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Le Substrat Roman Et L - Adstrat Berbère
Le Substrat Roman Et L - Adstrat Berbère
Éditée par
Federico Corriente, Christophe Pereira et
Ángeles Vicente
Volume 4
Cet ouvrage a été élaboré dans le cadre du projet de recherche Patrimonio
sociolingüístico en el Magreb: tradición oral y capital cultural (FFI2014-54495-C2-1-P),
financé par le Ministerio de Economía y Competitividad d’Espagne, auquel les trois
auteurs participent.
ISBN 978-3-11-067902-1
e-ISBN [PDF] 978-3-11-067937-3
e-ISBN [EPUB] 978-3-11-067944-1
www.degruyter.com
Avant-propos
La description diachronique d’une langue n’est complète que si
l’on considère les substrats et les adstrats linguistiques
antérieurs à son acquisition par une population ou ayant
cohabité plus ou moins profondément avec elle.
Pour ce qui concerne le faisceau dialectal andalou, il est
connu que les dialectes arabes parlés par les conquérants
musulmans d’origine orientale, ainsi que les dialectes berbères
utilisés par la plupart de leurs auxiliaires coreligionnaires
nord-africains, se sont superposés aux dialectes proto-romans
pratiqués dans la Péninsule Ibérique, sauf au Pays Basque
majoritairement païen et donc peu romanisé. À l’ombre du
pouvoir des émirs puis des califes, l’islamisation et l’arabisation
ont immédiatement commencé, puisque les conquérants ont
pris des femmes natives et formé des familles métisses, dont la
religion ne pouvait être que l’Islam, et les dialectes arabes,
berbères et romans ont été parlés, l’un au côté de l’autre, dans
une situation de plurilinguisme décroissant, jusqu’à un
monolinguisme plus ou moins complet selon les régions et les
époques, jusqu’à la fin du XIe siècle.
De telles circonstances ne pouvaient rester sans
conséquences sur la genèse des faisceaux dialectaux roman,
arabe et andalou du point de vue diachronique. Pour ce qui
touche au lexique, on a dressé des listes de mots d’origine
romane ou berbère utilisés par les Andalous dans leur arabe ;1
et, bien que plus rarement, on a considéré la possibilité de
traces d’influences grammaticales du roman et du berbère dans
la phonologie, la morphologie ou la syntaxe de l’arabe andalou
(voir par exemple Corriente 1992 et 1998). Mais, il faut le
reconnaître, cette tâche n’a jamais été facile, car les données
fiables sur la grammaire du proto-roman parlé, après ou à côté
du bas latin, dans les provinces de l’ancien empire romain
n’étaient pas nombreuses,2 alors que la situation était bien pire
dans le cas homologue du berbère, pour lequel on ne comptait
que sur les vieilles inscriptions libyques, ainsi que sur quelques
textes assez brefs, surtout des traductions de l’arabe, déjà
d’époque islamique.
Une reconstruction, même schématique, du roman andalou
ou du faisceau dialectal berbère ayant atteint ce pays avec
l’invasion islamique n’étant donc pas possible, il faudra se
contenter, dans ce quatrième volume de l’Encyclopédie
Linguistique d’Al-Andalus, d’un nombre limité de données sûres
et d’hypothèses tirées des glanures aussi abondantes et
bénéfiques que possible sur ces deux sujets.
Quant à l’ordre de ces informations et aux conséquences
qu’on peut en tirer, il semble préférable de commencer par la
partie la plus brève et donc plus légère de cette tâche : le cas du
berbère, dont l’influence linguistique a été plus faible. Tout
d’abord, à cause des facteurs démographique et
sociolinguistique, c’est-à-dire les proportions arithmétiques
entre les dominateurs et les dominés ; ensuite, en raison d’un
certain manque d’allégeance au berbère, connue à travers
l’histoire, même de la part des natifs dont il était la langue
maternelle.3 Ainsi, commencer par un chapitre plus court peut
aider à créer une certaine habitude qui permettra d’affronter la
difficulté du suivant.
