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CHAPITRE

1
Anesthésie du sujet âgé
Frédérique Servin, Philippe Juvin
(juin 2002)

Abréviations Sommaire
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens
IMPORTANCE DE L’ÂGE « PHYSIOLOGIQUE » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
AIVOC : anesthésie intraveineuse à objectif
de concentration CONSULTATION PRÉ-ANESTHÉSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
ALR : anesthésie locorégionale PRÉPARATION À L’INTERVENTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
BIS : indice bispectral CHOIX DE LA TECHNIQUE D’ANESTHÉSIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
CAM : concentration alvéolaire minimale ANESTHÉSIE GÉNÉRALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
INSEE : Institut National de la Statistique ANESTHÉSIE LOCORÉGIONALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
et des Études Économiques
RÉANIMATION PEROPÉRATOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
ECG : électrocardiogramme
EEG : électroencéphalogramme PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE IMMÉDIATE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
ANESTHÉSIE AMBULATOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
© Groupe Liaisons SA, juin 2002. La photocopie non autorisée est un délit.

PCA : analgésie autocontrôlée par le patient


CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé 1


1 VII – 1 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

Introduction
La population française vieillit. Près de 6,5 millions de français ont plus de 70 ans, 2,1 millions ont plus de 80 ans et quatre cent mille ont
plus de 90 ans. Les Français âgés de plus de 65 ans représentaient 12,6 % de la population en 1968, 13,9 % en 1990 et 15,6 % en 1998. La
sur-représentation des femmes dans les classes d’âge apparaît tôt, dès 60 ans et devient franche à 75 ans: elles représentent 60 % de la
classe d’âge des 75-79 ans et 75 % des plus de 90 ans. Parmi les personnes âgées, les classes d’âge les plus avancées sont de plus en plus
représentées (source INSEE). En 1996, un tiers des anesthésies était pratiqué chez des patients âgés de plus de 60 ans [1]. Ce chiffre est en
nette augmentation par rapport à la période 1978-1982, où les plus de 60 ans représentaient moins de 20% des opérés. Après l’âge de
75 ans, le taux annuel d’anesthésies pour les femmes (hors endoscopie) (16,8 anesthésies pour 100 habitants) est inférieur à celui des
hommes (19,6). Après 85 ans, un patient anesthésié sur deux (hors endoscopie et chirurgie ambulatoire) est classé ASA 3 à 5 [1].
Les sujets âgés représentent une fraction importante de la population hospitalière, et dans le même temps, le nombre de sujets âgés qui se
présentent pour un acte chirurgical en pleine possession de leurs moyens intellectuels grandit également. Le rôle de l’équipe chirurgicale
n’est pas seulement de leur faire franchir le cap de l’acte chirurgical lui-même, mais aussi de leur assurer la meilleure prestation possible
pour leur permettre de retrouver, voire d’améliorer, leur autonomie.
Par rapport à la période 1976-1982, l’augmentation du nombre d’anesthésies chez le sujet âgé s’est essentiellement faite au bénéfice de
l’endoscopie digestive, de l’orthopédie et de l’ophtalmologie. Actuellement, entre 75 et 84 ans, 30 % des anesthésies (hors endoscopie) concer-
nent l’ophtalmologie, 24 % l’orthopédie, 13 % la chirurgie digestive et 11 % la chirurgie urologique. Après 85 ans, 29 % des anesthésies
sont des anesthésies locorégionales [2], et 20 % des anesthésies sont réalisées en urgence (moins de 10 % entre 45 et 55 ans) [3].

Importance de l’âge ● Tableau 1 Principales causes de décès aux États-Unis, chez les sujets de

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plus de 75 ans
« physiologique »
Cause de décès Hommes (%) Femmes (%)
ÂGE CHRONOLOGIQUE ET ÂGE PHYSIOLOGIQUE Pathologies cardiaques 40 42
La morbidité et la mortalité périopératoires augmentent avec l’âge Cancer 21 15
[4]. Pourtant, les taux de morbidité et de mortalité périopératoires ne
sont pas plus élevés chez les octogénaires en bonne condition phy- Maladies pulmonaires 10,9 8,4
sique que chez les adultes jeunes devant bénéficier du même type Maladies cérébrovasculaires 7,7 10,8
d’intervention chirurgicale [5, 6]. Il est habituel d’affirmer que, plus
que l’âge chronologique, c’est l’âge physiologique, et donc l’état de Traumatologie 1,9 1,6
santé préopératoire, qu’il faut prendre en compte, d’où l’importance
Diabète 1,7 2,3
de l’évaluation préopératoire. En fait, le vieillissement physiologique
se traduit par une très grande difficulté de l’organisme à faire face à Artérite 1,5 –
des situations de stress [7]. Une personne âgée n’est pas seulement
Insuffisance rénale 1,3 1,2
un malade, c’est un individu physiologiquement différent et ces diffé-
rences doivent être prises en compte. Athérosclérose 1,2 1,8
Septicémie – 1,2
FRÉQUENCE DES CO-MORBIDITÉS ASSOCIÉES
Dans nos sociétés occidentales, les pathologies les plus fréquem-
ment retrouvées chez les sujets âgés sont les pathologies cardiovas- la pathologie la plus fréquemment retrouvée, tous âges confondus
culaires responsables chaque année de 47 % des décès aux [9], chez les sujets âgés, la cardiopathie hypertensive sera au premier
États-Unis (Tableau 1, d’après [8]). Si l’hypertension artérielle isolée est plan. Plus de 8 % des patients de plus de 65 ans sont porteurs d’une

