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Anesthésie Pour Chirurgie Et Maladies Du Foie Dalens
Anesthésie Pour Chirurgie Et Maladies Du Foie Dalens
11
Anesthésie pour chirurgie
et maladies du foie
Yves Ozier, Claude Lentschener
(février 2003)
Abréviations
AG : anesthésie générale Sommaire
AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens
ASA : score de risque anesthésique de INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
l’American Society of Anesthesiologists
ANESTHÉSIE POUR RÉSECTION HÉPATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
CGR : concentrés de globules rouges
ANESTHÉSIE ET CIRRHOSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Cint : clairance intrinsèque
Clh : clairance hépatique
ANESTHÉSIE POUR CHIRURGIE
DE L’HYPERTENSION PORTALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
CPH : clampage du pédicule hépatique
DPS : dérivations portosystémiques CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Eh : extraction hépatique
© Groupe Liaisons SA, février 2003. La photocopie non autorisée est un délit.
Introduction
Ce chapitre traitant des implications des maladies du foie en anesthésie est divisé artificiellement en trois parties. La première est consacrée à
l’anesthésie pour chirurgie de résection hépatique. Le plus souvent motivée par des lésions tumorales, cette chirurgie a connu de grands pro-
grès au cours des dix dernières années. Elle demande de l’anesthésiste-réanimateur une bonne connaissance de l’anatomie chirurgicale du
foie et des conséquences des gestes chirurgicaux. La deuxième concerne les implications anesthésiques des maladies chroniques du foie:
l’illustration en est la cirrhose dont la prévalence dans la population française est voisine de 2 pour mille. La dernière partie traite des parti-
cularités de quelques interventions effectuées pour des complications de cette maladie. Ne seront envisagées ici ni la transplantation hépa-
tique, ni les très rares hépatites aiguës graves induites par les anesthésiques halogénés.
© Groupe Liaisons SA, février 2003. La photocopie non autorisée est un délit.
ET DE TECHNIQUE CHIRURGICALE DU FOIE l’hépatectomie droite élargie au segment IV. Quelques résections
atypiques peuvent ne concerner qu’une zone limitée de parenchyme
(tumorectomie).
■ Anatomie chirurgicale du foie
Volumineux et richement vascularisé, le foie reçoit, à sa face infé-
■ Les clampages vasculaires en chirurgie hépatique
rieure, au niveau du hile, une vascularisation mixte. Le débit sanguin
· Les clampages vasculaires ont pour but essentiel de diminuer le
hépatique (Qh) est d’environ 1-1,5 L/min, soit 20-25 % du débit car-
diaque. Il est assuré par saignement pendant la section du parenchyme hépatique. Ils ont des
· le tronc porte drainant le tube digestif et la conséquences circulatoires en aval : en normothermie, il est admis
rate (environ 2/3 du Q h), et par l’artère hépatique. Le sang quitte le
foie à sa partie postéro-supérieure par les veines sus-hépatiques qui qu’un parenchyme hépatique sain peut tolérer une période d’isché-
se jettent dans la veine cave inférieure (VCI). Celle-ci, rétrohépatique, mie d’une heure, voire davantage [3]. De plus, les clampages des axes
est enchâssée dans la masse hépatique. Les veines hépatiques princi- veineux majeurs (tronc porte et VCI) ont des répercussions circula-
pales sont habituellement au nombre de trois et leur trajet extra- toires systémiques.
parenchymateux est court. Il existe de nombreuses variantes Les clampages peuvent être sélectifs ou non. Les clampages sélec-
anatomiques, notamment concernant la disposition de la vasculari- tifs ne concernent que les pédicules vascularisant la zone réséquée et
sation artérielle. Le foie contient environ 10 % du volume sanguin n’ont pas de conséquences circulatoires systémiques. En revanche,
total, soit 400-500 mL. Ce volume dépend étroitement de la pression les clampages non sélectifs doivent être bien connus de l’anesthé-
veineuse sus-hépatique : chez l’animal, il double lorsque cette pres- siste-réanimateur en raison de leur retentissement hémodynamique
sion passe de 0 à 9 mmHg. systémique.
Plus pertinente que la notion anatomique classique de deux lobes
séparés par la scissure ombilicale et le ligament rond, l’anatomie ● Clampage du pédicule hépatique
chirurgicale identifie une segmentation en fonction de la distribution Le clampage du pédicule hépatique (CPH) est le clampage en
des pédicules vasculaires (Figure 1). Le foie est alors divisé en deux masse de l’artère hépatique, du tronc porte et de la voie biliaire
VII
II
VIII
I
III
V
VI
IV
Scissure porte droite Scissure principale Scissure ombilicale Scissure porte gauche
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principale (Figure 2). Le clampage du tronc porte est, en règle, très En partie liée à la séquestration dans le territoire splanchnique et
mal toléré chez la plupart des mammifères à l’exception des primates. cave inférieur, la baisse du retour veineux est importante et variable.
Chez l’homme, le CPH entraîne une baisse d’environ 10 % du débit La diminution du débit cardiaque, voisine de 50 % en moyenne,
cardiaque, associée à une élévation de 20 % à 30 % de la pression s’accompagne d’une augmentation de la fréquence cardiaque. La
artérielle systémique [4, 5]. L’augmentation des résistances vascu- pression artérielle moyenne est habituellement stable du fait d’une
laires systémiques a, vraisemblablement, une origine réflexe qui pren- augmentation très importante des résistances vasculaires systé-
drait sa source dans les barorécepteurs de la bifurcation portale [5]. miques [6]. En fait, le retentissement circulatoire est variable selon les
patients.
● Exclusion vasculaire du foie Différents facteurs concourent à la tolérance individuelle à l’EVF
L’exclusion vasculaire du foie (EVF) associe au CPH un clampage de comme le volume sanguin circulant et la fonction cardiaque. L’inten-
la VCI sous et sus-hépatique (Figure 3). Elle est utilisée pour prévenir sité de la réponse vasoconstrictrice intervient : pour une même baisse
le risque d’hémorragie massive et d’embolie gazeuse par plaie de la du débit cardiaque, la pression artérielle moyenne peut s’élever, se
VCI ou d’une veine sus-hépatique. Elle s’adresse plus volontiers à maintenir ou au contraire diminuer. Ces variations individuelles
l’exérèse des tumeurs proches du confluent cavo-hépatique et des imposent la réalisation d’un test d’EVF avant de débuter la résection
tumeurs de plus de 10 cm, à un geste associé sur la VCI ou le tronc hépatique. Fait important, cet état circulatoire doit être stable au cours
porte (désobstruction, résection), et pour interrompre le saignement du temps si l’exclusion est bien complète. En effet, en cas d’EVF
après une plaie vasculaire chirurgicale. incomplète, le foie se remplit de sang après l’application des clamps
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ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE
Outre la recherche et l’évaluation non spécifiques de comorbidités
incompatibles avec une chirurgie majeure, l’évaluation préopératoire
comporte essentiellement : a) le recueil des informations sur le geste
envisagé et son contexte, b) l’évaluation de l’état du parenchyme
hépatique non tumoral, c) l’évaluation de la probabilité d’une
transfusion.
