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Federico Corriente, Christophe Pereira, Ángeles Vicente

Le substrat roman et l’adstrat berbère du faisceau dialectal


andalou
Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus

Éditée par
Federico Corriente, Christophe Pereira et
Ángeles Vicente

Volume 4
Cet ouvrage a été élaboré dans le cadre du projet de recherche Patrimonio
sociolingüístico en el Magreb: tradición oral y capital cultural (FFI2014-54495-C2-1-P),
financé par le Ministerio de Economía y Competitividad d’Espagne, auquel les trois
auteurs participent.

ISBN 978-3-11-067902-1
e-ISBN [PDF] 978-3-11-067937-3
e-ISBN [EPUB] 978-3-11-067944-1

Library of Congress Control Number: 2020937919

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Nationalbibliografie;
detailed bibliographic data are available on the Internet at http://dnb.dnb.de.

© 2020 Walter de Gruyter GmbH, Berlin/Boston

www.degruyter.com
Avant-propos
La description diachronique d’une langue n’est complète que si
l’on considère les substrats et les adstrats linguistiques
antérieurs à son acquisition par une population ou ayant
cohabité plus ou moins profondément avec elle.
Pour ce qui concerne le faisceau dialectal andalou, il est
connu que les dialectes arabes parlés par les conquérants
musulmans d’origine orientale, ainsi que les dialectes berbères
utilisés par la plupart de leurs auxiliaires coreligionnaires
nord-africains, se sont superposés aux dialectes proto-romans
pratiqués dans la Péninsule Ibérique, sauf au Pays Basque
majoritairement païen et donc peu romanisé. À l’ombre du
pouvoir des émirs puis des califes, l’islamisation et l’arabisation
ont immédiatement commencé, puisque les conquérants ont
pris des femmes natives et formé des familles métisses, dont la
religion ne pouvait être que l’Islam, et les dialectes arabes,
berbères et romans ont été parlés, l’un au côté de l’autre, dans
une situation de plurilinguisme décroissant, jusqu’à un
monolinguisme plus ou moins complet selon les régions et les
époques, jusqu’à la fin du XIe siècle.
De telles circonstances ne pouvaient rester sans
conséquences sur la genèse des faisceaux dialectaux roman,
arabe et andalou du point de vue diachronique. Pour ce qui
touche au lexique, on a dressé des listes de mots d’origine
romane ou berbère utilisés par les Andalous dans leur arabe ;1
et, bien que plus rarement, on a considéré la possibilité de
traces d’influences grammaticales du roman et du berbère dans
la phonologie, la morphologie ou la syntaxe de l’arabe andalou
(voir par exemple Corriente 1992 et 1998). Mais, il faut le
reconnaître, cette tâche n’a jamais été facile, car les données
fiables sur la grammaire du proto-roman parlé, après ou à côté
du bas latin, dans les provinces de l’ancien empire romain
n’étaient pas nombreuses,2 alors que la situation était bien pire
dans le cas homologue du berbère, pour lequel on ne comptait
que sur les vieilles inscriptions libyques, ainsi que sur quelques
textes assez brefs, surtout des traductions de l’arabe, déjà
d’époque islamique.
Une reconstruction, même schématique, du roman andalou
ou du faisceau dialectal berbère ayant atteint ce pays avec
l’invasion islamique n’étant donc pas possible, il faudra se
contenter, dans ce quatrième volume de l’Encyclopédie
Linguistique d’Al-Andalus, d’un nombre limité de données sûres
et d’hypothèses tirées des glanures aussi abondantes et
bénéfiques que possible sur ces deux sujets.
Quant à l’ordre de ces informations et aux conséquences
qu’on peut en tirer, il semble préférable de commencer par la
partie la plus brève et donc plus légère de cette tâche : le cas du
berbère, dont l’influence linguistique a été plus faible. Tout
d’abord, à cause des facteurs démographique et
sociolinguistique, c’est-à-dire les proportions arithmétiques
entre les dominateurs et les dominés ; ensuite, en raison d’un
certain manque d’allégeance au berbère, connue à travers
l’histoire, même de la part des natifs dont il était la langue
maternelle.3 Ainsi, commencer par un chapitre plus court peut
aider à créer une certaine habitude qui permettra d’affronter la
difficulté du suivant.

Les auteurs
Table des matières
Avant-propos
Système de transcription et symboles
Sigles bibliographiques

1 Le faisceau dialectal berbère et l’extraction tribale des Be


rbères établis dans la Péninsule Ibérique
1.1 Information phonologique
1.2 Information morphologique
1.3 Information syntaxique
1.4 Information lexicale

2 Le substrat roman du faisceau dialectal andalou


2.1 Graphonomie
2.2 Phonologie
2.3 Morphologie
2.4 Syntaxe
2.5 Lexique

Vocabulaire roman-andalou, avec étymologies des mots et localis


ation des témoins

Bibliographie
Système de transcription
Les exemples sont reproduits dans l’orthographe originale des
langues utilisant les alphabets latin, grec ou cyrillique et, pour
les autres langues, en transcription graphémique (entre >x<), ou
phonémique (entre /x/), exceptionnellement phonétique (entre
[x]) ou morphématique (entre {x}). Pour les mots romans ou
d’autres langues, on a utilisé des italiques, alors que le roman
andalou est transcrit en majuscule. L’ordre de ces exemples est
aussi celui de leurs alphabets, sans considération des signes
diacritiques.
Symboles
/x/ Transcription phonologique
[x] Transcription phonétique
>x< Transcription graphématique
{x} Morphème
(x) Élément optionnel
= Equivalence sémantique ou fonctionnelle
≠ Opposition fonctionnelle
* Forme hypothétique
< Résulte de
> Devient
- Séquence en comparaison
~ Alternance morphologique
CvC… Séquence de consonnes et voyelles
123(4) Séquence de consonnes d’une racine
# Jointure fermée
+ Jointure ouverte ; ajout de préfixe ou suffixe ; mot rimé
Ø Zéro phonologique ou morphologique
/ Variation phonologique ou morphologique
- Séquence en comparaison
# Jointure fermée
+ Jointure ouverte ; ajout de préfixe ou suffixe ; mot rime
Sigles bibliographiques
A Série arabe des ḫaraǧāt, selon Corriente 2008a
BCT Bustamante, Corriente & Tilmatine 2010–2014 (suivi des numéros des entrées
ou des volumes en chiffres romains)
BDB Brown, Drivers & Briggs 1907
DAA Corriente 1997a
DAI Corriente 1999
DAX Kasten & Nitti 2002
DCEH Corominas & Pascual 1980-1981
DE Dozy & Engelmann
DECLC Corominas 1983-1991
DO Oliver 2004
DRAE Diccionario de la Lengua Española
DS Dozy 1881
DT Benmrad 1989
EDNA Estudios de Dialectología Norteafricana y Andalusí
EI2 Encyclopédie de l’Islam, 2e éd.
FḪ Benchekroun 1981
GL Glossarium arabico-latinum, selon Corriente 1991b
GP Nykl 1953
H Série hébraique des ḫaraǧāt, selon Corriente 2008a
IQ Ibn Quzmān, selon Corriente 1995 et 2013
IW Banqueri 1802
LHP Corriente 2004
PD Corriente 1997b
RFE Revista de Filología Española
SG Simonet 1889
VA Vocabulista in arabico, selon Corriente 1989
VR Vox Romanica
ZfRP Zeitschrift für romanische Philologie
1 Le faisceau dialectal berbère et
l’extraction tribale des Berbères établis
dans la Péninsule Ibérique
La branche libyco-berbère du phylum chamito-sémitique n’a
jamais été utilisée comme le moyen de communication orale
d’un état puissant, étendu et durable. Il s’en est ensuivi que les
tendances centrifuges inévitables d’une population
politiquement et géographiquement disséminée ont vaincu les
faibles liens du sentiment d’appartenance à un groupe ethnique
et l’intérêt de préserver une intercommunication agile entre ses
membres. En conséquence, on ne connaît que des dialectes du
berbère plus ou moins proches ou éloignés les uns des autres, et
pas une langue berbère,4 qui se soit, jusqu’à présent, jamais
imposée à des populations nombreuses, bien que des
nationalistes imazighen s’efforcent, depuis quelques années, à
en obtenir une, à travers une sélection de traits plus généraux.
Cependant, et au grand déplaisir de ces derniers, quelques
linguistes préfèrent parler de « langues berbères », en raison de
l’impossibilité d’intercompréhension entre les parlers les plus
éloignés les uns des autres.
Depuis longtemps, les berbérisants ont établi des
classifications génétiques, géographiques et chronologiques de
ces dialectes nord-africains. Pour ce qui concerne Al-Andalus,
l’information fournie par les historiens du pays, natifs ou
orientaux – qui sont, dans tous les cas, les meilleurs
connaisseurs des faits – nous souligne la forte présence de
membres de la confédération Zénète, venus surtout des régions
qui correspondent aujourd’hui au Rif et à l’Algérie du Nord, à
côté d’autres membres non Zénètes, dont le nombre est aussi
difficile à établir, qui appartiennent à la confédération des
Ṣinhājah ; ces derniers sont originaires du sud, bien que
certaines fractions de ce groupe vivent aujourd'hui dans la
région Jbala située au Nord-Ouest du Maroc, dans la région la
plus proche du détroit de Gibraltar, comme les Sanhaja de Sraïr.
Dans le pays Jbala, on trouve également des Berbères Ghomara
qui parlent une variété de berbère non Zénète, différente de
celle du Rif (voir Vicente 2020 : 237). Il peut aussi y avoir
d’autres tribus plus méridionales, comme les Maṣmūdah qui
ont fourni beaucoup de soldats aux armées des Almohades,
etc.5
Malheureusement, le petit nombre de données berbères
présentes dans les ouvrages relatifs à l’Al-Andalus, qui
concernent surtout le lexique,6 ne permettent pas, dans la
plupart des cas, une attribution dialectale plus précise par
l’identification de traits phonétiques ou d’autres
caractéristiques. D’un autre côté, elles sont, pour la plupart,
trop brèves pour contenir des informations d’ordre syntaxique
et ont été transmises d’une façon incertaine par des auteurs ou
des copistes ignorant le berbère ou dont on peut suspecter
qu’ils aient pu avoir commis des erreurs graphiques, ou ajusté
la phonologie ou la morphologie selon les règles ou plutôt
l’usage du dialecte qui leur était le plus familier. Cela nous
impose donc, dans cette étude, la méthode comparative, ou
disons plutôt une méthode descriptive éclectique, avec des
remarques dialectologiques, le cas échéant.

1.1 Information phonologique


Les systèmes phonologiques arabe et berbère ne sont pas si
différents, contrairement à ceux de l’arabe et du roman.7
S’agissant, dans le premier cas, de langues appartenant au
phylum chamito-sémitique, elles partagent de nombreuses
particularités,8 comme la présence de consonnes « emphatiques
»9 et un vocalisme assez bref qui ne compte que trois ou quatre
phonèmes vocaliques, dont deux en distribution
complémentaire avec les phonèmes semi-consonantiques ou
sonores /y/ et /w/. De plus, l’arabisation, et surtout celle du
lexique, a favorisé l’ajout de phonèmes sémitiques au berbère à
travers les nombreux emprunts qui les contenaient.
L’arabisation a été si intense et hâtive après la conquête
islamique de ces régions qu’on peut supposer que les premiers
berbères arrivés dans la Péninsule Ibérique en étaient déjà
affectés, même s’ils n’avaient alors qu’une connaissance
rudimentaire de l’arabe, guère suffisante à
l’intercompréhension avec leurs coreligionnaires arabes ; on est
loin du bilinguisme presque généralisé des siècles suivants en
Afrique du Nord, surtout à cause de l’immigration arabophone
séculaire andalouse et des invasions hilaliennes au XIIIe siècle.
Les données historiques dont nous disposons nous permettent
d’affirmer que la majorité des berbères qui ont pris part à
l’invasion islamique se sont empressés d’apprendre l’arabe et
même de simuler leur origine ; dans les premiers siècles, ils se
seraient aussi empressés d’apprendre le roman, pour les
besoins de la vie quotidienne parmi une majorité
romanophone, mais non sans insérer dans les deux langues
nouvelles qu’ils devaient parler de nombreux phénomènes
d’interférence.10
Les emprunts berbères en arabe andalou suggèrent
quelques données intéressantes à propos de la situation
dialectale des parlers des conquérants d’Al-Andalus de cette
ethnie à la veille de l’invasion islamique et plus tard. Par
exemple dans malgré la présence indubitable et assez
importante des Zénètes dans les premiers temps et après, on ne
trouve pas de traces de spirantisation des occlusives dentales et
vélaires, ni d’altérations articulatoires du /r/ et du /l/,11 deux
phénomènes caractéristiques de cette branche du berbère
depuis quelques siècles, mais pas encore à l’époque antérieure
aux Almohades, ce qui constituerait un jalon historique
important pour l’étude diachronique de ce faisceau dialectal.
Par contre, la sonorisation du /s/ dans le préfixe de noms
d’instrument dans les racines contenant un /z/, caractéristique
du zénète et des dialectes du Moyen Atlas (comme dans zaġnaz
« aiguille » et zuġzal « coup de poing », peut-être aussi dans
zabazin « sorte de couscous à gros grains »), n’est pas seulement
reflétée dans ce cas, mais aussi sans cette restriction, comme
dans zaġaya « javeline » et çumaquít « lanière en cuir, jet pour
le faucons »,12 où il semble s’agir d’une simple assimilation avec
la consonne sonore suivante). Quant à la sonorisation du /ṣ/,
surtout dans les emprunts arabes, il s’agit d’un phénomène
assez commun en berbère (comme dans taẓẓallit « prière » et
uẓẓum « jeûne », tirés des racines arabes {ṣlw} et {ṣwm}), mais il
faut toujours considérer la possibilité d’assimilation de sonorité
dans des cas courants en arabe andalou comme dans ṣ/zanǧ,
qafaṣ/z, ṣ/zaġa, etc.13
Certains chercheurs ont assez insisté sur l’intensité de la
romanisation du Nord de l’Afrique, jusqu’au point de supposer
que les envahisseurs berbères auraient pu communiquer avec
la population hispano-romaine de la Péninsule Ibérique dans la
langue vulgaire dérivée du latin qui s’est développée dans ces
régions, selon les informations habituellement plausibles de
certains géographes arabes comme Al-muqaddasī et Alʔidrīsī.14
Mais, tout comme l’arabe quelques siècles plus tard, la
connaissance de cette langue afro-romaine, dont la proximité
avec les romans hispaniques n’est pas du tout certaine, et son
utilisation généralisée, hormis peut-être dans la province
africaine de Carthage et dans ses alentours, ne semblent pas
avoir dépassé les ports importants de la côte et les villes ou
résidaient les gouverneurs romans, avec le personnel de
l’administration, un nombre raisonnable de commerçants et les
soldats des garnisons. Cela serait confirmé par l’évolution
phonétique très avancée des emprunts romans en berbère,
avec des substitutions de phonèmes que le berbère a acquis
plus tard dans d’autres emprunts plus modernes,15 comme le /p/
de pullus > afellus « poulet », similaire au cas de tūbĕra > tirfas «
truffes » et de pisellum, diminutif bas-latin du latin pisum >
zabazin « sorte de couscous à gros grains », ainsi que farcīmĕn «
boudin » < erkem = urkimen « mets de tripes »,16 où le /b/
devient /f/ et le /f/ est dissimilé et éliminé à cause du /m/.

1.2 Information morphologique

Les mots berbères empruntés par l’arabe andalou gardent le


préfixe féminin de classe nominale {ta/i/u+}, mais pas le suffixe
complémentaire {+t}, analysé et supprimé comme s’il était celui
du nom d’unité ou du féminin en arabe,17 comme dans tamáġra
« banquet » < tamǝġra, táqra « pot » < tagra(t) et taqarnína «
pissenlit » < taqarni/unt,18 ce qui n’est pas le cas du préfixe
homologue masculin, surtout {a+}, mais parfois {i+} ou {u+},
probablement identifié avec l’article arabe,19 comme dans
agǝllid > qillíd « roitelet »,20 amǝzwaru « premier » > mizwár «
commandant », amzur > muzúra « tresse de cheveux », asǝgnǝs
> zaġnaz « aiguille », etc., mais il y a des exceptions, comme
aqzál < agzal « javeline ».
Quant à la morphologie nominale et à la formation du
pluriel, l’arabe andalou hirkása « espadrille », ainsi que le
kabyle arkasǝn et le rifain arkas, comparés avec le rifain
ahǝrkus, plus proche du latin calcĕus, semblent refléter les
caractéristiques des pluriels internes avec l’infixe {+a+}.21 D’un
autre côté, l’identité comme une seule classe nominale du
féminin et du diminutif serait reflétée par les emprunts
castillan tragacete et portugais tragazeite « javelot, trait », sans
doute du berbère *tagzalt, tiré du masculin agzal « javeline,
épieu », avec quelques attestations dans l’arabe andalou.
La morphologie verbale du berbère reflétée par les
emprunts de cette origine à l’arabe andalou n’offre pas de
grandes nouveautés, ce qui serait surprenant, car les dialectes
berbères ont moins évolué dans ce domaine que dans leur
phonologie et leur phonétique. On constate : la présence de
quelques impératifs, sans aucun morphème ajouté à la racine
verbale, tels que aškád(di) « fais vite ! » < aškd, arwál « sauve toi
! » < ǝrwǝl,22 >aṭṭaf< > iṭṭǝf « prends » et árra « donne » ;
l’adoption intégrale du verbe berbère ḫǝmmǝl par l’andalou
>niḫammal ḫammalt taḫmīl< « désencombrer, nettoyer » ; celle
du préfixe féminin de la troisième personne de la conjugaison
standard, à l’instar de >tāksāfhr< « pierre à aiguiser » tirée
d’une phrase berbère comme le kabyle tǝkkǝs afuhri « elle
enlève l’excès » ; et, finalement, au moins un cas du préfixe
causatif {s+} dans >asamas< « banquet », tiré du berbère smǝns
« donner à souper », témoignant de l’utilisation de la
conjugaison causative à préfixe {s+} ; on peut également
soupçonner la présence du préfixe de la conjugaison de
réciprocité {m+} dans l’entrée énigmatique du Vocabulista in
arabico >munà wāmīnī wamunà< « détraction », probablement
le reflet du berbère myunna « dire les uns aux autres ».23

1.3 Information syntaxique

Cette information est difficile à glaner dans les emprunts


andalous au berbère. Il s’agit plutôt de mots isolés et pas de
phrases. Mais, pour l’annexion nominale, on a le cas du nom du
cerfeuil rapporté par Abulḫayr nº 2120 comme grec, sans doute
à tort, >aṭārīlāl<, c’est-à-dire le berbère aḍar w+ilal,24
littéralement « pied d’oiseau », avec la perte du morphème
d’annexion, ce qui est fréquent dans les dialectes berbères du
Maroc.
Quant aux syntagmes qualificatifs, on trouverait l’emploi
normal du participe des verbes d’état comme adjectif dans le
nom de l’aristoloche chez Abulḫayr nº 2811, >musm.qrān<, tiré
du berbère ammas (i)mmǝqurǝn, littéralement « hanche grande
»,25 bien qu’il existe une variante >musmaqār<, sans le suffixe
participial {+ǝn}, qui soulève la question d’une influence de la
syntaxe arabe ou romane, ou l’on emploie des adjectifs
qualificatifs, et pas des participes, dans ce genre de syntagmes.2
6

1.4 Information lexicale

Les dizaines de mots berbères attestés dans l’arabe andalou et


ayant parfois atteint les langues romanes de la Péninsule
Ibérique,27 à travers des emprunts à ce faisceau dialectal,
peuvent être classifiés selon plusieurs critères.
Du point de vue de la fonction grammaticale des mots dans
la phrase (= logème), on peut distinguer des substantifs, des
adjectifs, des verbes et des particules. Dans les cas d’emprunts
au berbère par l’arabe andalou, ou des simples changements de
code du premier au deuxième, on constate les nombres plus
élevés pour les substantifs, suivies par les adjectifs, puis par les
verbes, avec les taux les plus bas pour les particules, les
interjections et les fragments.28
Les substantifs berbères reflétés par les sources andalouses
sont souvent arabisés par la perte des préfixes de classe
nominale, première (et donc masculin et augmentatif) {a+} et
deuxième (et donc féminin, unité d’un collectif et diminutif)
{tv+}, et toujours par la perte du suffixe de renfort de celle-ci
{+t}.29 Dans les cas d’une assimilation plus complète, le
vocalisme et parfois la gémination sont remaniés, afin
d’adopter un des awzān, c’est-à-dire des formes nominales
acceptés par la morphologie arabe.30
Les adjectifs du berbère sont surtout rendus par une classe
sémantiquement particulière de verbes prédiquant les qualités
d’un sujet ou qualifiant un substantif en tête d’un syntagme
moyennant une forme participiale,31 selon une vieille structure
proto-chamito-sémitique, dont les langues sémitiques gardent
quelques traits, comme dans les verbes statifs, de qualité et
d’état, etc. Néanmoins, les langues sémitiques plus jeunes et
occidentales ont surtout évolué vers une assimilation
morphologique et logématique des adjectifs aux substantifs, à
cause de la fréquence des phénomènes de substantivisation des
premiers et d’utilisation des deuxièmes comme épithètes, ce qui
a affaibli les liens de parenté entre les adjectifs, dont la nature
est plutôt nominale, et les participes, de nature déverbale. Cette
circonstance pourrait avoir difficulté dans une certaine mesure
l’emprunt des adjectifs berbères en arabe andalou, en fait,
plutôt rares, comme agnaw « muet » reflété comme >ǧināwi< «
guinéen, nègre », déjà substantivisé, ainsi que berkan « noir »,
probablement reflété par le nom de personne barrican.32
Le verbe étant la classe morphologique la plus variable et
difficile à saisir par l’étranger à cause des conjugaisons
caractéristiques des langues de flexion, type morphologique de
toutes les langues chamito-sémitiques, indo-européen, etc., il
s’ensuit que les emprunts de cette nature d’une langue à une
autre, surtout si elle appartient à une famille linguistique
différente, se heurtent à certaines difficultés, comme
déterminer une forme de citation dans la langue-source33 et un
modèle d’adaptation dans la langue-but. En fait, on n’emprunte
pas de verbes, hors des termes techniques et de quelques
impératifs, dans le premier cas par une contrainte du besoin, et
dans le deuxième, à cause de leur brièveté, expressivité, etc. À
cause de cette restriction linguistique universelle, l’information
qu’on pourrait tirer sur le vieux berbère à travers des témoins
andalous est très maigre, selon 1.2.
Une relation exhaustive et exacte des berbérismes courants
en arabe andalou n’est pas facile à établir, puisque leurs
sources peuvent parfois ne refléter que des citations de phrases
de cette langue par des historiens friands des curiosités, à côté
de noms d’objets utilisés par les Berbères de souche plus ou
moins ancienne à la Péninsule Ibérique, même par les soldats
nord-africains frais arrivés au service des princes almoravides,
almohades, etc., ou des noms de plants copiés par les botanistes
en chaîne et n’excluant pas ceux utilisés seulement en Afrique.
On a signalé les indices de faute d’assimilation dans chaque cas
dans les entrées de Corriente, Pereira & Vicente 2017, dont la
localisation est facilitée par la liste des pages 1432–1433.
Pourtant, il semble prudent d’accepter l’assimilation de ces
emprunts, reflétant parfois aussi des latinismes transmis par le
berbère, dans les cas suivants : (z)abazín « couscous aux
légumes », barkán « noir », barqí « gifle », búḏa « massette »,
finníš « mule », afráq « tente du sultan », fullús « poulet », zaġáya
« épieu », qillíd « roitelet », qurmús « bonnet », qalmús «
capuchon de burnous », gargíyya « épieu », ǧináwi « guinéen »,
sumáqa « jet, lanière », ġumári « berbère de Ghumara », aqzál «
épieu », hirkása « chaussure rustique », maqaqún « étalon »,
tafáya « étuvée de mouton à la coriandre », tamara « banquet »,
mizwár « chef », mas-maqúra « aristoloche », mímmi/u «
prunelle », mazád « école coranique », muzúra « tresse de
cheveux », raṣ ṭabbál « frelon »,34 arġís « épine-vinette », árra «
donne (-moi) », záġnaz « agrafe », záwzana « mutisme », aġráš «
plus astucieux », ḫammál « nettoyer », mallílis « alaterne », sás «
tarentule », išír « garçon » et son féminin ṭáyšar « fille de joie »,
maġál « presser (la foule) », zuġzál « sagaie », asmás « banquet
», baqíyya « écuelle en bois », táqra « terrine », múġra «
grandeur », sarġánt « télèphe », taġandást « pyrèthre », taráḫṣa
« mets de fèves cuites », et hárkama « ragoût de tripes », en
somme, presqu’une cinquantaine de cas, ce qui confirme une
influence plutôt faible du berbère sur l’arabe andalou, surtout
si on la compare avec le cas du roman, qu’on verra ensuite.
Une partie de ces emprunts soulève des problèmes d’ordre
chronologique, car ils peuvent contenir des phonèmes qui n’ont
intégré le berbère qu’à travers le contact avec l’arabe, mais
aussi car ils peuvent ne pas apparaître dans les dictionnaires
modernes des variétés de berbère. Il est donc difficile de
décider s’ils proviennent ou pas du berbère. Dans le premier
cas, il pourrait néanmoins s’agir de termes qui ont été amenés
en Al-Andalus par des Berbères arabisés en Afrique du Nord ;
dans le second cas, on pourrait avoir affaire à des termes
tombés en désuétude, ce qui expliquerait leur disparition des
dictionnaires modernes (voir Vicente 2020 : 238, notes 27 et 28).
2 Le substrat roman du faisceau dialectal
andalou
Du fait que l’entité politique connue comme Al-Andalus et sa
société est le résultat de la superposition d’une minorité
musulmane, arabe et berbère sur une population fortement
romanisée et christianisée, hormis une communauté juive et
quelques poches de païens en cohabitation difficile avec la
monarchie wisigothique et son clergé catholique, on ne pouvait
s’attendre qu’à une évolution très lente vers le monolinguisme
en arabe et la disparition totale des autres religions que
l’Islam.35
La situation linguistique de la Péninsule Ibérique à la veille
de l’invasion islamique nous est partiellement connue par des
informations presque exclusivement lexicales des auteurs
romains classiques, et surtout par les études paléographiques et
comparatives des dialectologues contemporains.36 En somme, le
bas-latin hispanique était déjà un faisceau dialectal avec
quelques traits communs,37 mais clairement divisé en trois
zones : occidentale, avec des sous-dialectes qui deviendraient le
galicien et le portugais ; orientale, berceau du catalan, avec des
rapports étroits avec le provençal ; et centrale, dominée à
l’avenir par le castillan, mais avec quelques zones de transition,
comme les sous-dialectes asturien et léonais, se rapprochant de
ceux de l’Occident, et les parlers aragonais, avec quelques liens
les approchant du catalan. À côté de tout cela, on a souvent
parlé d’un dialecte hispano-roman méridional, utilisé en Al-
Andalus, très conservateur, appelé « mozarabe » par une
inclination idéologique, ultra-nationaliste et sectaire, de ceux
qui l’on découvert, mais ce nom, donné d’abord aux Chrétiens
vivant sous la domination islamique dans la région de Tolède et
ses alentours, ne peut être raisonnablement appliqué au
faisceau dialectal du roman parlé jusqu’à son extinction par la
plupart des habitants de tout l’Al-Andalus, chrétiens,
musulmans ou juifs. On doit, pour des raisons d’exactitude
scientifique, le remplacer par « roman andalou », ou en
castillan par l’acronyme « romandalusí ».
La description linguistique du roman andalou s’avère d’une
importance extraordinaire pour une meilleure connaissance du
vieux faisceau proto-roman hispanique, qui fut à l’origine des
langues néolatines hispaniques modernes et médiévales. Mais
une telle tâche ne peut pas s’accomplir avec l’exactitude
désirable à cause de l’état des sources, maigres et difficiles à
interpréter, comprenant surtout les noms de lieux des régions
où une très longue domination islamique excluait la présence
ou l’influence néolatine moderne, et les textes en graphie arabe
contenant des mots ou des phrases attribués par leurs auteurs
au roman, sous le nom vague de ʕaǧamiyyah.38 Cependant, dans
le premier cas, et sans dénier la valeur des nombreuses
données valables extraites de la toponymie, les chercheurs ont
souvent négligé l’impact des distorsions phonétiques
introduites, d’abord dans la phase finale arabophone exclusive
de ces lieux d’Al-Andalus, puis par les historiens ou les écrivains
chrétiens du Nord qui les ont répertorié en graphie latine selon
leurs habitudes phonémiques, phonétiques et orthographiques.
Quant au deuxième cas, celui des mots et des phrases du roman
andalou transmis par des ouvrages arabes, on a trop souvent
confié à l’exactitude des anciennes transcriptions dans cette
graphie, sa transmission par des copistes ignorant le roman et
leur édition moderne et même la retranscription en alphabet
latin, puisque l’ensemble des chercheurs n’a pas voulu ou pu
consulter les rares manuscrits qui nous sont parvenus.39
C’est pour cela que, dans la description du roman andalou
dans Corriente 2008,40 on a choisi de considérer, en priorité, les
données en graphie arabe dans les textes poétiques, historiques
ou scientifiques, précédée de l’amélioration de leurs sources et
suivie par une utilisation auxiliaire des données toponymiques
et les considérations tirées de leur ensemble par les
dialectologues romanistes. Nous reprendrons ici le projet
antérieur, avec les améliorations apportées par les études et les
constatations des années postérieures, détaillées sous les
épigraphes habituelles de graphonomie, grammaire
(phonologie, grammaire et syntaxe) et lexique. 41