Les auteurs
Table des matières
Avant-propos
Système de transcription et symboles
Sigles bibliographiques
Bibliographie
Système de transcription
Les exemples sont reproduits dans l’orthographe originale des
langues utilisant les alphabets latin, grec ou cyrillique et, pour
les autres langues, en transcription graphémique (entre >x<), ou
phonémique (entre /x/), exceptionnellement phonétique (entre
[x]) ou morphématique (entre {x}). Pour les mots romans ou
d’autres langues, on a utilisé des italiques, alors que le roman
andalou est transcrit en majuscule. L’ordre de ces exemples est
aussi celui de leurs alphabets, sans considération des signes
diacritiques.
Symboles
/x/ Transcription phonologique
[x] Transcription phonétique
>x< Transcription graphématique
{x} Morphème
(x) Élément optionnel
= Equivalence sémantique ou fonctionnelle
≠ Opposition fonctionnelle
* Forme hypothétique
< Résulte de
> Devient
- Séquence en comparaison
~ Alternance morphologique
CvC… Séquence de consonnes et voyelles
123(4) Séquence de consonnes d’une racine
# Jointure fermée
+ Jointure ouverte ; ajout de préfixe ou suffixe ; mot rimé
Ø Zéro phonologique ou morphologique
/ Variation phonologique ou morphologique
- Séquence en comparaison
# Jointure fermée
+ Jointure ouverte ; ajout de préfixe ou suffixe ; mot rime
Sigles bibliographiques
A Série arabe des ḫaraǧāt, selon Corriente 2008a
BCT Bustamante, Corriente & Tilmatine 2010–2014 (suivi des numéros des entrées
ou des volumes en chiffres romains)
BDB Brown, Drivers & Briggs 1907
DAA Corriente 1997a
DAI Corriente 1999
DAX Kasten & Nitti 2002
DCEH Corominas & Pascual 1980-1981
DE Dozy & Engelmann
DECLC Corominas 1983-1991
DO Oliver 2004
DRAE Diccionario de la Lengua Española
DS Dozy 1881
DT Benmrad 1989
EDNA Estudios de Dialectología Norteafricana y Andalusí
EI2 Encyclopédie de l’Islam, 2e éd.
FḪ Benchekroun 1981
GL Glossarium arabico-latinum, selon Corriente 1991b
GP Nykl 1953
H Série hébraique des ḫaraǧāt, selon Corriente 2008a
IQ Ibn Quzmān, selon Corriente 1995 et 2013
IW Banqueri 1802
LHP Corriente 2004
PD Corriente 1997b
RFE Revista de Filología Española
SG Simonet 1889
VA Vocabulista in arabico, selon Corriente 1989
VR Vox Romanica
ZfRP Zeitschrift für romanische Philologie
1 Le faisceau dialectal berbère et
l’extraction tribale des Berbères établis
dans la Péninsule Ibérique
La branche libyco-berbère du phylum chamito-sémitique n’a
jamais été utilisée comme le moyen de communication orale
d’un état puissant, étendu et durable. Il s’en est ensuivi que les
tendances centrifuges inévitables d’une population
politiquement et géographiquement disséminée ont vaincu les
faibles liens du sentiment d’appartenance à un groupe ethnique
et l’intérêt de préserver une intercommunication agile entre ses
membres. En conséquence, on ne connaît que des dialectes du
berbère plus ou moins proches ou éloignés les uns des autres, et
pas une langue berbère,4 qui se soit, jusqu’à présent, jamais
imposée à des populations nombreuses, bien que des
nationalistes imazighen s’efforcent, depuis quelques années, à
en obtenir une, à travers une sélection de traits plus généraux.
Cependant, et au grand déplaisir de ces derniers, quelques
linguistes préfèrent parler de « langues berbères », en raison de
l’impossibilité d’intercompréhension entre les parlers les plus
éloignés les uns des autres.
Depuis longtemps, les berbérisants ont établi des
classifications génétiques, géographiques et chronologiques de
ces dialectes nord-africains. Pour ce qui concerne Al-Andalus,
l’information fournie par les historiens du pays, natifs ou
orientaux – qui sont, dans tous les cas, les meilleurs
connaisseurs des faits – nous souligne la forte présence de
membres de la confédération Zénète, venus surtout des régions
qui correspondent aujourd’hui au Rif et à l’Algérie du Nord, à
côté d’autres membres non Zénètes, dont le nombre est aussi
difficile à établir, qui appartiennent à la confédération des
Ṣinhājah ; ces derniers sont originaires du sud, bien que
certaines fractions de ce groupe vivent aujourd'hui dans la
région Jbala située au Nord-Ouest du Maroc, dans la région la
plus proche du détroit de Gibraltar, comme les Sanhaja de Sraïr.
