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Testes tirés de ACSGEWAMLTE VORTRAGE UND AUESKIZE VOL. 1 ET I CBS at Gade © 1947 ot © 1971. Tradi "7, rue Bernard-Palissy, Paris Tous droits réservés pour fous pays PREFACE Le 22 septembre 1950, le médecin suisse Ludwig Binswanger présentait, au premier congrés international de psychiatrie réuni a Paris, une nouvelle méthode de recherche psychi La Daseinsanalyse. I! Fexposa en francais sans en traduire le n de Ia présence » éiant encore insolite et « analyse Nl stest souvent réjo Descartes oi té, lui aussi Bien Husserl avait, quelques années auparavant, prés en francais, le texte primitif des Méditations cart entendu, cette coincidence ne pouvait devenir si quapre était seul a sa longtemps encore) comment la tentative de Husserl pou Pexpérience des choses mémes sur les structitres de la vie tionnelle pouvait orienter Yexploration psychiatrique et qu i tales de Vacte d'exister les conditions de passibilité de ‘malade, qui sont celles aussi de la compréhension di Sans doute, le nom de Ludwig Binswanger était-i ‘rance grice & son ami Euge nkowski, dont dans Henri Ey, @ qui sa connaissance de Val ‘accessibles tous les textes de Binswanger, et par des allusions et quelques références de Merleau-Ponty dans la Phénoménologie de la an de son eeuvre W’était tr cault. En 1957 parut, deaux, la plus 1. Deselée de Brouwer, 1954, 8 INTRODUCTION A L/ANALYSE EXISTENTIELLE Le cas Suzanne Urban. L’auteur en avait Iuisméme écrit la pré- face et avait longuement discuté avec la traduetrice de la transpo- sition en langue francaise des. principaux termes et concepts allemands. Alu de Louvain, d'autre part, Jacques Schotte avait entrepris de traduire avec ses étudiants les textes relatifs a la psychanalyse et concu le projet, vivement approuvé par L. Bins- wanger, d'une publication d'ensemble. Si ce dessein ne s'est pas réalisé, ila eu une sorte de résurgence latérale dans la publication en 1970 de Discours, parcours et Freud, respectivement traduit et préjacé par R. Lewinter et P. Pédida, Ce recuell réunit sous 4 titre de circonstance des textes empruntés d différentes publi. cations de L. Binswanger. Soit : quatre études sur la psychana- lyse, les « Souvenirs sur Freud » et trois conférences consacrées a Lorigine et & Vapplication psychothérapeutique de sa méthode. Pour séduisante que soit, dans actuelle conjoncture, de réunir en un volume ses écrits sur la psychanalyse, faut pas moins déplorer le morcellement d'une ceuvre, la rupt de sa gendse et son démembrement entre plusieurs éditeurs qu ironie sans esprit a Végard de Vauteur de la Schizophsénie, lut impose aspect d'un corps dissocié, Non seulement la mise en place des citations et le wavail de référence sen trouve compliqué mais, surtout, la pensée de L. Binswanger sur un sujet toujours ouvert ne se laisse pas enfermer dans les limites des seules études qui lui sont explicitement consacrées. Les introductions de R. Lewinter et de P. Fédida ‘montrent assez que les écrit sur la psychanalyse ne se présentent pas comme un tout bien circonscrit. Pour exposer le probleme spécifique de L. Binswanger, les deux interprotes ont été contraints de se reporter d certains de ses autres travaux, notam- ment a ses études sur les psychoses, alors que le texte nen est as accessible au lecteur francais. Cee seule considération suffi. @ justjier la présente traduction, Elle sinspire “heureusement de raisons plus. essentieles. « Sexpliquer avec soi-méme a travers les choses », « sexpliquer avec les choses a travers soi >, ce fut la existence — et non seulement scientifique — de 'L. Binswanger, Les éerits qui jalonnent son expérience ne manquent pas. Mais lesquels choi- sir? La richesse thématique et la diversité formelle de cette euvre rendent tout choix difficile. La difficulté est encore accrue du fait de ta précédente traduction qui limite et détermine en Partie la composition de celleci, Mais, plus que tout, nous a 2 Deselée de Brouwer, 1957, PREFACE, 9 déterminé ta figure solitaire de L. Binswanger sur le chemin de Nous avons voulu que ce choix de textes exprime au plus prés la nécessité intérieure qui se fait jour & travers Vhis. de cette pensée. En principe et en fait elle ne commence ni ne s'acheve avec la psychanalyse. Voici le catalogue raisonné de notre choix. Les deux rapports de 1901 et 1911, sur le traitement psychae nalytique des malades hystériques et'lélucidation de leur his. toire, laissent @ peine pressentir les développements futurs de Ia pensée de L. Binswanger. Ils contiennent cependant quelque chose de fondamentalement nouveau. Et si Freud a raison de les juger, dans sa correspondance avec Abraham, ¢ matheurew. sement trop diffluents », ce défaut de jeunesse n’empéche pas une audace, elle aussi de jeunesse, qui le méne a cette décow. verte : que le \toucher ‘constitue a c6té de la parole un mode significatj et efficace de relation psychothérapeutique. Ayant Affaire @ une patiente dont la phobie hystérique se manifeste par Ja peur de perdre le talon de sa chaussure, Binswanger poursuit Ja communication analytique au-deld de ta relation verbale. Tl touche a plusieurs reprises te talon de la malade, siége de ta signification phobique, et tente ainsi une provocation directe au niveau des relations affectives. Surtout, Pattention qu'il aecorde