2.1 Graphonomie

À cause de la transmission exclusivement écrite du roman


andalou, il faut considérer l’ensemble des règles
graphonomiques, plutôt qu’orthographiques, qu’on doit
observer afin de tirer les données phonologiques les plus
correctes que possible du code aliphatique de ces textes.42 À la
différence du cas tardif des documents aljamiado-morisques,43
les Andalous du Moyen Âge qui écrivaient leur langue romane
avec la graphie arabe ne se sont pas souciés d’y introduire les
signes diacritiques nécessaires pour noter avec exactitude les
phonèmes de souche romane, étrangers à cette langue-là.44 Par
la suite, quelques graphèmes consonantiques ont acquis
plusieurs valeurs phonémiques, tels que >b< = /b/ et /p/, >ğ< = /
ǧ/, /č/ et /ž/,45 >f< = /f/ et /v/,46 et /š/ = /š/ et /ś/, alors que les trois
graphèmes bifonctionnels arabes classiques >w<, >y< et >ʔ< à
valeur consonantique avant les voyelles, et de voyelles longues
après les consonnes, sont devenus des graphèmes représentant
surtout les voyelles phonologiquement toniques, /ú/ ou /ó/, /í/ ou
/é/, et /á/ ou /é/.47
Comme toujours dans les cas de bilinguisme imparfait,
situation fréquente dans de telles communautés, il y a des
indices aussi bien en arabe andalou que dans le roman andalou
d’existence de phonèmes marginaux, c’est-à-dire de cas dans
lesquels un phonème d’une de deux langues n’est pas réalisé
correctement par tous ou toujours, qui est parfois remplacé,
dans certains sous-dialectes ou idiolectes, par un autre
d’articulation proche. Pour l’arabe andalou le sujet avait été
déjà abordé dans Corriente 1978, à propos de /p/, /č/ et /g/ ; pour
le roman andalou, il est assez probable que les phonèmes /p/,
/v/, /č/, /ᶇ/, /ᶅ/ et /g/ fussent souvent et bien sûr parfois remplacés
par /b/, /f/, /ǧ/, /ny/, /ly/ et /ġ/.
Une autre question graphonomique ayant parfois tracassé
les chercheurs est l’utilisation dans les textes romans andalou
en graphie arabe de quelques graphèmes rendant dans cette
langue des phonèmes méconnus dans les langues néolatines et
correspondant aux phonèmes arabes /ḫ/, /ḏ/, /ṭ/ et /q/,48 ce qui
est absolument normal dans le cas de mots ou de phrases
empruntés à l’arabe, car le faisceau dialectal andalou préservait
assez bien tous les phonèmes, malgré quelques phénomènes
diachroniques, sociolinguistiques ou sous-dialectiques, mais
nécessite une explication pour les mots de souche préislamique,
surtout latins. La réponse à cette question décèle un fait curieux
mais pas surprenant, à savoir que l’enregistrement de ces textes
a été conduit par les règles phonologiques arabes, ayant ainsi
attribué le rang de phonèmes à des sons qui étaient de simples
allophones des phonèmes romans, c’est-à-dire [ḫ], résultat de
l’affaiblissement du /k/ avant une consonne occlusive : comme
dans >nwḫt< = [NÓḪTE] « nuit » < latin nocte(m) (dans A4) ; et
du /d/ implosif, comme dans >tnrāḏ … kārḏ< = [TENRÁḎ …
KÉREḎ] « il aura … il veut », < latin *tĕnĕre hăbed et *quaerĕre
hăbed (dans A3).49 Et, d’un autre côté, on a utilisé les graphèmes
des consonnes arabes vélaires ou vélarisés afin de suggérer les
voyelles /e/ et /o/, allomorphes de /i/ et /u/ arabes au voisinage
de ces consonnes, méconnues dans les langues néolatines,
comme dans >brqy< = /PORKÉ/ « pourquoi » (dans A5), >q<=
/KE/ « que » (dans H13 et H22), >ʔlql< = /ÉLLE KÓLLO/ « ce cou-
là » (dans A14), >qrğwny< = KORAǦÓNE « cœur » (dans A29),
>msṭwr< = MEŚETÓRE « embrouilleur » (dans A33), >nwn
tṭwlg< = /NON TE TÓLGAŚ/ « ne t’éloigne pas » (dans H16),
>pwṭrd< = /POTRÁD/ « il pourra » (dans H20), et >ṭīnē< = /TÉNE/
« tiens » (dans H25), et >trnāḍ< = /TORNÁDE/ « revenu » et
>lššāḍ< = /LEŠÁDE/ « laissé » (dans A21).50
Cependant, ces principes généraux, bien que pouvant être
invoqués pour soutenir quelques lectures, sont souvent ignorés,
car la transmission de ces textes n’a, dans la plupart des cas, pas
été rigoureuse. La règle selon laquelle on rendrait avec les trois
graphèmes >w<, >y< et >ʔ< les voyelles longues /ú/ ou /ó/, /í/ ou /
é/, et /á/ ou /é/, et pas les brèves, qui resteraient sans notation ou
marquées par des points-voyelles est constamment violée,
comme, par exemple dans >nḫti< = /NÓḪTE/ « nuit » (dans A1),
>ʔlql< = /ÉLLE KÓLLO / « ce cou-là » (dans A14),51 mais
>knbābš< = /KÍ+N BÉBEŚ/ « de qui tu bois », >mtri< = /MATTÁRE/
« tuer » (dans A26). D’un autre côté, on omet assez
régulièrement le graphème de gémination (tašdīd) dans le
>b<,>ğ<, >n<, >l< et /š/ rendant les phonèmes /p/, /č/, /ᶇ/, /ᶅ/ et /š/.5
2 À titre d’exemple supplémentaire, on n’a pas toujours réservé

l’alif pour le /e/, et pas seulement après une consonne


vélarisante et donc empêchant la palatalisation selon les règles
du système arabe classique, comme dans >māl(y)< = /MÁLE/ «
mauvais ».53

2.2 Phonologie

Le faisceau dialectal hispano-roman possédait, lors de l’arrivée


des Arabes dans la Péninsule Ibérique, un système
phonologique résultant de l’adaptation du bas-latin occidental
aux habitudes articulatoires des gens du pays, avec quelques
variantes diatopiques.54

2.2.1 Le vocalisme

Le vocalisme de ce système avait été constitué par sept voyelles


(/a/, /ẹ/ et /ę/, /i/, /ọ/ et /ǫ/, et /u/)55 mais, à l’époque des
attestations de cette langue qui nous sont arrivés en graphie
arabe, et peut-être à cause des limitations graphonomiques de
celle-ci, rien ne prouve la présence de plus de cinq phonèmes
vocaliques,56 comme dans le castillan et le basque, à la
différence des romans périphériques, portugais et catalan.
La chute de /e/ et /o/ atones à la fin des mots, dans les
jointures fermées, est un phénomène fréquent, quoique
hésitant, dans les langues néolatines, par une sorte d’économie
articulatoire conditionnée par la seule intelligibilité du
discours, et le roman andalou n’est pas une exception ; cf.
/FÁČ(E)/ « figure » (dans IQ 83/11/2 et 21/6/1), /BÉN(E)/ « bien »
(dans H1 et IQ 5/7/2), /BÓN(O)/ « beau » (dans A11 et 25) et
/KÓL(LO)/ (dans A14 et H11). La cause de ces choix peut être
diachronique, diatopique, diastratique ou simplement
métrique,57 et il y a aussi des cas de restitution incorrecte,
comme le gérondif /AMÁNDE/ « en aimant » (dans A36) et les
participes /LEŠÁDE/ et /TORNÁDE/ (dans A21), où l’on
s’attendrait à */AMÁNDO/, */LEŠÁDO/ et */TORNÁDO/.
La diphtongaison, c’est-à-dire l’extension d’un phonème
vocalique par préfixation dans la diphtongue ascendante, ou
suffixation dans la diphtongue descendante, d’un phonème de
transition, habituellement une des deux semi-voyelles /w/ ou /y/
est un phénomène assez fréquent dans la diachronie des
langues néolatines, visant à faciliter la prononciation de
certaines séquences phonétiques ou à garder certains timbres
vocaliques, surtout sous l’accent dans les cas de /ę/ et /ǫ/.58 On a
souvent souligné la rareté de ce phénomène dans le roman
andalou, surtout dans les khardjas et les mots romans d’IQ et le
Vocabulista,59 alors qu’on trouve nombre de ces cas dans le
traité botanique d’Abulḫayr, mais presque toujours dans les
seuls suffixes diminutifs {+ÉL(LA)} et {+ÓL(LA)}.60 Mais la
situation est différente lorsque ces voyelles se trouvent au
début des mots, c’est-à-dire en position post-jointurelle, comme
dans /WÉLYO/ « œil » (dans H18) < latin ŏcŭlus et dans /WÉŚKA/
« Huesca » (dans A25) < latin Osca. On peut tirer de ces
exemples deux conséquences : la première est que cette
diphtongaison occasionnelle selon des facteurs diatopiques et
diachroniques était déjà en place lors de l’occupation islamique
;61 et la deuxième est que la préférence pour ce phénomène
semble avoir été appuyée par l’assimilation ou la dissimilation
avec la consonne palatalisée du suffixe diminutif et, dans le cas
de la diphtongaison post-jointurelle, par l’effet d’une règle
phonotactique de l’arabe favorisant le remplacement par un /w/
ou un /y/ du /ʔ/ au début des mots, comme dans wāḥid < *ʔāḥid «
un », wādī < *ʔādī « torrent ; fleuve », littéralement « qui
emporte », wasama « marquer » < ʔism « nom », waṣala «
arriver » de racine sémitique {ʔṣl}, yamīn « serment » < ʔamīn «
sûr », etc., ce qui ne fît que s’accroître dans les dialectes néo-
arabes, comme dans yānsūn « anis » < ʔanisūn, et walīf = wilf «
ami » < ʔalīf = ʔilf et, pour l’andalou, >yābunūz< « ébène » <
abanūs, >wakīd< « urgent » < akīd, et warṯ « héritage » < irṯ.62
La diphtongaison post-jointurelle du roman andalou, à
différence du même cas en castillan, ne disparaît pas lorsque
l’accent quitte cette syllabe, à cause d’un suffixe ou d’un autre
ajout tonique, par exemple dans WERK+ÁT « variété d’olives » <
latin orchas, avec le suffixe adjectival {+ÁT(O)}, WERTÁNO et
WERTÁYRA « potager » < latin horta, avec les suffixes {+ÁNO} et
{+ÁYR(A)}, YERBÁTO et YERBATÓRA « queue-de-pourceau » <
latin herba tūris, littéralement « herbe d’encens ».
La chute de certaines consonnes intervocaliques du latin a
parfois généré des diphtongues que le roman andalou n’a pas
altérées, peut-être aidé par le fait que l’arabe andalou ne
contractait pas les diphtongues de l’arabe ancien.63 On a donc
/TARÁY/ « porte » < latin trăhe, /RÉY/ « roi » < latin rēgem,
/KERÉY/ « crois » < latin crēde et /BÁYNA/ « corne » < latin vāgīna
« étui » ; la situation étant similaire lorsque la diphtongue est
produite par la métathèse d’un yod, par exemple dans /
ČEBÁYRA/ « blé » < latin cĭbārĭa, littéralement « choses à nourrir
», /BAYDAŚ/ « que tu ailles » < latin vādĕas et /MÓYRO/ « je
meurs » < latin mŏrĭo(r).
Des diphtongues qui proviennent du latin /ay/, /aw/ et /ew/
sont aussi préservées, le plus souvent par le roman andalou,
par exemple dans /ÁYREŚ/ « airs » < āĕres, /ÁWRO/ « or » <
aurum, /LÁWRO/ « laurier » < laurus, /ĠAWD(IYÓLO/ « sceau de
Salomon » < gaudĭum « joie », avec suffixation diminutive
romane, et /ČENTÁWRIYA/ « centaurée » < bas latin centauria et
/RÉW/ « rhubarbe » < rheu(m), /MÉW/ « mon », /TÉW/ « ton », /
ŚÉW/ « son » < meus, tuus, suus. Mais la contraction des
diphtongues /ay/ et /aw/, qui allait devenir la solution générale,
hormis en portugais et en galicien,64 était déjà optionnelle dans
certains cas pour le roman andalou, par exemple dans /LÁWRO/
« laurier », à côté du synonyme /ORBÁKA/ < latin lauri bacca et /
ÁWRO/ « or », à côté du syntagme /ÓR ČÉKOL/ < latin aurum
caecŭlum, littéralement « petit or aveugle », nom donné à une
sorte de centaurée. Dans d’autres cas, pourtant, seule la
contraction de la diphtongue est documentée dans les sources,
par exemple dans /DÓQO/ « carotte » < latin daucum, /ORÉČA/ «
oreille » < latin aurĭcŭla et /KÓDA/ « queue » < latin cauda.

2.2.2 Le consonantisme

Le consonantisme théoriquement total du faisceau dialectal


hispanique lors de l’invasion islamique était intégré par 24
phonèmes, distribués en paires de sonores et de sourdes dans
chaque un des huit points d’articulation utilisés, avec l’addition
de deux semi-voyelles, labiale et alvéolaire, d’une consonne
nasale pour les labiales, alvéolaires et prépalatales, d’une
consonne latérale et d’une autre vibrante pour les alvéolaires et
prépalatales, selon la disposition suivante :
1) Labiales : /p/, /b/, /w/ et /m/.
2) Labiodentales : /f/ et /v/.
3) Alvéolaires : /t/, /d/, /y/, /n/, /l/ et /r/.
4) Prépalatales : /č/, /ǧ/, /ᶇ/ et /ᶅ/.
5) Chuintantes : /š/ et /ž/.
6) Sifflantes prédorsales (affriquées) : /ŝ/ et /ẑ/.
7) Sifflantes apicales : /ś/ et /ź/.
8) Vélaires : /k/ et /g/.
Néanmoins, certains de ces phonèmes pouvaient manquer dans
certains sous-dialectes, registres ou époques, c’est-à-dire selon
des conditions diatopiques, diastratiques ou diachroniques
exigeant leur chute sans aucune compensation ou leur
remplacement toujours réglé par des préférences phonétiques.6
5

