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Pourvoi N°21-25.640 30 11 2023
Pourvoi N°21-25.640 30 11 2023
Cour de cassation
Pourvoi n° 21-25.640
Publié au Bulletin
ECLI:FR:CCASS:2023:C201225
Titres et sommaires
PROCEDURE CIVILE - Droits de la défense - Principe de la contradiction - Application - Expertise - Opérations d'expertises -
Déroulement - Irrégularité de la convocation de l'organisme de sécurité sociale - Détermination - Portée
En application de l'article 16 du code de procédure civile, lorsqu'une partie à laquelle un rapport d'expertise est opposé
n'a pas été appelée ou représentée au cours des opérations d'expertise, le juge ne peut refuser d'examiner ce rapport,
dès lors que celui-ci a été régulièrement versé aux débats et soumis à la discussion contradictoire des parties. Il lui
appartient alors de rechercher s'il est corroboré par d'autres éléments de preuve. Dès lors viole ce texte, la cour d'appel,
qui, alors que l'organisme de sécurité sociale faisait valoir, sans être contredit, qu'il n'avait pas été régulièrement
convoqué aux opérations d'expertise, s'est fondée sur les seuls éléments d'une expertise judiciaire non contradictoire
SECURITE SOCIALE, CONTENTIEUX - Contentieux spéciaux - Expertise technique - Rapport d'expertise - Production du
rapport en l'absence d'une partie - Examen par le juge - Obligation (oui) - Portée
Texte de la décision
Entête
CIV. 2
LM
COUR DE CASSATION
______________________
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Pourvoi N°21-25.640-Deuxième chambre civile 30 novembre 2023
Cassation partielle
Pourvois n°
D 21-25.640
X 22-10.297
P 22-24.526 JONCTION
RÉPUBLIQUEFRANÇAISE
_________________________
I. La caisse primaire d'assurance maladie de Meurthe-et-Moselle, dont le siège est [Adresse 7], a formé le pourvoi n° D
21-25.640 contre l'arrêt n° RG : 19/02573 rendu le 9 novembre 2021 par la cour d'appel de Nancy (chambre sociale,
section 1), dans le litige l'opposant :
tous cinq pris tant en leur nom personnel qu'en qualité d'ayants droit de [N] [I],
6°/ à la société [9], société par actions simplifiée, dont le siège est [Adresse 3], venant aux droits de la société [8],
défendeurs à la cassation.
II. La société [9], société par actions simplifiée, venant aux droits de la société [8], a formé le pourvoi n° X 22-10.297
contre le même arrêt, dans le litige l'opposant :
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défendeurs à la cassation.
III. La caisse primaire d'assurance maladie de Meurthe-et-Moselle a formé le pourvoi n° P 22-24.526 contre l'arrêt n° RG :
19/02573 rendu le 9 novembre 2021 par la cour d'appel de Nancy (chambre sociale, section 1), rectifié par l'arrêt n° RG :
22/01413 rendu le 25 octobre 2022 par cette même cour, dans le litige l'opposant :
tous cinq pris tant en leur nom personnel qu'en qualité d'ayants droit de [N] [I],
6°/ à la société [9], société par actions simplifiée, venant aux droits de la société [8],
défendeurs à la cassation.
La société [9], venant aux droits de la société [8], demanderesse au pourvoi n° X 22-10.297, invoque, à l'appui de son
recours, un moyen unique de cassation.
Sur le rapport de Mme Dudit, conseiller référendaire, les observations de la SCP Foussard et Froger, avocat de la caisse
primaire d'assurance maladie de Meurthe-et-Moselle, de la SCP Gury & Maitre, avocat de la société [9], venant aux droits
de la société [8], de la SARL Le Prado - Gilbert, avocat de Mme [O], veuve [I], M. [M] [I], M. [Z] [I], M. [J] [I] et M. [C] [I], tous
pris tant en leur nom personnel qu'en qualité d'ayants droit de [N] [I], et l'avis de M. Gaillardot, premier avocat général,
après débats en l'audience publique du 24 octobre 2023 où étaient présentes Mme Martinel, président, Mme Dudit,
conseiller référendaire rapporteur, Mme Renault-Malignac, conseiller doyen, et Mme Catherine, greffier de chambre,
la deuxième chambre civile de la Cour de cassation, composée des président et conseillers précités, après en avoir
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Jonction
1. En raison de leur connexité, les pourvois n° 22-10.297, 21-25.640 et 22-24.526 sont joints.
Exposé du litige
Faits et procédure
2. Selon l'arrêt attaqué (Nancy, 9 novembre 2021, rectifié par l'arrêt du 25 octobre 2022), et les productions, par décision
du 9 juin 2009, la caisse primaire d'assurance maladie de la Meurthe-et-Moselle (la caisse) a pris en charge au titre de la
législation professionnelle la maladie déclarée par [N] [I] (la victime), salarié de la société [8] (l'employeur), puis, par
décision du 2 mars 2016, son décès survenu le 27 novembre 2015.
