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Langage et communications animales

Article in Langages · January 2002


DOI: 10.3406/lgge.2002.2404

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1 author:

Dominique Lestel
Ecole Normale Supérieure de Paris
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Langages

Langage et communications animales.


Dominique Lestel

Abstract
Results on animal communications have exploded these last 20 years. If nobody still thinks that animal may have a kind of
language as humans have, complexity of animal communications have been shown to be much more complex that what had
been previously thought: traditions, meta-communication, innovation and abilities to manipulate information through deception,
especially among primates, as well as great plasticity in referential processes have been observed. Simple syntaxes and
dialogic situations have also been shown among animal communications, but no species studied to date seem able to naturally
refer to presentles phenomena. We nevertheless must be cautious. Our intuitions about animal communications are often
wrong. Examples of not yet solved problems abond. We can refer to what G. Bateson said about inability of animal to express
negation, suggestion by P. Marier that play behaviour is the great analog with human language in animals, or D. Dennett's about
the lack of secrecy among vervet monkeys. It seems to be an illusory belief to look for THE great feature of human language,
compared with animal communications. It is more fruitful to consider that a number of meaningful differences distinguish
language and animal communications. Such a careful and technical position being adopted here had already been defended by
British biologist J.B.S. Haldane in the fifties, but it is still the best one.

Citer ce document / Cite this document :

Lestel Dominique. Langage et communications animales.. In: Langages, 36ᵉ année, n°146, 2002. L'origine du langage. pp. 91-
100;

doi : 10.3406/lgge.2002.2404

http://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_2002_num_36_146_2404

Document généré le 31/05/2016


Dominique LESTEL
École normale supérieure

LANGAGE ET COMMUNICATIONS ANIMALES

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du
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coup une pertinence nouvelle, de même que celle de savoir comment le langage a pu
émerger à partir des modes de communication de l'animal.

1. Les abeilles ont-elles un langage? Un débat manqué


dans les années 50

En 1952, Emile Benveniste publie un article sur les travaux de Karl von Frisch dans
le premier numéro de la revue Diogène. Le linguiste français estime que l'humain est
capable pour la première fois de se représenter le fonctionnement d'un « langage »
animal. Pour lui, les abeilles produisent et comprennent de véritables messages et elles
manifestent une réelle aptitude à symboliser en établissant une correspondance
« conventionnelle » entre leur comportement et la localisation d'une source de
nourriture. Cette communication symbolique est pourtant loin d'être un langage humain.
E. Benveniste attire en effet l'attention sur sept différences qui empêchent d'assimiler
le « langage » des abeilles et le langage humain. 1) Le message des abeilles passe
exclusivement par la danse alors que le langage humain est vocal par essence. 2) La
communication des abeilles s'effectue nécessairement à la lumière, alors que le langage
humain reste efficace dans l'obscurité. 3) Les abeilles ne connaissent pas le dialogue
qui est la condition du langage humain. 4) L'absence de dialogue conduit les abeilles à
ne communiquer que sur une donnée objective. Benveniste souligne en particulier
qu'aucune abeille ne peut reproduire un message qui est convoyé par un autre insecte
si elle-même n'a pas été directement témoin de ce à quoi le message se réfère. Aucune
abeille, autrement dit, ne peut construire de message à partir d'un autre message. 5) Le
message de l'abeille se rapporte toujours à la nourriture et les seules variantes
concernent les données de sa localisation spatiale. 6) Chez l'abeille, il existe un rapport
nécessaire entre la référence objective et la forme linguistique qui n'existe pas dans le
langage humain. 7) Enfin, le message des abeilles ne se laisse pas analyser. Il n'y a pas
cette double articulation par laquelle Martinet caractérise le langage humain.