au yécu corporel de la malade, entendu non comme épreuve d'ut corps séparé, logé dans Vunivers, mais comme experience du corps propre habitant.le monde, conduit L. Binswanger formuler la catégorie. de continuité.” Une telle continuité n'est Pas une catégorie de Véitendement définissant une structure objet. Elle exprime la maniére dont chacun, en existant son corps, réalise la sécurité de son rapport au monde — et dont le ‘manque ici (comme Ya vu et dit le docteur Laing) apparait dans insécurité qui est a Vorigine de la phobie. En dépit de leur rel, nous ne publions pas ces deux textes, parce que le probleme de Vintervention manuelle est repris dans essai ich traduit : « De la psychothérapie ». Ul est important de noter que ces trois éwdes portent sur des cas dont Vissue a été chaque fois heureuse. Ils sont a Forigine d'une confiance et d'un optimisme quont entretenues en outre plusieurs visites & Freud. Mais, quand ses certitudes scientifiques et ses assurances humaines furent ébranlées par Vinattendu il comprit que Vinattendu n'est Uétranger de_personne et que le destin le plus aberrant exprime une possibilité humaine, insert dans les structures. communes. — comme était pour Ulysse le délire d’Ajax dans Sophocle. Ce qui lamena a vinterroger sur le sens de son action psychiatrique et a se mettre en quéte d'un fondement authentique pour ses actes de psychiatre et de psycho- 10 INTRODUCTION A L’ANALYSE EXISTENTIELLE thérapeute. Quand it publia, en 1922, son Binftihrung in dic Probleme der allgemeinen Psychologie ntroduction aux pro- blemes de la psychologic générale), il considérait effectivement cette euvre comme une introduction. Elle devait étre suivie d'un exposé des fondements, lequel n’a jamais. paru en raison dune difficulté essentielle touchant a Vimpossible : Il vit que le fon- dement clair et unitaire de Faction thérapeutique ne tul était pas accessible et beaucoup de manuscrits concernant. ce probleme sont restés inédits. Il avait de plus en plus Vimpression — il nous Fa dit luiméme — que tous ses efforts n’aboutiraient qua répé- ter avec d'autres mots ce que Freud avait déja dit. Les travaux de cette époque ont abouti cependant a des résultats partiels intéressants, mais qui sont en réalté des fragments d'une grande auvre qui n'a jamais &1€ achevée. Ces textes figurent dans Pédi- tion francaise de Lewinter et Fédida a Vexception de trois : € Die Psychoterapie als Beruf » (La psychothérapie comme tier) datant de 1927 (que Binswanger n'a pas inclus dans les tes qui rassemblent ses conférences), « Fonction vitale et histoire intérieure de la vie » (1928), « De la psychothérapie » (1935), Ces deux derniers sont traduits dans le présent owvrage. Le probleme du jondement de la psychothérapie, qui na jamais cessé doccuper sa pensée, se trouve exposé vingt ans plus tard dans deux écrits, 'un de 1954, Pautre de 1958, inte. {és tous deux : « Analyse existentielle et psychothérapie 3. Lior- dre méme des termes nous avertit que le probléme du fondem de la psychothérapie est entigrement transformé et quil se trouve désormais déterminé. par la dimension existentielle. Le premier de ces exposés figure dans Discours, parcours et Fi te second est traduit ict. Binswanger Ta fait suivre dun court exposé (également traduit) sur Vétat et la signification générale de ses recherches concernant analyse existentielle, Cette question du fondement gouverne a la fois Paventure intellectielle de Binswanger et de Freud. Aussi est-il possible de metire en paralidle leurs efforts @ la méme époque. Freud qui, dans la Métapsychologie, cherche un fondement théorique & sa praxis n'est pas parvenu, lui non plus, d constituer sa probléma- tique en un tout organique. Comme Binswanger, il n'a publié, eu égard a son projet, que des chapitres. Cette correspondance west pas fortuite. Elle ressortit dun état de chose objectif : d savoir précisément que Vobjet de la psychiatrie — comme de la Psychologie — nest pas un état de chose ou un étant, ni non plus un objet, mais un existant qui apporte avec lui ses propres mesures et une mobilité qui déplace les problémes. Pour tous deux, Phomme est un étre qui se signitie méme 1a oi il se masque ‘ou semble absent de soi. D’oi Vintérét majeur qu'ils portent au PREFACE uw langage, aux troubles organiques du langage, aux problemes linguistiques. La parole en fonctionnement, quelle soit droite ou oblique, cohérente ow dissociée, déplacée, condensée, liée ot libre, leur est plus révélatrice des structures de Vexistence que toutes les données immédiates de la conscience. C'est justement parce quil est un langage — sémantique chez Freud, stylistique chez Binswanger — que le réve exprime existence, est forme de cell. En 1928, Binswanger publia une monographie : Wandlungen in der Auffassung und Deutung des Traumes von den Griechen bis zur Gegenwart (« Variations dans Vappréhension et Vinterpréta- tion du réve depuis les Grecs jusqu’a nos jours »), @ la fois étude historique et critique méthodologique qui complétait, avec dau tres accent ture scientifique du réve » par Freud en introduction @ la Traumdeutung. Elle ne constitue pas toutefois, comme Vavant-propos de Freud, une sorte d'inventaire de inane qui sert de vepoussoir & une forme nouvelle de scientificité. Binswanger y est a "écoute de Phomme gui s'avoue dans sa conception du réve. Mais cette étude ne éclaire en profondeur qu’d la lumlére de Veeusre suivante, issue dun drame de la présence, que la présence a surmonté en ani- ‘mant a nouveau le monde. Un événement tragique, la mort @un de ses fils, lui fit Eprouver, pendant et aprés le deuil oi il fut linéralement prévipité, que’son histoire individuelle ne pouvait sédifier qu'd partir @une présence déja-ld, qui tour & tour lave et tombe — comme dans les réves — et dont ascension ow la chute a liew simultanément dans toutes les régions de Pexis- tence. La nécessité de comprendre ¢ ce qui arrive >, de sexpli quer avec la présence a qui quelque chose arrive, le’ conduisit & approfondir les formes préréflexives, antérieures & tout voulolr propre, communes.