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PAULET Antoine

Avantages sociaux dans l'industrie syrienne à la fin des années 1950

En 1959, alors que la Syrie s'industrialise, des mesures de protection sociale sont prises mais
ne sont pas pour autant appliquées.
C'est ce qu'on voit dans un article intitulé « Œuvres de bienfaisance et œuvres sociales en
Syrie. » publié en 1959 pour la revue Orient. Il a été écrit par Amélie-Marie Goichon, d'après ses
voyages en Syrie peu avant. Née en 1894 à Poitiers et morte en 1977 à Paris. C'est une arabisante
qui s'intéresse à l'ethnographie. Elle dirige en 1927 La vie féminine au Mzab, étude de sociologie
musulmane qui est une série de travaux sur la condition des femmes des sociétés indigènes du
Maghreb. Catholique sociale et féministe militante, elle voit l'émancipation des femmes comme
préalable à l'assimilation des indigènes. Elle s'inscrit dans un courant qui s'intéresse à la culture, les
langues et la religion des indigènes en Algérie pour contrer la montée du réformisme islamique. Elle
est bibliothécaire jusqu'à sa retraite en 1959, chargée de cours à l'ENA en 1948 et à la Sorbonne en
1959 sur l'histoire de la civilisation des pays arabes contemporains. (c'est un peu la prédécesseur de
Madame Piquet)
Dans ce texte, elle raconte le mode de fonctionnement de 3 ateliers de textile en Syrie et la
façon dont les salariés sont traités.
Bien qu'elle utilise le terme « Syrie », depuis 1958, la Syrie a rejoint la République Arabe
Unie. C'est d'ailleurs sur l'impulsion des ministres socialistes syriens de Nasser que le code du
travail est modifié et que la réforme agraire est lancée en 1959. Ces réformes ambitieuses visent à la
fois à casser l'influence des grands propriétaires terriens et à améliorer les rendements agricoles
dont dépend l'industrie syrienne.
Quels sont les contours de la protection sociale du salariat, en théorie comme en pratique, à
la fin des années 1950 en Syrie en pleine industrialisation et réforme agraire ?
Dans un premier temps, nous verrons que les emplois à l'usine ne sont que des emplois
temporaires complétant une activité agricole. Ensuite, nous étudierons le travail à l'usine comme
tremplin, ou non, à l'accès à la propriété foncière. Enfin, nous constaterons le manque d'efficacité du
pouvoir public dans l'application de ces normes.
Étant donné qu'il s'agît de thèmes sociaux-économiques, obtenir des sources pour la fin des
années 1950 précisément est relativement difficile donc nous croiseront des sources antérieures et
des sources postérieures et verront en quoi ces années sont justement charnières.
I] Des emplois temporaires complétant une activité agricole
a)

b)

c)
1961 : coton brut = 50% des exportations de la Syrie

I] un emploi passager

les emplois ne sont pas destiné à durer :


- emplois saisonniers en parallèle avec le travail des champs
- jeunes femmes qui travaillent jusqu'à leur mariage où elles retournent au jardin/champs
- on licencie régulièrement pour éviter que les employés n'obtiennent de droits sociaux

Tout le salaire gagné par la fille est reversé au père jusqu'à son mariage où il passe à son mari mais
quitte l'usine car honteux et travaille aux champs

L'économie syrienne reste essentiellement paysanne, mais la société rurale contribue au processus
d'industrialisation par ses achats (tracteurs, engrais), par les cultures indutrielles (coton, tabac,
betteraves) , et surtout par un transfert d'activité dont la forme principale est celle de la double
activité.

La proto-industrie (ou proto-industrialisation) est un terme économique, conçu par Franklin


Mendels en 1969, décrivant de très petits ateliers essentiellement situés en milieu rural,
aux XVIIIe et XIXe siècles.

Cinq critères donnent sa cohérence au concept de proto-industrie :


1.l'apparition et le développement d'une production industrielle destinée à l'exportation hors de la
région, comme les toiles de Bretagne ;
2.l'implication de nombreuses familles paysannes qui trouvent dans l'activité industrielle
d'indispensables ressources complémentaires ;
3.la complémentarité entre des producteurs de surplus agricoles commercialisés et de petits
exploitants installés sur des parcelles trop petites ou trop peu fertiles pour assurer leur survie ;
4.la présence d'une région organisée autour d'une ou plusieurs villes et unifiée par des moyens de
transport et une unité juridique.
5.L'organisation dualiste et mixte de la production, imbriquant étroitement ateliers urbains
modernes et mécanisés, et un système productif manuel, rural et techniquement moins spécialisé.
II] Travail à l'usine comme tremplin, ou non, à la propriété foncière
a)

b)

c)
II] tremplin vers la propriété/réforme agraire/achat de terres

Syrie : une population totale de 4 570 684 habitants, celle des campagnes en comptait 3 169 736,
soit 69,3 %
En réalité 1 % seulement de la population engagée dans l'activité agricole possédait à la
veille de septembre 1958 environ les 3/4 des terres cultivées et cultivables du pays. Ceux qui
travaillaient effectivement la terre représentaient 1 025 800 personnes; par conséquent, une petite
minorité accaparait les terres alors que l'écrasante majorité de la population rurale qui travaillait ne
possédait rien.
La propriété moyenne représentait 33 % de la totalité des terres agricoles, contre 29 % pour
la grande et comme nous l'avons indiqué 15 % pour les petites. L'Etat, lui, disposait des 23 % des
terres qui restent.

