Exploration biochimique
de la fonction
corticosurrénalienne
Laurent Bermont, Emilie Grandclément, Patrice Faure,
Sophie Mary
1. Lacorticosurrénale, une glande endocrine
1.1. Rappels anatomiques et physiologiques
1.2. Biosynthése des hormones corticosurrénaliennes
1.3,Pathologies de la glande corticosurrénalienne
2, Marqueurs des fonctions corticosurrénaliennes
2.1. LACTH, marqueur hypophysaire
2.2.Les glucocorticoides le cortisol ou composé F
2.3.Les minéralocorticoides :laldostérone
24,Les androgénes surrénaliens
2.5. Marqueurs du métabolisme intermédiaire des stéroides surrénaliens
3. Exploration des dysfonctionnements corticosurrénaliens
3.1. Hyperfonctionnements surrénaliens
3.2. Hypocorticismes ou insuffisances surrénaliennes
4,Conclusion
yy,HMMM EXPLORATIONS EN BIOCHIMIE MEDICALE
ea aes
ENDOCRINE
La corticosurrénale assure la synthase et la sécré-
tion d’hormones stéroides liposolubles. Elle forme, avec,
les structures hypothalamo-hypophysaires, l'axe corti-
cotrope. La corticosurrénale, indispensable a la vie, est
fortementimpliquée dans la réponse adaptative au stress
en association avec la médullosurrénale. Ces éléments
font de la surrénale un acteur de nombreuses patholo-
gies et Vobjet d'explorations cliniques et biologiques
poussées.
IE Rappels anatomiques et physiologiques
Lacorticosurrénale représente 90 % de la glande surré
nale. D'un point de vue histologique, elle est subdivisée en,
trois zones ayant chacune une spécificité fonctionnelle :
~ lazone glomérulée, la plus externe, lieu de synthése
du principal minéralocorticoide, 'aldostérone ;
~ la zone fasciculée, la plus volumineuse (75 % de la
corticosurrénale), lieu de synthése des glucocorti-
coides dont le cortisol ;
~ lazone réticulée, la plus interne, lieu de synthése des
androgines surrénaliens, précurseurs de la testos-
térone, principalement la déhydroépiandrostérone
(DHEA) et son sulfate (S-DHEA).
Ces stéroides lipophiles agissent sur les cellules cibles
par Pintermédiaire de récepteurs solubles nucléaires. Les,
complexes ligand-récepteur se lient 4 des éléments de
réponse présents dans les séquences régulatrices de genes.
La régulation hormonale de laxe corticotrope fait
intervenir des hormones peptidiques et des stéroides cor-
ticosurrénaliens (figure 22-1). La corticolibérine (CRH, cor
ticotropin releasing hormone) d'origine hypothalamique est
libérée dans le systéme porte hypothalamo-hypophysaire
de facon pulsatile. Elle est retrouvéedans le compartiment
plasmatique avec une demi-vie d’environ 4 minutes.
La CRH stimule la zone corticotrope de lantéhypo-
physe et active la synthase et la libération de corticotro-
phine ou ACTH (Ty), plasmatique = 20 minutes). Dans
une moindre mesure, la sécrétion ¢’ACTH est régulée par
hormone antidiurétique (ADH), propriété mise en ceuvre
dans certaines explorations dynamiques. UACTH active la
synthase de cortisol et d’androgenes respectivement dans
les zones fasciculée et réticulée de la corticosurrénale. Les,
secrétions périphériques exercent un rétrocontrole néga-
tif sur la séerétion ¢’ACTH (voir figure 22-1),
exploration de l'axe corticotrope nécessite @ la fois: (i) le
dosage statique des différentes hormones stérordes et pepti-
iques, ainsi que (i) des épreuves dynamiques pour appré-
ier I'intégrité ou préciser les défaillances de la regulation et
du fonctionnement de I'axe,
Hypothalamus
Rénine
[#_____
Angiotensine I
Antéhypophyse
Figure 22.
Act KF
GRTEX SURRENA
Régulation de 'axe corticotrape. LACTH exerce un rble trophique sur ensemble du cortex surrénalien. La zone
‘glomérulée est placée sous le contrdle de principal du systéme rénine-angiotensine, alors que les zones fasciculée et réticulée
sont dépendantes de ACTH. Le cortisol seul exerce un rétracontrole négatif hypothalamo-hypophysair.