Dans le pays Jbala, on trouve également des Berbères Ghomara
qui parlent une variété de berbère non Zénète, différente de
celle du Rif (voir Vicente 2020 : 237). Il peut aussi y avoir
d’autres tribus plus méridionales, comme les Maṣmūdah qui
ont fourni beaucoup de soldats aux armées des Almohades,
etc.5
Malheureusement, le petit nombre de données berbères
présentes dans les ouvrages relatifs à l’Al-Andalus, qui
concernent surtout le lexique,6 ne permettent pas, dans la
plupart des cas, une attribution dialectale plus précise par
l’identification de traits phonétiques ou d’autres
caractéristiques. D’un autre côté, elles sont, pour la plupart,
trop brèves pour contenir des informations d’ordre syntaxique
et ont été transmises d’une façon incertaine par des auteurs ou
des copistes ignorant le berbère ou dont on peut suspecter
qu’ils aient pu avoir commis des erreurs graphiques, ou ajusté
la phonologie ou la morphologie selon les règles ou plutôt
l’usage du dialecte qui leur était le plus familier. Cela nous
impose donc, dans cette étude, la méthode comparative, ou
disons plutôt une méthode descriptive éclectique, avec des
remarques dialectologiques, le cas échéant.
2.1 Graphonomie
2.2 Phonologie
2.2.1 Le vocalisme
2.2.2 Le consonantisme
2.3 Morphologie
2.3.2 Pronoms
2.3.3 Le verbe
2.4 Syntaxe
2.5 Lexique
*/ÁYR(E)/ « air » < latin āĕr, dans le nom de lieu /T(E)RÉŚ ÁYREŚ/,
littéralement « trois airs », BCT 3022.265
/AYÚN/ « jeûne », nom tiré du verbe latin jējūnāre, plutôt que du
substantif jējūnĭum, dans A12 et H3.
*>AYUNNÉR< « joindre » < latin adjungĕre, dans >AYÚNNE
BÚLBAŚ<, littéralement « il raccommode les vulves
(déchirées) », « sorte d’euphorbe (Euphorbia peplus) », ainsi
appelé à cause de ses vertus cicatrisantes, BCT 303 et 5126.26
6
/FÁBA(Ś)/ « fèves (Vicia faba) », dans BCT 1151, < latin făba, dans
le syntagme /FÁBA (DO) PÓRKO/ « espèces de lupin et
fougère », littéralement « fève du porc », < latin porcus, dans
BCT 2162, 3701 et 3825, et dans les dérivés suffixés
*/FABÁKO/ « lupin (Lupinus termis) »,341 et >FAYČ(YI)ÉLLA< «
lupin ; arum (Arum maculatum) »,342 BCT 992, 1151, 2743 et
3823.
/FABRÁYR/ « février » < latin fĕbr(ŭ)ārĭus, selon SG 209.
/FÁČ(E)/ « face, visage » < latin făcĭēs, dans A17 et 19, IQ 1/6/1 et
83/11/2.
*/FAČÉR(E)/ « faire » < latin facere, dans A5, 21, 26, 32 y 40 et H
14, 15, 16 /FARÉYO/ « je ferai », et A25 /FARÁŚ/ « tu feras ».
*>FANNÉŚTER< « navet sauvage (Rapistrum rugosum) » < bas
latin raphanistrum, variante hypothétique basée sur les
graphies estropiées >qlštyr<, >qallašta/ur< et >qlšyd< de BCT
2747, 3968 et 4868, avec lambdacisme et chute de la
première consonne par métanalyse de l’article défini, et
métathèse des deux premières consonnes, peut-être une
contamination par l’arabe fann « branche »,343 alors que la
graphie de BCT 2621 et 2625, suggèrent plutôt /LABÁŚTER/,
q.v.
/FARÁGA/ : voir /ŚAḪŚO FARÁGA/.
/FARÁNKO/ et /FARÁYLE/ : voir >ORÉLYA<.
>FARÁNNE FERRÍNO< « espèce de chardon sauvage »,
littéralement « il casse le fer », BCT 3699 et 4881344 ainsi
appelé parce que ses racines pouvaient casser le soc de la
charrue. Voir aussi >AFRÁNN/YE WÉŚŚOŚ< et /ŚAḪŚO
FARÁGA/.
