettre ſi pitoya
bles , qu'il eſt impoſible de croire que ce ſoit un
Ouvrage du temps.
Il n'en eſt pas de même de la lettre feptiéme
de Felix , touchant ceux qui avoient été rebapti
zez par les Ariens. Dans les inſcriptions ordi
naires elle eſt adreſſée à tous les Evêques ; mais
je croi qu'il faut ſuivre le Manuſcrit de Juſtel,
où elle ſe trouve adreflée aux Evêques de Sicile.
Il regle dans cette lettre la penitence de ceux qui
avoient ſouffert queles Ariens les rebaptizaſſent,
Premierement , il marque qu'il y a bien de la dif
ference entre ceux qui ont été forcez de le faire,
& ceux qui l'ont fait volontairement . Seconde
ment , il remarque que tous ceux qui ont été re
baptizez, doivent faire penitence , & ſe ſoûmettre
aux jeûnes , aux larmes & autres pratiques de la
penitence. Troiſiémement, que les Evêques, les
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUIES. 629
Prêtres & les Diacres qui ſe ſont laillez rebapti- Felix 111.
zer , doivent être mis en penitence juſqu'à la fin Evêque
de leur vie , ſeparcz de toutes les aſſemblées Ec- de Rome.
cleſiaſtiques, & exclus des prieres mêmes de cel
les des Catecumenes , & que toute lagrace qu'on
leur peut faire etde leur accorder la Communion
laïque à l'article de la mort. Quatriémement , il
impoſe aux autres Clercs, aux Moines & aux Vier
ges conſacrées à Dieu , qui ſe ſont eux-mêmes of
ferts pour ſe faire rebaptizer, douze ans de peni
tence, trois ans au rang des Ecoutans , lept ans
au rang des Penitens , & deux ans de conliſtan
ce , à condition neanmoins qu'en cas qu'ils tom
bent en danger de mort pendant ce temps , ils
ſeront ſecourus ou par l'Evêque qui leur aura
impoſé la penitence, ou par un autre Evêque , ou
même par un Prêtre. Cinquiémement, il ordon
ne à l'égard des jeunes enfans que l'âge peut excu
fer, qu'on ſe contentera de les tenir quelque temps
ſoûmis à l'impoſition des mains fans les mettre en
penitence. Sixiémement , il n'ordonne qu'une pe
nitence de trois ans aux Clercs , aux Moines , ou
aux Laïques, quiont été rebaptizez par force ou par
fubtilité , ſans y avoir conſenti : mais il établit
comme une regle generale, que pas un de ceux qui
ont été baptizez , ou rebaptizez par les Hereti
ques , ne peuvent être promûs aux Ordres ſacrez .
Enfin , il défend aux Evêques & aux Prêtres de
recevoir à la Communion les Clercs ou les ſimples
Laïques d'un autre Dioceſe ou d'une autre Paroiſſe,
qu'ils n'ayent des lettres teſtimoniales de leur E
vêque ou de leur Prêtre. Certe lettre eſt du 15.
Mars de l'an 488. Nous n'avons rien à remar
quer ſur la lettre 8. à Zenon Evêque de Seville ,
Rr iij
630 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
qui n'eſt qu'une recommandation d'unparticulier
appellé Terentianus , qui lui avoit dit du bien
de cét Evêque. Les lettres de ce Pape ſont écri
tes d'une maniete noble , forte & agreable.
ofeofoefoelas
L'AUTEUR DU MEMOIRE
touchant l'affaire d'Acace.
GEL ASE I.
ELAS E fut ordonné Evêque de Rome, au Gelafe 1.
GEm
( commencement de l'an 492. & gouverna
cette Egliſe quatre ans huit mois & quelques
jours. Quelque tempsaprés qu'il fut ordonné , Eu
phemius Patriarche de Conſtantinople lui écrivit
une lettre, dans laquelle il ſe plaignoit de ce qu'il
neluiavoit pointenvoyédelettre deCommu
nion ſuivant l'ancienne coûtume ; & aprés l'avoir
affûré de la pureté de fa Foi , il le prioitd'avoir
quelquecondeſcendance pourles Egliſes d'Orient.
Gelale lui fit réponſe là-deffus , qu'il étoit vrai
que l'ancien uſage du Saint Siege étoit , que celui
qui étoit nouvellement ordonné Evêque de Rome,
faiſoit part à ſes Collegues de ſon élection par des
lettres de Communion ; mais qu'il n'avoit pas pû
donner cette marque d’union à des perſonnes qui
preferoient la Communion des Heretiques à celle
du S. Siege. Que la lettre qu'il lui écrit , ne doit
pas être .priſe pour une marque de Communion ,
mais ſimplement comme un effet de la charité
generale que le Chriſtianiſme nous oblige d'avoir
pour tout le monde. Qu'à l'égard de la condel
cendance qu’Euphemius demande de lui,il ne pour
roit l'avoir fans tomber tout - à - fait. Quc pour
ceux qui ont été baptizez & ordonnez par Aca
ce , il approuve que l'on en ufc ainſi qu'Euphc
Rc iiij
632 Nouvelle BIBLIOTHEQUE
Gelafe I. mius lui avoit marqué pırfa lettre , mais qu'il
ne pouvoit conſentir que l'on mîr le nom d'Aca
.ce au rang de ceux avec qui l'on étoit uni de Com
munion , Que quoi- que cér Evêque n'eût pas été
dans des ſentimens Heretiques , il s'étoit rendu
coupable en recevant à la Communion des Here
tiques. Qu’Eutyche ayant été condamné par le
Concile de Calcedoine , Timothée & Piețrç qui
étoient dans les ſentimens de cér Heretique , de
voient être conſiderez comme ſujets à la même con
damnation , & tous ceux qui s'étoient unis avec
eux ; qu'ainſi il ne futh ſoit pas à Euphemius de
condamner Eutyche, & de ſe declarer Catholique,
s'il ne condamnoir auſſi ceux qui étoient dans ſes
ſentimens , ou qui communiquoient avec eux ;
que fans cela il ne pouvoit point avoir de paix
avec lui . Euphemilis lui avoit marqué dans fa
lettre qu'il étoit allez diſpoſé à le contenter là -def
fus, mais qu'il ne le pouvoit pas faire fans offenfer
le peuple de Conſtantinople , & qu'il le prioit d'en
voyer au moins des perſonnes quile luififfent trou
ver bon. Gelaſe lui répond là-deſſus , que c'eſt au
peuple à ſuivre ſon Paſteur , & au Paſteur à gou
verner ſon peuple , & que ſi ſon troupeau n'entend
pas ſa voix , il entendra encore moins celle d'un
autre Paſteur qui lui eſt ſuſpect. Enfin , il le citę
au tribunal de JE su s -CHRIST , où il dit qu'on
connoîtra s'il a tort ou non d'en uſer ainſi. Voi
là le ſommaire de la premiere lettre de Gelaſe.
La feconde eſt une lerrre circulaire aux Evê
ques d'Illyrie , qui contient une Profeſſion ou une
declaration de la doctrine , où il condamne parti
culierement les erreurs des Eutychiens , & établit
la difference des deux natúres. Il leu; témoigne
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 633
aufi la joye qu'il a de ce qu'ils ont ſuivile Juge- Gelafe 1.
ment de ſon predeceſſeur rendu contre Acace , &
qu'ils ont anathematizé cét Evêque.
La troiſiéme eſt une autre lettre circulaire aux
Evêques de Dardanie , par laquelle il les exhorte
à condamner les Eutychiens & tous ceux qui
communiquent avec eux : ils y ſatisfont par leur
réponſe qui precede cette lettre.
Dans la quatrieme lettre adreſſée à Fauſte Am
baſſadeur de Theodoric à Conſtantinople , il ſe
plaint de l'obſtination des Grecs au ſujet d’Aca
ce ; & ſur ce qu'ils vouloient qu'on lui pardon
nât , il dit que l'on ne peut pardonner à un hom
me mort hors de la Communion de l'Egliſe , ni le
délier de ſon excommunication aprés la mort ;qu'il
n'y en a aucun exemple. Sur cequ’Euphemius diſoit
qu'Acace n'avoit pas pû être condamné par le
ſeul Evêque de Rome , il répond qu'ayant été
condamné en vertu du Concile de Calcedoine ,
& que ſon predecefleur n'ayant fait qu'executor
le decret de ce Concile , on ne pouvoit trouver à
redire à la condamnation , parce qu'il n'étoit pas
ſeulement permis à l'Evêque du Saint Siege Apo
ſtolique , mais même à tous les Evêques, de ſe
feparer de la Communion de ceux qui embraf
ſent une hereſie condamnée par l'Egliſe. Que c'eſt
à tort qu’on oppoſe les Canons , puiſque ce ſont
les Canons niêmes qui deferent au Saint Siege
l'examen des appellations de toutes les Egliſes,
fans qu'on puiffe appeller de ſon Jugement. Que
Timothée , Pierre d'Antioche , Paul , & plu
ſieurs autres Evêques avoient été condamnez par
l'autorité ſeule du Saint Siege, ſelon l'aveu d’Acace
même, qui avoit executé contre eux ces Jugemens,
634 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Gelafe 1. Enfin , il reproche aux Grecs qui alleguent les
Canons pour défendre leur conduite , d'être in
fracteurs des Canons , & ſoûcicnt qu'Acace les a
violez en pluſieurs rencontres .
La lettre à Honorius Evêque en Dalmatie ,
eſt écrite par Gelaſe ſur la nouvelle qu'il avoit re
çûë que l'hereſic de Pelage renaiſſoit en Dalma
tic. If exhortecét Evêque de s'y oppoſervigou
reuſement. Cét avertiſſement le ſurprit , & il ne
pût s'empêcher d'en témoigner ſon étonnement
au Pape , qui lui fit entendre par la fixiéme lettre
qu'il ne devoit pas trouver à redire à ſa vigilan
ce paftorale.
La ſeptiéme lettre eft adreſſée aux Evêques de la
Marche d'Ancone. Gelaſe l'a écrite contre un vieil
lard , qui renouvelloir les erreurs "de Pelage, en
enſeignant qu'il n'y a point de peché originel,
que les enfans qui meurent ſans baptême , ne ſont
pas damnez , & que l'homme peut être. beu
reux , éviter le mal ; & faire le bien, ſans la grace
qui eſt donnée aux merites. Gelaſe aprés avoir re
futé fort au long ceserreurs, accufe encore ce Pre
tre d'avoir permis à des Religieux de demeurer
avec des Vierges conſacrées à Dieu , ce qu'il con
damne. Car ,dit- il, ſi l'eſprit de ceux même qui
n'ont aucune communication avec les femmes, eft
» tourmenté par de ſales imaginations, quelle im
preſſion ne doit point faire la preſence des fil
les ſur l'eſprit de ceux qui les voyent continuel
lement ? Il défend donc cet abus , & menace de
punir ceux qui le ſouffriront, Cette lettre eſt da
tée du 1. Novembre 493 ,
La lettre 8. de Gelaſe eſt adreſſée à l'Empereur
Anaftaſc. Aprés s'être excuſé de ce qu'il ne lui
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 635
2 point écrit plûtôt, & lui avoir témoigné leze- Gelafe 1.
le & l'affection qu'il a pour ſon ſervice , il l'ex
horte de ſuivre le Jugement du Saint Siege , en
faiſant condamner la memoire d'Acace. Il y a plu
ſieurs choſes remarquables dans cettelettre ; mais
rien ne l'eſt davantage, que ce qu'ildit de la diſ
tinction du Sacerdoce , & de la puiſſance roya
le. Il y a deux puiſſances , dit - il , qui gou
vernent ſouverainement le monde , l'autorité la-' ".
crée des Evêques , & l'autorité royale. La char. “
ge des Evêques eſt d'autant plus grande , qu'ils
doivent rendre compte au jour du jugement des «
actions des Rois. Vous ſçavez , Sire , que quoi
que vous ſoyez Souverain , & que vôtre digni
té ſurpaſſe celle de tous les autres , vous eſtes "
obligé de vous ſoûmettre à la puiſſance des Mi- «
niſtres des choſes ſacrées ; que vous leur deman- .
dez les ſources de votre ſalut , & que vous devez
ſuivre les regles qu'ils vous preſcrivent pour re- a
cevoir les Sacremens, & pour diſpoſer des cho- «
ſes Eccleſiaſtiques. Car fi les Evêques perfuadez
que Dieu vous a donné un ſouverain pouvoir ſur «
les choſes temporelles , obeïſſent à vos loix dans «
ce qui regarde la police , pour ne pas s'oppoſer à ..
vôtre puiſſance dans les choſes temporelles; avec «
quel reſpect nedevez-vous pas être ſoûmis dans «
ce qui regarde le fpirituel ,à ceux qui font de «
ſtinez pour vous diſtribuer les divins Sacremens ? «
Et ſi tous les Fideles doivent être follmis genera- «
lement à tous les Evêques qui s'acquittent digne
ment de leurs fonctions ; à combienplus forte rai- -
ſon doit- on ſe rendre au Jugement de l'Evêque
du Saint Siege , que Dieu a établi le premier des «
Evêques , & que l'Eglife a toujours reconnu pour «
tel :
636 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Gelafe 1. La lettre 9. aux Evêques de la Lucanie , de
l’Abruſle & de la Sicile , contient pluſieurs regle
mens importans touchant lesMiniſtres de l'Egli
fe. La guerre & les troubles d'Italie avoient reduit
les Egliſes de ce pays à une telle deſolation , que
pluſieurs ſe trouvoient fans Miniſtres , on étoit
obligé de paſſer ſur les formes ordinaires , & de
fe diſpenſer d'obſerver à la rigueur les ordonnan
ces des anciens Canons. Mais comme on pouvoit
abuſer de cette condeſcendance , Gelaſe fit les re
glemens ſuivans.
Premierement , il ordonne
que l'on ſuivra les
anciens Canons , à moins qu'il n'y ait quelque ne
ceſſité preſſante des Egliſes qui oblige d'en diſpen
ſer. Il permet de conferer les Ordres ſacrez aux
Moines , pourvû qu'ils n'ayent point d'empêche
ment canonique, qu'ils n'ayent point commis au
trefois de grands crimes , qu'ils n'ayent point été
mariez deux fois , ni épouſé de veuve , qu'ils n'ayent
point quelque defaut du corps , qu'ils ne ſoyent
point de condition ſervile , ni obligez à quelque
charge publique ou particuliere , s'ils ont quelques
lettres , ſans quoi ils ne pourroient même parve
nir à l'Ordre de Portier , & que ſi l'on trouve que
quelqu'un des Moines ait toutes ces conditions,
on pourra le faire auſſi -tôt Lecteur , Notaire ou
Défenſeur , & trois mois aprés Acolythe , princi
palement s'il eſt en âge : au bout de ſix mois , on
pourra l'élever au Soûdiaconat, & s'il s'y com
porte avec lageéffe , & qu'il ſoit de bonnes meurs ,
il ſera ordonn Diacre au bout de neuf mois , &
Prêtre à la fin de l'année .
Secondement , Gelaſe declare , que fi c'eſt un (
Laïque que l'on met dans le Clergé, il faut en
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 637
core' l'examiner davantage ſur les choſes qu'il Gelaſe I.
vient de marquer , & principablement ſur la vie
& fur ſes mæurs , de peur que ſous pretexte du
beſoin que l'on a de Miniſtres, on ne rempliſle le
Clergé de perſonnes vicieuſes. Pour être plus af
fûré de leur conduite , il veut qu'on attende en
core fix mois aprés l'année paffée, avant que de
les ordonner Prêtres. Mais comme cét eſpace
de dix- huit mois n'étoit pas ſuffiſant , ſuivant les
anciens reglemens , Gelaſe declare qu'il n'abrege
le temps qu'en faveur des Egliſes où l'on man
que de Miniſtres, & que dans les autres ,ou dans
celles-là même , quand le nombre fuſfiſant des
Clercs у ſera rétabli , il faudra obſerver les an
ciens reglemens à la rigueur:
Troiſiémemont, il fait défenſe aux Evêques de
conſacrer des Egliſes nouvellement bâtiés ſans les
pouvoirs neceflaires, ni de rien entreprendre ſur
les Clercs de leurs Collegues.
Quatriémement, il leur défend de rien exiger
pour le Baptême ou pour la Confirmation , nide
fien demander aux nouveaux baptizez.
Cinquiémement , il ordonne aux Prêtres de ne
pas s'élever au deſſus de leur rang, de ne point
entreprendre de faire le Chrême, ni de confir
mer , ni de faire aucune benediction , ni fonction
ſacrée en preſence de l'Evêque , ni de s'aſſeoir
ou de celebrer devant lui ſans ſa permiſſion. Il
les avertit qu'ils n'ont pas le pouvoir d'ordonner
un Soûdiacre ou un Acolythe fans un Evêque .
Sixiémement , il preſcrit aux Diacres de ſe te
nir auſſi dans les bornes de leur miniſtere , leur
. défendant de faire aucune des fonctions qui n'ap
partiennent qu'aux Prêtres , ni même de baptizer
638 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Getafe 1. hors le cas de neceſſité ſans le Prêtre & ſans l'E.
vêque.
Il ajoûte dans le ſeptiéme reglement , qu'ils
doivent point être au rang des Prêtres , ni diſtri
buer le Corps de Jesus-Christ en la preſence
de l'Evêque ou des Prêtres .
Après avoir ici recommandé l'obfervation exacte
des Canons , il défend de baptizer en d'autres temps
qu'aux Fêtesde Pâque & de la Pentecôte , à moins
que celui , à qui on confere le Baptême ,ne ſoit en
peril de la vie. Il défend encore de celebrer les
Ordinations , fi ce n'eſt aux Quatre - temps , à la mi
Carême & au Samedi Saint Tur le foir , & il ne
croit point qu'il y ait aucun cas qui puiffe obli
ger d'ordonner un Prêtre ou un Diacre dans un
autre temps. A l'égard des Vierges , il dit qu'on
ne leur doit donner le voile qu'au jour de l’Epi
phanie , au temps de Pâque , ou aux Fêres des A
pôtres. Il fait défenſe de donner le voile à une
veuve. Il ne veut pas que l'on ordonne, ou quc
l'on reçoive dans un Monaſtere un eſclave ou une
perſonne obligée à quelque condition ſervile. Il
défend aux Clercs de faire negoce , ou d'exercer
un trafic honteux. Il renouvelle enfuire les an
ciens Canons touchant les qualitez des perſon
nes que l'on doit ordonner. Ils doivent être lettrez,
n'avoir aucun defaut du corps , n'être point du
nombre de ceux qui ſe ſont faits cunuques , n'a
yoir été atteints d'aucun crime , avoir l'eſprit ſain ,
n'avoir été mariez qu'une ſeule fois. Il condamne
ceux qui ont été ordonnez pour de l'argent , à
être chaſſez du Clergé . Il met en penitence pour
toute leur vie , ceux quiauront commis un crime
avec une Vierge conſacrée à Dieu : il permet feu
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 639
lement de leur donner l'abſolution à la mort , s'ils Gelafe 1.
ont fait penitence. Il menace les Clercs qui quit
1
ilquoi
qu'il enfaſſe
fautqu'il doiveunjourrendrecompte
aufli connoître qu'il s'en àDieu,
aquitte
fidelement. Gelafe finit en enjoignant à tous les
Clercs de lui faire ſçavoir ceux qui contreviendront
à ces reglemens. Cette lettre eft datée du 10,
Mars de l'an 494 .
T
La lettre 10. aux Evêques de Sicile , eſt du mois
1 de Mars de la même année. Il y parle de l'uſage
que les Evêques doivent faire de leur bien pourle
640 Nouvelle BIBLIOTHEQUE
Gelafe 1. ſoulagement des pauvres , & l'entretien des Mi
niſtres , & ajoûte que les biens , dont les Egliſes
ſont en pofleflion depuis trente ans , leur doivent
appartenir ſelon la Loi des Princes , & être con
fiderez comme biens de l'Egliſe.
La lettre 11. aux Evêques de Dardanie & d'Il
lyrie eſt ſur l'affaire d’Acace. Il louë le zele qu'ils
avoient témoigné en ſe mettant du côté du Saint
Siege , & en ne voulant pas imiter l'Evêque de
Theffalonique, qui avoit ſuivi le parti de l'Evê
que de Conftantinople, & refuſé de condamner
Acace. Il le declare ſeparé de la Communion de
l'Egliſe de Rome , & ſoûtient qu'Acace étant mort
hors de cette Communion ne peut être abſous
s
apré ſa mort. La date de cette lettre eſt du 2. Aouſt
494 .
La lettre ſuivante à l'Evêque d'Arles , eſt une
lettre de Communion , par laquelle Gelaſe lui fait
ſçavoir qu'il eſt ſur le Saint Siege , & lui rémoi
gne qu'ilveut vivre en union de Communion avec
les Evêques de France. La date de cette lettre eft
du 19. Aouſt 494 .
La lettre 13. adreflée aux Evêques de Dardanie,
eſt une eſpece de Manifeſte , dans lequel Gelaſe
fait voir qu'Acace a été legitimement & juridi
quement condamné par le Saint Siege. Sa princi
pale raiſon eſt , que l'Evêque de Rome n'a fait en
cela qu'executer le Decret du Concile de Calce
doine, ce qui appartient principalement au Saint
Siege. Qu'iln'étoitpas beſoin d'un nouveau Synode,
puiſque la choſe ayant déja été jugée , Acace ſe
condamnoit lui-même en ſe joignant à des per
ſonnes condamnées. Il rapporte enſuite l'affaire
d'Acace , de quelle maniere le Saint Siege ayant
appris
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES, 641
appris qu'ilfavoriſoit Pierre Mongus, l'avoit aver- Gelaje i
ti pluſieurs fois , ſans qu'il y eût donné aucune
fatisfaction : comment ayant été accuſé par Jean
d'Alexandrie , Evêque du ſecond Siege , & cité
devant le premier Siege du monde , il n'avoit ni
comparu ,ni envoyéperſonne pour comparoître
pour lui : comment il avoit même corrompu les
Legats du Saint Siege , & perfifté de communi.
quer avec des Heretiques : qu'ayant écrit au S.
Siege contre Jean , il n'avoit pas daigné l'y ac
culer juridiquenient : que luiqui étoit Evêque d'une
Egliſe peu conſiderable, avoir refuſé de faire ce
qu'il voyoit faire à l'Evêque du ſecond Siege :
qu'aprés ce refus , le S. Siege en executant le con
cile deCalcedoine, avoit prononcé condamnation
contre lui : que Tinothée Ælurus & Pierre Mon
gus avoient été condamnez de la même maniere
par le jugement feul du Saint Siege : que l'Egliſe
de Rome avoit droit de juger de toutes les autres,
puiſque les Canons permettent d'appeller à ſon Ju
gement de toutes les parties du monde : qu'aprés
ce Jugement il n'avoit point été abfous dans au
cun Synode, & qu'il ne l'avoit pû être : que le
G Saint Siege pouvoit abfoudte des perfonnes con
damnées par des Synodes , comme il avoit au
trefois ablous Saint Athanafe & Saint Jean Chry
ſoſtome , & depuis peu Flavien ; qu'au contraire
il avoit condamné Diofcore , & rejetté ſon Sy
node : qu'il y avoit de bons& de mauvais Conci
les : qu'un Concilc illegitime eſt celui qui fait
quelque choſe contre l'Ecriture Sainte, contre la
doctrine des Peres , contre les regles de l'Egliſe ,
& que route l'Egliſe , & principalement le S. Siege
n'approuve point; & qu’unSynode legitime eſtcelui
Torne IV . ST
642 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Geiafe I. qui juge ſelon l'Ecriture,ſelon la tradition desPeres,
felon les loix Eccleſiaſtiques que toute l'Egliſe re
çoit , & que le S. Siege approuve : qu’un Synode de
cette nature ne peut recevoir aucune atteinte : quetel
eſt le Concile de Calcedoine , qui a condamné Eu
tyche &ſes Sectateurs : que tous ceux qui approu
vent la doctrine de cét Heretiqué , ou qui com
muniquent avec ceux qui l'approuvent , quand ce
feroient des Evêques aſſemblez dans un Synode,
font compris dans la même condamnation : qu'il
n'eſt plus beſoin d'aucun Synode pour les con
damner : qu'il ne faut qu'oxecuter le Concile de
Calcedoine , & que c'eſt preciſément ce que le
$. Siege a fait dans cette affaire : qu'Acace avoit
bien fait d'autres entrepriſes : qu'il avoit challe
Jean Evêque Catholique d'Alexandric , remis en
la place de ſon autorité privée Pierre Mongus
Heretique, qu'il avoit lui-même condamné : qu'il
avoit auſſi chache Calendion Evêque du troiſième
Siege , pour mettre en la place Pierre le Foulon
Hererique manifeſte: qu'il n'avoit affemblé au
cun Synode pourfaire ces choſes , ni pour chaffer
tant d'Evêques Orthodoxes : qu'il s'étoit attribué
des privileges qu'il n'avoit point : que l'on ne pou
voit pas dire qu'il avoit étéforcé par l'Empereur
de faire ces choſes , puiſqu'il avoit bien relifté en
d'autres occaſions aux Empereurs Bafiliſque & Ze
non : que ce dernier ſe vantoit de n'avoir rien
fait entout cela ſans le conſeil d'Acace : qu'il
étoit certain qu'Acace ne s'étoit point mis en de
voir d'empêcher l'Empereur de troubler les Ca
tholiques : qu'il ne pouvoit pas ſe prévaloir non
plus de ce qu'il étoit Evêque de la ville Royale ,
que cela ne lui donnoit point un titre ſouverain ,
DES AUTÉURS ECCLESIASTIQUES. 643
puiſqu'il y avoit pluſieurs autres villes où les En- Gelaſe 1.
pereurs avoient demeuré , comme Ravenne , Mi
lan , Sirmich , qui n'avoient point pour cela des
prerogatives : que l'Egliſe de Conſtantinople n'é
toit pas à comparer à celles d'Alexandrie &
d'Antioche , puiſque non ſeulement elle n'étoit pas
1.7
un Siege Patriarcal , mais même qu'elle n'avoit
pas la dignité de Metropole : quela préſencede
l'Empereur & la dignité de la ville , ne lui de
voient point donner de dignité Eccleſiaſtique : que
6. l'Empereur Marcien qui avoit fait ce qu'il avoit
pû pour lui faire accorder des droits qui ne lui ſont
point dûs, avoit lui- même reconnu, que S. Leon
avoit eu raiſon de s'y oppoſer : qu'Anatole qui avoit
0.02 voulu faire valoir ſes droits , avoit été obligé de
les abandonner : que quand ce ſeroit l'Empereur
Led qui auroit chaſſé Jean d'Alexandrie & Calen
dion , Acace devoit s'y oppoſer , & non pas l'ir.
riter encore contre eux : que s'il étoit vrai que le
premier eûtrayé le nom de l'Empereur , & que le
lecond luieût fait un menſonge , il ne faloit pas
UT les chaſſer avant qu'ils fuſſent convaincus & con
damnez dans un Synode. Voilà une partie des
ܠܐܬ ܝܐ ܂
raiſons que Gelaſe érale dans ce Manifeſte .
La 14. lettre eſt le Fragment d'un autre Me
moire , qui contenoit les Actes qui fervoient à
من
juſtifier la condamnation d'Acace Il nous en re
ITCH ſte une lettre deSimpliciusà Acace, dans laquelle
ce Pape lavertit de ne pas ſouffrir que Pierre
lise Mongus ſoit reçû à le Communion , qu'il n'ait
sho fait penitence , & qu'en cas qu'il la fafie , il ne
izlo foit mis qu'au rang desLaïques : le Fragment d'une
cRac lettre du Pape Felix à l'Empereur Zenon contre
Source Je même Mongus : une lectre d'Acace contre Ti
's fij
644 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Gelafe 7. mothée Ælurus, & contre Pierre Mongus, avec
quelques reflexions de Gelaſe ſur cette derniere
picce.
La is . lettre eſt un Manifeſte aux Evêques d'O
rient , qui contient à peu prés les mêmes choſes
que la 13. lettre.
Les lettres tirées de la Collection de Canons da
Cardinal Deuſdedit , ſont des commiſſions ſur dif
ferentes affaires. La 1. pour l'Ordination d'un
Prêtre dans une nouvelle Paroiſſe. La 2. pour or
donner un Diacre. La 3. ſur l'affaire des Clercs
de Nole , deſobeïſſans à leur Evêque , qui avoit
été renvoyée au Pape par Thcodoric . La 4. pour
le rétabliſſement du ſervice dans une Egliſe, où li
avoir été interrompu , parce qu'il n'y avoit point
de fonds. La s . eſt une commiſſion pour informer
du mauvais ménage d'un Evêque , qu'on accuſoit
de s'être info biens d'une Egliſe. La 6.
approprié les meur
eſt pour rmer d'un tre com mis en la per
ſonne d'un eſclave de l'Egliſe , & d'une inſulte
faite à un Evêque . La 7. eſt un ordre de ſeparer
delaCommunion des perſonnes qui avoient fait tort
à l'Egliſe. La 8. eſt une injonction à un Evêque de Il
rendre un Calice , que ſon predeceſſeur avoit pris
à une autre Egliſe.La 9. eſtcontre les Evêques qui
entreprennent ſur la juriſdiction de leurs Confre
res. Elle porte que le Metropolitain ordonnera
tous les Evêques de la Province , & que les Evê
ques de la Province ordonneront le Metropoli
tain .
La derniere contient en abregé une partie des
reglemens portez dans la 13. On peut joindre à
ces lettres , la lettre à Ruſtique , donnée par le
Pere Dachery dans le s. tome de ſon Spicilege ,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.. 645
dans laquelle il remercie cét Evêque de Lyon du Gelafe 1,
; ** fecours qu'il lui avoit donné , & l'entretient de
l'embarras que lui donnoit l'affaire d'Acace ; mais
cette lettre ne me paroît pas du Ityle de Ge
laſe.
Le Pape Gelaſe n'a pas ſeulement écrit des let
tres , il a auſſi compoſé quelques petits Traitez,
Nous avons déja remarqué qu'il ya pluſieurs de
ces lettres qui peuvent parler pour des Ouvrages ,
des Memoires ou des Factums. En voici en
core un de même nature , c'eſt le Traité du lien
C: de l'anatheme. Il y commencepar répondre à l'ob
jection de ceux qui ſe plaignoientqu'il faiſoit tant
valoir l'autorité du Concile de Calcedoine dans
l'affaire d’Acace , & qu'il ne vouloit pas recon
noître les privileges que le Concileavoit accor
dez à l'Evêque de Conftantinople. Il répond que
toute l'Egliſe reçoit ce que ce Concilc a defini
ſuivant l'Ecriture Sainte , la tradition des ſaints
Peres & les regles de l'Eglife touchant la verité
Catholique , & la Foi commune de toute l'Egli
fe ; mais qu'à l'égard des autres choſesqu'on y avoit
traitées , ſans quele S. Siege eût déleguéperſonne
pour cét effet , auſquelles les Legats du S. Siege s'é ,
toient oppoſez ,que le S. Siege n'avoit point voulu
approuver, qu'Anatole avoit lui-même abandon
Case nées, en remettant au S. Siege de les approuver , &
qui ſe trouvoient contraires auxprivileges de tou
te l'Egliſe, on ne pouvoir les défendre en aucune
maniere,
Il traite enfuite de l'excommunication & de
l'abſolution . Il avoue que tous les pecheurs peu
COC vent être abſous en cette viç , s'ils font penitence ;
& que quoi-qu'il ait été dit dans la fentence ren ,
5 f iij
646 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Ociáſe' I. duë contre Acace , qu'il neſeroit jamais délié de
l'anatheme prononcé contre lui , cela ſe devoit en
rendre en cas qu'il ne fiſt pas penitence; que s'il
l'eût faite pendant la vie , on lui eût pardonné;
mais qu'ayant perſeveré, & étant mort en cér état ,
il ne pouvoit plus être abſouş . Que le Jugement
d'abſolution que l'Empereur avoit fait prononcer
en faveur de Pierre d'Alexandrie , étoit nul, ayanț
été fait par ſon autorité , ſans qu'on y eût obſervé
les regles de l'Egliſe , & fans y avoir appellé l'E
yêque du Saint Siege , par l'autorité duquel il avoit
été condamné.
Le fecond Traité de Gclaſe eſt un Diſcours con
tre Andromaque, Senateur de Rome , & les au
tres perfonnes, qui vouloient rétablir dans Rome
les Lupercales , qu'il avoit entierement abolies de
ſon temps , croyant par une vaine ſuperſtition
que les maladies dontcette ville étoit affligée , ve
noient de ce qu'on les avoit negligées . Če Pape
reprend fortement ceux qui tenoient ce diſcours ,
& faitvoir qu'ils ſont indignes du nom & de la
profeſſion deChrétien ; زqu'ils commettentun adul
tere ſpirituel, & qu'ils tombent dans une eſpe
ce d'idolatrie , qui meritent qu'on les ſepare du
Corps de Jesus-CHRIST , & qu'on les mette en
penitence. Qu'au reſte , leur penſée eſt une follo
imagination qui n'a aucun fondement , que les Lu
percales n'ont point été établies pour détourner les
maladies , mais pour rendre les femmes fecondes,
comme il eſt rapporté dans la ſeconde Decade do
l'Hiſtoire de Tite- Live. Que la peſte & les maladies
n'ont pas été moins communes dans le temps que
l'on celebroir encore les Lupercales ; que li Rome
eſt affligée de maladie , de peſte, de ſterilité, &c.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 647
he ]
elle doit s'en prendre aux déreglemens des meurs Gelaſe 1:
de ſes habitans. Que ſi les Lupercales ſont quel
que choſe de divin , il faut les celebrer avec les
ق
mêmes ceremonies , & de la même maniere qu'on
les celebroit autrefois ; que cependant perſonne
n'oſoit plus faire les mêmes impudences. Que c'é
2
H.
toit un reſte du Paganiſme qu'il a cu raiſon d'abolir,
que quoi que l'ulage en ſoit demeuré fort long
temps ſous des Empereurs Chrétiens, il ne s'en
fuit pas qu'on ait dû le conſerver toûjours ; que
l'on n'a pas tout d'un coup aboli toutes les ſuper
Ititions , que cela ne s'eſt fait que peu à peu. Qu'
DIA enfin , il leur declare qu’un Chrétien baprizé ne
peut , ni ne doit le faire. Que ſi les predecefleurs
l'ont toleré , il faut qu'il y ait cu des raiſons qui
les ayent empêché de venir à bout de l'abolir ,
mais qu'il ne doute point qu'ils ne l'ayent tenté.
Le troiſiéme Traité eſt compoſé contre ce dog
me des Pelagiens , que les hommes peuvent pafler
leur vie ſanspeché. Il prouve le contraire par plu
fieurs raiſons , fondées ſur des témoignages de l'E
criture. Il y explique auſſi en quel ſensil eſt dit dans
Saint Paul, que les enfansdes Fideles font ſaints,
& que la femme fidele fanctifie l'homme infi
dele.
Mais le plus conſiderable des Traitez de Gela
ſe, eſt ſon Traité contre Eutychc & Neftorius.
Los Critiques ont douré d'abord s'il étoit de ce Pa
pe, & Baronius a aflûré avec plus de confiance que
perſonne, qu'il n'en étoit point , mais de Gelaſe de
Cyzique ; Bellarmin a ſuivi ſon jugement. Les con
jectures qu'ils en ont apportécs, ſemblent avoir
quelque ſorte de vraiſemblance , quand on les con
hidere feules. Les voici. I. L'Auteur de ce Traité
SI iiij
648 NOUVELLE BIBLIOTHIQUE
Gelafe I. ne cite que des Peres Grecs , il n'en cite poine
de Latins; quelle apparence que le Pape Gelaſo
ait oublié d'alleguer Saint Jerôme, Saint Am
broiſe , Saint Auguſtin & Saint Leon ? 2. Il mex
Euſebe de Cefarée au rang des Docteurs Catho
liques. Or Gelaſe l'a tenu pour Arien , & a mis
ſes livres au rang des apocryphes. 3. Le Traitó
de Gelafé contre Eutyche étoit un gros Ouvrage ,
ſelon le témoignage de Gennade ; celui-ci eſt un
petit Traité. Ces raiſons ſemblent prouver qu'il
n'y a point d'apparence qu'il foit duPape Gelale.