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E. Benveniste conclut de ces écarts que la communication des abeilles n'est pas un
langage mais un code de signaux.
En 1954, dans le numéro 7 de la même revue, K. von Frisch répond à Benveniste
dans une lettre à la rédaction. Après avoir corrigé quelques données factuelles du
linguiste, l'éthologue autrichien souligne en particulier que le contenu du message ne
se rapporte pas toujours à un seul phénomène, la nourriture, mais aussi au choix d'un
logement. Le langage des abeilles, estime von Frisch, est plus « merveilleux » que ce
qui existe chez les autres animaux.

2. Comparer communications animales et langage

50 ans après ce débat où en sommes-nous ? Reprenons et complétons les objections


d'E. Benveniste à la lumière des travaux les plus récents en éthologie.
• Qu'il n'y ait pas de message élaboré à partir d'un autre message chez l'animal est
en partie vrai seulement. Car s'il n'y a pas de transmission de message chez l'animal,
on trouve en revanche des traditions sur la façon de transmettre des messages chez
certains animaux. On peut ainsi citer le cas du singe vervet, dont l'usage approprié des
cris d'alarme et les réponses que ces derniers suscitent en retour sont traditionnels
(Seyfarth & Cheney, 1997), ou celui des orques et des baleines (Bain, 1986). Plus
généralement, chez de très nombreux animaux les dialectes correspondent à des
caractéristiques locales et acquises des modes de communication qui se transmettent entre
générations (Grant «Se Grant, 1996).
• La reflexivitě est la capacité de communiquer sur la communication et les exemples
de méta-communication abondent chez l'animal, sans être nécessairement phatiques.
Les femelles des singes écureuils (Saimiri sciureus) qui ont une affiliation forte entre
elles échangent des cris qualifiés de « chuck » (Newman & Symmes, 1982). S'agit-il
réellement de « commentaires » sur la relation sociale en cours comme on l'a suggéré ?
G. Bateson (1955) a estimé que des signaux de jeux utilisés par certains animaux
entrent dans cette catégorie1 ainsi que le partage des motifs de chants par des oiseaux
qui sont socialement proches. Chez ces derniers, Charles Snowdon estime qu'il ne
s'agit pas vraiment de communication sur la communication mais du recours à un
plus haut niveau d'abstraction que les communications les plus habituelles qui portent
sur les états émotionnels, la nourriture ou les prédateurs. La question du jeu, soulevée
par G. Bateson, n'est pas la seule occurrence de méta-communication chez l'animal. On
l'observe aussi quand un animal adulte « corrige » un jeune qui s'exprime
incorrectement, par exemple quand un jeune vervet émet un signal d'alarme dans un contexte
qui ne le justifie pas (Seyfarth & Cheney, 1980).
• L'ouverture permet à la langue de construire de nouvelles expressions à travers sa
structure grammaticale et d'assigner de nouvelles significations à des éléments
nouveaux ou anciens. De façon plus générale, les capacités d'innovation de l'animal
sont beaucoup plus importantes que ce qu'on croit en général. Jane Goodall (1968) a
ainsi décrit des modes passagères de manipulation de végétaux. De même T. Nishida
(1980) a signalé à Mahale l'apparition d'un comportement qui exprime la frustration, le