/FARÁ(ḪŚO)NO/ « frêne (Fraxinus excelsior) » < latin fraxĭnus,
BCT 1919, 2735 et 3738.
/FÁTOŚ/ « destin » < latin fātum, chez IQ 84/11/3, mais cf. aussi
/FÍKOŚ FÁTOŚ/. >FAYČ(IY)ÉLLA< : voir /FÁBA(Ś)/.
/FÉBRAŚ/ « feuilles tendres des plantes », littéralement « franges
(d’une toile) », < latin fibra, contaminé par fimbria, BCT 3665.
/FÉČN(O)/ « absinthe de Judée (Artemisia judaica) » < latin
faecĭn(ĭ)us, à cause de sa forte odeur », BCT 445, 735, 742,
1943, 3779, 4256, 4472, 4547 et 5010.
/FÉLČA/ « férule (Ferula communis) » < latin fistŭla « tuyau »,
BCT 2566,3750.
/FÉLČO/ « fougère (Pteris aquilina) » < latin fĭlix, -ĭcis, BCT 654,
1255, 2032, 2160, 3061 et 4430. Une variante /FÉLČE/ est
transmise par Ibn Ǧulǧul, et son augmentatif >fulǧ(iy)ūn<,
par Abulḫayr, BCT 2160 et 350.
/FÉLE/ : voir /YÉRBA/.
/FENÉL/ « sorte de jonc » : probablement un diminutif du latin
fēnum « foin », BCT 1940, 3453, 3455 et 3771.
/FERRÁT/ « variété de figues », probablement du latin ferrātus, à
cause de sa couleur ; cf. /FERRÍNO/ chez >FARÁNNE<, BCT
1149.
/FESSÓN/ « haricot (Phaseolus vulgaris) » < latin făsĕŏlus,
contaminé par le suffixe augmentatif roman, BCT 2731 et
3786.345
/FÍDA/ : voir /KONFÍDA/.
/FÍG/KO(Ś)/ « figue » < latin fīcŭs, BCT 1149 et 3761, aussi dans
les syntagmes qualificatifs /FÍKO MONTÓZO/ « sycomore
(Ficus sycomorus) », BCT 1373, avec un adjectif dérivé du
latin mons, -tis, muni du suffixe roman {+ÓS/ZO/A}, et /FÍKOŚ
FÁTOŚ/ « câpres », BCT 2583, où l’adjectif reflète le latin
fătŭus « insipide ; sot ».
/FÍLYO/ « fils » < latin fĭlĭus, avec le suffixe diminutif dans
>FILYÓLO<, A 18 et 28 et H 7.
/FÍMEN/ : voir /BÍMNE = /BÍMEN/.
/FIRÍDA/ : voir /MÁTTA/.
/FÓFN(E)/ « variété très tendre de pomme », peut-être
partageant l’étymologie du castillan bofe « poumon », avec
une suffixation similaire à celle de /RÉČNO/, q.v., BCT 1148.
/FOGÓRE/ « ardeur » < latin fŏcus « feu », avec suffixation
romane, A4 et H23.
/FOLÓR/ « fleur » < latin flōs, -ōris, aussi dans les syntagmes
/FOLÓR D+ÁWRO/ « chrysanthème jaune (Chrysanthemum
coronarium) », littéralement « d’or », BCT 988, et >F(OL)ÓR
(DE) PÉNNA< « sorte de myrte », BCT 1950 et 3647,
littéralement « fleur de plumes », < latin pe/inna, à cause de
ses fleurs blanches, dont la prononciation raccourcie
témoigne des variantes phonétiques populaires, avec la
chute du / l/346 et de la préposition,347 cf. /LAFÓRA/.
*>FÓLYAŚ< « feuilles » < latin fŏlĭa, pluriel de fŏlĭum, HOJA
devenu singulier dans le bas latin. Aussi reflété par
>FOLYÓŚ< « adiante (Adiantum capillus Veneris) », BCT 3664,
« sorte de pêche » < latin foliosus « feuilli », et par >FOLLÁR<
« pâte feuilletée », dans IQ 9/32/3, avec suffixation romane.
/FÓNKOŚ/ « champignons » < latin fungus, BCT 2580 et 3793.
>FONÓČ/ḺO< « fenouil (fœniculum vulgare) » < latin fēnĭcŭlum,
BCT 976, 2120, 3651 et 3723.