pertes sanguines sont très variables en chirurgie de résection hépati- ■ Techniques d’anesthésie
que. Les besoins transfusionnels sont loin d’être stéréotypés et facile- La résection hépatique programmée nécessite une anesthésie
ment prédictibles à l’échelle individuelle. Les grandes séries actuelles générale obéissant aux contraintes de la chirurgie abdominale par
de résections hépatiques effectuées en services spécialisés présentent laparotomie (hypnose, myorelaxation, analgésie). Aucun agent anes-
des résultats concordants : 60 % des résections hépatiques ne sont thésique n’a prouvé sa supériorité. Il est classique et raisonnable de
pas transfusées, 80 % des patients transfusés reçoivent moins de déconsidérer l’halothane qui a des effets défavorables singuliers sur
6 concentrés de globules rouges (CGR) et 2 % des patients transfusés le débit sanguin hépatique. Une insuffisance hépatocellulaire (IHC)
reçoivent plus de 10 CGR. La probabilité d’une transfusion augmente grave, qui proscrirait certains agents, est un facteur d’exclusion de
si le chiffre d’hémoglobine préopératoire est bas et si la résection est cette chirurgie. Des études expérimentales montrent que les halo-
étendue. L’existence d’une maladie hépatique sous-jacente n’apparaît génés (notamment l’isoflurane) et le propofol ont des effets favora-
plus comme un facteur de risque hémorragique, sans doute du fait bles sur les conséquences de l’ischémie-reperfusion [8]. L’utilisation
d’une sélection plus pertinente des patients. de protoxyde d’azote fait l’objet d’opinions divergentes dans cette
La place des techniques d’épargne de la transfusion homologue chirurgie où le risque d’embolie gazeuse est classique.
est difficile à situer et est à discuter au cas par cas. La transfusion Les techniques d’anesthésie périmédullaire, dont on pourrait atten-
autologue programmée se prête mal à un type de chirurgie où la pré- dre un bénéfice sur le débit sanguin hépatique et l’analgésie postopé-
vision des pertes sanguines est malaisée et où elle sera souvent inu- ratoire, ont des inconvénients faisant qu’elles n’ont pas de place. Le
tile. Il en est de même de l’érythropoïétine humaine recombinante qui bloc sympathique est un désavantage en cas de perturbation circula-
n’a pas d’autorisation de mise sur le marché (en France) dans cette toire brutale. Une altération postopératoire du métabolisme hépa-
indication ; elle aurait toutefois une place quand une anémie tique de la lidocaïne avec augmentation progressive des
modérée préopératoire est le facteur déterminant d’une perspective concentrations plasmatiques a été mise en évidence, suggérant que le
de transfusion, notamment en cas de tumeur maligne. Le pouvoir risque de toxicité est plus difficile à maîtriser [9]. Enfin, la baisse post-
d’épargne transfusionnelle de l’hémodilution isovolémique n’est pas opératoire des facteurs de coagulation peut être incompatible avec la
validé dans ce type d’intervention et est sans doute modeste. La gestion d’un cathéter épidural [10].
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cathéter peut être envisagée en cas de cardiopathie, quand une volémique (1 à 2 litres de substituts colloïdes du plasma). En fait,
défaillance circulatoire peropératoire complexe, résultant de causes on ne s’obstinera plus, aujourd’hui, à élever à tout prix, par une
intriquées, ne pourra être facilement analysée et stabilisée par un expansion volémique majeure, les indices de précharge du ventri-
traitement symptomatique empirique (expansion volémique et cule gauche avant l’EVF. La courte durée de l’EVF autorise le
amines pressives). L’échocardiographie transœsophagienne est la recours rapide à un support hémodynamique pharmacologique,
technique la plus fiable pour apprécier le remplissage des cavités idéalement la noradrénaline pour son effet vasopresseur et toni-
cardiaques gauches, et/ou un régime de fonctionnement hypo ou cardiaque, après l’expansion volémique modérée initiale ;
hyperkinétique. L’intérêt du Doppler œsophagien paraît limité dans – embolie gazeuse. Annoncée par une chute brutale du CO2 expiré,
les situations d’urgence en chirurgie digestive majeure. En effet, les elle est un accident anecdotique. Il n’est pas démontré qu’une
manipulations chirurgicales et les changements de position répétés pression positive de fin d’expiration soit une mesure préventive
de l’opéré nécessitent de très fréquents repositionnements de la efficace.
sonde.
Au total, la décision de recourir à une surveillance hémodyna- ■ Antibiothérapie
mique invasive pour la prise en charge anesthésique d’une résection L’antibioprophylaxie est celle d’une « chirurgie propre » (classe 1
hépatique ne doit pas être systématique, mais tiendra compte non d’Altemeier) lorsque la résection hépatique intéresse une tumeur
seulement des éléments du bilan préopératoire prédictifs d’une insta- bénigne ou maligne non compliquée, développée sur un parenchyme
bilité hémodynamique, mais aussi de l’expérience et des habitudes de hépatique sain ou cirrhotique. L’administration de céfazoline (2 g lors
l’équipe chirurgiens - anesthésistes. de l’induction de l’anesthésie générale suivie de 1 g toutes les
4 heures durant la chirurgie) est alors recommandée. Une obstruc-
■ Gestion des apports liquidiens tion des voies biliaires, avec ou sans ictère, et/ou l’existence d’un syn-
et des problèmes circulatoires drome infectieux, doit conduire à administrer une antibiothérapie
Les apports liquidiens doivent être limités jusqu’à la fin de la sec- curative, pipéracilline ou pipéracilline + tazobactam, associée à un
tion parenchymateuse. En effet, les pertes sanguines observées aminoside ou à une fluoroquinolone.
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infectieux : antibiothérapie curative pipéracilline ou pipéracilline +
Le kyste hydatique, ou échinococcose hydatique, est dû au déve-
tazobactam, associée à un aminoside ou à une fluoroquinolone.
loppement chez l’homme de la forme larvaire d’un parasite de la
• Analgésie postopératoire : privilégier la morphine.
famille des cestodes, Echinococcus granulosus. L’embryon ingéré
traverse la paroi digestive pour migrer par le système porte et gagner
le foie. Le plus souvent, il s’y fixe pour former une hydatide, kyste qui
se développe lentement pour atteindre parfois une taille considérable.
Anesthésie et cirrhose
Le kyste hydatique génère des complications mécaniques (compres- Les malades atteints de cirrhose peuvent être confrontés à tous les
sion des voies biliaires, du tronc porte) et peut se rompre, notamment types de chirurgie. Quelques interventions sont quasi-spécifiques
dans les voies biliaires ou la cavité péritonéale. Les kystes contiennent (dérivations portosystémiques ou péritonéojugulaires, résection de
des scolex (têtes de parasite) susceptibles d’induire des hydatides carcinome hépatocellulaire, transplantation hépatique), ou sont
filles reproduisant le même schéma. particulièrement fréquentes sur ce terrain (traitement chirurgical de
L’efficacité des traitements médicaux antiparasitaires (albendazole) cancers digestifs favorisés par l’alcoolisme chronique, de lithiase
est mal documentée. Une intervention chirurgicale est nécessaire en biliaire, de hernie ombilicale, endoscopies digestives diagnostiques
cas de kyste volumineux et/ou compliqué, et de kyste superficiel à ou thérapeutiques). L’existence d’une insuffisance hépatocellulaire
risque de rupture. Le geste peut être radical (exérèse) ou, souvent s’accompagne d’une morbidité et d’une mortalité opératoire élevées
conservateur (par exemple résection du dôme saillant) après stérilisa- [22].