320CHAPITRE 22 Ml EXPLORATION BIOCHIMIQUE DE LA FONCTION CORTICOSURRENALIENNE
TH Biosynthése des hormones ~ I'hyperaldostéronisme primaire ou secondaire 4
corticosurrénaliennes Vorigine d’hypertensions artérielles endocriniennes
d'étiologies adénomateuses ou hyperplasiques, ou
La biosynthése des stéroides surrénaliens s'effectue ligs a des pathologies rénales
partir du cholestérol et de action coordonnée d'un _- 'hyperandrogénie, associe a des formes cliniques
ensemble d'enzymes de type cytochrome P450. Leur pro- variées et reposant sur des processus tumoraux ou
fil d'expression explique une biosynthése spécialisée de des blocs enzymatiques ;
chaque zone (figure 22-2). Ces hormones sont sécrétées _» les hypofonctionnements, ou insuffisances surréna-
au fur et mesure de leur biosynthése, sans stockage intra liennes primitives ou secondaires, liés 4 des degrés
cellulaire. LACTH intervient & court terme dans la régula- divers a des déficts en aldostérone, en cortisol et en
tion dactivités enzymatiques (P450scc, 3B-HSD) et & long androgenes:
terme dans Vexpression des enzymes de la stéroidogenése la maladie d’Addison ou insuffisance surrénalienne
dans les zones fasciculée et réticulée. lente;
~ Vinsuffisance corticotrope secondaire a un déficit en
ACTH ou CRH;
EI Pathologies de la glande ~ Vinsuffisance surrénalienne aigué qui constitue une
corticosurrénalienne urgence médicale.
Les dysfonctionnements sont schématiquement divi-
sés en deux grands groupes:
+ les hyperfonctionnements
= Phypercorticisme (ou syndrome de Cushing) dont [RU GATROS GLa
les manifestations cliniques et métaboliques ré-
sultent d'une hypersécrétion de cortisol, et dont les Les dosagesdes différents stéroides peuvent étre réalisés
Gtiologies sont trés diverses (maladie de Cushing, par des techniques immunométriques chaudes ou froides,
sécrétion ectopique dACTH, adénome, corticosurré- encore largement utilisées, ou, de plus en plus, par des tech,
nalome...); niques plus sensibles (chromatographie en phase gazeuse
ST SES
ass
Zone glomérulée
Cholestérol Te ervorytace
a oerCiaee) | 38-HSD 2Aa-hydroxylase 14-hydroxylase peter
A5-prégnénolone ——» Progestérone —L» Désoxycorticostérone —-» Corticostérone —-» Aldostérone
| / "zone fascioulse
Yahydroxy ——> 1Ta-hydroxy, +> 11-désoxycortisol. ~—+> Cortisol
prégnénolone —_—progestérone
17,20 desmolase Zone réticulée
ou lyase
tTeyerontese |
DHEA = ——PA4-androsténedione~-—_[Testostérone]
178-HSD
Figure 22-2. Biosynthése des stéroides surrénaliens et topographie spécialisée des activités enzyrnatiques. (DHEA
dénydroépiandrostérone ; Cholestérol 20,22-desmolase (P450scc ou CYPLIAI) ; 17a-hydroxylase (P450c17 ou CYP17) ;
17,20 desmolase (P450c17 ou CYP17) Rq : les activités 17a-hydroxylase et 17,20 desmolase sont portées par la méme
enzyme CYPI7AI ; 21a-hydroxylase (P450c21 ou CYP21A2) ; 11B-nydroxylase (P450c11 ou CYP11B1 intervenant dans
la biosynthése du cortisol ; Aldostérone synthase (P450c11AS ou CYP1182) enzyme regroupant 3 activites enzymatiques
nécessaires pour la biosynthése de Valdostérone : 11B-hydroxylase, 18-hydroxylase et 18-hydroxystéroide déshydrogénase
ou 18-HSD ; 17B-HSD : 17B-hydroxystéroide déshydrogénase ou 17B-cétostéroide réductase ou 17B-HSD17B3 ; 3-HSD
3B-hydroxystéroide déshydrogénase). Les quantités de testostérone synthétisées et sécrétées par les surrénales sont non
Signfcatives chez homme et représentent environ 15 % de T circulante chez la femme non ménopausée.
321(MMMM EXPLORATIONS EN BIOCHIMIE MEDICALE
associée a la spectrométrie de masse [GC-MS] ou chroma~
tographie en phase liquide associée & la spectrométrie de
‘masse en tandem [LC-MS[MS]). Le dosage se fait sur sérum
‘ou plasma (EDTA), Certains se font sur urines ou salive.
