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PAULET Antoine

Dissertation :
Dictature, modernité et développement dans la Yougoslavie de l'entre-deux-guerres.

Gouverner un pays n'est jamais une chose aisée mais, dans certains cas, il s'agît d'un
véritable défi, que ce soit à cause de tensions intérieures séditieuses ou réformatrices, d'ambitions
territoriales de voisins puissants, d'un contexte économique difficile ou de tous ces éléments à la
fois. La Yougoslavie, et ses dirigeants, est confrontée à ces problèmes durant l'Entre-deux-guerres,
qu'elle arrivera plus ou moins à surmonter.
En 1918, à l'issue de la Première Guerre mondiale, l'empire austro-hongrois est démantelé.
Le 1er décembre 1918, le Monténégro (déjà indépendant avant la guerre), la Voïvodine, la Bosnie-
et-Herzégovine, la Croatie et la Slovénie viennent compléter le royaume de Serbie, indépendant
depuis 1882, pour former le royaume des Serbes, Croates et Slovènes. De 1918 à 1921, Pierre Ier
est officiellement roi mais, pour des raisons de santé, son fils Alexandre est déjà à la tête du pays
comme régent. En 1921, Pierre Ier meurt et Alexandre Ier devient roi. Il fait voter la nouvelle
constitution au parlement avec une forte majorité (due à une très forte abstention de l'opposition, du
Parti paysan croate notamment). Le régime est alors une monarchie constitutionnelle. En 1928, le
président du Parti paysan croate, Stjepan Radić, est abattu en pleine séance à l'assemblée par un
député monténégrin nationaliste grand-serbe. Des tensions se forment et des émeutes éclatent. Pour
éviter la guerre civile, Alexandre Ier fait un coup d’État, dissout le parlement, aboli la constitution
et renomme le pays : Royaume de Yougoslavie. Il acquiert des pouvoirs dictatoriaux. Il provoque la
colère de beaucoup, y compris parmi ses soutiens principaux que sont les Serbes, à l'intérieur. et les
Français, à l'extérieur. Il finit assassiné à Marseille par un révolutionnaire bulgare de Macédoine en
1934. Son fils, Pierre II, est trop jeune pour régner donc c'est le régent Paul, le cousin d'Alexandre
Ier, qui va gouverner la Yougoslavie jusqu'en 1941. Paul est accusé d'être trop proche de l'Axe et un
coup d’État militaire pro-allié a lieu le 27 mars 1941. Le 6 avril, Hitler envahit la Yougoslavie. C'est
la fin de l'Entre-deux-guerres. Voilà donc pour le contexte politique des années 1918-1941, l'Entre-
deux-guerres yougoslave.
Il faut désormais définir les termes. Commençons par les plus simples. Selon le Larousse, la
dictature est un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un
groupe de personnes qui l'exercent sans contrôle, de façon autoritaire. Le développement est le fait
pour quelque chose de s'accroître, de progresser, de prendre de l'importance. D'un point de vue
économique, il s'agît d'une amélioration qualitative et durable d'une économie et de son
fonctionnement.
Le seul mot qu'il reste à définir est le mot pivot du sujet : modernité. On peut le voir comme
une modernité économique ou technique, ce que l'on pourrait qualifier de modernité objective. Si un
nouveau système ou un nouvel outil est meilleur qu'un ancien, alors il est plus moderne. Ainsi, on
comprend l'enjeu de la Yougoslavie du début du XXème siècle qui est un pays à moderniser, qui
manque d'industrie, de dynamisme. Cette modernisation peut se faire par une marche forcée et
autoritaire. C'est la voie empruntée par nombre de pays voulant rattraper leur retard à cette époque
comme l'URSS ou la Turquie. Elle permet de se passer du soutien du parlement, généralement
composé de bourgeois et de possédants ayant des intérêts divergents de ceux de l’État.
La modernité peut aussi être sociale ou politique, ce qui en fait une modernité subjective. On
considère comme avancé et moderne tout ce qui se rapproche des idées occidentales comme le
parlementarisme, la démocratie libérale, les droits de l'Homme, etc. A l'inverse de la modernisation
technique, la modernisation politique, ou l'occidentalisation, peut difficilement cohabiter avec
l'autoritarisme, vu comme un gouvernement obscurantiste d'un autre temps.
Enfin, cette idée de modernité induit une idée de progrès. On ne veut pas atteindre un point
connu duquel on ne bougerait plus ensuite. On veut faire constamment mieux qu'avant et, dans le
cas yougoslave, rattraper son retard à tous prix.
Dans quelle mesure la dictature peut-elle être un moteur de modernité et de développement
en Yougoslavie de l'Entre-deux-guerres ?
Dans un premier temps, nous étudierons la période constitutionnelle du régime, de 1918 à
1929. Dans un second temps, nous verrons le temps de la dictature personnelle d'Alexandre, de
1929 à 1934. Enfin, nous traiterons du retour à une forme de démocratie sous le régent Paul, de
1934 à 1941.
I] La monarchie constitutionnelle (1918-1929)
1) La réforme agraire : premier test d'une réforme autoritaire sur des groupes peu influents comme
les propriétaires austro-hongrois étrangers et les musulmans
2) Un royaume centré sur les Serbes
3) L'enlisement du jeu parlementaire à cause de la désertion de l'opposition

II] La dictature (1929-1934)


1) La victoire du jacobinisme sur le fédéralisme ; divisions territoriales en banovinas : efficacité
administrative et destruction des identités régionales
2) Une occidentalisation à marche forcée : l'interdiction du cyrillique au profit de l'alphabet latin
3) A la recherche des investisseurs étrangers

III] Le retour à la démocratie (1934-1941)


1) Une libéralisation de la pratique du régime mais pas des textes
2) L'impact des relations avec l'Axe et la France sur l'économie et les finances intérieures : la
Yougoslavie est-elle vraiment indépendante ?

Alexandre a tenté d'uniformiser la Yougoslavie sur le modèle français, en divisant les


provinces historiques en départements (banovinas), en unifiant l'alphabet, en redistribuant une
partie des richesses accumulées dans les mains de quelques uns. Prenant d'abord la voie de la
démocratie libérale occidentale, il finit par s'engager sur le chemin de la dictature, réprimant avec
fermeté les nationalistes et les fédéralistes. Sa mort prématurée vient arrêter cette dynamique et
l'inverser avec la politique du régent Paul. Il est difficile à dire si ces trois politiques menées
successivement ont été un échec ou un succès puisque ce qui a détruit la Ière Yougoslavie, c'est
l'invasion par l'Allemagne en 1941, pas une politique ratée du gouvernement.

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