Les consonnes labiales et labiodentales du roman andalou


avaient quelques traits particuliers dans sa réalisation : hormis
quelques régions de l’Est, on ignorait l’articulation du /v/ et on
le remplaçait par un /b/ infra-correct ou un /f/ ultra-correct, par
exemple dans /B/FÍMNE/ < latin vīmen « osier », et le /b/ implosif
était spirantisé, c’est-à-dire prononcé [ᵬ], ce qui explique
quelques cas de /b/ > /w/, par exemple /AWKÍNO/ < latin
apocynum « cynanque », et /TAWTANÉL/ « rhum » < latin
tābĭtūdĭne(m), avec le suffixe diminutif roman. Si ce /b/ implosif
séparait deux voyelles différentes, il tombait souvent et une
diphtongue pouvait en résulter, par exemple dans /FAYČÉLLA/ «
lupin » < făba « fève », avec double suffixation diminutive
romane {+ÉČ-ÉLLA}, mais /MARRÓYO/ « cresson » < marrŭbĭum.
Quant au /m/, on le remplaçait parfois par /b/, par exemple dans
/ARǦOB/MÓNYA/ « pavot argémone » < latin argĕmōnĭa, ou par
/n/, comme dans /N(IY)ÉŚPOROŚ/ « nèfles » < latin mespĭlus, mais
il s’agirait de phénomènes isolés d’assimilation et de
dissimilation, pouvant même s’inverser, comme dans
/M/PÁNČÁYN/ « plantain » < latin plantāgo, +ĭnis. La semi-
voyelle /w/ disparaissait assez régulièrement lorsqu’elle
séparait une consonne d’une voyelle, c’est-à-dire dans les
diphtongues descendantes, par exemple dans KÁND « quand »,
/KÁN/ « combien », /KÁTRO/ « quatre » et /KARÉNTA/ « quarante
» < latin quando, quantum, quattŭŏr et quădrāgintā, mais il y a
des exceptions, par exemple dans /KUWÁLYO/ « présure » <
latin cŏāgŭlum. Finalement, le remplacement du /f/ par un /b/
dans /TERÉBOLO/ « trèfle » < latin trīfŏlĭum, partagée par le
castillan trébol, le catalan trèvel et le portugais trevo, suggère
une ultra-correction d’assourdissement des consonnes finales
dans une variante */TRÉF(O)/, avec la restauration postérieure
du /l/ dans certaines langues.
Les consonnes alvéolaires /t/, /d/, /y/, /n/, /l/ et /r/ : aussi bien
les deux premières, occlusives, que les autres, sonores, peuvent
s’affaiblir ou tomber dans certains cas.
La position implosive ou intervocalique détermine parfois la
sonorisation de /t/, par exemple dans /AKÓND/ « immortelle
stéchade » < latin accomptus « orné » ;66 le remplacement du /d/
par /l/, par exemple dans /MIYÉLKA/ < latin mēdĭca (herba) et
dans /OLÓRES/ « gomme-résine » < latin ŏdōres « parfums », ou
même sa simple chute, par exemple dans /BÁY/ « va-t’en » <
latin vāde, /BÁŚE/ « il s’en va » < latin *vādet se ; de plus, on
trouve fréquemment des cas d’assimilation avec la consonne
suivante, par exemple dans /A(D) M≠TÍB/ « à m≠toi »,
/GARRÉ(D)ME/ « dites-moi » < latin garrīte mibi et dans
/A(D)LÚDO/ « j’imagine » < latin adlūdo « j’allude ».
La semi-voyelle sonore /y/ peut aussi tomber en position
implosive, par exemple dans /BÉNTE/ « vingt » < latin vīginti,67
mais déjà en bas latin, le latin hispanique et donc, le roman
andalou, la présence de ce phonème, appelé avec le nom
sémitique de yod par les linguistes,68 a généré des phénomènes
de palatalisation, comme ceux qui ont ajouté à la phonologie du
latin les consonnes prépalatales (/ᶇ/ et /ᶅ/, par exemple
>ṬÍNNA<69 = /TÍÑA/ « teigne » < latin tĭnĕa, ainsi que
/TÁḺA(D)ME/ « il me déchire » (dans A16) < latin *tālĕat),70 et les
sifflantes prédorsales (affriquées : /ŝ/ et /ẑ/, par exemple dans
/ANŠÉNSO/ « absinthe » < latin absintĭum, et dans >BÉ(Y)Z/ǦA<71
= /BÉẐA/ « il embrasse » < latin bāsĭat). Il y a encore d’autres
solutions moins courantes, dans des cas différents, par exemple
dans /dy/ > /ŝ/ ou /y/, comme dans >WÉRS/YO/ « orge » < latin
hordĕum.
La sonore /n/ peut parfois tomber ou s’assimiler devant une
autre consonne,72 par exemple dans /LÉ(N)KWA/ « langue » <
latin lingua, /ATRABAŠÁYRA/ « manteau » < latin transversārĭa,
littéralement « oblique » et dans /ČIKOLÉL/ « sorte de lierre » <
latin cingŭlus « ceinture », avec la suffixation diminutive
romane. Devant un /t/ ou /d/, elle empêche le résultat fricatif, ce
qui est rendu par >nt< et >nd<, plutôt que par >nṭ<,73 comme,
d’ailleurs, dans /AMÉNDOLA/ « amande » < latin amygdălas,
/KALANDAYRÓLA/ « sauge blanche » < latin candēla, avec
métathèse et suffixation romane, /BÉNTE/ « vingt » < latin vĭginti
et dans /KARÉNTA/ « quarante » < latin quădrāgintā. Devant un
/g/, les deux phonèmes deviennent un /ᶇ/, rendu par >nn/y<, par
exemple dans >(A)FRÁNN/YE<, réalisé /AFRÁÑE/ « il casse » <
latin frangit.
La sonore /l/ est parfois remplacée par une autre, par
exemple dans /ÁRKA/ « semoule » < latin ălĭca, /NÁNČA/ « lance
» < latin lancĕa ; en position implosive, il peut devenir un /w/,
comme dans >PAW/LMEŚ< « palmier nain » < latin palmae ; ou
simplement tomber, comme dans /ABÚČO/ « asphodèle » < latin
albūcĭum, /DOČÍNO/ « réglisse » < latin dulcis avec suffixation
romane, et /BOPUČÍNA/ « globulaire » < latin vulpēs « renard » à
suffixation attributive romane. Cette chute arrive d’une façon
exceptionnelle dans le groupe /fl/ de /(LA)FÓRA/ « fleur » et,
optionnellement, /lf/ de /D+ÓF/ « de parfum »,74 alors qu’un
résultat /ly/ pour /kl/, après la chute de la voyelle atone entre les
deux consonnes, est habituel, comme dans /WÉLYO/ « œil » <
latin ŏcŭlus, /ORÉLYA/ « oreille » < latin aurīcŭla, /PODOLYÁR/ «
herbe aux poux » < latin pēdĭcŭlāris et /MALYÓŚ/ « taché » <
latin măcŭlōsus.75
La sonore /r/ est parfois aussi remplacée par une autre,
surtout un /l/,76 par exemple dans /ÁNTOLA/ « aconit salutaire »
< bas latin an(ti)thora, et peut s’assimiler à une sifflante
suivante, comme dans /ANIFEŚÁRYO/ « anniversaire » < latin
annĭversārĭus et /REBEŚŚÁR/ « remuer » < latin rĕversus.
Les consonnes prépalatales du roman andalou /č/, /ǧ/, /ᶇ/ et /
ᶅ/ sont le résultat de la palatalisation de /k/ et /g/ devant les
voyelles antérieures et de /n/ et /l/ devant le yod, qui eut lieu
dans le bas latin de quelques régions de l’Empire.
Dans le premier cas, certaines régions du Levant et du Nord-
est ont connu une réalisation sifflante prédorsale (affriquée) /ŝ/,
ce qui se reflète dans des cas comme /ŜEBÁYRA/ « blé » < latin
cĭbārĭa et /ŜÍNKO/ « cinq » < latin quinque,77 au lieu des plus
communs /ČEBÁYRA/ et /ČÍNKO/. Quant au /ǧ/, il n’est resté en
place que dans quelques cultismes, par exemple dans
>ǦENṬIYÁNA< « gentiane » < latin gentĭāna : autrement, ce
phonème s’est affaibli et est devenu /y/, comme dans /ARYÉNT/ «
argent », >FULLIYÍN< « suie » < latin fūlīgo, -ĭnis,78 et dans
/YERMANÉLLAŚ/ « petites sœurs » < latin germāna, avec
suffixation diminutive romane.
La palatalisation des consonnes /ᶇ/ et /ᶅ/ dans le roman
andalou est surtout rendue par >ny< et >ly< respectivement,
par exemple dans >FILYÓLO ALYÉNO< « petit garçon d’autrui »
< latin fīlĭŏlus ălĭēnus, et dans >BÉNYA< « permission » < latin
vĕnĭa, mais il y a des cas d’hésitation entre ces deux digraphes,
>nn< et >ll< respectivement, par exemple dans >ṬINN/YA< «
teigne » < latin tīnĕa et dans >KA-PELL/YÓŚA< < latin căpillōsa «
variété de chardon », littéralement « filamenteuse », à côté
d’autres cas de distribution de ces digraphes contraire à ces
prévisions, comme dans >TÁLLAD< « il coupe » < bas latin
taleat, et dans >NON TE+M TÓLYA< « ne me quitte pas » < latin
tolle, suggérant l’équivalence fonctionnelle de deux digraphes,
c’est-à-dire que chacune des deux rendait pareillement /ᶇ/ et /ᶅ/,
à travers une confusion de séquences /nn/ = /ny/, et /ll/ = /ly/.
Néanmoins, l’hésitation dans le choix des solutions décèle une
distribution diatopique et diachronique de ces phénomènes,
encore mal connue dans ses détails, tout comme dans les
romans hispaniques modernes, qui rendent parfois plus
prudente une transcription graphémique.
Les consonnes chuintantes /š/ et /ž/ n’existaient pas en vieux
latin ; elles se sont développées en bas latin, à travers la
palatalisation de /s/ et /z/ par la présence survenue d’un yod,
comme dans /KÉYŠ/ǦO/ « fromage » < latin cāsĕus,79 ce qui peut
arriver aussi pour /ks/, comme dans /ALEŠÁR/ « éloigner » <
latin laxĭus avec préfixation et suffixation romane ; ou bien par
l’assimilation mutuelle du groupe >sc<,80 comme dans /
ŠENTÉLLA/ « étincelle » < latin scintilla, /MEŠŠÉRE/ « remuer » <
latin miscere ; et d’autres groupes, comme /ps/ dans */AḌÁŠŠO/ «
complètement » < latin ad ipsum ; et même la gémination, par
exemple dans /MÉŠŠE/ « moisson » < latin messis et dans
/POŠÓLA/ « verge » < bas latin *píssa,81 avec suffixation
diminutive romane.
Les consonnes sifflantes prédorsales (affriquées) /ŝ/ et /ẑ/ du
roman hispanique continuaient les sifflantes prédorsales /s/ et
/z/ du latin et du bas latin, auxquelles elles avaient ajouté une
première phase articulatoire occlusive, les rendant affriquées, à
cause d’un trait substratique des populations natives d’une
grande partie de la Péninsule Ibérique, maximalisant ainsi la
différence avec les sifflantes apicales ; mais leur transcription
habituelle dans la graphie arabe par /s/ et /z/ (comme dans
>istibb(ah)< = /ECTÉPA/ « espèce de ciste » < bas latin stippa et
dans >a/isṭurak< = /ECTORÁK/ « sto/yrax » < grec στύραξ)
suggère que le trait d’affrication ait disparu, selon une
distribution diachronique et diatopique, tout comme en
castillan moderne.82 Quant au /z/ du bas latin, puis du roman, il
s’agissait rarement de la continuation de ce phonème marginal
dans quelques emprunts aux langues étrangères, tels que
>mlāzim< « vin vieux » < latin mĕlizōmum < grec μελίζωμον ;83
mais, le plus souvent, il s’agissait du résultat d’un phénomène
de sonorisation spontanée du /s/ intervocalique, comme dans
/BAZÍNO/ « pot de nuit » < latin vās « vase », /MONTÓZO/ «
montagnard » < latin montōsus, /PELOZYÉLLA/ « sorte
d’épervière » < latin pĭlōsus « chevelu » et dans /PEZÁČ/ « petit
pois » < latin pĭsum, tous avec une suffixation romane.
Les consonnes sifflantes apicales /ś/ et /ź/ constituent la
réalisation normale – dans une grande partie de la Péninsule
Ibérique, hormis quelques régions du Levant – des sifflantes
prédorsales /s/ et /z/ du latin et du bas latin auxquelles on a
ajouté un trait légèrement chuintant, que les Arabes
envahisseurs ont rendu par leur >š< et leur >ǧ<. Cette
palatalisation pourrait s’être généralisée partout ou presque
partout dans le faisceau dialectal roman andalou, comme
l’attestent des graphies romanes avec >x< et >g< et suivant le
modèle du latin saltus « bois » > andalou šawṭ, d’où le portugais
enxotar « chasser », le galicien enxotar et le castillan dialectal
ajotarse « être très friand de », avec différentes évolutions
sémantiques.
Les consonnes vélaires du roman andalou /k/ et /g/ sont la
continuation de ces mêmes phonèmes du latin. Lorsqu’elles ne
se trouvent pas devant les voyelles palatales, elles n’ont pas subi
le phénomène décrit pour les prépalatales ci-dessus qui
n’affectait pas non plus le /k/ roman andalou qui résulte du
phonème labio-vélaire orthographié en latin comme >qu<,
comme dans /KÁNDE/ < latin candet « il brûle » et /KÉREŚ/ <
latin quaeris « tu veux ». Quant au /g/, il est parfois transcrit
avec >q<, puisque l’alphabet arabe ne comportait pas un
graphème précis pour ce phonème :84 ce qui ne reflète aucune
différence phonémique, comme dans >QABÁLYO< < bas latin
cavallus « cheval » ; il est parfois transcrit par >ġ<, comme dans
>ĠARRÍR(E)< « parler » < latin garrīre « bavarder », ce qui peut
ne pas refléter non plus une différence phonémique, ou résulter
d’un phénomène de fricatisation, caractéristique dans les
romans hispaniques des consonnes /b/, /d/ et /g/, surtout en
dehors des positions occlusives, comme dans /AĠRÚYAŚ/ < latin
grŭes « grues », et l’optionnel /ÁQ/ĠWA/ < latin acqua « eau ».
Autrement, il y a d’autres cas d’affaiblissement articulatoire de
ces deux consonnes : par exemple dans le /k/ des groupes /kt/ et
/ks/ en /NÓXTE/ < latin nocte « nuit » et /MAXŠÉLLA/ < latin
maxilla « joue » ; du /g/ dans /AWNÉLLA/ < latin agnella «
agnelle » ; et dans n’importe laquelle des deux consonnes
lorsqu’un yod est intervenu, comme dans /LEŠÁDE/ < latin
laxātus « laissé » et >AĠREQ/ĠÓN< < grec agroíkon, d’où
probablement */AĠREYÓN/ « cresson », le portugais agrião et le
castillan agrión.

2.2.3 Phonèmes suprasegmentaux

Le roman andalou en possédait quelques-uns, comme l’accent


d’intensité phonémique, les jointures ouvertes,85 mais pas de
vélarisation, si caractéristique de l’arabe dans tous ses
dialectes,86 et presque pas du tout de gémination, un élément
fondamental dans la morphologie des langues sémitiques, mais
presque ignoré du latin et des langues néo-latines.87
L’accent d’intensité, que le vieux latin n’avait pas connu,
étant une langue à rythme quantitatif, établi par la succession
de syllabes brèves et longues, s’installa vite et solidement dans
le bas latin de nombreuses régions de la Romanie occidentale,
comme la Péninsule Ibérique, la Gaule et l’Italie,88 entraînant la
disparition de la quantité phonémique de voyelles et de
syllabes, et la remplaçant par une opposition de degrés
d’aperture et de tonicité entre voyelles toniques et atones ; ces
dernières se sont souvent affaiblies et ont même disparu dans
certaines positions, surtout pré-toniques ou post-toniques,
comme dans /ÁLMA/ < latin ănĭma « âme », /DÓNNO/ < latin
dŏmĭnus « seigneur », /METRÁNA/ « luxuriante » < latin mĕlĭor «
mieux », avec suffixation romane, /TENRÁD/ « il tiendra » < latin
tĕnĕre + hăbet, ainsi que /BERNÁD/ « il viendra » < latin vĕnīre
hăbet.89
Les jointures ouvertes dans les langues néolatines ont
augmenté considérablement leur rôle dans l’enjeu
phonologique de langues comme le roman andalou, dont il est
question ici – notamment à cause de la chute de la déclinaison
nominale du latin et le traitement éliminatoire de quelques
consonnes ou de groupes de consonnes en jointure fermée. Par
exemple, du fait que les consonnes finales d’un mot peuvent
former une syllabe avec une voyelle initiale du mot suivant,
surtout lorsque ils appartiennent à un seule syntagme, les cas
de métanalyse sont fréquents, produisant des formes innovées
de certains mots, tels que /ORBÁKA/ « laurier » < latin lauri
bacca et /ČÍNA/ « nerprun » < bas latin *lycinus, avec chute de la
première consonne, interprétée comme le /l/ de l’article défini,
ou /BANÚC/ « ébénier » < latin ĕbĕnus, un cas similaire avec
métanalyse de tous les phonèmes de cet article,90 ou, par
contre, /(L)ÉŚKA/ « yeuse » < latin isca et /ŚEMŚÓNŚ/ « prunes »
< latin myxa, avec suffixes romans augmentatif et de pluriel,
avec agglutination totale de l’article défini.

2.2.4 La phonétique combinatoire

La phonétique combinatoire du faisceau dialectal roman


andalou doit considérer les questions de la phonotaxe, de
l’assimilation, de la dissimilation et de la métathèse.
Les séquences possibles de phonèmes afin d’intégrer les
syllabes, puis, avec celles-ci, les mots d’une langue sont établis
par des règles phonotactiques, généralement assez strictes pour
chacune, quoique similaires au sein d’une même famille
linguistique, dans ce cas, celle des langues néolatines
occidentales et, plus exactement, les romans hispaniques. Selon
ces règles, une syllabe ne doit pas commencer par plus d’une
consonne, sauf si la première est suivie par /r/ ou /l/, et ne doit
pas contenir plus d’une seule voyelle ou une diphtongue, et ne
peut être fermée que par une seule consonne, parfois deux avec
des limitations ajoutées dans plusieurs cas et situations plutôt
instables. D’un autre côté, ces règles peuvent subir une violence
aussi limitée dans les registres hauts ou bas d’une langue : ce
sont les cas du castillan psicología et ptialina, ainsi que du
portugais psicologia « psychologie » et ptialina « ptyaline » sous
la pression du registre cultivé, mais prononcés comme sicología
et tialina dans les registres bas et normaux du castillan,
pisicologia et pitialina dans ceux du portugais, car ces deux
langues n’acceptent pas les groupes /ps/ et /pt/ en début de
syllabe. Ces violations sont particulièrement plus fréquentes
dans les situations de bilinguisme parfait, comme l’était
l’Andalus, puisque les romanophones n’ignoraient pas l’arabe
andalou – souvent même le contraire, jusqu’à l’extinction totale
du roman andalou à la fin du XIIIe siècle, ce qui ne fut pas
simultané selon les régions, les villes, les campagnes et les
montagnes. Il est difficile de trouver une autre explication aux
cas comme >TARÁY< « apporte » < latin trăhe et >KERÉYO< « je
crois » < latin crēdo, >AĠRANÁṬAŚ< « grenades » < latin
grānāta, >AFRÁNNE = FARÁNNE< « il casse » < latin frangit,91
puisque l’insertion d’une voyelle entre ces consonnes,
demandée par le mètre, et aussi en obéissance de la règle
phonotactique de l’arabe standard et andalou ne permettant
des syllabes avec deux consonnes initiales.
L’assimilation est un principe universel de la phonétique,
reflétant la tendance physiologique au moindre effort par
l’élimination des différences articulatoires étymologiques mais
dispensables pour l’intelligibilité dans une séquence de
phonèmes, ce qui peut déterminer : la palatalisation ou la
vélarisation des voyelles postérieures ou antérieures
respectivement dans une séquence avec l’autre classe de
voyelles ; l’harmonisation vocalique qui rend égale une
séquence de voyelles différentes, possible aussi dans certains
cas de consonnes ; la sonorisation et, parfois, la vocalisation des
consonnes sourdes afin de les rapprocher des voyelles du
contour. Toutes ces variantes d’un même phénomène sont
attestées dans le roman andalou où, par exemple /ČO/EPÓLA/ «
oignon » < latin caepulla et /ČUKÚT/ « ciguë » < latin cĭcūta sont
des cas d’harmonisation vocalique, et /ČENČEPÓNTA/ « chardon
» < latin centum puncta est un cas d’harmonisation
consonantique du /t/ avec le /č/ précédent. D’un autre côté, il y a
aussi des cas de lénification des consonnes sourdes, devenant
sonores dans le voisinage des voyelles, ce qui est caractéristique
de tous les romans hispaniques, hormis le roman andalou de
quelques régions ou plus ancien,92 où on a >LÚBBA< = /LÚPA/ «
louve » < latin lŭpa, /LATÉLLA/ « morpion » < bas latin latella et
/ČIKÁLA/ < « cigale » < latin cĭcāla, sans l’altération de cette
surdité qu’on trouve néanmoins dans /BOBRÉLLA/ « courgette »
< bas latin apopores, /LEŠÁDE/ « laissé » < latin laxātus, /AKÚTA/
« aigué » < latin ăcūta, /AKÓND/ « amarante » < bas latin
*accomptus et dans /FÍĠOŚ/ « figues » > latin ficus. On a encore
des cas de lénification de quelques consonnes agroupées,
comme par exemple dans /kt/ < /ḫt/ ou /yt/ dans /LEḪ/YTÁYRA/ «
tithymale » < latin lactārĭa et /P(E)LÉḪTA/ « tresse de jonc » <
latin plecta ; /kś/ > /ḫś/ > /ś/, par exemple dans /FARÁḪŚONO =
FARÁŚNO/ « frêne » < latin fraxinus ;93 /sč/ < /š/, par exemple
dans /ŠENTÉLL/A/ « étincelle » < latin scintilla ; /st/ < /č/, comme
par exemple dans /MAČ(E)KÁYRA/ « carline » < latin mastichē/a
« mastic », avec suffixation romane ;94 /rś/ > /śś/, comme par
exemple dans /AṬRABAŚŚÁN/ « poutre » < latin transversārĭum,
avec remplacement du suffixe ; /nś/ < /ś/, comme par exemple
dans /TERMÉ/Ś/ < latin trĭmensis « (blé) qui pousse en trois mois
», avec remaniement de la structure syllabique.
Les groupes consonantiques contenant un yod ou un /l/
palatalisé, c’est-à-dire un formant phonétique antérieur, ont eu
dans le roman andalou, comme parfois ailleurs, des résultats
caractéristiques, mais pas nécessairement identiques, par
exemple dans /b/py/ qui peut perdre la première consonne,
comme dans /ROYÓLA/ « cuscute » < latin rŭbĕa, avec
suffixation diminutive romane, et dans /MARRÓYO/ « marrube »
< latin marrŭbĭum, mais on a /MAḪŠÉLLA RÚBYA/ « grateron »,
littéralement « joue blonde » et le préroman /TÁPYA/ « pisé » ;
quant à /dy/, le résultat peut être /c/ ou /y/, comme dans
/WÉRC/YO/ « orge » < latin hordĕum, ou encore /č/ comme dans
/TERBÉČ/ < bas latin tripedium « tripode ». Finalement, les
groupes d’autres consonnes suivies par /l/, dont la palatalisation
peut être douteuse, peuvent avoir de résultats conservateurs :
comme par exemple dans /APLANTÁYIN/ < latin plantāgĭnem «
plantain », /ÉNFALA/ « il gonfle » < latin inflat et /EŚPÍKLO/ «
spic » < latin spīcŭlum ; à côté d’autres solutions comme /ļ/,
qu’on retrouve dans >BÉLYAŚ< « vieilles » < latin vĕtŭlas,
>KONÉLYA< « lapine » < latin cŭnīcŭla, >ORÉ-LYA< « oreille » <
latin aurīcŭla, mais aussi /ORÉČA/, et dans /FINÓČO/ « fenouil »
< latin fēnĭcŭlum ; ou la simple chute de la première consonne,
par exemple dans /LÁNDEŚ/ « glandes » < latin glandes.95
Une variété très particulière d’assimilation est la
répercussion ou l’insertion d’une consonne sonore, surtout /n/
ou /r/, dans certaines syllabes comprenant une autre consonne
de cette classe, comme dans /AMÉNDOLA/ < latin ămygdăla «
amande », /MANCÁNA/ « pomme » < latin mattiāna (māla),
/AMÉNKO/ « chaussure rustique » et « sorte de pois », par
métonymie du latin ămīcŭlum « vêtement », /ANPÁWRA/ «
coquelicot » < latin păpāver, /ALACTORḪÍYA/ < latin ăristŏlŏchia
« aristoloche », /MENTARÁŚTORO/ « menthe sauvage » < latin
mentastrum.96
La dissimilation est un phénomène de la phonétique
combinatoire introduisant des différences dans une chaîne de
phonèmes dont certains se répètent ou sont très similaires,
résultant d’une ultra-correction visant à éviter une assimilation
incorrecte, ou peut-être aussi par un souci esthétique d’embellir
le langage en évitant la monotonie des répétitions. En roman
andalou ce phénomène est assez fréquent dans les séquences
de consonnes sonores, sous les formes d’altération ou
disparition, comme dans /ARMUWÉLLEŚ/ « arroche » < latin
ŏlŭs molle, /AFRÁKA/ « il sent bon »< latin frāgrat, et dans
*/AṬRÉŚNA/ « sumac sauvage » < bas latin *lathrydina.
La métathèse est un phénomène de la phonétique
combinatoire changeant les positions respectives des éléments
dans une chaîne de phonèmes, probablement dans la plupart
des cas, aussi par le souci esthétique d’embellir le langage en
évitant des séquences qu’on considère moins agréable à l’ouïe.
Pour le roman andalou, on y compte les cas de /ONÓLYO/ < latin
hĕlĕnĭum « aunée », /ČÉRČ/ < latin cĭcĕr « pois chiche » et de
/TURBAŚ/ < latin tūbĕra « truffes ».

2.3 Morphologie

L’étude de la morphologie du roman andalou comprend des


informations à propos du nom, des pronoms et du verbe.

2.3.1 Les morphèmes du féminin, du pluriel et du diminutif

Les données des sources de ce faisceau dialectal roman


permettent d’établir les morphèmes du féminin {+A}, du pluriel
{+(E)Ś} et du diminutif {+ÉLLO ≠ A}, comme dans /BÓNO/ « bon
» et /BÓNA/ « bonne », dans >WÉLYO+Ś ǧíd+OŚ< « yeux sains »
et /LÁNČA+Ś/ « lances », dans /BEYǦ+ÉLLO/ « petit baiser » et
/BOK+ÉLLA/ « petite bouche », avec une distribution similaire à
celle du castillan et du portugais modernes ; mais aussi avec
certains exceptions de pluriel féminin avec {+EŚ}, comme dans
/PÁWMEŚ/ « palmes » et /ABELLÁNEŚ/ « avelines », similaires à
la solution des romans hispaniques orientaux et certains
districts asturiens et léonais.97

2.3.2 Pronoms

Le roman andalou avait des pronoms personnels, possessifs,


démonstratifs, relatifs, interrogatifs et indéfinis.
Les pronoms personnels sujets, c’est-à-dire au cas nominatif,
attestés dans les sources de ce faisceau dialectal sont /ÉW/ « je »,
/TÚ/ « tu », /ÉLL(E/O)/ « il »98 et /BOŚÓTRIŚ/ « vous ».99 Pour les
cas obliques, on a /M(E)/ « me ; moi », /TE/ « te ; toi » et /L(O/E
≠A)/ « le ; lui », placés avant ou après le verbe ; dans le
deuxième cas, affixé, et cela toujours comme réflexif, comme
dans /ME BERNÁD/ « il viendra à moi », /GÁRE ME/ « dis-moi »,
/ADÚNAM/ « rejoins-moi », /liqá+R+TE/ « te rencontrer », /LO ŚÉ/
« je le sais », /L+AMÁŚE/ « que je l’aimait », /DÓLE(D)+LA/ « (elle)
la tourmente » et /LÉŠA(L)LO/ « il le laisse ». Il y a aussi certains
cas d’accumulation de ces pronoms, comme dans
>TE+M+ṬÁLYA< « tu te sépares de moi » ; ainsi qu’une série
réflexive, avec des attestations telles que /BÉ+ŚE/ « on voit », /ŚE
ME TORNARÁD/ « il me reviendra » et /KERBÁD BOŚ/ « brisez-
vous » ; ainsi qu’une série prépositionnelle,100 attestée dans des
cas comme /BENT*A(D)MÍB/ « viens avec moi » et
/BIRÉY+M+A(D)TÍB/ « je viendrai chez toi ». Il faut encore
ajouter ici l’utilisation assez fréquente dans ce faisceau
dialectal du pronom personnel adverbial /EN/, dérivé du latin
inde et caractéristique du roman hispanique oriental, dont
l’aragonais, et partagé avec les langues néolatines de France, de
Provence et d’Italie, comme /T+EN+BEBRÁŚ/ « tu en boiras »,
/KÍ+N BÉBEŚ/ « de qui tu bois », /EN NON BÉŚE FÁČE/ « on ne
voit aucune de ses faces », /TU+N PENÁTO/ « tu en est navré »,
/FÓY+ŚE EN/ « il s’en alla » et /BÉT+EN/ « va-t’en».101
Les pronoms possessifs ne sont attestés dans les sources du
faisceau dialectal roman andalou qu’au singulier, avec une
forme pour le masculin similaire à celle du roman occidental,
du portugais et du galicien : /MEW/, /TEW/ et /ŚEW/ ; ce qui
contraste avec les formes du féminin, similaires à celles du
roman oriental, du catalan, ainsi que du français et du
provençal : /MA/, /TA/ et /ŚA/, comme dans /MEW DOLEDÓRE/ «
mon tourmenteur », /MA BOKÉLLA/ « ma petite bouche », /TEW
AMÓR/ « ton amour », /TA DÍYA/ « ton jour »,102 /ŚEW arraqíbE/
« son surveillant » et /ŚA TÍYA/ « sa tante ».103
Les pronoms et les adjectifs démonstratifs ne sont attestés
dans les sources du faisceau dialectal roman andalou qu’au
singulier, et présentent deux degrés de deixis : proche, avec les
formes /EŚT(E)/ « ce(t) ; celui-ci » et, au féminin, /EŚTA/ « cette ;
celle-ci » ; et lointaine, avec /AKÉŚT/E/ « celui-là » – sans
attestation pour un très probable féminin */AKÉŚTA/ – comme
dans /EŚT+alġulám/ « ce garçon » et /EŚTA NOḪTE/ « cette nuit ».
Les cas d’/ÉLLE/ et le neutre /ÉŚŚO/, comme dans /ÉLLE KÓLLO
ÁLBO/ « ce cou blanc » et dans /EN ÉŚŚO/ « comme cela », qui
reflètent le latin illud et ipsum et qui pourraient attester d’une
survie très limitée d’une deixis intermédiaire, qui a existé en
latin et a été préservée dans le castillan, mais rare dans la
plupart des langues du monde et tendant à se simplifier.104
Le pronom relatif attesté par les matériaux du roman
andalou est toujours /KE/, comme dans /KE KERÉŚ/ « ce que tu
veux » et /KE+N NON BÉŚE FÁČE/ « dont on ne voit pas la figure
» ; il admet parfois l’article défini comme dans /EL K+ERÉDAŚ/ «
toi tu es l’héritier » ; ou l’omission avec un antécédent
indéterminé, sous l’influence de la syntaxe arabe, comme
>FILYÓLO ALYÉNO NON MÁŚ LO+PREMÉŚ< « un petit garçon
étranger que je ne pourrais pas embrasser ».
Les pronoms interrogatifs du roman andalou, qui s’utilisent
aussi comme exclamatifs, sont /KÍ/ « qui » et /KÉ/ « que, quoi »,
comme dans /KÍ MEW sídi/ « qui est mon seigneur ? », /KÉ FARÉ
YO/ « que puis-je faire ? », /KE MÁLE MATTÁR/ « quel terrible
façon de tuer ! ». Lorsque la question ne porte pas sur les
personnes ou les choses, mais sur les circonstances, on utilise
des adverbes interrogatifs du faisceau dialectal roman andalou
/PORKÉ/ « pour quoi ? », /KÁND(O)/ « quand ? », /KÓM/ «
comment », /ÓB/N/ « où ? », /KÁN/ « combien ? » et l’exclamatif
/TÁN(TO)/ « tant, autant », comme dans /PORKÉ TÚ KORRÉŚ A(D)
MATTÁRE ?/ « pourquoi estu si pressé de tuer ? », /KÁNDO ME
BERNÁD ?/ « quand viendra-t-il à moi ? », /KÁND ŚANARÁD ?/ «
quand sera-t-il guéri ? », /ÓB liqáR+TE?/ « où te trouver ? », /AD
ÓB L+IRÉY DEMANDÁRE ?/ « jusqu’où puis-je aller à sa
recherche ? », /D+ÓN BENÉŚ/? « d’où viens-tu ? », /KÓM
BIBRÉYO/ « comment vivrai-je ? », /KÁN LE-BARÉY D+alġayba?/
« combien d’absence pourrai-je subir ? », TÁN /MÁLE!/ « si mal !
», /TÁNT+AMÁRE!/ « aimer autant ! » et /TÁNTO LÉBO
D+alwáʕd/ « j’ai tant souffert de ces promesses ! ».
On a encore dans le faisceau dialectal roman andalou
certains pronoms indéfinis, comme /ÓTRI/ et son pluriel /ÓTRIŚ/
« un autre », dont le genre est ambigu, et /ÚNO/ « quelqu’un ».