Toutes les valeurs des concentrations plasmatiques ou
urinaires des paramétres figurant dans ce chapitre sont
données & titre indicatif en raison des variations suivant
les trousses et les techniques de dosages (tableau 22-1)
Tableau 22-1. Valeurs usuelies de parameétres utiles dans
exploration de axe corticotrope. Ces valeurs sont issues de
techniques immunométriques et peuvent varier suivant la
trousse.
Cree)
eee ae
Aan 1,1-11,1 pmol 5-50 pg/mL.
A minut < 1,1 pmol <5 peimL
erent
Se et
* Cortisol plasmatique ou sérique chez I'adulte
EntreGhet9h 170-540 nmol. 62-195 pg/L.
Entre 16het20h 65-330 mov 23-120 ppl.
Entre 23 het 1h < 50 nmol, < 18 pg,
+ Cortisol plasmatique ou sérique chez l'enfant (entre 6 h
et 9h)
‘Avant 10 ans 48.297 nmol. ‘17-108 pg/L
10-14 ans 60-360 nmol. 22-127 pg/k
14-18 ans 77-452 nmoV. 28-164 ye
‘Cortisol libre urinaire (CLU ou FLU) des 24 heures
Adulte 55-140 nmol24 h 20-50 pg/24 h
Enfant <83nmol2sh — < 30 nw/24h
‘Cortisol salivaire chez I'adulte
De8haloh < 19 nmol. < 6,9 pgik
De 14308 < 12 nmol, < 43 yg
1530
* Aldosterone piasmatique ou sérique chez I'adulte
Clinostatisme 111-583 pmovL,
194-943 pmol/L
40-210 pg/mL
Orthastatisme 70-340 pe/mt.
‘= Aldostérone urinaire chez 'adulte
Urines des 15-55 nmoli24h 5,4-19,8 yg/24 h
24 heures
322
Tableau 22+. (suite)
eet
Ee ee
Cae
‘* Aldostérone plasmatique ou sérique chez enfant.
0-3 mois 527-3 600 nmol 190-1 300 pa/
mL
4 mois-2 ans 333-3 330 nmoVL_ 120-1 200 pe!
mL
2.6 ans 426-1 526 nmoVL_ 150-550 pg/mL
7-15 ans 222-527 nmol. 80-190 pg/mL
(clinostatisme)
7-15 ans 333-1 165 nmol. 120-420 pg/mL
(orthostatisme)
rere
eee eens
‘En clinostatisme
20-40 ans 68-34 mUNL 4-20 pg/mL.
Aprés 40 ans 3,4-34 MUL 2-20 pg/mL.
+ En orthostatisme
20-40 ans 85-66 MUL 5-39 pg/mL.
Apres 40 ans 3,4-102 mUVL 2-60 pg/mL.
(uglL x 3,4674 = nmol. et nmol x 0,288 = ug/L)
‘= DHEA chez ’adulte
Homme 5,2-26,0 nmoVL —1,8-7,5 pik
Femme
4,2-27,7 nmol
1,2-8,0 pai
+ Homme
< 10 ans 0,08-4,0 pmol. 0,03-1,1 mg
11-20 ans 1,2-7,9 mmovL —0,4-2,1 mg/L
21-50 ans 2,0-14,3 pmol. 0,7-3,8 mg/L
> 50 ans 1,0-11,2 mmol 0,4-3,0 mg/L
+ Femme
< 10 ans 0,06-7,7 wmol.0,02-2,1 mg/
11.20 ans 14-11,5 umoVL—0,53,1 mg/L
21-50 ans, 1,0-11,0 umov, —0,4-2,9 mg/L
> 50 ans 0,55,5 nmol 0,2-1,5 mg/LCHAPITRE 22 Ml EXPLORATION BIOCHIMIQUE DE LA FONCTION CORTICOSURRENALIENNE
Tableau 22-1. (svite)
rr
ey ene eee
‘54 chez Vadulte
Homme 1,05-10,8 nmoVL— 0,3-3,1 ug/l.