Rien n'empêche, qu'il ſoit de Gelafe de Cyzique ,
tout ſemble même s'accorder pour le lui donner :
car le temps & le nom conviennent; il n'y a poing
d'autre Gelaſe à qui on puiffe l'attribuer , le ſtyle
de ce livre eſt affez ſemblable à celui de l'Hiſtoire
du Concile de Nicée de Gelaſe de Cyzique. Enfin
l'Auteur de cette Hiſtoire dit dans la Preface
qu'il a écrit contre les Eutychiens , & il louë Eu
febe dans le corps de fon Ouvrage . Tout cela
fuffit pour faire croire que cet ouvrage eſt de Ge
laſe de Cyzique , plûtôt que de Gelaſe Evêque de
Rome. Neanmoins il y a des preuves convaincan
tes , qui font connoître qu'il eſt de celui-ci. Car
1. Il ſe trouve dans les Manuſcrits avec les let.
tres de ce Pape. 2. S. Fulgence , qui eſt un té
moin irreprochable, le cite comme étant du Pa
pe Gclafe , & Jean ſecond ſe fert du témoignage
de cét Auteur comme étant du Pape Gelale. 3.
Gennade nous affûre que ce Pape avoit fait un grand
Traité contre Eutyche & Neſtorius. Cela convient
à celui-ci , qui porte ce titre , & qui eft affez con
liderable. Car quoi-que ce ne ſoitpasun gros Ou
vrage , c'eſt un grand volume au ſens de Gennade.
DES AUTEURS ECCLISIASTIQUES. 649
Il ne faut pas s'étonner qu'il ne cite pasd'Auteurs Gelafe is
Latins , ayant affaire à des Grecs , contre leſquels
il pouvoit fort bien ſe ſervir de l'autorité d'Euſc.
be de Ceſarée. Enfin , le ſtyle de ce Traité fait
1, aflez connoître qu'il eſt du Pape Gelaſe. Il y
2: montre , qu'il y a deux natures en en Jesus
Christ unies en une ſeule perſonne , & que ces
deux natures ont conſervé leurs proprierez. Cer
te verité у eft prouvée dans la premiere partie
par l'autorité de l'Ecriture Sainte, & dans la fe
conde par des témoignages des Peres Grecs. On
trouve lur la fin de la premiere partie un paſlage
ſur l'Eucariſtie , tout ſemblable à celui de Thco
doret.
Ce Pape avoitencore fait quelque autres Trai
tez ſur differens ſujets, & des Hymnes à l'imita
tion de Saint Ambroiſe , dont Gennade fait men
tion ; mais nous n'avons de lui que les OEuvres )
ANASTASE II.
NASTAS E ſecond du nom , ſucceda au Anafta
Pape Gelaſe &
Rome le 28. Novembre de l'an 496. La premic
re choſe qu'il fit, futd'écrire à l'Empereur pour
tâcher de réunir l'Egliſe. Il l’exhorte donc par ſa
premiere lettre, & le prie avec inſtance d'empê
cher que l'on ne recite dans l'Egliſe le nom
d'Acace qui cauſe tout le ſcandale , & de procurer
par ce moyen la paix de l'Egliſe. Il l'avertit en
inême temps que cela ne donne aucune atteinte à
la validité des Ordinations qu'Acace a conferées ,
ou des Baptêmes qu'il a adminiſtrez , parce que le
Saint Eſprit opere par les mauvais Miniſtres , &
que les méchans qui adminiſtrent les Sacremens ,
ne ſe nuiſent qu'à eux-mêmes , & n'empêchent
point l'effet des Sacremens.
Anaſtaſe envoya deux Legatsà Conſtantinople
pour ménager la paix , & en même temps un Še
nateur de Rome appellé Feſtus y alla pour quel
ques affaires. Il У avoit aufli alors à Conſtanti
nople un Prêtre & un Clerc députez de l'Egliſe
d'Alexandrie , qui deſirant ſe réunir avec l'Egliſe
de Rome, preſenterent aux Legats du Pape & à
Feſtus un Memoire, dans lequel ils expoſent que
l'Egliſe deRomefondée par Saint Pierre, & cel
le d'Alexandric établie par Saint Marc, ont toll
654 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Anaſta- jours eu la même Foi & la même doctrine , & été
ſe 11. ụnies ſi étroitement, que quand ils'étoit tenu des
Conciles en Orient,l'Evêque de Rome avoit choiſi
l'Evêque d'Alexandrie pour y agir en fon nom , &
y tenir la place ; mais que la diviſion deces deux
Égliſes avoit commencé du temps de S. Leon ;
parce que fa lettre contre l'impie Eutyche ayant été
fallifiée par Theodoret & par les autres Évêques
du parti de Neftorius , qui l'avoient traduite en
Grec, & ſous pretexte de cette traduction in fidele,
avoient ſolltenu la doctrine de Neftorius , que
cela avoit donné lieu à l'Egliſe d'Alexandrie , de
croire que l'Egliſe de Rome étoit dans ces fen
timens , & de fe feparer de la Communion ; &
qued'autre côté l'Evêque de Rome , perſuadé que
les Egyptiens combattoient la doctrine qu'il avoit
reçûë des Apôtres , les avoit auſſi ſeparez de fa
Communion ; qu'ils avoient envoyé des députez
de leur Egliſe à Rome,pour juſtifier qu'ils n'avoient
point d'autres fentimens que ceux des Peres du
Concile de Nicée ; mais qu'il s'étoit trouvé à
Rome un homme de leur pays, ennemi de la vraic
doctrine,qui avoit empêche qu’on les reçût & qu'on
les écourât ; deſorte qu'ils étoient revenus ſans rien
faire, mais qu'ils avoient appris depuis par Pho
tin Diacre de l'Egliſe de Theſſalonique, qui avoit
été envoyé par ſon Evêque vers le Pape Anafta
ſe , que ce Pape n’approuvoit point les additions
& les changemens qui avoient été faits dins la
verſion de la lettre de Saint Leon ; que les Legats
de ce Pape envoyez à Conftantinople , les ayant
afſûrez de la même choſe , il les ſupplioit de re
cevoir leur Confeſſion de Foi , afin que ſi elle ſe
trouvoit conforme à celle de l'Egliſe de Rome , .
DES AuteurS ECCLESIASTIQUES. 655
ees deux Egliſes puffent ſe réunir. Dans cette Anafta
Confeſſion de Foi , aprés avoir proteſté qu'ilsſe TV.
reçoivent la doctrine des trois premiers Concia
les generaux , & des Anathematiſmes de Saint
3 Cyrille , ſans parler du quatriéme Concile , ils
confeffent que je sus -CH ŘI $ I eſt conſubſtan
tiel à fon Pere ſelon la divinité , & conſubſtan
tiel à nous ſelon l'humanité ; qu'il n'y a qu'un
ſeul Fils , que les actions & les paſſions de Je
sus -Christ font celles d'un ſeul Fils unique.
Ils condamnent ceux qui diviſent ou qui confon
dent les natures , ou qui introduiſent un phan
tome, parce que dans l'Incarnation il ne s'eſt pas
fait une augmentation du Fils , & que la Trini .
té des Perſonnes divines eſt demeurée, quoi-qu’
une des Perſonnes de la Trinité ſe ſoit incarnée.
ils anathematizent Neftorius & Eutyche ; mais ils
declarent que la doctrine de Dioſcore , de Timo
thée & de Pierre , leurs Patriarches , a été celle
qu'ils la viennent d'expoſer, & qu'ils ſont. prêts
de le juſtifier. Ils conjurent enfin les.Legats du
Pape de lui preſenter cette Confeſſion de Foi, afin
qu'il l'approuve, & qu'il les reçoive à la Commu
nion. Feſtus fur aulli chargé de la part de l'Eni
percur de negocier la réunion de l'Egliſe de Con
Itantinople , &promit de porter le Pape Ana
Itaſe à figner l'Edit d'union de Ženon ; mais quand
il arriva à Rome , Anaſtaſe étoit déja mort ,
n'ayant été ſur le Siege de l'Egliſe de Rome que
deux ans moins fix jours.
Il y a une autre lettre d'Anaſtaſe à Clovis
Roi des François , par laquelle il le congratule de
ce qu'il s'eſt fait Chrétien. Enfin , M. Baluze nousa
donné dans ſon premier tome de la nouvelle Col.
6:2
7
656 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Anaſtao lection des Conciles des Fragmens d'une lettre
f 11. d'Anaſtaſe à Urſicin ſur l'Incarnation. Les leta
tres de ce Pape ſont pleines de penſées morales ,
& d'applications de paſſages de l'Ecriture Saintea
PASCHASE
DIACRE DE L'EGLISË
DE ROM E.
E Diacre fleurit ſous le Pontificat d'Anaſtaa
Pafchafi. ſe , & Symmaque. il
l'Eglife riſa le parti de Laurent Antipape , & l'on tienc
de Rome. qu'il fut envoyé pour ce ſujeren Purgatoire , où
Ġermain Evêque de Capouë vit ſon âme , fi l'on
en croit la relation des Dialogues de Saint Gre
goire. Il a fait deux livres de la divinité du Saint
Eſprit , loüez par Saint Gregoire , dans leſquels
il n'a preſqueoublié aucune des preuves que l'on
peut tirer de l'Ecriture Sainte pour prouver la di
vinité du Saint Eſprit. Ce Traité eſt écrit avec
beaucoup de methode & de netteté. Il a été im
primé à Cologne en 1539. & inſeré dans les Bi
bliotheques des Peres : on croit que c'eſt à ce Pas
chaſe qu'Eugippe a adreſſé la Vie de Saint Se.
Verin,
JULIEN
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 657
端端 盖盖盖盖盖 非 禁
LeDiens
32 * 32992293999
JULIEN POMERE.
U LIEN Pomere né en Mauritanie , & ordon- Fulien Po
J. né Prêtre dans les Gaules , vivoit auſi ſur la mere .
fin du cinquiéme ſiecle. Il avoit compoſé un Trai
té en forme de Dialogue entre l'Evêque Julien
& le Prêtre Verus de la nature de l'ante & de
ſes qualitez , diviſé en huit livres. Dans le pre
mier il expliquoit ce que c'eſt que l'ame , & en
été faite à l'image
quel ſens il eſt dit qu'elle ila examinoit
de Dieu . Dans le ſecond ſi elle eſt
corporelle ou incorporelle. Dans le troiſiéme il
demandoit comment l'anie du premier honime a
été faite. Dans le quatriéme il agitoit cette que
ftion , ſi l'ame qui doit être miſe dans le corps ,
eit creée de nouveau & ſans peché , ou ſi elle eſt
produite par l'ame des parens, & fi venant ainſi
par propagation de l'ame du premier homme ,
elle en tire le peché originel. Le cinquiéme li
yre contenoit une recapitulation du quatrieme,
avec des queſtions & des diſtinctions ", ſçavoir
ce qu'elle eſt , la faculté ou le pouvoir de l'ame ,
& s'il dépend uniquement de la yolonté. Le fixiéine,
d'où vient le combat de la chair & de l'eſprit,
dont il eſt parlé dans Saint Paul. " Le ſeptiéme
étoit ſur la difference de la vie & de la mort , de
ܬ-
la reſurrection de la chair & de celle de l'am
Lc huitiéme expliquoit les predictions des choſes
qui doivent arriver à la fin du monde , & conte
Tome IV . Tt
658 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Julien Po- noir un éclaircillement des queſtions quc l'on pro
mere . poſe fur la relurrection. Il y avoit bien de la Diale
etique & de la Metaphyſique dans ce Traité ; il
y enſeignoic aprés Tertullien , que l'amc cſt cor
porcile .
Ce inême Auteur avoir écrit un Traité adreſſé
à un nommé Principius ſur le mépris des choſes
de ce inonde , un Ouvrage de l'inſtitution des
Vierges , trois livres de la vie contemplative &
active , & un autre Traité des vertus & des vices ,
Voilà ce qui eſt dir de cér Auteur dans les Cata
logues des Ecrivains Eccleſiaſtiques de Gennade
& d'Ifidore.
Nous n'avons plus que les trois livres de la
vic contemplative ,qui ont čié iimprincz parmi
les OEuvres de S. Proſper , ſous le nom duquel
ils ont été citez il y a plus de huit cens ans.
Mais la difference du ſtyle fait connoître qu'ils
ne ſont point de lui , & le témoignage des deux
Catalogues que nous venons de citer, nous obli
ge de les attribuer à Julien Pomere , ſous le nom
duquel ils ſe trouvent dans pluſieurs Manuſcrits.
On a déja cité il y a long-temps un ancien Manu
ſcrit de M. de Montchal Archevêque de Toulouſe.
Lc Pere Queſnel y a ajoûté un autre Manu
ſcrit de l'Abbaye de la Trappe , & nous avons
appris qu'il y en a encore un fort ancien dans la
Bibliotheque du Chapitre de Beauvais , où les
trois livres de la vie contemplative portent le nom
de Julien Pomerc leur veritable Auteur. A prés
avoir cxpliqué dans le premier livre , le bonheur
9
des Saints qui jouïſſent dans le ciel d'une par
faite contemplation de la divinité , que pas un
julte n'a cuc cn cette vic , & fait voir ladifference
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 639
qu'il ya entre la vie active & la vic contempla- Julien Po
tive, il exhorte les Evêques & les Prêtres à me- mere.
ner une vie contemplative , en s'éloignant des
affaires & des occupations du monde , pour s'ap
pliquer à l'étude de la ſainte Ecriture. Cela lui
donne occaſion d'écrire contre les Evêques qui
ne penſent qu'à augmenter leurs biens ou leuis di
ſnitez ; qui mettent leur unique bonheur à jouïr ..
des plaiſirs de ce monde , qui cherchent leur «
gloire plûtôt que celle de Jesus - CHRIST , qui
i ont plus loin de leur reputation que de leur con- .
ſcience , & qui ne mettent pas toute leur felicité ..
dans l'attente des biens de l'autre vie. Il s'excuſe co
در
ici de ce qu'il entreprend de publier les dé
reglenicns de ſes Supericurs , mais il ne laifle
pas de continuer à parler fortemepr contre les
Evêques ignorans ou vicieux , qui negligent le
ſoin de leur troupeau ; qui ne ſont point affli-
gez descrimes qu'ils voyent commettrepar «
les pecheurs , ni réjours des bonnes actions «
qui le font dans leur Dioceſe ; qui ſe met- « .
tent peu en peine du bien ou du mal; qui pofle
dez eux -mêmes de l'amour du monde , vivans
dans les delices & dans la débauche , emportez cs
d'ambition , pleins d'injuſtice , n'oferoient prê.
cher le renoncement au monde , la temperance , «
la retraite , la douceur , la charité , la juſtice , ni
les autres vertus Chrétiennes qu'ils ne pratiquer too
pas. Il montre enſuite qu'il n'eſt pas permis à un c
.
Evêque de quitter ſon Egliſe pour acquerir ſon
repos , ou pour vivre plus en liberté; qu'il doit
changer de vic, & devenir l'exemple de ſon trou- «
peau ; qu'il le doit inftruire par ſes mæurs & par «
3
les paroles ; qu'il eſt obligé de reprendre ſeve
Trij
1
660 NOUVELLE BIBLIOTHIQUE
Julien Po- rement les pecheurs. Il fait enfin le portrait d'un
mere. bon & d'un méchant Evêque , d'unbon & d'un
méchant Predicateur.
Voici celui d'un méchant Evêque. C'eſt celui
qui cherche les honneurs , les dignitez , les ri
» cheſſes , non pour être en état d'en faire un bon
uſage , mais pour vivre plus à ſon aiſe , plus ho
» noré , plus craint , plusreſpecté ; qui ne cher
che qu'à contenter les paſſions, à établir la domi
» nation , à s'enrichir , à jouïr des plaiſirs ; qui évite
» tout ce qu'il y a de penible & d'humiliant dans ſa
charge ; qui jouït de ce qu'il peut y avoir de doux
& de glorieux ; qui colere le vice ', & honore de
ſon amitié les pecheurs ; qui applaudit à leurs
crimes de peur de les offenfer. Il applique à ces
Evêques les paroles du Prophete Ezechiel chapi
» tre 34.Malheuraux Paſteurs, &c. Il adreſſe,dis-je,
„ ces paroles terribles du Prophete à ces Evêques,
qui n'ont aucun loin de leur troupeau ,qui ne ſon
» gent qu'à en tirer le lait & la laine, c'eſt- à-dire ,
les oblations & les dixmes dont ils s'enrichiſlent ;
qui ne gueriſſent point les malades , ne fortifient
» point les foibles , ne rappellent point au chemin
du ſalut les brebis égarées ; qui ne cherchent pas
en vrais Paſteurs celles qui ſe perdent,deſeſperant
de pouvoir obtenir le pardon de leurs fautes ; qui
„ ne montrent leur autorité que pour traiter leurs
ſujets avec une domination tyrannique , &c.
Voici au contraire le portrait des bons Evê
ques ; tels que la doctrine Apoſtolique les deman
- de. Ce ſont ceux qui convertiſſent les pecheurs à
1 Dieu par leur exemple & par leurpredication ; ce
» ſont ceux qui font tout avec humilité , & qui n'a
giſſent jamais avec empire ; qui traitent tous les
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 661
membres de leur troupeau avec une charité toll- «Julien
jours égale ; qui gueriſſent les plaies de leurs ſu- « Pomere.
jets malades avec des remedes doux & efficaces ;ز.
was
qui ſouffrent avec patience ceux qu'ils croyent in- «
curables ; qui dans leurs predications, ne cher
chent point leur propre gloire , mais celle des
Je sus-CHRIST ; qui n'employent pas leurs dif- c
cours & leurs actions , pour acquerir la faveur «
& les bonnes graces des hommes, mais qui reſti- «
tuënt à Dieu tout l'honneur qu'on leur rend à
cauſe qu'ils vivent & qu'ils prêchent en Evêques ;
qui fuïent les honneurs & les louanges; qui confo- «
lent les affligez , nourriſſent les pauvres, revêtent se
les nuds, rachetent les captifs , logent les étran- «
gers ; qui redreſſent les égarez , promettent le co
ſalut aux deſeſperez , augmentent l'ardeur de ceux «
qui marchent déja dans le bon chemin , preſſent
ceux qui s'arrêtent ; & qui s'acquittent enfin di- ,
gnement de toutes les fonctions de leur miniftere. «
Voilà les veritables ſucceſſeurs des Apôtres, les se
vrais Miniſtres de Jesus -ChrIST & de fon E- .
gliſe , les oracles du Saint Eſprit ; de tels Pa
ſteurs appaiſent la colere de Dieu contre le peu - a
ple , & inftruiſent le peuple de la connoiffan- «
ce de Dieu. Ils défendent la Foi de l'Egliſe par «
leurs Ecrits , & font prêts de la ſeeller de leur
ſang. Ils demeurent enfin uniquement attachez à
Dieu , dans lequel ils mettent leur unique eſpe
rance .
Voici la difference d'un bon & d'un mauvais
Predicateur. La vie d'un Predicateur de Jesus = ..
CHRIST doit répondre à ſa doctrine : il doit
prêcherparlesmaurs auſſi bien que par ſesparo- «
les ; il ne doit point ſe faire valoir en affectant de «
Tt iij
662 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Julien » dire qu'il n'eſt pas éloquent, ni niettre ſon prin
Pimere, » cipal Coin dans le tour de les expreſions. Il ne faut
point qu'il cherche à plaire au peuple , ni à s'attirer
les applaudiſſemens, mais qu'il ſonge à le toucher
» & à le convertir. Il fautqu'il pleure lui-même
» avant que de faire pleurer les auditeurs. Un dif
» cours ſimple , grave & facile , fera plus d'effet
» que des pieces d'éloquence bien étudiées & bien
ornées. Il y a bien de la difference entre un dé
clamateur & un Predicateur. Le déclamateur em
ploye toutes les forces de ſon éloquence pour
acquerir de la reputation : le Predicateur cher
che la gloire de Jesus CHRIST , en expliquant
ſa doctrine dans un diſcours ordinaire. Le décla
mateur releve de petites choſes par des mots
rares & precieux : le Piedicateur au contraire re
leve la fimplicité de ſon diſcours par la noblef
ſe & la grandeur des penſées . Le déclamateur af
fecte de cacher la difformité de ſes ſentimens par
la
pompe de ſon diſcours ; & le Predicateur adou
cit la groſſiereré de fes termes par la beauté des
ſentimens. L'un met toute ſa gloire dans l'applau
diſſement du peuple , & l'autre dans la vertu . Le
déclamateur parle d'une maniere plauſible, mais
fa déclamation n'eſt d'aucun fruit : le Predicateur
fe fert d'un diſcours ordinaire , mais il inftruit
ceux qui veulent s'y appliqiler , parce qu'il ne
corrompt pas la raiſon par l'affectation de paroî
tre éloquent.
Le ſecond livre eſt des devoirs de la vie acti
ve. L'Auteur y explique comment il faut repren
dre & ſupporter les pecheurs. Il pretend que les
plus ſaints Evêques font quelquefois obligez de
Touffrir les méchans , ſoit à cauſe qu'ils prévoyent
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES, 663
que les reprimandes & les châtimens, ne feront que Julien Pa
les endurcir , ſoit à cauſe que leurs pechez font mere.
cachez. A l'égard de ceux qui viennent les dé
couvrir eux-mêmes aux Paſteurs, comme des ma
lades , qui viennent inontrer leurs plaies aux Me
decins , qu'il faut faire en ſorte qu'ils ſoient bien
tôt gueris , & leur appliquer les remedes conve
nables, ſans les fater ni les aſſûrer qu'ils ſont grie
ris lorſqu'ils ne le ſont pas encore. Et à l'égari !
de ceux dont les crimes ſont découverts , ſans qu'ils
les veuïllent confefler ; 'que ſi l'on ne peut les gue
rit par des remedes doux , il faut y appliquer le
feu de la reprimande , & que ſi elle ne ferr de
rien , & qu'ils continuënt à vivre dans le deſordre ,
il faut les ſeparer par le glaive de l’excommuni
cation comme des membres pourris , depeur qu'ils
ne corrompere les autres par leur mauvais exem
ple ; mais que ceux dont les pechez demeurent
la
entierement cachez , n'étant découverts ni par
confeſſion des pecheurs , ni par la dépoſition des
autres , s'ils ne ſe corrigent , comme ils ont Dieu
pour témoin , ils l'auront auſſi pour être leur ven
geur . Car que leur ſert d'éviter le jugement des
hommes , puiſque s'ils demeurent dans leur pe
ché , ils ſeront condamnez à des ſupplices érer
nels , à moins qu'ils ne ſe jugent eux -mêmes , &
qu'ils ne vengent ſur eux leur peché par une pu
nition rres- ſevere : car par là ils pourront chan
ger les lupplices éternels en des peines temporel
les , & éteindre par des larmes qu’une ſincere
componction du cour fait couler , l'embraſemene
des Aammes éternelles . Qu'enfin ceux qui ſont
dans l'érat Eccle Galtique , le trompent,s'ils s'ima
ginent qu'ils peuvent demeurer dans la Commu
Tt iiij
664 Nou VEILE BIBLIOTHEQUE
Julien Po- nion de l'Egliſe , & demeurer dans leurminiſte
mere, re , parce qu'ils trompent les honīmes en cachant
leur crime, parce qu'à l'exception des pechez le
gers qu'on ne peut éviter , & pour leſquels on
demande tous les jours à Dieu dans l’Oraiſon Do
minicale qu'il nous remetre nos dettes , on doit
être exempt de crimes , qui étant commis font
condamner les hommes dans les Tribunaux. Que
ceux qui les ont commis , & n'oſent les confeffer
de peurd'être juſtement excominuniez , font une
grande faute en communiant , parce qu'ils fei
gnent devant les hommes d'être innocens &
que par un mépris inſupportable des jugemens
de Dicu , ils ont une faulle honte de s'éloigner
de l'Autel. Que ceux au contraire qui n'étant point
convaincus reconnoiſſent leur peché , & le décou
vrent par leur confeſſion , ou du moins , qui fans
le dire à perſonne , fe privent eux- mêmes de la
Communion , & s'éloignant de l'Aurel dont ils
étoient Miniſtres , non de ceur , mais par devoir ,
pleurent leur peché en ſecret , pourront ſe recon
cilier avec Dieu par la penitence, appaiſer fa co
lere , & fe rendre dignes de la cité celeſte , & de
la beatitude éternelle .
L'Auteur pafle enſuite audétachement que les
Evêques doivent avoir pour les biens de ce mon
de. Il foûtient, que ceux qui entrent dans le Cler
gé , doivent renoncer à leurs biens , les vendre &
Ics diſtribuer aux pauvres, pour ſe contenter de
ceux de l'Egliſe, qu'ils ne doivent point avoir en
propre , n'en étant proprement que les adminiſtra
teurs. Qu'ils doivent être perſuadez que lesbiens
de l'Egliſe font les væux des Fideles , le prix des
pechez, & le patrimoine des pauvres ; qu'ainſi ils
(
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 665
nedoivent pas ſe les attribuer commequelque choſe Fulien Po
qui leur foit propre , mais les diſtribuer aux pau- mere.
vres comme un dépoft qui leur appartient ; que
les Miniſtres de l'Egliſe ne les poſſedent qu'à ti
tre de pauvreté , & que s'ils ſont riches d'ail
leurs , & qu'ils vivent des biens de l'Egliſe , ils
prennent le bien des pauvres. Que ceux qui s'i
maginent que ces biens font une recompenſe des
ſervices qu'ils rendent à l'Egliſe , ſe trompent en
attendant des recompenſes temporelles d'une cho
ſe qui en merite d'éternelles. Que ceux qui ontdu
bien , bien loin de vivre aux dépens de l'Egliſe ,
doivent faire part à l'Egliſe de leurs revenus, ſans
toutefois en tirer vanité. Ces maximes , dit nô- «
tre Auteur , paroiſſent dures. Je l'avouë , ellesobſſont a
dures , mais à ceux qui ne les veulent pas er-
ver. Qu'on veuille les obſerver , rien n'eſt plus fa- «
cile , il n'y a qu'à les pratiquer , & elles devien- «
dront aiſées : car quelle difficulté y a -t-il de ſe «
paffer des biens del'Egliſe, quand on a dequoi «
vivre , ou de ſe défaire de ſon bien , quand l'Egli
ſe fournit de quoi vivre ? Voilà de belles regles ; o
mais qu'ileſt rare qu'on les mette en pratique ! Ju
lien Pomere les confirme , en faiſant voir combien
les Chrétiens , & principalement les Eccleſiaſti
22 ques, doivent mépriſer les richeſſes.
اه La derniere partie de ce livre eſt de l'abſtinen
ce & de la temperance des Eccleſiaſtiques. Il fait
voir combien cette veřtu eſt neceſſaire , & combien
l'intemperance eſt dangereuſe. Il fait conſiſter la
temperance en deux choſes , à ne manger & à ne
boire qu'autant qu'il eſt neceſſaire , & ne pas re
chercher des viandes & des liqueurs exquiſes. Il
avertit fur la fin , qu'il faut rompre le jeûne en
faveur de ſes hôtes.
666 NouveLLE BIBLIOTHEQUE
Julien Po Le dernier livre traite des vertus & des vices eri
more . particulier. Il y découvre les effets pernicieux de
l'orgueil, de la cupidité , de l'envie & de la vanité.
Il parle fort au long de la charité , des quatre prin
cipales vertus , qui ſontla prudence , la temperan
ce , la force & la juſtice. Ce livre eſt plein de de
finitions & de diviſions des vertus & des vices , de
portraits fort naturels , & de maximes tres-utiles.
Le diſcours de cér Auteur n'eſt pas relevé par
la nobleſſe des expreſſions, mais par la vivacité
& par la juſteſſe des penſées.
GENNADE .
fait lui-même
n CataloPrêtre
Gennade. GeEnnade Ouvrag,esàla
gue dedesesMarſeille fin de
ſon livre des Auteurs Eccleſiaſtiques . J'ai écrit ,
dit-il , huit livres contre toutes les herefies, fix
livres contre Neſtorius, trois livres contre Pela
ge , un Traité des mille ans , & de l'Apocalypſe de
Saint Jean ; ce Traité-ci, c'eſt - à -dire , celui des
Ecrivains Ecclefiaftiques , & un Traité de ma do
ctrine adreſſé au Pape Gelaſe. Nous n'avons plus
de lui que ces deux derniers Traitez. Il eſt inuti
le de parler ici du premier , puiſque nous l'avons
entierement copié dans ce tome. Le ſecond , inti
tulé preſentement des Dogmes Eccleſiaſtiques, a
long-temps porté le nom de Saint Auguſtin , quoi
que des Auteurs de ce ſiecle ayent remarqué
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES, 667
qu'il étoit de Gennade ,& qu'il porte ſon nom Gennade:
dans quelques anciens Manuſcrits. On peut voir
ce que nous en avons déja dit en parlant de l'ad
dition au 8. tome des OEuvres de Saint Auguſtin.
Il eſt compoſé en forme de Profeſſion de Foi ;
mais en expliquant les dogmes Catholiques il re
jetre les erreurs contraires , & nomnieceux qui
les ont ſoûrenuës. Les cinq premiers articles ſont
touchant la Trinité & l'Incarnation , les quatre
ſuivans de la Reſurrection. Il rejette dans ceux-ci
la fable des Millenaires , & les erreurs d'Origene
& de Diodore , & il ſoûtient qu'il n'y aura qu'une
ſcule reſurrection de la chair qui ſera veritable,
quoi-qu'incorruptible. Il croit que l'on peut dire
que ceux qui ſeront en vie dans le temps du Ju
gement , ne mourront pas , mais ſeront ſeulement
changez ; mais que l'on ne peut pas dire ſans er
reur
, que les tourmens des demons ou des im
pies finiront un jour. Il croit qu'il n'y a que Dieu
qui ſoit ſpirituel, que toutes les creaturesfont cor
porelles , quoi - que les creatures intellectuelles
toicnt immortelles. Il rejette l'opinion d'Orige
ne ſur la preexiſtence des ames , & celle de ceux
qui ſoûtenoient qu'elles étoient produites par pro
pagation. Il dit que Dieu les crés & les met en
temps
même temps dans le corps. !! dit qu'il n'y a que
ޚ l'ame de l'homme qui ſubſiſte ſeparément du corps,
q'e l'homme eſt compoſé delime & du corps,
mais qu'il n'y a point en lui d'autre ſubſtance. Il
rient que l'homme a été creé libre , que par le pe
ché il a perdu la vigueur de cette liberté ; niais
qu'il n'a pas entierement perdu le pouvoir de choi
fir le bien , & de fuir le inal , & de chercher ſon
lalur , parce que Diču lavertit , l'excite & l'invite
668 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Gennade. à le faire. Qu'ainſi le commencement du ſalut de
l'homme , vient de la liberté aidée de la grace ,
parce qu'il peut librement acquieſcer à ſon infpi
ration ; mais que c'eſt un don de Dieu , de venir
à bout de ce qu'on deſire, qu'il dépend & de nô
tre travail & du fecours de Dieu de ne pas déchoir
de l'état de grace , & que quand nous tombons ,
nous devons attribuer notre chûte à nôtre negli
gence & à nôtre mauvaiſe volonté .
Il paſſe enſuite aux Sacremens. Il n'y a qu'un
Baptême , il ne faut point rebaptizer ceux qui ont
été baptizez par des Heretiques, en invoquant le
nom de la Trinité ; mais il faut baptizer ceux qui
n'ont point été baptizez au nom de la Trinité ,
parce qu'un tel Baptême n'eſt pas veritable. Il ne
louë ni ne blâme la pratique de ceux qui com
munient tous les jours ; mais il exhorte & il re
commande de communier tous les Dimanches ,
pouryû que l'on n'ait point d'attache au peché :
Car ceux qui ont de l'attache au peché , font plû
tôt chargez que purifiez par la Communion ; mais
que celui qui ne ſentplus devolonté de pecher,
peut s'approcher de l'Eucariſtie, quoi qu'ilait pe
ché ; ce qui s'entend , dit-il , de celui qui n'a point
commis de pechez capitaux & mortels. Car qui
conque a commis de ces pechez aprés le Baptême,
je l’exhorte à ſatisfaire par une penitence publique ,
& à revenir à la Communion de l'Egliſe par la
fentence du Prêtre , s'il ne veut pas recevoir fa
condamnation en recevant l'Eucariſtie. Ce n'eſt
pas que je nic que les pechez mortels ne puiſſent
être remis par une penitence fecrette ; mais c'eſt
en changeant d'habit & de vie par une triſteſſe con
tinuelle , & cn ne communiant que quand on
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 669
vit tout autrement qu'on n'avoit vécu. Gennade.
La penitence veritable eſt de ne plus commet
die tre cedont on s'elt repenti , & la vraie ſatisfa
ܕܐ. ction conſiſte à couper la racine des pechez., &
à ne pas donner occaſion aux tentations,.
Dans le 25. article , il declare que nous ne de
vons rien eſperer de terreſtre dans la beatitude
& que le regne de mille ans eſt une chimere .
Les autres articles font des explications des pre
cedens , ou concernent la diſcipline. Il parle en
core de la grace & de la liberté dans le 26. où
invidit,
il que perſonne ne rend au ſalut qu'il n'y ſoit
té qu
; e nul de ceux qui ſont invitez , n'y par
Test
vient ſans le ſecours de Dicu ; que perſonne n'ob
tient ce ſecours qu'il ne le demande ; que Dieu ne
veut point que perſonne periſle ; qu'il le permet
ſeulement pour ne pas blefler la liberté de l'hom
me. Il ajoûre dans le 27. & dans les ſuivans, que
Dieu n'a pointcreé le peché; que les hommes lc
commettent
i par leur liberté ; que cela fait con
noître qu'il n'y a que Dieu qui ſoit immuable ; que
les Anges ont volontairement perſeveré dans le
bien ; quel'uſage du mariage eit bon , quand ila
pour fin d'avoir des enfans , ou d'éviter la for
C:
nicati on ; que le celibat, quand on le garde dans
la vûë de ſervir Dieu , eſt un état tres - avanra
geux , & quel'état desVierges eſt le plus excel
lent ; que l'on peut manger de toutes ſortes de
20 viandes , mais qu'il eſt bon de s'abſtenir de quel
COM
& de garder la temperance ; qu'il faut.
pur croire que Marie Mere de Dieu eſt toûjours de
Tis meurée vierge ; qu'il ne faut pas s'imaginer qu'au
jour du Jugement les elemens ſeront détruits ,
qu'ils ſeront ſeulement changez ; que la reſurre
670 Nou VELLE BIBLIOTHEQU L
Gennade, ction n'ôtera pas entierement la difference des
deux ſexes ; que les ames des juftes vont au ciel
au fortir du corps , & qu'ils y attendent la beati
tude parfaite , & que celles des méchans font re
tenues dans les enfers, où elles attendent les fup
plices ; que la chair de l'homme n'eſt pas d'une
mauvaiſe nacure ; que le diable ne connoît point
les penſées ſecrettes des hommes , qu'il les conje
cture ſeulement par les mouvemens du corps ;
qu'il n'eſtpas toûjours l'auteur des mauvaiſes pen
lées, quoi-que Dieu le ſoit toûjours des bonnes ;
qu'il n'entre pas dans notre ane , mais qu'il s'y
unit & s'y joint ; que les ſignes & les prodiges
que font les méchans, ne les rendent point plus
faints ni meilleurs ; qu'il n'y a point de juſte qui
ne peche , mais qu'il ne cefle pas pour cela d'être
juſte ; que perſonne ne peur être ſauvé , s'il n'eſt
baptizé ; que les Catecumenes ſont exclus de la
vie éternelle , s'ils ne ſont martyriſez , parce que
tous les myſteres du Baptême s'accompliflent dans
le martyre. Celui que I'on doit baptizer, fait pro
feſſion de Foi en Jesus -CHRIST devant ſon
Evêque; celui qu'on doit martyriſer , la fait de
vant ſon perſecureur. Aprés cette confeßion , le
Catecumene eft ou plongé dans l'eau , ou baigné
d'eau ; le Martyr eſt ou baigné de ſon ſang , ou
jerté dans le feu. Le Baptizé reçoit le Saint Eſprit
par l'impoſition des nains de l'Evêque , & le
Martyr devient l'inſtrument du Saint Eſprit, qui
agic & qui parle en lui. Le Baptizé communie &
fait memoire de la mort de Jesus -CHRIST en
recevant l’Eucariſtie ; le Martyr meurt avec Jesus
CHRIST . Le Baptizé renonce au monde, le Mar
tyr renonce à la vie. Tous les pechez ſont remis
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 671
au Baptizé , & ils fonc éteints dans le martyre. Gennade,
Voilà une comparaiſon , que nous avons crû digne
- d'être rapportée toute au long. Revenons aux au
tres articles de Gennade . Ceux dont nous n'avons
point encore parlé, concernent preſque tous la di
Icipline ou la morale ; que lapenitence peut re
mettre les pechez , même à ceux qui attendent à
la faire qu'ils ſoient à l'article de la mort; que
l'on ne doit point offrir dans l’Eucariſtic de l'eau
4
pure, mais du vin mêlé d'eau ; qu'il faut honorer
les Reliques des Saints , & qu'il eſt bon d'aller
dans les Egliſes qui portent leurs noms , comme
dans des lieux deſtinez pour prier Dieu ; qu'il ne
faut point ordonner les bigames , ni ceux qui ont
eu une concubine , cu épouſé une veuve , ou une
femme de mauvaiſe vie , ni ceux qui ſe ſont mu
tilez , ni ceux qui ont été uſuriers ou comedicns ,
ni ceux qui ontfait penitence publique , ni ceux
qui ont été attaquez de folic , ou de poſfellion ,
ni ceux qui ont voulu donner de l'argent pour êire
ordonnez. Que les Eccleſiaſtiques peuvent conſer
ver leur bien pour en diſtribuerlerevenu aux pau
vres , mais qu'il vaut mieux le leur donner entie
rement ; qu'on ne peut pas celebrer la Fête de Pâ
que avantque l’Equinoxe du printemps ſoir paſlė,
& que le quatorziéme de la Lune ſoit expiré.