3. Le 27 février 2017, la veuve de la victime a adressé une nouvelle déclaration de maladie professionnelle, diagnostiquée
en 2015, que la caisse a refusé de prendre en charge au motif que cette maladie est la même que celle déclarée le 19
janvier 2009, déjà indemnisée.
4. La veuve de la victime, et leurs quatre enfants, ont saisi d'un recours une juridiction chargée du contentieux de la
sécurité sociale aux fins de reconnaissance du caractère professionnel de la maladie déclarée en 2017 et de la faute
inexcusable de l'employeur.
Moyens
Motivation
5. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de statuer par une décision
spécialement motivée sur ce moyen qui n'est manifestement pas de nature à entraîner la cassation.
Moyens
Mais, sur le premier moyen du pourvoi n° 21-25.640, dirigé contre l'arrêt du 9 novembre 2021, et sur le moyen du
pourvoi n° 22-24.526 dirigé contre l'arrêt du 9 novembre 2021, rectifié par l'arrêt du 25 octobre 2022, formés par la
caisse, qui sont similaires
Enoncé du moyen
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6. La caisse fait grief d'accueillir le recours, alors « que le juge ne peut se fonder sur un rapport d'expertise judiciaire qui
n'a pas été établi au contradictoire du défendeur, s'il n'est pas corroboré par d'autres éléments de preuve ; qu'en se
fondant exclusivement, sans référence aucune à un autre élément de preuve, sur le rapport du dr [K] établi sans que la
Caisse ait été régulièrement appelée aux opérations d'expertise, pour dire que la maladie déclarée le 27 février 2017
était sans lien aucun avec la maladie déclarée le 19 janvier 2009, ensuite en reconnaître le caractère professionnel et
enfin faire droit à l'action des consorts [I] en reconnaissance de la faute inexcusable, les juges du fond ont violé l'article
16 du code de procédure civile. »
Motivation
Réponse de la Cour
7. Lorsqu'une partie à laquelle un rapport d'expertise est opposé n'a pas été appelée ou représentée au cours des
opérations d'expertise, le juge ne peut refuser d'examiner ce rapport, dès lors que celui-ci a été régulièrement versé aux
débats et soumis à la discussion contradictoire des parties. Il lui appartient alors de rechercher s'il est corroboré par
d'autres éléments de preuve.
8. Pour dire que la maladie déclarée le 27 février 2017 était distincte de la maladie déclarée le 19 janvier 2009, l'arrêt
retient qu'il ressort des conclusions, claires et dépourvues d'ambiguïté, du rapport de l'expert désigné par la cour que le
« cancer à petites cellules » décrit dans le certificat du docteur [L] établi le 14 février 2017 est différent de l'« adéno-
carcinome squameux du lobe supérieur droit du poumon » ayant fait l'objet de la déclaration de maladie professionnelle
du 19 janvier 2009, les deux affections n'ayant aucun lien entre elles.
9. En statuant ainsi, la cour d'appel, alors que la caisse faisait valoir, sans être contredite, qu'elle n'avait pas été
régulièrement convoquée aux opérations d'expertise, qui s'est fondée sur les seuls éléments d'une expertise judiciaire
non contradictoire, a violé le texte susvisé.
10. En application de l'article 624 du code de procédure civile, la cassation du chef du dispositif de l'arrêt reconnaissant le
caractère professionnel de la maladie déclarée le 27 février 2017 entraîne la cassation des chefs de dispositif relatifs à la
faute inexcusable et à ses conséquences, qui s'y rattachent par un lien de dépendance nécessaire.
Dispositif
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs du pourvoi n° 21-25.640, la Cour :
CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il infirme le jugement rendu le 17 juillet 2019 par le tribunal de grande instance de
Nancy et rejette la demande tendant à voir dire nulle l'expertise du docteur [K], l'arrêt rendu le 9 novembre 2021, entre
les parties, rectifié par l'arrêt du 25 octobre 2022, par la cour d'appel de Nancy ;
Remet, sauf sur ces points, l'affaire et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant cet arrêt et les renvoie devant la
cour d'appel de Metz.
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Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être
transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, deuxième chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du trente novembre deux mille vingt-trois.
Décision attaquée
Textes appliqués
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