tion du kyste [19]. Les agents scolicides utilisables sont variés. L’irriga-
tion des kystes au sérum salé hypertonique est très pratiquée,
efficace, mais peut induire un stress osmotique avec hypernatrémie ÉVALUATION PRÉ-ANESTHÉSIQUE
aiguë génératrice de complications neurologiques [20]. La sur- L’évaluation pré-anesthésique a pour but de quantifier la sévérité
veillance peropératoire de la natrémie est donc indiquée en cas d’uti- de la maladie hépatique, d’identifier et de traiter une complication de
lisation de ce scolicide. Par ailleurs, la rupture peropératoire de kystes la maladie, et, enfin, d’estimer le risque opératoire en fonction de
hydatiques est susceptible d’entraîner un choc anaphylactique [21]. l’acte chirurgical.
ne peut exclure qu’elle soit associée à des anomalies de l’extraction diurétique agressif). Il s’agit habituellement une insuffisance rénale
tissulaire d’oxygène en cas de cirrhose sévère. L’évaluation de fonctionnelle oligurique avec réduction extrême de la natriurèse.
l’oxygénation tissulaire à partir de l’interprétation isolée des chiffres La correction d’une contraction volémique peut alors permettre
d’index cardiaque et de saturation en oxygène du sang veineux l’amélioration de la fonction rénale. Le tableau du syndrome hépato-
mêlé, est donc malaisée ; rénal se traduit par une insuffisance rénale fonctionnelle ne régres-
– les anomalies de la réactivité vasculaire systémique réduisent la sant pas après expansion volémique et sans autre cause évidente
réponse vasopressive lors de l’administration d’amines qu’une insuffisance hépatocellulaire sévère [32]. Sa physiopathologie,
sympathomimétiques ; mal connue, fait intervenir une vasoconstriction rénale intense avec
– en dépit d’une hypercinésie circulatoire basale, il existe des altéra- ischémie corticale. L’insuffisance rénale fonctionnelle tend à s’aggra-
tions bien documentées de la fonction inotrope myocardique dans ver inexorablement en l’absence d’amélioration de la fonction hépati-
la cirrhose (quelle qu’en soit la cause) difficilement détectables en que. Des améliorations temporaires, en apparence paradoxales, ont
préopératoire [27]. Les conséquences cliniques de cette pu être obtenues avec la perfusion prudente d’agents vasoconstric-
« cardiomyopathie cirrhotique » peuvent se manifester dans teurs tels que des dérivés de la vasopressine.
certaines circonstances de contrainte circulatoire observées dans la Le cirrhotique en milieu chirurgical est également exposé au risque
chirurgie spécifique du cirrhotique ; de tubulopathie interstitielle, infectieuse ou médicamenteuse. La
– contrairement à une idée répandue, une coronaropathie est fré- néphrotoxicité d’agents tels que les aminoglycosides et produits de
quente en cas d’hépatopathie chronique chez les sujets de plus de contraste iodés est particulièrement intense en cas de cirrhose : leur
50 ans, notamment en cas de diabète [28]. Or, la co-existence d’un emploi doit être évité ou limité aux cas d’absolue nécessité. La perfu-
diabète est fréquente [29] ; sion rénale est très dépendante de la sécrétion de prostaglandines, et
– il existe, en cas de cirrhose de grade C de Child-Pugh, une aug- l’administration d’anti-inflammatoires non stéroïdiens risque de pré-
mentation de la compliance veineuse réduisant l’efficacité du rem- cipiter l’apparition d’une insuffisance rénale aiguë.
plissage vasculaire [26] ;
● Perturbations respiratoires
– dans environ 1-2 % des cas de cirrhose avec HTP, il existe une
hypertension artérielle pulmonaire de pathogénie inconnue [30]. Les perturbations de la fonction respiratoire sont fréquentes et
Une dérivation portosystémique peut être un facteur favorisant. variées chez les cirrhotiques. Les maladies respiratoires sont aspécifi-
Bien que peu spécifique dans un conteste d’hépatopathie sévère, ques (bronchite chronique chez les patients alcooliques et fumeurs)
une dyspnée d’effort, symptôme présent dans environ 90 % des ou particulières à certaines variétés étiologiques de cirrhose.
cas, doit attirer l’attention, de même qu’une saillie de l’arc moyen Une hypoxémie modérée existe dans 15 à 45 % des cas [33]. Elle
gauche sur la radiographie de thorax ou des signes électrocardio- relève d’inhomogénéités du rapport ventilation/perfusion liées à une
graphiques d’hypertrophie ventriculaire droite. L’échocardio- ascite abondante, à un épanchement pleural ou à des anomalies de
graphie bidimensionnelle couplée au Doppler fournit une vasomotricité pulmonaire. Une hypoxémie modérée ne nécessite pas
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quasi-confirmation de l’hypertension artérielle pulmonaire, évalue d’explorations particulières. Plus rarement, une hypoxémie artérielle
son retentissement sur la fonction ventriculaire droite et peut esti- marquée (< 70 mmHg) nécessite des investigations complémentaires.
mer la pression systolique. La détection d’une telle hypertension En l’absence de maladie cardiopulmonaire, l’association cyanose,
est d’une importance capitale en raison du risque majeur auquel hippocratisme digital et platypnée suggère l’existence d’un
elle expose dans un contexte périopératoire, notamment en cas « syndrome hépatopulmonaire » [33]. Lié à l’existence de vasodilata-
d’intervention impliquant une instabilité circulatoire. tions majeures précapillaires et de shunts intrapulmonaires, il paraît
plus fréquent chez les patients ayant des angiomes stellaires et un
● Anomalies de la fonction rénale syndrome hyperkinétique systémique marqué. En cas d’hypoxémie
La rétention hydrosodée est très marquée chez le patient porteur notable, un shunt intrapulmonaire vrai doit être recherché par une
d’une cirrhose sévère. La rétention d’eau excède souvent celle de épreuve d’hyperoxie : si l’élévation de la PaO2 est faible, le risque
sodium, et une hyponatrémie chronique est fréquente. De nombreux d’aggravation postopératoire de l’hypoxémie est majeur, notamment
éléments inhérents à l’environnement chirurgical vont accroître la en cas de chirurgie abdominale. Les traitements pharmacologiques
rétention sodée, favoriser la décompensation de la cirrhose et une sont, pour l’instant, décevants dans le syndrome hépatopulmonaire
altération de la fonction rénale. dont le seul traitement reconnu, inconstamment efficace, est la trans-
La fonction rénale chez les patients présentant une cirrhose plantation hépatique.
décompensée est difficile à évaluer. Son altération est fréquemment
sous-estimée, la synthèse de l’urée et la masse musculaire étant
● État nutritionnel et risque infectieux
réduites en cas de cirrhose sévère. La filtration glomérulaire peut être La dénutrition avec carence vitaminique est fréquente en cas de cir-
très diminuée avec une créatininémie normale et le calcul de la clai- rhose sévère. L’alcoolisme actif contribue à une malabsorption des
rance de la créatinine surestime toujours la filtration glomérulaire [31]. nutriments. Les infections chez le malade cirrhotique sont fréquentes,
Chez un cirrhotique en milieu chirurgical, la survenue d’une insuffi- à début souvent paucisymptomatique, et s’accompagnent d’une mor-
sance rénale est souvent liée à un facteur d’hypovolémie (pertes san- talité élevée. Hors contexte chirurgical, une infection du liquide d’ascite
guines ou liquidiennes, évacuation abondante d’ascite, traitement survient dans 15-20 % des cirrhoses avec ascite, une septicémie chez
désordres électrolytiques (hyponatrémie, dyskaliémie) induits par les ANESTHÉSIE ET RÉANIMATION PEROPÉRATOIRE
diurétiques doivent également être recherchés et corrigés.