1. Quand un animal joue, il « dit » aussi à son partenaire : « ceci est un jeu >

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« leaf-clipping », le « pinçage-de-feuilles », qui n'existe pas ailleurs. On pourrait
multiplier les exemples, mais c'est dans le chant des oiseaux ou des baleines que
l'innovation est la plus constante.
• On a observé des tromperies et des ruses chez de nombreuses espèces de primates et
ce phénomène s'inscrit à l'encontre d'une trop grande rigidité de la référence des
messages. Un certain nombre d'animaux ne sont pas seulement capables de donner un
autre sens à ce qu'ils expriment (dans le cas du jeu) mais ils semblent aussi être capables
de manipuler le sens de leurs expressions, c'est-à-dire de référer sciemment à une
situation ou à un phénomène qui n'existe pas. La littérature sur la tromperie et la ruse s'est
beaucoup développée depuis l'article de Byrne et Whiten (1988) sur l'intelligence machia-
vélienne des primates. Celle-ci concerne surtout de faux comportements et non de faux
messages en général, mais ces derniers existent néanmoins chez l'animal. Les meilleurs
exemples portent encore sur les oiseaux. Merles noirs (Turdus merula) et grives
musiciennes (Turdus philomelos) lancent de faux cris d'alarme, alors que les prédateurs signalés
sont absents (Thielke & Thielke, 1964). C'est une situation qui arrive d'ailleurs plutôt
quand la compétition pour la nourriture oppose des oiseaux d'espèces différentes. Un tel
comportement est également observé chez les mésanges (Moller, 1988) ou chez des
espèces d'Amazonie (Lanio versicolor et Thamnotnanes schistogynus) (Munn, 1986).
• Les communications animales sont-elles toutes dépourvues d'une double
articulation ? Des syntaxes simples ont été rapportées chez les tamarins (Saguinus
oedipus) (Cleveland & Snowdon, 1982), les ouistitis nains (Cebus pygmaea) (Pola &
Snowdon, 1975), les capucins (Cebus olivaceus) (Robinson, 1984), ou les macaques
rhésus (Hauser & Fowler, 1991). Les mésanges à tête noire structurent même leurs
chants selon une authentique (et primitive) grammaire generative - et ce sont les seuls
animaux non humains qui sont connus pour avoir cette particularité (Hailman et
Ficken, 1987 ; Hailman, Ficken & Ficken, 1987 ; Hailman et alii, 1985), même si elles
n'ont visiblement pas la capacité de générer un nombre infini de combinaisons.
Chaque structure séparée de ces chants d'oiseaux a-t-elle une signification distincte ?
Dans l'état actuel de nos connaissances, aucune donnée n'accrédite une telle
hypothèse, en particulier chez les mésanges à tête noire. C. Snowdon (1999) estime
néanmoins que cette objection est faible à partir du moment où Chomsky peut écrire que
« Colorless green ideas sleeps furiously » illustre le travail de la grammaire en
l'absence de toute signification fonctionnelle. La combinaison des « cris » individuels
en phrases qui maintiennent la signification des éléments individuels se rencontre
cependant chez les tamarins et chez les capucins. Certains cris de singes ont ainsi une
structure ABC, mais il reste difficile de déterminer si la structure CBA est sémanti-
quement différente ou si elle est interprétée de la même façon par les singes. À noter
cependant que les langues de signes, reconnues aujourd'hui comme des langues
authentiques, ne possèdent pas cette double structure.
• Exclure le dialogue des communications animales est sans doute un peu rapide.
J. B. S. Haldane (1953) remarquait que les abeilles prennent des décisions de façon
interactive pour choisir le site d'une ruche. Par ailleurs, des occurrences qui se produisent
au cours d'interactions complexes entre deux ou trois animaux ont été décrites d'une
façon qui pourrait prendre la forme d'un dialogue. Tous les rituels duo qui ont été décrits
en éthologie peuvent ainsi être caractérisés comme des dialogues, même s'ils sont figés, et
s'ils restent très répétitifs. Les oiseaux chanteurs peuvent aussi apprendre le dialecte
d'une autre population, ou le chant d'une espèce différente avec laquelle ils sont en
contact (Mundiger, 1970 ; Nowicki, 1989 ; Hausberger et alii, 1995). Des phénomènes