Femme pré- 0,7-10,7 nmoV. —0,2-3,1 pg/L.
ménopausée
Femme 1,263 nmovL —0,4-1,8 pg/t
ménopausée
etre ie
ir 16 = nmol/L et nmol/L x C
+ Homme
‘Avant la puberté <3 nmol. < Tyg
Apras la puberté <7,5 nmol. < 2,5 pel
Femme
‘Avant la puberté <3 nmol/L 40%) ou a la CBG ou trans-
cortine (> 20 %), et plus de 35 & sont sous forme libre. Lal:
dostérone est métabolisée et inactivée essentiellement au
niveau. hépatique par réduction suivie de glycurono- ou.
sulfoconjugaison avant élimination urinaire. En cas d'at-
teinte hépatique (cirrhose ou stase hépatique dans le cadre
une insuffisance cardiaque), les concentrations plasma-
tiques seront élevées en raison d'un déficit de dégradation.
Une trés faible quantité daldostérone libre plasmatique est
Gliminée sous forme inchangée dans les urines.
2.3.2. Aspects pré-analytiques
Le prélévement est effectué le matin chez un patient &
jeun en position couchée (clinostatisme) depuis au moins
‘une heure,etJou en position debout (orthostatisme) depuis,
au moins une heure (idéalement 3-4 heures) ou éventuelle-
‘ment aprés une surchargeen sel dansle cadre d'exploration.
Laconcentration urinaire d'aldostérone ou d'un de ses
métabolites les plus abondants, le glycuronide de tétrahy-
droaldostérone, est corrélée a la sécrétion quotidienne
daldostérone. C'est Laldostérone urinaire hydrolysable &
HI (dite par défaut aldostéronurie) qui est généralement
quantifiée ; elle correspond a la somme de l'aldostérone
libre urinaire (1 % de Valdostérone excrétée) et de la frac-
tion libérée aprés hydrolyse a pH acide de ses métabolites,
glucuroconjugués(10%environ del'aldostérone excrétée).
En termes de dépistage, le glycuronide de tétrahydroaldo-
stérone apparait étre plus sensible pour le diagnostic d’hy-
peraldostéronisme.CHAPITRE 22 Ml EXPLORATION BIOCHIMIQUE DE LA FONCTION CORTICOSURRENALIENNE [a
Pour préciser le caractére normal ou pathologique de
la sécrétion de minéralocorticoides, il est parfois néces-
saire d’intégrer, dans V'analyse des résultats, certains para-
metres comme les apports alimentaires en chlorure de
sodium (normal de 100 200 mmol]24 h), les traitements
en cours (notamment antihypertenseurs), ainsi que la cor-
rection préalable d'une éventuelle hypokaliémie.
Le dosage d'aldostérone s'effectue dans le cadre d'une
exploration de la zone glomérulée de la corticosurrénale
qui s‘inscrit dans le cadre plus général de 'exploration
des troubles de "homéostasie sodée et volumique ainsi
que dans celle de Phypertension artérielle. De ce fait, il est
nécessaire de réaliser de fagon concomitante le dosage de
rénine, En raison de la cryoactivation de la prorénine en
rénine, le transport et la phase pré-analytique se font a
température ambiante avec dosage immédiat ou conser-
vation a-20°C.
PER Androgénes surrénaliens
Les androgenes surrénaliens produits par la zone
réticulée, DHEA et A4-androsténedione, sont des précur-
seurs androgéniques et, de ce fait, possédent une dacti-
vité réduite par rapport a la testostérone (T), et surtout
4 a dihydrotestostérone, véritables formes actives des
androgénes. Cependant, chez la femme, ces précurseurs,
quills soient d'origine corticosurrénalienne ou ovarienne,
sont transformés en testostérone dans les tissus périphé-
riques ef, en particulier, le tissu adipeux (tableau: 22-11)
Ainsi, les situations d'insuffisance surrénalienne lige 8
un déficit enzymatique (21-hydroxylase par exemple) se
caractérisent par une hyperandrogénie, avec hirsutisme
et troubles du cycle menstruel chez les ferames, et pseu-
do-puberté précoce chez les jeunes garcons, Inversement,
les insuffisances surrénaliennes primaires conduisent &
une diminution de expression de ces précurseurs sans
conséquence clinique majeure.