Volontiers paucisymptomatique (l’absence de fièvre est fréquente),
une infection doit être recherchée systématiquement et suspectée sur
■ Conséquences pharmacologiques de la cirrhose
des manifestations peu spécifiques (asthénie, hyperleucocytose, ● Modifications pharmacocinétiques
détérioration de la fonction rénale). Le traitement repose sur des
agents ayant une bonne diffusion dans l’ascite : pénicillines, cépha- Plusieurs facteurs, présents à un degré variable selon la nature et la
losporines de 3e génération, fluoroquinolones. Une antibiothérapie gravité de l’hépatopathie, peuvent avoir une influence sur la pharma-
préventive est indiquée en cas d’hémorragie digestive chez les cocinétique des médicaments.
patients cirrhotique de grade C de la classification de Child-Pugh et Clairance hépatique des médicaments
en cas de récidive hémorragique.
La clairance hépatique (Clh) est variable selon les médicaments à
En dehors d’un contexte chirurgical, il a été montré qu’un support
métabolisme hépatique. Trois variables indépendantes interviennent :
nutritionnel entéral entraîne une diminution de la mortalité hospita-
– l’efficacité des systèmes enzymatiques métabolisant le
lière à court terme, une augmentation de l’albuminémie et une amé-
médicament : c’est la clairance intrinsèque (Cint) ;
lioration du score de Pugh. Une diminution de la mortalité après ·
– le débit sanguin hépatique (Q h) ;
résection de carcinome hépatocellulaire a été obtenue avec une renu-
– la proportion de médicament non liée aux protéines plasmatiques,
trition préopératoire [34]. Ces résultats laissent supposer qu’une
ou fraction libre (fu).
renutrition préopératoire avec complément vitaminique est souhaita-
Au total, ces variables sont reliées entre elles par l’équation
ble quand elle est possible. Sa mise en route nécessite d’être surveillée
suivante :
car elle expose au risque d’inflation hydrosodée, d’intolérance aux
hydrates de carbone et à l’aggravation d’une encéphalopathie Clh = Q̇ h × [ Cint × fu / Q̇ h + Cint × fu ]
préexistante par une surcharge azotée. Les réserves en oligo-
éléments et en vitamines, surtout les vitamines du groupe B, doivent Le dernier terme entre parenthèses représente le coefficient
être l’objet d’une attention soigneuse, des carences pouvant se d’extraction hépatique noté Eh et l’on peut écrire :
démasquer lors d’une agression.
Clh = Q̇ h × Eh
Évaluation du risque anesthésique Cette équation est à la base d’une classification des médicaments
chez le cirrhotique en fonction de leur coefficient d’extraction hépatique et de leur frac-
tion libre chez le sujet normal (Tableau 3), ce qui permet de prévoir
• Gravité de la cirrhose : classification de Child-Pugh, présence l’influence des maladies du foie sur la pharmacocinétique d’un
d’une ascite (témoin d’une hypertension portale et d’une insuffi- médicament :
sance hépatocellulaire), albuminémie (reflet de l’altération des – certains médicaments ont un coefficient d’extraction hépatique
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fonctions de synthèse), encéphalopathie, ictère. faible et leur élimination est déterminée par l’activité des enzymes
• Anomalies systémiques associées : anomalies de l’hémostase de biotransformation. Leur élimination est peu influencée par le
primaire, la coagulation et/ou la fibrinolyse. débit sanguin hépatique. Absorbés par voie orale, ces médica-
• Anomalies circulatoires : hypercinésie circulatoire associée à la ments sont peu affectés par leur premier passage hépatique et leur
sévérité de l’insuffisance hépatique (fréquence et index cardiaques biodisponibilité est donc excellente. Pour ce type de médicaments,
élevés, pression artérielle et résistances vasculaires systémiques la fraction libre joue un rôle important dans la clairance hépatique ;
basses, différence artérioveineuse en oxygène pincée, vasodilata- – à l’inverse, les médicaments ayant un coefficient d’extraction hépa-
tion veineuse). tique élevé ont une clairance essentiellement dépendante du débit
• Anomalies rénales : rétention hydrosodée, filtration gloméru- sanguin hépatique. Absorbés par voie orale, ces médicaments con-
laire parfois très diminuée (surestimée par le calcul de la clairance naissent un effet de premier passage hépatique important ;
de la créatinine), risques de syndrome hépatorénal et de tubulo- – entre ces deux extrêmes, des médicaments ont une clairance
pathie interstitielle (infectieuse ou médicamenteuse). dépendante à la fois de l’extraction et du débit sanguin hépatiques.
• Anomalies respiratoires fréquentes et non spécifiques : hypoxé-
Plusieurs facteurs conduisent à une réduction de la clairance hépa-
mie modérée par anomalie du rapport ventilation/perfusion, syn-
tique en cas de cirrhose :
drome hépatopulmonaire (cyanose, hippocratisme digital et
– la diminution du débit sanguin hépatique, et surtout du débit fonc-
platypnée).
tionnel directement en contact avec les hépatocytes (il existe, en
• État nutritionnel et risque infectieux : dénutrition avec carence
effet, des shunts intrahépatiques). C’est le mécanisme dominant,
vitaminique fréquente (cirrhose sévère), infections fréquentes et
qui a surtout des conséquences sur les substances dites « à forte
paucisymptomatiques (liquide d’ascite notamment).
extraction » ;
• Huit risques d’aggravation majeure du risque interventionnel :
– l’existence de shunts portosystémiques (porto-cave) spontanés ou
sexe masculin, score de Child-Pugh élevé, présence d’une ascite,
chirurgicaux aggrave le phénomène précédent et réduit l’effet de
cirrhose d’étiologie indéterminée, créatininémie élevée, infection
premier passage hépatique des médicaments absorbés par voie
préexistant à la chirurgie, score ASA élevé, chirurgie thoracique.