Voilà tous les articles contenus dans ce Traité
de Gennade. Il y a plus d'erudition que de juge
ment dans cet ouvrage : car Gennade y avance des
fentimens erronez , y debite deſimples opinions
comme des dogmes de Foi ,& y condamne des fen
timens Catholiques. Ce Traité de Gennade , &
le livre des Ecrivains Eccleſiaſtiques font voir qu'il
n'étoit pas dans les ſentimens de Saint Auguſtin
672 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Gennade ſur la grace & ſur le libre arbitre , mais dans ceux de
Fauſte deRiés, & qu'il approuvoit le ſentiment de
celui- ci ſur la naturede l'ame, & de toutes les crea
tures. Son ſtyle eſt ſimple , clair, net & pur. J'ou
bliois à remarquer qu'il a ajoûté aux Traitez des
Herelies de S. Auguſtin quatre nouvelles hereſies ,
ſçavoir , des Predeſtinatiens, des Neſtoriens , des
Eutychiens & des Timothéens. Cette addition fe
trouve ſous le nom de Gennade dans un MS . de la
Bibliotheque de S. Victor , à la fin du livre de S.
Auguſtin , & Hincmar, le cite ſous le nom de cét:
Auteur .
. 2020
NEMESIUS ,
ÆNE AS G A Z Æ U S.
Neme- 0.161 deux Philoſophes Chrétiens , qui
fius , A. ont apparemment vécu ſur la fin du cinquić
neas Ga- me ſiecle.
Zens. Le premier eſt Nemeſius, à qui l'on donne la
qualitéd'Evêque d'Emeſe. Il a fait un Traité de la
nature de l'homme, diviſé en quarante- cinq cha
pitres , que quelques-uns ontattribué à Saint Gre
goire de Nyſle. Il y refure les Manichéens , les
Apollinariſtes & les Eunomiens ; mais il y établit
les ſentimens d'Origene ſur la préexiſtence des
ames. Cc Traité eſt plein de reflexions & de di
viſions generales & metaphyſiques , qui font de
peu d’ulage pour faire bien connoître la nature de
l'homme
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES, 773
Ihommeen particulier. Il foûtient que les An- Neme
ges ſont ſpirituels , & laiſſe un'e liberté entiere à la fius, A:
nature humaine, Ce Traité a été d'abord traduit neas Ga
par Valla s dont la verſion a été imprimée eni Zeusi
.
ifofofoefoefoefoefo ofoifeofeofeffools
WWW
M / TMS
GELASE DE CYZIQUE
Gelare A Preface de l'Hiſtoire du Concile de Nicée , 1
Vu ij
676 NouveLLE BIBLIOTHEQUE
CE
L'AUTEUR DES LIVRES
attribuez à Saint Denys
l'Arcopagite.
L’A" . Ib.efttemp
teur des
s de parleriçideslivresattribuezà
Saint Denys l'Areopagite : car ayant paru au
livres at- commencement du fixiéme ſiecle , ils ont pû être
tribuez à compoſez vers la fin du cinquiéme. Nous ne
1
S. Denys fepéterons point içi ce que nous en avons dit dans
l'Areopa. le premier tome de cette Bibliotheque , & nous
gite. nous contenterons de remarquer ce qu'ils con
tiennent de plus utile.
Le livre de la Hierarchie celeſte eſt plein de
reflexions metaphyſiques ſur le nombre & la dif
tinction des Anges. " Il les diviſe en trois Hic
farchies & en neuf Ordres, à qui il donne des noms
& des offices differens. Mais tout ce qu'il en dit ,
n'a ni utilité ni ſolidité,
Le livre de la Hierarchie Eccleſiaſtique eſt plus
utile , parce que l'on y apprend de quelle manie
re les Sacremens s'adminiſtroient dans l'Egliſe au
temps de cét Auteur. Commençons par le Ba
ptême. L'Evêque ayant prêché & inftruit le Ca
tecumene , il le fait venir dans l'aſſemblée des
Fideles , où il recite avec toute l'Egliſe un Can
rique tiré de l'Ecriture Sainte , & ayant baiſe la
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 677
table ſacrée , il ya trouver ce Catecumene , & lui L'Alla
demande pourquoi il eſt venu. Celui- ci lui ayant teur des
répondu que c'eſt parce qu'il aime Dieu , & qu'il livres ar
eſt perſuadé des veritez qu'il a appriſes de lui , tribuez, då
l'Evêque lui fait un portrait de la vie Chrétienne, S. Denys
& lui demande s'il veut vivre de cette maniere. l'Areopa
RE Aprés qu'il l'a promis , il lui impoſe les mains , & gite .
fait ſigne aux Prêcres d'écrire lenom de cet homme,
5 & celui de la perſonne qui répond pour lui . Quand
cela eſt fait , il continuë à reciter les prieres fa
crées ; quand elles ſont achevées , il le fait dé
pouïller par ſes Miniſtres , & l'ayant fait tourner,
& tendre les mains vers l'Occident , il lui ordon
cunha
ne de ſouffler par trois fois contre Satan , & lui
per fait faire par trois fois les renonciations ordinai .
res. Il le mene enſuite à l'Orient , & lui faiſant
Na
élever les mains vers le ciel , lui enjoint de faire
Esc
profeſſion qu'il croit tout ce que Jes u s -CHRIST
;, !! à enſeigné, & tout ce qui eſt dans les livres di
vins. Cela étant fait , il lui fait reciter par trois
fois la Profeſſion de Foi ; il fait enſuite des prie
res , lc benit , & lui impofe les mains . Alors les
el Miniſtres le dépouillent entierement , & les Pre
ros tres apportent l'huile de l'onction ſacrée , & l'E
vêque ayant commencé à l'oindre en faiſant ſur
lui trois ſignes de croix , il le laiſſe oindre par tout
le
corps par les Prêtres . De là il le fait venir aux
q ܬ. Fonts fäcrez , & aprés avoir ſanctifié les eaux par
l'invocation du Saint Eſprit, aprés les avoir con
ſacrées en y mettant de l'huile facrée en forme de
croix par trois fois , pendant qu'on recite des Pro
be
pheries , il commande qu'on faſſe venir celui qui
doit être baptizé. Les Prêtres l'appellent par ſon
al nom , lui & ſon parrein. On le mene à l'Evêque,
V u iij
678 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
L’An qui le prend par la main , & les Prêtres ayang
teur des encore lû ſon nom , il le plonge trois fois dans
livres at- l'eau , & inyoque en mêmetemps le nom des trois
tribuez à Perſonnes divines, à chaque fois qu'il entre &
S. Denys qu'il ſort de l'eau. Quand cela eſt fait , les Pre
l'Arcopa- tres le retirent & le menent à lon parrein. Aprés
gite. qu'il eſt habillé, on le conduit encore à l'Evêque,
qui l'ayant encore oint de cette huile qui rend les
þommes divins , lui dit de participer à l’Euca
riſtie, qui a une vertu particuliere pour perfe
ctionner la ſainteté.
Voilà comme cét Auteur décrit les ceremonies
du Baptême. Il fait enſuite là -deſſus des reflexions
myſtiques, quenous paſſerons pour venir àce qu'il
dit del'Eucariſtie , qu'il appelle le plus parfait de
tous les Sacremens. Il dit qu'on a eu raiſon de lui
donner le nom de Communion par excellence
parce que c'eſt ce Sacrement qui unitplus parti
culierement , & que c'eſt pour cela qu'il n'eſt pas
permis de faire preſque aucune fonction Hierar
chique , qu'elle ne ſoit conſommée par la Coma
munion. Aprés cette reflexion il revient à l'or
dre de la ceremonie , & il dit , que l'Evêque étant
retourné à l'Aurel , chante des Pſaumes, & que
tout le Clergé les chante ayec lui. Qu'enſuite les
Miniſtres font la lecture des livres faints. Que
cette lecture achevée , l'on chaſſe les Catecume
nes , les Energumens & les Penitens, & qu'on ne
laiſſe dans l'Egliſe que ceux qui ſont dignes de re
garder les ſaints Myſteres & de communier. Que
quelques Miniſtres demeurent aux portes de l'E
gliſe qui font fermées, & quc les autres ſont em
ployez dans l'Egliſe ; que les premiers& les plus
conſiderables des Miniſtres portent à l'Autel avec
DIS AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 679
les Prêtres le pain & le calice , aprés que tous les L'Ana
Eccleſiaſtiques ont chanté les louanges de Dieu ; teur des
que l'Evêque fait les prieres ſacrées avec eux , & livres at
annonce la paix à tous les Fideles , qui ſe ſaluënt tribuez à
mutuellement ; qu'enſuite on recite le Sanctus , S. Denys
&c. Qu'aprés que les Prêtres & l'Evêque ont la- l'Areopae
vé leurs mains , l'Evêque vient ſeul au milieu de gire.
l'Autel, ayant autour de ſoi les Prêtres & quel
ques-uns des Miniſtres , & qu'alors aprés avoir
loué les ouvrages de Dieu , il conſomme ces My
ſteres tout divins , & met devant les yeux lescho
fes qu'ils avoient louées , quand on mit ſur l'Au
tel les lignes. Ayant donc montré ces dons ſa
crez & divins , il communie , & invite les autres à
communier. La Communion eſt ſuivie d'actions
de graces.
Le Sacrement de l'On & ion approchede celui
de l'Eucariſtie, & de même que l'on chaſſe les or
dres des moins parfaits. pendant la confecration
de l'Eucariſtie , de même quand l'Evêque conſacre
l'huile , le Temple eſt parfumé d'odeurs. & d'en
cens, & aprés qu'on a recité des Pſeaumes , & lù
des livres ſacrez , l'Evêque prend l'huile , & la
$
mer ſur l'Autel, & pendant que l'on chante des
Cantiques des Prophetes , il achevc les, ceremo
nies de la confecration. Il s'en ſert enſuite preſque
dans toutes les fonctions Pontificales.
Des Sacremens, il vient aux Ordres de la Hie
rarchic Eccleſiaſtique. Celuides Evêques eſt le pre
mier & le ſouverain , c'eſt à lui ſeuf qu'il appare
tient de donner les Ordres , & de conſacrer l'hui
le. Les Prêtres ſont follmis aux Evêques ; mais ils
participent aux fonctions facerdotales & ont
leurs fonctions particulieres. Ils font voir les ef
V u iiij
of
680 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
L’Ay fets de la puiſſance divine dans les ſaints ſignes
teur des & Sacremens , qu'ils montrent à ceux qui s'en ap
livres at- prochent, & les font participer aux ſacrez My
tribuer à ſteres & à la ſainte Communion. L'Ordre des Mi
S. Denys niſtres eſt pour expier & pour faire le diſcerne
l'Arcopa- ment des perſonnes qui doivent s'approcher des
gite, Myſteres.
Voici quelles ſont les ceremonies de l’Ordina
țion. L'Evêque ſe met devant l'Autel à deux ge
noux , on luimet ſur la tête les livres facrez , &
l'Evêque lui impoſe les mains , & le conſacre ainfi
en prononçant des prieres . Quand on conſacre un
Prêtre, il eſt à deux genoux devant l'Autel , &
l'Evêque lui impoſe la main droite en faiſant des
prieres. Les Miniſtres ne flêchiſſent qu'un genouil
devant l'Autel , & pendant cela l'Evêque leur im
poſe les mains &les conſacre ainfi avec les prie
res ordinaires, On fait auſſi le ligne de la Croix
ſur chacun , on leur fait une inſtruction , & on fi
nit en leur donnant le baiſer de paix qu'ils reçoi
vent de l'Evêque & dę tout le Clerge. Ainſi les
Evêques, les Prêtres & les Miniſtres ont de com
mun dans leur Ordination , d'être devant l'Autel ,
de flechir le genouil , de recevoir l'impoſition de
1
DES CONCILES
Tenus depuis l'an 430. juſqu'à
la fin du V. ſiecle.
HISTOIRE DU I. CONCILE
D'EPHESE ,
ET
ar!
eſt reſſuſcité des morts , & eft monté aux cicux.
Epe
i-cut Il dit qu'il faut s'arrêter à cette deciſion , & croire
que le Verbe de Dieu s'eſt incarné & s'eſt fait
ونی
homme ; qu'il ne dit pas que la nature du Verbe
à 210
ſe ſoit changée en chair , ou la chair en la na
rure du Verbe ; mais que le verbe a été uni par
Oslo
une union hypoſtatique à la nature humaine
HOIR
en ſorte que le même Jesus-Christ eſt Fils
de Dieu & Fils de l'homme , fans toutefois quc
" Live a
les natures ſoient confonduës ; que l'on ne doit
CTAE point dire que la Vierge air mis un homme au
pios
monde , dans lequel la divinité ſoit depuis def
Cenduë ; mais qu'au moment de la conception la
parce ! divinité a écé unie à l'humanité , en ſorte qu'on
X peut dire que Dieu eſt né ſelon la chair ; qu'on
doit dire dans le même ſens qu'il a ſouffert , &
qu'il eſt mort , non que le Veibe ait ſouffert en
ti lui, mais parce que le corps qu'il a pris , a ſouf
Se fert , & a été mis dans le fepulcre. Enfin , que
Toine IV . Xx
690 NouveLLE BIBLIOTHEQUI
Hiſtoire c'eſt en ce ſens que l'on dic que la Vierge eft
dul.Con- Mere de Dieu , parce qu'elle a mis au monde le
cile d'E- corps de Jesus-CHRIST, auquel la divinité
pheſe. eſt hypoſtatiquement unie. Saint Cyrille s'étant
ainſi expliqué, exhorte Neſtorius à embraſſer ces
ſentimens, afin de conſerver la paix de l'Egliſe &
la concorde entre les Evêques.
P. I. c . 9 . Certe lettre fit éclater entierement la diſpute.
Neitorius s'en trouva fort offenſe , & y fic
fe , en accuſant Saint Cyrille , de donner un mau
vais fens aux paroles du Concile de Nicée , &
d'avancer pluſieurs erreurs. Il dit qu'il explique
mal le Concile de Nicée , parce que ce Concile
!
ne dit pas du Verbe qu'il ſoit né , qu'il ait fouf
fert, & qu'il ſoit mort , mais de notre Seigneur
Je su s -CHRIST Fils unique de Dieu ; termes
qui conviennent également à l'humanité & à la
divinité . Il louë Saint Cyrille d'avoir reconnu la
diſtinction des deux natures en JESUS -CHRIST ;
mais il l'accuſe de ruiner dans la ſuite cette verité,
& de rendre la divinité pallible & mortelle . Il
avouë que les deux natures font unics , mais il foú
tient qu'on ne peut pas à cauſe de cette union attri
buer à l'une des deux des qualitez qui n'appartien
nent qu'à l'autre , & il prerend quetoutes les fois que
l'Ecriture Sainte parle de la paſſion & de la mort
JE s U S -CHRIST , elle l'attribuë à la nature hu
maine , & jamais à la divinité. Enfin , il l'avertit
qu'ila étéſurpris par des Eccleſiaſtiques infectez
de l'hereſie des Manichéens qui étoient à Con
ſtantinople , & qui avoient pour cela été dépo .
de
ſez dans un Syno .
Ce fut alors que les partiſans de Neftorius fi
rent paroître l'Ecrit que Photius avoir fait con
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 691
tre la lettre de Saint Cyrille aux Moines, avec une Hiſtoire
autre piece qui portoit pour titre , Contre ceux qui du 1.Con
à cauſe de l'union abaiſſent la divinité du Fils , cile d'E.
ou deifient l'humanité. Ces Ecrits furent envoyez phefe.
à S. Cyrille par Buphas Martyrius Diacre d'A
lexandrie , & Agent de Saint Cyrille à Conſtanti
nople.
Neanmoins le Prêtre Anaſtaſe faiſoit ſemblant
de ne pas tout-à -fait deſapprouver la lettre de
Saint Cyrille aux Moines , & diſoit pour raiſon ,
qu'il avoüoit dans cette lettre , qu'aucun Concile
n'avoit fait mention du terme de Mere de Dieu.
Saint Cyrille ayant eu peur que ceux de ſon par
ti, qui étoient à Conſtantinople , ne ſe laiſſaflent Aët.1.p. c.
ſurprendre par cet artifice , leur écrivit une gran- 12 .
de lettre ſur ce ſujet , dans laquelle il s'efforce de
leur prouver que Neſtorius & les partiſans divi
ſent Jesus -CHRIST en deux perſonnes. Il
leur conſeille de dire à ceux qui les accuſent de
troubler l'Egliſe , & de ne pas obeïr à leur Evê
que , que c'eſt leur Evêque qui eſt cauſe du trou
ble & du ſcandalc, parce qu'il enſeigne des cho
ſes inouïes. Il ſe plaint enſuite de la maniere dont
il en agit envers lui, & des calomnies dont il
ſe ſert pour le noircir . Il dit qu'il eſt preſt de :
ſe défendre en Jigement , mais qu'il n'aura point
Neftorius pour juge ; qu'il ne s'éloigne pas de la
paix , pourvû qu'on merre la Foi Orthodoxe à
couvert. Il mande enfin qu'il leur renvoye la Re-.
quefte qu'ils lui avoient envoyée, mais qu'il l'a
changée& adoucie,de peur que Neſtorius ne diſe
qu'il l'avoit accuſé d'hereſie devantl’E »pereur; que
dans celle qu'il avoit dreſſée , il reculoir Nefto
rius comme étant ſon ennemi. Il les prie de pre
Xx ij
)
692 NOUVELLE BIBLIOTHIQUE
Hiſtoire fenter cette Requête , s'il en eſt beſoin , & il dit ,
dų 1.Con- que fi Neſtorius continuë à le perſecuter , il en
cile d'E- voyera des perſonnes ſages & prudentes pour dé
pheſe. fendre la cauſe & celle de l'Egliſe , étant refolu
de tout ſouffrir , plûtôt que de l'abandonner. Il
p. 1. c. 10. écrivit auſſi en même temps deux lettres pour fe
II .
juſtifier de ce qu'il avoit entrepris cette affaire con
tre Neftorius , parce qu'il s'étoit crû obligé de le
faire pour la défenſe de la Foi. Il dit que ce n'eſt
pas lui , mais Neſtorius , qui a été cauſe du trou
ble , & qu'il ne tient pas à lui,mais à Neſtorius,
que la paix ne ſoit rétablie.
p.1.6.17 Neſtorius ne recevant point de réponſe du Pa
pe Celeſtin , lui écrivit une ſeconde lettre , dans
laquelle ille preſſe de lui faire réponſe fur l'af
faire des Evêques, dont il lui avoit écrit . Il lui
parle encore de ces pretendus Heretiques , qui con
fondoient les deux natures en Jesus-CHRIST
& attribuoient à l'humanité ce qui ne convient
qu'à la nature divine , & à la nature divine ce
qui ne peut convenir qu'à la nature humaine.
Cerre lettre fut portée à Rome par le Comte Va
lerius .
Celeſtin n'avoit pas fait réponſe à la premiere
lettre de Ncſtorius, parce qu'il avoit falu tradui.
re & examiner les Sermons qu'il avoit envoyez.
C'étoit apparemment Caffien que l'on avoit chargé
de le faire ; & en effet , les livres de cet Auteur
contre Neftorius furent faits en ce temps- ci , &
ſont écrits , comme nous avons remarqué, contre
un des premiers Sermons deNeſtorius. Saint Cy
rille qui ſe doutoit queNeſtorius pouvoit avoir écrit
à Rome , y envoya Poſidonius avec une lettre ,
P. I. c . 14 . dans laquelle il cxpofoit tout ce qui s'étoit paſlė
DES AuteurS ECCLESIASTIQUES, 693
juſqu'alors touchant l'affaire de Ncſtorius. Sur la Hiſtoire
fin de la lettre , il marquoit à Celeſtin qu'il atten- du 1.Con
doit ſon Jugement, pour accorder à Neſtorius la cile d'E
Communion qu'il ne lui avoit pas voulu encore pheſe.
accorder , ou pour la lui refuſer tout- à- fait. Il
l'exhorte enfin , à faire connoître ſon avis en
Orient , afin que toutes les Egliſes s’uniſient &
conviennent dans une même doctrine.
Il envoya avec cette lettre des cahiers , qui
contenoient les principaux chefs de la doctrine de
Neftorius. Il donna outre cela un Memoire in
ſtructif à Pollidonius , qui a été donnéau public
par M. Baluze , dans lequel il expoſe la doctri Nov. Coll.
ne de Neftorius en cette forte, La doctrine , ou Conc. tom .
plûtôt l’hereſie de Neftorius , eſt de croire , que le
1. P. 378 .
Verbe de Dieu ayant prévû , que celui qui naîtroit
de Marie, ſeroit ſaint & grand, l'a à cauſe de cela
choiſi pour le faire naître d'une Vierge , & lui a
donnédes graces , par leſquelles il a merité d'être
appelléle fils de Dieu , leSeigneur & le Chriſt ;
que c'eſt ce quil'a fait mourir pournous, & qu'il l'a
enſuite refluſcité ; que ce Verbe s'eſt incarné , parce
qu'il a toûjours été avec cét homme , comme il a
auſſi été avec les Prophetes , mais d'une maniere
plus particuliere. QueNeſtorius avouë qu'il a été
avec lui dans le ventre de la Vierge , mais qu'il n'a
youë
pas qu'il ſoit Dieu naturellement ; زmais qu'il
dit qu'il a étéainſi appellé à cauſe de labonne volon
ré que Dieu a cuë pour lui , & que c'eſt l'homme qui
cft mort , & qui eſt reſſuſcité. Voilà de quelle ma
niere Saint Cyrille expoſe la doctrine de Nefto
rius ; & voici comme il explique la ſienne. Nous
confeflons que le Verbe de Dieu eſt immortel, &
la vie même ; mais nous croyons qu'il s'eſt fait
Xx iij
694 NOUVELLE BIBLIOTHEQU
E
Hiſtoire chair , & que s'étant uni avec une chair animée d'un
du I.Con- ame raiſonnable , il a ſouffert en ſa chair , com
cile d'E- me il eſt dit dans l'Ecriture : & parce que ſon
phefc. corps a ſouffert, on dit qu'il a aufliſouffett , quoi
qu'il ſoit d'une nature impáſlible ; & parce que
ſon corps eſt reſſuſcité, on dit qu'il eſt refluſcité.
Mais Neftorius n'eſt pas de cet avis : car il dit ,
que c'eſt l'homme qui eft reſluſcité , &que c'eſt
le corps de l'homme qui nous eſt propoſe dans les
faints Myſteres. Nous croyons au contraire, que
c'eſt la chair & le ſangdu Verbe qui verifie tou
tes choſes. Il dit enſuite , que Neſtorius avoit
ſuſcité Celeftius pour accufer Philippe d'être Ma
nichéen ; mais que Celeſtius n'ayant oſé paroître,
Neſtorius avoit cherché un autre pretexte , & dé
poſé Philippe , pour avoir celebré l'Oblation dans
fa maiſon, quoi que tout le Clergé de Conſtan
tinople dît , que c'étoit une choſe aſſez ordinaire
de le faire, quand l'occaſion s'en preſentoit .
Porfidonius partit pour Rome avec ces inftru
ctions; mais il avoit ordre de ne point donner la
lettre de Saint Cyrille au Pape , qu'il n'euſt ap
pris que la lettre de Neſtorius lui avoir été renduë.
Avant que Poſſidonius fût arrivé à Rome , S.
I. p. 6. 22 . Cyrille écrivit à Acace de Berée , que ſon ami
Neſtorius avoit fcandalizé toute l'Egliſe, en ſouf
frant que Dorothée niât que la Vierge éroit Mere
de Dieu , & en appuyant cette doctrine. Que parce
qu'il n'avoit pasvoulu autoriſer cette erreur, Neſto
rius s'étoit declaré contre lui, & rempliſſoit le mon
de de calomnies contre fa reputation. Il témoigne
à Acace qu'il a regret que l'on ait remué cette que.
ition fubtile & difficile , & qu'on en ait imbù le
peuple , qu'on devoit plâtôt inſtruire par des Dife
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 695
cours de inorale. Acace répondit qu'il approu- Hiſtoire
voit ce Jugement de Saint Cyrille , & qu'il étoit du 1.Con
perſuadé auſſi bien que lui, qu'ilnefaloit point cile d'E
diſputer ſur ces choſes; mais il lui conſeille de ne pheſe.
pas relever avec tant de chaleur un mot qui avoit ibid. c. 23.
échapé à Dorochée , de peur d'exciter de grands
troubles dans l'Egliſe , & le prie d'aſſoupir cette
querelle par ſon ſilence , l'avertiſſant que c'eſt aulli
le ſentiment de Jean d'Antioche.
Potlidonius étant arrivé à Rome, le Pape Saint
Celeſtin qui avoit reçû les inſtructions de part &
d'autre , aſſembla un Concile au mois d'Aouft de
l'an 430. dans lequel aprés que l'on eût lû &
cxaminé les Ecrits de Neſtorius , ſes lettres , &
celles de Saint Cyrille , on delapprouva la do
ctrine de Neſtorius , & on approuva celle de Saint
Cyrille. Nous avons un Fragment des Actes de
ce Concile , rapporté dans la Conference d’Arno
be avec Serapion , qui contient une partie de l'a
vis de Saint Celeſtin , où ſont citez des paſſages
de Saint Ambroiſe , de Saint Hilaire & de Da
maſe, pour prouver que l'on peut dire , que le Fils
de Dieu eſt né d'une Vierge , que Dieu s'eſt fait
homme , & qu'il n'y a qu'un Fils de Dieu. On
ne jugea pas à propos dansce Concile de condamner
Neftorius ſur le champ; on ordonna qu'on lui fi
gnifieroit, que fi dix jours aprés la fignification de
cette ſentence , il ne condamnoit la nouvelle do
ctrine qu'il avoit introduite , & qu'il n'approu
vât celle de l'Egliſe de Rome , de l'Egliſe d'Ale
xandrie & de toute l'Egliſe Catholique , il ſeroit
dépoſé , & privé de la Communion de l'Egliſe:
& on declara auſſi , que tous les Clercs & les Laï
ques , qui s'étoient ſeparez de Neſtorius depuis
Xx iiij
696 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire qu'il enfeignoir cette doctrine , n'étoient point
du I.Con- excommuniez .
cile d'E En exccution de ce qui avoit été ordonné dans
phese. ce Synode , le Pape Celeftin écrivit à Saint Cy
rille , & par fa lettre lui donna la commiſſion d'exc
cuter pour lui, comme ayant ſon autorité , & en
fa place , la ſentence portée contre Neftorius. Il
Act.Cone. écrivit auſſi une lettreà Neftorius , dans laquelle il
P;!; C. 5; combat fa doctrine , l'avertit que les Evêques , dont
Ibid. c.18. illui aparlé dans la lettre , ſont des Pelagiens con
damnez, qui'ne veulent pas reconnoître le peché ori
ginel , &lui fait ſçavoir le Jugement qui a étérendu
contre lui , lui declarane en même temps , qu'il a
commis Saint Cyrille pour l'executer en ſon nom,
Il fit aulli ſçavoir ce Jugement au Clergé de
ibid. 6. 19. Conſtantinople , & aux Evêques des principaux
Sieges, comme à Jean d'Antioche, à Juvenal de
Jeruſalem , à Rufus de Theſſalonique & à Flavien
Ibid.c. 20. de Philippopole, à qui il envoya une lettre circulai
re . Ces lettres ſont datées du 17. Aquit de l'an 430.
Saint Cyrille avant que de rien entreprendre
contre Neſtorius, écrivit à Jean d'Antioche & à
Jean de Jeruſalem ,de quelle maniere la choſe s'é
toit paſſée en Occident, & les exhorta à fe join.
ibid.24c.. 25. dre avec lui pour faire changer Neftorius , ou pour
faire executer le Jugement porté par les Evêques
d'Occident contre lui , s'il perſiſtoit,
Jean d'Antioche ayant reçû les lettres de Ce
leſtin & de Saint Cyrille , & les ayant communi
quées à fix Evêques qui ſe trouverent alors auprés
de lui ,dont Theodoret étoit , prévoyant le trouble
qu'alloit exciter Neftorius , l'exhorta par une lettre
qu'il lui écrivit , en lui donnant toutes ſortes de
marques d'amitié, à ne pas s'étonner des lettres de
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 697
S. Celeſtin & de S. Cyrille , mais auſli à ne pas Hiſtoire
negliger cette affaire ; & lui conſeilla de ne pas de l.Con
refuſer de recevoir le terme de Mere de Dieu , cile d'E .
dont pluſieurs Saints s'étoient déja ſervis, d'autant phefe.
plus que cette diſpute avoit déja excité un grand ibid. c. 15,
trouble dans l'Eglife, & étoit prête d'en cxciter
encore un plus grand , parce qu'il voyoit bien ,
que l'Occident, l'Egypte , & peut-être la Mace
ſi on
doine , étoient en diſpoſition de ſe ſeparer ,
ne les contentoit là -deſſus. Qu'autiefois Theo
dore de Mopſuefte avoit retracté une façon de
parler , dont il s'étoit ſervi publiquement, pour
ne pas donner un ſujet de ſcandale. Enfin , il dit
qu'il ne l'invite pas à une palinodie honteuſe ; mais
qu'ayant fçû que pluſieurs perſonnes lui avoient
our dire , qu'il ne rejettoit pas le bon ſens que l'on
pouvoit donner à ce terme de Mere de Dieu , &
qu'il l'appelleroit volontiersdece nom , ſi des per
ſonnes d'autorité dans l'Egliſe étoient de cet avis,
il l'exhorte à s'en ſervir , puiſque pas un Auteur
Eccleſiaſtique ne l'a condamné ,& que pluſieurs s'en
ſont ſervis. Neſtorius fit réponſe à Jeand'Antioche, Collect. de
que pluſieurs abuſant du terme de Mere de Dieu , Lupus c.3.
& que d'autres ne voulant appeller la Vierge que
la mere d'un homme, qu'il avoit crû devoir choi
fir le terme de Mere de Chrift.
Cependant Saint Cyrille aſſembla un Concile en
Egypte aumois de Novembre de l'an 430. On y
refolut l'execution du Jugement prononcé par les
Evêques d'Occident contre Nettorius, & on en de
puta quatre pour le lui ſignifier, avec une lettre fy
nodique, qu'en cas qu'il ne revoquât pas ſoncr
reur, & qu'il ne fiſt pas profeſſion de la doctri
ne de l'Egliſe dans le temps preſcrit par la lettre
698 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire de Saint Celeſtin , il ſeroit déchû du Sacerdoce.
du I.Con- Certe lettre eſt du 3. Novembre de l'année 430.
cile d'E- Saint Cyrille y joignir une Profeſſion de Foi ,
phefe. qu'il vouloit lui faire faire , & les douze fanieux
Anathematiſmes. La FormuledeFoi qu'on lui pro
pole , eſt celle du Concile de Nicée , à laquelle on
Alt.
26 . p. 1. 6. a joint une explication plus ample touchant la do
étrine de l'Egliſe ſur l'Incarnation , qui porte,,, que
le Fils de Dieu s'eſt fait homme , & cit né d'une
Vierge , fans toutefois changer de nature , fans
que la chair foit changée en la divinité , ni la na
ture divine en l'humanité , ſans aucune alteration,
ſans aucun mélange , en forte coutefois que le Ver
be uni avec l'humanité par une union hypoftati
que ne fait qu'un ſeul Chriſt ; qu'on ne peut di
viſer les deux nátures , ni les conſiderer comme
ünies ſimplement par uneunion de dignité ; d'au
torité ou d'affection ; quo?
qu'il habite dans le Fils de Marie comme dans
un autre homme , ni appeller Jesus-Christ un
homme portant un Dieu ; qu'on ne doit pas non
plus ſe ſervir de ces expreſſions , ou d'autres ſem
blables: l’honore celui qui eſt revêtu de la divi
nité , à cauſe de celui qui l’en a revêtu : J'adore
,l'inviſible à cauſe du viſible, & c. Que l'on doit
reconnoître , que le fils de Dieu a ſouffert dans
ſa chair viſible, qu'il s'eſt offert pour nous, qu'il
eft mort , & qu'enfin la Vierge ayant enfanté un
Dieu uni hypoſtatiquement à la nature humaine,
elle doit être appellée Merede Dieu. Cette lon
gue Profeſſion de Foi ( car les articles que nous
venons de marquer , y ſont fort érendus ) eſt ſui
vie des douze Anathematiſmes.
Le premier eſt contre celui quine confeſſe pas ,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 699
que celui qui eſt appellé Emanuel dans Iſaïe, c'eſt- Hiſtoire
à-dire , JESUS-CHRIST ;زنeſt vraiment Dieu , & du I.Cone
que la Vierge eft à cauſe de cela Mere de Dicu , cile d'E.
parce qu'elle a mis au monde ſelon la chair le phele.
Verbe incarné.
Le ſecond , contre celui qui n'avbuë pas que le
Verbe du Pere uni hypoſtatiquement à la chair ,
fait un ſeul Jesus -Christ avec ſa chair , & qu'il
08: eſt tout evfemble Dieu & homme.
Le troiſiéme , contre celui qui diviſe les natures
aprés l'union , ou qui ne les unit que d'une liai,
Son de dignité , d'autorité & de puiſſance , & non
pas d'une union naturelle .
Lequatrième , contre ceux qui attribuent ſeparé
ment à Dieu & à l'homme ce qui eſt dit du Chriſt
dans l'Ecriture Sainte.
Le cinquiéme, contre celui quiappelle Jesus
CHRIST un homme porte- Dieu , & non pas un
vrai Dieu , & fils naturel de Dieu , parce qu'é
cant incarné, il eſt participant comme nous de
la chair & du fang.
Le fixiéme , contre celui qui dit que le Verbe
de Dieu eſt le Dieu du Chriſt.
Le ſeptiéme, contre celui qui dit que Jesus.
Christ en tant qu'homme a été mû par le Verbe,
& entouré de gloire , comnie étant un autre quelui.
Le huitiéme , contre celui qui dit que l'on doit
adorer l'homme avec le Verbe , & qui ne veut
pas rendre
à-dire , au unemêmeadoration
Verbe incarné . à Emanuel, c'elt
Le neuviéme,contre celui quidit que les as
Christ a fait des miracles par la vertu du Saint
Eſprit , & non pas par la ſienne propre.