2.4.1, Déhydroépiandrostérone (DHEA)
™ Métabolisme
La DHEA circulante est d'origine corticosurrénalienne
pour 80 %, ce qui représente une production quotidienne
de ordre de 2.4 4 mg. Liée a plus de 90% l'albumine, elle
a une demi-vie plasmatique courte de 15 4 30 minutes et
une clairance métabolique élevée. La DHEA est sulfatée
en position 3, principalement par la sulfotransférase 2A1
(Sult2A1), Le sulfate de DHEA (S-DHEA), sécrété quoti:
diennement & hauteur de 20 a 25 mg chez ladulte, est &
plus de 95 % d'origine corticosurrénalienne ; sa demi-vie
est de 7 8 10 heures, ce qui en fait une forme de réserve
de DHEA. Dans le compartiment plasmatique, la DHEA est
transportée a plus de 90% par 'albumine, entre 3 et 4% par
a TeBG, ce qui laisse environ 4 % de forme libre. Le S-DHEA
est transporté lié a lalbumine.
Hest noter que le S-DHEA peut étre désulfaté par une
stéroide sulfatase (STS) dans différents tissus (sein, ovaire,
foie, testicule, prostate) pour étre ensuite transformé en
testostérone et suivre un métabolisme local. Cependant, la
contribution de ces tissus au pool de DHEA circulante est
minime. Inversement, il existe une sulfatation de la DHEA
Tableau 22-11, Proportions relatives de stéroides circulants selon leur origine chez la femmme adulte non ménopausée (en début
de phase folliculaire) et chez homme.
Estradiol (E,) ° 95% 30% 5% 70%
Déhydroépiandrostérone (DHEA) 85-90 % 10-15% oO
Sulfate de DHEA (S-DHEA) 100 % 0 oO
17-hydroxyprogestérone (170HP) 15% 80% 5%HMI EXPLORATIONS EN BIOCHIMIE MEDICALE
auniveau hépatique, colique et rénal, dont la contribution
au pool de S-DHEA circulant est minime, Pobjectif étantde
faire des formes hydrosolubles avant élimination.
La DHEA circule majoritairement sous forme sulfatée,
et le dosage de S-DHEA plasmatique, en raison de son ori-
gine quasi exclusivement corticosurrénalienne, présente
un intérét, notamment dans exploration des hypofonc-
tionnements. La concentration sérique de S-DHEA dimi-
nue avec lage. Ainsi, le maximum est atteint entre 20 et
25 ans, puis la concentration décroit pour atteinte des
valeurs inférieures a 20 % aprés 80 ans. Il existe une rela-
tion indéniable entre le S-DHEA, le vieillissement physio-
logique et la survenue de pathologies dont lincidence
augmente avec lige (cancers, ostéoporose, maladies car-
diovasculaires).
Aspects pré-analytiques
En raison de leur nature lipophile, il est préférable de
procéder a une extraction chloroformique des stéroides.
Puis, pour les enfants et les ferames, en raison des faibles
différences de concentrations des androgénes d'une fagon
générale et d'un manque de spécificité des anticorps, il est,
recommandé de réaliser une séparation sur célite de tes-
tostérone, dihydrotestostérone, DHEA et Ad-androsténe-
dione afin de limiter les réactions croisées et d'augmenter
lasensibilité,
2.4.2. \4-androsténedione ou A4
La Ad est le précurseur de la testostérone, et ces deux
androgenes sont les précurseurs de oestrone et de lcestra-
diol respectivement. Son activité androgénique ne repré-
sente que 10 % de celle de la testostérone et 3 % de celle
de dihydrotestostérone. La A4 plasmatique est d'origine
corticosurrénalienne (30-40 %), ovarienne ou testiculaire
(50-60 %) ou issue de la conversion périphérique de la
DHEA par la 3B+HSD (10 &). Dans la circulation, comme la
DHEA et le S-DHEA, la A4 est majoritairement transportée
par falbumine,
2.4.3. Testostérone
La testostérone ne constitue pas un marqueur spéci-
fique de la corticosurrénale et, par conséquent, esttrés peu
utilisée dans les explorations de l'axe corticotrope. Chez,
homme, elle est issue exclusivement des testicules alors
que chez la femme non ménopausée, elle provient pour
60 8 70 % de la conversion périphérique de A4 et le reste
de lovaire (10-25 %) et de la corticosurrénale (10-15 %)
(voir ableau 22-11). Ainsi, la corticosurrénale n’intervient
que pour une part minime de la synthése de testostérone
et son dosage ne présente une utilité que dans l’explora-
326
tion de certaines hyperandrogénies en association avec
dautres marqueurs du métabolisme intermédiaire (voir
chapitre 21).