2.3.3 Le verbe

Dans le faisceau roman andalou, a une conjugaison plus courte


que dans les autres romans hispaniques ; il n’y a, par exemple,
pas de temps composés, ce qui peut s’attribuer à l’influence de
l’autre langue du pays, l’arabe, avec seulement deux ou trois
paradigmes fléchis : un perfectif, un imperfectif et un impératif
aux deuxièmes personnes. Néanmoins, le roman andalou a
préservé les différences entre trois conjugaisons, tout comme le
castillan et le portugais, les modes indicatif, subjonctif et
impératif, les temps présent, imparfait, passé et futur, avec les
personnes connues du singulier et du pluriel, ainsi que les
paradigmes non fléchis de l’infinitif, du gérondif, ainsi que des
participes actif et passif.
Pour le mode indicatif, qui exprime les actions réelles, on a
un temps présente, comme, à la 1e personne : /LÉBO/ « je
supporte », /PÓDO/ « je peux » et /BÍŚTO/ « je porte (un
vêtement) » ; à la 2e personne : /DIBÍNAŚ/ « tu devines », /KÉREŚ/
« tu veux », /BÉNEŚ/ « tu viens » ; à la 3e personne :
>TÁLLA(D)ME< « il me coupe », /KÉRED/ « il veut », /BÉNED/ « il
vient » ;105 et, au pluriel, seulement à la 2e personne et comme
traitement de respect : /EREDÁŚ/ « vous héritez », /KERÉŚ/ «
vous voulez » ; et, à la 3e personne /DÓLEN/ « ils font mal ». On a
aussi un temps imparfait ou indéfini, comme dans /ʕišq+ÉYA/ «
j’étais amoureux » et /KERÍYA/ « je voulais » ; un temps passé
simple, comme, à la 1e personne : /ADAMÉY/ « j’aimai », /AMÉŚ/
« tu aimas» ; à la 3e personne : /KÉŚ/ « il voulut », /FÓYŚE/ « il
s’en alla » ; et, à la 3e personne du pluriel : /ENFERMÓRON/ « ils
sont devenus malades ». On a aussi un future simple : à la 1e
personne : /LEBARÉY/ « je souffrirai », /ŚABRÉY/ «je saurai »,
/DORMIRÉY/ « je dormirai », /MORRÉYO/ « je mourrai »,
/BIBRÉYO/ « je vivrai », /GARRÍR BOŚ ÉY/ « je vous dirai » ;106 à la
2e personne : /DARÁŚ/ « tu donneras », /BEBRÁŚ/ « tu boiras »,
/AŚ ABÉR/ « tu sauras » ; et, à la 3e personne : /TORNARÁD/ « il
reviendra », /KERRÁD/ « il voudra » et /BERNÁD/ « il viendra ».
Pour le subjonctif, mode des action éventuelles, on a des
attestations du temps présent, comme à la 1e personne : /MÍRE/
« qu’il regarde », /DÓRMA/ « qu’il dorme » ; à la 2e personne :
/GÁNNEŚ/ « que tu gagnes » ;107 à la 3e personne : /PÉŚED/ « qu’il
déplaise » ; et, à la 2e personne du pluriel /ŚANÉŚ/ « que vous
guérissiez » ; ainsi qu’un temps imparfait, comme à la 1e
personne : /AMÁŚE/ « que j’aimasse », /PREMÉŚ/ « que
j’embrassasse » ; et, à la 2e personne : /BEBÉŚ/ « que tu busses »
et /KURÁŚEŚ/ « que tu t’en souciasses ».
L’impératif pour les deuxièmes personnes uniquement108 est
bien attesté par les sources du roman andalou, comme, pour le
singulier : /BÉ(Y)ǦA/ « embrasse », /KERÉY/ « crois », /BÉNE =
BÉNT(E)/ « viens (ici) », /BÁY/ « va(-t’en) », /DÚK/ « porte », /ŚÁB/
« sache » et /GÁR(RE)/ « dis » ; et, pour le pluriel : /ENFERMÁD/ «
tombez malades », /KERBÁD BOŚ/ « brisez-vous », /KOŚÉD/ «
prenez » et /GARRÍ(D)ME/ « dites-moi ».

2.3.4 Les paradigmes non fléchis

Le verbe roman andalou possède aussi les paradigmes non


fléchis, aussi appelés formes nominales, de l’infinitif, du
gérondif et des participes actif et passif.
L’infinitif est surtout en roman andalou, et tout comme le
maṣdar en arabe, le nom d’action, très utilisé, comme /LEBÁRE/
« supporter », /MATTÁR(E)/ « tuer », /ŚANÁR/ « guérir »,
/NOMMÁR/ « nommer », /DONÁRE/ « donner », /BÉR/ « voir »,
/LEDÉRE / « nuire », /GARRÍRE/ « dire » et /DORMÍRE/ « dormir
».109
Le gérondif, si vivant et fréquent dans toutes les langues
romanes hispaniques, n’offre qu’une seule attestation dans le
roman andalou, /AMÁNDE/ dans le passage problématique
d’A36, où il faut choisir entre une fausse restitution de la voyelle
finale de la continuation du latin amando, à cause de la rime /di/
de ce segment, ou un autre effet de celle-ci, qui aurait aussi
entraîné la sonorisation d’un */AMÁNTE/, malgré la rareté du
phénomène phonétique et surtout de cette suffixation, comme
on le verra par la suite. La perte de cet instrument morpho-
syntaxique dans le roman andalou, pourrait être attribué à
l’influence de l’arabe andalou, qui a aussi abandonné les
tournures classiques du participe actif avec la fonction d’un
accusatif adverbial, dont la fonction syntaxique était similaire
au gérondif.110
Les participes actif et passif du verbe roman andalou ne
gardent qu’un rapport sémantique avec lui puisque, sans aucun
rôle dans la conjugaison, ils sont de simples adjectifs qui
s’utilisent comme des qualificatifs dans les syntagmes
nominaux, ou bien comme des prédicats dans les syntagmes
prédicatifs.
Le participe actif est obtenu par suffixation d’{+ÓR(E)},
comme dans /AMADÓRE = ADAMAṬÓR/ « aimant »,
/DOLEDÓRE/ « tourmenteur », /MEŠEṬÓRE/ « embrouilleur »,
/MORDEDÓR/ « mordeur » et /DEBṬÓR/ « débiteur ».
Le participe passif est obtenu par la suffixation d’{+ÁD/O/E}
à la 1e conjugaison, comme dans /TORNÁDE/ « retourné »,
/LEŠÁDE/ « laissé », /ADORNÁTO/ « orné », /PENÁTO/ « affligé », /
ŚILIBÁTO/ « toqué, achevé » ; et {+ÍD/ṬO} pour la 2e et la 3e
conjugaison, comme dans /ROMPÍTO/ « brisé », /KOŠÍTO/ «
cueilli », /BEŚTÍTO/ « vêtu », /KARPÍTO/ « fendu » ; avec certains
cas de formation irrégulière, comme /RETÉNTO/ « retenu » ; et
des formes « courtes », comme /MÓRDA/ « mordue ».111

2.4 Syntaxe

2.4.1 Les syntagmes

La syntaxe du faisceau dialectal roman andalou comprend


l’étude des syntagmes sous-prédicatifs, prédicatifs nominaux et
prédicatifs verbaux, ainsi que les modalités, les fragments et les
vocatifs.

2.4.1.1 Les syntagmes sous-prédicatifs nominaux peuvent être


déterminés par l’article masculin EL et féminin LA, comme
dans EL BÍNO « le vin » et LA FÁČE « la figure » ; avec des
allomorphes sans le / l/ similaires au roman hispanique plus
occidental, comme dans DO MÁR « de la mer », DO ŚÓL « du
soleil », A ŚÉŚTA « la sieste », en distribution diatopique ou
diachronique.112 L’indétermination est marquée, comme dans
les autres langues romanes hispaniques, par le masculin UN et
le féminin UNA, comme dans UN KATÍBO « un captif » et UNA
DÍYA « un jour ».
Les syntagmes qualificatifs du roman andalou ont les
marques habituelles de genre (masculin ou féminin) et de
nombre (singulier ou pluriel), comme dans BÉL(LO) FOGÓRE «
ardeur jolie » et FAṬOŚ ÁLBOŚ « destins heureux », BOKÉLLA
ḥamr+ÉLLA « petite bouche rouge » et allázmaŚ AKÚṬAŚ «
morsures aiguës ». Il y a certains cas de concordance selon la
grammaire arabe, d’un pluriel inanimé avec le féminin
singulier, comme dans ĠÁLLAŚ KÁNA « galles blanches » ; ou
d’un substantif au singulier avec les adjectifs numéraux
supérieurs à dix, comme dans ČÉNTO NÚDO ≠ KÁPETE = KÁPO
« cent nœuds ≠ têtes ».113
Les syntagmes de rection du roman andalou sont une
variété de syntagmes marginaux, caractérisés par l’utilisation
de la préposition D(E), comme dans RÁYO DE ŚÓL « rayon de
soleil », FÁČE DE MEṬRÁNA « visage d’une jolie fille » et FÍLYO
D+abn+addayyán « fils d’Ibn Addayyān »,114 mais parfois avec
certaines particularités qui décèlent une influence de la syntaxe
arabe, où ces syntagmes, connus comme iḍāfah ou annexion,
sont un chapitre très important de la morphologie nominale.
On trouve parfois dans le roman andalou, à cause des
changements de code plus ou moins totaux, des syntagmes de
rection de l’arabe, tels que inḏár álḫálES « avertissement aux
proches parents » et BOKÉLLAt alʕiqdE « petite bouche comme
un collier », à côté d’autres cas d’hésitation entre la chute et la
conservation de la préposition romane, comme dans les noms
de plantes PÉḎ(E DE) KOLÓMBO « verveine » (littéralement «
pied de colombe ») et PÉḎE (ḎE) POLLÉLLO « sorte d’oseille »
(littéralement « pied de poulet »), PÉḎ(E Ḏ)ÁNAṬE « pied de
canard », dont l’identification est disputée, attribuables peut-
être à l’haplologie à cause de la répétition du /d/, et des cas de
chute sans alternative, comme dans RÉY MÓNT « sauge »
(littéralement « roi du mont ») et KÓḎA LÓPA « molène »
(littéralement « queue de loupe »), où il pourrait s’agir de la
faiblesse articulatoire du /d/ intervocalique dans les romans
hispaniques, ou d’un calque de la syntaxe arabe.
Les syntagmes marginaux ajoutent une information à leur
membre principal ou leur tête moyennant l’addition des
compléments circonstanciels à l’aide d’une préposition : telle
que DE pour l’ablatif, mais pas le génitif, comme dans
ENFÉRMO DE MEW AMÁR « malade de mon amour » et
ADORNÁṬO DO MÓRTE « accoutré de mort, (c’est-à-dire
enveloppé dans son linceul) » ;115 A(D) à plusieurs fonctions,
comme l’objet direct personnel comme dans ʕišqÉYA AD EST
alǧárE « j’aimai ce voisin »,116 complément indirect ou datif
comme dans AD ÓTRIŚ BENDÉD « vendez aux autres », locatif
comme dans AD MEW ŚÉNO « en mon sein » et allatif comme
dans AD išbílya « à Séville », BIRÉYM A(D) TÍB « je viendrai à toi
» ; DEŚ « depuis », comme dans DEŚ KAND MEW sidYÉLLO
BÉNED « depuis que mon Cidiello vient » ; EN « dans, à »,
comme dans EN ÚNA DÍYA « dans une journée » ; EN
wadalḫaǧára « à Guadalajara » ; KON « avec », comme dans
KON aššárṭE « à condition », KON BÉLLO FOGÓRE « avec une
belle ardeur » ; POR « pour », comme dans POR ÉL MORRÉYO «
je mourrai pour lui », POR abulqásim « pour Abulqāsim » ; ŚEN
« sans », comme dans ŚEN ÉLLE « sans lui », ŚEN alḥabíb « sans
l’aimé », NON ŚEN LO BÉR DOBE MÍRE « pas sans le voir là où je
pose mon regard » ;117 et ŚO « sous », comme dans
ŚO+lǧummÉLLA « sous la petite chevelure ».
2.4.1.2 Les syntagmes prédicatifs nominaux, sans copule
verbale, sont fréquents dans le roman andalou,118 sans doute à
cause de l’interférence syntaxique arabe, comme dans MEW
alḥabíb E ENFÉRMO « mon aimé est malade », MEW alḥabíb EŚT
AD YÁNA « cet aimé de moi est à la porte », TU+N PENÁṬO « tu
en es affligé» ; ce qui est fréquent avec les participes passifs,
dans une construction rappelant les temps composés de la
conjugaison néolatine, comme dans MEW alḥabíb NON
TORNÁDE … N+UN BEYǦÉLLO LEŠÁDE « mon aimé n’est pas
revenu … il n’a même pas laissé un petit baiser », MEW sidÉLLO
BENÍD … RÁYO de ŚÓL IŠÍD « mon Cidiello est venu … un rayon
de soleil est apparu ».

2.4.1.3 Les syntagmes prédicatifs verbaux constituent les


propositions, qui peuvent être simples, composées et
subordonnées.
Une proposition simple est composée d’un sujet et d’un
prédicat verbal, avec l’addition possible de compléments
(d’objet direct ou indirect, ou de circonstanciel), dont plusieurs.
L’ordre syntaxique préféré par la syntaxe du roman andalou,
comme des autres langues néolatines, est S-V-O, mais les
inversions V-S et O-V-S ou O-S-V sont assez fréquentes, à cause
du contexte poétique dans lequel il y a des mots qu’il convient
d’emphatiser, ou encore sous l’influence de la syntaxe arabe,
voire néo-arabe, où cet ordre n’est pas si stricte, comme dans
alġilála raḫṣa BÍŚTO « je porte une chemise légère », KERÉŚ
BÓN AMÁR « tu veux aimer un beau », wúč YA TENRÁD « quel
front d’airain il a ! », ŚÉTE ŚÁNA « il guérit sept maladies » et
MÁNNA BÉD « voyez quelle ruse ! ».
Les propositions verbales composées sont connectées par la
conjonction copulative E(D) « et », comme dans ADAMÉY
FILYÓL ALYÉNO ED É+A(D) MÍB « j’aimai un garçon étranger, et
il m’aima » ; elle peut être parfois omise, comme dans
BÉYǦÁDME qahra EN BÉDO EW alfalakÉ « il m’embrasse avec
violence, et j’en vois trente-six chandelles » et NON ME KÉRED
GARRÍRE kílma, TIRÉY … DORMÍRE « il ne veut pas me dire un
mot : j’ai perdu le sommeil ». Une autre variante de proposition
composée est celle marquée par la préposition disjonctive O,
comme dans KÉ FAREYO O KÉ ŚERÁD DE MÍBE « que vais-je
faire, ou que deviendrai-je ? ».
Les propositions verbales complexes peuvent se classifier
comme nominalisées ou substantivées, finales, modales et
conditionnelles.
Les propositions nominalisées ou substantivées sont
introduites par KE, comme dans LO ŚÉY KE ÓTRI AMÉŚ « je sais
que tu as aimé une autre personne », KE DÓRMA REKÉRE « fais
de ton mieux pour qu’il s’endorme » ; mais cette marque est
multifonctionnelle et peut aussi introduire des subordonnées
finales, comme dans KE baráɁa+M GÁNNEŚ « afin de me
procurer une lettre » ; casuelles, comme dans KE MÓYROME «
car je me meurs » et KE NON ME TENÉŚ anníyya « car tu ne
m’es pas dévoué ».
Une subordonnée finale peut aussi être introduite par la
préposition habituellement allative A(D), dont la faiblesse
articulatoire peut entraîner sa chute, comme dans IRÉY
DEMANDÁRE « j’irai le chercher » et múḏi ḥáli KERBÁRE « il
nuit à ma nature, au point de la casser ».
Une subordonnée modale ou temporelle est introduite par la
marque KÁNDO, comme dans GÁRME KÁNDO ME BERNÁD «
dis-moi quand est-ce qu’il viendra à moi ? » et KÁNDO MEW
sid+ÉLLO BÉNED « dès que mon Cidiello vient ».
Les propositions subordonnées conditionnelles portent
toujours la marque ŚI « si ». Les cas les plus claires sont ceux
des conditionnelles réelles avec le mode indicatif dans la
protase et le temps futur ou le mode impératif dans l’apodose,
comme dans GÁR ŚI YÉŚ DIBÍNA « dis-moi, si tu es une
devineresse », ŚI NON KÉREŚ BIRÉYM+A(D) TÍB « si tu ne veux
pas, je viendrai à toi » et ŚI MORRÉY TARÁY ḫámri « si je vais
mourir, apporte-moi mon vin » ; mais il y a aussi cas de
propositions hypothétiques au subjonctif, comme dans ŚI ME
KURÁŚEŚ … DURÁŚ+ME+N ÚNO « si tu te souciais de moi, tu
m’emmènerais avec toi » ; ainsi que de propositions optatives
sans apodose, comme dans ŚI ŚABÉŚ « si tu savais » et ŚI ŚE ME
TORNARÁD « plût à Dieu qu’il revienne à moi ! ».119

2.4.2 Modalités de la prédication

La modalité négative de la prédication est toujours marquée


dans le roman andalou par NON, comme dans NON KÉREŚ « tu
ne veux pas », NON DORMIRÉY « je ne dormirai pas », NON
ÁBEŚ TÁLE « tu n’as pas d’égal », mais cette marque devient
NI(N) après la conjonction copulative, dans un tout, comme
dans NIN KÉŚ « et il n’a même pas voulu », NI(Ś)ŚI KÉRED
NO(M)ME KÉRED GARRÍRE kílma « et il ne veut pas me dire un
mot », E(D) N+ UN BEYǦÉLLO « et pas même un petit baiser ».
La modalité optative est parfois marquée dans le roman
andalou par ʕasí, où l’on a réutilisé le vieux verbe arabe ʕasà «
il est possible que ; qui sait si … ne, etc. », exprimant un futur
incertain ou l’espoir, avec une évolution sémantique sous
l’influence du roman hispanique ASÍ (KE) « plût à Dieu que »,
comme dans ʕasí ŚANARÉY « peut-être je guérirai ainsi ; plût à
Dieu que je guérisse ainsi ».120

2.4.3 Les fragments


Les fragments sont des séquences de mots sans une structure
syntaxique, à fonction surtout phatique, c’est-à-dire permettant
d’établir ou de conditionner une connexion entre les locuteurs,
avant ou au moment de leur transmettre un message. Dans les
sources du roman andalou, on compte dans cette catégorie les
vocatifs, et certains serments, des interjections et des
salutations.
Les vocatifs sont habituellement marqués par ya, emprunté
à l’arabe et avec des attestations aussi dans le vieux castillan,121
comme dans ya MÁMMA « maman ! »122, ya MAṬRE/i « ma mère
! », ya ráb « mon seigneur ! », ya raqíʕ « eh toi le dévergondé ! » ;
mais cette marque peut parfois manquer, comme dans
BOKÉLLA « petite bouche ! », H16 ḥabíbi, mais H8 ya ḥabíbi «
mon ami ! ». Le vocatif est souvent exclamatif, comme dans ya
wáyAŚ « quels gémissements ! ».
Les serments insérés dans les sources du faisceau dialectal
roman andalou sont rares : on n’a relevé que wa+ČÉLOŚ « par
les cieux ! » dans A27, et l’emprunt à l’arabe andalou balláh «
pardieu », probablement avec une variante déjà classique
walláh, d’où le castillan classique gualá, dans des contextes
morisques, mais sans attestations dans les sources de l’époque
où on parlait encore le roman andalou.
On n’a pas trouvé un grand nombre d’interjections dans les
source du roman andalou, mais nous avons amán(E) « ayez
pitié !, au secours ! », BÍYA « fichez le champ ! » et a KÓNNO,
traduction de l’arabe ḥir(r) úmmak « la vulve de ta mère »,123 et
des emprunts à l’arabe, comme dans balláh « pardieu ! ».
Les salutations dans les pays où le bilinguisme est fort sont
souvent affectées par les changements de code, afin de faciliter
le contact avec ceux qui sont moins capables d’utiliser les deux
langues avec la même aisance. Malheureusement, on trouve
très peu d’occurrences de ces expressions dans nos sources du
faisceau dialectal roman andalou, où on n’a relevé que aṣṣabáḥ
BÓNO « bonjour » dans H17,124 demi-traduit de l’arabe ṣabāḥa
lḫayr, plus commun que l’original ṣabbaḥak llāhu biḫayr « que
Dieu te donne un beau matin », probablement islamisé à partir
d’un vieux inʕam ṣabāḥa(n) « sois heureux ce matin » qu’on
trouve dans la littérature préislamique.

2.5 Lexique

Le lexique du roman andalou est intégré surtout par des mots


du bas latin hispanique, d’origine latine ou parfois préromane,
avec l’ajout de nombreux emprunts à l’arabe andalou.
Les mots d’origine latine sont évidemment la plupart,
parfois reflétant très précisément les formes originales latines,
comme dans ÁLA < āla « aile », ÁKWA < acqua « eau », DONÁRE
< dōnāre « donner », et le plus souvent modifiés par l’évolution
phonétique connue du bas latin et du latin hispanique, selon
l’information du chapitre 2, et avec les exemples de chacun de
ses épigraphes.
Les mots d’origine préromane du roman andalou sont rares,
bien qu’ils soient les témoins les plus caractéristique de
l’identité de ce faisceau dialectal néolatin, comme dans les
noms de plantes BARḎÓNEŚ et BARDAČO « variétés de chardon
», ĠABÁNCO « églantier », KALABÁČA « courge », ṬAĠÁR(N)A/O
« livèche », ṬÁWČ « sparte, alfa », TÓYO « genêt épineux ».125
Les emprunts du roman andalou à l’arabe andalou sont
nombreux, dans le cas des substantifs, avec et sans l’article
défini arabe,126 et leur intégration dans le roman est souvent
soulignée par leur adoption du système de suffixes
dérivationnels.
Les mots du roman andalou de n’importe quelle origine
peuvent donc être utilisés dans leur forme et leur signification
basiques et habituelles, ou étendus par le moyen du système de
suffixes romans127 de dérivation nominale, adjectivale, agentive
ou passive, pouvant le cas échéant s’accumuler ou se substituer.