Réforme agraire :
Quelques mois après la fusion de la Syrie et de l’Égypte au sein de la République Arabe
Unie, le Président de la République Nasser satisfait la demande de ses ministres socialistes syriens
et promulgue en septembre 1958 la loi 161 sur la réforme agraire. Les clauses principales de ce
décret règlent une organisation délicate dont l'application a été limitée à 5 ans, en 1963.
Les terres sont rachetées de force aux riches propriétaires terriens et revendues à des prix
avantageux pour les agriculteurs. Ils s'endettent sur des décennies pour les acheter.
Stoppée novembre 1961-avril 1962
Indépendance de la Syrie, reprise de la redistribution, les terres ne sont plus vendues mais
octroyées sans remboursement. Les bénéficiaires doivent améliorer l'exploitation de la terre
(moderniser) au risque de la perdre. Les terres de l’État sont en partie vendues.
III]
a)

b)

c)
III] des règles pas respectées, un Etat faible ou laxiste, investissements étrangers à ne pas faire
fuir

il faut attirer les industriels étrangers et ne pas les étouffer avec des normes

L'artisan possède son moyen de production (à un prix abordable, machine traditionnelle) pour
travailler la soie
Le salarié est dépendant du patron qui possède le moyen de production (le métier mécanique ultra-
performant). Il faut un investisseur pour posséder les machines. L'artisan est son propre investisseur.
En Syrie, à peine 1/3 de la population active est formellement salariée

L'économie syrienne doit être plus compétitive que l'économie européenne pour lui fournir ses
matières premières => besoin de main d’œuvre à bas coût

les gens veulent travailler plus mais la loi les en empêche :


double salaire pendant congés
heures supplémentaires des femmes bédouines
travail des enfants

c'est bien vu d'être progressiste mais ils le font pas


En Syrie, les cultures industrielles sont avant tout : le coton, puis le tabac et la betterave sucrière.
Production d'engrais pour augmenter le rendement de coton
Le coton sert à l'industrie textile

« La culture du coton s'est développée durant la période du Mandat puis dans les années qui
ont suivi l'indépendance : la superficie cultivée triple entre 1949 et 1950 2 ; c'est une époque où se
multiplient les créations de grosses entreprises de filature et de tissage. Mais il reste que la plus
grande partie du coton est exportée (il constitue en valeur les deux tiers des exportations sans le
pétrole) sous forme de coton égrené. L'industrie la plus importante liée au coton est donc
l'égrenage : au départ constituant une activité intégrée aux usines de filature et de tissage, elle est
devenue indépendante avec l'extension de la culture du coton au-delà des capacités d'absorption de
ces usines. Près de 3 000 usines ont été regroupées en 1965 en une soixantaine de grosses
entreprises dont la moitié est à Alep et le reste réparti entre Hama, Idleb, Homs, Damas, Lattaquié et
Deir ez-Zor. Mais c'est une industrie saisonnière : le coton est égrené au maximum en six mois et la
main-d'œuvre est paysanne, essentiellement féminine. On a ici un cas où le développement de la
culture, favorisé par une forte demande internationale, a développé une industrie limitée au
traitement nécessaire à l'exportation. Cette industrie saisonnière, procure en retour un revenu
supplémentaire à un nombre important de familles paysannes. » (c'est pour ça que les usines
s'arrêtent l'été, moment de la moisson) Quant à l'industrie textile, elle a été au départ favorisée par
ce développement, mais dans les limites du marché syrien seulement, d'autant qu'elle utilise une
part importante de fibres synthétiques... importées. Aujourd'hui, la production de coton est stable et
l'accent est mis sur les progrès des rendements afin de diminuer les surfaces qui lui sont consacrées
(passées de 250 000 ha à 186 000 ha, entre 1971 et 1977, pour une production stationnaire). »

4 « La ponction que réalise le secteur de l'industrie sur la population rurale [etc...]


Elisabeth Longueness

voir conclusion de Dominique Chevallier


Bibliographie :
- Le Travail et la question sociale au Maghreb et au Moyen-Orient, Revue des mondes musulmans
et de la Méditerrannée, n°105-106, 2005
- Dominique CHEVALIER, « Un exemple de résistance technique de l'artisanat syrien aux XIXe et
XXe siècles », Revue d'art oriental et d'archéologie, 1962, 39-3-4, pp.300-324
-Dominique CHEVALIER, « De la production lente à l'économie dynamique en Syrie », Annales,
1966, 21-1, pp. 59-70
- Elisabeth LONGUENESS, « Monde paysan et industrialisation en Syrie », Géocarrefour, 1979,
54-3, pp. 249-255
- Issam El-Zaim, « La réforme agraire en Syrie », Revue Tiers Monde, 1968, 34, pp. 508-518

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