@ Vexistence et au réve. Le résultat en fut Lo réve et Pexistence lpublié en 1930; Tne faut pas conclure de ces similitudes & Pidentité des voies cet des vues de Binswanger et de Freud. Binswanger, par exemple, attache au reve apparent, a Papparaitre du réve comme procis formel et thymique, une importance que Freud lui avait déniée. Le réve pour lui n'est pas un tissu @images tramé par le désir. La meilleure formule en serait celle qui sert de titre au livre de Detlev von Uslar : Det Traum als Welt 8 (Le réve comme monde), ‘aussi bien celle @Héraclite\La Daseinsanalyse n'est pas ld répétition dans un autre langage de la psychanalyse. Der Traum Is Welt, Zur Ontologie logie des Traumes, "Neske, Pl 2 INTRODUCTION A L’ANALYSE EXISTENTIELLE Au début de la présente traduction figurent certains passages des introductions aux volumes I et I! des Ausgewahlte Vortrige und Aufsitze (Conférences et Rapporis) paru aux éditions Francke (Berne), en 1946 et 1955, ceux qui justement éclairent les textes sur lesquels a porté notre choix. Comme les commen- taires présupposent la connaissance des textes, nous conseillons au lecteur de ne les lire quensuite. En outre, puisque la genése du sens de Pexpérience et le proces de la pensée de Binswanger, qui sexpriment dans Vordre chronologique des textes, sont nécessairement brisés la traduction de Lewinter et Fédida et la nétre, nous avons préjéré @ une fidélité lacunaire Fordre progressif d'une initiation. Le premier volume des Ausgewiihlte Vortrige und Aulsiitze débute avec le rapport « De la phénoménologie » (1922) qui doit donner au lecteur « un apercu de la phénoménologie de Husserl dans son opposition a la méthode de pensée objectivante ei en particulier 2 celle des sciences de la nature ». Comme sa densité en rend la lecture trés ardue, nous Vavons reporté pl loin, et nous avons choisi comme premier texte de cette sér « Fonction vitale et histoire intérieure de la vie ». Cette confé- nce pose une question essentielle commune a toutes les mala- es fonctionnelles et psychogenes. Elle se référe a une conjé- rence de Bonhoeffer faite en 1911 : « Dans quelle mesure existe~ des étais morbides et des processus de nature psychos? qui ne relévent pas de Uhystérie? » Le probléme posé par Bor hhoeffer est conceptualisé par Binswanger d'une maniére bien plus aigué. TI le pose en opposant deux modes d’appréhension et de compréhension de Phomme, un propre aux sciences de la nature, Vautre & Panthropologie phénoménologique. Les premie- res dans Vhomme un organisme physio-psychique, un systéme de fonctions dordre organique liées a des processus nnaturels, un’ décowrs d’événements dans le temps. La seconde voit en lui un étre personnel qui vit sa vie et dont la continuité = ron seulement vécue mais se vivant elle-méme — se déploie en histoire, Par la s'éclaire la vraie nature des maladies qu’on appelle psycho-somatiques; et la confusion, qui en beaucoup Wendroits obscurcit le sens, les conditions de possibilité et les exactes li ies_psychogenes et psychosomati- ques, serait moi établie, il fe fonction vitale ieure de la vie La force de cette étude tient a Ia rigueur des descriptions et des distinctions. La tiche de décrire et de distinguer les diverses couches constitutives des phénoménes et de voir comment elles sont articulées ou fondées selon une nécessité d'essence est la PREFACE 13 tdche propre de la phénoménologie instituée par Husserl. L'in- fluence de Husserl sur la pensée de Binswanger a cetie époque a &ié détern Vaweste la Einftihrung in die Pro- ide « De la phéno- ire historique, retrace en ent Brentano et Natorp, et, James et Bergson, en direction d'une psycho~ énologique dont Husserl a été le fondateur. Pourquoi s'est-il adressé aux philosophes? Aux bavards tout est bavardage. Mais aux hommes de parole, tout n'est pas que paroles. Ainsi de la philosophie, Attentif non aux systémes mais ‘aux yoies, L, Binswanger se tenait en elles a Técoute de la pensée, d'une pensée & méme les choses. C'est pourquoi sa découverte de Husserl fut une rencontre, @ la fois préétablie et transformatrice. 