Marqueurs du métabolisme intermédiaire
des stéroides surrénaliens
Plusieurs stéroides intermédiaires des voies de bio-
synthese des glucocorticoides et des androgénes peuvent,
faire objet d’une quantification dans certaines situations,
pathologiques. Il sagit entre autres de 17-hydroxyproges-
térone (17OHP), couramment utilisée en premiere
intention, du composé S (11-déoxycortisol) et de
17-hydroxyprégnénolone qui, eux, sont plutdt utilisés en
seconde intention,
2.5.1. 17-hydroxyprogestérone
lH Métabolisme
La 17-hydroxyprogestérone (170HP) est un intermé-
diaire spécifique des zones fasciculée et réticulée présent
en faible concentration dans le compartiment plasma-
tique. Une sécrétion gonadique alimente aussi le pool
plasmatique. Chez 'homme, une variation circadienne de
sa sécrétion démontre une origine corticosurrénalienne
significative. Chez la femme non ménopausée la sécrétion,
est plus importante en phase lutéale,en raison d'une sécré-
tion parle corpsjaune. II n'est pas rattaché de fonction par-
ticuliére a la 170HP.
Aspects pré-analytiques
Liintérét du dosage de 170HP réside dans I'explora-
tion biologique des déficits enzymatiques surrénaliens
congénitaux en 21- ou en 1 -hydroxylase. Chez la ferme,
en raison de variations au cours du cycle menstruel,afin de
pouvoir comparer les résultats d'un prélévement a fautre,
le prélévement doit étre réalisé en début de phase follicu-
Iaire (2° ou 3° jour du cycle).
Le dosage de 170HP chez les nouveau-nés fait partie,
avec entre autres la thyréostimuline (ISH) et la phénylala-
nine, d'une démarche globale de dépistage systématique
de déficits aisément identifiables et de prises en charge
simples. Ce dépistage s’effectue a partir d'un prélévement,
de sang total sur buvard au 3° jour de vie.
2.5.2. 21-désoxycortisol
Le 21-désoxycortisol (21-DF) Ce composé, synthétisé
par la corticosurrénale a partir de 170HP par action de
la 11B-hydroxylase (CYPI1B1), est présent en quantité
minime dans le plasma du sujet physiologiquement sain.CHAPITRE 22 Ml EXPLORATION BIOCHIMIQUE DE LA FONCTION CORTICOSURRENALIENNE [i
Cependant, dans les cas de déficit en 21-hydroxylase, lac-
cumulation de 170HP conduit & une augmentation de sa
prise en charge par la 11Phydroxylase et a une synthése
accrue de 21- 180 ug/24 h
> 497 nmol/24 h
‘Syndrome de Cushing
Orientation étiologique : Dosage d’ACTH
SIACTH > 15 pM soit 68 ug/L.
’
Freinage fort la DXM
fF
Test de freinage minute & la DXM
rn
Cortisol > 280 nM
Cushing confirmé
’
Réponse partielle
Pseudo-Cushing?
¥
Freinage standard & DXM
~~
Cortisol <50nM Cortisol > 50 nM
Cushing exclu Cushing confirmé
SiACTH < 1,1 pM soit 5 yo/L
fo FE
Freinage complet ‘Absence de freinage
Cortisol < 50 nmol/L Cortisol > 280 nmoW/L.
+ Maladie de Cushing || + Syndrome paranéo-
~ Elévation modérée plasique (EAS)
G'ACTH et LPH ~ Elévation parfois tres
—Aldostérone et
androgénes normaux
~ Test CRH positif
forte d’ACTH (> 45 pM)
— Rapport LPH/ACTH > 7
Freinage fort DXM Freinage fort DXM
négatit négatif,
Cortisol > 50 nmovL_ || Cortisol > 50 nmol/L
+ Adénome béni * Corticosurrénalome
le plus souvent ~ Elévation forte de
unilatéral confirmé cortisol
par "imagerie —Elévation fréquente
des andrognes
+ Imagerie
Figure 22-3. Stratégie d'exploration biologique pour le diagnostic du syndrome de Cushing.
ACTH : corticotrophine, CRH : corticolibérine, OXM : dexaméthasone, EAS : ectopic ACTH syndrome, LPH : lipotropine, VU
valeurs usuelles,
328CHAPITRE 22 Ml EXPLORATION BIOCHIMIQUE DE LA FONCTION CORTICOSURRENALIENNE
Pages a éviter
* Les tests d'inhibition et de stimulation n’ont pas une sen-
sibilité de 100 % et doivent ére réalisés & plusieurs reprises
our conclure et faire un diagnostic.
‘Le freinage minute est un test de débrouillage permettant