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voisins sont observés chez des primates. Quand on élève ensemble des mères de
macaques rhésus ou de macaques japonais, les unes et les autres apprennent à répondre aux
cris de leurs enfants adoptés. De même, les singes vervets sont sensibles aux cris d'alarme
des spréos superbes (Sprea superbus) (Hauser, 1988), mâles et femelles gibbons à mains
blanches se coordonnent de façon élaborée au cours de leurs chants (Deputte, 1982), et les
animaux domestiques répondent aux ordres des humains.
• Un critère d'unicité supposée du langage humain concerne sa capacité à percevoir
des sons de parole comme parole. Les enfants discriminent les sons avant de pouvoir
les exprimer. On a pu montrer par ailleurs que des espèces non humaines montrent
qu'une perception des catégories et la capacité à percevoir des sons n'est pas une
fonction qui dépend de la capacité à les produire et que de nombreuses espèces non
humaines catégorisent leurs propres sons. Les macaques japonais, par exemple, ont
sept variantes différentes de la vocalisation du Coo qui sont utilisées dans des
contextes différents (S. Green, 1975).
Pour revenir aux abeilles (Apis mellifera) évoquées par E. Benveniste, leur danse en
vol constitue toujours un très bon exemple non humain de déplacement. Comme von
Frisch, l'un des meilleurs spécialistes des abeilles, James Gould estime toujours que
leurs danses peuvent être considérées comme un authentique langage. Elles se réfèrent
en effet à des fleurs qui sont éloignées dans l'espace et dans le temps et leur structure
s'appuie sur des conventions arbitraires (Gould & Gould, 1988). La direction du soleil,
par exemple, est associée à un « en haut » d'une façon que rien n'impose. Pour Apis
mellifera carnica, une distance de 45 mètres est représentée par un frétillement. Le
même comportement correspond cependant à une distance de 20 mètres pour
A.m.ligustica et à une distance de 12 mètres pour A.m. lamarckii. Ces conventions sont
donc arbitraires, mais c'est un arbitraire de l'espèce. D'autre part, la dimension
symbolique des danses ne fait plus de doute comme le montre une expérience ingénieuse.
Gould (1974, 1975a, 1975b) fait en effet « mentir » les abeilles recruteuses quand elles
indiquent l'endroit où est localisée la nourriture convoitée en manipulant
expérimentalement leur environnement. Les abeilles recrutées se rendent ainsi à l'endroit qui est
indiqué à tort par la danse et non à celui où se trouve effectivement la nourriture. À la
même époque, Schricker (1974) empoisonne des recruteuses avec du parathion. Il les
conduit par là-même à surestimer la distance qui sépare le nid et la source de
nourriture et les recruteuses se rendent de façon préférentielle à l'endroit qui est désigné par
les recrutées, et non là où se trouve effectivement les ressources nutritives. De
nombreux points restent pourtant troublants. Les danses silencieuses restent
inefficaces et les raisons pour lesquelles les danses sont si imprécises quand la nourriture est
proche de la ruche restent obscures. Même pour des sources plus éloignées, des
caractéristiques importantes comme la hauteur à laquelle se trouve la source visée ne sont
pas référenciées. La danse des abeilles apparaît comme un curieux mélange à la fois
étonnamment précis et bizarrement inefficace. Contrairement aux années 50, les
abeilles ne sont plus considérées comme aussi exceptionnelles quand on compare leurs
communications à celles d'autres espèces. С Boesch (1991) a décrit par exemple des
chimpanzés communs (Pan troglodytes) sauvages qui utilisaient2 un curieux mode de
communication en tambourinnant contre des arbres dans la forêt et Savage-Rumbaugh
et al. (1996) ont expliqué longuement les raisons qui les conduisent à penser que des

2. J'emploie l'imparfait car c'est curieusement un mode de communication limité dans le temps et
dans l'espace, de surcroît restreint aux grands mâles.

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bonobos sauvages (Pan paniscus) du Zaïre donnent des indications sur les chemins
suivis et les directions adoptées pour se retrouver le soir.