11 a résumé son itinéraire philosophique dans son Dank an Edmund Husserl (1959) (Remerciement @ Edmund Husserl). « Mon chemin va de Kant d Husserl par le néo-kantisme, sur- tout Paul Natorp, mais aussi bien par Dilthey, Stumpf, Bergson, Scheler, Pftinder, etc. ». Ce ne serait la qu’anecdote intellectuclle si justement cette voie avait pas, a travers et par-dela son ‘venture propre, un sens historique et spiriuel, si elle ne signi- fiait une transformation — ou une possibilté de transformation — des rapports de la philosophie et des sciences de homme, et par la méme, une mutation de Uune et des autres, dont savisent seulement quelques Argonautes. Ce qui, dans les premiéres pages des Recherches logiques, aitira et retint L, Binswanger, tient dans ces deux phrases écrites ar Husserl d Kreuzlingen : « Ce qui est réellement visible dans le phénoméne, au tiew de le transformer en Vinterprétant, le prendre oi il est, comme il se donne soi-méme et le dé loyalement >. < Questionner 1a subjectivité elle-méme sans étre aveuglé par les préjugés naturalistes et, puisque nous nous tenons en elle, d partir de son essence propre.» ‘Avec Husserl souvrait « un tout autre monde que celui de la Allgemeine Psychologie (Psychologie générale) de Natorp. Sans doute Natorp avait-il mis Paccent sur le caractere inobjectivable du psychique ». Sans doute avait-l, comme aussi Lipps, marqué la distinction entre le contenu et Tobjet des actes, que Freud avait redécouverte pour son compte et qui est un moment crucial de sa théorie du désir. Mais cette distinction ne prenalt son sens originaire et sa place rigoureuse qu’avec la doctrine husserlienne lité et de la fondation. Noese et noeme sont les deux moments polaires de Vacte intentionnel fondateur de sens et Vobjet est le corrélat tantbt unique tant6t diffracté des deux 14 INTRODUCTION A L/ANALYSE EXISTENTIELLE. — ce qui éclaire singulidrement les contradictions immanentes ‘au délire, et peut-éire cette fission que constitue 1a Spaltung. Bien plus, Husserl lui apportait ce que navait pu méme Dil- ible a « Ia rédlité des contenus > et @ la jt psychique >, opposait aux psychologies « hypothé- iques > & base de reconstruction causale une psychologie des- criptive en quéte d'articulations. [1 avait permis @ L. Bi de comprendre la « direction sci tls tne deta peychanayse nprendre que la méthode ps 4 priori inscrites dans essence des choses en processus généti- ques de caractére évoluif >. Les processus génctiques de la psy- Ausserl, qui seul a mis au jour cette unité de sign dans Vexpérience esthétique un pouvoir ition privilégié a et en fonctionnement la phénoménologie : sans cette explication hénoménologie » (et d'at a " + étre lu une prem 4 son rang dans ‘et une seconde fois aprés les textes qui Te suivent et qui ceux qui traitent de la psychothérapi 1958. : oe La voie ouverte par la méthode phénoménologique a Vanalyse existentielle, dans laquelle la présence (Dasein) est directement en cause, aboutit nécessairement & une réflexion sur la condition de Vhomme dans la psychiatrie et a une analyse des principales conceptions de Vhomme qui ont déterminé historiquement et ment cette condition. Si L. Binswanger a choisi Gexposer sous deux titres paralléles les conceptions héracli- iéenne et freudienne de homme, c'est parce qu'il a découvert PREFACE 15 entre elles un lien, probablement insoupponné de Freud, que noue, ici et a, le méme parti pris darticuler Vexistence de Thomme a son pour ique que signale expre Appréhension freu- dienne de Phomme opologie », n'est pas ‘absente du prei « Apprehension héraclitéenne de Vhomme >. C'est méme celui-ci qui permet de la comprendre exactement, car Vidée de Phomme nature, dont L. Binswanger fait Vidée direcwrice de Freud, doit se comprendre, dans sa pensée, comme celle d'une physis avec ce que ce mot comporte ches les Grecs de puissance génétique et d'énergie (en acte). Le mys. ‘Bre inkérent a ce concept saccorde avec la déclaration de Preud sur la ¢ mythologie » des pulsions et avec cette reconquéte qu'il effectue, a travers les vicissitudes de sa métapsychologie et contre la maigre positivité des tendances, du sens primordial du Trieb sur lequel Schiller avait fondé Vexistence de Uhomme. C'est pré- cisément cet aspect que L. Binswanger développera plus tard our expliquer son chemin vers Freud, Cependant, ta pensce de L. Binswanger sur Uh formée davantage, & cette époque, dans la proximité de "homme féraclitéen que de Vhomme freudien, Des 1930/Le reve et Yexistence|avait mis en auvre des vues sur Vétre-homme, dont Heidegger, témoin et continuateur des archaiques recs, avait &1€ le révélateur. Mais tout aussi important a la jois pour L. Binswanger et pour Heidegger a été Vinterrogation sur’ le sens de Thomme, dont Kierkegaard” avait falt la question premisre, Ainsi lit-on en épigraphe au début de Réye et existence celte phrase de Kierkegaard : « Il convient pluiot de Srttacher a ce que signifi : étre un homme, » Voila désormais la question ori. que de toute psychiatrie. En 1950, Binswanger écrit « L’homme dans la psychiatrie ». Hl entend bien quit sagit avant tout de savoir quelle psychiatrie peut par sa méthode maintenir et res. taurer Véire-homme du malade. Une fois de~plus Le teve et existence a anticipé les découvertes futures qui ont leur racine dans cette seconde citation de Kierkegaard & propos de Lessing + « Tandis qui n'admet ow ne reconnait aucun abandon ni pastiche serviles, libre lui-méme, il engage quiconque Vapproche en un libre rapport avee lui. » Cette jormule devient pour Binswanger celle de la liberté du psychiaire et de la liberté du malade muttel. lement articulées ; la mise au jour et en jeu de cette articulation étant la sche premiére du psychiatre, elle exclut de la méthode méme toute idée préconcue de Vhomme dans laquelle salizne. 