2.5.1 Les suffixes de dérivation nominale

Les suffixes de dérivation nominale plus fréquents dans le


faisceau dialectal roman andalou sont ceux qui ajoutent aux
substantifs une connotation expressive, diminutive,
augmentative ou péjorative.
Le suffixe diminutif le plus fréquent est {+ÉL(LA≠O)}, comme
dans BERḎÉL « variété de figues » < latin vĭrĭdis « vert » +
{illus}, EŚPARIṬÉL « millet au grain ouvert » < bas latin
*sparitus, au lieu du latin sparsum, GALLÉL « polypode
commun », < latin gallus « coq », NAPÉL « aconit » < latin nāpus
« navet », PORČÉL « porcelet » < latin porcellus, KARḎÉL « sorte
de cardon » < latin cardŭs, ainsi que ṬOMENṬÉL < latin
tōmentum « bourre », FUMÉLLO « fumeterre » < latin fūmus «
fumée », ME-LONÉLLO « hellébore noir » < latin mēlo, -ōnis «
melon », RABANÉLLO « radis commun » < latin răphănus,
EŚKOPÉLLA « sorte d’euphorbe » < latin scōpa, IČÉLLA « variété
de chêne » < latin īlex, -ĭcis,128 PAWMÉLLA « palmite » < latin
palma, ainsi que KAWLÉLLA « nom de plante à plusieurs
identifications »129 < latin caulis « tige ; chou » ; parfois avec une
diphtongaison ascendante souvent hésitante, comme dans
AČEṬYÉL « variété de poire de Saragosse » < latin ăcētum «
vinaigre », KARḎUBYÉL = KARḎUBÉLLO « chardon acanthin »13
0 < latin cardŭs albus, ṬORḎ(IY)ÉL « grive » < latin turdus,

APOPR(Y)ÉLLA « bryone blanche » < bas latin apopores, ainsi


que ČENŚ(IY)ÉLLA « fumeterre » < bas latin *cinisia < latin cĭnis
« cendre ». Cette marque possède un allomorphe moins
fréquent {+ÍL}, au féminin {+ÍLLA}, comme dans ĠATTÍL « (de)
petit chat »131 < latin cattus, BARRÍLLA « saponaire » < roman
hispanique barra,132 ORTIKÍLLA « mercuriale » < latin urtīca «
ortie » et ŚEĠÍLLA « bugle » < latin sīca « poignard ».
Le suffixe diminutif, avec une nuance ajoutée péjorative,
{+ÓL}, comme dans ECKORKÓL « variété d’azérolier »,133 ou
{+ÓL(L)O ≠A}, dérivé du latin {+ĕ/īŏlus}, est assez fréquent,
comme dans FILYÓLO « petit fils aimé » < latin fīlĭŏlus, KANČÓL-
LO « bugrane épineuse » < roman andalou gánčo « croc »,134
KORNÓLLO « cornouiller » < latin cornus, PERÓLLO « poire
sauvage » < latin pĭrum, ČOPÓLLA « oignon » < latin caepŭla «
ciboule », KALABAČÓLA « aristoloche ronde » < roman andalou
KALABÁČA, KAŚTANYÓLA « nom de plusieurs plantes dont
l’identification est disputée »135 < latin castănĕa, YERBÓLA «
poison végétal pour les flèches » < latin herba, parfois avec une
diphtongaison ascendante, comme dans KANTÓLLO = KANT-
WÉLO « lauréole » < latin canthus,136 KORNWÉLLO, PERWÉLO
et KAŚTANYUÉLA, variantes de KORNÓLLO, PERÓLLO et
KAŚTANYÓLA, en distribution probablement diachronique ou
diatopique.
Le suffixe expressif, surtout augmentatif, mais parfois aussi
diminutif {+ÓN(A)}, continuation du latin {+ōn(em)}, est très
fréquent, comme dans BAŚṬÓN « bâton » < latin bastum,
KORAČÓN « cœur » < bas latin *coratione < latin cor, -dis,
FEṢṢÓN < latin făsĕŏlus « haricot »,137 ĠARĠALLÓN « espèce de
champignon », dérivation métaphorique du latin curcŭlĭo, -ōnis
« charançon », ĠAŠŠÓN « anis », peut-être < bas latin *galleus «
similaire aux galles », MELEKÓN « sorte de luzerne » < latin
mēdĭca herba, attribuée aux Mèdes,138 NEĠRÓN « variété de blé
» < latin nĭgĕr « noir », PIKÓN « fruit de l’acacia employé dans la
préparation du cuir » < bas latin picare « piquer »,139 POČÓN «
pétiole » < latin pĕtĭŏlus,140 KAMARÓN « crevette, squille » <
latin cammărus < grec κάμμαρος, KAPRÓN « bouc » < bas latin
capro, ŚARḎÓN « sorte de thym » < latin sardus « Sarde »,
ṬORḎÓNA « espèce de galanga », peut-être > latin turdus « grive
»,141 ṬOŠṬÓN « rôtie » < latin tostus et RONNÓNEŚ « rognons » <
bas latin *renio < latin rēn, -ēnis.
Le suffixe péjoratif {+Á/É/Í/Ó/ÚČ(O≠A)}, continuation du latin
{+ā/ī/ūcĕus} est assez fréquent, comme dans KARDÁČO «
pissenlit » < latin cardŭs, ČETRÁČ « variété d’oseille » < latin
ăcētārĭa,142 ALBÉČO « ciguë » < latin albus « blanc », BUDÉČO «
salsola » < latin bŭda, MILLÉČO « variété de millet » < latin
mĭlĭum PANÍČ, « sorte de panic » < latin pānĭcum,143 PEKATÍČ «
gluant » < latin pĭcātus « enduit de poix », TORDÍČO « sorte
d’oseille » < latin turdus « grive » ;144 et, pour {+ÚČ}, certains cas
de l’arabe andalou, empruntés au roman andalou et donc, ayant
été courants dans ce faisceau dialectal, malgré le manque de
témoin, comme dans >bubuǧǧ< « niais » < bas latin baburr/ius14
5 et PITRÁWČA « marron sec, châtaigne sèche »146 < latin petra «

pierre », à cause de leur dureté.147


Les suffixes péjoratifs {+ÁK} et {+ÚK}, dont l’origine est
obscure, ne sont pas très fréquents, mais leur présence, plutôt
que leur fonction, semble être assurée dans /BOLČÁKAŚ/ «
pourpier » < latin bu/yrsa < grec βύρσα « bourse »,148 */ILYÁKA/1
49 « buglosse » < latin īlĭāca « iliaque » et /LAḪ/YTÚKA/ « laitue »

< latin lactūca.150 Leur cas est similaire au suffixe diminutif


castillan, surtout dialectal {+ico}, dont l’origine et l’acquisition
de sa nuance sémantique ne sont pas clairs.
Le suffixe {+ÁYN(O)}, attributif avec une nuance souvent
péjorative, continuation du latin {+āgĭne(m)}, est attesté,
comme dans /ALBÁYNO/ « nom de plusieurs arbrisseaux à
feuilles blanchâtres »151 < latin albus « blanc », /BEŚKARÁYN/ «
carline », en latin viscārāgo, -ĭnis < viscum « gui » et
/PALANTÁY/N/ « plantain » < latin plantāgo, -ĭnis,152
/(IL)IČÁYNO/ « espèce de lavande »153 < latin īlix, -ĭcis « chêne »
et /PANČÁYN/ « seigle » < latin pānĭcum « panic ». 154

2.5.2 Les suffixes de dérivation adjectivale

Les suffixes de dérivation adjectivale du roman andalou sont la


continuation de ceux du latin, toujours des attributifs, quoique
parfois avec des nuances additionnelles.
Le suffixe attributif les plus commun est {+Á/É/ÍNO≠A},
comme dans /WERTÁNO≠A/ « potager, maraîcher »,
/CARAKOCCÁNA/ « de Saragosse » < latin Caesărĕa Augusta et
/MATRÁNA/ « luxuriante » < latin mātūro « mûrir »,155
/MAWRÉNO/ « baudremoine »156 < latin maurus « maure » et
/AŚNÍNO/ « asinien », dit de certaines variétés de concombre
rose < latin ăsĭnīnus, /BOPUČÍNA/ « globulaire » < latin vulpēs «
renard », /FERRÍNO/ « objet en fer » < latin ferrum,157 /ĠATTÍNO/
« félin (relatif au chat) » < latin cattus,158 /LEČÍN/ « variété
d’olive » peut-être < Astigi, aujourd’hui Écija,159 /LEPRÍNO/ «
relatif au lièvre » < latin lĕpŭs, -ŏris,160 /LOPÍN(O)/ « relatif au
loup » < latin lŭpīnum « lupin »,161 /KABALLÍNO/ « chevalin »162
< latin căballus « cheval hongre », /KOLOBRÍN/ « sorte
d’euphorbe » < latin cŏlŭbrīnus « de couleuvre », etc.
Un autre suffixe attributif assez commun est {+ÉÑO≠A},
continuation du latin {+ānĕus}, comme dans /ČERMÉNNA/ «
muscadelle, variété de poire »,163 /EŚPARRAĠÉNNO/ « asperge
sauvage » < latin aspărăgus, /KANPÉNNO/ « champêtre »164 <
latin campus, /MOŚKÉNNO/ « aigremoine, eupatoire » < latin
eupătŏrĭum < grec ἐυπάτωρ « de noble naissance » < latin musca
« mouche »165 et /AKWÉNYO/ « d’eau »166 < latin acqua.167 Ce
suffixe semble se refléter également dans /ATRABAŚŚÁN/ «
bâcle, traversin » chez IQ 20/3/2 et dans les deux exemples de
Griffin 1961 : 224 et 225 : >ṭištany< « casque » < bas latin
*testaneu et >ṭirṭaynah< « ver de terre » < bas latin *termitanea
< latin tarmes « termite », où le yod, au lieu de s’être fondu dans
le suffixe {+ÉÑO}, semble avoir généré une joncture finale, avec
palatalisation de la voyelle antérieure */TRABEŚÁÑ/, */TESTÁÑ/
et */TERTÁÑA/.
Un autre suffixe attributif assez commun est {+ÉŚKO≠A},
continuation du latin {+iscus}, comme dans /ĠALLÉŚKO/ «
Gaulois » < latin Gallus et /MAWRÉŚKO/ « Maure » < latin
Maurus.168 Ce suffixe pourrait avoir une variante phonétique
{+ÓŚKO≠A}, comme dans /KANTÓŚKO/ « espèce de lavande » <
latin ăcanthus, à cause d’une certaine ressemblance entre ces
deux genres de plantes.169
Un autre suffixe attributif commun est {+ÁR/L}, continuation
du latin {+ār/lis}, comme dans /ARDÁR(E)/ « buglose » < latin
ardēre « brûler »,170 /BOLYÁR/ « alkékenge, coqueret » < latin
bulla « boule », /ČERÁR/ « céréale » < latin cĕrĕālis « relatif au
blé », >MOLYÁR< « espèce d’olive »171 < latin mollis « souple »,
/KAWLÁR/ « chou-fleur » < latin caulis « tige », /LOGÁR/ « lieu » <
latin lŏcālis « local », et /ŚUDADÁR/ « linceul » chez IQ 20/6/4 <
latin sūdārĭum « mouchoir ; suaire ».172
Il y a aussi certains cas du suffixe atone {+NO≠A}, ajouté aux
thèmes consonantiques et continuation du latin {+nus}, comme
dans /FÉČNO/ « armoise de Judée » < latin faecĭn(ĭ)us « qui laisse
du marc ou de la lie », /LÉČNO/ « thuya » < latin īlĭcĕus « comme
le chêne », /PÉČN(O)/ « variété de raisin noir » < latin pĭcĭnus «
comme le poix », /RÉČNO/ « ricin » < latin rĭcĭnus et
/T(E)RÉḎNA/, dans /LÉYTE –/ « herbe aux verrues » < bas latin
*lathryridina < latin lāthўris « épurge ».173
Un autre suffixe attributif atone est {+EKO}, continuation du
latin {+ĭcus}, comme dans /MÉLEKAŚ/ « feuilles de marjolaine »
< latin mĕl, -llis « miel », /MÚREKA/ dans /YÉRBA–/ « espèce de
cerfeuil, Myrrhis odorata » < latin murra = myrrha < grec μύρρα
« murrhe » et /RÓŚTEKO/, adjectif ajouté à /LÉNYO/ et /ÚBA/, <
latin rustĭcus « campagnard ».174
Le suffixe attributif {+ÓŚ/Z(O} et son féminin {+ÓŚ/ZA},
continuation du latin {+ōsus}, caractérisé dans le roman
andalou par une hésitation, diatopique ou diachronique, dans
la réalisation sourde ou sonore de la consonne, est assez
fréquent, comme dans /BABÓŚ/ « lentille d’eau » < roman
andalou baba « bave », /BENTÓŚO/ « espèce d’aurone » < latin
ventōsus (car il est carminatif) >PANNÓŚ< « espèce de pêche
avec velours » < latin pannus « morceau d’étoffe »,175
/MONTÓZO≠A/ « montagnard » < latin mont(ŭ)ōsus,176
/MOROŚA/ « pariétaire » < latin mūrus « mur », /KAKKÓŚA/ dans
/YÉRBA–/ « mercuriale » (un laxatif puissant) < latin căcāre «
aller à la selle », /EŚPINÓZA/ (nom alternatif de la plante aussi
appelée /EŚPÍNA ÁL-BA/) « épine blanche » et /PILÓŚ/ («
littéralement « poilu ») < latin pĭlōsus, utilisé par IQ comme
euphémisme pour les noms de la vulve.
Il y a certains cas d’un suffixe {+ÚNO≠A}, avec une certaine
connotation négative, comme en castillan, comme dans
/BOKÚNO/ « fétide » < latin bucca « bouche », /ČERBÚNO≠A/ « de
cerf » < latin cervus « cerf »177 et /KAPRÚNO/ « de bouc » < latin
caprūnus.178

2.5.3 Suffixes agentifs


Le suffixe agentif179 le plus utilisé et productif dans le faisceau
dialectal andalou est {+ÁYR(O)}, au féminin {+ÁYRA},
continuation du latin {+ārĭus≠a} avec une simple métathèse du
yod, comme dans /PORKÁYR/ « espèce d’orobe » < latin porcus,18
0 /ŚOLLÁYR/ « tournesol » < latin sōlāris herba, /ĠARRITÁYRA/ «

serpentaire » < latin garrīre « gazouiller »,181 /LAḪTÁYRA/ «


tithymale » < latin lactārĭa herba, /MELLÁYRA/ « buglosse » <
latin mellārĭa « à miel », /MOŚKÁYRA/ (dans /YÉRBA–/) « sorte
d’aunée » < latin muscārĭa « des mouches », /POTRÁYRA/ (dans
/YÉRBA –/) « sorte de luzerne » < roman andalou */PÓTRO/ «
poulain »,182 /PULKÁYRA/ (dans /YÉRBA–/) « herbe aux puces » <
latin pūlĭcārĭa (herba), /KANÁYRA/ (dans /YÉRBA–/) « chiendent
» < latin cănārĭa (herba) « des chiens », /KAPCÁYRA/ « pavot » <
bas latin capitia < latin caput « tête »,183 /KOLO(N)ČONÁYRA/
(dans /YÉRBA–/) « mille-pertuis » < roman andalou /KORAČÓN/ <
latin cor,-dis « cœur »,184 /ŚANKONÁYRA/ « renouée »185 < latin
herba sanguĭnārĭa /ŚAPONÁYRA/ « saponaire » < latin sāpo, -ōnis
« savon » et /TORTOLÁYRA/ (dans /YÉRBA–/) « tournesol » < latin
turtur « tourterelle », puisque ces oiseaux, selon l’auteur,
aimeraient la manger pendant l’été.186 On note aussi des cas
apparemment archaïsants, comme dans >KANNÁRYA<, sans
métathèse du yod, ou diachroniquement plus récents, ou
diatopiquement attribuables à la fragmentation du faisceau
andalou, comme dans /LANPADÉR/ « variété de figue atteignant
sa maturité à la Saint-Jean »187 et /NEGRÉR/L/ « nom de
certaines variétés de figues, raisins, basilic et genêt »,188 à cause
de leur couleur < latin nĭger « noir ».
Le suffixe agentif {+(v)TÓR}, continuation du latin {+(ā)tor},
quoique peu fréquent, est attesté, comme dans /BELATÓR/ «
nom d’une espèce de nénuphar » < latin vĭgĭl « veilleur »,189
/BEḪŚÁTOR/ « calotrope » < latin vexātor « tourmenteur » (à
cause de son goût),190 /MEŠÉTÓR(E)/ « embrouilleur » < latin
miscēre « mêler » et /DEBTÓR/ « débiteur » < latin dēbĭtor.

2.5.4 Les suffixes passifs

Les suffixes passifs des participes des conjugaisons verbales du


faisceau dialectal roman andalou, {+Á/ÍT(O≠A}, continuation du
latin {+ā/ī/ūtus}, sont attestés, comme dans /FERRÁT/ « espèce
de figue » < latin ferrātus (à cause de sa couleur), /LANÁT/ «
espèce de raisin » < latin lānātus « duveté », /MELLÁT/ dans
/MÚR–/ « espèce de chicorée » < bas latin *mus mellatus
(littéralement « souris couleur de miel »),191 /PEPRÁTO/ comme
qualificatif de >KARDÉLLO< « chardon roulant » < latin pīpĕr
(car il est décrit comme poivré), /WERKÁT/ « espèce d’olive »,
probablement du latin orchăs, -ădis < grec ὀρχάς, >ŚEǦELLÁT<
dans >KURÚŠE< « jasmin » < latin sāgillātus crŭce « façonné
comme une croix », /ŚILIBÁTO/ « cinglé » < latin sībĭlo « siffler
»,192 /MEYÁTOŚ/ « pissat » < latin mēiāre, /AWRÁTA/ dans
/MÁLBA–/ « primerose » < latin aura « souffle, vent », /ČERRÁTA/
« espèce d’avoine » appelée « fermée » < bas latin *serrare <
latin sĕrĕre,193 /KAPCÁTA/ « espèce de millet ou de basilic » < bas
latin capitia < latin caput et /ŚAWŚOLÁTA/ « espèce d’oseille » <
bas latin salsola « petite sauce » (dans la première conjugaison)
et /ŚAPÍTO/ « bugle » < latin symphўtum < grec σύμφυτον
(contaminé par le participe roman tiré du latin săpĕre « savoir
»), /MEŠŠÍTA/ « mêlée » (mot cité par Abulḫayr)194 et >TENNÍTA<
« absinthe » < bas latin *tennita < latin tincta « teinte » (dans la
deuxième et troisième conjugaisons). On pourrait ajouter à ces
cas, un suffixe {+ÚTO},195 comme dans /KANNÚTO/ « sureau » <
latin canna « roseau ».
Ces suffixes peuvent se substituer les uns aux autres, surtout
s’ils sont phonétiquement ou sémantiquement similaires ; ils
sont tous en usage, selon une distribution diatopique ou
diachronique difficile à déterminer, comme dans >AČETÉLLA<
= /AČETÁYRA/ « oseille », >AKUČELLA = AKULYÓLA< « espèce
d’anis », /BARDÓN = BARDÁČO/ « espèce de chardon » et
/BIC(TI)NÁČ = BIŚTENÁKA/ « fenouil sauvage ».
Ces suffixes peuvent aussi s’accumuler les uns sur les autres,
ajoutés aux mots romans ou arabes, surtout lorsque le dernier
est expressif, c’est-à-dire diminutif, augmentatif ou péjoratif,
comme dans >FAYČ(IY)ÉLLA< « lupin » < latin făba avec les
suffixes {+ÉČ} et {+ÉLLO≠A} ; >MOLLEČÉLLA< « matricaire » <
latin mollĭcellus « un peu tendre », >KAWLEČ(IY)ÉLLA< « petit
choux » < latin caulis « tige », avec les suffixes {+ÉČ} et
{+ÉLLO≠A} ; >šaḥmAT(Y)ÉLLA< « espèce de lierre » < arabe
šaḥm « graisse », avec les suffixes {+ÁT} et {+ÉLLO≠A} ; /
ḥurf+AYRÓLA/ « espèce de cresson » < arabe ḥurf « cresson »,
/LANČAYRÓLA/ « espèce de jonc » < latin lancĕa « lance »,
/LANPADAYRÓLA/ « centaurée » < latin lanpăda « flambeau »,
/NOKAYRÓLA/ « pivoine » < latin nux, -ŭcis « noix »,
/KALANDAYRÓLA/ « sauge blanche » (corruption du latin
candēlābrum « candélabre »), /KAPCAYRÓLA/ « carthame
sauvage » < bas latin capitia < latin caput et /TUBRAYRÓLA/ «
consoude » < latin tūbĕr « truffe », dans tous ces cas avec
l’addition des suffixes {+ÁYR} et {+OL(L)O≠A} ; >EŚPATELYÓN< «
glaïeul » < latin spătha < grec σπάθη « battoir de tisserand »,
>FAČELLÓN< « nom souvent très corrompu d’une plante
santalacée »,196 >PERELLÓN< « espèce de poire » < latin pĭrum,
dans tous ces cas avec l’addition des suffixes {+ÉLLO≠A} et
{+ÓN} ; et /MAWRUČÓ/ « carthame sauvage » < latin maurus «
africain », avec le suffixe {+ÓN}. Cela se produit aussi dans
d’autres combinaisons, comme dans >MAČELLÁYRA< « carline »
< latin mastichē/a « mastic » (avec une évolution phonétique
complexe et l’addition des suffixes {+ÉLLO≠A} et {+ÁYRA}) ;
ḥard+ONÁYRA « mélisse sauvage » < arabe ḥirḏawn «lézard »
(avec métanalyse du suffixe augmentatif {+ÓN} et addition
d’{+ÁYRA}) ; /BEḪŚATORÁYRA/ « nom d’une plante
asclépiadacée » < latin vexātor « persécuteur »197 (avec les
suffixes {+TÓR} et {+ÁYRA}) ; /ŚOPLATÁYRAŚ/ « sorte de chardon
» < latin su āre « souffler »198 (avec les suffixes {+ÁT} et
{+ÁYRA}) ; /KANČOLLÁTA/ « globulaire, séné sauvage, herbe
terrible» < latin canthus (à travers le roman) et /ŚAWŚOLÁTA/ «
espèce d’oseille » < bas latin salsola (dans ces deux cas avec les
suffixes {+ÓL(L)} et {+ÁTO≠A}).