/FORAKÁŚAŚ/ « sobriquet de quelqu’un », selon SG 225,
traduction de l’arabe naqqāb, expliqué dans GL comme le
voleur qui s’introduit dans les maisons faisant un trou dans
les murs, < latin fŏro ou fūror et căsa « cabane », devenu «
maison » dans certains romans.
/FÓRBOŚ/ « euphorbes » < latin euphorbĕum < grec ἐυφόρβιον,
avec chute par dissimilation de la première syllabe, BCT
3640.
/FORMÉNTE/ « blé (Triticum sativum) » < latin frūmentum, BCT
1655.
/FORMÍKAŚ/ « fourmis » < latin formīca, BCT 931.
/FÓŚK(O)/ « variété de figues ou dattes » < latin fuscus « obscure
», BCT 1004, 1149 et 2271.
/FUČČÍYYA/ = / FUMÍYYA/ = >FUMÉLLO< « fumeterre (Fumaria
officinalis) » < latin fumus « fumée » ou, plus exactement, du
bas latin *fumigeat < latin fumigat « il fume », avec
métanalyse du suffixe attributif arabe {+iyyah}, qui a été
remplacé par le suffixe diminutif roman dans >FUMÉLLO<,
et ceci par son équivalent *>FUMIČÉLLO<, qui a été
contaminé par la variante première et produit /FUČÍYYA/.
D’où aussi /FUNČÉL/ « sorte de champignon », couvert d’une
poussière obscure, témoin additionnel de la double
suffixation diminutive {EČ+EL}, BCT 107, 343 et 4902.
/FUNČÉL/ : voir /FUČČÍYYA/.
>FUŚ(Y)ÉLLO< et /FUZ(Y)ÉL/ « orobanche ; espèce de chardon »
< latin fūsum/s « fuseau », avec suffixation diminutive
romane, BCT 971, 1380, 1588, 1675, 2350, 3702, 3832, 4283,
4547, 4738, 4791, 4861 et 4881.348
>fuww+ÉLLA< « espèce de garance (Rubia tinctorum) » < arabe
fuwwah avec suffixation diminutive romane, BCT 1554, 1669,
1673 et 3818.
/ÚBA/ « raisin » < latin ūva, BCT 2521 et 3494, aussi dans les
syntagmes qualificatifs /– KANÍNA/ = /– RÓŚTEKA/ « espèce
de joubarbe », littéralement « raisin de chien / rustique »,
BCT 461, 1624 et 3581, < latin cănīnus et rustĭcus,
respectivement, et le synonyme dans un syntagme de rection
dont le premier constituant est le diminutif, >UBYÉLLA DE
TE(L)YÁTO<, littéralement « petit raisin des toits », BCT 1624,
avec un deuxième constituant tiré du latin tēgŭlātus, cf. «
joubarbe des toits (Sempervivum tectorum) ». On retrouve le
pluriel de ce diminutif, >UBÉLLAŚ< « bryone blanche
(Bryonia alba) », attribué à la Marque Supérieure, BCT 217.
/ÚBRE/ « pis » < latin ūbĕr, aussi dans le dérivé /UBÉYRA/, avec
chute haplologique du premier /r/, peut-être « espèce de
centaurée (Centaurea collina) », tous deux dans BCT 2358.
/UBRÚFOL(EŚ)/ « buffles » < latin būbălus < grec βούβαλος, dans
Ibn Buklāriš, selon SG 554, cf. le catalan brúfol.
/UN/ « un (article indéfini) » < latin ūnus, A21 et IQ 102/5/1, d’où
aussi /ÚNO/ « quelqu’un », IQ 13/14/1, et l’adverbe /EN ÚNO/ «
ensemble », H24, et son féminin /ÚNA/, IQ 82/10/1.
*/UNÍR(E)/ « joindre » < latin ūnīre, voir *>AYUNNÉR<.
>UNYA< « ongle » < latin ungŭla, dans les syntagmes >– DE
GÁTO<, « scorpiure (Scorpiurus vermiculatus) »,
littéralement « ongle de chat », BCT 304, 599, 1476, 2364,
2981 et 3980, >– DE KABÁLLO<, « espèce de plantain
(Plantago serraria) », littéralement « ongle de cheval », BCT
2364, et >– DE LÓPO< « croton (Croton tiglium) », correction
nécessaire des graphies des manuscrits >and/ḏāl lbh<,
littéralement « ongle de loup », BCT 229 et 5126.