2 Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé


VII – 1 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 1
insuffisance coronaire [9]. La symptomatologie de cette coronaropa- doivent être réalisés que lorsque les antécédents ou l’examen clinique
thie est trompeuse, et la dyspnée prend souvent le pas sur la douleur les auraient indiqués, que le patient soit opéré ou non ».
[10]. Même si la pathologie cardiovasculaire aggrave le risque de Cette position, qui concerne l’intervention de cataracte, donc une
mortalité périopératoire (Tableau 1), le décès est souvent dû à une chirurgie réglée bénigne chez des patients médicalement stabilisés,
autre cause (sepsis, saignement, insuffisance respiratoire ou rénale…) peut cependant être nuancée lorsque le patient est proposé pour une
[11]. chirurgie ayant plus d’impact sur les grandes fonctions, où l’on peut
Enfin, le sujet âgé « en institution » représente une catégorie parti- souhaiter avoir un point « de départ » pour guider la réanimation
culièrement fragile où le risque de dysfonctionnement cognitif et de peropératoire, lorsque le patient n’est pas en état stable (urgence,
syndrome de glissement postopératoire est particulièrement élevé. pathologie chirurgicale évolutive influant sur les grandes fonctions)
ou lorsque le patient n’est pas médicalement suivi [13].
Les anomalies les plus fréquentes sont une élévation de la créatini-
Le vieillissement : facteur de risque némie (12 % de patients de chirurgie réglée non cardiaque), un chiffre
anesthésique ? d’hémoglobine inférieur à 10 g/100 mL (10 % des patients) et une
• La population française vieillit et la part des actes chirurgicaux hyperglycémie supérieure à 2 g/L (7 % des patients), sans qu’aucun
effectués chez des sujets âgés augmente significativement de de ces facteurs n’ait pu être identifié comme prédictif de morbidité
décennie en décennie. opératoire accrue [14].
• Après 85 ans, 29 % des anesthésies sont des anesthésies loco-
régionales, et 20 % des anesthésies sont réalisées en urgence ÉVALUATION DU RISQUE CARDIOVASCULAIRE
(contre moins de 10 % entre 45 et 55 ans). L’évaluation du risque cardiovasculaire périopératoire est fondée
• Plus que l’âge chronologique, c’est l’âge physiologique, donc sur des critères cliniques, fonctionnels ou plus spécifiquement reliés à
l’état de santé préopératoire, qui est le facteur critique, d’où la chirurgie envisagée. Elle permet de définir plusieurs niveaux [15]. Le
l’importance de l’évaluation préopératoire. Collège Américain de Cardiologie et l’American Heart Association ont
• Les co-morbidités associées, en particulier la cardiopathie publié des recommandations sur l’évaluation cardiovasculaire péri-
hypertensive, représentent un facteur de risque important même opératoire avant une chirurgie non cardiaque [15].
si le décès est souvent dû à une autre cause (sepsis, saignement,
L’âge avancé y est présenté comme un facteur de risque cardiovas-
insuffisance respiratoire ou rénale).
culaire mineur, ne requérant par conséquent pas, per se, d’explora-
tions cardiaques particulières, qu’elles soient invasives ou non.
Cependant, elles présentent l’âge comme un facteur aggravant du
Consultation pré-anesthésique risque lors de la chirurgie majeure. On retrouve là en filigrane le pro-
blème de la perte des réserves fonctionnelles : l’âge n’aggrave pas le
Les conséquences du vieillissement peuvent se résumer par une risque cardiovasculaire lors d’une chirurgie mineure, mais devient un
perte des réserves fonctionnelles de tous les organes [7]. Ainsi, par
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facteur de risque indépendant si les réserves fonctionnelles de l’indi-


définition, même le sujet très âgé asymptomatique est exposé à une vidu sont sollicitées par un acte chirurgical majeur. Ainsi, pour la
rupture de son équilibre physiologique en cas de stress dépassant chirurgie vasculaire majeure (chirurgie de l’aorte et pontages proxi-
ses capacités d’adaptation. L’évaluation préopératoire aura donc maux du membre inférieur), il existe un bénéfice en terme de morta-
pour but principal de déterminer les réserves fonctionnelles et les lité à court (1 mois) et long (1 an) terme à pratiquer une épreuve
capacités d’adaptation du patient face à une agression. d’effort avant l’intervention [16]. Ces résultats peuvent s’expliquer de
plusieurs façons : certains patients ont pu bénéficier d’une revascula-
INTERROGATOIRE risation coronaire par pontage ou angioplastie avant la chirurgie vas-
L’interrogatoire est une étape importante dans l’évaluation du culaire, les résultats des épreuves ont pu modifier la conduite
risque anesthésique. Il permet de préciser les antécédents, les traite- périopératoire, voire même faire confier le patient à des
ments, les symptômes et les facteurs de risque en particulier cardio- professionnels plus entraînés.
vasculaires. Le mode de vie est un élément fondamental à préciser. En
effet, l’absence de symptôme cardiovasculaire ou respiratoire doit
être analysée en fonction de l’activité du patient. L’électrocardio- Préparation à l’intervention
gramme (ECG) de repos et la radiographie thoracique permettent un
débrouillage rapide, surtout quand le patient est très sédentaire. ADAPTATION DES TRAITEMENTS
Les sujets âgés suivent souvent de nombreux traitements : moins
BILAN BIOLOGIQUE de 5 % d’entre eux seulement ne prennent aucun médicament à
Une étude récente, prospective et randomisée, portant sur domicile [17]. Le risque d’effet indésirable croît de façon exponentielle
18 189 patients proposés pour une chirurgie de la cataracte a montré avec le nombre de substances associées, ce qui suggère que les inter-
que la pratique systématique d’examens complémentaires (biologie, actions entre agents jouent un rôle important dans ce phénomène.
ECG) sans point d’appel ne permettait pas de réduire la morbidité ou Les médicaments les plus prescrits sont les antibiotiques, les médica-
la mortalité périopératoires [12]. Les auteurs concluent : « Les tests ne ments cardiovasculaires, les antalgiques, les benzodiazépines et des

Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé 3


1 VII – 1 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

médicaments à visée intestinale, sans oublier les tisanes et autres pré-


parations non prescrites : un tiers des personnes de plus de 65 ans Évaluation préopératoire
pratiquerait l’automédication [18]. • Son but principall est de déterminer les réserves fonctionnelles
Cette polymédication peut avoir plusieurs conséquences. Par et les capacités d’adaptation du patient face à une agression.
exemple, un traitement préopératoire par les benzodiazépines est un • Il est important d’évaluer le mode de vie, l’existence d’une symp-
facteur de risque de troubles des fonctions cognitives dans la période tomatologie cardiovasculaire et respiratoire (ECG de repos, radio-
postopératoire [19] ou de chute et de fracture de hanche. L’usage graphie pulmonaire).
chronique d’AINS, liés à plus de 90 % à l’albumine [20], peut limiter la • Si la pratique systématique d’examens complémentaires n’amé-
liaison des agents d’anesthésie (comme le midazolam ou le propofol) liore pas la morbidité pour la chirurgie mineure, elle est impor-
à cette même protéine [21] ; la fraction libre de ces agents s’en trouve tante en préalable à une chirurgie majeure, au moins pour guider
augmentée et, par voie de conséquence, leur efficacité. Les mêmes la réanimation peropératoire : anémie, hyperglycémie et augmen-
AINS inhibent les prostaglandines nécessaires au maintien du débit tation de la créatininémie sont fréquemment découvertes à cette
sanguin rénal chez le sujet âgé. Ils peuvent ainsi précipiter une insuf- occasion.
fisance rénale aiguë qui ne serait pas apparue chez le sujet jeune [22]. • L’évaluation du risque cardiovasculaire est d’abord clinique ; elle
Il faut cependant nuancer ce propos : le risque d’insuffisance rénale, peut conduire à l’instauration de traitement, voire des gestes de
avéré chez l’insuffisant cardiaque après chirurgie lourde, n’apparaît revascularisation, en préalable à la chirurgie dont la morbidité se
pas clairement chez le sujet âgé en bonne santé après une chirurgie trouvera alors objectivement réduite.
moins sévère [23]. • La polymédication fréquente du sujet âgé doit faire l’objet d’une
Dans tous les cas, il convient de faire préciser les traitements suivis, étude précise et d’une rééquilibration des traitements.
même les plus anodins en apparence, et d’adapter ces traitements
pour minimiser les interférences périopératoires.

PRÉMÉDICATION différence de mortalité ou de morbidité cardiovasculaire ne soit en


évidence [28-31]. Il n’y a ni plus ni moins d’épisodes confusionnels
Il est fréquent de prescrire un anxiolytique le matin ou la veille postopératoires [32] ni de meilleure ou de moins bonne récupération
d’une intervention chirurgicale. Chez le sujet âgé, les protocoles de fonctionnelle après réparation chirurgicale d’une fracture de hanche
prémédication ne peuvent pas être appliqués tels quels. Les benzo- avec une technique ou une autre [33].
diazépines en particulier sont beaucoup plus efficaces dans cette
population [24] et il n’est pas recommandé de les utiliser sauf si le Les fonctions intellectuelles évoluent également de façon identique
patient en consomme quotidiennement [25]. Certains préconisent après anesthésie rachidienne et anesthésie générale [30, 34]. Ceci doit
même de ne pas prémédiquer du tout les sujets âgés, qui, ayant cependant être évalué sur des tests objectifs, car les patients se plai-
beaucoup vécu, auraient moins d’appréhension de la chirurgie. Cette gnent souvent de troubles de mémoire ou de troubles cognitifs après
assertion semble hasardeuse, et il vaut mieux discuter du problème une chirurgie importante, sans que ces troubles puissent être objecti-

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directement avec le patient pour recueillir son opinion, le dialogue vés [35]. Ces plaintes doivent attirer l’attention sur d’autres facteurs
direct représentant déjà, par lui-même, un facteur anxiolytique. comme un syndrome dépressif fréquent à cet âge [36]. Un remplis-
sage systématique avant anesthésie rachidienne, sans prévenir la
survenue d’hypotensions et sans diminuer la consommation en
INFORMATION DU PATIENT vasopresseurs [37], peut être responsable de rétentions urinaires ou
Les sujets âgés conscients qui ne sont pas sous tutelle ont évidem- favoriser une décompensation d’insuffisance cardiaque [38]. Enfin, la
ment droit à la même information que les autres patients, et leur notion que l’anesthésie rachidienne diminue de façon marginale le
consentement a la même valeur. risque thromboembolique [39] ne doit en aucun cas faire remettre en
cause les protocoles établis de prophylaxie de la thrombose veineuse
Choix de la technique d’anesthésie périopératoire.

ANESTHÉSIE GÉNÉRALE VERSUS ANESTHÉSIE ANESTHÉSIE GÉNÉRALE VERSUS ANESTHÉSIE


RACHIDIENNE LOCORÉGIONALE NON RACHIDIENNE
Il a longtemps été écrit que la mortalité postopératoire était moin- La littérature est très pauvre quand il s’agit de comparer anesthésie
dre après anesthésie rachidienne qu’après anesthésie générale générale et anesthésie locorégionale (ALR) périphérique ou anesthé-
[26, 27]. Cependant, outre les biais méthodologiques, il apparaissait sie locale. En France, 16 % de toutes les anesthésies locorégionales,
que si gain de mortalité il y avait, celui-ci était très transitoire. En fait, il tous âges confondus, sont des anesthésies péribulbaires [40]. La pro-
semble maintenant que, lorsque l’on compare deux prises en charge portion est évidemment beaucoup plus importante chez le sujet âgé.
anesthésiques qui ne diffèrent que par le type d’anesthésie donnée L’anesthésie locorégionale ou topique en ophtalmologie a probable-
(anesthésie rachidienne ou anesthésie générale), mais dont l’évalua- ment permis à des patients très âgés de bénéficier de techniques
tion préopératoire, la surveillance peropératoire et les soins postopé- chirurgicales jusque-là réservées à des patients plus jeunes.
ratoires sont réalisés avec application de façon identique, aucune L’absence ou la quasi-absence, dans les conditions normales d’utili-