5, Cos deux textes sur Freud figurent dans Védition de Lewinter et 16 INTRODUCTION A L’ANALYSE EXISTENTIELLE raient, thématisées en objets, Vexistence de Fhomme malade et la pensée de 'homme médecin. Cette exigence est conforme au concept heideggerien de la liber qui est le fondement de existence dans la mesure oit en elle et par elle émerge le fond, Trem ans pls lard, Biswangeren thera la soliton den tie sur Festenoe dela ptychaaie, dangle dernier rr tate de Marin Heldegrer pour Taccesion de le pelted eae aed paseo eg nite authentique repose sur la reconnaissance par le psychiatre du sens de oa lerie Om ne. peut comproniee thie di poyehiare ag Fe a png ivr iia hear sy gage era ies lit appele le dialogue de Binsenger avec Lee et le temps» parr de 1940, tes recherches de Binswanger he peeve ee np ree setae ee iqué ou défai Vétre-homme_ est fondamentalement pré- || sence (Dasein), dont Véire est en cause dans sa propre pos lsilité déire. La méthode de Binswanger est une analyse de la sence, ou analyse existentille, dont les structures ont leur imp dimensionnel dans Yanalytique existentiale de Heidegger. Les structures de la présence sont des structures de Vétre-au- ‘monde, dont le style commande @ chaque fois la forme et le sens de toutes les rencontres de Phomme dans le monde avec les autres, les choses et lui-méme. Elles articulent Pexistence réelle depuis le sentir le plus élémentaire jusqu'a 1a pensée ta plus Alaborée. Dans fous ses rapports concrets, Pomme habite le ‘monde en existant son corps et existe son corps en hab monde, sans étre thématiquement dirigé sur eux. Aussi culation temporelle, spatiale et communicative de la présence westelle pas justiciable de Vanalyse intentionnelle de Husserl. A plus forte raison les structures de existence nont-elles rien 2 voir avec des structures objectives d'univers, Crest ainsi que les dimensions spatiales de la présence ne sont pas dordre mathe natique. Aux relations topologiques it faut substier pour "analyse des situations et des comportements existentiels, des termes et des couples de termes enracinés dans la langue com- ‘mune qui, selon expression de Binswanger, « est ce qui pour nous tous fonde et pense (dichtet und denki) >, avant le po2te et le penseuryPar exemple, la spatialité de Fexistence en situa- tion-s’exprifie selon les polarités proche-lointain, devant-dlerrizre, droite-gauche, haut-bas, large-éiroit, avec les corrélats phéno- meénologiquement semblables du clair et du sombre, du léger et du grave, ete. Ces polartés ne sont pas objectivement concep~ PREFACE, 7 tualisables, parce que nous n'avons pas affaire a une analyse de position mais a une analyse de situation respectant cette trans- lance qui est la dimension spécifique de la présence a... Les termes de haut et de bas soriginent antérieurement et intériewre- ‘ment dans ta dynamique de Vascension et de la chute, du plane- iment et de Venlisement, qui sont les dimensions mémes de Fétre~ auemonde maniaque et dépressifi Teur forme et leur sens colncident dans Punité de tx Bedeutungsrichtung, direction de sens ou direction significative. La Bedeutungstichtung constiiue un champ de signification orienté, dans lequel les notions habi- tuelles ialité et de concept sont a la fois supprimées et ‘assumées dans Touverture d'un sens non thématique. Il @t impossible de séparer, dans Vexpérience de Pascension et de ta Vexistence, le contenu sig tonalité climatique spécifie lication déterminé avec les ciioses dans | un monde qui n'est pas simplement en face de nous, mais qu traverse de part en part le pathos inhérent a la situation, ey dimensions spatiales de Vexistence concourent @ chaque insiant dans Yunité d'un méme comportement, ot elles s'articulent dans un sens qui peut étre authentique ou déficient. Leur distribution constitue ce que Binswanger appelle la proportion anthropolo- gique, authentique dans la mesure oi elle permet & Chomme etre dans son histoire sa propre possibilité, La au contraire ot ily a disproportion entre les dimensions spatic-temporelles selon lesquelles ta présence comme telle hante le monde, Vétre-homme est frappé d’incapacité. Telle est la situation dans la Verstiegenheit que Binswanger analyse dans le texte de 1949 — ici traduit — : « Du sens anthropologique de la présomption ». Il y ard aT Vamplitude de Vexp eptivité et la hauteur du sens ou de la décision dans lequel et peut mesurer @ Youverture du 1 ou du projet.\Installé dans ce que E. Blewler appelle un sur-concept inaltérable et clos, au moyen duquel il signifie son monde;-le schizophréne voit, juge et décide de cet unique point de vue rigide, alors que Vexpérience ne cesse de se trans- former et que le monde se mondifie. Hl ne peut ni monter plus haut pour élargir ses vues, ni redescendre au niveau de Pexpé. rience. Il est, comme homme prisonnier de sa propre escalade, « embarré >, Il ne peut plus que tomber, a moins qu'une cordée de secours ne parvienne jusqu’a lui, La Verstiegenheit, cet rement dans T'escalnde, est une forme de présomption dans laquelle Vhomme est pris, Comme Binswanger V'explique dans laquelle elle s‘articule et a 18 INTRODUCTION A L'ANALYSE EXISTENTIELLE. Le réve et Vexistence, ces expressions ne sont pas métaphori« ques : elles signifient des voies blogquées de laquelle est une flexion de Ve ‘analyse di sionnelle de tespace de