3. La situation problématique des primates

Malgré ces derniers travaux, les primates posent un problème délicat quand on
cherche à comprendre l'émergence du langage. Génétiquement très proches de
l'humain, puisqu'ils partagent plus de 98 % de nos gènes, ces animaux possèdent
quelques-uns des comportements sociaux et techniques les plus complexes jamais observés
chez un animal alors que leurs communications restent d'une grande primitivitě,
surtout si on les compare à certains chants d'oiseaux. Peter Marier (1970) s'est même
demandé s'il n'y aurait pas plus de convergence entre les chants d'oiseaux et le
langage qu'avec n'importe quel autre système de communication animale. Les chants
des gibbons, pour ne parler que d'eux, ont des caractéristiques qui suivent les lois de la
génétique quand on croise des espèces différentes ; ils sont donc sous contrôle
génétique. De même, les expressions vocales de macaques rhésus qui sont élevés isolément
diffèrent peu de celles de leurs congénères qui ont été élevés normalement (Seyfarth &
Cheney, 1997), alors que des oiseaux qui ont été élevés dans la solitude ou qui sont
sourds restent incapables de chanter normalement. Humains et oiseaux ont une
production vocale qui est très différente de celle des primates non humains.
Ce problème théorique est plutôt un problème méthodologique. C. Snowdon, qui
estime que les cris d'alarme ont été indûment privilégiés, adopte une autre approche.
Il s'intéresse aux expressions vocales à travers lesquelles les ouistitis maintiennent des
relations affiliatives entre compagnons sociaux. Il trouve ainsi une flexibilité des
communications qui rend plausible l'établissement de lignes de convergence avec le
langage. Il montre en particulier que les ouistitis nains (Cebuella pygmaea) et les
tamarins (Sanguinus oedipus) témoignent d'une plasticité vocale remarquable. Au moyen de
trilles vocales, les ouistitis nains lancent des appels modulés individualisés dont la
fréquence possède une intonation élevée. Ni reflexives ni automatiques, ces séquences
s'organisent selon un ordre régulier de « prise de parole » (Snowdon & Cleveland,
1984). Chaque ouistiti visualise ainsi une « carte » sociale de son groupe. Quand deux
colonies se réunissent, leurs trilles respectives se transforment de la même façon que
des humains modifient leur langue quand ils rejoignent un nouveau groupe social.
Le babillage de ces ouistitis nains pendant les vingt premières semaines de leur vie
présente de surcroît une structure voisine de celui des bébés humains (Elowson et alii,
1998). Précoce, rythmique et répétitif, il puise dans un sous-ensemble des sons adultes.
Sur 21 000 appels étudiés, 71 % ressemblent à des appels d'adultes, et 19 % sont reconnais-
sablés comme des variantes d'expressions adultes. Chez les bébés humains et chez les
petits ouistitis ce babillage dépourvu de référentiel constitue un acte social. Loin d'être un
artefact de laboratoire, on le trouve aussi chez les ouistitis nains sauvages et chez d'autres
espèces du genre Callithrix comme les ouistitis communs (C.jacchus) et les ouistitis argent
(Cargentata). Le ouistiti apprend clairement à vocaliser à travers ce babillage. Comparés à
ce dernier, les chants immatures des oiseaux sont plus éloignés du babillage des bébés.
Chez les oiseaux, ce sont généralement les mâles qui chantent dans l'hémisphère nord et
la période de babillage commence avec la puberté. Ce chant ne représente d'ailleurs que
l'une des nombreuses vocalisations de l'oiseau. Chez les enfants humains, au contraire, le
babillage commence bien avant la puberté, il n'est pas propre aux mâles, et il inclut un
large nombre de phonèmes qui seront utilisés plus tard dans la parole.

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Enfin, l'ontogenèse des vocalisations enregistrées pendant le partage de nourriture
chez les ouistitis suggère qu'il existe une forme d'enseignement de la part des adultes
qui faciliterait l'approvisionnement précoce des enfants et l'usage approprié des
appels associés à de la nourriture.
L'approche de C. Snowdon est frappante, parce qu'elle suggère que les
communications des primates les plus proches de celles de l'humain se trouvent chez des petits
singes à queue sud-américains, des capuccins, et non chez les grands singes
anthropoïdes africains. Cette proximité est de surcroît accentuée au niveau du babillage des
bébés et non à celui des communications adultes. Cette situation est exemplaire des
difficultés que nous rencontrons quand nous essayons de tracer un tableau cohérent
des communications animales et que nous tentons de les comparer avec celles de
l'humain. De multiples difficultés rendent pourtant un tel projet assez problématique.