Le dixiéme ,contre celui qui dit que ce n'eſt pas
706 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire le Verbe qui eſt nôtre Pontife & nôtre Apôtre ,
du 1.Con- qui s'eſt offert pour nous, mais que c'eſt l'homme
cile d'E- qui s'eſt offert pour ſoi-même, & pour nous. .
Y y ij
708 NOUVELLE BIBLIOTHÈQUE
ti
dé
par Saint Jean , dont ils ont les Reliques ; LU
/
764 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire la vie n'avoit jamais reçû aucun reproche , qui
dui. Con- avoit été loué' & eſtimé par l'Empereur & par
cile d'E- les Evêques , qui avoit continuellement combat
pheſe. tu contre les hereſies , & écrit dix mille volumes
pour les rcfurer. Ils finiflent cette lettre en foûte
nant que l'on trouvoit une infinité de paſſages ſem
blables à ceux de Theodore , dans Saint Ignace ,
dans Euftache , dans S. Athanaſe, dans S. Bafile ,
dans Flavien , dans Diodore , dans S. Jean Chry
foftome , dans Saint Ambroiſe , & dans Atticus.
D'où ils concluënt que ſi l'on anathematize
Theodore , il faudroit auſli les condamner , parce
qu'il n'y en a point dont on ne pût tirer des
paſſages ſemblables , principalement en les ſepa
rint de ce qui les ſuit & les precede, comme on
avoit fair dans ceux que l'on avoit extraits des 1
écrits de Theodore.
Fac. l. 1 . Enfin , dans la lettre à S. Cyrille ils diſent ,
c. 1.1. 8.c. qu'étant allemblez à l'occaſion des lettres de
4.3.1. 11. Procle
6. 1. 8 . ils avoient jugé qu'il étoit inutile
d'agiter cette nouvelle conteſtation touchant les
écrits de Theodore , tout étant en paix ; qu'il fc
pouvoir faire qu'il y eût dans les Ouvrages de cét
Auteur quelques endroits qui pouvoient avoir un
mauvais ſens , mais qu'il y en avoit d'autres où
il exprimoit clairement ſes ſentimens d'une manie
re entierement orthodoxe ; que l'on trouvoit des
expreſſions toutes ſemblables dans les Saints Pe
res ; qu'il y en a de pareilles dans Saint Athana
ſe , dans Thcophile , & dans le Tome de Procle ;
qu'il eſt dangereux de ternir la memoire d'un
homme qui a ſervi & défendu l'Egliſe pendant
pluſieurs années , d'autant plus qu'on ne peut le
condamner , qu'on ne condamne avec lui pluſieurs
1
Dts Auteurs ECCLESIASTIQUES. 765
Saints Peres de l'Egliſe ; que c'eſt donner gain Hiſtoire
de cauſe aux défenſeurs de Neftorius , qui ſeront du I.Con
ravis de ſe voir anathematizer avec des Evêques cile d'E
morts dans la Communion de l'Egliſe , & dans phefe.
une haute reputation ; que Theodore ayant à
combattre les Heretiques,il a pû être obligé pour
rejetter plus clairement leurs erreurs , de le fer
virde termes qui ſemblent favoriſer les erreurs op
poſees.
L'Empereur fit réponſe à Jean & à ſon Syno- Colle&t. de
de, qu'il avoit appris par Procle le trouble que Lxp. c. 29.
l'on avoit voulu exciter en Orient ; qu'il l'exhortoit
à y procurer la paix , & à ſe mettre peu en
peine deceux qui vouloient y apporter du troubles
que ſon
ſon intention eſt que tousceux qui ſont ſous
ſon Empire, jouiſſent de la paix, & principalement
les Egliſes ; qu'ilspouvoient s'affûrer là- deſſus, &
travailler à la paix de l'Egliſe.
Procle leur répondit auſſi fort favorablement , Facund. I.
leur declarant que quandil avoit écrit ſon Tome, 8. 6. 22.
il n'avoit point cu intention de condamner la per
ſonne de Theodore ; que fon Diacre Theodore n'a
voit point eu ordre dele faire ; & qu'ils'étoit con
tentéde rejetter les propoſitions qui luiavoientpa
ru fauſſes ou erronées , ſans noter perſonne.
Enfin , quoi- que Saint Cyrille ſe fût declarć
*
Quvertement contre les écrits de Theodore de
Mopfueſte , il ne laiſſa pas d'écrire à Jean d'An
tioche , comme il avoit déja écrit à Procle , qu'il
approuvoit que pour le bien de la paix , on ſe
contentât de condamner les fauſſes propoſitions
tirées des livres de Theodore fans toucher à ſa
memoire . Cette lettre eſt rapportée dans lecinquié- A4. Con.
mc Concile, où elle eſt accuſée de fautleté, parce S. Col. s.
H EQUE
766 Nou VELLE BIBLIOT
Hiſtoire qu'on pretend qu'elle ne s'accorde pas avec les
du 1.Con- autres ſetttes de S. Cyrille; mais ſi l'on y prend
cile d'E- bien garde s elles ne ſont point contraires à celle
phefei ci . Il y condamne les écrits de Theodore & de
Diodore , il reprend ceux qui loüoient la do & ri
ne de ces Auteurs , mais il ne prononce point
anatheme contre leur perſonne; au contraire, dans
la lettre à Procle , il eſt de même avis que dans
celle-ci. On n'a point de preuves qu'il ait chan
gé de ſentiment , & qu'ilſefoit éloigné de cét
eſprit de paix dans lequel il étoit entré.
Nous finirons ici l'hiſtoire du Concile d'Ephe
fe : mais avant que de paſſer à celle du Concile
de Calcedoine , il faut ajoûter quelques éclair
ciffemens fur des points d'hiſtoire , qui peuvent
fouffrir de la difficulté.
On demande premierement qui a convoqué le
Concile d'Epheſe. Il eſt viſible que c'eſt l'Empe
reur Theodofe le jeune. Les Cardinaux Baro
nius & Bellarmin en conviennent , mais ils pre
tendent que cét Empereur ne l'a fait qu'avec l'au
tořité du Pape , & en ſuivant ſon conſeil & ſon
avis. Cette ſuppoſition n'a aucun fondement, &
même il eſt facile de faire voir par la ſuite de
l'hiſtoire , qu'il a été impoſible que l'Empereur
cât pris l'avis du Pape , quand il a indiqué le
Concile. S. Celeſtin ayant jugé la Cauſe de Ne
ftorius portée à fon Concile par les parties , écri
vit à Saint Cyrille qu'il faloit declarer à Neſto
rius, que s'il ne changeoit deſentiment , dix jours
aprés la fignification de fa ſentence , il étoit ex
communić & dépoſé,& que l'on mettroitune autre
perſonne en ſa place. Cette lettre eft du ønzić
me jour d'Aouit de l'an 430. Le Pape n'y parle
BIS AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 1969
en aucune maniere de la celebration d'un Con- Hiſtoire
cile ; au contraire , il ſuppoſe qu'il n'eſt pas be- du'I.con
ſoin d'en convoquer , & que l'on n'en avoit pas cile d'E .
encore parlé. pheſe.
La lettre du Pape fut portée à Alexandric par
Poſidonius. Saint Cyrille y afſembla un Concile
d'Evêques , pour fignifier à Neſtorius le Jugement
du Pape . La lettre de ce Synode eſt du 3. No
vembre de la même année. Celle de la convocation
du Conciled’Epheſe eft du 19. du même mois. Il pa
roît par celle -ci que l'Empereur ne prit la refo
lution d'affembler ce Concile, que quand il fçûr
ce que le Synode d'Alexandrie avoit ordonné.
Or il eſt clair qu'il n'a pas pû dans le peu de
temps qu'il y a entre la tenuë de ce Concile &
la date de fa lettre , écrire à Rome , & en recevoir
des nouvelles. Le Concile d'Ephefe adonc été con
voqué par l'Empereur , fans quc le Pape le içûr ,
le Pape ayant rendu fon jugement auparavant ;
& il ſemble même que le deſſein de l'Empereur
en afſemblant le Concile , étoit de faire infirmer
ou reformer le Jugement du Pape. Enfin , le Pape
y eſt appellé comme les autres Evêques , & il re
connoît par la lettre qu'il écrit à Theodoſe , que
c'eſt l'Empereur qui a ordonné la convocation du
Synode.
La queſtion de la preſidence ſoufre plus de diffi
culté . Il eſt conſtant que S. Cyrille a preſidé à ce
Concile ; mais on demande ſi ça é é en qualité
de Legat du Saint Siege, ou en fon nom . Il eſt
certain que le Pape l'avoit commis pour faire exe
cuter le Jugement qu'il avoit rendu contre Ne
7
ftorius : mais on ne voit nulle part qu'il l'eût
commis pour allifter ou pour preſider en ſon nom
3
768 NouvelLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire au Concile d'Epheſe ; au contraire il y, envoye
du I.Con des Legats exprés, à qui il donne bien ordre de ne
cile d'E- rien faire que deconcert avec Saint Cyrille : mais
pheſe. il ne dit pojnt que Saint Cyrille ailiftera avec
eux en ſon nom au Concile , ni qu'il lui proroge
pour cét cffet le pouvoir qu'il lui avoit donné.
Et en effet dans la relation du Concile à l'Em
pereur , le temps qui precede le Concile , eſt diſ
tingué de celui qui le fuit ; & il eſt dit que Ces
leſtin avoit commis Saint Cyrille avant le Conci
le , & que depuis il a envoyé exprés les Evêques
Arcadius , & Projectus , & le Diacre Philippe
pour tenir ſa place dans le Concile.
Cependant s. Cyrille prend dans les ſouſcriptions
de la premiere, de la feconde & de la troiſiéme A
&tion , la qualité de tenant la place de Celeſtin.
Liberint & Evagre lui donnent auſſi la même qua
lité. Quelques -uns pretendent qu'elle a été ajoutée
à la ſignature par quelque Copiſte , ou qu'elle fe
doit entendredu temps qui avoit precedé le Sy.
node. Je croirois plûtôt que Saint Cyrille ayant
eu cette qualité avant le Concile , l'a conſervée
dans le Concile même,quoi-qu'il ne l'eût plus ;
mais il ne s'enfuit pas de là qu'il ait preſidé au nom
du Pape , & en qualité de ſon Député. Car s'il
cûc prefidé en cette qualité, il eſt certain qu'à
ſon defaut les autres Legats du Pape cuflent dû
preſider en la place, & avoir le premier rang. Or
il eſt conſtant que ce ne furent point eux , mais
Juvenal de Jeruſalem qui preſida à la quatrićme
& à la cinquiéme Action ,dans leſquelles S. Cy
rille paroît comme ſuppliant . Ce n'éroit donc
point en qualité de Legat du Pape, que S. Cy
rillc preſidoit , puiſqu'en ſon abſence Juvenal eſt
preferé
Des Auteurs ECCLESIASTIQUES. 769
preferé aux Legats du Pape : c'eſt parce qu'il étoit Hiſtoire
le premier des Patriarches qui ſe trouvoient en du ) .Cone
perſonne au Concile, cile d E
On fait pluſieurs objections contre la qualité phefe.
de ce Concile , & ſur la conduite qu'il a tenue .On
dit qu'il ne peut pafler que pour Allemblée tu
multuaire & precipitée , où tout s'eſt fait par paf
ſion & par brigue', & non pas pour un Concile
æcumenique . Que Saint Cyrille l'a tenuë malgré
les Commiſſaires que l'Empereur avoit envoyez
pour l'aſſembler ; que non ſeulement Neftorius
& ceux de ſon parti , mais encore pluſieurs autres
Evêq
affectue sCathol iques syfont oppo ſez ;qu'il a
é de ne point attendre les Evêques d'Orient,
qui devoient bien -tôt arriver , & qui demandoient
qu'on les attendît ; qu'il n'a pasmêmeattendu les
Legats du S. Siege , ni aucun des Evêques d'Oc
cident ; que ſon Synode n'a été compofe que d'E
vêques d'Égypte & de quelques Evêques d'Aliende
vouez entierement à ſes volontez . Que c'eſt lui
ſeul qui a tout fait & tout reglé dans le Conci
le. Quoi-qu'il fût ennemi de Neſtorius , qu'il avoit
même recuſé pour Juge , à cauſe qu'il le conſi
deroit comme ſon ennemi , Neſtorius n'avoit - il
pas la même raiſon de le recuſer ? La manicre
dont a il agi contre Neſtorius , & la precipitation
avec laquelle il l'a fait condamner , ſemble faire
croire qu'il n'y avoit que la paflion qui l'animoit .
Il.fait citer Neftorius par deux fois dans un nie
me jour. Neſtorius répond qu'il cít prêt de ve
nir quand les Evêques d'Orient & d'Occident ſe
ront arrivez ,& que le Concile fera entier ; qu'il ne
refuſoit pas d'être jugé , mais qu'il ne voulait
pas l'être par ſes ennemis ſeuls. Ces excuſes pa
Tome IV" . Cc c
770 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire roiſſoient raiſonnables. Saint Chryfoftome n'en
du I. Con- avoit point alleguées d'autres pour ſe diſpenſer de
cile d'E- comparoître devant le Synode de Theophile. Ce
phefe. pendant Saint Cyrille imitant ſon oncle & ſon
predeceſſeur Theophile , reçoit l'accuſation , in
îtruit le procés , dit le premierſon avis contre ſon
ennemi, & le fait condamner. C'eſt ce qu'Iſidore de
» Damiete reproche à S. Cyrille , en l'avertiſſant, que
pluſieurs fe mocquent de lui , & de la tragedie qu'il
a jouée à Epheſe ; qu'on dit publiquement qu'il n'a
» cherché qu'à ſe venger de ſon ennemi , qu'ila
» imité en cela ſon oncle Theophile, & que quoi qu'il
у ait bien de la difference entre les perſonnes
» accuſées , la conduite des accuſateurs eit la mê
” me ; qu'il auroit mieux fait de ſe tenir en repos ,
» & de ne pas ſe venger aux dépens de l'Egliſe
» de ſes offenſes particulieres, & d’exciter une dif
» corde éternelle entre ſes membres ſous un faux
» pretexte de pieté. Ce ſont les propres paroles
d'Iſidore de Damiete , qui lui parle en ami.
Gennade Evêque de Conſtantinoplecompare en
core la conduite de S. Cyrille à celle de Theo
phile, & dit qu'il eſt le ſecond fleau d'Alexandrie.
La maniere dont la choſe s'eſt jugée , ſemble en
core prouver clairement que c'étoit la paſſion
qui faiſoit agir Saint Cyrille , & les Evêques
de ſon parti; qu'ils vouloient à quelque prix
que ce fût condamner Neſtorius , & qu'ilsne crai
groient rien tant que la venuë des Evêques d'o
rient , de peur de n'être pas les maîtres de faire ce
qu'il leur plairoit : car dés la premiere Seance ,
ils citerent par deux fois Neftorius , lúrent les té
moignages des Peres, les lettres de Saint Cyril
le avec ſes douze Chapitres , & les écrits de Ne
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 771
ſtorius , & dirent tous leur avis. Jamais affaire Hiſtoire
n'a été concluë avec tant de precipitation : la du 1.Con
.
moindre de ces choſes meritoit une Seancé en - cile d'E ;
tiere. Comment a-t-on pû examiner en fi peu dephefe.
temps les douze propoſitions de Saint Cyrille ,
qui ont eu beſoin de tant d'éclairciſlemens , &
qui ont tant cauſé de diſputes ? Comment confe
rer tant de paſſages des Sermons de Neftorius
avec ce qui les precedoit & les ſuivoit , pour
en trouver le vrai ſens ? Comment pouvoit -on
être affûré en ſi peu de temps du ſentiment des
anciens Peres ? Toutes ces choſes demandoient
un long & un ſerieux examen de pluſieurs jours :
mais les Evêques du Concile avoient fi peur de
ne pas achever dans cette ſeule Seance, qu'ils de
meurerent enfermez depuis le matin juſqu'au ſoir,
pour juger ſeuls cette affaire , de peur que les
choſes ne tournaflent autrement , s'ils attendoient
au lendemain. La ſentence qu'ils font ſignifier à
Neſtorius,eft conçûë en des termes qui marquent
la paſſion qui les animoit : A Neſtorius nouveau
Fudas. N'étoit- ce pas aſſez de le condamner &
de le dépoſer , fansl'inſulter encore par des paro
les injurieuſes. Enfin , ce Concilc , bien loin de
mettre la paix , n'a apporté que du trouble , des
diviſions & des ſcandales dans l'Egliſe de Je
sus -CHRIST ; & il n'y en a point dont on puiſ
fe dire avec plus de verité ce que Saint Gregoi
re de Nazianze a dit des Conciles de fon temps ,
qu'il n'avoit jamais vû d'Aſſemblées d'Evêques qui
+ euflent eu une fin heureuſe ; qu'elles avoient toû-
jours augmenté lemal plûtôt quede le guerir ; que o
les conteſtations obftinées , & l'envie de vaincr & *
e
de dominer qui y regnent ordinairemen
Coc t , les ren
ij
772 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire » doient préjudiciables , & qu'ordinairement ceux
du [. qui se mêloient de juger les autres, y étoient por
Concile » tez plûtôt par leur mauvaiſe volonté , que par le
pheſe. deffein d'arrêter les fautes des autres . Cela fem
ble convenir au Concile d'Epheſe plûtôt qu'à
aucune autre Aſſemblée d'Evêques. L'hiſtoire des
troubles qui le ſuivirent, le fait aflez connoître ,
& l'on peut dire que ces troubles ne furent ap
paiſez que parce qu'on ne parla plus de ce qui
avoit été fait dans le Concile . Voilà les objections
que l'on peut faire contre la forme du Concile
d'Epheſe. Je ne les ai ni diſſimulées ni affoiblies ,
afin de faire voir qu'il n'eſt pas impoſible de répon
dre à tout ce qu'on peut dire de plus fort ſur ce
ſujet:
stions.
voici preſentement des réponſes à ces obje
Le Concile d'Epheſe a été convoqué dans les
formes ordinaires . On y a appellé des Evêques
de tous les pays de l'Empire Romain. Le jour au
quel il avoit été indiqué, étant venu ,les Evêques qui
étoient arrivez dans la ville où il devoit ſe te
nir , ont encore attendu quelques jours aprés ; ils
ne l'ont commencé que quand ils ont fçû que
ceux qu'ils attendoient,devoient arriver bien- tôt ,
& qu'ils vouloient bien qu'on commençât le Con
cile ſans eux ; que , quoi-que pluſieurs Evêques
ne fuſſent pas d'abord de cet avis , & qu'ils s'y
fuſſent oppoſez, ils ſe rendirent enſuite, &ſe trou
verent au Concile ; qu'il n'en reſta que dix avec
Neſtorius ; que le Commiſſaire de l'Empereur
ayant lû la lettre de la convocation du Concile,
avoit ſatisfait à la charge , & qu'aprés cela il étoit
lir: aux Evêques de s'aſſembler ; que, quoi-que
les Legats du Pape ne fuſſent pas arrivez , on
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 773
étoit en droit de commencer ſans eux le Conci- Hiſtoire
le, puiſque le jour marqué pour ſon commence- du'l.Con
ment étoit pafle. Que ces Legats s'étant fait relire cile d'E
ce qui avoit été fait en leur abſence , l'avoient ap- pbeſe.
prouvé ; que Jean d'Antioche,& les autres Evêques
d'Orient devoient venir au Concile , comme ils y
étoient invitez ; qu'ils euſſent pû faire relire &
examiner de nouveau ce qui s'y étoit palie , &
qu'ils ne devoientpas faire un ſchiſme, & ſe ſeparer
pour ce ſujet. Que ſi l'on a jugé Neſtorius dans une
feule Seance & en un même jour,il doit s'en pren
dreà lui;parce qu'il n'a pas voulu comparoître, qu'il
étoit facile de le condamner comme contumace ;
qu'il étoit viſible qu'il avoit niéquela Viergepût
être appellée Mere de Dieu , & qu'il ſe ſervoit d'ex
.
preilions qui ſembloient diviſer la perſonne de
Jesus-CHRIST en deux ; qu'il a été cité par
trois fois ſuivant la diſcipline des Canons ; qu'il
n'eſt pas neceſſaire ſelon les loix Eccleſiaſtiques
que ces citations ſe fa flent en differens jours; que
c'étoit le zele , & non pas la paſſion qui faiſoit
agir Saint Cyrille; que,quoi-qu'il eût eu des dé
mêlez avec Neſtorius , cela ne l'empêchoit pas
+1
d'être ſon Juge dans le Concile , principalement
s'agiſſant d'une matiere de Foi ; que dans l'affai
re de Saint Chryfoftome il ne s'agiſoit point de
la Foi ; que ce n'étoit point un Concile gene
ral , mais un Concile particulier aſſemblé par la
brigue de Theophile ; que S. Iſidore & Genna
de ont été trompez par les faux bruits que les
ennemis de Saint Cyrille avoient fait courir ; que
depuis ils en ont eux -mêmes reconnu la fauſſeté ;
qu'il y avoit dans le Concile d’Epheſe pluſieurs
Évêques de la Macedoine , de l'Epire, de l'Achaie,
Сcc iij
774 NouveLLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire de la Thrace, & de la Theſſalie , qu'on ne peue
du 1. Con- pas dire avoir été dévouez à la faction des Égy
cile d'E- ptiens ; que l'on ne peut pas ſoupçonner Juvenal
phefe. Evêque de Jeruſalem , & les autres Evêques de
Paleſtine , d'intelligence avec eux ; qu'il n'eſt pas
à croire que Memnon fût tellement le maître de
tous les Afiatiques , qu'il les fiſt condeſcendre à
ſes volontez contre la juſtice & contre l'innocen
ce ; que le Jugement a été porté avec connoillan
ce de cauſe ; que l'on a lû le Symbole de Nicée ,
& examiné la doctrine des Saints Peres de l'E
gliſe ; que celle de Neftorius ayant paru viſible
ment contraire au Symbole & à la doctrine des
Peres , on l'avoit condamnée ; qu'il eſt rare que
dans les anciens Conciles on ait été plus long
temps à examiner un point de Foi; que l'on n'a
ni approuvé ni examiné les douze Chapitres de
Saint Cyrille en particulier , parce qu'il ne s'a
giffoit pas de cela , mais ſeulement de ſçavoir ſi
Neftorius avoit avancé des erreurs , & s'il meri
toit d'être condamné ; que l'on n'a point touché
à cela dans la ſuite ; qu'au contraire ſa condam
nation a été approuvée par preſque tous les Evê
ques Catholiques ; que la do & rine que le Con
cile a condamnée comme étant de lui , a été re
jertée unanimement de tout le monde ; que les
troubles qui ont ſuivi le Concile , ne ſont venus
que de l'entêtement des Evêques d'Orient, qui
vouloient d'abord à quelque prix que ce fût foll
tenir leur mauvaiſe procedure ; qu'ils ont été
heureuſement affoupis par la paix , dans laquel
le on a ſuivi le Jugement du Synode touchant
la perſonne & la doctrine de Neſtorius. Et qu'en
fin les Conciles ſuivans & l'Egliſe univerſelle ong
.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 775
reçû le Concilc d'Ephele , & l'ont reconnu pour du
Hiſtoire
1.Con.
un Concile general.
De la forme venons au fond. Neftorius éroit- cile d'E .
il dans l'erreur : Saint Cyrille n'avoit - il rien a- pheſe.
vancé contre la verité : Ses douze Chapitres ne
contenoient-ils point les erreurs d’Arius ou d'A
pollinaire, ou du moinscelle qui a été depuis fou
tenuë par Eutyche: Les Evêques d'Orient n'étoient
ils pas dans les ſentimens de Neſtorius ? Si Jean
d'Antioche n'y étoit pas , Theodoret , André de
Samoſate , Helladius de Tarſe , Eutherius de Tya
ne n'y étoient- ils pas , & plus qu'aucun , Alexan
dre d'Hieraple , & avec lui tous les Evêqiles qui
furent chafiez & dépoſez pour ne vouloir pasti
gner la condamnation de Neſtorius ? N'y avoit
il pas cnfin du côté de Saint Cyrille des perſon
nes qui fuſſent dans l'erreur oppoſée à celle de Ne
ſtorius ? A l'égard de Neftorius, nous avons déja
dit en quoi conſiſtoit ſon erreur , & prouvé qu'il
y avoit un legitime fondement de le condamner ,
parce que,quoi-qu'ilfcignît reconnoître une union
interne de deux natures en JESUS -CHRIST , il
ne vouloit pas neanmoins reconnoître pour veri-.
tables les propoſitions qui font une ſuite de cet
te union , & qu'il ſe ſervoit lui même des com
paraiſons & des expreſſions qui ne delignoient qu'
une union morale. Son obſtination à rejetter le
terme de Mere de Dieu , & les autres expreſſions
dont l'Egliſe ſe fert, par exemple , qu’un Dieu eſt
né , qu'un Dieu a ſouffert , qu’un Dieu eſt mort ,
&c . la maniere dont il s'exprimoit ordinaire
ment pour expliquer l'Incarnation de J E su s
CHRIST , en diſant que Dieu habitoit dans l'hom
me comme dans un temple , qu'il s'étoit revêtu
Сcc iiij
>
10이
HISTOIRE
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. ' 789
ofeofo efoofer foolo ofoefoeloefoefoefoefo ofofofofoefoe
WWW
3.3
bolo
HISTOIRE
DU CONCILE
DE CALCEDOINE ,
Et des autres Conciles qui
l'ont precedé.
U O I - QUE tous les Patriarches d'Orient Hiſtoire
Q ſemblaflent s'être accordez ſur les conteſta- du Conci
tions qui les avoient brouïllez ſi long- temps , les le de Cal
particuliers n'étoient pas dans les mêmes ſenti- cedoine.
mens , & وpluſieurs perſonnes ſemoient de part &
d'autre de la diviſion entre les Egliſes. Il y avoit du
côté des Orientaux des Neſtoriens cachez , qui
vouloient à quelque prix que ce fût ſe venger de
la dépoſition de Neftorius; & du côté des Egy
ptiens, il y avoir des perſonnes, quipouflant trop
loin l’union des deux natures en Jesus-CHRIST,
n'en faiſoient qu'une des deux, & ne pouvoient ſouf
frir qu'on en reconnût deux aprés cette union . Les
Moines donnoient particulierement dans cette
opinion , la publicient par tout , & condamnoient
tous ceux qui ne vouloient pas l'embrafler. De
puis la dépoſition de Neftorius , le Patriarche de
Conſtantinople s'étoit uni avec celui d'Alexan
Tome IV. Ddd
786 NouvelLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire dric : mais comme les intereſts de ces deux Sica
du Conci- ges étoient differens , ils ne demeurerent pas long
le de Cal- temps dans cette bonne intelligence. L'Evêque
cedoine. de Conſtantinople vouloit avoir le ſecond rang
entre les Patriarches , & être le maître des Dioce
ſes d'Alie & de Pont ; celui d'Alexandrie le lui
difputoit, & vouloit même foûmettre à la juriſ
ction une partie de l'Orient. Celuid'Antioche ſe
ſoucioit aſſez peu de la preference de l'Evêque de
Conſtantinople, mais il ne vouloit pas être foll
mis à celui d'Alexandrie , ni ſouffrir qu'il lui eri
levât ſes Provinces. Ces choſes ayant été agitées
en 439. entre Procle Patriarche de Conſtantino
ple ,Theodoret ayant charge de Jean d'Antioche ,
& Dioſcore Diacre Député du Patriarche d'Ale
xandrie , il fut fait un reglement entre eux , que les
Canons du Concile de Nicée & de Conſtantinople
ſeroient obſervez ; que l'Evêque d'Alexandrie ne
ſe mêleroit que de l'Egypte ; que celui d'Orient
n'étendroit point la juriſdiction au delà des Egliſes
d'Orient, qu'il ne ſe mêleroit point desaffaires des
Dioceſes d'Aſie & du Pont , & que celui de Con
ſtantinople auroit le ſecond rang, entre lesPa
triarches ſuivant le Canon du Concile de Con
ftantinople. Dioſcore s'oppoſa de toutes ſes for
ces à ce reglement,& accuſa Thcodoret d'avoir
trahi en cette occaſion les intereſts des Egliſes
d'Alexandrie & d'Antioche : mais il avoit à mé
nager l'Evêque de la ville Imperiale , qui avoit
beaucoup decredit en Cour, & quipouvoit beau
coup ſervir ou nuire aux Evêques d'Orient.
Rabulas Evêque d'Edelle , qui étoit un des plus
ardens ennemis de la memoire de Theodore , &
des plus zelez défenſeurs des manieres de parler des
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 787
Egyptiens, étant mort, on mit en la place le Prétre Hiſtoire
Ibas, qui étoit dans des ſentimens tout-à-fait con- duConci
traires, & que l'on ſoupçonnoit d'être Neſtorien. le de Cal
Rabulas ayant laille dans ſon Egliſe des per- cedoine.
ſonnes qui étoient dans ſes ſentimens , & qui ne
pouvoient ſouffrir les expreſſions qui appro
choicnt de celle de Theodore ou de Neſtorius, il
ne demeura pas en repos . On l'avoit déja accuſé ,
lorſqu'il n'étoit encore que Prêtre , & ' du vivant
de Jean d'Antioche , de défendre les ſentimens de
Neitorius, de n'avoir pas voulu ſigner le Tome de
Procle , ni condamner les propoſitions de Theo
dore qui le ſuivoient , de les avoir au con
traire traduites en Syriaque, & de les avoir pu
bliées dans tout l'Orient. Procle , à qui il avoit
été deferé, l'avoit envoyé à Jean d'Antioche: mais
l'affaire en étoit demeurée là , ſoit que ſes accu
. ſateurs n'euſſent pas voulu pourſuivre le Jugement
devant Jean d'Antioche , qui ne leur étoit pas fa
vorable, ſoit que Jean d'Antioche l'eût étouffée.
Quand Ibas fut Evêque,on renouvella ces anciennes
accuſations. Samuel, Cyrus , Maras & Eulogius
Prêtres de ſon Egliſe qu'il avoit excommuniez , le
defererent à Domnus, qui avoit ſuccedé à Jean Conc. Chat.
d'Antioche , & preſenterent une Requeſte contre At. 10 .
lui , l'accuſant d'être Neſtorien . Domnus ordon
na qu'il viendroit ſe juſtifier :mais parce que l'on
étoit en Carême, il remit à l'entendre aprés la
FC Fête , & cependant lui ordonna d'abſoudre ces
Prêtres de l'excommunication. Ibas laifla Dom
nus le maître d'en uſer comme il lui plairoit , &
Domnus leur donna l'abſolution de l'excommu
nication à cauſe de la Fête , mais à condition
qu'ils ne ſortiroient point d'Antioche, que cette
Ddd ij
788 NouveLLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire cauſe ne fût jugée , & en cas qu'ils ſe retiraflent
du Conci- avant la fin de cette affaire , qu'ils ſeroient ſu
le de Cal- jets à une plus grande peine. Maras & Eulogius
cedoine. demeurerent, mais les deux autres allerent à Con
ſtantinople pour accuſer Ibas, & faire en ſorte d'a
voir d'autres Juges . Domnus ayant aſſemblé ſon
Synode aprés les Fêtes, interrogea les deux Prêtres
qui étoient demeurez à Conſtantinople; & ayant
Içû d'euxque leurs Collegues étoient'allez à Con
ftantinople , declara qu'ils étoient des faux accu
ſateurs,qu'ils avoient été juſtement excommunicz ,
& que par leur fuite ils s'étoient rendus plus cou
pables.Ce Jugement fut ſigné de douzeEvêques,
Cependant Dioſcore , qui avoit ſuccedé à Saint
Cyrille en 444.renouvelloit les anciennes que
relles des Egyptiens avec les Orientaux , & vou
loit perdre les principaux Evêques de leur parti .
Il étoit aidé & ſolltenu dans cette entrepriſe par
Eutyche Prêtre & Abbé d'un Monaſtere de Con
ftantinople, lequel avoit bien du credit en Cour.
Ce Moine avoit coûjours été un des zelez parti
ſans des Egyptiens , fort attaché aux expre Mions
les plus rigoureuſes de S. Cyrille ; mais il pouſſa
les chofes plus loin que lui , & refuſa abſolu
ment de dire qu'il y avoit deux natures en Jesus
CHRIST . Il accufoit fes adverfaires d'être dans
les ſentimens de Neftorius , & ceux-ci lui repro
choient d'être Apollinariſte. La plus grande par
tie des Moines d'Orient étoient dans les ſenti
mens d'Eutyche,& accuſoient leurs Evêques d’ê
tre Neſtoriens, Comme ils avoient du credit en
Cour , & que quelques-uns de ces Evêques étoient
foupçonnez d'être Neſtoriens , il leur fut facile
d'obtenir des ordres contre eux, Theodoret er
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 789
ſouffrit plus qu'aucun autre ,comme nous avons Hiſtoire
vû. Irenée fut dépoſé , mais avec juſtice. On du Conci
donna des Juges à Ibas , & on tourmenta plu- le de Cal
fieurs autres Evêques ſuſpects d’être amis de Ne- cedoine.
ſtorius. On vouloit encore paſſer plus avant , &
ſous pretexte que les Evêques d'Orient défen
doient la memoire de Theodore & de Diodore ,
on les vouloit tous envelopper dans une même
condamnation. Domnus & les Evêques d'Orient
pour s'oppoſer à cette entrepriſe , écrivirent à
l'Empereur Theodoſe , qu’Eutyche renouvelloit Freund .
l'erreur d'Apollinaire , qu'il corrompoit la doctri- 1. 8.,6. s .
ne de l'Egliſe touchant le myſtere de l'Incarna
tion , en diſant que l'humanité & la divinité de
JE SU S -CHRIST ne font qu'une nature , & en
attribuant les ſouffrances à la divinité ; que dans
le deſſein de foûtenir ces erreurs il anatheina
tizoit Diodore & Theodore , ces deux colomnes
de l'Egliſe qui avoient foûtenu la verité contre
les Heretiques de leur temps, & qui avoient été
louez & eſtimez des grands Hommes de leur ſie
cle . Eutyche pour ſe venger de cette accuſation
écrivit au Pape Saint Leon , que l'erreur des Ne
ſtoriens étoit renouvellée par la faction de quel
ques particuliers. Il n'oſā pas accuſer nommé
ment l'Evêque d'Antioche & les autres Evê
ques d'Orient ; mais il eſt aiſe de comprendre ,
que c'eſt à eux qu'il en vouloit. Saint Leon loüa
fon zele , mais il nevoulur pas ſe declarer ouverte
ment contre les perſonnes qu’Eutyche accuſoit ,
qu'il ne ſçût plusparticulierement qui elles étoient.
La réponſe de Saint Leon eſt du 1. Juin 448 .
Le Jugement d'Eutyche appartenoit de droit
à Flavien qui étoit ſon Evêque. Ce Patriarche
j Ddd iij
(790 Nou velle BIBLIOTHEQUE
Nſtoire étoit engagé par ſon propre intereft à ſoûtenir
du Cor.ci- les Orientaux contre les Egyptiens , parce que
le de Cal- l'Evêque d'Alexandrie lui conteſtoit les pre
cedoinc. rogatives& les privileges qu'il pretendoit, au lieu
que l'Evêque d'Antioche & ‘les Orientaux y
Conc. Chal. avcicnt conſenti. Il fit donc en ſorte que dans un
Act . s . p . Concile aſſemblé à Conſtantinople au mois de
150.O.C.
Concile de
Novembre 448. pour examiner le jugement rendu
par Florence Evêque de Sardes, Metropolitain de la
Con
ple fou s Fla Province de Lydie,contredeux Evêques dépendans
tanti
vien . de fa juriſdiction , Euſebe Evêque de Doryléc inten
Action
ni.ere.
pre- tât une accuſation contre Eutyche ; celui-ci pre
ſenta ſa requête au Concile le 8. jour de No
vembre, parlaquelleil demandoit qu'Eutyche fût
cité devant le Synode , afin de répondre aux ae
cuſations qu'il avoit à faire contre lui, declarant
qu'il étoit preſt de montrer qu'il avoit des ſenti
mens heretiques ſur le myſtere de l'Incarnation,
Cette requéte ayant été lûë dans le Concile 2
!