la présence comme espace habité de Vétre-auemonde, permet ta distinction précise et la compréhen- sion différentielle — a iravers toutes les régions de la réalisation de soiméme — de Vexistence schizophrénique ou schizoide et de Vexistence maniague. La constitution dans Fen-tace de Vidéal schizophrénique s'élevant dans Vobjectif au-dessus de toutes les transformations du projet et liant tous les possibles, correspond 1@ Ia situation de celui qui a pris position une fois pour toutes @ un certain degré d'une échelle de valeurs. Les structures d'espace et de temps ont une correspondance dans les structures du langage, au niveau de la forme intérieure ‘ou immanente @ la langue, dont Humboldt a été le révélateur Crest au niveau du schéma sub-linguistique, du schéma sub-spa- tial et du schéma sub-temporel, donc en deca de tous les états construits de la langue (oit se meut le structuralisme) que la présence se découvre et que Vanalyse de la présence est établie “Yans la co-naissance de son ¢ objet » (non thématique). \ Ce style de pensée n'est guére courant en France. Et nous savons bien que les contresens sur Vauvre de Binswanger ont deja commence. Les auvres traduites de Binswanger ne sont qu'une propédeu- tique d Yanalyse existentielle. Comme celle-ci est avant tout un mode d'acces a Pexistant, on ne peut la concevoir a vide, idéel- lement, mais seulement la comprendre en acte. Aussi le lecteur doitil voir et revoir comment elle sarticule aux résistances dw réel quelle dévoile, done revenir toujours aux situations concré- tes, qui constituent la matiére de Le réve et existence et du Cas Suzanne Urban. Enfin, malgré la pertinence du choix des textes, Veuvre de Binswanger déborde et méme surplombe la totalité de ces écrits. Son projet méthodique a été a la fois plus personnel et plus aventureux que ne donnent @ penser tant de références d Husser} et @ Heidegger. Il a dé s'expliquer avec leur différence, done avec Iui-méme, puisque entre la phénoménologie de Husserl et Vontologie existentiale de Heidegger il y a toute la distance d'une analyse intentionnelle @ une analyse existentielle. Aux prises avec (a réalité psychiatrique, Binswanger a éprouvé cette distance comme une faille, de part et Wautre de laquelle il a poursuivi son exploration. Sa recherche théorique se meut sur un fond lui-méme mobile dont oscillation peut se comparer, quant a lui, a celle des vagues de la vie. Ainsi Vanalyse du Cas Suzanne PREFACE 19 Urban est une analyse exclusivement existentielle, dont la rigueur tendue sarticule aux points nodaux de la dramatique d'une hi le, et tui permet de « comprendre scientfique- « conduire et oses > ef il se ere a Heldegger pour éclarer le terrjiant a la lumiere noire Ula derdcton Mas, dix ana apres au symposium de Mister ingen, fl énonce les conditions de possibilté du délire sous la Jorme de quelques propositions de Husserl concernant Veffectia- des dens, 1 a son a fe Cas Su en style. proprement phénoménologique. L'état pensée a ce sujet est represent par « Wakn » (Délire), para en 11919. La it djférencie et il articule leg niveaux fondateurs de la présence et les niveatex constituifs de les ung relbvent de la Daseinsanalyse, les autres de Vanalyse phéno- ménologique. Le rapport de Binswanger a Huser! et d Heideg- ger nest done pas objet d'un choix € p ‘mais d'une rencontre sur sa propre voi jamais été un heideggerien de pri ‘mais, Id oi le psychiatre et le pl parler d'un écart par rapport au second. ture au réel quils sont alors séparés ‘Si le dialogue de T.. Binswanger avee L'etre et le temps com- menoé en 1927, plus tard renouvelé par ses entretiens avec W. Scilasi, a constiué le second tournant de sa pensée, « Ce il, en aucune fagon aussi déc le premier quavait inauguré Husserl >. Sans doute. Toutefois il ajoute qu’en substiaant le dévoilement de la présence (Dasein) 4 a constitution de la conscience transcendaniale et de transcendantal « on pourrait oser partir la recherche dun jondement philosophique pour la. psychiatr fait? ‘pas un philosophe, je >'Il avait charge d'expérience. Cepen- sehizophrénie (écrtes en 194 1953) sont autant de tentatives pour fonder les formes de nalade et de la compréhension psychiatrique sur des possibie lités de la présence — non pas d'une présence toute constituée a la facon dun étant, et dont Vidée serait donnée une fois pour lowes, mais d'une présence dont la révélation est contemporaine du dévoilement des métamorphoses qui la manifestent — authen- tiques ou déficieme est dans ces études que la Daseinsanalyse de L. Binswanger se réjere le plus directement a Vanalytique existentale de Heideg- ger. La présence y est définie, approchée et comprise comme étre au mionde. Pour accéder au sens de lexistence schizo} 20 INTRODUCTION A L’ANALYSE EXISTENTIELLE Sagit de « diriger le regard sur les formes de présence ‘esquelles Pindividualié en cause est au monde >. Mais ‘usstét se fait jour une vue propre aL. Binswanger et qui cons- titue Vaxe ‘de sa méthode compréhensive. « L'in e qu‘est son monde en tant que le sien, » Ce monde propre est ‘moins une résurgence du monde primordial de Husserl que du monde privé dont parle Héraclite, Il est autre encore. Cetle formule signifie que pour L. Binswanger — ainsi sexprime J. Bodamer — « le malade mental se distingue de Phomme sai non pas d'abord comme malade