4. Des questions qui restent en suspens

Dans les pages qui précèdent, j'ai tenté de montrer qu'il est extrêmement difficile
de déterminer avec précision ce qui distingue le langage humain des communications
animales en toute rigueur. L'une des raisons de cette situation tient à la difficulté de
faire entrer cette question dans une problématique continuiste ou discontinuiste
simple. Toutes les caractéristiques du langage humain se retrouvent à un degré ou à
un autre dans les communications animales ; mais le langage est le seul système de
communication à avoir toutes ces caractéristiques ensemble (Snowdon, 1999). De ce
point de vue, les scénarios qui cherchent à reconstituer la phylogenèse du langage se
trouvent dans une posture délicate. Tous tiennent en effet pour acquis que nous avons
une représentation satisfaisante des communications animales, ce qui est loin d'être le
cas, et que le langage présente un avantage adaptatif déterminant que nous avons la
possibilité de reconstituer, ce qui ne va pas de soi.
• II est illusoire de chercher LA caractéristique du langage. L'étude minutieuse des
communications animales laisse plutôt penser que le langage se distingue par le biais
d'une multitude d'écarts signifiants. C'était d'ailleurs, implicitement, la démarche
d'E. Benveniste qui cherchait à distinguer le « langage » des abeilles et le langage humain
dans le détail technique de leurs caractéristiques respectives. Repérer ces écarts constitue
un véritable travail de taupes et nous ne cherchons pas nécessairement aux meilleurs
endroits. Prenons à titre d'exemple une différence entre le langage et les chants d'oiseau
qui n'est jamais discutée mais qui est pourtant massive : leur durée physique. L'oiseau
chante rarement des séquences qui excèdent 15 secondes. Encore sont-elles rares. La
plupart des oiseaux ne dépassent pas 6 secondes, et la moyenne s'établit autour de 3
secondes, comme la plupart des perroquets. Seuls l'homme et la baleine à bosses ont des
séquences non répétées qui ont des longueurs plus longues (Harshorne, 1974).
• On pourrait multiplier les exemples de problèmes ponctuels qui restent encore
largement en friche ou d'intuitions qui attendent encore d'être sérieusement discutées. Ainsi,
la remarque de G. Bateson qui caractérise la communication animale par son
impossibilité d'exprimer la négation est-elle malheureusement restée lettre morte, comme celle de
P. Marier (1977) selon laquelle c'est le jeu qui est le grand analogue au langage humain,
ou celle de D. Dennett (1987) qui s'interroge sur l'absence de secret chez les singes
vervets. Il n'existe pas d'étude sur les métaphores chez l'animal à l'exception d'une
remarque de G. Bateson (1966) qui en décrit l'usage par un loup du Brookfield Zoo à
Chicago. Le chercheur britannique observe le chef de bande se diriger vers son rival qui