800 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire Dieu. Enfin , Florentius lui dit de dire nettement ;
du Conci- s'il croyoit que Jesus -CHRIST aprés l'Incarna
le de Cal- tion fût de deux natures . Il répondit hardiment ,
cedoine. qu'avant l’union il y avoit deux natures , mais
qu'aprés l’union il n'en reconnoiſloit plus qu’une.
Le Synode voulut l'obliger d'anathematizer cette
doctrine. Il répondit qu'il ſuivroit bien l'avis du
Concile , mais qu'il ne pouvoit anathematizer l'o
pinion contraire, parce que s'il le faiſoit , il ana
thematizeroit les Saints Peres. On le preſla d'ana
thematizer ceux quine reconnoiſſoient qu'une na
ture en Jesus - Christ aprés l'Incarnation ; mais
il foûtint fermement qu'il n'en feroit rien , parce
que c'étoit l'avis de Saint Cyrille & de S. Atha
naſe . Comme on vit qu'il s'arrêtoit à cela , le
Synode le declara déchû des fonctions du Sacer
doce , de la Communion de l'Egliſe & de la charge
d'Abbé, & ordonnaque tous ceux qui àl'avenir s'en
tiendroient ou s'aſſembleroient avec lui , ſeroient
excommuniez , auſſibien que ceux qui entreroient
dans ſes ſentimens. Cette ſentence fut fignée de
vingt-neuf Evêques & de vingt- quatre Abbez.
Eutyche ayant entendu prononcer certe fen
Con contre loi, prit le parti d'en appeller à un
Concile , où ſe trouveroient les Patriarches de Ro
me, d'Alexandrie , de Jeruſalem , l'Evêque de
Theſſalonique & pluſieurs autres. Il ne fit pas
cét Acte d'appel publiquement & en preſence du
Synode ; mais l'Aſſemblée étant ſeparée,& aprés
Collea . de la ſentence prononcée, il écrivit auſſi-tôt au Pa
Lupus c.
222 .
pe Saint Leon , qu'EuſebedeDorylée ayant deſſein
de le perdre , & de troubler l'Egliſe, s'étoit aviſé
de preſenter une Requête à Flavien & à quelques
autres Evêques qui s'étoient rencontrez à Con
ftantinople,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 801
kantinople , dans laquelle il l'accuſoit d'être He- Hiſtoire
fetique ; qu'ayant été appellé pour répondre à cet- du Conci
te accuſation, quoi-que ſon âge & la maladie euf- le de Cala,
ſent dû l’excuſer , il avoitété obligé de compa- cedoine.
roître , {çachant bien que l'on avoit fait unebri
gue pour le perdre ; qu'il avoit preſenté auſſi-côt
une Profeſſion de Foipar écrit , ſignée de la main,
que Flavien n'avoit ni voulu recevoir , ni voulu
faire lire, mais qu'il l'avoit prefle de dire qu'il y
a deux natures en Jesu S - CHRIST , & d'anathe
matizer ceux qui ne veulent pas le dire ; que n'ayant
voulu rien ajoûter à la Foi du Concile de Nicée,
& fçachant bien que Jule , Felix , SaintAthanaſe ,
& Saint Gregoire rejettoient les deux natures ,
il n'avoit pas oſé traiter de la nature du Verbe ,
de Dieu , qui dans les derniers temps eſt deſcen
du dans le ventre de la Vierge ſans aucun change
ment de la part, de la maniere qu'il a voulu , & 1.
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 819
*
eux ; qu'ils prioient le. Synode d'avoir pitié de Hiſtoire
leur malheur, de leur rendre la Communion , & du Conci
de juger avec la même rigueur celui qui les avoit le de Cal's
jugez ſi injuſtement. Certe requête eſt ſignée d'un cedoine.
Prêtre, de dix Diacres , de trois Soûdiacres , & de
vingt & un ſimples Moines. On les interrogea ſur
leur Foi , & aprés qu'ils eurent declaré qu'ils re
cevoient la Foi des Conciles de Nicée & d'E
pheſe , la Foi de Saint Athanaſe , de S. Gregoire ,
& de Saint Cyrille , & qu'ils adheroient à la Pro
feflion qu'Eutyche venoit delire , on les declara
ablous, & on les reçût à la Communion.
On lûr enfin la fixiéme Action du Concile
d'Epheſe, pour avoir un pretexte de condamner
Flavien ; & quand elle fuc lúë & approuvée par
les Evêques , Dioſcore declara que Flavien &&
Euſebe de Dorylée ayant été cauſe d'un ſcanda
le univerſel , en voulant ajoûter à la Foi du Con
cile de Nicée , contre la défenſe du Concile d'E
pheſe, devoient être dépoſez. Son avis fut ſuivi par
Juvenal ,· par Domnus , pår Thalaſſius , & par
les Evêques qui ſignerent la condamnation de
Flavien & d'Euſebe de Dorylée. Pendant que
Dioſcore diſoit ſon avis , Flavien dit tout haut
qu'il le recuſoit , & Hilaire Diacre dit qu'on
s'oppoſoit à la ſentence de Dioſcore. Quelques
Evêques reclamerent, d'autres ſe jetterent aux
pieds de Dioſcore , pour demander que l'on épar
gnât Flavien ; mais ils furent contraints par les
menaces des ſoldats que l'on fit entrer , de ſigner
les Actes du Concile. Le lendemais Dioſcore fit
dépoſer Ibas Evêque d'Edeſſe, accuſé d'avoir pro
noncé ce blaſpheme, qu'il n'envioit pas la qua
lité de Dieu à Je sus-CHRIST , parce qu'il
Fff ij
820 NOUVELLE BIBLIOTHIQUE
Hiſtoire pouvoit lui le deyenir aulli , s'il vouloit. On n'és
du Conci- pargna pas non plus. Theodoret ,quoi- qu'on lui
le de Cal- eûtôté la liberté devenir ſe défendre. Le ſujet
cedoine de ſa condamnation fut; qu'il avoit écrit contre
les Chapitres de Saint Cyrille , & qu'il avoit pris
autrefois le parti de Neſtorius. Sabinien de Perrée
fut encore dépoſé. Et enfin , quoi- que Domnus
Evêque d'Antioche eût ſigné la condamnation de
Flavien , & conſenti à tout ce que Dioſcore avoit
voulu , on le condamna neanmoins , ſous pretexte
qu'il avoit autrefois écrit une lettre à Dioſcore
contre les douze Chapitres de S. Cyrille. Diof
core prit le temps qu'il n'étoit pas au Concile , à
cauſe d'une indiſpoſition qui lui étoit ſurvenuë.
Flavien appella du Jugement rendu contre lui
dans ce Synode. Les raiſons de ſon appel étoient,
qu'on n'avoit point voulu écouter ſes défenſes; que
Dioſcore avoit été le maître d'y faire ordonner
ce qu'il lui avoit plû; que tout s'y étoit paſſé avec.
violence & contre les regles; que l'on avoit me
nacé les Evêques pour les faire figner ; que l'on
n'avoit point voulu lire la lettre de Saint Leon ;
que l'on n'avoit eu enfin aucun égard à la recu
ſation qu'il avoit faire de la perſonne de
Dioſcore , ni à l'oppoſition des Legats du Pape.
Cét Acte d'appel fut preſenté aux Legats du
Pape , mais il étoit interjerté au futur Concile
general & libre , & il devoit être relevé de
vant lui . Cela paroît par les lettres & par la con
duite de Saint Leon , qui en conſequence de cét
appel ne ſe mêla pas de jugerlacauſe dé Flavien
dans ſon Tribunal, mais fit inſtances auprés de
l'Empereur , afin qu'il aſſemblât un Concile des
Evêques d'Orient & d'Occident , pour annuller
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 821
le Jugement rendu à Epheſe contre toute for- Hiſtoire
te de juſtice & d'équité. Dioſcore & ceux de ſa du Conci
faction irritez de cér appel , firent arrêver Fla- le de Cal
vien
pour l'envoyer en exil ; & cela le fit avec cedoine.
tant de violence , qu'il en mcurut peu de temps
aprés. La Chronique de Proſper marque qu'il
mouru
ſoient
e entre les mains de ceux qui le condui
il
en ex . Mais l'Aureur du Memoire
ſur l'affaire d’Acace , rapporte qu'étant arrivé
au lieu de ſon exil , il y mourur ou de la mort
naturelle , ou par violence. Il y a apparence
qu'ayant reçû pluſieurs coups de pieds dans le
temps qu'on l'avoit arrêté , & depuis été maltrai
té dans le voyage par ceux qui le menoient en
cxil , il y mourut peu de temps aprés qu'il y fut
arrivé , des mauvais traitemens & des coups qu'il
avoit reçûs. C'eſt ainſi que Liberat & Evagre
rapportent ſa mort : & cela fait voir que l'on a
cu raiſon dans le Concile de Calcedoine d'accu
fer Diofcore d'avoir été auteur de la mort de Fla
vien , parce que , quoi qu'il ne l'eût pas lui-mê
me frappé , c'étoit par ſon ordre qu'il avoit été
maltraite. Anatole fut ordonné en la place de
Dioſcore , Maxime en celle de Domnus ,Nonnus
en la place d'Ibas , & Athanafe en celle de Savi
nien . On n'en ordonna point en la place de Theo
dorer de Cyr, & d'Euſebe de Dorylée. Ils furenr
ſeulement chaffez de leur Dioceſe. Le premier im
plora le ſecours du Pape. L'on n'épargnapas même
les Legats de S. Leon , qui étoient les ſeuls qui a
voient témoigné quelque fermeté pour défendre
l'innocent. Ils furent arrêrez ; mais Hilaire trouva
le moyen de fe fauver , & aprés avoir couru plu
ſicurs riſques il arriva heureuſement à Rome,
Fff iij
822 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire . Pendant que ces choſes ſe paſſoient à Epheſe, S.
du Corci- Leon étoit fort en peine du ſuccés de cette af
le de Cal- faire. Il ſçavoit qu'Ệutyche étoit fort conſideré
cedoine. àle lafavoriſoient,
Cour,que Dioſcore & les Evêques d'Egypte
& il craignoit qu'on n'eût
Ep. 35 . pas
tout l'égard qu'on devoit avoir pour fa lettre &
pour ſes Legats. Le ſilence de Flavien augmen
toit ſa peine, & il ne pût s'empêcher de le lui
faire ſçavoir. Auſli-côt qu'il eût appris par le
Diacre Hilaire la maniere dont la choſe s'étoit
Ep. 39 . paflée, il aſſembla un Concile , & écrivit à l'Em
pereur Theodoſe en ſon nom , & au nom de les
confreres , que le Concile qu'il avoit fair tenir à E
pheſe, ayant bleſſé la pureté de la Foi & la diſci
pline de l'Egliſe, que tout s'y étant pafle ſuivant
la volonté de Diofcore qui n'avoit faiſle aucune
liberté aux Evêques , & qui avoit fait rendre un
Jugement tres-inique , il conjuroit Sa Majeſté au
nom de la Sainte Trinité de lailler toutes choſes
au même état qu'elles étoient avant l'aſſemblée de
ce Concile , juſques à ce que l'on eût pû aflem
bler un plus grand nombre d'Evêques de toutes
les parties du monde. Il dit que toutes les Egli
ſes & tous les Evêques d'Occident demandent
avec larmes & avec gemiſiemens, que , puiſque
les Legats du Saint Siege ont reclamé, & que Fla
vien leur a preſenté un acte d'appel , Sa Majeſté
faffe allembler un Concile general en Italie , qui
puiſſe ou ôter ou adoucir les fujets de mécon
tentement , en ſorte qu'il n'y eût plus de doute
ſur la Foi , ni de diviſion contre la charité , en
appellant à ce Concile . les Evêques des Provin
ces d'Orient. Il ajoûte que cela eſt inévitable
aprés l'appel interjerré, & conforme aux Loix
DES Auteurs ECCLESIASTIQUES. 823
établies dans le Concile de Nicée . Ce ſont les Ca- Hiſtoire
nons du Concile de Șardique , dont il entend par- du Conci
**
ler , & qu'il employe , pour montrer qu'en cas le de Cal
d'appel il faut allembler un Synode pour exa- cedoine.
miner de nouveau la cauſe jugée , & non pas pour
montrer qu'il a droit lui -même de la revoir.
Cette lettre eſt du 13. Octobre. Il reïtere les mê
mes plaintes & les mêmes demandes dans une au- Ep . 40 .
tre lettre du 15. du même mois. Il s'adreſſe auſi Ep . 41 .
à Pulcherie pour obtenir ce qu'il demandoit par
ſon moyen . Cependant il conſole Flavien , lui té- Ep. 42 .
moigne qu'il n'oublicra rien pour la défenſe de
leur cauſe commune , & l'exhorte cependant à
ſouffrir patiemment. Il congratule l'Evêque de Ep. 43.
Theſlaloniquede ce qu'il n'a pas été au Concile
d'Epheſe , & l'avertit de demeurer dans la Com
munion de Flavien. Enfin , il exhorte le Clergé , Ep. 44. 45 .
le peuple , & les Abbez de Conſtantinople de 46. 47 .
demeurer unis à Flavien , & leur explique ce qu'ils
doivent croire ſur l'Incarnation de JE s U s
CHRIST, en rejettant le ſentiment d'Eutyche.
Enfin , il fit en ſorte que l'Empereur Valentinien
& les Imperatrices Placidie & Eudoxie ſe joigni
rent aux Evêques d'Occident pour prier Theo
doſe de permettre qu'il ſe tinſt un Concile gene
ral en Italie. Nous avons les lettres qu'ils écrivi
rent à Theodofe , dans leſquelles ils relevent fort
l'autorité du Saint Siege , & font valoir l'Acte
d'appel de Flavien : mais Theodoſe fit réponſe
à ces lettres qu'il avoit fait aſſembler un Concile
quee la choſe
à Epheſe , qu у avoir été examinée &
jugée ; que Flavien s'étant trouvé coupable, avoit
été condamné , & qu'il étoit inutile,& même im
poſible de rien fairc davantage. Saint Leon en
Fff iiij
824 NOU VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire écrivit encore à Pulcherie , & lui fit écrire par
du Conci- l'Imperatrice Placidie. Il refuſa de communiquer
le de Cal. avec Anatole , & fit encore de nouvelles inſtan
cedoine. ces au commencement de l'année ſuivante , afin
Ep . so . qu'il ſe tinſt un Concile en Italie ; il envoya mê
Ep. 54 en me des Legats en Orient pour le demander. Il
ſuivantes. n'en pûr venir à bout tant que Theodoſe vécut,
Martien qui lui ſucceda en l'année 450. entra
dans d'autres ſentimens , parce que Pulcherie qui
en l'épouſant l'avoit mis ſur le Throne , avoit
þcaucoup de conſideration pour les Evêques de
Rome. Ainſi les quatre Legats que Saint Leon
avoit envoyez, étant arrivez à Conftantinoplepeu
de temps aprés la mort de Theodoſe , y furent
tres-bien reçús. Anatole voyant bien qu'il ne
trouveroit pas ſon compte en perſiſtant dans la
Communion de Diofcore , & continuant à de
meurer ſeparé de celle de Saint Leon , chercha
les inoyens de ſe réunir avec celui-ci , & de faire
en forte qu'il le reconnût pour bien ordonné,
quoi que ce fût Dioſcore qui l'eût ordonné , &
qu'il eût été mis en la place d'un Evêque injuſte
nient & violemment dépoſé. Il employa lé cre
dir de l'Empereur & de l'Imperatrice pour en ve
Concile de nir à bout , & afin de gagner par lui-même les
Conftanti- bonnes graces de Saint Leon , & de le perſuader
nople ſous de la pureté de la Foi, il aſſembla un Concile
Anatole.
compoſé des Evêques qui ſe trouverent à Con
Act. Abun-
dii apud
ftantinople, & yinvitales Légars du Pape qui y
aſſiſterent. Il y fit lire la lettre de Saint Leon à
Bar.ad ann. Flavien , ayec des témoignages des Peres Grecs &
449. Act .
4. Conc . Latins , la fit ſigner à tous les Evêques , pro
Chale. nonça anatheme contre Neftorius & contre Eut
tyche , & condamna leur doctrinç , çnyoya la
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 825
lettre de Saint Leon aux Metropolitains , afin Hiſtoire
qu'ils la fignaffent , & qu'ils la fillent ligner aux du Conci
Évêques de leurs Provinces. On ordonna encore le de Cal
Synode que les Evêques qui étoient tom- cedoine,
bez dans l'erreur en approuvant les Actes du
Concile d'Epheſe ſous Dioſcore , & quis'étoient
ſeparez de la Communion de l'Egliſe ,n'auroient
de Communion qu'avec leur Egliſe , & ſeroient
privez de celle des autres Evêques. Les Legats du
Pape y propoſerent d'ôter des Diptyques les noms
de Dioſcore & de Juvenal.
Anatole ayant celebré ce Concile, envoya des
Députez à Saint Leon , pour l'affûrer de la pu .
reté de fa doctrine , & communiquer avec lui
ſur ce qu'ils avoient propoſé dans le Concile.
L'Empereur Marcien & l'Imperatrice Pulcherie é
crivirent à S. Leon , & celle- ci lui manda que l'on
alloit celebrer au plûtôt un Concile en Orient ,
où elle le prioit d'envoyer les Evêques d'Occi
dent: elle ajoûra qu'elle avoit fait apporter le corps
de Flavien à Conſtantinople, où on l'avoit enter
* ré avec honneur dans l'Égliſe des Apôtres , qui
étoit le lieu de la ſepulture ordinaire des Evê
* ques de Conſtantinople , & que l'on avoit permis
aux Evêques exilez en ſuite du Concile d'Epheſe
ſous Diofcore de revenir à leur Dioceſe.
Saint Leon remercia l'Empereur & l'Impera- Ep.58.59.
trice de la protecțion qu'ils donnoient à la Foi ,
il reçûc avec joye Anatole , le reconnut pour Evê- EP. 60 .
que legitime , permir de recevoir à la Commu
nion Ecclefiaftique les Evêques, qui ayant été con
traints de ceder à la violence dans le Concile d'E
B pheſe ,ſe repentoient de ce qu'ils avoient fait , &
faiſoient profeſſion de la Foi de l'Egliſe. A l'égard
825 NOUVELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire de Dioſcore , de Juvenal & d'Euſtache de Bee )
du Conci- ryte , il dit à Anatole de conſulter là - deflus
lece de Cal. ſes Legats , & de faire ce qu'ils jugeront à pro
doine. pos ,
& ce qui ne pourra porter aucun préjudice
à la memoire de Flavien ; que pour lui il lui
ſemble qu'il eſt injuſte que l'on mette les noms
de ſes perſecuteurs au rang de ceux des ſaints E
vêques , pendant qu'ils demeurent dans leur er
reur , & qu'il lui ſemble julle qu'ils ſoientou punis
de leur perfidie, ou ſupplians pour leur faute. Il
lui recommande enfin Julien de Coos , Euſebe
de Dorylée , & ceux du Clergé qui avoient été
Ep. 61 . affectionnez à Flavien. Il écrit en particulier à
Julien de Coos , qu'il ne faut pas recevoir les E
vêques qui avoient aliſté au Concile d'Epheſe ſous
Dioſcore , qu'ils ne condamnent ce qu'ils avoient
fait , & qu'il faut punir ceux qui perlifteront. Ces
lettres font du 13. Avril 451.
L'Empereur Martien & Saint Leon étoient
tous deux de même avis quant à la convoca
tion d'un Synode ; mais Saint Leon ſouhaitoit
qu'il fût aſſemblé en Italie , & l'Empereur vou
loit abſolument que ce fût en Orient. Il envoya
neanmoins Lucentius Evêque & ! Baſile Prê
Ep. 62. 63. tre en Orient , pour travailler à la reconcilia
64.65.66. tion des Evêques ; mais il écrivit en même temps
qu'il croyoit qu'il étoit plus à propos de differer
le Synode à cauſe des guerres. Il ordonna à ſes
Legats d'agir avec prudence & de concert avec
Anatole , & de ne recevoir à leur Communion
que ceux qui feroient une profeſſion claire &
nette de la doctrine de l'Egliſe. A l'égard des chefs
du parti , il ſe reſerve la connoiſſancede leur cauſe,
& cependant il défend de reciter leurs noms à
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 827
l'Autel , ni de les recevoir à la Communion. Il re- Hiſtoire
mercia l'Empereur & l'Imperatrice de ce qu'ils du Conci
ayoient fait revenir les Evêques exilez, & honoré la le de Cal
memoire de Flavien , & les pria d'éloigner Eutyche, cedoine.
& deniettreunAbbé Catholique dans ſon Monaſte
re. Il avertit enfin Julien de Coos de travailler avec
les Legats qu'il envoyoit , à achever d'éteindre les
reſtes de l'hereſie. Deux Prêtres d'Orient loup
çonnez d'hereſie vinrent en ce temps-là ſe refu
gier à Rome. Le Pape aprés s'être affûré de leur Fp. 67.
ſentiment , & leur avoir fait condamner les erreurs
de Nettorius & d’Eutyche , les renvoya abfous ,
& les recommanda à Anatole.
Pendant que Saint Leon ſongeoit à rétablir
les affaires de l'Egliſe ſans Aſſemblée de Conci
le , Martien en indiqua un à Nicée pour le 1.
Septembre, Saint Leon enayant reçû la nou-.
velle , y envoye le Prêtre Boniface , & donne
ordre å Paſcaſinus Evêque de Lilybée d'y aller
auſſi en ſon nom , avec les Legats qu'il venoit
d'envoyer , & Julien de Coos. Il écritſur la con- Ep.69.70.
vocation de ce Concile à l'Empereur , à Anato: 71 .
le , & à Julien de Coos.
Dans ces lettres il témoigne être fâché que l'on
eût indiqué le Concile , & qu'il croyoit que l'on
feroit mieux de le differer à un temps plus pro
pre : neanmoins il dit qu'il y envoye Paſcali
nus Evêque de Lilybée , & le Prêtre Boniface ,
afin qu'ils aſſiſtent en ſon nom au Concile avec
Julien Evêque de Coos. Il prie même l'Empe
icur qu'il accorde la preſidence à Paſcaſinus.
Il écrivit auſſi une lettre aux Evêques du Con
cile, dans laquelle aprés s'être excuſé de ce qu'il
n'eſt pas venu lui - même en perſonne au Con
7
-1
828 NOUVELLE BIBLIOTHEQUIE
Hiſtoire cile à cauſe que ce n'eſt pas la coûtume , il leur
du Conci- fair ſçavoir qu'il envoye les Evêques Pafchafinus
le de Cal- & Lucentius, & les Prêtre Boniface & Bafile ,
cedoine. pour aſſiſter en ſon nom au Concile. Il les exhor
te d'arrêter les diſputes de ceux qui attaquent la
Foi de l'Incarnation qu'il a expliquée dans la let
tre à Flavien , & de remedier aux maux de l'E
gliſe, en rétabliſſant les Evêques condamnezpour
la Foi , & en condamnant Eutyche &ſes ſecta
teurs, ſans toucher à ce qui avoit été fait contre
Ncſtorius
Ep. 73.
par vingt-ſept
lettre eſt du le premierJuin
Concile
. Il d'Epheſe.
y en a une Cette
autre
de inême date adreſſée à l'Empereur Martien ,
dans laquelle il marque que le Concile ne doit
rien innover , ni mettre en conteſtation aucune
queſtion de Foi , mais qu'il doit s'en tenir à la Foi
des Conciles de Nicée & d'Epheſe , & condam
Ep. 74 ner les erreurs de Neſtorius & d’Eutyche. Par une
autre lettre du 19. Juillet il le prie encore
de la même choſe , & lui recommande ſes Le
gats .
Ep. 75 . Enfin , il écrit à Pulcheric , qu'il avoit envoyé
ses Legats au Concile , quoi - qu'il eût ſouhaité
qu'il le fût tenu en Italie. Il marque qu'on doit
y agir avec beaucoup de moderation , & ne pas
imiter la violence pratiquée dans le Concile de
Dioſcore. Il ajoûte qu'il en a uſé ainſi en rece
vant à la Communion ceux qui étant tombez par
lâcheté avoient reconnu leur faute. Il croit même
qu'on peut pardonner aux chefs du parti ; mais il
ne veut pas qu'on les reçoive avec precipitation , &
ſans qu'ils ayent donné des marques d'un repen
tir fincere.
Le premier Septembre, qui étoit le jour mar
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES ." 829
qué pour commencer le Concile , étant venu, plu- Hiſtoire
fieurs Evêques ſe rendirent à Nicée où il avoit du Conci
été indiqué. Y étant demeurez quelques jours le deCal.
ſans avoir de nouvelles de l'Empereur , ils lui é- cedoine.
crivirent pour le prier qu'il leur permît de com
mencer le Concile. L'Empereur leur fit réponſe
que les Legats du S. Sicge avoient jugé à propos
qu'il y fût lui preſent en perſonne , & que les
affaires de l'Empire ne lui ayantpas permis, &
ne lui permettant pas encore d'aller à Nicée, il
les prioit de venir à Calcedoine , où ils tien
droient le Concile. Ce lieu fut fufpea à quel
ques-uns , parce qu'il étoit à craindre qu’Eutyche
qui avoit des partiſans en ces quartiers , ne filt
quelque ſedition. Ils firent ſçavoir à l'Empereur
le ſujet de leur crainte , mais il les affûra qu'il au
roit ſoin qu'ils fuflent en repos, & les exhorta de
venir au plûtôt. Les Evêques ayant reçû cette
lettre vinrent promptement à Calcedoine , où le
Concile s'affembla pour la premiere fois le 8.
jour d'Octobre de l'an 491 .
Ce Concile fut tenu dans la grande Egliſe de Concile de
Sainte Euphemie, en preſence des Commiſſaires Calcedoine.
Officiers de l'Empereur, & des Conſeillers d'E
tat quien regloient tous lesmouvemens , & étoient
aflis au milieu de l’Aflemblée, proche les balu
ſtres de l'Autel. A leur gauche étoient Paſcaſinus
& Lucentius Evêques , & le Prêtre Boniface, Le
gats du Pape ; enſuite Anatole de Conſtantino
ple , & aprés lui Maxime d'Antioche , Thalaſſius
de Ceſarée , Eſtienne d'Epheſe , & tous les Evêques
du Dioceſe d'Orient , à l'exception de ceuxde Pale
ftine avec lesEvêquesdes Dioceſes du Pont, de l'A
fic & de la Thrace , dont ceux que nous venons de
830 NouVELLE BIBLIOTHEQU I
'Hiſtoire nommer , étoientles Exarques ou Patriarches. A la
du Conci- droite étoient Dioſcore d'Alexandrie , Juvenal de
le de Cal- Jeruſalem , Quintillusd'Heracléc en Macedoine,qui
cedoine. tenoit la place del'Evêque de Theſſalonique, Pierre
de Corinthe ; avec les Evêques d'Egypte , d'Illyrie
& de Paleſtine. Les ſaints Évangiles étoient dans le
milieu. On dit communément que le nombre des
Evêques étoit de 630. Er en effet ,Saint Leon dans
l'Epître 77. aux Evêques des Gaules dit , que le
Synode étoit de fix cens Evêques ou environ. Li
bérat & Photius en comptent ſix cens trente : Ce
pendant il n'y en a que trois cens cinquante ou
environ de nommez dans les Actes du Concile;
& il eſt bien difficile que l'on ait aſſemblé des
feuls Dioceſes de l'Egliſe Grecque plus de fix cens
Evêques . Le témoignage de S. Leon ne le prouve
pas invinciblement , parce que le nombre de ſix
cens en Latin ſe prend ordinairementpour un nom
bre conſiderable. Il ſe peut faire que cela ait don
né lieu à quelque erreur, ou qu'il y ait eu quel
que brouillerie dans les chifres. Quoi qu'il enſoit,
ce Concile a été compoſé d'un nombre d'Evêques
plus grand que celui des Conciles precedens .
Aition pre LeConcile fur aſſemblé pour la premiere fois
miere .
le 8. Octobre. La premiere choſe que fit Pal
caſinus Legat du Pape , fut de demander que
Dioſcore n'eût point de ſeance au Concile , mais
qu'il y entrât ſeulement en état d'accuſé, diſant
qu'ils avoient ordre de Saint Leon , Evêque de
l'Egliſe de Rome , qui eſt le Chef des autres Egli
ſes , d'empêcher qu'il n'eût ſeance au Concile , &
que s'il l'avoit , ilsdeclaroient qu'ils ſe retireroient.
Il faut remarquer qu'ils parloient en Latin , & qu'un
Interprete expliquoit au Concile ce qu'ils diſoient.
DES Auteurs ECCLESIÀSTIQUES. 831
Les Commiſlaires demanderent ce qu'onavoit à lui Hiſtoire
reprocher. Les Legats inſiſterent qu'il avoit à du Conci
rendre compte du jugement qu'il avoit rendu ſans le de Cale
autorité , & contre la volonté du S. Siege , qu'il cedoine.
étoit accuſé, qu'il ne pouvoit pas être Juge. Les
Commiſſaires ordonnerent qu'il ſe mettroit dans
le milieu en qualité d'accuſé. Auſſi-tôt ſon accu
ſateur Euſebe de Dorylée parut , & demanda qu’on
lût ſa Requête , en diſant en pleurant, qu'il avoit
été injuſtement condamné aulli - bien que Flavien
que Dioſcore avoit fait mourir. La Requête por
toit , que dans le Concile tenu depuis peu å E
pheſe , Dioſcore avoit entrepris pluſieurs choſes
contre la juſtice & contre la Foi , en ſoûtenant
Eutyche , accuſé & convaincu d'hereſie , & en con
damnant des Evêques Catholiques ; qu'il prioit
le Concile d'ordonner qu'il répondît aux accu
ſations qu'il étoit prêt d'intenter contre lui.
Dioſcore ſe défendit , en diſant ; que Flavien
avoit été condamné dans un Concile affemblé par
autorité de l'Empereur , & demanda qu'on en lúc
les Actes. Euſebe y conſentit.Dioſcore changeant
de ſentiment, pria le Concile d'examiner avant
toutes choſes ce qui concernoit la Foi. Les Com
miſſaires ordonnerent qu'il répondroit à l'accu
ſation formée contre lui, & qu'on liroit les Actes
du Concile d'Epheſe , comme il l'avoit demandé.
On lût donc les lettres de l'Empereur Theodole
pour l'indiction du Concile d'Epheſe, & les Actes
de ce Concile , dans leſquels étoient inſerez ceux
du Concile de Conſtantinople ſous Flavien. Cela
donna lieu à differentes interruptions.
La premiere fut au ſujet de Theodoret , à qui
Theodoſe avoit défendu de ſe trouver au Cons.
3
832 NOUVELLI BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire cile d'Epheſe.Les Commiſſaires demanderent qu'on
du Conci- le fiſt entrer , parce que Saint Leon l'avoit recon
le de Cal- nu pour legitime Evêque , & que l'Empereur Mar
cedoine. tien avoit ordonné qu'il aſſiſteroit au Concile. Les
Evêques d'Egypte , d'Illyrie & de Paleſtine s’y
oppoſerent. Il ſe fit là-deſſus pluſieurs acclama
tions tumultuaires de part & d'autre. Enfin , les
Juges ordonnerent qu'il entreroit en qualité
d'accufateur , & qu'il ſe mettroit au milieu, fans
que cela portât aucun préjudice aux droits des Par
ties. Quand il fur entré , les acclamations de part
& d'autre redoublerent. Les uns crioient qu'il étoit
dépoſé de ſon Siege , les autres l'accuſoient d'ê
tre Neſtorien : les Orientaux crioient contre Diof
core & contre les Egyptiens , ceux - ci crioient
contre les Orientaux. Cela auroit duré long- temps,
& l'Aſſemblée feroit degenerée en cohuë , fi les
Commiflaires n'cuſſent arrêté ces cris populaires ,
en avertiſſant les Evêques , qu'il étoit indigne
d'eux d'en agir ainſi, & en faiſant continuer la
lecture des lettres de Theodofe , & les Actes du
Concile d'Epheſe. La lecture de ces pieces fit con
noître que Dioſcore n'avoit pas voulu qu'on lût
dans le Synode la lettre de S. Leon , quoi-qu'on
l'eût demandé par deux fois à Dioſcore . On ac
cuſa Dioſcore d'avoir falſifié les Actes , d'avoir fait
ſigner les Evêques dans un papier blanc & par vio
lence , les ayant fait entourer de ſoldats qui les
menaçoient. On dit qu'Eutyche avoit bien avoué
quc la chair de Jesus -Christ n'étoit pas deſcen
duë du ciel , mais qu'il n'avoit pas voulu dire d'où
elle étoit . On diſputa quelque temps de l’union
& de la diſtinction des deux natures . Les Orien
taux avouërent qu'ils avoient mal fait de figner la
dépоlіtіод
Des Auteurs EccLESIASTIQUES. 833
dépoſition de Flavien ; ils dirent tous d'une com- Hiſtoire
mune voix ; qu'ils avoient tous failli , qu'ils de- du'Conci
mandoient tous pardon. On examina pourquoi le de Cat
l'on n'avoit pas fait entrer au Concile d'Epheſe cedoine.
Euſebe de Dorylée. Là -deſſus Dioſcore ſe plaignit
de ce qu'on avoit fait entrer Theodoret à celui
de Calcedoine. Quand on lûe l'avis de Dioſcore
contre Flavien's tous les Evêques d'Orient s'ć
crierenr , Anatheme à Dioſcore , & defapprouve
rent la condamnation de Flavien & d'Eufebe de
Dorylée. Les Commiſſaires conclurent, que puiſ
qu'il paroiſſoit par les Actes qu'on venoit de lia
re , & par l'aveu même de ceux qui avoient cu les >
premieres places au Concile d'Epheſe , que Flavien
& Euſebe de Dorylée avoient été injuſtement con
damnez , il étoit juſte que non ſeulement Dioſco
te Évêque d'Alexandrie ,mais auſſi Juvenal de Je
ruſalem , Thalafle de Ceſarée , Eulebe d'Ancyre ;
Euſtache de Beryte & Baſile de Seleucie en Iſauric,
qui avoient preſidé auConcile d'Epheſe avec au
torité , fuſſent ſujets à la même peine , & decla
rez indignes des fonctions Epiſcopales, ſuivant les
ſaints Canons. Les Evêques d'Orient & d'Illyrie
approuverent ce Jugement. Les Juges dirent en
ſuite , que les Evêques devoient preſentement de
clarer quelle étoit leur foi , & être perſuadez que
l'Empereur ſutvoit la Foi du Concile de Nicée
celle du Concile de Conftantinople , & la do & rind
des Saints Peres Gregoire, Bafile, Athanafe, Hi
laire , & des deux lettres de Saint Cyrillc lûës
& confirmées dans le premier Concile d'Epheſe ,
& que Saint Leon avoit écrit une lettre à Fla
vien contre Eutyche , qui contenoit l'Expoſition
de la Foi Catholique.
Tome IV . G88
834 NOUVELIE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire La ſeconde Action dans les exemplaires Grecs
du Conci- d'à preſent, eſt celle où l'on traite de la Foi. Eva
le de Cal- gre & Facundus ne lui donnent que le troiſiéme
cedoine. rang ? & mettent la troiſiéme, qui regarde la dé
poſition de Dioſcore , au ſecond rang. Liberat au
contraire ſuit l'ordre vulgaire. L'ancien Manuſcrit
de l'Egliſe de Paris s'accorde avec Evagre ; mais
le Diacre Ruſtique , qui avoit revû vers le milieu
du cinquiéme ſiecle l'ancienne verſion du Conci
le de Calcedoine ſur pluſieurs Manuſcrits , affûre
que celui du Monaſtere des Moines Acemetes
ſuivoit l'ordre de Liberat. De ſorte qu'à ne con
fiderer queles autoritez exterieures , il eſt difficile
de ſe determiner ſur l'ordre de ces deux Actions ,
parce que voilà de part &d'autre des témoins éga
lement anciens & croyables. La date qui devroit
decider cette difficulté , n'eſt pas bien certaine,.