mais comme hone », cesta dire quil est d'abord un exemple Phumanité, dont le mode de présence manifeste une des possibiliés de Uétre-homme. Cette présence est comprise non pas comme identté tautologique mais ‘comme tentative en échec de revenir d soi a partir des méta- morphoses de son histoire. C'est de 1d seulement quon peut comprendre le jugement de L. Binswanger sur la psychanalyse + « La psychanalyse aussi a pour fond dexpérience Uhistoire d'un vivant ; elle est une forme d’ ¢ histoire » (complexe d'événe- ‘ments)’ d'une espéce partculiére, réduite a la dimension de | Phitore nasi» La pensée de Heidegger est assurément présente ce juge- ment comme elle est présente & la Daseinsanalyse. « La Da- seinsanalyse, écrit L. Binswanger, entreprend le travail de mise 2 jour de véireshomme dans tous ses formes et tous leurs | mendes; dans son pouvoirtie (existence), dans sa licence d@ire (amow), dans sa nécessité d'étre (déréliction). La psychanalyse { le prend seulement dans cétte dernitre form Mais la seconde forme nest pas heideggerienne, Elle constiwe une dimension nouvelle de la présence, propre a la Daseins- analyse. Dans le Cas Sting Ziind par exemple, Panalyse de la présence part du mode duel de Vétre-homn \ présence s'éclaire de Vabsence- de ce mode @ \ pas perte pure, mais constriction ou chute, défallance de la \possibilité déire avec Vautre sur le mode de la renconure a deux ou de tamour — au profit d'un mode dexistence plural proli. Hférant : celui d'un échange et d'un commerce purement mondain avec les autres, les choses et soi! ‘ta, surmontée par le délire — celle du Cas Georg de R. Kuhn, Ici la voie négative de la Daseinsanalyse sartcule @ la voie négar tive de la psychose en éclairant « non pas dla lumiére (absente) ‘mais & Vombre (ténebre) de Yamour, ‘Méme dans Le cas Suzanne Ui coord avec Heidegger wa liew qu n derniore analyse (existentiele), le délire de Suzanne Urban n'a pas sa préhistoire dans une déficience de ta Sorge, du souci heideggerien, sous la re — qui n'est PREFACE a1 forme de Vatfairement enfermé dans sa propre persévération, ‘mais dans une défaillance de la koinonia, de la communauté qui désigne tantot la communauté du Je et du Tu dans Punité duelle du Nous, tantot la concordance avec soi d'une présence en personne, effectuant elle-méme I'unité de ses possibilités contradictoires, La communauté du Nous @ toujours été la pré- cceupation primaire de L. Binswanger ps} . La relation ‘malade s'avoue wer avec soinméme s'y exprime comme ‘avec Pautre dans ta comm nauté d'une parole, et particulizrement de Ia langue commune elle-méme, « notre patrie a tous ». C'est de la que part la tech- jue méme de Viniuition thérapeutique. Il ne faut pas pa du Moi en essayant de Yamener ase lier avec un autre au moyen du langage. Il faut partir du langage lui-méme. » Quand au second aspect de la koindnia, L. Binswanger y it été préparé par son attention clinique @ deux formes incommunicabilité, une propre aux maniaques, Pautre aux schizophrenes, et qui mettent en échec la relation psychiatrique selon deux styles bien différents : Pun par abus de confiance (dans ta juite des idées); Vautre par exces d’angoisse. Mais la pleine clarté sur ces deux puissances lui est venu de Macht und Ohnmacht des Geistes, wie grande euvre de son ami Wilhelm Scilasi avec lequel, vers la fin de sa vie, il se concerta de plus en plus pour Vachévement de son euvre. « Le Nous au sens duel, dont la forme anthropologique cul- ‘mine dans le Nous de Vamour, est le chemin le plus profond vers Ia culture, sans lequel la st pas culture au sens vrai. > Or, ¢ Vamour, dans sa anthropo-phénoménologiqi ne’ peut pas se comprendre a partir de Pétre au monde du ¢ se soucier de > ou du souci heideggerien, mais seulement a partir d'un étre en dépassement du monde, c'est-a-dire comme étre au Pays natal et @ Véternel instant par opposition @ Vétre au monde et au temps ». Liamour est pris ici, dans sa rigueur ’étre, sans appel aux complaisances du sentimentalisme. Il ne faut pas parler de Vamour comme « parle d’amour » la chanson, en s'en falsant accroire par présomption, en exaltant la présence dans la Versticgenheit, en cherchant a’ Yélever la oi Vex-istence « ne Passe plus >, comme disent les alpinistes. La place du Nous est marquée négativement dans la psychologie, Pour Vavoir mé~ connu, elle s‘est repliée sur le « monstrueux concept anti- scientifique de Moi, au sens d'un Moi individu absolu, sans ‘monde et sans Toi », lequel, étant sans personne, ne saurait non plus étre d la premizre. Cependant, si Binswanger, toujours pré- oceupé de la signification existentiale du langage insiste, & Ia schizophréne, L’ 22 INTRODUCTION A L’ANALYSE EXISTENTIELLE suite de Withelm de Humboldt, sur la réciprocité des deux pre- lu Ht et du Ca, il refuse Péquivalence des structures du langage « La rencontre, dit Binswanger, n'est pas médiatisée, encore rena Te ln a duguel ne peut surgir ta liberté. Il est constitué par les puissances pul a hae opposer sl perp began fou on cong fa, ncn nesehe ei son nde de son erprence denon ad ea fe fant ase Ce qul's forme eh woh ote panes ee £°Ca presence dense on monde cane on eee au don Ie tue. Leveonme ne peso aon tor le perpéuel antago de fama da er stant PREFACE 23 éternel et du temps, et Vamour seulement comme sécurité d’éire triomphante, » Il