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VII – 1 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 1
sation et de sécurité, d’effets systémiques de l’anesthésie plexique, L’élimination du propofol n’est par contre pas ralentie, et les doses
tronculaire ou locale est probablement un avantage considérable de propofol nécessaires pour maintenir une concentration-cible
chez le sujet très âgé qui est, dans plus d’un cas sur deux, porteur de donnée sont identiques quel que soit l’âge. On peut même dire que le
pathologies associées graves. Il faut cependant s’assurer de la bonne temps nécessaire pour voir diminuer la concentration à l’arrêt d’une
compréhension de la technique et de la collaboration du patient car il perfusion de propofol est plus long chez le sujet jeune que chez le
devra rester immobile pendant la durée de l’acte chirurgical. Compte sujet âgé.
tenu de la sensibilité particulière de cette population aux agents anes- Les effets hémodynamiques du propofol sont retardés par rapport
thésiques, il est fortement déconseillé d’associer une sédation, même à la perte de connaissance, particulièrement chez les sujets âgés [48].
titrée, à l’anesthésie locorégionale. Ceci a trois conséquences sur l’utilisation du propofol chez le sujet
âgé :
Choix de la technique d’anesthésie – une diminution de la vitesse d’administration à l’induction (plus de
deux minutes) permet de diminuer les posologies (moins de
• La mortalité opératoire n’est pas objectivement influencée par la
1 mg/kg) et de minorer les effets hémodynamiques [49] ;
technique d’anesthésie, générale ou locorégionale.
– quand un système d’anesthésie intraveineuse à objectif de concen-
• La morbidité ne semble pas significativement influencée même
tration (AIVOC) est utilisé, les concentrations-cibles pendant
si, après anesthésie générale, nombre de patients se plaignent de
l’entretien sont inchangées par rapport au sujet jeune, mais si le
troubles de mémoire, et de troubles cognitifs souvent ratta-
système utilisé est le Diprifusor®, dont le modèle pharmaco-
chables à un syndrome dépressif méconnu.
cinétique n’est pas pondéré par l’âge, il faut induire lentement par
• L’absence ou la quasi-absence d’effets systémiques de
titration car les concentrations calculées ne reflètent pas les
l’anesthésie plexique, tronculaire ou locale est probablement un
concentrations réellement obtenues pendant la phase d’induction
avantage considérable chez le sujet très âgé qui est, dans plus
ou d’approfondissement de l’anesthésie ;
d’un cas sur deux, porteur de pathologies associées graves.
– le réveil n’est pas retardé chez le sujet âgé.

Anesthésie générale ÉTOMIDATE


Le vieillissement et ses conséquences sur les comportements phar- Compte tenu de la discrétion de ses effets hémodynamiques [50],
macologiques des médicaments de l’anesthésie ne sont pas et en particulier de l’absence de vasodilatation, l’étomidate est sou-
constants et identiques d’un sujet à l’autre [7]. En pratique, la titration vent utilisé pour l’induction de l’anesthésie générale chez le sujet âgé.
prudente des médicaments et, si possible, le monitorage de leurs Toutefois, les posologies doivent être diminuées, toujours du fait
effets est donc souhaitable. d’un ralentissement de la distribution initiale [51]. Comme avec le
thiopental, une administration plus lente permet d’administrer des
THIOPENTAL doses moins importantes ce qui peut avoir un intérêt en terme de
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qualité du réveil en particulier si l’acte est court [52].


Le cerveau du sujet âgé n’est pas plus sensible au thiopental que
celui des jeunes [41]. Pourtant la dose de thiopental nécessaire pour HALOGÉNÉS
produire l’induction de l’anesthésie générale est réduite jusqu’à 75 %
chez le sujet âgé [42, 43], et de façon d’autant plus importante que L’altération de la fonction cardiaque et des modifications dans le
l’injection est lente [44]. Pour une même quantité de thiopental admi- rapport ventilation-perfusion observées chez le sujet âgé sont sus-
nistrée, le ralentissement de la distribution initiale, longtemps inter- ceptibles d’influer sur la diffusion, la distribution et l’élimination des
prété comme la baisse du volume du compartiment central, tend à anesthésiques par inhalation [53] La résultante de ces modifications
augmenter la concentration plasmatique chez le sujet âgé [45], et induites par l’âge est souvent un allongement du délai d’action des
donc les effets cliniques observés. halogénés. Parallèlement, l’augmentation relative de la masse grasse
chez le sujet âgé explique le réveil plus rapide observé avec un
PROPOFOL halogéné peu soluble (le desflurane) qu’avec l’isoflurane ou même le
propofol [54]. Ces modifications pharmacocinétiques s’accompa-
Les besoins en propofol à l’induction sont réduits chez le sujet âgé. gnent aussi de modifications pharmacodynamiques : les concentra-
Moins de 0,9 mg/kg, administrés en deux minutes, suffisent pour tions alvéolaires minimales (CAM) des halogénés sont plus faibles
induire l’anesthésie générale chez le sujet âgé, avec des effets hémo- chez les sujets âgés que chez les sujets jeunes [55] : à 80 ans, la CAM
dynamiques mineurs [46]. Cette réduction des besoins n’est pas de l’halothane est de 0,6 [56], 1,05 pour l’isoflurane à 64 ans [57], 5,2
complètement expliquée par une modification des propriétés phar- pour le desflurane à 70 ans [58], et 1,4 pour le sévoflurane à 80 ans
macodynamiques du propofol, car la sensibilité au propofol des [59].
sujets âgés n’est augmentée que de façon marginale [47]. Comme Les raisons de la diminution des CAM restent méconnues. On peut
pour le thiopental, le frein à la distribution initiale du propofol simplement remarquer que la CAM n’est pas une mesure pure des
conduit à des concentrations plasmatiques plus élevées, et donc à un propriétés hypnotiques de l’agent puisqu’elle correspond à la
effet plus prononcé, pour une même quantité administrée [47]. réponse ou non à un stimulus nociceptif (incision chirurgicale), et que

Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé 5


1 VII – 1 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

par ailleurs elle n’est pas modifiée par la décérébration, et semble cor- moitié par rapport à un sujet plus jeune, et les posologies d’entretien
respondre à une action médullaire de l’agent [60]. Or si la sensibilité réduites des deux tiers [71]. Ainsi seront évitées les modifications
aux hypnotiques intraveineux d’action principalement corticale est hémodynamiques parfois observées. Par ailleurs, le délai d’action des
peu modifiée par l’âge, la sensibilité aux morphiniques, d’action sur- morphiniques est augmenté dans cette population.
tout médullaire, elle, est comme nous le verrons, considérablement
accrue.
Particularités des agents anesthésiques
CURARES chez le sujet âgé
• Thiopental : distribution initiale ralentie ; réduire les doses de
Les sujets âgés ont souvent besoin de moins de curares que les 75 % et injecter lentement.
sujets jeunes, et ils se décurarisent moins vite. Ceci n’est pas dû à une • Propofol : besoins réduits (0,9 mg/kg ou moins) mais élimina-
modification pharmacodynamique : quel que soit l’agent, les concen- tion inchangée et effets hémodynamiques retardés :
trations efficaces sont les mêmes [61-64]. L’élimination des curares – réduire la dose et vitesse d’administration à l’induction ;
est le plus souvent ralentie, ce qui explique que les réinjections ou le – concentration cible inchangée mais prendre garde à l’absence
débit de perfusion doivent être modifiés davantage que la dose ini- de pondération avec certains systèmes d’AIVOC) (Diprifusor) :
tiale. À partir d’un même niveau de curarisation, la récupération sera changements lents, par titration, pendant l’induction ou l’appro-
plus lente chez le sujet âgé. Ce phénomène, très marqué avec les fondissement de l’anesthésie car les concentrations calculées ne
curares d’élimination enzymatique, est moins net bien que persistant reflètent pas les concentrations réelles à la phase initiale de l’aug-
avec l’atracurium [63] et le cisatracurium [65]. Il est à rapprocher d’un mentation de concentration ;
allongement du délai d’action des curares, probablement dû à un – absence de retard de réveil chez le sujet âgé.
ralentissement du transfert au site d’action de ces molécules [65]. • Étomidate : peu d’effets hémodynamiques ; ralentissement de
Ainsi, 5 minutes sont nécessaires pour obtenir une curarisation la distribution initiale (réduire les posologies d’induction et
permettant l’intubation dans de bonnes conditions, après l’adminis- injecter lentement).
tration de 0,1 mg/kg de vécuronium. Une réinjection avant ces • Halogénés : allongement du délai d’action, CAM diminuées.
5 minutes exposerait à un risque de surdosage et de curarisation très • Curares : doses réduites (réinjections notamment), décurarisa-
prolongée [66]. tion ralentie, doses nécessaires d’anticholinestérasiques aug-
Compte tenu de la prolongation des effets des curares non dépo- mentées.
larisants, la prudence recommande donc de minorer les doses lors • Morphiniques : sensibilité, délai et durée d’action accrus ? :
des réinjections, de monitorer la curarisation et d’utiliser largement réduire les doses.
les anticholinestérasiques. Par ailleurs, les doses de néostigmine
nécessaires à la décurarisation semblent augmentées chez les sujets
âgés par rapport aux adultes jeunes : après 0,08 mg/kg de vécuro-

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nium, 0,31 mg/kg de néostigmine sont nécessaires pour décurariser Anesthésie locorégionale
des patients de 78 ans, alors que 0,19 mg/kg suffisent pour des
patients de 32 ans [67].
Comme nous l’avons vu plus haut, l’anesthésie locorégionale péri-
phérique est une indication de choix chez le sujet âgé dès lors que
MORPHINOMIMÉTIQUES son état de conscience lui permet de bien comprendre la procédure
et les consignes qui lui sont données. Les blocs centraux restent
Les posologies de morphinomimétiques doivent être réduites chez davantage une question de sensibilité et d’expérience personnelle.
le sujet âgé [68]. Chez le sujet âgé, la demi-vie d’élimination de la Parmi les indications privilégiées de l’ALR, on retrouve la chirurgie
morphine est allongée et, pour une même quantité de morphine urologique, en particulier par voie endoscopique, où la position opé-
administrée, les concentrations plasmatiques mesurées sont aug- ratoire « gynécologique » minimise le retentissement hémodyna-
mentées [69]. De fait, l’intensité et la durée d’action de la morphine mique de l’anesthésie rachidienne, la chirurgie orthopédique
sont plus importantes chez les sujets âgés. Les concentrations de fen- périphérique et bien sûr la chirurgie ophtalmologique, en particulier
tanyl et d’alfentanil nécessaires pour obtenir un même effet élec- de la cataracte, dont nous avons vu la fréquence chez le sujet âgé.
troencéphalographique (EEG) sont plus faibles chez le sujet âgé que Cependant, des difficultés techniques inhérentes aux modifications
chez le sujet jeune sans que l’âge n’ait pourtant d’influence significa- des repères et aux altérations du système locomoteur peuvent impo-
tive sur la pharmacocinétique de ces produits [68]. La situation est ser des techniques et voies d’abord différentes chez le sujet âgé. La
similaire pour le sufentanil [70]. posture doit être soigneusement étudiée pour être confortable aussi
Pour le rémifentanil, bien que le volume du compartiment central et bien pour la réalisation du bloc que pour la chirurgie, et ceci peut
la clairance diminuent, ce sont aussi surtout des modifications phar- prendre du temps, et faire proposer une sédation associée. L’indica-
macodynamiques (diminution de l’EC50 et du keo) qui rendent tion d’une telle sédation doit être d’autant plus prudente que le sujet
compte de la nécessité de diminuer les posologies chez le sujet âgé est plus âgé. Des doses réduites de morphiniques peuvent améliorer
[71]. Dans cette population, les doses initiales doivent être réduites de la tolérance à la mise en place du bloc, et des techniques de sédation