L’Action de la condamnation de Dioſcore eſt cer
tainement du troiſiéme des Ides , c'eſt -à -dire, du
13. Octobre. Celle où il eſt traité de la Foi
dans le Grec & dans la pluſpart des Manuſcrits
Latins , eſt du fixiéme des Ides , qui eſt le dixić
me Octobre : mais le Manuſcrit de l'Egliſe
de Paris porte ſeulement , ſub die Idus O &tobris,
avant les Ides d'Octobre , fans, dire le jour ;
ainſi ce pourroit être le 14. La quatriéme Sellion
qui marque la date de la premiere , n'éclaircit pas
davantage : car dans la verſion il y a, le fix des Ides
d'Octobre, & dans le Grec , le premier des Ides,
Dans la premiere Action , les Commiſſaires re
mettent la queſtion de la Foi au premier jour.
L'Action où il eſt traité de la Foi, parle auſſi de
celle où il avoit été traité de l'abſolution de
Flavien , comme yenant de preceder, Il y eſt dis
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES, 833
ſur la fin , que cinq jours aprés on s'affemblera Hiſłoire
pour traiter encore de la doctrine de la lettre de duConcia
Saint Leon , ce qui fut fait le 17. dans l'Action le de Cala
quatriéme. cedoine.
Enfin , les Evêques d'Illyrie demandent en fi
niſſant l'Action , qui eſt vulgairement la ſeconde
qu'on rende Dioſcore au Synode & à ſon Egliſe,
Diofcorum Synodo , Diofcorum Ecclefiis. Auroient
ils oſé le faire , ſi ſa depoſition cût été prononcée
dans le Concile ; &qu'ils l’euſſent eux-même ſignée?
Ces raiſons ſemblent rendre l'ordre ordinaire plus
yraiſemblable. Mais d'un aurre côté , Dioſcorc
cité devant le Concile dans la Seffion où il de
voit être dépoſé , répond par deux fois , que dans
la premiere Seance les Commiſſaires de l'Empe
reur y avoient allifté , & qu'on l'appelloit à une ſe
conde Seance où ils n'étoient pas. Il eſt donc
bien difficile de ſçavoir le veritable ordre de ces
deux Seances.
Quoi qu'il en ſoit , nous laiſſerons ici l'Àction
où l'on agite la queſtion de la Foi , dans le ſecond
rang. Les mêmes Commiſſaires & les mêmes Evê
ques qui avoient aſſiſté à la premiere Action , s'y
trouverent, & dans le même ordre , à l'exception
de ceux qui avoient été declarez indignes du Sa
cerdoce dans la premiere Action. Les Commiſ
faires ayant repreſenté , que ce qui regardoit le
Jugement de Flavien & d'Eufebe de Dorylée ,
ayant été jugé dans la Scarice precedente , il faloit
examiner ce qu'on devoit croire , parce que, c'étoit
le principal ſujet , pour lequel le Concile étoit af
ſemblé; que l'Empereur n'avoit point d'autre Foi
que celle du Concile de Nicée ; tous les Evêques
declarerent qu'ils n'en avoient point non plus d'au
Ggg ij
836 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire tre ,qu'ils ne vouloient point ſemêler de l'expliquer
du Conci- ni dy rien ajoûter. Cecropius dit , que pour re
le de Cal- jetter l'erreur d'Eutyche , la lettre de Saint Leon
cedoine. luffiſoit. Les Evêques dirent qu'ils la fuivoient ,
& qu'ils l'avoient lignée. Les Commiflaires dirent
les Patriarches choififfent un ou
qu'il faloit que
deux des Evêques de leur Dioceſe , des plus éclai
rez , afin qu'ils puſſent traiter & convenir de la
Foi. Tous les Evêques dirent qu'ils ne feroient
point de nouvelle Expoſition de Foi par écrit ,
qu'il y avoit un Canon qui le défendoit. Floren
ce de Sardes remontra qu'on ne pouvoit pas faire
fi promptement une Expoſition de Foi , & de
manda du temps. Cecropius demanda qu’on lût
le Symbole de Nicée & la lettre de Saint Leon.
Les Juges l'ordonnerent ainſi. On lut donc le Sym
bole de Nicée , celui de Conſtantinople , la fc
conde lettre de Saint Cyrille à Neſtorius, la let
tre d'union à Jean d'Antioche , la lettre de Saint
Leon à Flavien , & les paſſages des Saints Peres
qui la ſuivent. Tous les Evêques approuverent
par leurs acclamations reſterées les Symboles de
Nicée & de Conftantinople. Ceux d'Illyrie & de
Conftantinople firent quelques difficultez ſur des
endroits de la lettre de Saint Leon : mais pour
les fatisfaire, on fit voir qu'il y en avoit de lem
blables dans les Ecrits de Saint Cyrille. Cela les
fit conſentir avec les autres , & tout le Synode
approuva la lettre de Saint Leon . Mais comme il
yavoit quelques Evêques qui avoient encore quel
que difficulté là-deſſus, on remit l'Action à cinq
jours de là, afin qu'ils puſſent s'éclaircir, & on
pria Anatole de choiſir des Evêques parmi ceux
qui avoient ſigné cette lettre , qui fuffent capables
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 837
de l'expliquer aux autres. L'Action finit par des Hiſtoire
acclamations , dans leſquelles les Evêques d'O- du Conci
rient demandoient pardon pour ceux de leur cô - le de Cal
0 té , & l'exil de Dioſcore; les Illyriens au contrai- cedoine.
re demandoient qu'on le laiſſât dansſon Egliſe,
& qu'il eût place dans le Synode.
1
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES : 839
Sacrifice non ſanglant de l'Autel , & pour nourrir Hiſtoire
les étrangers & les pauvres , d'avoir fait diſtribuer du Conci
à des perfonnes infames le bien qu'une Dame le de Cal
avoit laiſle auxpauvres & aux Hôpitaux d'Egypte, cedoine.
de vivre familierement avec des femmes de mau
1
vaiſe vie. Il ajoûtoit que Diofcore l'avoit chaſe
du Clergé fans raiſon , quoi- qu'il eût rendu de
grands ſervices à l'Egliſed'Alexandrie du temps
de Saint Cyrille , & qu'il eût été de ſes amis ;
qu'il avoit fait brûler la maiſon par des Moines ;
qu'enſuite il avoit envoyé une troupe d'Eccleſia
ſtiques pour le violenter ; qu'ils l'auroientfait mou
rir s'il ne ſe fût ſauvé ; qu'il l'avoit faic arrêter à
Alexandrie , & enfermer dans un Hôpital dema
lades , où il l'avoit voulu encore faire aflom
mer .
)
844 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire commencement de l'Egliſe de l'Evangeliſte Saint
du Conci- Marc, & qu'il avoit appriſe de Saint Pierre Mar
le de Cal- tyr , & de leurs Saints Peres Athanaſe, Theophi
cedoine. lc & Cyrille , qu'ils tenoient la Foi des Peres
du Concile de Nicée & celle de Saint Athanaſc ,
& qu'ils anathematizoient toutes les hereſies , cel
les d'Arius , d'Eunomius , de Manichée , de Ne
ſtorius , & ceux qui diſent que la chair de Jesus
Christ eſt deſcenduë du ciel, ou qu'il ne l'a pas
priſe dans le ventre de la Vierge Marie Mere de
Dieu comme tous les autres hommes. Cette re
quête étoit ſignée de treize Evêques d'Egypte.
Les Evêques du Concile trouverent fort mau
vais qu'ils n'euffent pas condamné Eutyche , &
approuvé la lettre de Saint Leon. Ils den anderent
par pluſieurs acclamations qu'ils anathematizaf
ſent Eutyche, & qu'ils ſignaffent la lettre de Saint
Leon. Ils declarerent qu'ils condamnoient Euty
che , qu'ils approuvoient la lettre de Saint Leon ,
mais qu'ils ne pouvoient rien ſigner qu'ils n'euf
fent un Patriarche. Ils remontrerent d'une manic
re fort touchantè qu'il leur étoit défendu de rien
faire ſans lui ; que s'ils ſignoient quelque choſe
ils ſeroient déchirez en leur pays. Les Evêques ne
paroiſſoient pas fort touchez deces remontrances,
& crioient toûjours contre eux. Mais les Com
miſſaires plusmoderez declarerent , que, puiſque
ce qui empêchoit les Evêques d'Egypte de figner,
n'étoit pas qu'ils ne fuſſent de l'avis du Concile ,
mais ſeulement un uſage établi parmi eux , ſui
vant lequel il leur étoit défendu de rien faire ſans
le conſentement & l'ordre de leur Patriarche ;
qu'ils demandoient fęulement que l'on attendît
De $ AUTEŪRS ECCLESIASTIQUES. 849
مام
qu'ils en cuſlent un ; qu'il étoit juſte & raiſonnable Hiſtoire
qu'on ne fiſt rien contre eux , juſques à ce qu'il du Conci
ý cût un Patriarche ordonné , & que juſques-là le de Cal
ils demeureroient à Conſtantinople. Pafchafinus cedoine.
conſentit à cette propoſition ; à condition qu'ils
donneroient caution dene point ſortir de Con
ftantinople qu'ils n'eufſent un Patriarche. Les
Commiſſaires ordonnerent qu'ils donneroient
caution de cela , ou du moins qu'ils s'y engage
froient avec ferment.
.
On fit enſuite entrer des Moines d'Egypte
qui avoient preſenté une Requête à l'Empereur,
qui tendoit à demander qu'on ne les obligeât
point à rien figner. Ils furent fort mal reçûs; &
quelqu'un ayantapperçû parmi eux Bariumas
s'écria qu'il avoit tué Flavien y que c'étoit lui qui
avoit commandé qu'on le fiſtmourir. Ils preſence
rent une autre Requête au Concile , dans laquel
le ils demandoient que Dioſcore & les Evê
ques de ſon parti vinſient au Synode, qu'on cal
fât tout ce qui avoit été fait contre lui , & decla
roient que ſi on ne le faiſoit, ils ſe ſepareroient de
la Communion des Evêques du Concile. Quand
cette Requête fut lúë, l'Archidiacre Aëtius lứt le
Canon cinquiéme du Concile d'Antioche contre
les Moines qui font ſchiſme. On lesinterrogea
enſuite ſur leur Foi. Ils proteſterentqu'ils tenoient
la Foi du Concile de Nicée & d'Epheſe , mais
>
ils ne voulurent point anathematizer Eutyche.
D'autres Moines preſenterent une Requête con
tre ceux-ci , & declarerent qu'ils les condamnoient
demandant permiſſion de punir ceux qui ne vo
droient pas ligner. On interrogea encore Caro
fus & Dorothéc , qui étoient les principaux de
846 Nou VELLE BIBLIOTHECUE
Hiſtoire ces Moines obſtinez. Ils declarerent qu'ils ne vous
du Conci- loient ni ſigner la lettre de Saint Leon , ni con
Ir de Cal- damner Eutyche. On leur donna deux ou trois
sedoint. jours pour penſer à ce qu'ils feroient.
Cette Action eſt ſuivie d'une Seance particu
liere du 20. Octobre contre Carolus & Dorothée ,
à qui l'on avoit donné deux ou trois jours de
temps , & d'une autre du même jour touchant un
differend qui étoit entre Euſtathe de Beryte, &
Photius de Tyr. Ni Evagre, ni Liberat, ne fone
aucune mention de ces deux Seſſions , & elles ne
ſe trouvent point dans les anciennes verſions du
Concile ; ce n'eſt pas qu'elles ne ſoient veritables :
car il eſt fait mention du Jugement rendu par
le Concile couchant l'affaire de Photius dans la
dixiéme Action ; mais c'eſt parce qu'elles concer
noient des affaires particulieres qui n'étoient pas
de conſequence , ou qui n'avoient point de rap
port au Concile. Car celle qui regarde Carolus,
Dorothée , Barſumas , & les autres Moines , ne
contient rien de remarquable. On leur donne
ſculement juſqu'au 15. Novembre pour deliberer
s'ils ſe ſoûmettroient au Concile , aprés lequel
temps paſlé , s'ils ne veulent pas le faire , on les
declare dépoſez de leurs charges, & cxcommuniez.
L'Action touchant le differend de Photius de
Tyr , & d'Euſtache de Beryte , eſt plus conſide
rable ; mais elle n'a aucun rapport à l'affaire pour
laquelle le Concile étoit allemblé: & c'eſt pour
cette raiſon qu'Evagre & Liberat n'en ont point
parlé , & qu'elle n'a pas été décrite dans plu
lieurs exemplaires du Concile. Voici le ſujet de
cette A & ion. L'Empereur avoir érigé la ville de
Beryte en Metropole, cela avoit donné occaſion
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 847
à Euftache de prendre auſſi la qualité de Metro- Hiſtoire
politain , & de s'emparer des villes de la Province du Concia
qui auparavant étoient dépendantes de la Metro - le de Calg
pole de Tyr. Il avoit même fait conſentir Pho- cedoine,
tius Evêque de Tyr à ce démembrement , & lui en
avoit fait figner un Acte , quoi - que malgré
lui. Photius demande à être relevé de cér Acte ,
prend pour cér effet des lettres de l'Empe
reur , & preſente fa Requête au Concile, par la
quelle il demande que ce qu'il avoit fait , ne lui
pûc préjudicier , & que ſans y avoir égard il fût
rétabli dans les anciens droits . Euſtathe deman
de à Photius s'il vouloit traiter cette affaire fe
lon les formalitez du Conſeil de l'Empereur , ou
ſelon les Loix de l'Egliſe . Photius répondit qu'il
s'étoit adreſlē à l'Empereur pour obtenir que l'E
gliſe de Tyr jouïſt de ſes anciens droits , mais
qu'il ne s'écartoit pas pour cela des Loix de l’E
gliſe. Les Commiſſaires ordonnerent qu'on trai
teroit cette affaire ſelon les Canons ; les Evêques
furent de même avis . Photius accuſa Euſtathe de
lui avoir pris fix villes , & demanda qu'on les lui
rendît. Euftache ſe défendit , parce que cela avoir
786
été ainſi reglé dans un Synode tenu à Conſtan
tinople , dont on lui avoit apporté le reglement
ligne d'Anatole , & de Maxime d’Antioche. Il
ajoûta qu'il n'avoit point demandé à l'Empereur
de faire la ville une Metropole , mais que la coûu
tume étoit que l'Empereur érigeoit les Metropo
les , que ce n'étoit point lui qui avoit diviſé la
Province , mais le Concile; & que comme de
puis peu la lettre de S. Leon étant venuë à Con
kes
Itantinople , un Synode d'Evêques aſſemblez en
cette ville l'avoit envoyée aux autres Evêques ,
848 NouVELLE BibltOTHIQUE
Hiſtoire afin qu'ils la ſignaffent , il en avoir été de meine
du Conci- de la lettre qui l'avoit mis en poſſeſſion du droit
le de Cal- de Metropole. Photius ſe plaignit de ce que pen
cedoine. dant qu'il faiſoit les Ordinations dans ſa Provin
ce ſuivant l'ancienne coûtume, on avoit envoyé
un Mandement, par lequel on l'excommunioit, en
forte qu'il étoit demeuré excommunié pendant
cent vingt-deux jours. Anatole, que ce reproche
regardoit , dir que Photius faiſant des choſes con
tre l'uſage & contre l'ordre , avoir été excom
munié par un Synode tenu à Conftantinople.
Là- deſſus les Commiſſaires demanderent s'il avoit
été permis à Anatole d'envoyer un Mandement
d'excommunication à Photius , & de lui ôter des
Suffragans, & enfin ſil'on devoit donnerle nom de
Synode àune Aſſemblée d'Evêques qui ſe trouvent
à Conſtantinople. Sur ce dernier chef , un des
Evêques dit , ſans que perſonne reclamâr, qu'on
donnoit le nom de Synode à une Aſſemblée de
cette nature , & que ceux qui étoient leſez , pou
voient s'y adreſſer pour avoir juſtice. Mais ſur
ce qu'on avoit dit que Photius étoit abſent, tous
les Evêques furent d'avis qu'on ne pouvoit point
condamner un abſent. Anatole ſe défendit aufli
fort bien ſur le premier chef, mais il ne ſe juſtifia
pas ſur le ſecond , & un Evêque luireprocha qu'
il avoit agi contre les loix Romaines , en con
damnant un abſent. Photius demanda qu'on main
tînt les anciennes Loix Ecclefiaſtiques. Tous les E.
vêques dirent que la demande étoit juſte , que les
Canons devoicnt demeurer dans leur vigueur. On
lût le Canon iv. du Concile de Nicée touchant le
pouvoir du Metropolitain , d'ordonner les Evê
ques avec leurs Comprovinciaux. Les Commif
faires
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 849
faires demanderent ſi les Evêques de la Province Hiſtoire
avoient a fifté aux Ordinations d'Euſtathe. Il ré- du Conci
pondit, que depuis qu'il jouiſſoit du droit de Me- lede Cala
tropolitain , il avoit toûjours fait trouver des cedoine.
il
Evêques de la Province aux Ordinations qu'il
avoit faites. Les Commiſſaires demanderent au
Concile , fi ſelon les Canons il pouvoit y avoir
deux Metropolitains qui euflent droit d'ordonner
dans une même Province. Le Concile répondit
qu'il n'y en devoit avoir qu'un ſuivant le Canon
du Concile de Nicée. Les Commiſſaires adjuge
rent donc le droit à Photius dans toute la Pro
vince de la premiere Phenicie, & défendirent à Eu
ftathe de ſe prévaloir de la Pragmatique de l'Em
pereur. Le Concile approuva ce Jugement : la dif
ficulté fut touchant les Evêques ordonnez tant
par l'un que par l'autre. Là-deſſus le Concile ju
gea que ceux que Photius avoit ordonnez, devoient
demeurer Evêques , quoi- qu'Euſtathe les eût mis
au rang des Prêtres. Tous les Evêques furent de cét
O! avis. Enfin , Cecropius remontra au Concile
„3 que pour empêcher ces fortes de plaintes & de
troubles , il faloit ordonner que les lettres que
l'on obtiendroit de l'Empereur , en quelque Pro
vince que ce fût, ne pourroient préjudicier aux
Canons & à l'ancienne diſcipline. Le Synode &
les Commiſſaires le jugerent ainſi.
L'Allemblée ſuivante que l'on compte la cin Action cin
quiéme, ſe tint le 22. jour d'Octobre. Les Com quiéme.
miſſaires firent reciter l'expoſition de Foiqui avoit
été dreſſée la veille , la plũpart des Evêques l'ap
prouverent ; mais les Legats du Pape & quelques
Evêques d'Orient s'y oppoſerent. Les premiers le
firent ſi fortement , qu'ils demanderen t à s'en re
Hhh
Tome IV.
850 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire tourner ſi l'on ne s'arrêtoit pas uniquement à la let
du Conci- tre de S. Leon. Cela excita plufcurs acclamations
le de Cal- de la part de ceux qui vouloient qu'on la reçût.
cedoine. Les Commiſſaires avoit
y firent quelque difficulté, par
condamné Flavien à cauſe
Dioſcore
ce que,
qu'il diſoit qu'il y avoit deux natures en Jesus
CHRI
,
ST , &que cette definition ne diſoit
pas
cela préciſément, mais ſeulement que l'union s'é
toit faire de deux natures. Anatole dit que Dior
core n'avoit pas été condamné à cauſe de la Foi,
mais pour avoir excommunié Saint Leon , & ne
s'être pas trouvé au Synode. Les Legats du Saint
Siege perſiſtant à s'oppoſer à cette nouvelle de
finition de Foi, diſant qu'il étoit inutile, & qu'il
y manquoit pluſieurs choſes , & les autres foû .
tenant toûjours qu'elle étoit neceſſaire , & entie
re , les Commilaires dirent qu'il faloit en faire
rapport à l'Empereur, & attendre les ordres là
dellus. Il ordonna que l'on choiſift fix Evêques
du Dioceſe d'Aſie , trois de celui du Pont , trois
de celui d'Alie , trois de la Thrace , & autant
d'Illyrie , afin qu'étant aſſemblez dans la Cha
pelle de l'Egliſe de Sainte Euphemie , ils dreſlar
lent une Formule de Foi , ou que chacun fiſt fça
voir fa doctrine par ſon Metropolitain ; & il ajoû
ta que ſi les Evêques ne vouloient pas le fatis
faire là -deſſus , il feroit tenir un Concile en Oc
cident. Quand cét ordre fut venu , les Evêques
qui vouloient que l'on approuvât la definition
de Foi qui avoir été luë , firent pluſieurs ac
clamations . Les Commidaires dirent qu'il leur
feinbloit qu'il y faloit ajoûter ſelon la definition
de Saint Leon , qu'il y avoit en Jesus -CHRIST
deux natures unies ſans changement, ſans confu ,
fion & ſans feparation .
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 851
Aprés cette preparation les Evêques choilis Hiſtoi re
pour dreller Formu
la le de Foi entrerent dans du Concio ,
la Chapelle , l'apporterent enſuite au Concile. Elle le de Cal
contenoit l'approbation des Symboles de Nicée cedoine.
& de Conſtantinople , les lettres Synodiques de
Saint Cyrille à Neſtorius, & aux Orientaux , &
la lettre de Saint Leon . Aprés quoi ils ajoûtent
que ſuivant ces écrits des Saints Peres ils font
profeſſion de croire un ſeul & unique Je su s
CHRIST nôtre Seigneur Fils de Dieu , parfait en
ſa divinicé , & parfait en ſon humanité, conſub
stanciel à Dieu Telon la divinité , & à nous ſelon
l'humanité , dans lequel il y a deux natures unies
fans changement , ſans diviſion , fans ſeparation
en ſorte que les proprietez des deux natures ſub
ſiſtent & conviennent à une même Perſonne qui 1
3
60 Nou VELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire eût été vivant, pourquoi ne ſeroit-il pas venu au
du Conci- Concile ? Pourquoi ſes amis n'euffent-ils point par
le de Cal- lé pour lui ? Pourquoi ne l'a- t-on pas joint aux
cedoine. cinq Evêques quifurent dépoſez , & rétablis pour
avoir ſigné la dépoſition de Flavien ? Monſieur
Baluze fournit encore au Pere Queſnel le témoi
gnage poſitif d'Eutychius, qui dit que Domnus
mourut l'année qui ſuivit le Concile d'Epheſe.
Cinquiémeinent , le ſtyle de cette piece en dé
couvre l'impoſture. Il y a des foleciſmes, des ter
mes barbares; l'Evêque de Rome y eſt appellé
Pape fimplement, & fans addition.
Sixiémement , il eſt bien plus aiſé de juſtifier
le procedé de Saint Leon & du Concile de Cal
cedoine , qui ont approuvé l’Ordination de Ma
xime , en ſuppoſant Domnus mort , qu'en le ſup
poſant vivant : car en ce dernier cas, il ſemble
qu'il étoit injufte de maintenir un Intrus contre
un Evêque legitime. Le Pere Queſnel alle
gue encore pluſieurs autres raiſons dans une
Differtation faite exprés ſur ce ſujet ; mais voilà
les principales , & celles qui paroiſſent les plus
fortes.
Monſicur Baluze répond à ces objections qu'il
y a pluſieurs pieces veritables, dont nous n'avons
que des verſions, & que le Manuſcrit de la Da
me Julie eſt d'une autorité tres-conſiderable , puif
que Ruſtique aſſure qu'il étoit déja fort ancien en
ſon temps. Que l'on ne peut accuſer Ruſtique de
mauvaiſe foi ni d'ignorance ; qu'il ne faut pas s'é
tonner que l'Action de Domnus n'ait pas eu de
place fixe, puiſqu'il en eſt arrivé autantà l'Action
de Photius & d’Euſtathe ; que le témoignage de
Juſtinien & du cinquiéme Concile n'eſt d'aucuro
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 861
1
868 NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Hiſtoire lieurs autres entrepriſes in ſoûtenables ; qu'ilfaloit
du Conci- que Domnus empêchât ce deſordre, ou que fi cet
li deCalite ville étoit trop éloignée d'Antioche , qu'il
cedoine. nommât des Commiſſaires ſur les lieux pour y
pourvoir ,,parce que le Metropolitain lui étoit
Tuſpect. Domnus avoit déja nommé pour Com
millaire Panolbius Evêque d'Hieraple', ami d'A
thanaſe, & cependant il nevoulut pas comparoîcre
devant cér Evêque; au contraire il le recuſa par écrit
offrant même de ſedéfaire de ſon Evêché.Jean ſuc
ceſſeur de Panolbius cita auſſi Athanaſe . Enfin ,
Domnus le cita lui- même à ſon Concile. Au lieu
d'y comparoître , il alla ſolliciter Saint Cyrille &
Procle , & leur ayant expoſé ſon affaire autrement
qu'elle n'étoit , 'il en obrint les lettres dont nous
venons de parler. Enſuite Domnusle fit encore
citer devant un Concile affemblé à Antioche , où
les Clercs de Perrée comparurent pour l'accuſer,
& les Evêques du Synode le condamnerent. Cela
fut prouvé au Concile de Calcedoine par la le
cture des Actes de ce Concile .
Les Commiſſaires jugerent enſuite qu'Athana
ſe ayant été dépoſé dans les formes , Sabinien avoit
été bien ordonné,& Athanaſe malrétabli par Diof
core; que cependant il faloit que Maxime examinaſt
dans ſon Synode avant huit mois paſſez, les accuſa
tions incentées ou à intenter contre lui , & que s'il
étoit convaincu des crimes qu'on lui imputoit, il fe
roit non ſeulement dépoſé, mais encore puni ſelon
les loix : que ſi au contraire on n'inftruiſoit pas
ſon procés, ou qu'on ne le pût convaincre dans
le temps marqué, il demeureroit Evêque de
Perrée , & que Sabinien auroit le nom & la qua
lité d'Evêque, & feroit nourri aux dépens de l'E
gliſe.
DES Aut FurS ECCLESIASTIQUES. 869
La quinziéme Sellion dans les editions ordinai- Hiſtoire
res & lelon Liberat , contient les Canons du Con- du Conci
cile. le de Cal
Le premier ordonne l'obſervation des Canons cedoine.
faits dans les Synodes precedens.
Le ſecond porte , que fi quelque Evêque ordon
ne pour de l'argent , & vend des graces qui ne
peuvent point être eſtimées à prix d'argent, ſoit
que ce ſoit un Evêque qu'il ordonne par un motif
d'un gain honteux , un Prêtre , ouun Corevêque,
ou unDiacre , ou quelque autre Clerc , ou même
un OEconome , ou un Défenfeur d'Eglife , on
dépoſera celui qui ſera convaincu de l'avoir fait,
& celui qu'il aura ordonné ; & que ſi quelqu'un
eſt entremetteur pour ce gain honteux , il ſera dé
poſé s'il eſt Clerc , & excommunić s'il eſt Moi
ne ou Laïque.
Le troiſiéme défend aux Evêques , aux Clercs **
& aux Moines de loüer des fermes , ou de ſe miet
tre dans les affaires , ſi la Loi ne l'oblige d’être tu
teur , ou ſi l'Evêque ne le charge de l'adminiſtra
tion de l'Egliſe , ou de prendre ſoin des affaires
des veuves & des orphelins , &des perſonnes
qui ont befoin de l'aliſtance de l'Egliſe.
Le Canon fuivant touchant les Moines , eft de
même que dans la ſixiéme Action .
Le cinquiéme renouvelle les anciens Canons
contre les Clercs , qui paffent d'une ville à une
autre .
Le fixiéme défend d'ordonner aucun Clerc ab .
ſolument & fans titre Eccleſiaſtique , c'eſt-à -dire ;
qu'il ne foit deſtiné pour ſervir dans quelque E
gliſe de la ville ou de la campagne , ou dans une
Chapelle , ou dans un Monaſtere ; & declare nul.
lii iij
870 Nou VELLE BIBLIOTHEQU !
Hiſtoire les les Ordiwations faites autrement : défend à
du Conci- ceux qui ſont ordonnez , d'en faire les fonctions,
le de Cal- pour couvrir de honte celui qui les a ordon
cedoine. nez .
1
878 NouvelLE BIBLIOTHEQUE
DU CONCILE
DE RIES
tenu en 439 .
號 號 號號 號 號 號 號 號 號 號號 張
ES330S
NE
LE I. CONCILE
D'ORANGE.
FILEYS
LE CONCIL E
DE VAISON .
Le Conci un
le de Vai à
fin . Canons.
Le premier porte , qu'il n'eſt pas beſoin d'exa :
miner les Evêques des Gaules, avant que de les
recevoir à la Communion ; qu'il ſuffit qu'on n'ait
pas de connoiſſance qu'ils font excommuniez.
Le ſecond , qu'il faut recevoir l'oblation des
Penitens qui meurent ſubitement , fans avoir pû
recevoir la CommunionEccleſiaſtique ; qu'on doit
faire memoire d'cux à l'Autel , puiſque s'ils cuſlent
vécu , on ne leur eût pas refuſé l'Eucariſtie.
Le troiſiéme , que les Prêtres ou les Miniſtres
demanderont tous les ans le Chiême à leur pro
pre Evéque vers la Fête de Pâque , & qu'ils l'i
!! DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 889
ront querir eux-mêmes , ou l'envoyeront prendre Le Conci
par un Soûdiacre. le de Vai
Le quatriéme , que l'on chaſſera comine des fon .
Infideles ceux qui retiennent les legs que l'on fait
en mourant à l'Egliſe.
Lecinquiéme, queſi quelqu'un ne ſe tient pas
à la ſentence de ſon Evêque, il aura recours au
Synode.
Dans le fixiéme, il eſt montré par le témoi.
gnage de la premiere lettre à S. Clement, qu'il
ne faut pas avoir d'amitié particuliere avec les en
nemis de la Rcligion .
Le ſeptiéme, pour arrêter la facilité de condam
Il ner avec legereté, enjoint aux Evêques de ſe laiſſer
Rechir , quand ils croyent que quelqu'un a merité
d'être ſeparé pour un temps , & de fe contenter
V à la priere des autres de lereprendre & de le me
nacer. Et que s'ils jugent que quelqu'un merite
d'être condamné pour un crime conſiderable , ils
doivent ſçavoir qu'ils en répondront comme étant
leurs accufateurs.
Le huitiéme Canon porte , que fi un Evêque
connoît le crime d'un autre, ſans qu'il puiſſe avoir
de quoi le prouver , il ne doit point publier le
crime , mais ſeulement travailler par des repri
mandes ſecrettes à corriger celuiquicroitêtre cou
pable. Que s'il eſt obſtiné, & qu'il ne veuïlle pas ſe
corriger ,l'Evêque pourra par ſon autorité le fe
parer de la Communion , quoi-qu'il demeure dans
celle des autres qui ne connoiſſent pas ſon pe
ché.
Les Canons neuviéme & dixiéme font pour
be empêcher que des perſonnes , qui charitablement
fe chargcoicnt des enfans trouvez , ne fuſſent dé
890 NouvelIE BIBLIOTHEQUE
Le Conci- tournées de faire cette action decharité par la crain
le de Vai- te qu'on ne leur fiſt un procés , comme il arrivoit
son. ſouvent, & qu'on ne les accufât de les avoir cn
levez . Le Concile ordonne ſuivant la Loi d'Ho-.
norius , que ceux qui trouveront des enfans ex
poſez , en feront leur declaration à l'Egliſe ; &
afin qu'on ne pût ſe tromper là-deſſus, le Conci
le ajoûte que l'on publiera à l'Autel un jour de
Dimanche que l'on a trouvé un enfant expoſé ,
afin que li dans les dix jours ſuivans il ſe trouve
quelqu'un qui le reconnoiſſe pour le fien , on le lui
rende, & qu'aprés ce temps on ne foit plus reçû
à le demander . Je ne parle point des autres Sy
nodes tenus par Hilaire d'Arles contre Procle &
conțre Chelidonius ,, parce que l'on n'en ſcait que
ce que j'en ai dit dans la Vic de cét Auteur.
2 DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 891
SECOND CONCILE
Wie
D' A R L E S.
4
Voda
E Concil
e a été tenu à Arles quelque temps 1 1. Como
Ciaprés
p celui de Vaiſon : nous en avons cin- cile d'Ar
119 quante fix Canons , dont voici le Sommaire. les.
.
(文 ESTET 父
LE CONCILE
, D ' AN GER S.
E Concile fut aſſemblé l'an 453. le 25. Sep- Le Conci
Clem
tembre , pour ordonner Thalaſlius Évêque le d 'An
d'Angers. Il ne fut compoſé que de ſept Evêques gers.
avec Thalaſfius. Aprés qu'il fut ordonné il fit
douze Canons .
Le 1. défend aux Clercs de porter leurs affaires
à des Tribunaux feculiers , ou de ſortir de leur
Egliſe ſans la permillion de leur Evêque.
Le 2, ordonne aux Diacres de deferer aux Prê.
tres .
CONCILE
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 897
mi
CAVA CON CILE
I! DE CONSTANTINOPLE
de l'an 459 .
Concile tenu ſous Gennade a fait une belle
Concilede
C.COM
Conſtitution contre la fimonie. Il étoit de 82.
Conſtan
Evêques , dont Monſieur Baluze nous a donné tinople de
, les ſignatures. l'an 459 .
cond
e lo ha
Commenter
کا م LETTRE DE LOUP
اور وو
EVEQUE DE TROYES,
ET
WA
he
D'EUPHRONE D'AUTUN
شمارهه A THALASSIUS
Evêque d'Angers.
Ette lettre contient 1. des reglemens ſur Lettre de
les differentes manieres de celebrer les Vigiles Loup E
des Fêtes. 2. Sur les Clercs bigames. Ils diſent vêque de
que l'on tolere ceux qui ſont dans les Ordres Troyes,
ONCO " Tome IV. L11 C.
898 : NouVELLE BIBLIOTHEQUE
Lettre de mineurs juſqu'à celui de Portier , mais que les
Loup E- Exorciſtes & les Soûdiacres ne doivent être bi
vêque de games. 3. Ils remarquent qu'il ſeroit mieux que
Troyes , ceux qui entrent dans le Clerg é, renoncaſſent à
c. l'uſa ge du mari age , mais qu'i l faut ſuivre la coû
tume des Egliſes ; qu'à l'égard des Exorciſtes &
des Soûdiacres, on ne les laiſſe point paſſer à de
ſecondes nôces ; que dans l'Egliſe d'Autun on ob
ſerve cela même à l'égard des Portiers & de tous
ceux qui ſont dans le Clergé. 4. Que les Soûdia
cres peuvent recevoir le baiſer de paix dans le
Sanctuaire , mais non pas à l'Autel , & qu'ils n'en
approchent que quand ils donnent les palles aux
Diacres.
CON CILE
DE TOURS .
Concile E Concile a été tenu du temps de Parpetuus
de Tours. Evêque
de Bourges & de Rouën y allifterent avec lix
autres Evêques.
Le 1. & le 2 , Canon recommandent le celibat
aux Evêques , aux Prêtres & aux Diacres.
Le 3 . défend l'habitation avec les femmes.
Le 4. défend aux Clercs qui, peuvent ſe marier,
d'épouſer une veuve.
Le s. condamne ceux qui quittent l'état Eccle
fiaſtique.
DIS AUTEURS ECCLESIASTIQUIS . 899
17
Le 6. ceux qui abuſent des Vierges conſacrées Concile
à Dieu . de Tours .
Le 7. eft contre les homicides .
Le 8. contre ceux qui quittent la penitence
aprés l'avoir embraſſée.
Le 9. contre ceux qui s'emparent des Evêchez
des autres , ou qui prennent les Clercs d'un au
tre Evêque.
Le 10. contre les Ordinations illicites.
Le 11. contre ceux qui quittent leurs Egliſes
ſans la permiſſion de leur Evêque.
Le 12. contre les Clercs qui ſortent ſans lettre
de leur Evêque.
Le 13. défend l'uſure aux Clercs.
అందాలకులు
CON CI L E
DE VENNES .
E Concile a ſuivi de prés celui de Tours. Concile
Il n'a été que de cinq Evêques de la Pro- de Vena
yince de Tours , qui s'étoient aſſemblez avec nes.
Perpetuus leur Metropolitain à Vennes , pour y
ordonner un Evêque . Ils firent ſeize Canons.
Ils y renouvellent les reglemens faits dans les
Synodes precedens contre les homicides , c. 1 .
Contre les Penitens qui quittent la penitence , c.
ژ3.
. Contre les Vierges conſacrées qui quittent cét
C état, c. 4. Contre les Clercs & les Moines qui for
Lilij
900 Nou VELLE BIBLIOTHIQUE
Concile tent de leur Evêché ., c. 5. 6. ou qui vont devant
de Vin- des Juges ſeculiers , c. 9. Contre les Evêques qui
nes . ordonnent les Clercs des autres , c. 10.