ne faut pas conjondre ce triomphe avec la facilité de la manie planant sur tout avec une confiance sans forme, qui ne rencontre rien et n’a jamais urer elle méme en présence de la possibilité de Van; ‘Alors que la présence comme dire 301 aupres des autres, cestadire, ici, comme étre avec, r’a de puissance spirituelle qua outrepasser leur dualité, Vémancipation de l'une d'elles et sa prééminence exclusive frappe d'incapacité Vacte propre de la présence, celui d'étre sa propre possibilité — quelle est d une réceptivité passive unilatérale, Se prenant a Pune de ces puissances, elle se trouve captive, en proie a un moment @elle-méme oit elle a son destin, devenu par la-méme — comme dit Hegel — son propre ennemi. Se prenant & une seule de ces puissances — ici Pangolsse — elle cesse de se com-prendre et ne communique plus avec son monde — cest-aedire en défi- nitive avec soi — que sur le mode de la fascination. La pr sence schizophrénique fascinée a lieu dans la terreur. « Le terri- fiant comme tel, écrit Binswanger, ne saurait étre pris, appré- hendé ou saisi a... (ou par...) quelque chose ; ni avec les mains, ni avec les levres ou les dents (prise orale). Et pas davantage fon ne peut, en tant que tel, s’en emparer dans une perception ou le nommer. > Ces formules apparaissent d'abord d'une évi- dence triviale, qui va sans dire. En réalité, leur des opérations de méme style, qu’éclaire la méme catégorie existentiale ; le nehmen-bei-ctwas, le prendre-d-quelque-chose ‘ou par-quelque-chose, Elle désigne une artic et de Pétranger, qui concerne originairement les relations ver- bales, corporelles, spirituelles. Prendre quelqu'un-par-une partie de son corps (au col, a Pépaule, par la taille), le prendre au mot (qu'il dit) ou par un ‘mot (quwon dit — en allemand : « prendre par Yoreille >) ow encore par son faible (impressionnabilité ou suggestibilité), voila autant de prises actives et significatives mais partielles — qui fiennent au tout de Vautre, auquel elles attentent. Car autre est imprenable dans la singularité infinie de son pouvoir-éire. ‘Qui-tentede le coni-prendre en Venfermant dans ses prises, en le récapitulant par quelques prises de yue commence par abolir dans une dé-finition son incontournable possibilité d'étre. Ainsi Suzanne Urban, au terme de son délire, est livrée aux autres, ses persécuteurs. Ils sont les personnages-acteurs entre lesquels la présence, qui s'est prise elle-méme et est devenue sa proie, se divise'en roles multiples et monotones pour se ménager une distance. Quand elle est devenue le projet sans ouverture de sa propre déréliction, elle cherche en effet dans 24 INTRODUCTION A L’ANALYSE EXISTENTIBLLE vatar d'une présence qui a défailli de sa propre possibilité en sie nae ta compréhension et ta thérapie de Pesistence psycho- ee yoyons maintenant oi est la difficulté de rea son auvre comme la continuation ire antérieure de la psychiatrie. I ment oi il serait compris n’arriverait nnies. Ce sera la tache de ta recl ‘Sa grande lecon est quauct woir acc’s @ Thomme existant si elle continue Roland KUHN, Henri MALDINEY. quand il ne se prend & 1 ee mui dos set ule v0) inane sans resistance Se inning bentia ucL ibliothéque de philosophie Colldge D. Mercier du Cardinal Mercier 14 8-1348 Louvain-la-Neuve AVANT-PROPOS Nous sommes reconnaissante aux Editicns de Minuit de pou- ‘i exprimer notre fiddle attachement a la mémoire de udwig Binswanger, qui fut notre maitre et notre am nous avons accepté d'assumer la tradu de son auvre, cest a la fois par affection et respect pour sa ire, pour honorer la confiance qu'il avait mise en nous et pour que la connaissance et la diffusion de son auvre puisse intéresser et surtout stimuler la pensée et les travaux des jeunes sénérations. Nous croyons étre fideles a la démarche de Ludwig Bins- wanger en ayant toujours a Vesprit que ce livre doit étre un «< livre d'étude >, car il était luieméme un esprit jormateur et un admirable pédagogue. Nous nous souvenons avec émotion et nostalgic de son inlassable patience, alors qu'il nous dévoilait et nous explicitait sa pensée et ses intentions au cours d'entretiens dont les heures s'épuisaient bien trop vite. Nous nous souvenons de son étonnement quand, il y vingt-cing ans, emportée par Vardeur de la jeunesse et Penthou- siasme d'une premiére rencontre, nous lui demandémes, avec ce que nous reconnaissons aujourd'hui comme beaucoup de pré= somption, de commencer une traduction de son euvre. Il nous dit : « Estece que vous vous rendez bien compte que vous allez travailler pow* quelque chose qui ne commencera & tre compris que dans vingt ans? » Sur quoi, il nous choisit le texte « Le réve et lexistence », qud est Pun des pivots autour duquel s'or- donne son cuvre. Chaque phrase, chaque mot de ce travail fut revu, vérifié, commenté avec lui et il s’était déclaré tres heureux de la belle préface écrite par Michel Foucault qui, par ailleurs, nous épaula de son savoir philosophique. Quelques temps aprés, voyant venir Page et Vheure, il nous demanda d'entreprendre la traduction de sa quatriéme étude sur la schizophrénie, Le cas Suzanne Urban qu'il considérait comme son testament psychiatrique, parce quill désirait avoir le temps et le calme nécessaires pour discuter avec nous chaque terme ily a

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