orale ;
· Liaison protéine
Agent Clh (mL/min) / Eh (%) Dépendance du Qh Voie métabolique Métabolite actif
% Molécule
CYP450 : oxydation
Thiopental 210 / 15 Non 86 Albumine Pentobarbital (3 %)
++ désulfuration
Propofol 1 800 / 100 Oui Conjugaison ++ 98 Albumine non
Hydrolyse par des
Etomidate 1 500 / 100 Oui 94 Albumine non
estérases hépatiques
Kétamine 1 260 / 90 Oui CYP450 < 30 ? Norkétamine
α OH midazolam +
Midazolam 500 / 41 ± CYP450 96 Albumine
conjugué
Diazépam 30 / 2 Non CYP450 99 Albumine N desméthyldiazépam
Flumazénil 1 300 / 100 Oui CYP450 50 Albumine Non
Morphine 1 000 / 90 Oui Conjugaison 25 Albumine Morphine 6 G
Fentanyl 900 / 50 Oui CYP450 84 α1GPA Non
Sufentanil 900 / 72 Oui CYP450 93 α1GPA Non
Alfentanil 300 / 40 ± CYP450 92 α1GPA Non
G190291 : pas
Rémifentanil 4000 / - - Estérases tissulaires 70 α1GPA
d’importance clinique
Rein 65 % /bile 10 % /
Pancuronium - CYP450 30 - 3OH pancuronium
métabolisme 25 %
Rein 25 % /bile 40 % /
Vécuronium - CYP450 30 - 3OH vécuronium
métabolisme 35 %
Rein 35 % /bile 60 % /
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– la diminution de la quantité d’hépatocytes disponibles pour capter conjugaison, est préservée en cas de cirrhose alors qu’elle est très
et métaboliser les médicaments. L’altération de la capacité de clai- altérée pour d’autres benzodiazépines.
rance est toutefois loin d’être identique pour tous les médica-
ments. Il apparaît que l’atteinte des différentes formes de Liaison aux protéines
biotransformation n’est pas uniforme. Ce fait est probablement lié Le défaut, quantitatif ou qualitatif, de synthèse de protéines plas-
à l’hétérogénéité fonctionnelle des hépatocytes au sein du lobule. matiques dites « de liaison » peut entraîner une augmentation de la
Ainsi, les biotransformations de type II (notamment la glucurono- concentration de la fraction libre pharmacologiquement active de
conjugaison) prédominant dans les zones périportales, sont certains médicaments. Il en est ainsi de l’albumine, quantitativement
atteintes plus tardivement que les biotransformations de type II la plus importante de ces protéines de liaison, qui transporte préfé-
prédominant dans les zones centrolobulaires. Ce fait explique que rentiellement les substances acides. L’α1-glycoprotéine acide (ou
la clairance du lorazépam, dont la biotransformation se fait par orosomucoïde), qui accepte préférentiellement les substances
basiques, a une concentration plasmatique diminuée en cas de cir- notablement modifiés en cas de cirrhose avec insuffisance hépatocel-
rhose évoluée. De plus, il existe de nombreuses évidences d’anoma- lulaire modérée [35]. Il en résulte que la demi-vie d’élimination n’est
lies structurelles de cette glycoprotéine en cas de cirrhose. D’autres que modérément augmentée.
facteurs peuvent contribuer à une diminution de la liaison aux pro- Propofol. Son élimination hépatique quasi-exclusive fait intervenir
téines (hyperbilirubinémie, altération de la fonction rénale). une biotransformation de type II. Chez des sujets ayant une cirrhose
compensée, les modifications sont mineures après une injection
Volume de distribution unique [36]. Après une perfusion continue, le délai de réveil est signi-
L’augmentation du volume de distribution en cas de cirrhose peut ficativement allongé par rapport à des malades témoins, et les con-
être liée à la diminution de la liaison aux protéines plasmatiques, mais centrations sanguines à l’ouverture des yeux ne sont pas différentes
apparaît surtout liée à la rétention hydrosodée. Les médicaments de celle des témoins [37].
hydrophiles sont particulièrement concernés. Étomidate. En cas de cirrhose, cet agent connaît une clairance
diminuée, les conséquences devenant perceptibles en perfusion con-
Autres facteurs tinue [38]. En revanche, l’inhibition du cytochrome P450 induite par
La cholestase réduit l’excrétion biliaire des médicaments. L’exis- l’étomidate retarde l’élimination des agents à clairance dépendante de
tence d’une insuffisance hépatique sévère s’accompagne fréquem- l’activité enzymatique (alfentanil notamment).
ment d’une altération de la fonction rénale. Cette dernière est souvent Kétamine. Il existe très peu d’informations sur la kétamine qui
sous-estimée par le chiffre de créatininémie en cas d’hépatopathie connaît un métabolisme hépatique et qui, chez le rat, tend à réduire le
chronique avec dénutrition.
·
Q h chez le cirrhotique alors qu’elle n’a pas cet effet en l’absence de
cirrhose.
● Altérations pharmacodynamiques Midazolam. Il est lié à 96-98 % aux protéines plasmatiques et est
Indépendamment de considérations pharmacocinétiques, une éliminé quasi exclusivement par biotransformation hépatique de type
sensibilité accrue à tous les dépresseurs du système nerveux central I. En cas de cirrhose modérément sévère, il y a une augmentation
est vraisemblable en cas d’insuffisance hépatocellulaire sévère. L’utili- significative de la fraction libre, une réduction significative de la clai-
sation de tels médicaments, en cas de cirrhose, est susceptible de pré- rance plasmatique responsable d’une augmentation, légère mais
cipiter l’apparition de troubles de vigilance et d’un tableau significative, de la demi-vie d’élimination par rapport à des sujets non
d’encéphalopathie hépatique. cirrhotiques [39]. Ces tendances sont beaucoup plus marquées
quand la maladie hépatique est plus sévère. C’est essentiellement lors
● Applications aux médicaments de l’anesthésie d’injections répétées ou continues que ces modifications pharmaco-
cinétiques revêtiront toute leur importance clinique.
On peut globalement considérer que la pharmacocinétique des
agents très hydrosolubles est influencée par la rétention hydrosodée
● Tranquillisants
et que leur volume de distribution est augmenté. En théorie, il en
Lorazépam. Le métabolisme de cet agent, couramment utilisé en
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résulte que la dose initiale à administrer pour avoir la concentration
désirée doit être plus importante. Pour la même raison, la durée prémédication, fait intervenir une biotransformation de type II. Ce fait
d’action est prolongée, surtout si une insuffisance rénale réduit leur explique que sa clairance ne soit pas modifiée en cas de cirrhose. De
élimination urinaire. plus, un métabolisme extrahépatique est possible. Toutefois, en cas
Par ailleurs, il est important de garder en mémoire que l’effet phar- de cirrhose, sa demi-vie d’élimination est allongée du fait d’une aug-
macologique des agents anesthésiques très liposolubles (thiopental, mentation de son volume de distribution, elle-même liée à une aug-
fentanyl) est essentiellement dépendant de leur redistribution. La pre- mentation de sa fraction libre.
mière administration n’entraînera vraisemblablement pas d’effet Diazépam. Il est métabolisé par biotransformation de type I. En
pharmacologique prolongé ; ce sera surtout en cas d’administration injection IV, sa clairance hépatique est réduite et sa demi-vie d’élimi-
continue ou lors des réinjections que le ralentissement de leur élimi- nation allongée en cas de cirrhose, notamment avec ascite.
nation risque d’avoir des conséquences. Si la dose initiale peut être la
même, il est donc important de réduire la dose des réinjections ou ● Morphiniques
d’espacer l’intervalle entre les réinjections. Morphine. En cas de cirrhose, la clairance hépatique de la mor-
phine a été décrite comme normale ou abaissée [40]. Ces discordan-
Agents hypnotiques ces sont probablement liées à des degrés différents de gravité de la
Thiopental. En cas d’injection unique, le fait essentiel est l’aug- maladie hépatique selon les études. Notons que la fonction rénale
mentation de la fraction libre du thiopental en raison de l’hypoalbu- des malades ayant une cirrhose sévère est fréquemment altérée, ce
minémie [35]. Il est donc possible d’assister à un accroissement de qui peut réduire l’élimination des métabolites hépatiques de la mor-
l’effet d’une dose unique de cet agent d’induction qui doit être admi- phine pharmacologiquement actifs.