2.5.5 Les mots composés

L’aversion contre les langues sémitiques, et donc contre l’arabe


pour la composition lexicale,199 peut expliquer la rareté des
mots composés dans le vocabulaire du roman andalou. On en
trouve, néanmoins, certains, en même quantité, à cause des
tendances du fort substrat roman, surtout des syntagmes
comprenant un verbe et son objet, comme dans >ÁLČA
MALYÓŚ< « chardon à foulon » (littéralement « il enlève ce qui
est souillé »), >ÁPRE WÉLYO< « chardon » (littéralement « ouvre
ton œil, c’est-à-dire gare aux épines »), /ÉRǦE KAPÉLLO/ «
adiante » (littéralement « il fait pousser les cheveux »), /ÁLČA
MÁTREŚ/ « plante pour le traitement du prolapsus d’utérus »
(littéralement « il soutient l’utérus »), >AYÚNNE BÚLBAŚ< «
espèce d’euphorbe » (littéralement « raccommodeur des vulves
»), /BÉYZA BAZÍNO/ « centaurée » (littéralement « celui qui baise
le crachoir »),200 >MÁNNA BÉD< « espèce de champignon létale
» (littéralement « voyez la ruse ») ; mais aussi des syntagmes de
rection, tels que /DENTAPRÚN/ « fougère mâle » < latin dent(em)
aprūn(um) « dent de sanglier » et /FOLÓR D+ÁWRO/ «
chrysanthème jaune » (littéralement « fleur d’or ») ; des
qualificatifs, comme dans /ARMWÉLLEŚ/ « arroche », du latin
ŏlŭs molle (littéralement « herbe tendre »), /ČÍMLIČO BOKÚNO/
« espèce d’ortie fétide »201 et /MÁTTA FIRÍDA/ « matricaire »
(littéralement « herbe froide ») ; des syntagmes appositifs
comme /MÁLBA BÍNO/ « espèce de mauve très rouge »
(littéralement « mauve vin ») ; marginaux dans >ŚEǦELLÁT
KURÚŚE< « jasmin » (littéralement « façonné comme une croix
») et /ŚÉKA+N+PÉDE/ « espèce d’aurone » (littéralement «
moissonne debout »), etc.
Vocabulaire roman-andalou, avec étymologies
des mots et localisation des témoins
/A/ « ah ! » (interjection dans A35), d’origine onomatopéique.
>ABELLÁNAŚ< « avelines (fruits du Corylus avellana) » < latin
avellāna, BCT 359 et 1387 ; voir /NÓČ/.
*/ABÉR/ : dans /ÁBEŚ/ « tu as » < latin hăbēre, IQ 22/9/4 ; /ÁYAŚ/ «
que tu aies », IQ 82/10/1.
>ABRÉKANO< : selon BCT 185, nom du thym et du >ABRIKÁN<,
c’est-à-dire le térébinthe (Pistacia terebinthus) ou le
lentisque (Pistacia lentiscus).202 Dans le premier cas, il s’agit
d’une prononciation ultra-correcte du roman andalou
/ORÉGANO/ « origan, marjolaine (Origanum vulgare ou
majorana) », q.v. < latin ŏrīgănum < grec ὀρίγανον ; quant à
>ABRIKÁN<, il semble refléter le qualificatif latin africānus «
africain », dit d’une espèce plus petite de lentisque.
>ABRÓTON< « espèce de thym (Thymus vulgaaris) » < latin
abrŏtŏnus/m < grec ἀβρότονον « aurone »,203 BCT 3203.
/ABÚČO/ « asphodèle (Asphodelus ramosus) » < latin albūcĭum,
BCT 570.204
>AČET(Y)ÉLLA< = /AČETÁYRA/ « espèce d’oseille (Rumex
acetosa) », suffixation diminutive et instrumentale du
résultat roman du latin ăcētum « vinaigre »,205 BCT 396 et
4172. D’où aussi une espèce de Séville, appelée /ČETRÁČ/,
avec aphérèse et un suffixe péjoratif, BCT 1659 et /AČETYÉL/
« variété de poire à Saragosse », BCT 2556.
/ÁČRO/ « érable (Acer campestre) » < latin ăcĕr, BCT 98.206
/ACTAROLOḪÍYA/ : voir /ALACTORḪÍYA/.
/ADÁŠŠO/ « tout à fait, complètement », < latin *ad ipsum, dans
VA sous >aḍašš<.207
*>A(D)+ḍayf+ÁR< : dans >A(D)+ḍayf+ARÉY « j’inviterai, j’offrirai
», A20, verbe hybridé sur l’arabe ḍayf « hôte », avec le préfixe
factitif roman andalou /A(D)/ et le suffixe de la première
conjugaison.
*/A(D)DORMÍR/ : dans /A(D)DÓRMAŚ/ « (plût à Dieu) que tu
dormes » < latin addormīre, H7.208
*>/A(D)LUDÍR/ : dans /A(D)LÚDO/ « je suppose » < latin adlūdĕre
« faire allusion », A34.209
/ADORNÁTO/ « accoutré, équipé » < latin adornātus, IQ 20/6/2.210
*>adun+ÁR< : >adún+A+M< « rejoins-moi », verbe hybridé sur
l’arabe dunuww « proximité », avec le préfixe factitif roman
andalou /A(D)/ et le suffixes de la première conjugaison,
A36.211
/AFRÁNC(I)YA/ « France » < latin Francĭa.212 Une variante
*/(A)FRANČA/ semble avoir circulé dans le roman andalou,
d’où l’attributif arabe andalou afranǧí « franc ».
>AFRÁNN/YE WÉŚŚOŚ< « estragon (Artemisia dracunculus) » <
latin frangit ossa « il casse les os », BCT 278, 1438, 1649, 2348
et 3698.213
/AFRÁKA D+ÓLF/< « asaret (Asarum europaeum) » < latin
frāgrat « il exhale », suivi par un syntagme roman andalou
*D+Ó(L)F, qu’on a interprété comme « l’odeur de l’encens »,21
4 BCT 543.

/AGÁRIKO/ « agaric, espèce de champignon (Polyporus


officinalis) » < latin ăgărĭcon < grec ἀγαρικόν, BCT 3594.215
/AGREG/KÓN/ : voir /AGROGÓN/.
/AGRÚY/ « genévrier (Juniperus communis) » < latin grūs, -ŭis «
grue »,216 BCT 517 et 3227. Quant à */AGRÚY(A/E)Ś/, dans BCT
3599, identifié par l’auteur comme le pluriel du même mot et
traduit en arabe comme ġarānīq, ce n’est qu’une corruption
du latin gĕrănĭon < grec γεράνιον « géranium ».
/AGRAKONTÍYA/ : voir /TARAKONTÍYA/.
/AGRANÁTA(Ś)/ « grenade (fruits du Punica granatum) » < latin
grānāta, BCT 475 et 2151.
/AGROGÓN/ « coloquinte (Citrullus colocynthis) », probablement
dérivé du grec ἀγροῖκον « sauvage », en supposant qu’on ait
substitué par un qualificatif synonyme la totalité du nom
grec alternatif consigné ensuite par l’auteur, κολόκυνθα
ἄγρια, BCT 493 et 1620. Avec une prononciation vulgaire
/AGREG/KÓN/ et, par une métonymie, on appela ainsi les
râpes des bêtes, selon BCT 2268, où l’auteur explique la
corruption de /TARAKONTÍYA/ comme /AGRAKONTÍYA/, car
on utilisait cette plante dans le traitement de cette infection ;
voir /AKRIYÓN(E)Ś/.
/AG/KWA/ « eau » < latin acqua, SG 5 et BCT 351, où l’auteur
rapporte la variante >aqwa<, suggérant corriger ainsi la
première partie du terme >awqwfāfārī<, q.v. sous */AWKWA
FÉFERI/.217 En plus, il y a l’adjectif attributif >AQWÉNYO< «
d’eau », ajouté à /PÉPRO/ et /ŚÉNCYO/, q.v.
/AKÉŚT(E)/ « ceci » < latin eccĕ iste,218 A7.
/AKÓND/ « amarante (Cachrys libanotis) », probablement < bas
latin *accomptus, < latin comptus « orné, paré », à cause de la
beauté de ses fleurs.219
/ÁKILA/ « aigle » < latin ăquĭla : dans /ÁLA D+ÁKILA/ « cétérac »,
littéralement « aile d’aigle », BCT 3456.
/AKRIYÓN(EŚ)/ « cresson (Lepidium sativum) » < latin acrĭus,
comparatif d’ācer « pénétrant, âpre », avec suffixation
augmentative romane andalouse, BCT 2568, 2570, 3408, 4810
et 4811.220
>AKUČÉLLA< et >AKULYÓLAŚ< « espèce d’anis »221 < latin
ăcŭcŭla, diminutif dé-morphematisé d’ăcus « aiguille »,
métonymie de ces termes botaniques, avec les suffixes
diminutifs du roman andalou {+ÉLL(A)} et {+ÓL(A)}, BCT 78,
121, 249, 350, 583, 979, 1327, 2648, 3892, 4084 et 4881.
*/AKÚT/ « aigu » < latin ăcūtus (cf. le nom de lieu Mont Acuth)222
: /AKÚTAŚ/ « aigües », A26.
/ÁLA/ « aile » < latin āla : comme mot isolé, c’est l’aunée, peut-
être continuation du bas latin, quoique son équivalent arabe
ǧanāḥ a reçu aussi cette signification assez tôt chez les
botanistes ; il est difficile de décider la direction de cet
emprunt métonymique, BCT 394, 1259 et 2174. Voir aussi les
noms composés de quelques plantes, tels que : /ÁLA
D+ÁKILA/, /ÁLA DE BÓKTOR/ « fougère mâle », littéralement
« aile de vautour » dans BCT 368 ; /ÁLA KAPRÓNA/ « feuilles
d’artichaut »223 dans BCT 1254 et 1631 ; avec une variante
phonétique plus jeune /LAKAPRÓNEŚ/ dans BCT 1631,
corrompue dans 3430.
/ALACTORḪÍYA/ « aristoloche (Aristolochia species) » < latin
ărĭstŏlŏchĭa < grec ἀριστολοχία, à travers un procès
d’effritement phonétique d’une forme romane andalouse
empruntée à l’arabe, avec métathèse des sonores,
métanalyse d’un article arabe et vocalisation avec /a/ de la
voyelle suivante considérée prosthétique. Une autre
variante, /ACTAROLOḪÍYA/, contaminée par le latin
astrŏlŏgĭa < ἀστρολογία « astrologie », malgré la différence
sémantique, a ajouté au castillan astrología cette étrange
signification botanique chez certains auteurs, comme
Alcalá.224
/ÁLAMO/ « peuplier (Populus species) » : ce mot d’origine
gothique, dit-on, se trouve par hasard dans BCT 488, rendu
par « noix ». Il semble que le mot arabe ǧawz, avec ce sens, a
été corrompu graphiquement comme ḥawar, compris par un
botaniste andalou bilingue, antérieur à Abulḫayr,225 et
correctement rendu par son équivalent roman andalou.
/ÁLBO/ « blanc ; blond » < latin albus, dans A4, 7 et 14 ; féminin /
ÁLBA/, dans A22 et IQ 82/10/2 ; et masculin pluriel /ÁLBOŚ/,
dans IQ 84/11/3.226 D’où aussi les dérivés : /ALBÁYNO/, BCT
65, avec le suffixe {+ÁYN}, nom de plusieurs espèces
d’arbrisseaux aux feuilles blanchâtres ; >ALBÉLLA<, avec le
suffixe diminutif, « variété de ciste ; espèce de sauge blanche
», BCT 550, 2770 et 4549 ; /ALBÉŚA/ « hellébore noire », avec
le suffixe {+ÉŚ}, BCT 67 ;227 et /ALBÉČO/ « ciguë », avec le
suffixe {+ÉČ}, BCT 1936, 2175 et 5100.
*/ALČÁR(E)/ : ce verbe roman andalou constitue le premier
élément de syntagmes désignant des noms de plantes, tels
que : /ÁLČA MÁTREŚ/ « nom de plusieurs plantes utilisées
dans le traitement du prolapsus de l’utérus » < bas latin
*altia matres, littéralement « il relève l’utérus », BCT 123 et
4791 ; >ÁLČA MALYÓŚ< « chardon à foulon », littéralement «
il relève ce qui est taché », où le deuxième mot continue le
latin măcŭlōsus,228 BCT 122 ; et /ÁLČA+PÉYN/ « peuplier
blanc», où il s’agit du roman andalou */E(N)PÉYN/ < latin
impĕtīgo « dartre, éruption cutanée », car on utilisait ce
remède contre les aphtes, BCT 4731.
*/ALEBYÁNCA/ « soulagement » < bas latin *alleviare, dérivé
verbal causatif du latin lĕvis « léger », H26, mais c’est un
passage très douteux, où nous avons proposé cette lecture
pour >Ɂlepyaṣ<. 229
/ALEŠÁR/ « s’éloigner » < latin laxĭus « plus large », avec le
préfixe causatif et les suffixes de la première conjugaison
néolatine, A29.
/ÁLMA/ « âme » < latin ănĭma, A16, avec le pluriel /ÁLMAŚ/ dans
A26.
/ALTÉ/ÍYA/ « guimauve (Althaea officinalis) » < latin althaea <
grec ἀλθαία, BCT 529, 3599 et 4261.230
>ÁLYA< « une autre » < latin ălĭa, IQ 82/10/1 et, avec suffixation
déjà latine, >ALYÉ-NO< « d’autrui » < latin ălĭēnus, A18 et 28
et H7.
*>ÁLYO< « ail » < latin ālĭum ; >ÁLYOŚ< au pluriel, BCT 1158.
D’où aussi le diminutif >ALYÉLLO< et l’augmentatif
>ALYÓN<, tous deux des noms d’espèces de pouliot, BCT
1382.
*/AMÁR(E)/ « aimer » < latin ămāre, A8 et 29, H12 et 18 ; /AMÉŚ/
« tu as aimé », H17 ; /AMÁŚE/ « que j’aimasse », H23 ;
/AMÁNDE/ « aimant », A36 ; /AMADÓRE/ « amant », A34. Voir
aussi /AMÓRE/.
*/AMÁRO/ « amer » < latin ămārus : d’où le féminin /AMÁRA/ «
chêne kermès », BCT 348, 4100 et 4724, ainsi qu’à travers le
bas latin suffixé *amaricus, >AMARQÓN< « espèce
d’euphorbe », avec le suffixe augmentatif, BCT 2971, 2985 et
5126 ;231 et /AMAYRÓN/ « alisme »,232 avec suffixation
augmentative, BCT 574, 1440, 1447, 1627, 1657, 1658, 2506,
2733, 2994, 3336, 3756. 3769, 4390. 4564 et 5069.
*/AMÉNDOLAŚ/ « amandes » < latin ămygdāla < grec ἀμυγδάλη :
les graphies >amindl<, >ammindoly< et >Ɂmndlš< de BCT
274, reflètent d’abord les formes bas latines avec l’insertion
du /n/ au lieu du /g/, et ensuite la métanalyse des suffixes
diminutifs {+ÓLL/Y} ou {+ÉL}.233
/AMÉNKO/ « espèce de vesce ou pois », usage métonymique du
bas latin ami(n)cum, rétro-formé du latin ămĭcŭlum «
vêtement » et désignant quelques sortes de chaussure
rustique.234 Un synonyme augmentatif /AMENKÓN/ est
rapporté dans DS I : 36, avec de variantes graphiques.
/AMEŚÓNAŚ/ « abricots (fruits du Prunus armeniaca) » < latin
myxa, avec une évolution phonétique compliquée où,
d’abord, il y a eu une fausse coupe d’un syntagme roman
avec l’article, */L+AMÍŠA/ (témoigné par le portugais
ameixa), puis l’addition du suffixe augmentatif, BCT 927 et
4824.
/AMÓRE/ « amour » < latin ămŏr, -ōris, H26. Voir aussi
/AMÁR(E)/.
/ANÁTE/ « canard », dans >PÉḎE (D+)–< « quintefeuille »,
littéralement « pied de canard » < latin ănăs, -atis, BCT 624 et
928.
*/ANBE(R)ŚÁRYO/ « obit d’un décès » < latin annĭversārĭus « qui
reviens tous les ans », SG 17 et Ferrando 1995 : 109, avec de
graphies avec un /b/ ou un /f/, et avec ou sans le premier /r/.
*/ANDÁR(E)/ « aller, marcher », dont l’origine latine est disputée
: 235 /ÁNDA/ « va », IQ 94/29/3.
*/ANDÉL LÓPO/ : voir >ÚNYA<.
/ANÉTO/ « aneth » < latin ănēthum < grec ἄνηθον, BCT 315, 331,
522 et 4898, avec des graphies plus proches du roman ou du
grec, souvent corrompues.
>ANFILYÁT< « filleul » < bas latin *adfiliatus < latin fĭlĭus « fils »,
avec le préfixe causatif et le suffixe du participe passif d’un
verbe de la première conjugaison ; témoigné avec un
féminin >ANFILYÁTA< dans les documents de Mozarabes de
Tolède,236 parfois avec des graphies erronées avec un >ḏ< au
lieu du /l/.
/ANPÁWRA/ « coquelicot (Papaver rhoeas) »237 < latin păpāver, à
travers une hybridation hâtive où on l’a préfixé à l’arabe
ḥabb « grain », fréquent dans les noms des plantes, avec le
résultat *ḥapapáwra rapporté par Alcalá et VA238, pour
l’arabe andalou, emprunté ensuite par le roman andalou
avec la chute du phonème étranger et la dissimilation du
premier /p/, BCT 4868. Le mot arabe andalou a aussi survécu,
avec le suffixe augmentatif roman, dans /ḥaPAPRÓN/ « anis
», BCT 2584.239
/ANŠÉNC(I)YO) et /ANŠÉNŠO/ : voir /AŚÉNTIYA/.
/ÁNTOLA/ « aconit, anthore (Aconitum anthora) », bas latin
an(ti)thora < grec ἀντιφθορά, antidote de l’aconit ; BCT 539,
1289, 1370, 2244, 2351, 2747 et 3572.
/APERTÁL/ « espèce ouverte du lin »240 < latin apertus, avec
suffixation romane andalouse, selon 2.5.2 suffixe {+ÁR/L},
BCT 2576.
>APOPR(IY)ÉLLA< « bryone blanche (Bryonia alba) » < bas latin
apoperes,241 avec suffixation diminutive romane, BCT 292, à
partir duquel est généré /BOBRÍN/ « courgette »242 avec une
alternance de suffixe.
/APRÍL/ « avril » < latin Aprīlis.243
*>APRÍR(E)< « ouvrir » < latin ăpĕrīre : >ÁPRE WÉLYO< «
chardon », littéralement « ouvre ton œil », BCT 968 et 1619.
/APRÚN/ : voir /DENT+–/.
/ÁPYO/ « céleri (Apium graveolens) » < latin apium/s « ache,
persil », avec une certaine évolution sémantique, BCT 349 et
2569.
/ARÁNDALO/ « laurier-rose (Nerium oleander) » < bas latin
oleander ou oleandrum,244 BCT 1914.
/ARAKLÍC/ « réglisse (Glychryrrhiza glabra) »245 < latin lĭquĭrītĭa
< glўcyrrhiza < grec γλυκύῥῥιζα, littéralement « racine
sucrée », BCT 149 et 3470.
/ARBÁNCOŚ/ « pois chiche (Cicer aretinum) » < grec ἐρέβινθος,24
6 BCT 1618. Il y a aussi un diminutif /ARBANCÓL/ « espèce
d’aurone à Tolède », BCT 2782.
>ARBÉLYAŚ< « vesce (Vicia sativa) » < latin ervīlĭa « gessette »,
BCT 419 et 1384.
/ÁRČA/ « ronce (Rubus fruticosus) » < préroman arcia,247 BCT
207 et 3464.
/ARČILÁKA/ « genêt épineux (Calycotome spinosa) », variante
tardive de SG 21, soutenue par le catalan argelaga, il s’agirait
d’un cas de dissimilation de sonores, à partir de l’arabe
andalou al+ǧiláqa < ǧáwlaqa < arabe ǧawlaqah,248 d’origine
pehlevi, prouvé par le néo-persan ǧule. Une variante
/YILÁKA/, BCT 1042, 1375, 1619 et 5056, pourrait être le
résultat d’une contamination de l’arabe /ǧawlaqah/ avec le
latin ulex, -ĭcis.
*/ARDÉR/ ou /ARDÁR/ « bourrache (Borago officinalis) » < latin
ardēre « brûler »,249 avec le suffixe roman andalou {+ÁL/R},
BCT 400, 2517 et 3661.
>ARǦOM/BÓNYA< « pavot argémone (Papaver argemone) »250 <
latin argĕmōnia < grec ἀργεμώνη, BCT 91, 928, 2118, 2169 et
3046.
>ARMELLÍN< « armeline » < latin armēnĭus « arménien », BCT
3633.251
/ÁRKA/ « épeautre (Triticum spelta) » < latin ălĭca « semoule »,
avec une évolution sémantique, BCT 1655.
>ARMWÉLLEŚ< « arroche (Atriplex halimus) »252 < latin ŏlŭs
molle, littéralement « herbe tendre », avec métanalyse de
l’article arabe et dissimilation de sonores.
*/ARREYÁR/ « arranger ; parer » : /ARRÉYO/ « j’arrange », dans
A17 et 19, < bas latin *arredare, d’origine germanique.253
/ARÚNDINE/ « roseau » < latin (h)ărundo, -ĭnis : BCT 31 et 4230,
avec corruptions fréquentes et si fortes comme dans BCT
1375 >ɁzɁwnd<, ce qui suggère que le mot latin n’était pas
méconnu des botanistes, mais le nom latin et roman
habituel de cette plante était >KÁNNA<, q.v.
>ʕarus+ÉLLA< « racine de mandragore (Mandragora
officinarum) » : suffixation diminutive romane à l’arabe
andalou ʕarúsa < arabe classique ʕarūs « fiancée »,
également « poupée » partout en néo-arabe, à cause de la
ressemblance de ces racines avec un corps humain,254 BCT
2749, 3287 et 5123.
/ARYÉNT/ « argent » : < latin argentum, dans /– BÍBO/ « vif-
argent », chez SG 23.
/AŚARÓN/ « asaret (Asarum europaeum) » < latin ăsărum « nard
sauvage » < grec ἄσαρον, BCT 296, 543, 1626, 1854, 1932,
2242, 2649, 2743, 3069, 3399, 3401, 3796, 3803, 4015, 4040,
4085, 4087, 4162, 4253 et 4525. Nom technique des
botanistes, où on a métanalysé le suffixe augmentatif roman,
mais BCT 543 rapporte aussi >ašuruh<, c’est-à-dire */ÁŚARO/,
variante colloquiale, tout comme le castillan ásaro. Voir
/AŚPÓR/.
/AŚÉNTIYA/ « absinthe (Artemisia absinthium) » < latin
absinthĭum, dans BCT 42 et 4256, serait le nom technique de
cette plante plus connue comme /ANŠÉNC(I)YO/, /ANŠÉNŠO/,
/N/LIŚÉNCO/ et /CIYÉNCO/, selon le rapport de SG 18, tiré des
manuscrits d’Ibn Buklāriš.
/ʕasí KE/ « sitôt que », H10 : hybridation du roman andalou
*/AŚÍ/ « ainsi » < latin sic, ayant acquis la prononciation,
mais non la signification de l’arabe ʕasà « il se peut que ».255
/ÁŚNO/ « âne » < latin ăsĭnus : dans >ŚARRÁLYA D+–Ś<, q.v., d’où
aussi la tournure équivalente avec l’adjectif /AŚNÍNO≠A/ «
d’âne » < latin ăsĭnīnus, qualificatif ajouté à certaines
espèces de plantes de qualité inférieure ;256 voir
>KOKOMR(IY)ÉLLO< et /RÓŚA/.
/AŚP(E)LÉNI/ : dans /YÉRBA –/ « daurade, cétérach (Ceterac
officinarum) » < latin asplēnŏs < grec ἄσπληνος « bon pour
les maladies de la rate », nom donné à cette plante, avec
l’addition du suffixe attributif arabe, BCT 2362, 3092 et 5069.
/AŚPÓR/ « asaret (Asarum europaeum) », nom alternatif du
/AŚARÓN/, q.v., métonymie de l’arabe andalou ašpúr(a) «
éperon » à cause de ses tiges, d’origine germanique,257 BCT
296 et 543. D’où aussi, avec le suffixe augmentatif roman,
/AŚPORÓN/ « moutarde sauvage (Lepidium campestre) ;
espèce de navet », dans BCT 415, 844, 1585, 2352 et 2747.
>AṬÉRNO< : voir >(L)AṬÉRNO<.
/ATRABAŚŚÁN/ « traversin » < bas latin *transversaneum, chez
IQ 20/3/2.
>ATRAMÉLLA< « auge verveine (Bellardia trixago) » < latin
trāma « toile d’araignée », avec le suffixe diminutif roman,
plante appelée ainsi à cause de sa viscosité,258 BCT 571, 1744,
2819 et 4261.
/ATREŚNA/ « guède sauvage (Isatis agrestis) »,259 probablement
< bas latin *lathryridinus, adjectif dérivé du latin lāthўris,
-ĭdis « épurge » avec métanalyse et suppression de la
première consonne, comme s’il s’agissait de l’article défini
roman ou arabe, BCT 252 et 2997. Voir /LÉYTE/.
/AWKÍNO/ « apocyn, tue chien (Apocynum erectum) » < grec
ἀπόκυνον, BCT 560.260
>AWNÉLLA< « agnelle » < latin agnella, dans >YÉRBA< « espèce
de poireau », appelée ainsi car il servait de pâturage aux
brebis, BCT 985, 1946, 4899 et 5079.261
*/AWKWA FÉFERI/ : voir >AG/KWA<.
/AWRÁTA/ « folle » : c’est un adjectif dérivé avec le morphème
du participe, du latin aura « souffle, brise », dans /MALBA/,
appelée ainsi à cause de sa taille, « trémière (Lavatera
arborea) »,262 BCT 1802 et 2862.
/AWR(I)YO/ : voir /ÁWR(O)/.
*/ÁWRO/ « or » < latin aurum, dans /FOLÓR D+ÁWR(O)/ «
chrysanthème jaune (Chrysanthemum coronarium) »,
littéralement « fleur d’or » ; cf. l’italien fior d’oro, BCT 988, et
*/ÓR ČEK+ÓN/ « espèce de centaurée » < latin aurum
caecŭlum, littéralement « or un peu obscur », avec
métanalyse du suffixe augmentatif roman, appelée ainsi car
on l’utilisait pour teindre en jaune,263 BCT 230, 1838 et 2519.
Une étymologie populaire interprétait le nom de la
centaurée, /ČENTÁWR(I)YA/, q.v., comme un syntagme */
ČÍNTO ÁWR(I)YO/ < latin cinctŭs aurĕus « ceinture dorée »,
BCT 4231.
/ÁYNA/ « avoine (Avena sativa) » < latin ăvēna, BCT 38 et 1655.26
4