Il y en a auſſi quelques autres particuliers,
comme le ſecond , qui excommunie ceux qui épou
fentd'autres femmes , aprés avoir repudić la leur, fi
ce n'eſt pour cauſe d'adultere. Le 7. qui défend
aux Moines d'avoir des cellules ſeuls , s'ils ne font
d'unc vertu éprouvée , ou infirmes , & encore à
condition qu'ils demeureront dans l'enceinte du
Monaſtere & fous la puiſſance de l'Abbé. Le 8.
qui défend aux Abbez d'avoir pluſieurs Monaſte
res ou pluſieurs demeures. Le 7.quidéfend aux Prê
tres, aux Diacres & aux Soûdiacres qui n'ont pas
permiſſion de ſe marier , d'éviter les feſtins & les
affemblées où l'on chante des chanſons d'amour ,
& 'où l'on fait des poſtures indecentes, de peur
que les yeux & les oreilles qui ſont deſtincz pour
être appliquez aux choſes ſaintes , ne ſoient pro
fanez par des ſpectacles & des paroles infames.
Le 12. défend à tous les Clercs de ſe trouver
aux feſtins des Juifs.
Le 13 . ordonne que les Clercs qui s'enivreront,
ſeront punis de trente jours de ſeparation , ou de
quelque peine corporelle.
Le 14. que le Clerc demeurant dans la ville ,
qui ſans excuſe legitime s'abſtiendra d'aflifter å
l'Office de Marines, ſera ſept jours hors de la
Communion .
Le is. qu'il n'y aura qu'une même maniere de
faire l'Office & de chanter dans toute la Pro
vince .
Le 16. que l'on chaſfera de l'Egliſe ceux qui
fe mêlent de deviner , ſoit par des augures , ſoit
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 901
pårdes ceremonies fuperftitieules, qu'ils appellent Concile
le fort des Saints , ſoit par quelque autre voye. de Ven
Le Concile adreſſe ces reglemens à Thalaffius nes.
Evêque d'Angers & à Victorius.
CONCILE DE ROME
SOUS
LE PAPE HILAIRE.
Concile
E Concile fut de quarante huit Evêques. Ils
CA approuverent les anciens reglemens touchant de Rome
les qualitez de ceux qu'on doit ordonner , re - fous lePa
nouvellez par le Pape Hilaire. Ces reglemens ſont pe Hilai
communs & ſouvent reperez, qu'on n'ordonnera re.
point de bigame, ni d'ignorant , ni de perſonne
qui ait fait penitence publique. Il ajoûte que l'E
vêque ordonné reformera ce que ſon predeceſſeur
aura mal fait. Enfin le dernier Canon défend aux
Evêques de s'élire un ſucceſſeur contre un abus qui
étoit commun pour lors en Eſpagne.
Nous avions coûtume de donner à la fin de chaque
Tome un abregé de la Doctrine,de la Diſcipline,&
de la Morale du Siecle,dont nous yavions traité ;
mais les choſes ſont ſi éclaircies , & ſi ſouvent repe
técs dans le cinquiéme Siecle , qu'il ſemble inuti
le de les redire ici , aprés les avoir repetées plu
fieurs fois : étant comme affûrez que ceux qui ſe
L 11 iij
902 Nouv . BIBL . DES AUTEURS Eccl .
Corcile ſeront donné la peine de lire les deux Parties de
de Rome cę Tome avec quelque attention , ſe feront for
Sous lePa- mé eux -mêmes une idée aſſez juſte de la Doctri
pe Hilai- ne , de la Diſcipline, & de la Morale que l'on a
re . enſeignéc & pratiquée dans le Siecle.
F IN .
903
TABLE
CHRONOLOGIQUE
DES AUTEURS
ECCLESIASTIQUES,
Contenus dans la ſeconde Partie du troiſiéme
Tome de la nouvelle Bibliotheque
des Auteurs Eccleſiaſtiques.
Tempsde Leurs noms , leur Temps auquel | Temps de
leur nail- patrie e leurs ils ont fleuri. leur mort.
fance. qualitez.
ATTICUS ,
Patriarche deCon Ordonné en Mort en
ftantinople. 406. 427
TICHONIUS ,
Donatifte . A Aleuri du temps
de Rufin & de S.
Auguſtin .
L11 iiij
904 TABLE CHRONOLOGIQUE
Temps de Leurs noms , leur Temps auquel ils | Temps de
leur naif | patrie & leurs ont fleuri. leur mort.
ſance. qualiter
LEPORIUS , Retracte ſes er
Moine.
reurs aprés l'an
429 .
S. ISIDORE ,
Prêtre de Damier- A fleuri au com
te. mencement du
V. ſiecle juſques
JEAN CASSIEN vers l'an 435.
Né vers Moine & Abbé . Fleurit au com- Mort ſe
l'an 370 . mencement du lon quel
S. ficcle. ques - uns
en 430 .
felon
d'autres
S. NIL , en 440 .
Né vers Moine. A Aleuri au com Eſt mort
l'an 460. mencement du en 451 .
S. fiecle.
L’Auteur des Pro- Il a vécu au
feſſions de Foi at- commencement
tribuées à Rufin . du s . fiecle.
POSSIDIUS , Au commence
Diacre. ment du 5. ſiecle.
URANIUS , Vers le milieu
Prêtre. du s . ſiecle.
S. CELESTIN , Elû en 423 .
Evêque de Rome. Mort en
432 .
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 90s
MARIUS
MERCATOR , Fleurit vers l'an
Laïque. 430.
ANIEN ,
Diacre de Celede. Fleurit vers le
même temps.
JULIEN , Ordonné en Mort en
Né en Evêque d'Eclane ,
386. ville d'Italie . 416. écrit ſous le 455.
Pontificat deZo
NESTORIUS , zime.
Patriarche de Con- Ordonné en Mort vers
l'an 440 .
Atantinople. 428. dépoſé en
431.
! JEAN , Mort CR
Patriarche d'An Fleurit depuis
cioche . l'an 427 439 .
А СА СЕ ,
Fleurir à la fin Mort en
Evêque de Berće.
du 4. fiecle, & au 436.
commencement
du cinquiéme
fiecle , ordonné
Evêque en 378.
906 TABLE CHRONOLOGIQUE
Temps de Leurs noins, leur | Temps auquel ils |Temps de
leur naif patrie e leurs ont fleuri. leur mort.
fance. ! qualitez.
MELECE ,
Evêque de Mop
ſuelte.
DOROTHE'E
2
poffel
fion de
THEODOTE ſon Siege.
d’Ancyre. Fleurit vers l'an
430 .
ACACE
de Melitine,
MAXIMIEN ,
Patriarche deCon- Ordonné en 431 . Moit en
HERMIAS
SOZOMENE ,
Avocat ,, Scolaſti. A Aeuri vers le
que & Hiſtorien . milieu du s . fie
cle , & a écrit
quelque temps
THEODORET , aprés Socrate.
Né en Evêque de Cyr. Ordonné en Mort en
336. 420 . 457 .
ANDRE' ,
Evêque de Samo- Fleurit en même Mort 2
fare. temps que Thco- vant l'an
HELLADE doret. 450 .
Evêque de Tarſe.
MAXIMIN , Fleurirent vers le
Evêque d'Anazar- même temps.
bc.
!
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 909
FLAVIEN ,
Patriarche deCon Ordonné en Mort en
ſtantinople. 446 . 451 .
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 911
Temps de
de l Leursnoms , leur | Temps auquel ils | Temps de
leur naif patrie & leurs ont fleuri. leur mort .
sance. qualitez .
ANATOLE
ſucceſſeur de Fla- Ordonné en 451. Mort en
vien dans le même 458.
Siege .
Pluſieurs autres Du temps & a
Auteurs de Re- prés įle Concile
queſtes ou de Let- de Calcedoine,
tres pour ou con
tre Eutyche.
PASCASINUS ,
EvêquedeLylibée.2 tem
. Ont fleuri du
ps du Conci
JULIEN ,
Evêque de Coos . Jlede Calcedoine, 1
BASILE ,
Evêque de Seleu Il allilta au Con
cie. cile de Conſtan
tinople fous Fla
vien , & à celui
TIMOTHEUS de Calcedoine,
ÆLURUS ,
Evêque d'Alexan Ordonné en
drie. 457 .
CHRYSIP PE,
Prêtre de Jeruſa Il a Alcuri fur
lem . la fin du S fie
cle,
TABLE CHRONOLOGIQUE
Temps del
de Leurs noms , leur |Temps auquel ils Temps de
lour naif | patrie ou leurs ont fleuri. mo leur rta
fance. qualiter
VIGILE ,
Diacre. Sur la fin du s.
fiecle ,
FASTIDIUS
PRISCUS ,
ſelon quelques -uns Sur la fin du s.
Evêque de Lon fiecle .
dres .
DRACONCE ,
Prêtre Eſpagnol. Sur la fin du s.
EUDOCIE , fiecle.
Imperatrice. Sous l'Empire de Morte en
PROBA Theodofe le jeu- 460 .
FALCONIA , ne.
femme d'Anicius A fleuri vers l'an
Probus , 430.
TYRSIUS
RUFUS
ASTERIUS , A Aleuri vers l'an
Conful. 4.50 .
PETRONE ,
Evêque de Boulo A Acuri vers le Mort
gne. même temps. ſous le
Regne de
Theodo
ſe & de
Valenti
nien .
Temps
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 913
Temps de Leurs noms , leur Temps auquel ils i Temps de
leur naif patrie de leurs ont fleuri. leur mort .
fance. qualiter
CONSTANTIN
ou
CONSTANCE , Vers la fin du 5.
Prêtre de Lyon . ſiecle.
PHILIPPE , A fleuri vers l'an
Prêtre , diſciple de 450 . Mort
S. Jerôme ouslEm
SIAGRIUS . Vers la fin du s . pire de
ſiecle. Marcien.
ISAAC ,
Prêtre de l'Egliſe Vers la fin du sa
d'Antioche . fiecle.
S. SIMEON
Stylite. Fameux vers le
MOCHIMUS , milieu dus.ſiecle :
OEconome de l'E- Vers la fin du s
gliſe d'Hieraple, fiecle,
& Prêtre de celle
d'Antioche.
ASCLEPIUS ,
Evêque d'une peti
te bourgade d'A
frique dans le quar
tier de Baye.
PIERRE , Ont fleuri vers la
Prêtre de l'Egliſe fin du s . ſiecle,
d'Edefle.
PAUL ,
Prêtre de Panno
nie .
Tome IP Mmm
914 TABLE CHRONOLOGIQUE
Temps de Leurs noms , leur | Temps auquel ils | Temps.de
leur naif- patrie e leurs ont fleuri. leur mort .
Sante. qualiter
SALVIEN
Prêtre de Marſeil A fleuri les cin- Mort à la
le . quante dernie- fin de ce
res années du S. ſiecle.
ARNOBE ſiecle.
le jeune. Sur la fin de ce
fiecle.
HONORAT ,
Evêque de Marſeil Sur la fin du s .
le. fiecle.
SALONIUS ,
Evêque de Geneve. Fils deS.Eucher,
VERANUS , fleurirent vers la
Evêque de Vence. fin de ce ſiecle.
PAULIN
de Perigueux. Vers la fin de ce
ſiecle .
MUSEE ,
Prêtre de Marſeil Mort vers
le . l'an 460 ,
VINCENT ,
Prêtre Gaulois. Vers la fin du s:
SYRUS fiecle.
ou CYRUS
Medecin, Philoſo- Vers la fin du s,
phe, & Moine d'A- fiecle.
lexandrie ,
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 915
Temps de Leurs noms,leur | Temps auquel ils Temps de
leur naif patrie de leurs ont fleuri. leur mort.
fance. qualiter
SAMUEL ,
Prêtrede l'Egliſe Fleurit toutà la
d'Edeffe. fin du s . ſiecle.
CLAUDIANUS
MAMERTUS ,
Prêtre de l'Egliſe Sur la fin du s .
de Vienne . fiecle.
PASTOR ,
Evêque. Idem .
VOCONIUS
Evêque du Châte- Idem .
let , ville de Mau
ritanie .
EUTROPE ,
Prêtre. Idem .
CEREAL ,
Evêque d'Afrique. Fleurit pendant
la perſecution
d'Hunneric ,
SERVUS DEI ,
Evêque, Sur la fin du اک
IDACIUS ſiecle.
de Lamego en Ga- A écrit en 467:
lice,Evêque de Lu
go .
VICTORIUS ,
né à Limoges . Ecrivit en 457 .
GENNADE ,
Patriarche de Con- Ordonné en 458. Mort en
ftantinople. 471.
ANTIPATRE
de Boître . A feuri vers la
fin du ss .. ſiecle,
HILARUS
OL Archidiacre fous Mort en
HILAIRE , S. Leon , ordon- 469
Evêque de Rome. né Evêque le 17.
Novembre 461.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 917
Temps de Leursnoms,leur , Temps auquel ils | Temps de
leur naif- patrie leurs ont fleuri. leur mort ,
fance. qualiter
SIMPLICIUS,
Evêque de Rome. Ordonné en Mort en
467. 483 .
FAUSTE
Anglois , Prêtre , Fleurit depuis Mort à la
Moine & Abbé de l'an 450 . fin de ce
Lerins , & depuis ſiecle .
Evêque de Riệs.
RURICIUS ,
Evêque de Limo Vers la fin du s .
ges . fiecle ,
DIDIER ,
Evêque de Cahors.
C. SOLLIUS
Né vers APOLLINARIS Ordonné en Mort le
l'an 430 . SIDONIUS. 472 . 21 .
d'Aouſt
JEAN TALAIA 487.
ou
TALAIDA , Mortvers
Moine de Taben Ordonné en la fin de
nes , & depuis E. 481. ce ſiecle ,
vêque d'Alexan ou au
drie. commen
cement
du ſui
vant .
Mmm iij
918 TABLE CHRONOLOGIQUE
Temps de Leurs noms , leur | Temps auquel ils i Ternps de
leur naif patrie & leurs ont fleuri. leur mort .
ſance. qualiter
JEAN ,
Grammairien , Pre- A fleuri vers la
tre d'Antioche. fin du s . ſiecle .
JEAN
ÆGEATES ,
Prêtre de la ſecte de Il a écrit vers la
Neftorius. fin du s . ſiecle.
VICTOR ,
Evêque de Vite , A écrit vers la fin
ville de la Provin- dece fiecle.
ce de Byzace en
Afrique.
VIGILE ,
Evêque de Tapſe ,
de la Province de
Byzace.
FELIX III .
Evêque de Rome. Ordonné en Mort en
483 . 492 .
L'Auteur du Me
moire touchant A écrit en 486.
善& l'affaire d'Acace .
GELASE I.
Evêque de Rome. Ordonné en Mort en
492 . 496 .
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 919
Temps de Leurs noms , leur ; Temps auquel ils Temps de
leur naif- patrie e leurs ont fleuri. leurmot.
ſance. qualitez .
ANASTASE II.
Evêque de Rome. Ordonné le 28. Mort cn
Novembre 496. 498 .
PASCHASE ,
Diacre de l'Egliſe Fleurit ſous le
de Rome . Pontificat d'Ana
ſtaſe & de Sym
JULIEN maque .
POMERE
né en Mauritanie , A la fin du s . fie
Prêtre en Gaule. cle.
GENNADE ,
Prêtre de Marſeil- A la fin du 5 . fie
le. cle .
NEMESIUS , 1
Philoſophe Chré
tien , ſelon quel
ques-uns Evêque
d'Emeſe. A la fin du s . fico
cle.
ÆNEAS
GAZ ÆUS ,
Philoſophe Chré
tien .
GELASE
de Cyzique. A la fin du ss . lic
cle.
Mmm jiij
920 TABLE CHRON . DES AUT. ECCL .
Temps de Leurs noms , leur Temps auquel ils Temps de
leur naif patrie e leurs ont fleuri. leur: mort .
face . qualiter
L'Auteur des Li- A écrit vers la
vres attribuez à S. fin du 5. ſiecle, ou
Denys l'Areopagi. au commence
te. ment du 6.
921
0800color Me
TABLE CHRONOLOGIQUE
DES CONCILES
dont il eſt parlé dans ce Volume .
Oncile de Rome ſous Celeſtin , tenu en 430 ,
Сог page 695 .
Concile tenu à Alexandrie au mois de Novembre
de la même année. 697.698
Concile general tenu à Epheſe en 431. 700
Conference des Evêques d'Orient & des Egyptiens
à Calcedoine en 431 . 730
Synode tenu à Tarſc par les Evêques d'Orient ſur
la fin de la même année. 735
A Antioche quelque tempsaprés. ibid .
A Antioche contre Rabbilas en 432 . 736
A Antioche ſur la Paix , la même année. 737
Allemblée à Anazarbe en 433. 748
Concile des Evêques de Cilicie en 435 . 759
Concile d'Antioche en 436. 759
Concile de Riés cn 439 . 879
1. Concile d'Orange en 441 . 881
Concile de Vaiſon en 442 . 889
11. Concile d'Arles peu de temps aprés. 892
Concile de Domnus contre Sabinien en 446. 867
Concile de Procle en faveur de Baflien en 447.863
Concile de Conſtantinople en 448. 790
Synodede Berytelur Ibas en 448. 855
922 TABLE CHRON . DES CONCILES,
11. Concile tenu à Conſtantinople la même année
ou la ſuivante. 824
814
Concile d'Epheſe ſous Dioſcore en 449.
Concile de Rome fous S. Leon en 449. 822
Concile de Conſtantinople ſous Anatole en 449.
8
ou 450 . 24
826
Concile general de Calcedoine en 451.
Concile d'Angers en 453 . 896
III. Concile d'Arles en 455. 897
Conference de Carthage entre les Evêques Catho
liques & les Ariens , en 456. 613
Concile de Conſtantinople en 459. 898
Lettre de Loup de Troyes , & d’Euphrone d'Autun
vers le même temps . 899
Concile de Tours en 461 . 899
Concile de Vennespeu de temps aprés. 900
Concile de Rome ſous Hilaire en 462. 566
Synode d'Arles en 463 . 568
Concile de Rome en 465 . 570
Concile de ſoixante-ſept Evêques tenu à Ronie
ſous Felix II I. contre Acace le28. Juillet 484 .
622
Autre Concile de Rome du 1. Aouſt de la même
année. 626
Concile de Rome ſous le Pape Gelaſe en 494. 649
Concile de l'abſolution de Miſene en 495 . 651
923
TABLE
DES OUVRAGES DES AUTEURS
Eccleſiaſtiques, dont il eſt parlé
dans la ſeconde Partie du III. To
me de la nouvelle Bibliotheque
des Auteurs Eccleſiaſtiques.
Ouvrages perdus.
Traité de la Componction,
Commentaire ſur les Pſeaumes .
Pluſieurs Sentences & quelques lettres .
Ouvrages ſuppoſez.
Le Manuel d'Epictete.
Le Pachon .
Le Diſcours dogmatique.
Pluſieurs Sentences ,
926 TABLE DES OUVRAGES
L'AUTEUR DES PROFESSIONS DE FOI
ATTRIBUE'ES A RUFIN .
Ouvrages ſupposex
Traité ſur la Trinité.
Recueil d'explications morales,
S
928 TABLE DES OUVRAGE
MARIUS MERCATOR
1
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES . 93t
ALEXANDRE D'HIERAPLE.
RHEGINUS .
Ouvrages veritables , 6.
Vingr Sermons .
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 933
CAPREOLUS.
VICTORIN DE MARSEILLE.
Ouvrage veritable , & .
Poëme ſur l'Hiſtoire de la Geneſe.
COELIUS SEDULIUS.
Ouvrages perdus.
Ouvrage contre les livres de Julien .
Hiſtoire du Chriſtianiſme diviſée en trente livres.
Nnn iij
934 TABLE - DES OUVRAGES
PHILOSTORGE.
Ouvrage veritable , & c..
Extraits de fon Hittoire rapportez par Photius,
Ouvrage perdų.
Hiſtoire diviſée en douze livres.
NONNUS.
Ouvrages veritables , & c .
Paraphraſe en vers Grecs ſur l'Evangile de Saint
Jean .
Dionyſiaques.
SOCRATE .
Ouvrages veritables , .
Sept lettres dans le Recueil de Lupus.
MAXIMIN D'ANAZARBE.
Ouvrages veritables , & c.
Quelques lettres dans le Recueil de Lupus.
IRENE'E.
Ouvrages perdus.
Homelies ſur toutes les Fêtes.
Expoſition du Symbole.
Pluſieurs Lettres,
Des Ouvrages Poëtiques.
S. VINCENT DE LERINS .
Ouvrages veritables, & c.
Memoire contre les Herefies.
938 TABLE DES OUVRAGES
Objections contre la doctrine de S. Auguſtin .
Ouvrage perdu.
Seconde Partie du Memoire contre les Hereſies.
S. EUCHER.
Ouvrages perdus.
Abregé de Callien.
Pluſieurs Sermons ,
Ouvrages ſuppoſez
Commentaire ſur la Genefe & fur le livre des Rois.
L'Hiſtoire de la Paſſion de S. Maurice.
MAXIME DE TURIN.
Ouvrages veritables , & c.
Pluſieurs Homelies.
VALERIEN DE CEMELE.
Ouvrages perdus.
Traité contre les Ariens.
Diſcours de la Penitence du Publicain .
Pluſieurs Homelies .
S. PROSPER . -
LEONCE D'ARLES.
Ouvrage veritable , c.
Une lettre au Pape Hilaire.
BASILE DE SELEUCIE.
Ouvrages veritables , &c.
Quarante Homelies.
TIMOTHEUS ÆLURUS ..
Ouvrage perdu.
Un Ecrit à l'Empereur Leon.
942 TABLE DES OUVRAGES
CHRYSIPPE.
Onvrage veritable , & c.
Sermon à la louange de la Vierge .
Ouvrages perdus.
Hiſtoire de Gamaliel & dc Nicodeme.
Panegyrique de Theodore.
VIGILE .
Ouvrage veritable , & c.
Regle des Moines ,dans la Collection d'Holſtenius,
part. 1. p.89 .
FASTIDIUS PRISCUS .
Ouvrage veritable , &C.
Traité de la Vie Chrétienne.
DRACONCE .
Ouvrage veritable, ecc.
Poëme ſur les ſix jours de la Création .
EUDOCIE.
Onvrage veritable , & c .
Epigramme ſur les Centons d'Homere.
1
Ouvrages perdus.
Paraphraſe deshuit premiers livres de la Bible .
Paraphraſe des Propheties de Daniel & de Zacha .
rie.
Trois livres à la louange du Martyr Cyprien .
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 943
Ouvrageſuppoſé.
Centons d'Homere.
PROBE FALCONIE ,
Ouvrage veritable , & c.
Centons de Virgile.
TYRSUS RUFUS ASTERIUS.
Ouvrage veritable , & c.
Conference en vers de l'ancien & du nouveau To
ſtament.
PETRONE .
Ouvrages perdus.
Vies des Peres d'Egypte.
Traité de l'Ordination d'un Evêque.
CONSTANCE .
Ouvrage veritable , & c .
Vie de S. Germain , Evêque d'Auxerre .
PHILIPPE
Ouvrages perdus.
Commentaire ſur Job .
Lettres familieres .
SIAGRIUS .
Ouvrages perdas.
Traité de la Foi ſur la Trinité.
Autre Traité de la Foi & des regles de la Foi.
944 TABLE DES OUVRAGES
ISAAC
Ouvrages perdus,
Voyez -en le Catalogue , p. sio.
Ouvrage ſuppoſé.
Traité du Mépris du monde , qui eſt d'un autre
Iſaac plus recent.
S. SIMEON STYLITE .
Ouvrage veritable , &c.
Diſcours fort court , & quelques Lettres .
MOCHIMUS.
Ouvrage perdu.
Traité contre Eutychc.
ASCLEPIUS.
Ouvrages perdus.
Ecrits contre les Ariens & contre les Donatiſtesa
PIERRE.
Ouvrages perdus.
Traitez ſur differens ſujets.
Pleaumes en vers .
PAUL .
Ouvrages perdus.
Trois livres des avantages de laVirginité.
Un livre à Claudien ſur la fin de l'Ecclefiafte.
Un livre de Lettres .
Un Traité en forme de vers hexametres ſur le
commencement de la Geneſe.
Pluſieurs Homelies .
Un grand nombre de Diſcours ſur les Myſteres.
Ouvrages ſupposer:
Trois livres de queſtions pour accorder l'ancien &
le nouveau Teſtament.
ARNOBE LE JEUNE.
Ouvrage veritable , 66.
Commentaire ſur les Pleaumes.
Ouvrages perdus.
Des Vies de Saints & pluſieurs Homelics:
Tome IV . Ooo
S
TABLE DES OUVRAGE
946
SALONIUS ET VERANUS.
Ouvrages veritables , & c.
Lettre à S. Leon .
Explication des paraboles de Salomon .
Expoſition myſtique.
PAULIN DE PERIGUEUX .
Ouvrages veritables , & c.
Six livres de la Vie & des Miracles de S. Martin
MUSEE.
Ouvrage perdu.
Traité des Sacremens .
VINCENT.
Ouvrage perdu.
Commentaire ſur les Pleaumes.
SYRUS.
Ouvrage perdi
Traité contre Neſtorius.
SAMUEL
Ouvrages perdus.
Traitez contre les Neſtoriens & contre les Euty.
chiens .
CLAUDIANUS MAMERTUS .
Ouvrages veritables , 6.
Trois liyres de la nature de l'Ame.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 947
L'Hymne Pange lingua.
PASTOR
Ouvrage perdu
Traité en forme de Symbole , qui contenoit les ar
ticles de Foi:
VOCONIU S.
Ouvrage perdu.
Traité contre les ennemis de l'Egliſe.
EUTROPE.
Ouvrages perdus.
Deux lettres de confolation à deux fours desheri
técs.
EVA GRE.
Ouvrage perdu.
Diſpute entre un Juif & un Chrétien.
TIMOTHEE,
Ouvrage perdu.
Traité de la Nativité de noſtre Seigneur,
EUST ATHE.
Ouvrage veritable , & c .
Traduction des neuf Homelies de S. Bafile fur le
commencement de la Geneſe.
THEODULE.
Ouvrages perdus.
Pluſicurs Ouvrages, & particulierement
ܘ
la Con
ܘܘij
TABLE DES OUVRAG ES
248
cordance de l'ancien & du nouveau Teſtament:
EUGENE.
Ouvrages veritables , &c .
Confeſſion de Foi, & Requête à Hunnerie.
CEREAL .
Ouvrage veritable , & c.
Expoſition de Foi.
SER VUS DEI.
Quvrage perdu.
Traité de la viſion de Dieu par les yeux du corps.
IDACIUS ,
Ouvrages veritables , &c.
Chronique depuis l'an 381. juſques à l'an 467.
Faſtes Conſulaires depuis l'an 245. juſques à l'an
468 ,
VICTORIU S.
Ouvrage veritable , ÓC
Cycle Paftal.
GENNADE PATRIARCHE
DE CONSTANTINOPLE.
Ouvrages perdus.
Commentaire litteral ſur Daniel.
Quelques Homelies.
Traité à Parthenius.
Are Traité cité par Facundus.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 949
ANTIPATRE DE BOSTRE.
Ouvrage perdit.
Rcfutation de l'Apologie d'Euſebe pour Origene,
HILAIRE EVEQUE DE ROME .
Ouvrages veritables , óc.
Douze Lettres .
000 iij
950 TABLE DES OUVRAGES
I RURICIUS ET DESIDERIUS .
Ouvrages veritables , & c.
Quelques Lettres.
APOLLINARIS SIDONIUS.
Ouvrages veritables , & c.
Trois Panegyriques.
Recueil de Poëſies.
Lettres diviſées en pluſieurs livres .
JEAN TALAIA .
Ouvrage perdu.
Apolo gie adreſſ ée à Gelafe.
JEAN , PRESTRE D'ANTIOCHE .
Ouvrage perdu.
Traité contre ceux qui diſent qu'il n'y a qu'une na
ture en Jesus - CHRIST.
JEAN AGEATES .
Ouvrage perdu.
Hiſtoire Eccleſiaſtique, commençant à la dépori
tion deNeſtorius, & finiſſant par celle de Pierre
lc Foulon .
VICTOR DE VITE.
Ouvrage veritable , &c .
Hiſtoire de la Perſecution des Vandales .
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 95t
VIGILE DE TAPS E.
Ouvrages veritables , 6c.
Douze livres de la Trinité .
Ecrit contre Varimadus .
Traité contre Felicien .
Deux Conferences entre Arius & S. Athanaſe .
Cinq livres contre Eutyche.
Traité de la Foi contre Palladius .
FELIX III . EVEQUE DE ROME.
Ouvrages veritables , & c.
Quinze Lettres.
Ouvrages ſuppoſez.
Trois Lettres Grecques.
Deux Formules pour citer Acace.
Lettre d'un Concile de Rome aux Clercs & aux
Moines de Bithynie . 1
AUTEUR INCONNU ,
QUI A ECRIT EN 486.
Ouvrage veritable , &c.
Memoire ſur l'affaire d'Acace .
GELASE I.
Ouvrages veritables , ác.
Quinze Lettres.
Quelques Formules ou Commiſſions.
Une Lettre à Ruſtique.
Traité du lien de l'Anatheme.
Diſcours contre Andromaque ſur les Lupercales,
Traité contre les Pelagiens .
Ooo iii
952 TABLE DES OUVRAGES
Traité contre Eutyche & contre Neſtorius,
Decret ſur les Livres apocryphes.
Ouvrages perdus,
Autres Traitez fur differens ſujets.
Hymnes.
ANASTASE II.
Ouvrages veritables , CA
Lettre à l'Empereur.
Lettre à Clavis.
Fragmens d'une Lettre à Urſicin .
PASCASE , DIACRE,,
Ouvrages veritables , &c.
Deux livres de la Divinité du S. Eſprit,
JULIEN POMERE.
Ouvrages veritables , & c.
Trois livres de la Vie Contemplative & Active,
Ouvrages perdus,
Dialogue de la nature de l'Ame , diviſé en huit li
vres ,
eofoclo fool
TABLE
DES ACTES , LETTRES ET DES
Canons des Conciles dont il eſt
parlé dans ce Volume.
CONCILE DE ROME SOUS S.CELESTIN
en 430 .
Ettres de S. Celeſtin .
L
CONCILE TENU A ALEXANDRIE
la même année.
Lettres de ce Concile à Neftorius, Anathematiſmes
& Profeſſion de Foi.
CONCILE GENERAL D'EPHESE.
Actes de ce Concile.
SYNODES DES EV ESQUES D'ORIENT
qui l'ont ſuivi.
Lettres des Evêques de ces Synodes.
CONCILE DE RIE'S EN 439 ..
Sentence contre Armentarius .
1. CONCILE D'ORANGE EN 441 ,
Trente Canons .
ET DES CANONS DES CONCILES. 955
CONCILE DE VAISON EN 442,
Pix Canons.
SECOND CONCILE D'ARLES .
Cinquante -ſix Canons .
CONCILE DE DOMNUS CONTRE
Sabinien.
Les Actes perdus.
CONCILE DE PROCLE EN FAVEUR
de Baſſien .
Actes perdus.
CONCILE DE CONSTANTINOPLE
en 448.
Les Actes ſont rapportez dans le Concile de Cal.
cedoine.
AUTRE ASSEMBLEE DE
Conſtantinople.
Les Actes en font auſſi dans le Concilc de Calce
doine.
CONCILE DE CONSTANTINOPLE
sous Gennade.
Conſtitution contre la fimonie.
Seize Canons .
TABLE
DES OUVRAGES DES AUTEURS
Eccleſiaſtiques, qui ſont morts
1
depuis l'an 430 .
Diſpoſez par ordre de matieres..
Traitezde la veritédela Religioncontre les Payens
é contre les Juifs.
Ettres de S. Iſidore de Damierte.
Dix -ſeptlivres de S. Cyrille de l'Adoration de
Dieu en eſprit & en verité,
Refutation des livres de Julien contre la Religion.
Douze Diſcours de Theodoret de la Guerifon des
fauſſes opinions des Payens.
i 1
Dix Diſcours de la Providence.
Memoire de Vincent de Lerins.
Traitežſur la Trinité.
Lettres de S. Iſidore,
Traité du Threſor de S. Cyrille .
Confeſſion de Foi d'Eugene & de Cereal.
De la Generation du Fils , par Fauſte.
Douze livres de la Trinité , de Vigile deTapſe.
Ecrits contre Varimadus, contre Felicien ,& con
tre Palladius , du même.
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES. 959
Conference du même entre Arius & S. Athanaſe.
Ouvrage de Paſcaſe , de la Divinité du S. Eſprits
Traitez ſur l'Incarnation
Libelle de retractation de Leporius.
Lettres de S. Iſidore .
Sept livres de Caſlien ſur l'Incarnation.
La pluſpart des OEuvres de S. Cyrille.
Sermons de Theodote.
Sermons de Procle.
Traité de Capreolus.
Ecrits & Lettres de Thcodorer.
Ecrits d'André de Samoſate.
Lettres de pluſieurs Evêques d'Orient dans le Rei
cueil donné par Lupus.
Ecrits d'Eutherius de Tyane.
Lettre de S. Leon à Flavien , & quelques autres.
Lettre de Fauſte à Gratus & à Felix.
Actes des Conciles de Calcedoine & d'Epheſe ,
avec les Lettres & les pieces écrites ſur ce
ſujet.
Code encyclique.
Traitez ſur la Grace do ſur le Libre Arbitre
Lettre de Celeſtin , & ſes Chapitres.
Quelques Lettres de S. Lcon.
Traitez de Marius Mercator.
Traitez de Julien.
OEuvres de S. Proſper .
Traité de la. Vocation des Gentils , & la Lettre à
Demetriade.
OEuvres de Fauſto de Riés,
180 TABLE DES OUVRAGES
1
967
Maharanh hay
Capr eolu
APR
CASSIEN
s..
EOLUS 172 G
.
S. CELESTIN 33 GElaze I.
78 631
CEREAL . SSS GELAZE de Cyzique. 674 .
CHARISius , 165 GENNADE de Conttantino
CHRYSIPPE , 499 ple. 561
CONSTANTIN . 508 GENNADE de Marſeille, 666
S. CYRILLE d'Alexandrie, 95
H
DEsiderius
D
Heilada de Tarfe. 281
ELLADE de Tarſe. 281
600 S. HILAIRE d'Atles. 591
DOROTHEE, 156 HILARUS ou HILAIRE ,
DRACONCE . Sor Pape. 564
HONORAT . 528
E
I
EVAV AGRE
CRE.. 552
S. EUCHER ,
EudocIE .
410 Ibas.
502 IDAcius.
487
EUGENE , 554 JEAN , Evêque d'Antioche.
EUSTATHE , .
553 154
EUTHERIUS 157 JEAN,Prêtred'Antioche,69
DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES, 969
IRENE'E . 281
IS A AC . STO P
ISCHYRION . 487
ISIDORE de Damictte . 7 ASCHASE , Diacre. 656
Julien de Coos. 488 PASCHASIN . 488
Julien d'Eclane . 136 PASTOR . sso
Julien POMERE. 657 Paul d'Emeſe, 154
PAUL . S13
L PAULIN. 533
PETRONE . 516
s. Leon.
S.
LEONCE .
283 PHILIPPE de Syde.
489 PHILIPPE .
178
508
LEPORIUS , 6 PHILOSTORGE . 180
Lour . 489 Photius de Tyr. 487
S.PIERRE CHRYSOLOGUE .
M 1 419
PIERRE .
ST3
tu
MarARIUS MERCATOR , PIERRE LE Foulon . 488
POSSIDIUS .
IZ 77
MAMERTUS . PROCLE . 169
537
MAXIME de Turin. 423 S. PROSPER . 430
MAXIMIEN . 164 PROTERIUS. 489
MAXIMIN d'Anazarbe. 281
MELECE de Mopſucfte. 156 R
MEMNON . 164
Mochimus. Sie HEGINUS . 164
MUSE'E . 534 Ruricius. 600
RUSTIQUE . 489
N
S
NEMESIus.
EMESIUS .