6 Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé


VII – 1 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 1
auto-administrée peuvent rendre service [72] en sachant qu’elles TRANSFUSION SANGUINE AUTOLOGUE
n’ont pas été étudiées chez les sujets de plus de 80 ans. Dans tous les
cas, surtout si la posture entraîne une gêne ventilatoire ou en cas de En 1997, selon les recommandations de l’Agence Française du
bloc central, l’administration d’oxygène n’a que des avantages. Sang, la transfusion autologue programmée n’était pas justifiée si
l’espérance de vie du patient concerné était inférieure à 10 ans. Or en
France en 1998, à 85 ans, l’espérance de vie d’une femme est de six
Réanimation peropératoire années. Les décisions de transfusion per- ou postopératoires dépen-
dent du type de chirurgie, de la présence ou non de maladies asso-
LUTTE CONTRE L’HYPOTHERMIE ciées (insuffisance coronarienne ou insuffisance cardiaque) et du
seuil transfusionnel. En l’absence d’antécédent cardiovasculaire, un
Les perturbations de la thermorégulation avec le vieillissement [7] seuil de 9 g/dL d’hémoglobine peropératoire a été toléré sans
expliquent la fréquence de l’hypothermie chez le sujet âgé. Cette incident chez un groupe de patients âgés de 66 à 88 ans [85]. Chez
hypothermie a des effets délétères dont certains sont bien connus, en des patients de plus de 75 ans opérés d’une chirurgie cardiaque, un
particulier l’ischémie myocardique et les troubles du rythme lors du taux d’hémoglobine de 10 g/dL était la limite en deçà de laquelle la
réchauffement, même en l’absence de frissons [73-75]. D’autres effets mortalité et la morbidité augmentaient [86].
sont plus discrets, telles les altérations de la coagulation [76], souvent
méconnues car les tests in vitro sont réalisés à 37 °C, mais qui peu-
vent néanmoins se traduire par une augmentation du saignement Précautions peropératoires
[77]. Le risque de sepsis postopératoire est aggravé par l’hypo- • Lutte contre l’hypothermie, génératrice, lors du réchauffement,
thermie, ainsi que le catabolisme postopératoire qui peut retarder la d’ischémie myocardique, de troubles du rythme, de troubles de
cicatrisation [78]. Enfin, l’hypothermie peut aggraver le risque de coagulation (souvent méconnus), de majoration des risques de
confusion postopératoire. Tout ceci souligne l’importance particulière sepsis, d’hypercatabolisme, de confusion mentale.
de lutter contre l’hypothermie chez les sujets âgés. • Monitorage équivalent à celui proposé pour un sujet plus jeune.
• Remplissage vasculaire couramment nécessaire mais prudent
MONITORAGE car souvent mal toléré au réveil.
• En l’absence d’antécédent cardiovasculaire, un seuil de 9 g/dL
Les sujets âgés, nous l’avons vu, ont très fréquemment des patho-
d’hémoglobine peropératoire est bien toléré habituellement.
logies cardiovasculaires associées. Leur âge ne doit pas faire modifier
les indications habituelles de monitorage invasif. L’apparition récente
de techniques de monitorage non invasif du débit cardiaque
(Doppler œsophagien [72], bio-impédance [79]…) peut être intéres- Période postopératoire immédiate
sante dans cette population, en particulier dans des situations hémo-
dynamiques complexes comme la chirurgie cœlioscopique [80]. Les Au sortir du bloc opératoire, le sujet âgé est fréquemment hypo-
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modifications pharmacocinétiques et pharmacodynamiques ainsi thermique, hypoxémique et sous l’influence de l’effet résiduel des
que l’augmentation de la variabilité interindividuelle doivent induire à agents anesthésiques, tous éléments qui aggravent le risque de
monitorer chaque fois que possible les effets des médicaments (cura- régurgitation et d’inhalation du contenu gastrique. C’est dire l’impor-
mètres, BIS™…) tance de la surveillance continue de la saturation par l’oxymétrie de
pouls, et les larges indications de l’oxygénothérapie. Le réchauffe-
REMPLISSAGE VASCULAIRE ment va démasquer une hypovolémie relative mal tolérée, et la dou-
leur risque de provoquer une hypertension artérielle systolique qui
À l’arrivée au bloc opératoire, les sujets âgés sont souvent hypovo- ne devra être traitée par les vasodilatateurs qu’après rétablissement
lémiques du fait du jeûne, de la perte de la soif, de la diminution du de la volémie, et en procédant par titration prudente.
pouvoir de concentration des urines ou des traitements diurétiques
prescrits de première intention pour le traitement de l’hypertension ANALGÉSIE POSTOPÉRATOIRE
artérielle [81]. La perte liquidienne, qu’elle soit posturale ou hémorra-
gique entraîne, dans cette situation, une chute tensionnelle beaucoup Dans une étude réalisée dans un hôpital universitaire, seulement
importante que chez des sujets jeunes hypovolémiques ou que chez 19 % des patients âgés de plus de 80 ans recevaient des antalgiques
des sujets âgés normovolémiques [82]. L’anesthésie, qu’elle soit (contre 50 % des patients âgés de 18 à 45 ans). Dans un très faible
générale ou rachidienne, entraîne le plus souvent une vasodilatation nombre de cas (20 %) ces antalgiques étaient des antalgiques
très mal tolérée chez le sujet âgé hypovolémique. Seule l’induction de majeurs (contre 88 % dans le groupe des 18-45 ans) [87]. Une autre
l’anesthésie générale par l’étomidate évite cet écueil [83]. Cependant étude a confirmé que la fréquence de prescription d’antalgiques dans
le remplissage, en particulier celui réalisé pour compenser une vaso- la période postopératoire était inversement proportionnelle à l’âge
dilatation, est souvent mal toléré au réveil lorsque la vasodilatation [88]. Même si ces travaux sont relativement anciens, il est probable
disparaît. Ainsi, le remplissage vasculaire chez le sujet âgé, au mieux que les praticiens continuent encore à méconnaître la douleur post-
guidé sur le monitorage, doit rester prudent. L’association à des opératoire chez le sujet âgé. Une notion déjà ancienne selon laquelle
vasopresseurs peut être utile [84]. les sujets âgés seraient plus tolérants à la douleur [89], le fait que

Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé 7


1 VII – 1 – Spécificités anesthésiques selon le terrain

l’expression de la douleur par le patient soit minorée en cas de dété- certes transitoire (première heure) mais précieux, puisqu’il se mani-
rioration intellectuelle [90] et la crainte d’effets secondaires des antal- feste au moment où les effets rémanents des morphinomimétiques et
giques expliquent cette attitude. des curares sont, théoriquement, maximaux.
En fait, l’évaluation et l’expression de la douleur sont plus difficiles L’âge en soi ne semble pas être un facteur de risque de survenue
chez les sujets âgés. Des handicaps sensoriels (surdité, troubles de la de complications respiratoires postopératoires [99] alors qu’il est un
vue, déficits intellectuels) peuvent rendre inefficaces l’utilisation facteur prédictif de survenue de complications coronariennes en
d’échelles de mesure de la douleur, surtout dans la période postopé- chirurgie non cardiaque [15]. En chirurgie cardiaque, des besoins
ratoire où se mêlent à ces déficits les effets rémanents de l’anesthésie. transfusionnels supérieurs à 10 culots globulaires, une durée de cir-
Concernant la crainte de survenue de complications graves de type culation extracorporelle supérieure à 140 minutes et une anémie
dépression respiratoire dans la période postopératoire, l’administra- postopératoire sont des facteurs prédictifs de mortalité et de morbi-
tion de 10 mg de morphine entraîne effectivement plus d’apnées chez dité cardiovasculaire chez le sujet de plus de 75 ans [86].
le sujet âgé que chez le sujet jeune [91]. Toutefois, cette observation
n’est pas surprenante compte tenu des modifications pharmaco- Les épisodes confusionnels postopératoires sont fréquents chez le
logiques décrites plus haut. La morphine reste indiquée dans la sujet âgé, même sans pathologie associée (7 à 72 % des cas selon les
période postopératoire mais doit faire l’objet d’une réduction et d’une études) [100]. Certains terrains (syndrome dépressif préopératoire,
titration des doses. maladie neurologique évolutive (maladie de Parkinson, démence),
Toutes les méthodes d’administration de la morphine sont utilisa- alcoolisme, traitements anticholinergiques, troubles de l’audition ou
bles, même l’analgésie autocontrôlée (PCA), bien qu’en pratique plus de la vue) peuvent y exposer [101]. Un facteur favorisant per- ou post-
d’un patient âgé sur deux ne l’utilise pas correctement [92]. Une sur- opératoire peut parfois être incriminé [100], en particulier la douleur
veillance attentive permet cependant de bénéficier de tous les avan- postopératoire [102], les troubles du sommeil [101] (favorisés par un
tages de cette technique [93]. L’utilisation de la PCA est évidemment environnement inadéquat ou un sevrage en benzodiazépines),
déconseillée chez le sujet âgé confus. Les techniques d’analgésie l’hypoxémie, l’hypothermie, les infections, les troubles métaboliques,
morphinique par voie rachidienne, en association ou non avec des les médicaments, le sevrage en alcool et les rétentions urinaires [100].
anesthésiques locaux, sont, elles aussi, utilisables chez le sujet âgé Si elle se poursuit, la confusion postopératoire est, elle-même, source
[94]. Cependant, la voie épidurale expose aussi à des dépressions res- de complications (chute du patient, traitements sédatifs ou neurolep-
piratoires [95] et à des épisodes de rétention urinaire [96]. tiques inadaptés) et peut être responsable d’une prolongation de la
Le paracétamol est largement utilisé dans le traitement de la durée d’hospitalisation [100]. En fait, la confusion postopératoire est
douleur postopératoire. La quasi-absence d’effets secondaires est plurifactorielle et sa prévention passe par l’identification des sujets à
précieuse chez le sujet âgé. Le délai d’action long (jusqu’à une heure risque et la prévention des facteurs le plus souvent en cause. L’oxygé-
après administration intraveineuse de propacétamol) justifie l’admi- nothérapie postopératoire, le réchauffement, la prescription d’antal-
nistration précoce du traitement, en peropératoire. giques, une salle de réveil silencieuse, la mise à disposition des
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens exposent à des lunettes ou des prothèses auditives dès le réveil permettent de dimi-
nuer la fréquence et la gravité des épisodes confusionnels chez le