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copule avec une femelle à laquelle il n'a normalement pas accès ; mais au lieu de mettre
en pièces l'impudent, il lui abaisse quatre fois la tête avant de repartir. G. Bateson
interprète ce comportement comme une action métaphorique par laquelle le chef de la meute
exprime le fait qu'il est un adulte et un aîné et que l'autre n'est qu'un bébé.
• Nos intuitions à propos des communications animales sont de surcroît souvent
fausses. Si le langage permet de développer des formes propres de narrativité, il n'en
est pas lui-même une condition nécessaire. Dès que se dégage une possibilité de mime
émerge une narrativité potentielle. Un animal qui joue raconte déjà une histoire
comme celui qui trompe un concurrent potentiel. Un bon exemple de la faiblesse de
nos intuitions sur les communications animales concerne les mammifères marins. Les
dauphins, en particulier, ont suscité de nombreux espoirs dans les années 60. Maints
cétologues pensaient que les dauphins, qui sont incontestablement des animaux
exceptionnellement intelligents, doivent posséder un système de communication d'une très
grande complexité. Gregory Bateson était représentatif de ces espoirs. Dans les années
60, il exprimait l'idée que si le dauphin n'avait certainement pas un langage comme
celui de l'homme, son système de communication devait en revanche être très élaboré.
Il caractérisait la communication animale comme une communication analogique qui
porte sur les relations et le langage comme une communication digitale qui porte
plutôt sur les choses. Dans ce tableau, le dauphin constitue à lui seul une catégorie
avec une communication digitale qui porte sur les relations. Si un tel « langage-
dauphin » existe, il reste encore à être trouvé. Par contre, les sifflements d'identité des
dauphins, dont l'hypothèse a été originellement émise par Caldwell & Caldwell (1968),
a récemment fait l'objet d'études longitudinales qui en ont révélé la richesse et la
complexité (B. McCowan & D. Reiss, 1995).
• La position prudente et technique éloignée des grandes généralisations que j'adopte
ici a déjà été défendue, d'une certaine manière, au cours de la controverse qui opposait
E. Benveniste et K. von Frisch, mais ni par le linguiste français ni par l'éthologue
autrichien. Un troisième personnage apparaît en effet en contrejour dans ce débat. Si son
intervention est oubliée aujourd'hui, elle n'en reste pas moins la plus intéressante à
mon sens. Le biologiste anglais J. B. S. Haldane répond en effet lui aussi à Benveniste
dans un article de Diogène publié en 1953. Loin de se focaliser d'emblée sur les
différences et similitudes entre le « langage » des abeilles et le langage de l'homme,
J. B. S. Haldane adopte une approche très différente en se demandant ce qui distingue
et ce que lie une action et une communication. J. B. S. Haldane ne nie pas la portée des
découvertes de von Frisch. Au contraire, il écrit que celles-ci sont comparables au
déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion. Mais il importe de distinguer
soigneusement ce qui est décrit et l'interprétation qui en est donnée. Dans une ruche, les
abeilles exécutent incontestablement des mouvements qui suscitent en retour des
réponses chez d'autres abeilles ; doit-on en conclure pour autant que les premières
communiquent une information sur la source de nourriture repérée ? Pas
nécessairement. Quelques-uns de ces mouvements peuvent aisément être considérés comme des
façons d'exprimer l'action à venir. Haldane en conclut logiquement que la distinction
entre communication et action n'est pas aussi claire qu'elle en a l'air. Non seulement
l'animal peut exprimer des mouvements d'intention mais il peut de surcroît y
répondre. Plus ces mouvements seront ritualisés et plus aisée en sera la réponse.
Haldane suggère donc que la danse des abeilles est un mouvement d'intention
extrêmement ritualisé avant une sortie qui amène n'importe quelle autre abeille à effectuer une
sortie semblable plutôt que la communication d'un message. La danse des abeilles est
une prédiction de ses mouvements futurs plutôt qu'une description de ses mouvements

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passés. Surtout, il tire de son interprétation une conséquence intéressante sur une
particularité du langage humain qui a permis le passage du discours évocateur qui vise
l'avenir au discours descripteur qui parle du passé. L'humain est celui qui s'intéresse au
passé. L'homme diffère des autres animaux par ses rapports avec le temps et les
rapports de communication entre les hommes doivent être jugés dans cette perspective.
Haldane estime que les danses des abeilles sont intéressantes à cause de leur
« ambiguïté temporelle » qui en font à la fois des prophéties et des histoires.