/YÁ/ « déjà » < latin jam, A3, 6, 8 et 37, H6, 17, 18 et 23.
/YÁNA/ « porte » < latin jānŭa, H14, d’où aussi /YANNÁYR/ «
janvier », avec suffixation déjà latine, IQ 40/9/1 et 72/0/2, et
selon SG 609.
/YÉDKO/ « hièble (Sambucus ebulus) » < bas latin educus,
sémantiquement contaminé par ĕbŭlus/m, BCT 164, 967,
1595, 1743, 2089, 2170, 4880 et 5125.
/YÉDRA/ « lierre (Hedera helix) », BCT 226, 984, 1589, 3749, 3959,
4141, 4179, 4253 et 5122, < latin hĕdĕra, aussi dans le
syntagme /–NÉGRA/, BCT 4253 ; voir /ÉDRA/ et >WÉLYO<.
/(Y)ENÉŚTA/ « genêt d’Espagne (Spartium junceum) » < latin
gĕnista, aussi dans les syntagmes /– PORKÁYRA / PORKÍNA/ =
/– DE PÓRKO/ « espèce de genêt (Genista polyanthos) »,
littéralement « genêt de porc », tous dans BCT 2115, et dans
le diminutif >YENEŚTÉLLA< « queue de cheval (Equisetum
arvense) », BCT 438, 559 2115, 4818 et 5109 ; voir /PÓRKO/.
/YÉNDRO/ « aneth sauvage (Meum athamanticum) », résultat
d’un diminutif roman du latin ănēthum < grec ἄνηθον, cf. le
portugais endro, BCT 3038.
/YÉRBA/ « herbe » < latin herba, dans les syntagmes : /–
AŚPLÉNI/ « asplénie, doradille (Asplenium) », attributif
arabe du latin asplēnŏs < grec ἄσπληνος, BCT 2362, 3092 et
5069 ; /– AWNÉLLA/O/ « espèce de poireau », littéralement «
herbe de l’agneau ou de l’agnelle », BCT 985, 1946, 4899 et
5079, < latin agnella et agnellus ; /– AWRÁTA/ « pourpier
(Portulaca oleracea sativa) », voir /MÁLBA(Ś)/ ; /– BÉTERA/ «
absinthe (Artemisia absinthium) », BCT 5060, < latin vĕtus,
-ĕris « vieux », voir >ENPRÉNYA BÉLYAŚ< ; /–DE FÉL/ « petite
centaurée (Erythreaea centaurium) », littéralement « herbe
de fiel », BCT 4231 et 5103, < latin fĕl, -ellis ; /– DE FÓKO/ «
espèce d’euphorbe, lierre, dentelaire, etc. », littéralement «
herbe de feu », BCT 2089, 2745, 4899, 5086 et 5126, < latin
fŏcus « foyer » ; /– DE LÚNA/ « espèce d’anil », BCT 5023,
littéralement « herbe de lune », < latin lūna ; /–DE MÚLA/ «
luzerne (Medicago sativa)», BCT 5072, littéralement « herbe
de mule », < latin mūla ; >– DE RONNÓNEŚ< « consoude
(Symphytum officinale) », BCT 4909 et 5074, littéralement «
herbe des rognons », < latin rēnes, avec suffixation
augmentative romane ; /– DÓLČE/ « réglisse (Glycyrrhiza
glabra) », BCT 3470 et 5070, littéralement « herbe douce », <
latin dulcis ;467 >– GALLÉŚKA< « doronic (Doronicum
cordatum) », BCT 1944 et 5063, voir /RRÁBANO/ ; /– MÁWRA/
« chardon roulant », voir /MAWRÉNO/ ; /–MÚREKA/ « cerfeuil
musqué (Myrrhis odorata) », BCT 5113, < latin myrrha < grec
μύρρα « myrrhe », avec suffixation adjectivale romane ; >–
POD(OL)LÁYRA / PODOLYÁR< « herbe aux poux (Delphinium
staphisagria) », BCT 1382, 1448 et 5066, < latin pēdŭcŭlārĭa, à
suffixation adjectivale romane ; /– PÓTRA / POTRÁYRA/ «
espèce de luzerne ou trèfle » BCT 2485 et 5073, < bas latin
*pullitru, avec omission de la préposition de génitif dans le