nistré de façon prudente (titration). L’intensité de l’effet pharmaco- Fentanyl. Son métabolisme fait intervenir une biotransformation
logique du thiopental reste mal prévisible. La durée d’action du hépatique de type I. Les modifications de la pharmacocinétique du
thiopental est déterminée par la redistribution tissulaire. Le métabo- fentanyl (clairance diminuée, demi-vie d’élimination allongée) sont
lisme du thiopental fait intervenir le cytochrome P450. La clairance peu importantes chez des malades ayant une insuffisance hépato-
hépatique et le volume de distribution du thiopental ne sont pas cellulaire modérée [41]. On sait que pour cette substance hautement
■ Choix d’une technique anesthésique l’halothane étant identiques dans les deux groupes, la différence
apparaît liée à des effets circulatoires plus marqués de l’halothane sur
● Intérêt d’une prémédication un foie cirrhotique. Utilisant ce modèle, le même investigateur cons-
tate que l’isoflurane n’entraîne pas de détérioration similaire des
Les conséquences pharmacocinétiques et pharmacodynamiques
fonctions hépatiques [46]. Sur un modèle de cirrhose chez le rat en
de la cirrhose expliquent que l’effet des tranquillisants, sédatifs ou
normo- et hypovolémie, l’isoflurane et la kétamine préservent mieux
morphiniques, souvent utilisés en prémédication, peuvent entraîner
le débit sanguin et l’oxygénation hépatiques que l’halothane et
des troubles intenses et prolongés de la vigilance. L’utilité de la pré-
l’enflurane [47].
médication doit donc être pesée en regard des conséquences poten-
À l’exception de l’halothane qui a des effets originaux sur la circu-
tiellement néfastes qu’elle peut avoir, tout particulièrement chez les
lation hépatique, les effets des agents anesthésiques sur les rapports
malades ayant une cirrhose sévère (grades B et C de Child-Pugh) ou
transport/consommation hépatique d’oxygène sont dépendants de
ayant une dérivation portosystémique. Elle est inutile et dangereuse
leurs conséquences circulatoires systémiques. La diminution du débit
chez les malades sujets à des épisodes d’encéphalopathie. Si une pré-
sanguin hépatique est grossièrement parallèle à celle du débit cardia-
médication anxiolytique est jugée utile chez un malade ayant une cir-
que et/ou de la pression artérielle systémique. De ce point de vue, la
rhose compensée, le lorazépam constitue un bon choix.
manière de les administrer est aussi importante que leur nature. Là
encore, la titration des agents anesthésiques est souhaitable.
● Place de l’anesthésie locorégionale
D’une façon générale, l’indication des techniques d’anesthésie
locorégionale est limitée par l’existence de troubles de l’hémostase. ■ Réanimation peropératoire
Leur indication peut être retenue en cas de cirrhose peu sévère, sans
désordres de l’hémostase, dans les situations où elles apportent un ● Monitorage peropératoire
bénéfice clairement identifié figurant dans le dossier d’anesthésie. Évidemment adapté au type d’intervention, le monitorage peropé-
ratoire, éventuellement invasif, doit répondre à l’exigence du maintien
● Modalités de l’induction anesthésique d’un état circulatoire satisfaisant les besoins tissulaires en oxygène,
Une prévention de l’inhalation du contenu gastrique avec tout particulièrement au niveau des territoires hépatosplanchnique et
séquence d’induction rapide et intubation trachéale est conseillée en rénal. Les interventions supposant des fluctuations majeures du
cas d’ascite volumineuse. Une ascite tendue expose au risque de retour veineux demandent une vigilance particulière en raison de la
régurgitation par incompétence du sphincter du bas œsophage. Des possibilité d’altérations de la fonction inotrope en cas de cirrhose
précautions de protection des voies aériennes sont impératives en évoluée. L’hypotension artérielle est associée à une augmentation de
cas de procédure endoscopique, diagnostique et/ou thérapeutique, la mortalité périopératoire [22]. La préservation de la fonction rénale
en situation d’hémorragie digestive haute. Les études sur la vidange passe essentiellement par le maintien d’un état circulatoire systémi-
gastrique du cirrhotique exempt de diabète donnent des résultats que et d’une pression artérielle moyenne satisfaisants. Le reste de la
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contradictoires. Il est possible que les troubles de la motricité soient surveillance ne comporte guère de spécificités.
aggravés par la coexistence d’un diabète, éventualité fréquente en cas
de cirrhose. ● Gestion des pertes sanguines et liquidiennes
Lors d’une chirurgie périphérique ou mineure, les apports hydro-
● Conséquences des agents anesthésiques électrolytiques de base ne méritent pas de mention spéciale par rap-
sur la maladie hépatique port au sujet sain, avec le souci d’éviter une inflation hydrosodée
L’objectif est de préserver au mieux le débit sanguin hépatique. postopératoire. En cas de laparotomie ou de thoracotomie, le pro-
L’influence de la technique anesthésique sur la mortalité n’a jamais blème est différent. L’existence d’une HTP est responsable d’une
été étudiée et il est donc impossible d’affirmer qu’un mode d’anesthé- transsudation péritonéale permanente avec pertes séreuses souvent
sie est plus délétère qu’un autre. Chez un malade ayant une réserve très abondantes. De plus, la présence de veines dilatées, à haute pres-
fonctionnelle hépatocytaire réduite, il est souhaitable de minimiser sion, est responsable de difficultés chirurgicales et de pertes sangui-
toute lésion hépatique surajoutée. Dans l’environnement chirurgical, nes. Les pertes sanguines et leur corollaire, les transfusions, sont un
ce sont des lésions de nature hypoxique qui doivent être redoutées et facteur clairement associé à une mortalité/morbidité accrue. Une
prévenues. attention particulière doit donc être portée à la prévention de l’hypo-
Les intervenants « périopératoires » autres que les agents anesthé- volémie. Il est prématuré d’instituer en peropératoire une restriction
siques (site opératoire, modalités de ventilation, volémie) occupent hydrosodée préventive de l’ascite postopératoire. Les apports sont
une place sans doute très importante. Quelques données expérimen- difficilement codifiables et doivent être guidés par la quantification
tales existent. L’administration d’halothane aurait des conséquences des pertes, les données biologiques et, surtout, les indicateurs
particulièrement néfastes en cas de cirrhose. En comparant à des rats d’hypovolémie.
normaux des rats rendus cirrhotiques par le tétrachlorure de car- Le schéma de compensation des pertes sanguines et liquidiennes
bone, les auteurs constatent que l’exposition à l’halothane entraîne fait appel aux cristalloïdes, aux substituts colloïdaux du plasma et aux
une élévation significativement plus importante des transaminases en produits sanguins. Il n’existe pas d’évidence que la concentration
cas de cirrhose ; les concentrations sériques des métabolites de d’hémoglobine minimale tolérable des malades cirrhotiques soit
chez le cirrhotique
qui convergent pour former les veines sus-hépatiques, habituelle-
• Prémédication discutable ; inutile et dangereuse en présence ment au nombre de trois. Les veines sus-hépatiques quittent le foie
d’épisodes d’encéphalopathie. pour se jeter dans la veine cave inférieure.