NESTORius .
672
ALONIUS.
142 530
S. NIL . 60 SALVIEN , 513
SA MUEL . 536
975 TABLE ALPHABETIQUE
SE DULIUS . 176 TIMOTHE'E . 582
SER Vus Dei . 556
SIAGRIUS. 509 . V
S. Simeon Stylitea SIL VALALERI
SIMPLICIUS ,
574
ERIEENNE. 425
SIXTE III . 165 VERANUS ,
SOCRATE . 530
183 Victor d'Antioche. 174
SOZOMENE . 189 VICTOR de Cartenné. 427
Syrus . $35 VICTOR de Vire, 6II
Victorin de Marſeille. 175
т VICTORIUS .
559
VIGILE , Diacre . soo
ΤΑ.. ..
ALAIA
THEODORET .
609 Vigile de Tapſe. 61-4
191 VINCENT . 535
THEODOTE . 162 S. VINCENT de Lerins. 40 ;
THEODULE . 553 VITAL . 487
THEOTIME . 487 VOCONIUS . SSI
TICHONIUS . s URANIUS , 77
TIMOTHEUS Ælurus , 498
DES CONCILES , . 971
TABLE A L P H A B ETIQUE
DES CONCILES .
Ą, С
1
972 TABLE ALPHABETIQUE DES CONCILES.
O T
TAB L E
DES MATIERES PRINCIPALES,
Contenuës dans ce Volume.
1
974 TABLE
Adon de Vierne. Il don- mes combattuë. ibid. De là
ne à S. Proſper la qualité de nature. 537. 138. do fuiv.
Secretaire de S. Leon. 285 Preuves de l'immortalité &
Æneas Gazæus. Ses ſen- de la fpiritualité de l'ame.
timens ſur la nature & ſur S40. Suiv. Sentimens de
l'origine de l'aine. 673 Nemelius & d'Æneas Ga
Aetius , Archidiacre. 341. zæus ſur la nature & l'ori
344. 350. 353. 354• 358. ginedel'aine. 672.673 . Fau
367 Ite & Genuade la croyent
Affranchi. L'Egliſe a droit corporelle, quoy- qu'immor
d'affranchir. 884 telle. 599.667 . Autres ſen
Agapet. Sa lettre à l’Em- timens de Gennade ſur l'o
pereur Leon ſur l'affaire rigine de l'ame. 697
d'Eutyche. 487 Ammonius ,fameux Gram
Aggariis ordonnéEvéque, mairien . 183
n'étant que ſimple Laïque. Ammonius , Moine , pen
293 du par l'ordre d'Orefte
Agathias , Moine. 62 Gouverneur d'Alexandric.
cilexandre d'Hieraple. 96
Nombre de ſes lettres. 156. Anacoretes. Queſtion cu
Sa reſiſtance à l'accommo- ricule touchant les Anaco.
dement , & ſon exil. 746.06 retes . 4
ſuir . Anaftafe, Prêtre d'Antio
Alexandrie eſt le Siege de che , ami de Nettorius. Son
S. Mars 270 L'Evêquede Sermon contre la ſainte
cette ville eſt chargé de faire Vierge. 144
ſçavoir tous les ans le jour Anaſtaſe,Evêque de Thelo
qu'on devoit celebrer la Fête falonique. Avis que S Leon
dc Paque . 42.348 luidonne. 320.321 . 324
Altino, à preſent Torzel- Anaftafe II . Pape. Vie &
lo , ville du Patriarcat de Lettres de ce Pape. 653. do
Venile. 306 fuiv .
Alype , Prêcre de Con- Anatole, ſucceſſeur de Fla
ftantinople ,du parti de Saint vien. Ses Letuies. 487. eſt
Cyrille . Sa lettre à ce Saint . ordonné Patriarche de Con
165 ftantinople 821. Differer :ds
Ambrun , Metropole des qu'il eut avec S. Leon. 338 .
Alpes maritimncs. 530-342.343 • 350 do fuiv. Se
sme. Elle n'eſt point portion range du colté de S. Leon.
de la ſubſtance de D eu mê 82 4.825
me. 19. Immortalité de ia- Anatoliat , Patrice . 267.
me. 19. Préexiſtence des a . 275
DES MATIERES . 975
Ancyre , ville de Galatie. Saint pour guerir un cheval. ,
162 230
André , Evêque de Samo- Apocryphes. Ecritures apo
fate , ami de Theodoret E- cryphes rejectées par Gela
crits & Lettres de cét Evê- fe. 650.651
que. 280. Sa mort . ibid. Apollinaris Sidonius , É
André , Eutychien . 341. vêque de Clermont. Sa vie ,
342. ſuiv. 362 . ſon yenie & ſes écrits. 601.
Angers . Concile tenu en dan ſuiv .
cette ville l'an 453 Nombre Apoſtres. Leur vie eſt au
& abregé de ſes 895.896
Canons. hommes,
deſſus de la vie des autres
257
Anges. Diſtinction des An Arcadius. Par qui exilé
ſelon l'Auteur des livres pour la Foi. 173
ges
de la Hierarchie . 676 Arles . Egliſe d’Arles par
-
Gennade , Patriarche de H
Conftantinople. Sa vie. 56. Habits Ecclefiaſtiques.
Ses écrits , ſon ſtyle & ſon Abits
genie. 562. 563. Sa mort , N'étoient pas differens de
dont il eſt averti par un ſpe- ceux desLaïques. 91
étre . 561. 562 Heliodore, Evêque de T ri
Gennade , Prêtrede Mar ce . 186
ſeille. Sa vie , les écrits & Hellade, Moine , ordonné
fa doctrine. 666.don ſuiv . Evêque de Tarſc. 231. Dé
Genſeric , Roi des Vanda- pole dans le premier Concile
les. En quel temps il ſe rend d'Epheſe. 281. Nombre de
maítée de la Mauritanie Ce ſes Lettres. ibid .
farienne. 290 Helladius, fameux Gram
Germain , Prêtre , envoyé mairien. 183
de Conftantinople à Rome, Heretiques. Principes pour
pourdéfendre S. Chryfofto- les refuler. 403. do ſuiv .
me. 35. Compagnon de Car- Hermes. Se fait ordonner
ſien. 40. 46 Evêque de Beziers. 566.
Grace. Joindre le travail s'empare du Dioceſe de
de l'homme au ſecours de la Narbonne. 566. Puni de ceto
Grace. 19. Sa neceſſité pour te entrepriſe. ibid .
accomplir le bien . 19. 44. Hermogene , Evêquc. Par
1
1
986 TABLE
qui , & pourquoi envoyé au Vie de S. Hilaire d'Arles.
Papc.. 166 391. Son éloge , ſa vie & ſes
Helycaſtes ou Quietiſtes , écrits. 528.529
Anacoretes. Par qui ainſi Honorius d'Autun . 285
appellez 64 Huile ſacrée . Sa conſer
679
Hierarchie Eccleſiaſtique. vation & les uſages.
Voyez la deſcription qu'en Humilite preferable à la
fait l'Auteui de a Hierar- puillance de faire des mira
chie Ecclefiaque. 679 . cles.
680 Hunneric , Roi des Wan .
Hilaire d'Arles . Sa vie & dales. 554
fes écrits. 391. gg. ſuiv . Ses H pacie, Phi.ofophePayen
vertus. i : 1d . Differe: d d'Hi- ne. 90.97
laite , Evéque d'Arle , pour
I
le droit de Metropole & de
Primatie zis . Plaintes de S.
Leon contre Hilaire d'Ar Jacques de Nibbe. Vie de
les. 316. Saint Leon parle ce Saint & les miracles. 225 .
bien de luiaprés la mort.332 . 226
Fermeté d'Hilaire . 395 Edi- tanuarius , Evêque d'A
tions de les Ouvrages 397. quilće. 325
Eloge de S. Honorat par S. Ibas , Evêque d'Edellie, ac
Hilaire. 398.09. fuiv. Juge- cuſé d'avoir avancé un bla
mert fur fon Poëme & Turla fpheme contre Jesus
Lettie à S. Eucher. 401. Il CHRIST . 131. Sa Lettre à
aſliſte aux Conciles de Riés Maris Perſan. 487. Accuſé
& d'Orange. 402. Ses dé- & abfous par Domnus. 788.
mêlcz avec S. Leon . 402 Jugement des Conciles ſur la
Hilarus ou Hilaire , Evê- perſonne & la doctrine d'I
que de Rome . Sa vie , ſes a- bas. 854.89 ſuiv .
ctions & ſes Lettres . 564.69 Idacius , Evêque de Lugo
ſuiv. en Galice . Sa Chronique &
Homme. Deux principaux fes Faſtes. 557.558
devoirs de l'homme envers S. Jean Baptiſte. Sa nour
Dieu . 412 riture. 14
Honorat , Evêque d'Arles. Pean, Abbé. Son jugement
Sa vie & ſes vertus . 397. ſur la vie cenobitique & e
fuiv. remitique. 46.47
Honorat , Abbé de Lerins , fean Caſſien . Sa vie & fes
enſuite ordonné Evêque de écrits . 33. Den fuiv Son ge
Marſeille . 44. 46. On le nie & ſon ſtyle. 58. Edicións
croit Auteur de l'ancienne de ſes Ouvrages. وك
DES MATIERES. 987
5. Jean Chryſoſtome. Me- Pâque. 176
moire de S. Chryſoſtome feúne. Celui du Samedy
honorée par Atticus , des- pourquoi inſtitué dans l'E
honorée par Saint Cyrille. gliſe de Rome. 38. Pourquoi
107 farmi les Moines on celle de
Jean , Evêque de Tomes. jeûner depuis Paque juſqu'à
la Pentecôte. 48
Ses Sermons ne ſe trouvent 47.
plus 131 feúne du Samedy Saint,
fean , Prêtre d'Antioche. 48. Jeûne du Carêine. Son
Şon Ecrit contre S. Cyrille. origine , & de qui l'uſage.
610 48. Utilité du jeûne. 48. 49 .
Jean d'Antioche, fuccef- 382.383 . Différences du jeü
ſeur de Theodo rer. Des Let- ne du Caréine. 185
tres qu'il a écrites. 154. Ce Images. 70
qu'il a fait dans le Concile Incarnation. 18. Il n'y a
d'Epheſe & aprés. V. l'Hi- qu'une ſeule perſonne en ) E
ſtoire dece Concile. Ilavertit sus-CHRIST. 51. Que
Neſtorius de ne le pas obſti- ftions ſur l'Incarnation. 116.
ner àſoutenir que la Vierge 117. 118. 119. Explication
ne doit pas être appellée Me- de ce myſtere , & refutation
re de Dieu . 696. 697. II. des erreurs de ceux qui con
ſoîtient Neſtorius. 709.03 fondoient les deux natures.
ſuiv. Condamnę S. Cyrille. 239. 240. Traité deGelaſe
ibid. Il conclut la paix . 740. 1. contre Eutyche & Neito
&ſuiv. rius ſur l'Incarnacion . 648 .
jean , Evêque de Raven- Traité de Paſcale ſur l'In
ne. Il ordonne un Evêque çarnation . 656
malgré qu'il en ait , & eft Ingenuus, Evêque d'Am
fepris pour ce ſujet par le brun, défend les droits de la
Pape Hilaire. 575 Metropole . 531
Jean Talaïa. Sa fortune Inſenſez. De quelle ma
& les Ecrits. 580.609 nicre on les doit traiter. 886
Jean Ægeates. Son his l'Invocation des Saints.
ſtoire. 610.611 70
Jeruſalem . Privileges du Joſeph , Abbé. Son Dif
Patriarcat de Jeruſalemn re. cours. 45.46
glez dans le Concile de Cal- fovinien , Heretique , apo
cedoine. 854 probateur des plaiſirs & des
ſor.
fefus-Chriſt dans le ſe- voluptez. $13 . De quelleibid
pulcre. Explication & ſup- te il mourut.
putation des trois jours qu'il Irenée. Son ordination .
ya érć. 14.15 . Il eſt nôtre 271. 272.281. Sa depoſi
988 TABLE
tion : 282. Ses Lettres & fon buë la traduction de la Pro .
Recueil de picces . ibid. fèſſion de Foi, qui porte le
Irenée , Evêque de Barce- 110m de Rufin . 141
lone . 569. Son ordination Julien Sabas. Vic & mi
declarée illegitimc. 570 racles de ce Solitaire. 227
Iſaac, Abbé. 42. 43 julien de Coos. Lettre de
Iſaac , Prêtre d'Antioche. S. Leon à cet Evêque. 350 .
Catalogue de fes Ouvrages . 357. Sçavoir fi c'eit lui ou
SIo.Su Jules de Pouzzoles, qui s'eſt
S. Iſidore de Damiette. Sa trouvé au Synode de Calce
vie , ſon éloge & ſes Ecrits. doine. 814
7. fuiv.Jugement & abre- Julien Pomere. Sa vie &
fes Ecrits. 657. fuiv.
gé des Lettres de cetAuteur.
8. Rtgles du même pour Tuftinien . Son Edit en fa
bien écrire des Lettres . ibid. veur du S. Siege. 318. 319
Abregé & jugement ſur ces fuvenal, Evêque de Jeru
Lettres. 8. 9. 10. g ſuiv . falem . 349.355.358
De celles de doctrine. 17.com
L
Suiv. De celles couchant la
diſſuivcip.Decelles glife., dediree Laiques, ne doivent pré
line de l'Ed'avis
montrances , d'inſtructions cher. 348
& de pieté. 24. d .ſuiv. De Lampſacus, Evêque. Pour
celles touchant la diſcipline quoi envoyé au Pape par S.
166
& la vie monaſtique. 31.32 Cyrille.
Ifchyrion , Diacre d'Ale- S. Laurent. Panegyrique
xandric . Ses Requêtes con de ce faint Martyr. 385.386
tre Dioſcore. 487 S. Leon . Sa naiſſance , fa
fugement. Jour 669
mcnt .
du Juge- vie & ſon élection. 283.284 .
.670 Lettres de Saint Leon tou
Jugemens des Evéques. De chant l'affaire d'Eutyche &
quelle maniere un Patriar- le Concile de Calcedoine , &
che doit juger un Evêque. & la part qu'il y eut, Voje?
108.109 l'Hiſtoire de ce Concile. Les
fugemens Ecclefiaftigues, Lettres de cePape défenduës
par les Syoodes de la Pro- contre M. l'Abbé Anthelini.
vince. 312 285. fuiv. Abregé de ſes
condamné & refuté. 128.es
Lettres
Poslien , Evêque d'Eclane, aux . 291. Celle adreſlée
Evêques d'Allemagre
fuiv. Sa fortune , la doctri- & des Gaules eſt ſuppoſée.
ne & ſes Ecrits. 136. fuiv. 368. Les Sermons de Saint
Sa mort. 138. On lui actri- Leon venger. 370. Som
DES MATIERES. 989
maire de ſes Sermons. 378 . Lettres de recommanda
Jugement ſur ſon ſtyle. 387. tion & dc Communion. 870
388. Edition de ſes OEuvres . Liberté. 19
389.390 . S'ileſt Auteur des Libre arbitre. Sentimens
livres de la Vocacion des de Caſſien ſur l'accord du
Gentils & de l'Epitre à De . Libre Arbitre avec la Grace.
metriade. 390. Sa mort. 40. 44.50
284 Libre - arbitre. 87.88.89
Leon , Empereur. 357.358 . Limoge, ville d'Aquitainc.
359. 367 559
Leon, Philoſophe d'Athe- Lithorius. Guerre de Li
nes , perc d'Eudocic. 504 chorius contre les Wiligoths.
Leonce, Evêque de Frejus. S16
40.76 Loi nouvelle. Elle ne dé
Leonce , ancien Evêque. charge point les hommes du
308 jeûne. 383
Leonce , Evêque d'Arles , Loup , Evêque de Troyes.
écrit au Pape Hilaire , & 207
Hilaire lui fait réponſe . 565 . Lucien , écrit à l'Empe
CePape le favoriſc.566.567, reur Leon. 487
568 Lugo , ville & Metropole
Leporius. Son Ecrit pour de Galice. ک57
retracter les erreurs de Pc- Lupicinus, Evêque d'Afri
lase & de Neſtorius. 6 que. 295
Lerins. Deſcription de Le- Lyde , ville de Pamphylic.
2
rins. 411. Seize propoſitions 178
crronées d'un celebre Moine M
deſouLerins ,qu'il prétend être Maccabées
tenuës par S. Auguſtin
& par ſes Diſcip . 435. ge.
. Leur lo385
üan
les
436. fuiv . Macedonius. Sa retraite &
Lettres. Caractere des Lece ſes auſteritez. 231. Il eſt or
tres . 8.9 donné Prêcre malgré loi ,
Lettres Paſcales de Theo- ſans le ſçavoir. ibid. Sa fer
phile. meté. 232
Lettres. Caractere des Let- Magna, Diaconeſſe de l'E
W eres de pieté . 68 gliſe d'Ancyre. 63
Pluſieurs Lettres de dif- Maiſymas , Solitaire de
ferens Evêques , & leurs Cyr. Ses auſteritez. 232
noms. 488.489 S. Mamert. Il ordonne un
Lettre de trois Evêques : Evêque à Die. 568. Le Pape
6c qu'elle contient.897.898 Hilaire le trouve mauvais.
990 T Å B L E
ibid. Il eſt auteur des Roga- ſtyle. 132.Editionde ſes Ou
tions. 418. 605 - vrages . 133. 134
Manichéens. Recherchez Maron , o Econome de l'E
& convaincus par S. Lcon. gliſe de Dami ette , repris
3! 4 re.
par S. Iſido 24.
Manteau. Ornement des Maron , Solitaire , auteur
Evêques. 23 de la vie monaſtique dans le
Marana & Cyra,femmes. pays de Cyr , fait quantité
Leur façon de vivre. 236 de miracles. 233
Marc . Nom & actions de Martinien , Prêtre , accu
cér Evangeliſte. 174. 175 ſé de pluſicurs crimes par S.
Marcien ,Solitaire . Sa vie , Ifidore. 25 .
ſes auſteritez , ſes diſcours. Martyrs.Reſpect qu'on doit
227. 228. 229. Il ne veut à leursRcliques.20:21.Hon .
pas qu'on fçache l'endroit neur qu'on leur doit rendre.
de la ſepulture, de peur qu'- 257. Veritable moyen d'ho
On ne lui dreſſe un Oratoi re. Martyrs
norer les . 21
229 Maxime , de Laïque Do
Marcien , ſucceſſeur de naciſte devenu Evêque. 293
Theodore , caffe le Juge- Maxime , Evêque d'An
ment du Concile d'Epheſe. tioche. Lettre de Saint Leon
276. Il défend Theodoret. à cét Evêque. 346. 347
278 Maxime , Evêque de Tu
Mariage. Quelle doit être rin.Critique ſur les Serinons
ſa fin. 253. Si les femmes de cet Evêque. 423. 424 .
mariées pendant la captivité Son ſtyle 424
de leurs premiers maris, ſont Maxime ordonné en la
obligées de retourner avec place de Domnus. 821
eux . 361. L'uſage du maria. Maxime. Conteſtation en :
ge n'eſt pas défendu. 669tre Maxime & Jean de feru .
Marie. Sa virginité per- falem . 854
petuelle 19 Maximien. Sa Lettre à S.
Marie , Dame de Cartha- Cyrille . 165
ge, priſe & venduż par les Maximin d'Anazarbe, E
Vandales , eft alliftée par vêque du parti de Neftorius,
Theodoret. 194 dépoſé dans le Concile d'E.
Maris , Solitaire. Action phele: 11 écrit crois Lettres.
de Theodoret en faveur de 156
ce Solitaire . 233 Maximin d'Anazarbe, Me
Marius Mercator. Qui il tropolitain de la ſeconde Ci
troit , & ce qu'il a écrit. 123. licic. Il écrit des Lettres Sy
& ſuiv. Jugement ſur ſon nodales , & d'autres. 281
DES MATIERES. 991
Maylimas , Solitaire Ses donner des Evêques ſans le
actions. 232 conſencement du peuple &
de Mopſuefte. du Clergé.
Melece 325
Nombre de les Lettres. 156 . Miniſtres. La vie (ca da
Sa reſiſtance à la paix. Voyez leu.e des Miniſtres n'empê
i'Hiſtoire du Concile d'Epheſe. che point l'effet des Sacre
20
Memnon, Evêque d'Ephe- mens.
fe. Sa Lettre . 164. Ses a Miracles. Qu'il eſt plus
ctions dans le Concile d'E- utile d'être humble & ver
pheſe. V. l'Hiſtoire du Con- tueux , que de faire des mi
cile. racles.
Memor ou Memorius,qu'on Mochimus , Prêtre d'An
croit avoir été Evêque de tioche. Son Traité contre
Capouë , pere de Julien. 136 Eutyche. $ 12
Meſſe. Pratique de l'Egliſe Moines. Mæurs & difci
de Rome, de recommencer pline des Moines. 31. 36 .
la Mefle , & en quelle occa- ſuiv. Differentes fortes de
Gion . 320 Moines. 46. 64. Deſcri
Metropole. Differend des prion de leurs habits. 36.
Evêques de Vienne & d'Ar- Façon de vivre de ceux de la
les ſur le droit de Metropo- niere
Thebaïde. ibid . Leur ma
le. 319 : 316 de dire l'Office de l'E
Metropolitain. Droit d'or- gliſe. 37-38. Conditions re
dination des Evêques de la quiſes dans celui que l'on
Province appartient au Mc- reçoit dans un Monaſterc.
tropolitain 566.881. Droits 38. 39. Pratiques de la vie
du Metropolitain. 846. On Religieuſe & auſteritez. 237.
ne doit pas diviſer les Pro- 238. Moines qui ſe marient ,
vinces , & il ne peut y avoir mis en penitence. 300. Ne
qu'un Metropolitain dans doivent prêcher. 345. 348.
une Province. 848.866.871 ni les Laïques. 348. Les pe
Metropolitains. S. Leon res & les mercs doivent don
leur conſerve leurs droits ner du bien à leurs enfans
d'ordination dans la Pro- qu'ils font Religieux. 521.
vince , & de convocation du 522. Exemption des Moines
Concile. 3'5. 318. 121.322. de Lerins reglée parun Con
323. 340. Ils doivent con- d'Arles. 431. Erat
cile des
ſerver leurs anciens droits. Moines , se ceremonies de
321. 322. Ils ont plus d'au leur conſecration. 681. Ils
corité que les autres Evê- ſont ſoumis aux Evêques,
ques . 324. Ne doivent or. 869.872 . Ne doivent quit
!
592 TA B L E
cer leur état. 870.896. Ils tion. 142. Par qui ordonné
ſont exempts de la juriſdi- Prêtre. ibid. Son élection &
ction de l'Evêque. 897. Ne ſon ordination au Siege de
doivent avoir des cellules Conftantinople. 142. Son
ſeuls. got premier Sermon en preſence
Monde. Ses deux princi- de l'Empereur , approuvé &
paux attraits . 412. Mépris deſapprouvé. 143. ll entre
du monde. ibid. prend d'abattre l'Egliſe des
Morts.
Ceremonies des Ariens , qui y mettentle feu.
enterremens. 682 .. Prieres 143. Il perſecute les Hereti
pour eux dequel uſage. 683 ques , & porte l'Empereur à
Moyfe , abbé de Scethế. faire ure Loi contre eux.
Ses Diſcours. 40 ibid. Pourquoi il eſt condam
Multitude. Il ne faut pas né comme Hereriquc. 144 .
toujours s'en tenir au juge- Son differend avec S. Cy.
ment de la multicude. 158. rylle. 145. Il ſe retire dans
را9 ſón Monaſtere d'Antioche ,
Muſée ou Muffée , Prêtre aprés fa condamnation au
de Marſeille. Jugement ſur Concile d'Ephete. 145. 146.
fes Ecrits. 534.535 Il eft exilé à Oaſis. 146.
Saints Myſteres.Conditions 757. Catalogue de ſes Our
requiſes pour s'en appro- vrages 146. 147. os ſuiv .
cher. 49 Sa doctrine.190.151.0 (uiv ,
Jugeulent ſur ſon ſtyle , &
N fon caractere.284. Conimen
cement de l'hereſie de Ne
Nature. Il n'y' a point ſtorius. 685. 686. Suite de
deux natures differentes dans cette affaire. 686. dgn ſuiv .
l'homme . 434 Lettres , Ecrits & Sermon's
Nemeſius. Ses ſentimens de Neftorius. ibid. Condam
fur la nature & longueur de ration de Neftorius à Ro
l'ame. 672 673 me. 695. 696. Condamna
Neonas , Evêque de Ra tion à Epheſe. 700. do fuiv.
venne. Lettre de S. Leon à Il ſe défend. 709. Eft obligé
cér Evêque. 364 de ſe retirer. 733. Il eſt aban
Meſtorius , Abbé. Son en- donné par Jean d'Antioche.
trerien ſur la ſcience & ſur 744. En quoy conſiſtoit ſon
les connoiſſances ſpirituel- erreur. 775.776.783
les , & fon Diſcours ſur les Nicée. Concile de cette
miracles . 45ville , tenu ſous Sylveſtre ,
Nestorius. Sa naiſſance , & non pas ſous Jules. 190.
ſon baptême , & ſon éduca- Conteſtation de la ville de
Nicéc
DES MATIERES . 993
Nicée pour le droit de Me- Ordinations. Qualitez de
tropole. 866 celui qu'on choiſit pourêtre
Nicetas ou Niceas, Evêque -Evêque. 93.94. Précautions
d'Aquilée. Lettre de S. Leon à garder dans les Ordina
à cet Evêque . 361 tions. 291. 292. Condition
S. Nil. Sa vie , ſes Ecrits de ceux qu'on doit ordonnex
& la mort . 60. fuiv . Edi- Evêques. 292. 293.296.303,
tions de ſes Ouvrages. 61. On ne doit point promou
64.65.66.67.6% ſuiv. Son voir aux Ordres les eſclaves
genie . 68 ni les bigames. 301.302.317.
Niſibe. Par qui aſſiegée, & 318.325. Temps des Ordi
par qui preſervée. 227 nations . 319. 321. 322. En
Nóces: Les ſecondes noces quel temps & en quel joni
ne ſont point défenduës. 253. elles doivent être faites. 319 .
Nonnus , Poëte Chrétien. Ceux qui les celebrent , doi
Genie de ce Poëte , caracte- vent être à jeun . ibid. Un
re de ſes Ouvrages , & leur Prêtre doit ſçavoir ſon
édition. 182. 183 Pleautier. 561. Ceremonies
Novat. Sentiment de No- des Ordinations. 680. Re
var & des Novatiens ſur la ylemens d’Hilaire ſur lesOr
reconciliation .
3.4 dinations 570.571. On ne
Novatiens. Jugement de So. doit point ordo ner perſoita
crate touchant les Nova- ne malgré ſoi. 575. Punition
tiens.
188 des Evêques qui font desOr
dinations contre les regles.
O
575.576 . Qualitez d'un E
OEconomes de l'Egliſe ,ne vêque. 606.607.631. Blu
fieurs Reglemens ſur lesOra
doivent rendre compte de- dinations, faits par le Pape
vant des Ju es reculiers. 355 Gelaſe. 636. 637. Qualitez
Office. Une même manie- des Evêques & desMisiſtres.
24
re de faire l'Office dans la 638. Ordinations doivent ê .
Province. 900 tre faites trois mois aprés la
Onction au Baptême. 677 . mort de l'Evêque 8-72. Oro
Pratique de l'Egliſe de Fran- dinations ſans le Metropoli
ce , de ne point repeter l'on- tain, par deux Evêques feu
& tion à la Confirmation 881. lement , illicite. 879.887 .
882. 884
#1
#1 892. 893. Reglement tou
Orange. Concile tenu en chant les Ordinations. 892.
cette ville en 441. Nombre 896.899.900
& abregé de ſes Canons.880 . Ordres ſacrez . Conditions
Giv . necellaires pour y entrer.294
Tome IV . Rrr
994 TABLE
Creste , Gouverneur d'A- Pastor . Son Ecrit ſur ic
lexandrie. Il ſe brouille avec Symbole. sso
S. Cyrille. 96. Ilett attaqué Patronage. Origine du
& bleſſe par des Moines. droit de Patronage. 885
ibid. S. Paul. Explication du
Origenes. Son ſentiment paſlage de ce Saive : te fais
ſur la preexiſtence éternelle le malqueje hai, & c. 49
des ames, refuté. 19 Paul d'Emeſe .De fa nego
ciation & de ſes Sermons.
3 P ISS
+
DES MATIERES. 1001
Vittorin de Marſeille. Ge- Virginite.Dieu ne l'a point
nic de cée Auteur. 175.176 commandée,mais ill'a loüće,
Vi&torius. Cycle Paſcal de 282. 283. Erat excellent. 673
cée Auteur $59 . 560 Viſion de Dieu . Sielle eſt
Vie éternelle. Elle eſt e- accordée
accordée aux
aux yeux du corps.
xempte de tentation & de 556.557
peché. 252 Vital & Conftancc,Chré
Vie Chrétienne. Quels e- riens d'Eſpagne, conſultent
xemples on doit ſe propoſer Capreolus , Evêque deCar
pour mener une vie Chré- thage. Reflexion ſur cette
wenne . 411. 413 conſultation . 172
Vierges violées par les Bar. Vital, écric à l'Empereur
bares doivent êtrehumilićes, Lcon. 487
quoy- qu'elles ne ſoient pas Voconius ou Boconius ,
coupables . 293. Vierges qui Evêque de Châtelet. Ses E
ont pris l'habit , quoy que crits.
non conſacrées , & qui" ſë Vocation des Gentils. Au
marient ,font coupables. 300 tour du livre de la Vocation
Vierges qui ont fait veu de desGentils. 452.6. ſuiv .
virginité , excommuniées , Uranius. Vic de S. Pau
quand elles ſe marient. 871. lin de cérAuteur. 78
Vierges qui ont fait væude Uranius , Evêque d'Eme
virginité,y font obligées.883. ſc. 275
895.896.900 Uſure,défenduë aux Laï.
Vigile. Sa Regle pour les ques par S. Leon. 302. n'eſt
Moines. 500 permiſe ſous quelque pretex
Vigile de Tapſe. Ouvrage te que ce ſoit . 383. défenduë
de cét Auteur ſous noms em- aux Clercs. 893
pruntez . 614 Z
Vincent de Lerins. Sa do
erine contes principes
quez. 403.
expli- Zenon, Oficierde Va
fuiv. Sa mort. lens,feretire dans la ſolitude.
410. ! l eſt reconnu pour 231. Il y vit dans un ſepul.
Saint dans le Martyrologe cre, aprés avoir diſtribuč ſes
Romain. ibid . Edition de ſes biens aux pauvres. 231
OEuvres. 410.Prêtre diffe- Zoſime,Moine , maltraité
fent de celui de Lerins. - 535 par S. Ifidore de Damiette.25
Virginité perpetuelle de la Zoſime , Pape. Il donne
bienheureuſc Marie , Mere des lettres en faveur de Ce
de Dicu . 13. 19. 70. 669 leftius. 126
Tome IV . SIC
EPLOMADO
LYON
1892
E RR AT A.
Page 11. ligne 9. les liſant. liſez la liſant. P.16.1.11. baptizoit. liſ.
baptiza. P. 29. 1. 22. Hiltoire. liſ. Sur ce ſujet il rapporte l'hiſtoire.
P.41. lo penult. des pechez des premjers hommes. " lis. du peché du
premier homme. P.72.1. 11. attribuées. lif.attribuée .1.81.1. 16.bat
tu. lif. combattu . P. 109.l.12.prendre. lis. perdre. P.110.1. 8. Evê
ques condamnent. liſ Evêques en donnent. P. 123. l. 17. 318. liſ.
418.P. 128. l.18 elle perfc &tionne. liſ.ilperfectionne. P. 129. 1. 29 .
enſuite. dele. P. 133. 1.12.Hiſtorien. liſ. Neſtorien . P.132. 1. 26. fça
voir celle. dele. P. 142. l. 8.étoit mort. lif étant mort. Ibid. 1.8.
L'ambition. liſo l'ambition. P. 143.1.12 . à tel deſeſpoir. lif, à un tel
deſeſpoir. P. 164. 1. 17. Acace de Malte. lif. Acacede Melitine. Ibid.
l. 18. & une lettre lif: & écrivit une lettre. P.165.1.3. en la place. liſ.
en la place. P. 167. 1. 29. Qu'il ne faloit pas. lifi Qu'il faloit. P.170 ..
1. 23. 433. liſ. 434. au mois d'Avril. P.184. 1.23.n'avoient point de
loi. liſ n'avoient point laiſſé de loi . Ibid. l. derniere , ne s'étoient
toutesaccordées. liſ, ne s'étoient pas accordées . P.200. l. 26. eur. liſ.
avoit eu . Ibid . not. a . 458. ou 459. liſ. 457. ou 458. P. 220. l. 24.
ſur le Cantique des Cantiques . dele. P. 222. not. e. ligne derniere. en
320• lif. en 420. P.223. 1. soil pris , J. il a pris. P.227.1.5.Cor
roëne. lib.l'Ofroëne. P. 283. 1. s. la mort de ces Papes. liſ. la mort de
ce dernier. I bid .not: a.l. 12. ildit. lif il eſt dit. Ibid. not.b.l. 3.520 .
lif: 420. P. 290.6. 3. faculté. liſ. facilité. P. 291. not. aprés ces paa
roles il pouvoitavoir faitce Decret. ajoûter parune autre lettre.
p. 314.1.10 . S. Fleuri.liſ. Fleury. Ibid. l. 21. d'un ſtyle. dele. P. 329.
l. 29. le Baptême & celui. liſ. le Baptême de S. Jean & celui. Ibid. Io
30. n'a pas été inſt.lif. n'a été inſtitué. P. 339.1. 27. l'Evêché d'An
tioche.lif.l'Evêché de Conſtantinople. P. 350. l. 3. [ a . dele. P. 352.1.
27. qu'il. liſ. de ce qu'il. P. 353. 1. 30. Proterius. lif: Anatolius.
P.379.1 . 10. à la peſanteur. liſ. ſousla peſanteur. Ibid. l. 25. & une
perſonne. liſ. & une charge à une perſonne. P. 392.1 . 16. qui cor
rompt les autres . lif. qui fouvent corrompt les autres. P. 433. 'not.
a .l.7. Genois. lif. Ĝenevois. P. 444. l. penult. par le commencement.
lif pour le comniencement. P.448.1. 12.de reſpect. liſ. du reſpect. P.
488.1.9. Paſcaſe , Evêque. liſ: Paſcaſinus, Evêque . P.512.1.6 . ajois
tez à Mochimus: Il y a dans le Recueil de piecesde Lupus une lettre de
Theodoret écrite à ce Prêtre , par laquelle nous apprenons qu'ilavoit
été OEconome de l'Egliſe d'Hicraples. P. 513.1. 7. du mépris. liſ, des
Traitez dumépris.P.516.1. 20. Litharits. liſ. Lithorius. Ibid.l. 20 .
en 440. lif. de la mêmeannée. P. 535.la 2. ſous l'Empereur. liſ. ſous
les Einpereurs. Ibid. l . 3.360.liſ. 460. P.'558.1. 31. Chronoloquea
lif. Chronologie. P.564.1. 14.467 . liſ. 453. P.553. 1. 12. de cho
ſes. liſ, des choſes. P.584.1. 17. ne peut être. lif:peutêtre. P.646.
1 : 4.meritent. lif: merite. P.694.1.11. verifie. liſ.vivifie. P. 709.
1.10 . qui l'ont ſignée. liſ. qui fignerent la lettre. P. 720. l. 6. It
porte. liſ. Elle porto . P.725.1. 24. injuſtement , lif: juſtement. P.
731.1. 18.ont. liſ.on. P. 749.1.20 . parMagiſtrien. lif: par un ofi,
cier de l'Empereur. P.752. la 3. lui répondit. lif: lui répond. P.
788.1. 8. demeurez à Conſtantinople. liſ, à Antioche. P.854. l. 26.
l'approuver. liſ,le prouver. P.856.1.19. appellé.liſ. ordonné. P.886.
4. 1. celebre l'Evangile. Iliſ, l'Eucariſtic. P. 902. 1. s. le fiecle. lif. ce
ſiecis .
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