premier cas, et avec suffixation adjectivale romane dans le
deuxième ; /– PÓNTA/ « grémil des champs (Lithospermum
arvense) », < latin puncta « estocade », BCT 5080, car on
traitait avec elle les douleurs aigües des côtés ; /(–) PÚT/DDA/
« trèfle fétide, fenouil sauvage, absinthe », BCT 4256 et 5114,
< latin pūtida « fétide », également avec le préfixe itératif
{RRE+} dans /–RROPÚDDA/ « espèce de tournesol » ;468 /–
KAKKÓŚA/ « mercuriale (Mercurialis annua) », suffixation
adjectivale romane du latin căco « aller à la selle », BCT 773,
1532, 2697, 5061 et 5062, car elle est très laxative ; /–
KÁRDENA/ « espèce d’anil sauvage », BCT 4584, < bas latin
cardinus « bleuâtre », compris par l’auteur comme « noire »
;469 /– KERÉŚPA/ « pouliot de montagne (Teucrium polium) »,
< latin crispus « crépu, frisé », BCT 1382 et 5065 ; /–
KOLO(N)ČONÁYRA/ « mille-pertuis (Hypericum) », BCT 4976
et 5078, suffixation augmentative et adjectivale romane du
latin cŏr, -dis « cœur », témoignée aussi par /KORAČÓN/ dans
A12 et 41 et H5 et 9 ; /– ŚÁNA/ « branche ursine (Acanthus
mollis ou spinosus) », < latin sānus « sain », BCT 86, 934,
1901, 2102, 2972, 4891 et 5117 ; /– ŚOLDÁYRA/ ou /ŚUWÉDA/ «
consoude (Symphytum officinale) » < latin consŏlida, chez
Ibn Buklāriš, selon SG 605 et BCT 974 et 4641 ; et /–
TORTOLÁYRA/ « tournesol (Chrozophora tinctoria) », BCT
5075, suffixation adjectivale romane du latin turtŭr, –ŭris «
tourterelle » ; voir /BÉNKA/, /BOPUČÍNA/, /ÉBRO/,
>MOŚKÉNNO<. /PULKÁYRA/, >TÍNYA< et /YÉRBOLA/. D’où
aussi les syntagmes /YÉRBOLA ḥulwah/ « bétoine (Stachys
betonica) », diminutif roman hybridé avec le mot arabe
signifiant « douce », et /YERBÁTO/ = /YERBATÓR(A)/ «
saponaire (Saponaria officinalis) », résultat du latin herba
tūs ou tūris, littéralement « herbe d’encens », BCT 1661, 3195,
3576, 4749 et 5088.
/YÉRBATO/ « arbousier (Arbutus unedo) » < latin arbŭtus,
contaminé par /YÉRBA/, q.v., BCT 1374 et 5083, aussi dans le
pluriel /YÉRBOTOŚ/, chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 610.
/YERBATÓR(A)/ : voir /YÉRBA/.
/YÉRBOLA/ « hellébore (Helleborus albus ou fœtidus) », BCT
2506, < latin hellĕbŏrus, phonétiquement contaminé par
/YERBÓLA/, q.v., sous /YÉRBA/.
>YERMANÉLLAŚ< « petites sœurs », suffixation diminutive
romane du résultat du latin germāna (sŏrŏr) « vraie sœur »,
H4.
/YILÁKA/ : voir /ARČILÁKA/.
/YIRÁNTE/ « cardon roulant (Eryngium campestre) », BCT 3817,
< latin gȳrans, -tis « tournant », également dans la suffixation
diminutive romane >YIRANTÉLLA<, BCT 5107.
/YÓNČA/ « souchet (Cyperus esculentus) », BCT 4522 et 5081, <
latin juncĕa « de jonc », adjectif dérivé de juncus, d’où
/YÓNKO/.470 Il y a aussi le syntagme /YONČA WERTÁYRA/, «
variété de souchet », BCT 4522, littéralement « souchet de
jardin potager » ; voir /RRÚTA/.
>YÚLYO< « juillet » < latin jūlĭus, selon SG 618.
>YÚNNE< : voir >AYÚNNE<.
>YÚNYO< « juin » < latin jūnĭus, selon SG 618.