• Indications limitées des techniques d’anesthésie locorégionale L’hypertension portale résulte d’un obstacle à l’écoulement du
en raison de troubles de l’hémostase. sang veineux splanchnique associé à un accroissement secondaire
• Prophylaxie de l’inhalation du contenu gastrique recommandée. du débit sanguin portal. Elle est définie par un gradient de pression
• Éviter l’halothane et veiller à administrer les agents anesthési- de plus de 5 millimètres de mercure entre la veine porte et la veine
ques par titration prudente. cave inférieure. L’obstacle peut siéger sur :
• L’hypotension artérielle est associée à une augmentation de la – les veines sus-hépatiques, la veine porte ou une de ses branches. Il
mortalité périopératoire. résulte alors d’une thrombose, d’une compression extrinsèque ou
• L’existence d’une HTP entraîne une transsudation péritonéale d’un envahissement tumoral ;
avec pertes séreuses abondantes : il faut prévenir l’hypovolémie – les vaisseaux qui cheminent dans le parenchyme hépatique : (a) en
(cristalloïdes, colloïdes et produits sanguins). France, le plus souvent bloc intrahépatique des cirrhoses alcooli-
• Correction des troubles de l’hémostase : plasma frais congelé, ques et post-hépatitiques B et C associées à une insuffisance hépa-
concentrés de plaquettes, antifibrinolytiques (aprotinine), préven- tocellulaire (IHC) de degré variable, (b) plus rarement, bloc
tion de l’hypothermie et de l’insuffisance circulatoire. présinusoïdal des fibroses ou de la bilharziose, sans IHC associée.
• Antibiotiques :
– antibioprophylaxie en cas d’ascite mais discutée pour les sclé- COMPLICATIONS DE L’HYPERTENSION PORTALE
roses préventives ;
– antibiothérapie pour la radiologie interventionnelle transhépa- ■ Les dérivations porto-systémiques (DPS)
tique (cholangiographie, drainages) ;
ou anastomoses porto-cave spontanées
– adaptation des doses et éviction des agents néphrotoxiques
Le développement des anastomoses porto-cave spontanées est la
(aminosides, vancomycine).
conséquence hémodynamique directe de l’HTP. Ces anastomoses
sont surtout préoccupantes par la constitution de varices œsopha- L’association dérivés nitrés - vasopressine diminue les effets
giennes et cardiotubérositaires [49]. Ces dernières sont à l’origine secondaires de la vasopressine et potentialise son effet sur la pres-
d’hémorragies digestives menaçantes, dont la prévention rend sion portale. La terlipressine et la somatostatine ont une efficacité
compte de la majorité des indications de chirurgie de dérivation por- similaire sur le saignement et la survie. Les sondes de tamponnement
tosystémique. La prévalence des varices œsophagiennes est de 40 à sont moins efficaces que les agents vasoactifs sur le contrôle de
90 % au cours de l’HTP. Une fibroscopie digestive haute fait donc l’hémorragie et sur la mortalité associée aux hémorragies digestives.
partie du bilan d’une HTP. Des varices de taille supérieure à 5 mm Elles sont à l’origine de 17 % de complications majeures : fausses
et/ou porteuses de papules érythémateuses ou de phlyctènes hémor- routes, asphyxie ou compression de l’oreillette droite par migration
ragiques s’inscrivent 80 à 100 fois sur 100 dans un contexte hémor- de la sonde, lésions œsophagiennes.
ragique. Le traitement des hémorragies variqueuses recherche un
contrôle optimal du saignement et la prévention des récidives ■ Autres complications
hémorragiques précoces. En effet, le bas débit associé à l’hémorragie
digestive dégrade la fonction hépatique. L’ascite est le résultat d’une rétention hydrosodée intra-
péritonéale. Elle est associée à une HTP avec ou sans IHC. Au cours
Les recommandations du club francophone pour le traitement de
des blocs préhépatiques elle est habituellement (mais non constam-
l’HTP sont réactualisées régulièrement et peuvent être consultées sur
ment) peu abondante et accompagne le plus souvent une hémorra-
le site web :
gie digestive. Elle complique surtout les blocs postsinusoïdaux. La
http://www.club.med.univ-angers.fr/invite/chtp cirrhose est la cause la plus fréquente d’ascite en Europe. Dans les
Pour la prévention des hémorragies digestives par rupture de vari- blocs supra-hépatiques (syndrome de Budd Chiari) le taux des pro-
ces œsophagiennes : tides dans le liquide d’ascite est habituellement supérieur à 30 g/L.
– les β-bloquants (propranolol LP 160 mg/24 h) diminuent l’inci- Une gastropathie congestive est fréquemment associée à l’HTP.
dence de la première hémorragie digestive et probablement la Les saignements provoqués par la gastropathie de l’HTP ne sont pas
mortalité ; menaçants habituellement. Aucune intervention thérapeutique n’a fait
– un dérivé nitré (isosorbide 20 à 40 mg/12 h) améliore l’efficacité la preuve de son efficacité à la phase aiguë du saignement provenant
des bêtabloquants ; d’une gastropathie associée à une HTP. La gastropathie tend à dispa-
– la sclérothérapie diminue significativement l’incidence de la raître avec la baisse de la pression portale par les β-bloquants ou par
1re hémorragie et la mortalité chez les malades à haut risque dérivation portosystémique.
hémorragique ; Des voies de dérivation portosystémiques se développent partout
– la ligature des varices semble le traitement le plus efficace sur l’inci- où des organes intra-abdominaux sont en contact avec la paroi abdo-
dence de la 1re hémorragie et la mortalité. minale ou le rétropéritoine. En cas d’intervention chirurgicale abdomi-
Pour la prévention de la récidive des hémorragies digestives, le nale antérieure, des voies veineuses de dérivation se développent dans
choix peut être la ligature élastique ou les β-bloquants. Une dériva- les adhérences. Ceci explique le caractère volontiers hémorragique de
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tion portosystémique (shunt porto-cave), intra-hépatique ou chirur- la chirurgie chez un malade ayant une hypertension portale.
gicale, peut être proposée, en cas d’inefficacité des mesures L’HTP entraîne une splénomégalie dont l’hypervascularisation est
précédentes, si le score de Child-Pugh est inférieur à 8. une source d’accroissement du débit sanguin portal et d’entretien de
En présence d’une d’hémorragie digestive aiguë par rupture de l’HTP. Un tableau hématologique d’hypersplénisme, avec thrombo-
varices œsophagiennes, la préférence va à une association précoce pénie, anémie modérée et leucopénie. La thrombopénie est habituel-
d’un traitement pharmacologique (vasopressine, somatostatine ou lement sans traduction clinique. La splénectomie corrige ces
dérivé) et endoscopique immédiat (éventuellement renouvelé). Un anomalies. Les DPS ne les corrigent qu’incomplètement.
shunt porto-cave intrahépatique est envisagé en cas d’échec des
mesures précédentes. La pose d’une sonde de tamponnement est DÉRIVATIONS PORTOSYSTÉMIQUES
indiquée en cas d’hémorragie abondante.