5. Conclusion

Ceux qui abordent la question de l'apparition du langage dans une perspective


évolutionniste suivent en général une démarche classique. Ils commencent par isoler
une caractéristique déterminante du langage qui n'existe dans aucune communication
animale. Ils cherchent ensuite à mettre en évidence les avantages adaptatifs qui en
découlent. Ils déterminent enfin les raisons de son émergence et de son adoption par le
groupe humain dans lequel elle est initialement apparue. Une telle démarche
rencontre de multiples difficultés.
Elle suppose suffisamment connues les communications animales pour déterminer
avec un minimum de fiabilité ce qui leur manque par rapport au langage. Elle requiert
une connaissance minimale des usages du langage et une représentation satisfaisante
du passage des qualités structurelles du langage aux avantages comportementaux que
procurent les langues. Les chercheurs qui adoptent cette approche considèrent qu'ils
ont une représentation efficiente du contexte écologique des premiers hominidés
parlants et qu'ils peuvent déterminer avec une exactitude raisonnable les
comportements qui sont privilégiés par l'usage concomitant du langage. Trop souvent, les
auteurs de ces scénarios tiennent pour acquis qu'un avantage théorique du langage
conduit nécessairement à son exploitation adaptative méthodique alors que la faculté
de le faire est aussi une compétence qu'il faut expliquer de façon adaptative. Les
tenants de cette approche estiment par ailleurs qu'ils ont une idée claire de la nature
des preuves empiriques qu'ils pourraient apporter pour valider ou réfuter ses
hypothèses théoriques. Enfin, une telle approche néglige habituellement de déterminer les
inconvénients et les coûts d'un accès au langage alors même que ces informations sont
indispensables pour déterminer dans quelle mesure l'usage du langage est vraiment
adaptatif par rapport aux autres modes de communication animale.
Communications animales et langage doivent donc être replacés dans une
économie cognitive et sociale plus large pour être comparés de façon féconde et pour
comprendre comment le deuxième a pu émerger des premières. Au contraire de
N. Chomsky, je ne vois aucun obstacle majeur intrinsèque qui pourrait empêcher le
succès d'une telle entreprise ; au contraire des évolutionnistes comme S. Pinker, je ne
pense pas que nous ayons actuellement des informations suffisantes pour l'évaluer
justement. Les communications animales sont le plus souvent décrites comme des
sous-langages. Il est alors aisé, en partant de cette représentation, d'en déduire que le
langage permet une communication plus performante que celle de tout autre espèce et
de chercher les raisons adaptatives qui ont conduit à cet état de fait. Une telle vision
nous flatte sans doute mais ne repose sur rien de tangible. Une authentique écologie
comparée de la rationalité permettrait de pouvoir l'affirmer en toute rigueur, et celle-ci
reste encore à l'état de projet.

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Les animaux ne parlent certainement pas au sens où un humain peut le faire. Les
difficultés se situent dans une caractérisation juste de la complexité des
communications animales. Un système de communication peut être moins complexe que le langage
et être néanmoins très complexe. Un obstacle majeur à une appréhension juste des
zoosémiotiques tient d'ailleurs plus à notre ethnocentrisme qu'à un anthropomorphisme
de principe, au demeurant assez inconsistant, auquel nous faisons en général allusion.
Nous appréhendons encore trop les communications animales comme des espèces du
langage tel que nous le concevons dans nos propres cultures - en insistant par exemple
sur le message qui serait convoyé par l'animal. Nous ne devons pas sous-estimer les
pièges d'une caractérisation du langage humain lui-même qui résulte conjointement
d'une histoire phylogénétique, d'une histoire culturelle et d'une histoire individuelle.
Nous avons beaucoup de mal à appréhender ce qui est en jeu dans le recouvrement
de ces temporalités de nature différente au sein desquelles évolue le langage. Benve-
niste estimait que l'une des différences majeures qui séparent les communications de
l'animal et le langage de l'homme renvoie à la capacité de ce dernier de pouvoir parler
de tout. Comme ironisait Haldane, comment s'assurer d'une telle compétence ? Il est
sans doute plus exact, et tout aussi impressionnant, de dire que le langage permet de
parler d'infiniment plus de choses que n'importe quelle communication animale, selon
des modalités sans équivalents chez ces dernières.

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