© Groupe Liaisons SA, juin 2002. La photocopie non autorisée est un délit.
complications : hémorragie digestive et insuffisance rénale. L’insuffi-
sance rénale est d’autant plus à craindre que la fonction rénale de patient âgé [100, 101].
base est souvent altérée, que les patients sont souvent déshydratés
ou hypovolémiques, ou reçoivent déjà des médicaments néphrotoxi- COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES
ques. Cependant, les AINS sont efficaces sur des douleurs postopéra-
toires modérées chez le sujet âgé [23, 97, 98]. Compte tenu de
L’hospitalisation d’une personne âgée représente souvent une rup-
l’existence d’alternatives thérapeutiques, les AINS ne sont donc pas
ture dans son existence. Près du tiers des patients très âgés, hospita-
conseillés chez le sujet très âgé au décours d’une chirurgie majeure
lisés pour une maladie aiguë et venant de leur domicile, développent
surtout s’il présente par ailleurs une insuffisance cardiaque.
une altération de leur vie de relation à leur sortie de l’hôpital. La moi-
tié de d’entre eux gardera un handicap définitif : impossibilité de se
RÉVEIL POSTOPÉRATOIRE laver, de s’habiller ou de se déplacer seul en dehors de son domicile
En fin d’intervention, le sujet âgé est souvent hypothermique, [103]. La pathologie induite par l’hôpital est plurifactorielle. La poly-
hypoxique et sous les effets résiduels des agents utilisés pour l’anes- médication et l’absence de lever précoce durant l’hospitalisation sont
thésie. Il est essentiel d’assurer une surveillance continue de sa satu- des facteurs de risque très fortement générateurs de l’apparition d’un
ration et de recourir largement à l’oxygénothérapie. Comme cela a déficit à la sortie de l’hôpital [104]. Une des préoccupations des pra-
déjà été signalé, le réchauffement peut décompenser une hypovolé- ticiens dans la période postopératoire devra être de favoriser le lever
mie relative et la douleur provoquer une hypertension artérielle dont précoce et la mobilisation des patients, et de réévaluer régulièrement
le premier traitement est l’analgésie avant de recourir à des vasodila- tous les traitements, afin d’éliminer ceux qui seraient devenus inutiles.
tateurs qui ne seront administrés qu’après restauration de la volémie La priorité de l’équipe médicochirurgicale doit être le retour rapide du
et sous couvert d’une titration prudente. sujet dans son environnement habituel, avec le moins possible de
L’utilisation de médicaments peu liposolubles (desflurane), surtout pertes fonctionnelles. La connaissance des conditions habituelles de
si l’anesthésie est prolongée, permet un réveil plus rapide et de vie, de l’entourage familial et du voisinage permet d’évaluer les possi-
meilleure qualité chez le sujet âgé [54]. L’avantage du desflurane est bilités de prise en charge après la sortie de l’hôpital.

8 Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé


VII – 1 – Spécificités anesthésiques selon le terrain 1
comporte des spécificités qu’il faudra bien connaître pour minimiser
Réveil et suites opératoires immédiates la morbidité et la mortalité périopératoire. L’augmentation du
• Au réveil, le sujet âgé est fréquemment hypothermique, hypoxé- nombre des sujets âgés et la diversification des traitements qui leur
mique et sous l’effet résiduel des agents anesthésiques, ce qui sont accessibles en font les clients potentiels de tous les anesthé-
aggrave les risques de régurgitation et d’inhalation du contenu sistes, quel que soit leur domaine de prédilection. Des soins méti-
gastrique : l’oxygénothérapie, le réchauffement et les traitements culeux apportés à toutes les étapes de la prise en charge du patient,
antalgiques occupent une place très importante. une connaissance précise des pathologies préexistantes et des modi-
• Les prescriptions d’antalgiques sont notoirement insuffisantes, fications physiologiques induites par le vieillissement doivent, dans
souvent par crainte des complications et/ou déni de la douleur les situations les plus favorables, permettre le retour rapide dans un
chez ces patients. environnement habituel.
• La morphine, sous toutes ses formes dont la PCA (sauf chez le
patient confus), reste indiquée dans la période postopératoire
mais doit faire l’objet d’une réduction et d’une titration des doses. Bibliographie
• Le paracétamol est particulièrement utile du fait de la quasi-
absence d’effets secondaires. [1] Auroy Y, Laxenaire MC, Clergue F, et al. Anesthésies selon les caractéris-
tiques des patients, des établissements et de la procédure associée. Ann Fr
• Les AINS sont efficaces mais exposent à des complications Anesth Reanim 1998;17:1311-6.
sérieuses : ils seront évités chez le sujet très âgé, surtout en cas [2] Auroy Y, Clergue F, Laxenaire MC, et al. Anesthésies en chirurgie. Ann Fr
d’insuffisance cardiaque préalable. Anesth Reanim 1998;17:1324-41.
• Les épisodes confusionnels sont fréquents et leur origine est [3] Laxenaire MC, Auroy Y, Clergue F, et al. Anesthésies en urgence. Ann Fr
plurifactorielle. Anesth Reanim 1998;17:1352-62.
[4] Hatton F, Tiret L, Maujol L, et al. INSERM. Enquête épidémiologique sur les
• La priorité de l’équipe médicochirurgicale doit être le retour rapide anesthésies. Ann Fr Anesth Reanim 1983;2:331-86.
du sujet dans son environnement habituel, avec le moins possible [5] Hagen TM, Ingersoll RT, Wehr CM, et al. Acetyl-L-carnitine fed to old rats
de pertes fonctionnelles, ce qui est favorisé par le lever précoce et le partially restores mitochondrial function and ambulatory activity. Proc Natl
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Néanmoins, les critères de sélection doivent être stricts, limitant les [10] Gregoratos G. Clinical Presentation of Coronary Artery Disease in the Eld-
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interventions à celles qui ne nécessitent pas de soins postopératoires erly: How Does it Differ From the Younger Population? Am J Geriatr Cardiol
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patient ambulatoire [105]. La principale contrainte de l’anesthésie
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ambulatoire dans ce contexte est la présence nécessaire d’une per- Analg 2001;93:249-50.
sonne accompagnante valide capable de comprendre et d’appliquer [14] Dzankic S, Pastor D, Gonzalez C, Leung JM. The prevalence and predictive
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La multiplication des pathologies et des handicaps acquis lors Anesth Analg 2001;93:301-8.
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d’une hospitalisation suggère que la chirurgie ambulatoire est sou- diovascular evaluation for noncardiac surgery. Report of the American Col-
haitable chez le sujet très âgé [103]. Néanmoins, les critères de sélec- lege of Cardiology/American Heart Association Task Force on Practice
tion doivent être très stricts. L’existence d’un entourage familial fiable Guidelines. Committee on Perioperative Cardiovascular Evaluation for Non-
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de l’hôpital (pansements ou attelles gênant la mobilité, la préhension, [16] Fleisher LA, Eagle KA, Shaffer T, Anderson GF. Perioperative- and long-term
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Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé 9


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10 Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé


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Chapitre 1 – Anesthésie du sujet âgé 11

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