*/ÁYR(E)/ « air » < latin āĕr, dans le nom de lieu /T(E)RÉŚ ÁYREŚ/,
littéralement « trois airs », BCT 3022.265
/AYÚN/ « jeûne », nom tiré du verbe latin jējūnāre, plutôt que du
substantif jējūnĭum, dans A12 et H3.
*>AYUNNÉR< « joindre » < latin adjungĕre, dans >AYÚNNE
BÚLBAŚ<, littéralement « il raccommode les vulves
(déchirées) », « sorte d’euphorbe (Euphorbia peplus) », ainsi
appelé à cause de ses vertus cicatrisantes, BCT 303 et 5126.26
6

/BABÓŚ/ : identifié simplement comme « des algues », peut-être


une espèce très gluante, littéralement « baveux » < bas latin
*baba, avec le suffixe {+ÓŚ}, BCT 667.
/BACÍL(A)/ « petit pois (Pisum sativum) ; lupin (Lupinus
hispanicus) », probablement < bas latin *pisellum, diminutif
du latin pisum, mais l’emprunt aurait eu lieu à travers
l’Afrique du Nord, à cause de la préservation de la consonne
sifflante,267 BCT 701, 1151, 1384, 2786, 3138 et 4219. Cf.
/PEZÁČ/.
/BÁKA/ « vache » < latin vacca, dans >KÓNNO<, q.v.
>BALLÓKA< « folle avoine (Avena fatua) », dont l’étymologie
inconnue, préromane selon certains auteurs, celtique selon
SG 30, qui mentionne ce terme et en donne des variantes
galicienne, castillane et aragonaise, mais il pourrait s’agir
d’une évolution phonétique hâtive du roman andalou
*ABÉNA LÓKA.268
/BALLÚḪA/ : voir /MÁLBA/.
/BÁLŚAMON/ « baumier (Commiphora opobalsamum) », BCT
924. Il ne semble pas s’agir d’un véritable mot roman
andalou, mais de la prononciation chez les docteurs du latin
balsămum < grec βάλσαμον, d’origine sémitique, cf.
phénicien >bšm< et hébreu bośem, encore prononcés avec
une sifflante latéralisée, reflétée par le grec avec un /l/.
/BANTÁWMA/ : voir /PANTÁWMA/.
/BANÚC/ « ébène (Ebenus) » : ne dérive pas directement du latin
ĕbĕnus, mais de l’arabe abanūs, également emprunté au grec
ἔβενος, la chute de la voyelle initiale pouvant être attribuée
à la métanalyse de l’article roman ou arabe, et fausse coupe
subséquente, selon Corriente 2008a : 147. Ce dernier
phénomène n’a pas eu lieu dans le dérivé /EBANÚČ/ «
sorbier (Sorbus terminalis) », avec le suffixe péjoratif {+ÚČ},
ainsi appelé à cause de son bois dur et solide, mais
évidemment inférieur à celui de l’ébène.
/BÁRBA/ « barbe » < latin barba : dans les syntagmes >BÁRBA
DE KONÉLYO / LÉ-PRE< « salsifis noir (Scorzonera hispanica)
», littéralement « barbe de lapin / lièvre », BCT 737 et 1380, et
/BÁRBA NÁNČA/ (corruption de /LÁNČA/), littéralement «
pointe de lance », « Centaurea sonchifolia / Jacobi) », BCT
916. Il y a aussi un diminutif >BARBÉLL/YA<, parfois son
synonyme, parfois nom du « guède (Isatis tinctoria) », BCT
915, 916 et 5024, et on peut se demander s’il y a aussi un
dérivé avec suffixation participiale, /BARBÁTA/, « sorte
d’orcanette (Aizon hispanicus) », dans SG 32 et BCT 4749,
désignant parfois quelques plantes alcalines, d’où l’on tirait
la soude.269
/BARDÓN(EŚ)/, dans BCT 712, 1107, 3226, 3403 et 4269 =
/BARDÁČ(O)/, dans BCT 228, 712 et 4269, et le pluriel arabe
andalou du deuxième, /barádiǧ/ dans BCT 616, sont tous des
sortes de chardons, dérivés avec les suffixes augmentatif et
péjoratif romans andalous d’un vieux mot dont l’étymologie
est discutée, peut-être celtique, dans tous les cas préroman,
préservé par le castillan barda « haie de ronces », car on les
utilisait dans ce but.
>BARGÁLLOŚ< dans BCT 2580, 3793 et 5108,270 avec une autre
graphie >GARGÁLLOŚ<, dans BCT 2580 et 3529, où le
manuscrit de Madrid >ġrġ/l)ywn< suggère >GARGALYÓN<,
avec un suffixe augmentatif : « sortes de champignons ou
truffes », que nous avions considéré comme une métonymie
du descendant roman du latin curcŭlĭo « charançon », cf.
castillan gorgojo. Mais le fait que les Andalous aient parfois
comparé quelques plantes aux verrues, comme dans BCT
942 et 1197 : /ṯaɁālīlu lɁarḍ/ « aubergines », littéralement «
verrues de la terre », permet de supposer aussi dans ce
terme des dérivés du roman andalou /BERRÚKA/ < latin
verrūca,271 à travers des formes intermédiaires comme
*BER(RU)KÁLLO et *BERGALYÓN ; le remplacement de /b/
par /g/ n’étant pas extraordinaire dans l’aire hispanique.272
/BARÓN/ « baron » : ce mot dont l’origine germanique est bien
connue est utilisé par IQ 86/9/3.
>BARRABÉŚ< : ce passage d’IQ 87/24/3 est problématique,
puisque la graphie originale *>barbānas<, contraire à la
rime /+ás/, demande une correction minimale *>barbās<, qui
génère un vers trop court, ce que les éditeurs ont voulu
amender en supposant des mots romans estropiés par les
copistes, plus ou moins compatibles avec le vers, où les deux
mots précédents sont /aḫrúǧ tará/ « sors et tu verras », ce qui
nous suggéra le roman */MÍRA BÉS/, traduction littérale de la
tournure arabe très fréquente /unḏ̣ur tarà/ « regarde et tu
verras ». Maintenant nous pensons qu’il faut simplement
géminer le /r/ pour obtenir une phrase hybride */bárra BÉŚ/
« dehors tu verras », plus proche du premier mot arabe
précédent.273
/BAŚLÉŚKO/ « gentiane (Gentiana lutea) » < latin băsĭlĭcus < grec
βασιλικός « royal », ainsi appelée à cause de son efficacité,
mais le terme a été contaminé phonétiquement par
băsĭlĭscus < grec βασιλίσκος « basilic », nom d’un serpent
venimeux très connu, BCT 731 et 1378.
*/BAŚTÍR/ « fournir, pourvoir » : dans le participe /BAŚTÍTO/,
chez IQ 94/29/2,274 mot d’origine germanique, bastjan «
raccommoder », emprunté à travers l’occitan.
/BAŚTÓN/ « bâton » < latin bastum, avec suffixation
augmentative romane, chez IQ 90/15/4.275
>baṭṭiḫ+YÉLLA< « fruit de la mandragore (Mandragora
officinarum) », mot hybridé de l’arabe andalou /baṭṭíḫa/ <
arabe classique /biṭṭīḫah/ « melon », avec le suffixe diminutif
roman.
/BÁYNA/ « corne », selon SG 28, tiré d’Ibn Buklāriš, < latin vāgīna
« fourreau », avec une évolution sémantique particulière,
aussi dans le syntagme /– DE ČÉRBO/ « corne de cerf », dans
le roman hispanique oriental.
/BAYÓNB(O/A)/ « raisin d’ourse (Arctostaphylos uva-ursi) »,
castillan gayuba, BCT 921, 924, 1422, 3022, 3223, 3649 et
4521, phonétiquement contaminé par le roman andalou
*/GAYÓNBA/, d’où le castillan gayomba « genêt d’Espagne »,
mais les deux mots semblent être préromans.
/BAZÍNO/ « pot de chambre » < latin vās « vase »,276 avec le
suffixe diminutif roman, dans le syntagme /BÉYZA –/ « nom
vulgaire de la centaurée (Centaurium erythraea) »,
littéralement « il baise les pots de chambre », car on
l’utilisait pour leur nettoyage, BCT 713, voir /BE(Y)Z/ǦÁR/.
*/BEBÉR/ « boire » < latin bĭbĕre dans /BEBRÁŚ/ « tu boiras »,
A25, et /BEBÉŚ/ « que tu busses », A20.
/BEḪŠATÓR/ « espèce d’euphorbe (Calotropis procera) » < latin
vexātor « tourmenteur », ainsi appelé à cause de son goût
très amer, BCT 847. D’où aussi, avec une suffixation plus
étendue, /BEḪŠATORÁYRA/ « plante asclépiade mangée par
les Arabes (Glossoneme edule) », mais on dirait qu’elle n’était
pas appréciée par les Andalous, BCT 3447.
/BELÁR(E)/ « veiller » < latin vĭgĭlāre, dans IQ 20/16/4 /BELÁR+i/
« ma veille », hybridé avec le possessif arabe andalou. D’où
aussi, avec suffixation agentive, /BELATÓR/ « nénuphar
(Nymphaea caerulea) », car certaines espèces de cette plante
n’ouvrent leurs fleurs que pendant la nuit,277 BCT 3136.
/BÉLČ/ : voir */ÍLČ(E)/.
>BELÉNYO< « jusquiame (Hyoschyamus) » < latin vĕnēnum «
poison ; drogue », SG 44, tiré d’Ibn Buklāriš.
/BELÉŚA/ « dentelaire (Plumbago europaea) »,278 peut-être du
gothique *bilisa, BCT 261, 757, 3144 et 4899.
>BÉLLO< « beau » < latin bellus, A7 et H23 ; voir aussi
>BONTÓRKA<. Il y a un dérivé avec la suffixation d’un
participe, >BELLÍTO<, qualificatif d’/EŚPARÁG(O)/ et /ORÉČA/,
q.v. ; cf. le castillan bellido.
/BELTÓN(I)KA/ : voir /BONTÓRKA/.
>BÉLYAŚ< « vieilles (femmes) » < latin vĕtŭlas : dans les
syntagmes >ENPRÉNYA< et >ŚOMÁLLAD<, q.v.
*/BENDÉR(E)/ « vendre » < latin vendĕre, dans H12 /BENDÉD/ «
vendez ».
/BÉNE/ « (le) bien » < latin bĕnĕ, un adverbe substantivé dans le
roman, H1 et IQ 5/7/2.
*/BENÍR(E)/ « venir » < latin vĕnīre, dans A12 et H24 /BÉNED/ « il
vient », H17 /BENÉŚ/ « vous venez », H2 /BERNÁD/ « il
viendra », A1 /BIRÉY+M/ « je me viendrai » H1 /BÉN(E)/ = A1
/BÉN/ « viens », A1 /BÉNT A(D)MÍB/ = A33 /BÉNTE ʕind
AD+MÍB/ « viens à mon côté » et H3 /BENÍD/ « venu ».
/BÉNKA/ « lierre », raccourci du latin vincăpervinca « pervenche
(Vinca minor) », BCT 751, 1589 et 4253.
/BÉNTE/ « vingt » < latin vīgintī, dans les syntagmes /– KÁPO(Ś) =
KÁP(E)TE(Ś)/ « sorte de chardon », littéralement « vingt têtes
», BCT 806 et 3226.279
*/BÉNTER/ « ventre » < latin ventĕr, -tris : avec suffixation
romane dans /BENTERKÁYRA/ « hellébore noire »,280 BCT
539, 849, 1321, 1756, 1789, 2136 et 2548.
/BÉNTO/ « vent » < latin ventus, dans /ŚUK –/, littéralement « il
suce le vent », étymologie populaire du sakbīnaǧ « férule de
Perse (Ferula scowitziana) »,281 BCT 4397. Il y a aussi un
dérivé avec suffixation romane, /BENTÓŚA/, dont
l’identification est douteuse, « vulvaire, ansérine fétide
(Chenopodium vulvaria) ou stachyde, épi fleuri (Stachys
germanica) », BCT 4256 et 4808 mais, dans les deux cas, ce
qualificatif signifierait « fétide ».
/BÉNYA/ « permission, grâce » < latin vĕnĭa, chez IQ 76/2/1.
/BERBÁŚKO/ « bouillon-blanc, molène » < latin verbascum, BCT
608 et 4568.
/BERDÁD/ « vérité » < latin vērĭtās, -ātis, dans H10 /DE -/ «
vraiment ».
*/BÉRDE/ « vert » < latin vĭrĭdis, avec suffixation diminutive
romane dans /BERD+ÉL/ « espèce de figues ». Il a
probablement contaminé phonétiquement /BERDELÁKAŚ/ «
pourpier (Portulaca oleracea sativa) » < latin portŭlāca.
*/BÉRE/ « voir » < latin vĭdēre, dans A8 et H11, /BÉDO/ « je vois »
et /BÉ(D)ŚE/ « on voit », chez IQ 83/11/2, et /BÉD/ « voyez », A7
et H12.
/BERMÍKOLOŚ/ « kermès » < latin vermĭcŭlus « petit ver », BCT
662.
>BERTEČÉLLO< « espèce d’uvulaire (Uvularia amplexifolia) » <
latin vertĭcillus « peson de fuseau », à cause d’une
ressemblance avec ses semences. D’où aussi*/BERTEČÉL/ «
variété de figues », dont la graphie >burtiǧāl< pourrait
refléter une labialisation de la première voyelle.
>BERTÓNKA< : voir >BONTÓRKA<.
/BEŚKARÁYN/ « carline (Carlina involucrata) » < latin viscārāgo,
-ĭnis, BCT 266, 375, 482, 483, 970, 1268, 1594, 1631, 1920,
1923, 2888, 3442, 3482, 3694, 4144 et 4865.
/BÉŚKO/ « gui (Viscum album) » < latin viscus/m, BCT 902 et
3596. Voir aussi /MÁLBA –/.
*/BEŚTÍR(E)/ « se vêtir, s’habiller » < latin vestīre, dans A2 et H8
/BÍŚTO/ « je porte un vêtement » et A22 /BEŚTIRÉY/ « je
porterai un vêtement ».
/BETÁR(E)/ « interdire, défendre » < latin vĕtāre, A28.
*/BE(Y)Ǧ/ZÁR/ « baiser, donner un baiser » : A10, 11 et 36
/BÉYǦA(D)+ME/ « il me donne un baiser », A25 /BÉǦA/ «
donne un baiser » et /BÉYZAŚ MÁNO/, nom vulgaire et
ironique de plusieurs espèces de chardon et centaurée
(Ononis repens, Centaurea solstitialis, etc.), littéralement « tu
donnes un baiser sur la main ».282 BCT 641, 968, 971, 1619,
2848, 4881 et 4911. Voir /BAZÍNO/.
/BÍBAR/ « variété de figues » < latin bĭfĕr « qui donne des fruits
deux fois dans l’année », cf. castillan breva, BCT 1149.
/BIC(TE)NÁČ/ : voir /BIŚTINÁKA/.
/BÍKYA/ « vesce (Vicia sativa) » < latin vĭcĭa < grec βίκιον, BCT
334, 656, 1384, 1618, 2840, 3128, 3466, 3467 et 4219.
/BÍL(E)/ « vile » < latin vīlĭs : H26, passage douteux.
/BÍNO/ « vin » < latin vīnum, chez IQ 90/1/3 et 148/1. Voir aussi
/MÁLBA/.
/BÍMNE = /BÍMEN/ « osier (Salix safsaf) » < latin vīmen, BCT
3232, 3560, 3659 et 4884.283 Il y a aussi un possible diminutif
roman */B/FINN+ÉL/ « sorte de jonc », avec les graphies
>finā(l)<, BCT 1940, 3453, 3455 et 3771.
/BÍPRA/ « vipère » < latin vīpĕra, BCT 3797 et 4848.284
/BIŚTENÁKA/ = (BIC(TE)NÁČ/ « herbe aux cure-dents (Ammi
visnaga) » < latin pastināca « panais, carotte », avec une
évolution sémantique, métanalyse et remplacement du
suffixe {+ÁK} par {+ÁČ} et deux solutions différentes pour
l’évolution phonétique de la séquence consonantique /st/,285
BCT 714, 715, 800, 966, 1376, 1907, 2356, 3557, 3776, 3838,
4128, 4409. 4434, 4533, 4561, 4582, 4898, 5091 et 5093.
/BÍTA/ « vie » < latin vīta, chez IQ 102/4/1.
/BÍTRIYO/ « vitre » < latin vĭtrum « verre » ou vĭtrĭus « de verre
», dans SG 568. D’où avec suffixation déjà latine, /BITRÁYRA/
« pariétaire (Parietaria cretica) », BCT 811 et 1478.286
*/BIBÍR(E)/ « vivre » < latin vīvĕre, dans H4, 6 et 17, /BIBRÉYO/ «
je vivrai ». D’où aussi /BÍBO/ « vif », dans IQ 102/5/2.
/BÍYA/ « ouste ! » < latin vĭa « chemin », dans H19.
/BÓB(A)RA/ et >BOBRÉLLA< : voir >APOPR(IY)ÉLLA< et
/RROTÚNDO/.
>BOBÓLYO< et >BOBOLYÁYRA< « œil de bœuf (Anthemis
tinctoria) » < latin bŏvis ŏcŭlus, calque du grec βούφθαλμον,
BCT 572, 845, 987, 1638, 2138, 3462, 3521, 3585, 4240 et 4488.
/BOĠ/ḪTÓRNA/ et >BOḪTORN(IY)ÉLLA< : voir /BÓKTOR/.
/BÓKA/ « bouche » < latin bucca, dans /DE LÓPO/ « centaurée
majeure (Centaurea centaurium) », littéralement « bouche
du loup », BCT 901 et 4231, probablement à cause de son
odeur fétide. D’où aussi le diminutif roman >BOKÉLLA<,287
dans A11, 14, 20, 24, 25 et 36, et IQ 67/2/2, et l’adjectif
/BOKÚNO/ « fétide », qualificatif de /ČÍMLIČ(O)/, q.v.
/BOLÁRE/ « voler » < latin vŏlāre, H24. D’où aussi /BÓLA
(AD)+BÉNTO/, littéralement « il vole au vent », nom donné au
livèche (Seseli tortuosum), BCT 761 et 2552.
/BOLČÁKA/EŚ/ « pourpier (Portulaca olaracea sativa) » < latin
bu/yrsa < grec βύρσα « peau, cuir », avec suffixation romane,
cf. castillan burjaca et catalan butxaca « bourse », à cause de
la ressemblance des feuilles rondes et grasses de cette plante
avec des petites bourses,288 BCT 880 et 2098.
/BOLTÓNKA/ : voir /BONTÓRKA/O/.
>BOLYÁR< « alkékenge, physalis (Physalis alkekengi) » < latin
bulla « bulle », à cause des bractées autour de son fruit, BCT
833, 1351, 2581 et 3597.
/BÓNO/ « bon, beau ; bien » < latin bŏnus, A11, 13, 25, 29, 32 et
34, H17 et 24, IQ 84710/4 et 87/10/3, féminin /BÓNA/ dans
H13. Voir aussi /PÁLO/ et /MÉNTA/.
/BONTÓRKA/O/ = /BONTORÓNKA/O/ = /BO/EL/RTÓNKA/O/ =
/BELTÓN(I)KA/ « bétoine (Stachys betonica) » < latin
hispanique b/vētŏnĭca, BCT 676, 677, 980, 981, 2028, 2243,
2257, 2295, 2586, 3978, 3979, 4098, 4161, 4252, 4421, 4490,
5067 et 5069.289
/BÓKTOR/ « vautour » < latin vultŭr, dans /ÁLA DE –/ « fougère
mâle », BCT 368 et 2160. D’où aussi /BOḪ/ĠTÓRNA/ «
stachyde (Stachys ochimastrum) »,290 BCT 550, 983, 2249,
2732, 2988, 3030, 4051 et 5080, et son diminutif
>BOḪTORN(IY)ÉLLA<, synonyme de >KALANDAYRWÉLLA<,
q.v., dans 4051.
/BOPUČÍNA/, dans /YÉRBA/ « globulaire (Globularia alypum) » <
bas latin *vulpecina, dérivé adjectival du latin vulpēs «
renard », BCT 4764 et 5112.291
>BORRÁLLA< « morgeline, stellaire (Stellaria media) », BCT 959,
aussi appelée /ČENČÉKOŚ/, littéralement « haillons », q.v., ce
qui a suggéré des rapports sémantiques avec le castillan
morralla « fatras » et le portugais baralha ou catalan barreja
« mélange », à cause de son aspect, mais la vraie étymologie
semble être un diminutif roman de */BÓRRA/ < latin burra «
étoffe grossière en laine », cf. le castillan borra « bourre ».
/BOS/ « vous » < latin vos, cas oblique dans H4, réflexive dans
H10. Le nominatif, /BOS+ÓTRIS/, dans H12, a cette addition
caractéristique du castillan et du catalan.
/BOYÁTA/ et /BÓYE/ : voir /BUWÉY/.
/BÚDA/ « jonc (Juncus) » : < latin bŭda, un vieil emprunt au
berbère de l’Afrique du Nord, passé en arabe andalou búḏa,
mais réintroduit par l’immigration berbère avec le préfixe
de classe, d’où le portugais (a)tabua ou taboa « massette
(Typha angustata) », BCT 768, 803, 1940, 2473, 3721, 3894 et
4522. Une espèce de soude est appelée /BUDÉČO/, avec le
suffixe péjoratif, BCT 814 et 3580.
/BULBÁKA/ : voir /ILYÁKA/.
/BÚLBUC/ « sorte d’oignon ou de poireau », dans BCT 675 et 985,
ne semble pas s’agir d’un mot roman, ni d’un dérivé du latin
bulbus « oignon », mais une simple transcription du grec
βολβός, utilisé par les botanistes.
>BULLUTÉLLA< « germandrée (Teucrium chamaedrys) »,
diminutif roman de l’arabe bullūṭah « gland »,292 BCT 981 ;
voir /MORKÁYR/.
/B(U)RÚKO/ « sauterelle sans ailes » < latin brūchus < grec
βροῦχος, BCT 148, d’où aussi le castillan brugo « espèce de
puceron ».
/BURRÚKA/ « verrue » < latin verrūca, BCT 2355.293 Quant aux
graphies >brwqā/y< et >brwyqā< dans BCT 853 et 2359, il
s’agit de corruptions du grec μυρίκη « tamaris ».
>BUTÁNYA< « bryone noire » < latin vītĭnĕa < « de vigne », BCT
630, 1894, 2523, 2948, 3854, 4253, 4448 et 4976.294
/BUTÉL/ « renoncule (Ranunculus) » < bas grec βούτελος,
littéralement comme le français « mort-aux-vaches », à cause
de sa toxicité pour le bétail, BCT 631, 632, 2542, 2547, 2566,
2570, 2764, 4134, 4719 et 4735.295
*/BÚḪŠUŠ/ « buis (Buxus sempervirens) » n’est qu’une
transcription du latin buxus ou du grec πύξος, BCT 3135,
dont la forme andalouse était /báqs/,296 BCT 377, 541, 923,
1148, 2242, 3232, 3470, 3807, 4677, 4756 et 4820.
/BUWÉLO/ « bol d’Arménie » < grec βῶλος « motte de terre »,
chez SG 60, selon Ibn Buklāriš, avec diphtongaison du roman
central.
/BUWÉY/ « bœuf » < latin bōs, -ŏvis, dans /LÉKWA (ḎE) –/ «
buglosse »,297 BCT 2516 et 2715, et /ÉNFALA –/ « cynoglosse »,
BCT 242, 567 et 2643, ainsi appelée car cette plante fait
gonfler les ventres du bétail et les fait mourir. SG 57 en
rapporte d’Ibn Ḥayyān le dérivé /BOYÁTA/ « troupeau de
bœufs », à suffixation participiale romane.
/CAR(A)KOCÁNA/ « julienne (Hesperis laciniata) » < latin
Caesăragustāna, BCT 4513. On retrouve cet adjectif attributif
de Saragosse dans le syntagme /CAR(A)KOCÁNAt alǧudrán/,
littéralement « saragossane des murs », « diplotaxe
(Diplotaxis muralis) », dans BCT 3585.
/C/ČEBÁYRA/ « blé » < latin cĭbārĭa « nourriture ».298
/ČÉČARO(Ś)/ « vesce (Vicia sativa) » < latin cĭcĕr, BCT 1323 et
1384.299 Voir /ČÉRČ/.
*/ČEDÉR(E)/ < latin cēdĕre, dans IQ 19/13/3 /ČÉDO/ « je donne ».30
0