Les DPS ont pour but de réduire la pression portale et de prévenir
La vasopressine et son dérivé, la terlipressine, diminuent la pres-
les hémorragies variqueuses ou de traiter une ascite réfractaire. On
sion portale en augmentant les résistances vasculaires mésentéri-
peut distinguer les DPS chirurgicales et les shunts porto-systémiques
ques. Elles augmentent également les résistances vasculaires
intrahépatiques.
systémiques et entraînent des effets adverses de nature ischémique
qui imposent l’arrêt du traitement dans 20 % des cas : insuffisance
coronarienne, poussée hypertensive, douleurs abdominales. La ■ DPS extrahépatiques ou chirurgicales
somatostatine et son analogue retard, l’octréotide, diminuent le débit Il existe plusieurs types de DPS. Les DPS totales (anastomose
sanguin splanchnique et donc les pressions portale et azygos en porto-cave, terminolatérale ou latérolatérale, et mésentérico-cave)
inhibant des peptides intestinaux vasodilatateurs. Ils n’entraînent pas réduisent la pression portale mais aussi le débit hépatique en
d’effets secondaires majeurs. dérivant parfois en totalité le flux sanguin portal : l’encéphalopathie
Les dérivés nitrés, à doses diminuant la pression artérielle systémi- postopératoire est fréquente et peut être très invalidante. C’est pour
que de 20 %, entraînent une vasoconstriction splanchnique, ce qui tenter de diminuer ce risque en préservant un flux hépatique qu’ont
diminue la pression portale et le débit sanguin azygos. été développées les DPS dites sélectives (anastomoses splénorénale).
hepatic Porto-systemic Stent Shunt). Cette procédure délicate, parfois d’hémorragie variqueuse. Le plus souvent, il s’agit d’une dérivation
longue et ponctuellement douloureuse (mais ne laissant pas de dou- péritonéo-jugulaire avec une valve unidirectionnelle type Le Veen qui
leur postopératoire) gagne à être effectuée sous anesthésie générale. permet le passage du liquide d’ascite dans le compartiment vascu-
De plus, la présence d’un anesthésiste-réanimateur est également laire. Les risques et complications précoces de cette intervention sont
souhaitée en raison de la survenue de complications aiguës poten- liés à ce passage :
tiellement fatales dans 1 à 2 % des cas [51]: hémopéritoine, hémobilie, – surcharge volémique brutale avec œdème pulmonaire lors du drai-
septicémie, œdème pulmonaire. nage de l’ascite dans le secteur vasculaire [53] ;
L’intervention s’adresse, en général, à des malades ayant une cir- – coagulopathie de consommation [54] ;
rhose compliquée d’HTP avec hémorragies variqueuses récidivantes – embolie gazeuse ;
et/ou une ascite réfractaire. Dans certains cas, le malade a une affec- – et infection.
tion hématologique chronique (splénomégalie myéloïde) compliquée La mise en place d’une dérivation péritonéo-veineuse impose donc
d’HTP. Elle peut être effectuée en situation de semi-urgence chez un de s’assurer au préalable de l’absence d’infection du liquide d’ascite
malade ayant un saignement variqueux en cours. (taux de polynucléaires inférieur à 100/mm3) et d’insuffisance cardia-
Le protocole anesthésique est adapté à la situation et peut que susceptible d’être décompensée lors du drainage de l’ascite dans
nécessiter une induction en séquence rapide avec intubation orotra- la circulation générale.
chéale. Une anesthésie totale IV peut être effectuée, le rémifentanil Une partie des complications précoces peut être limitée par l’éva-
trouvant ici une indication potentielle en raison de l’absence de dou- cuation peropératoire de l’ascite et son remplacement partiel par du
leur postopératoire et de l’intérêt d’un agent ayant une demi-vie sérum physiologique. Le maintien peropératoire d’une ventilation
contextuelle brève et indépendante de la durée d’administration. Les spontanée et la mise en place postopératoire d’un dispositif de con-
difficultés potentielles pour l’équipe d’anesthésie sont donc : tention abdominale permettent de préserver un gradient de pression
– une induction chez un malade ayant un saignement digestif haut entre la cavité péritonéale et l’oreillette droite, favorisant le drainage et
situé en cours (risque d’inhalation de sang) ; permettant d’éviter l’obstruction précoce de la dérivation. En post-
– une induction chez un malade ayant une ascite tendue (risque opératoire, les apports liquidiens doivent être restreints et il est
d’inhalation de contenu gastrique) ; souvent prudent d’augmenter la diurèse horaire par l’administration
d’un diurétique de l’anse, type furosémide. La coagulopathie de con- [5] Lentschener C, Franco D, Bouaziz H, et al. Haemodynamic changes associ-
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La chirurgie de résection hépatique est très protéiforme. Selon leur 2000;47:1260-3.
degré de gravité, les maladies chroniques du foie entraînent des alté- [16] Cherqui D, Husson E, Hammoud R, et al. Laparoscopic liver resections: a
feasibility study in 30 patients. Ann Surg 2000;232:753-62.
rations multiples et parfois complexes des grandes fonctions vitales,
[17] Elias D, De Baere T. Traitement des tumeurs hépatiques par la radio-
ayant des implications pronostiques vitales. On retiendra donc fréquence. J Chir (Paris) 2001;138:81-8.
qu’une évaluation préopératoire méticuleuse du malade en regard du [18] Keltner JR, Donegan E, Hynson JM, Shapiro WA. Acute renal failure after
geste chirurgical proposé est de la plus grande importance. radiofrequency liver ablation of metastatic carcinoid tumor. Anesth Analg
2001;93:587-9.
L’anesthésiste-réanimateur doit être attentif aux évolutions atten-
© Groupe Liaisons SA, février 2003. La photocopie non autorisée est un délit.
[19] Balik AA, Basoglu M, Celebi F, et al. Surgical treatment of hydatid disease of
dues dans le champ des maladies du foie et de leurs possibilités thé- the liver: review of 304 cases. Arch Surg 1999;134:166-9.
rapeutiques. De nouvelles évolutions techniques chirurgicales [20] Dobato JL, Barriga FJ, Pareja JA, Vela L. Extrapontine myelinolyses caused
devraient progressivement s’affirmer. Par ailleurs, l’hépatite C, dont by iatrogenic hypernatremia following rupture of a hydatid cyst of the liver
l’évolution est longtemps silencieuse, pourrait occuper dans l’avenir with an amnesic syndrome as sequela. Rev Neurol 2000;31:1033-5.
une place prépondérante au sein des maladies chroniques du foie [21] Khoury G, Jabbour-Khoury S, Soueidi A, et al. Anaphylactic shock compli-
cating laparoscopic treatment of hydatid cysts of the liver. Surg Endosc
vues en consultation d’anesthésie. Si certains problèmes posés ne lui 1998;12:452-4.
sont guère spécifiques, cette hépatopathie peut s’accompagner de [22] Ziser A, Plevak DJ, Wiesner RH, et al. Morbidity and mortality in cirrhotic
manifestations extrahépatiques particulières et relever de traitements patients undergoing anesthesia and surgery. Anesthesiology
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