>ČELEDÓNYA< « chélidoine (Chelidonium majus) » < latin


chĕlīdŏnĭa < grec χελιδόνιον, ne serait qu’un mot technique
des botanistes, ce qui est confirmé par l’hésitation des
graphies, avec >ǧ< et >ḫ<, BCT 995, 1246, 2519 et 2520.
/ČÉLOŚ/ « (je jure par le) ciel ! » < latin caelum, dans l’expression
hybride A27 /wa+–/.
/ČENČABÁRA/ « aconit », désignation vulgaire, peut-être
reflétant la phrase romane andalouse */ČÍMČA BÁRA/ « bat,
bâton », à cause de ses effets létaux, intégrant l’impératif du
verbe */ČIMČAR(E)/, tiré du latin cīmex, -ĭcis « punaise » et
vāra « bâton »,301 BCT 1316, 1335 et 3139 ; voir /ČENČEPÉ(N/
Ḏ)CA/, /ČENČEPÓNTA/, /ČENČA(D)PÚNYO/ et / ČÍMLIČO/.
/ČENČAPÉ(N/Ḏ)CA/ « mille-pieds et, par métonymie, nom d’une
espèce de capillaire (Asplenium) et d’une espèce de
dauphinelle (Delphinium nevadense) » < latin centipēs, -ĕdis,
où un premier élément /ČÉNTO/, q.v., a été contaminé par le
même segment de /ČENČABÁRA/, q.v. alors que le tout a
adopté le morphème arabe andalou commun du singulatif et
du féminin {+a(t)},302 BCT 1278, 1385, 1812, 2259, 3456, 3522
et 4942. Voir /ENDEMÓBETE/, sous /EN/ II.
/ČENČA(D)PÚNYO/ « chardon (Carduus) », intégrant
probablement aussi le verbe */ČIMČAR(E)/ avec le résultat
roman du latin pugnus, c’est-à-dire « il frappe ou blesse le
poignet (du moissonneur qui ne le voit pas) », selon la
description des botanistes, BCT 1244 et 1619.303
/ČENČÉKOŚ/ « morgeline, stellaire (Stellaria media) »,
littéralement « haillons », < bas latin siccinicare « couper la
viande en bandes pour la sécher »,304 appelée aussi
>BORRÁLLA< q.v., BCT 959 et 1319.
/Č/ṢÉNNA/ « aconit (Aconitum ferox) », serait une autre
désignation vulgaire del aconit, à cause de ses effets létaux »
(cf. le synonyme /ČENČABÁRA/), combinaison phonétique et
sémantique dans ce cas du latin cinnus « signe, clignement
de l’œil», avec signum « signe ordonnant l’exécution d’un
ordre, surtout une sentence de mort ».305
>ČENŚ(IY)ÉLLA< « espèce de fumeterre (Fumaria spicata) ou
hypécoum (Hypecoum imberbe) », diminutif roman du bas
latin *cinisia < latin cĭnis, BCT 1325, 1981, 2575, 3632, 4008 et
4561.
/ČENTÁWR(I)YA/ « centaurée (Centaurea erythraea) » < bas latin
centauria < latin centaurēum,306 BCT 713, 1199, 3162, 3455,
3852, 4231 et 4793.
/ČENTÉNO/ « seigle (Secale cereale) » < latin centēnum, BCT
4299.
/ČENTO/ « cent » < latin centum : dans /– DÉTOŚ/ « adiante
(Adiantum capillus Veneris) », ajoutant le latin dĭgĭtus,
littéralement « cent doigts», BCT 1200 ; >–FÓLYAŚ< « espèce
de centinode », littéralement « cent feuilles », ajoutant le
latin fŏlĭum, BCT 1202 ; /–NÚDO/307 « une autre espèce de
centinode », ajoutant le latin nōdus, littéralement « cent
nœuds », BCT 1198 et 3457 ; et /– KÁP(E)TE / KÁPO/ « chardon
roulant », ajoutant le latin căpŭt, littéralement « cent têtes »,
BCT 76, 130, 191, 302, 363, 441, 534, 820, 1201, 1342, 1588,
2111, 2191, 2221, 2942, 3817, 3935, 4053, 4054, 4268, 4862,
4864, 5064 et 5088.
>ČE/OPÓLLA< « oignon (Allium cepa) » < latin caepulla, BCT 985,
d’où le syntagme >ČOPÓLLA DE PÓRKO< « scille (Scilla
campestris) », BCT 3461, et aussi les dérivés avec suffixation
diminutive, >ČOPOLLÍN< « ciboulette (Allium fistulosum) »,
BCT 985, et >ČOPOLLÉLLA< « narcisse (Narcissus tazzetta) »,
BCT 987.
/ČERÁR/ « blé (Triticum sativum) » < latin cĕrĕālis, BCT 1337 et
4147.
*/ČÉRBO/ « cerf » < latin cervus, dans /ŚÉBO DE – / ČERBÚNO/,
adjectif attributif à suffixation romane dans le deuxième cas,
« suif de cerf », chez SG 512, tiré d’Ibn Buklāriš ; cet adjectif
se retrouve dans 744 /POLÉYO–/ « pouliot de montagne
(Teucrium polium) » et son féminin dans /ČERBÚNA/ «
espèce de trèfle ou luzerne », BCT 2485.308 Avec une autre
suffixation attributive romane, on a >ČERBÉNNA< « espèce
de jonc (Juncus conglomeratus ou effusus) », BCT 569, 1272,
1281 et 1940.309
/ČÉRČ/ : nom donné en Algarve à une espèce de ciste, à grains
mangeables pendant la disette, métonymie d’une forme
métathétique de /ČÉČARO(Ś)/, q.v., BCT 549.
/ČÉRK(O)/ « chêne vert (Quercus ilex) et d’autres espèces » <
latin quercus, BCT 799, 919, 1322, 1737, 2248 et 3506.310
/ČERMÁMA/ « salsifis noir (Scorzonera hispanica) »,
probablement un mot composé du roman */ČÉRRO/311 < latin
cirrus « rameau filiforme », caractéristique de cette plante, et
/MÁMA/ « suce » < latin mammāre,312 cf. son nom castillan
populaire churrimam/na, BCT 439, 623, 737, 1380, 1951 et
2127.
>ČERMÉNNAŚ< « espèce de poire », peut-être un attributif de
>ǧulmāniyah<, aujourd’hui Jurumenha, au Portugal, BCT
2556.
/ČERÓLAŚ/ « prunes, fruites du Prunus domestica », emprunt
roman hâtif du néo-arabe zaʕrūrah, d’origine égyptienne,
selon SG 165, tiré d’Ibn Buklāriš.313
/ČERRÁTA/ « sorte d’avoine dite serrée ou fermée » < bas latin
*serrare < latin sĕrĕre « joindre, attacher », avec le suffixe
participial, BCT 1390 et 1459.314
/CEŚRABÓNA/ : voir /ŚEŚRABÓNA/.
/ČETRÁČ/ : voir >AČET(Y)ELLA<.
/ČETRÍYA/ « cédrat » < latin cĭtrĕa « cédratier (Citrus medica
cedrata) », BCT 545 et 1287. On retrouve ce mot comme
attributif dans le syntagme /MÉNTA–/ « mélisse (Melissa
officinalis) ».
/ČIKÁLA/ « cigale » < latin cĭcāda, chez IQ 91/4/4 et SG 161, selon
Ibn Ǧulǧul et Ibn Albayṭār.
/ČIKOLÉL/ « liseron tricolore, belle de jour (Convolvulus
tricolor) » < latin cingŭlus, avec une nouvelle suffixation
diminutive romane, BCT 935 et 2745.
/ČIKÚTA/ : voir /ČUKÚTA/.
/ČÍMČARO / ČÍMLIČO BOKÚNO/ « ansérine fétide, vulvaire
(Chenopodium vulvaria) » < latin chamaeleuce « tussilage » <
grec χαμαιλεύκη, BCT 947, 1221, 1222, 1464, 3587 et 4741.315
/ČÍNA/O/ « nerprun (Rhamnus tinctoria) », probablement du bas
latin *lycinus, attributif du latin lўcĭum < grec λύκιον «
nerprun des teinturiers », BCT 1237, 1381, 4844, 4861 et 5124.
/CÍNKO/ « cinq » < latin quinquĕ, dans /– DÉTOŚ/ « chicorée
(Cichorium intybus) », BCT 4569.
/ČÍNNAMO/ « cannelle (Cinnamomum cassia) » < latin
cinnamum < grec κίνναμον, probablement un mot technique
des botanistes, BCT 1330 et 1929.
/ČÍNTO/ : voir */ÁWRO/.
/ČÍPRIYOŚ/ « espèce de pin ou cèdre », par confusion avec le
cyprès, < latin cyprĭus, attributif de Chypre, BCT 3227, mot
technique des botaniques.316
>ČOPÓLLA<, >ČOPOLLÍN< et >ČOPOLLÉLLA< : voir >ČEPÓLLA<.
/ČU/IKÚTA/ « ciguë (Conium maculatum) » < latin cĭcūta, BCT 49,
1365, 1568, 3984, 4625 et 4839.317
/CUM(M)AKÉL/ « jus du sumac (Rhus coriaria) » < arabe
summāq, avec suffixation diminutive romane, BCT 4521.
/C(I)YENCO/ : voir /AŚÉNTIYA/.
/CÍYYA/ « vire de bord ; volte-face ! », cri des rameurs, selon IQ
31/4/5, vieux mot roman dont l’origine est méconnue.318

/DARDÁYRA/ « napel (Aconitum napellus) », suffixation


instrumentale de l’emprunt germanique */DÁRD(O)/ « dard
», à cause de ses effets létaux, BCT 1904 et 3139.319
/DE/ « de », préposition de génitif ou ablatif, < latin de, A2, 8, 11,
17, 19, 22, 26, 28, 29, 31, 37, 40 et 44, H1, 3, 10, 13 et 17, IQ
7/1/3, 50(8/3, 67/2/2, 75/9/4, 82/10/1, 84/11/4 et 99/11/4.320
/DÉBLE/ « espèce petite de plantain (Plantago albicans) », peut-
être < latin dēbĭlis « faible »,321 BCT 2364.
/DEBTÓR/ « débiteur » < latin dēbĭtŏr, chez IQ 7/15/1, mais le
passage est douteux.
/DEMANDÁRE/ « chercher » < latin dēmandāre « confier », avec
une évolution sémantique, H4.
/DENT+APRÚN/ « fougère mâle (Dryopteris filix-mas) » < latin
dens, -ntis « dent », et aprūnus « de sanglier », à cause de la
longueur de ses feuilles,322 BCT 938 et 1991.
/DES KÁND/ « après que » < latin ex de, combinaison de deux
prépositions d’ablatif, suivies par le résultat roman de
l’adverbe quando, H3.
/DÉTOŚ/ : voir /ČÉNTO/ et /CÍNKO/.
>ḏib+ÉLLO< « petite bardane (Arctium minus) », peut-être un
diminutif roman de l’arabe andalou ḏíb « loup »,323 à cause
des pointes dans ses fruits, BCT 1712.
/DIBÍNA/ « devineresse » < latin dīvīna et /DIBÍNAŚ/ « tu devins »
< latin dīvīnāre « deviner », dans H2.
/DÍYA/ « jour » < latin dĭēs, A22, IQ 82/10/1 et 86/9/3.
/DO/ : voir /DE/.
/DÓB(E)/ « n’importe où » < bas latin *de unde, A37, mais le
passage est douteux. Voir /ÓB(E)/.
/DÓLČE/ « doux » < latin dulcis, A36 ; d’où aussi, avec suffixation
romane, /DOČÍNO/ « réglisse (Glychyrrhiza glabra) »,324 BCT
2298 et 3470, aussi appelée /YÉRBA DOLČE/, BCT 3470 et
5070, q.v.
*/DOLÉR(E)/ « faire mal » < latin dŏlēre, dans H9 /DÓLED/ « lui
fait mal », H9 /DÓLE(D)+LA/ « elle lui fait mal », A14
/DOLEDÓRE/ « tourmenteur » et IQ 19/13/3 /DOLÓR/ «
douleur ».
/DONÁR(E)/ « donner » < latin dōnāre, H25, mais le passage est
douteux. De la même racine, DÓNO « cadeau », dans IQ
19/13/3.
/DÓNNO/ « seigneur, maître » < latin dŏmĭnus, IQ 102/4/1. D’où
aussi à travers l’adjectif dŏmĭnĭcālis /DONNEKÁL/, nom d’une
variété de figues, en castillan doñegal, selon SG 178, mais
aussi de poires, selon Abulḫayr.
/DÓKO/ « nom de plusieurs espèces de carotte (Daucus carota) »
< latin daucum < grec δαῦκον, BCT 29, 714, 1332, 1376, 1484,
1906, 2094, 2356, 2361, 2566, 2570, 2669, 2721, 2838, 3187,
3848, 4149, 4533, 4839 et 4908.
*/DORMÍR(E)/ « dormir » < latin dormīre, dans A15
/DORMIRÉYO/ « je dormirai », et /KE DÓRMA/ « que je dorme
», dans IQ 20/16/2.
/DÓŚ/ « deux » < latin dŭŏ, dans IQ 96/12/1.
*/DÚR(E)/ « porter » < latin dūcĕre, dans A11 /DÚK/ « porte », et
H24 /DURÁŚ+ME/ « tu m’emmènerais ».
/DURÁČNO/E/ « pêche » < latin dūrăcĭnus « qui a la peau dure »,
SG 180–181, et BCT 1792, 1843 et 1947.325
/EBANÚČ/ : voir /BANÚC/.
/ÉBRO/ « espèce de lavande » < latin ĭbēris, -ĭdis < grec ἰβηρίς,326
BCT 4902. Voir /YÉRBA –/.
/ECKORCÓL/ « espèce d’azérolier (Crataegus monogyna) » <
roman andalou */ECKORČÓN/ « hérisson », à cause de ses
épines, BCT 342, 2049 et 2229.327
/ECPARÁG/ : voir /EŚPÁRAG(O)/.
/ECTÉPA/ « ciste (d’Espagne, Cistus ladaniferus) » < bas latin
stippa < latin stīpĕs « tige des céréales », avec une évolution
sémantique et une sifflante irrégulière pour le roman
andalou, ce qui suggère un emprunt nord-africain, BCT 549,
816, 1091, 1314, 1566, 1999, 2080, 2389, 4462, 4596, 4697,
4729, 4780, 4906, 5013, 5038, 5039 et 5041 ; cf. aussi IQ
147/5/3, /ECTEPÁR/ « terrain couvert de cistes ».328
/ECTORÁK SÉKO/ « croûte de storax (Styrax officinale) » < latin
stŏrax < στύραξ, pour le premier élément, le deuxième
n’étant que la traduction du nom arabe andalou, mayʕah
yábisa < latin siccus, BCT 27, 914, 2720, 4319 et 4761.
/E(D)/ « et »< latin et, A3, 10, 11, 14, 21, 28 et 31, H8, IQ 67/2/2,
83/11/2 et 84/11/4.
/ÉDRA/ « citrouille (Cucurbita maxima) » < latin hĕdĕra « lierre
», BCT 212, 4263 e5 5122329 ; voir /YÉDRA/.
/EKÍN(O)/ « nom de plusieurs espèces d’épine, surtout la
Centaurea calcitrapa » < latin ĕchinus < grec ἐχίνος,
littéralement « hérisson »,330 BCT 3141 et 3982.
/(E)L/ « le (article défini masculin) » < latin ille, A30b et H9,
partageant l’étymologie d’une variante, /ÉL(LO)/ pronom
personnel « il » ou démonstratif « celui-là » A12, 14 et 28, H5
et 15.
/EN/ I « dans » < latin in, A23, H3 et 8, IQ 21/4/2 et 83/11/2. Voir /
ÉŚŚO/ et /ÚNO/.
/EN/ II « en (adverbe pronominale) » < latin inde331, A20 et 25,
H25, et IQ 10/2/2 et 83/11/2. Cet adverbe semble être aussi le
premier constituant de l’expression impérative /
ÉN+DEMÓBE+TE/ « enfuis-toi », nom alternatif de la
scolopendre ou mille-pieds et, par métonymie, nom des
plantes capillaire (Asplenium) et dauphinelle (Delphinium
nevadense) »332 < latin (de)mŏvĕo « s’éloigner », BCT 1385, à
cause de la peur provoquée par ces arachnides.
/ENÉBRO/ « genévrier (Juniperus communis) » < latin jūnĭpĕrus,
dans SG 184.
/ENÉŚTA/ : voir /YENÉŚTA/.
/ÉNFALA BUWÉY / : voir /BUWÉY/.
*/ENFERMÁR(E)/ « tomber malade » < latin infirmāri,333 dans
H10 /ENFERMÁD/, H18 /ENFERMÓRON/, et l’adjectif dérivé
/ENFÉRMO/ « malade », dans A8 et H9.
>ENPRÉNYA BÉLYAŚ< « espèce de renoncule », littéralement « il
engrosse les vieilles femmes » < latin impregnat vĕtŭlas, à
cause de son efficacité contre la stérilité, selon l’auteur, BCT
2547 ; voir /YÉRBA BÉTERA/.
/(EN)TÉDA/ « livèche (Levisticum officinale) », BCT 476, 2552,
3227 et 3822, avec plusieurs graphies corrompues,334 dont la
meilleure serait >(Ɂn)ṭyd/ḏh< < latin taeda « (torche de) pin ».
>ENTÉLYAŚ< : voir >LENTÉLYAŚ<.
/ENTÚBYA/ « endive (Cichorium endivia) » < latin intĭ/ŭ/ўbus/m <
bas grec ἔντύβον, BCT 175, 4569 et 4973, et SG 184, tiré d’Ibn
Albayṭār.
*/EREDÁR(E)/ « hériter » : dans H1 /EREDÁŚ/ « vous héritez ».
/ÉŚKA/ et /EŚKÁYRA/ : voir /LÉŚKA/.
/EŚKÍN/O MONTÓZO/ « cyprès (Cupressus sempervirens) » <
latin schīnus < grec σχῖνος « lentisque », l’addition fréquente
du qualificatif roman reflétant le latin mont(ŭ)ōsus «
montueux » visant à distinguer ces deux espèces,335 BCT
2359 ; voir /FÍG/KO(Ś) et /zanbúqa/.
>EŚKOPÉLLA< « espèce d’euphorbe », diminutif roman du latin
scōpa « balai », car on utilisait cette plante pour les faire,
BCT 414, 1944 et 5126.
/EŚKÓRD(I)YO/ « marrube blanc (Marrubium vulgare) » < latin
scordĭum < grec σκόρδιον, BCT 59 et 3027.
/EŚPÁRRAG(O)/ « asperge (Asparagus officinalis) » < latin
aspărăgus < grec ἀσπάραγος, BCT 260, 2350, 2557, 2580,
3179, 3457, 3507, 4502 et 4969, avec plusieurs graphies, dont
la plupart auraient reflété la prononciation de l’arabe
andalou, pas le roman.336 Aussi dans le syntagme qualificatif
>ECPARÁG BELLÍTO< « espèce d’orobanche », traduit par «
grande asperge », et pas « beau » comme le castillan bellido,
et dans le dérivé >EŚPARAGÉNNO< « asperge amère », avec
suffixation romane.
/EŚPAR(I)TÉL/ « millet au grain ouvert » < bas latin *sparitus, au
lieu du latin sparsum, avec suffixation diminutive romane et
contamination phonétique par /EŚPÁRTO/, q.v., BCT 1372,
1935 et 4230.
*/EŚPÁRTO/ « sparte, alfa (Stipa tenacissima) » < latin spartum <
grec σπάρτον, reflété par le diminutif roman >EŚPARTÉLLO<
« cévadille (Hordeum murinum) », BCT 388, 575, 2735 et
4532, et par le dérivé à suffixation romane >EŚPARTÉNYOŚ<
« chaussés avec des espadrilles (en alfa) », dans Ibn Ḥayyān.3
37

/EŚPÁTA/ « espèce de glaïeul (Gladiolus communis) »,


métonymie du latin spătha < grec σπάθη « baguette du
tisserand », BCT 4552, d’où aussi le diminutif roman
>EŚPATÉLLA< « variété de blé qui pousse en trois mois »,
BCT338 1655, 4552 et 4566, nom également synonyme du
>EŚPATELYÓN< « espèce de lis », à la suffixation
augmentative, BCT 355, et le dérivé /EŚPATÁNA/ « massette
(Typha angustata ou latifolia) », dans SG 193, tiré d’Ibn
Albayṭār, cf. le castillan espadaña.
*/EŚPÁYDO/ « épouvanté » < latin expăvĭdus, chez IQ 7/1/3, mais
le passage est douteux.
/EŚPÍNA/ dans /– ÁLBA/ « épine blanche (Crataegus oxyacantha)
» < latin spīna alba, BCT 364, 971, 4276 et 4861, aussi nommé
avec le dérivé adjectival, /EŚPI/ONÓZA/,339 BCT 4276.
/EŚPÍKLO/ « (a)spic (Lavandula spica) », métonymie du latin
spīcŭlum « dard », BCT 291, 4528 et 4902.
>EŚKÁLYA< « espèce de blé (Triticum spelta) » < latin scandă/
ŭla, BCT 36, 1655, 1781, 1970, 1971, 2398, 3424, 4176, 4632 et
4890.
/ÉŚŚO/ « cela » < latin ipse, dans /EN –/ « à ce moment-là », A23 et
H8.
*/EŚTÁR(E)/ « s’arrêter, se tenir » < latin stāre, dans IQ 102/4/3 et
5/1, /EŚTARÉYO/ « je m’arrêterai ».
/EŚT(E)/ « ceci » < latin iste, dans IQ 84/12/4 et 76/7/4, A 10 et 38,
H 1, 6, 14 et 15, en début ou en fin de syntagme, féminin
/EŚTA/ dans A4 et 22 ; voir /AKÉŚTE/.
/EŚTÍNKO/ « orchis (Orchis mascula) » < latin stinch/gus, par une
métonymie du grec σκίγγ/κος « scinque », BCT 397 et 1797.
/EŚTÓPA/ « étoupe (du lin) »340 < latin stuppa < grec στύπ(π)η,
BCT 14, 557, 2345 et 2357.
>EŚTRÉNYE MEYÁTOŚ< « passerage (Lepidium campestre) »,
littéralement « il presse le pissat », < latin stringĕre et mēiāre,
BCT 508, 1587, 1664 et 2366.

/FÁBA(Ś)/ « fèves (Vicia faba) », dans BCT 1151, < latin făba, dans
le syntagme /FÁBA (DO) PÓRKO/ « espèces de lupin et
fougère », littéralement « fève du porc », < latin porcus, dans
BCT 2162, 3701 et 3825, et dans les dérivés suffixés
*/FABÁKO/ « lupin (Lupinus termis) »,341 et >FAYČ(YI)ÉLLA< «
lupin ; arum (Arum maculatum) »,342 BCT 992, 1151, 2743 et
3823.
/FABRÁYR/ « février » < latin fĕbr(ŭ)ārĭus, selon SG 209.
/FÁČ(E)/ « face, visage » < latin făcĭēs, dans A17 et 19, IQ 1/6/1 et
83/11/2.
*/FAČÉR(E)/ « faire » < latin facere, dans A5, 21, 26, 32 y 40 et H
14, 15, 16 /FARÉYO/ « je ferai », et A25 /FARÁŚ/ « tu feras ».
*>FANNÉŚTER< « navet sauvage (Rapistrum rugosum) » < bas
latin raphanistrum, variante hypothétique basée sur les
graphies estropiées >qlštyr<, >qallašta/ur< et >qlšyd< de BCT
2747, 3968 et 4868, avec lambdacisme et chute de la
première consonne par métanalyse de l’article défini, et
métathèse des deux premières consonnes, peut-être une
contamination par l’arabe fann « branche »,343 alors que la
graphie de BCT 2621 et 2625, suggèrent plutôt /LABÁŚTER/,
q.v.
/FARÁGA/ : voir /ŚAḪŚO FARÁGA/.
/FARÁNKO/ et /FARÁYLE/ : voir >ORÉLYA<.
>FARÁNNE FERRÍNO< « espèce de chardon sauvage »,
littéralement « il casse le fer », BCT 3699 et 4881344 ainsi
appelé parce que ses racines pouvaient casser le soc de la
charrue. Voir aussi >AFRÁNN/YE WÉŚŚOŚ< et /ŚAḪŚO
FARÁGA/.
/FARÁ(ḪŚO)NO/ « frêne (Fraxinus excelsior) » < latin fraxĭnus,
BCT 1919, 2735 et 3738.
/FÁTOŚ/ « destin » < latin fātum, chez IQ 84/11/3, mais cf. aussi
/FÍKOŚ FÁTOŚ/. >FAYČ(IY)ÉLLA< : voir /FÁBA(Ś)/.
/FÉBRAŚ/ « feuilles tendres des plantes », littéralement « franges
(d’une toile) », < latin fibra, contaminé par fimbria, BCT 3665.
/FÉČN(O)/ « absinthe de Judée (Artemisia judaica) » < latin
faecĭn(ĭ)us, à cause de sa forte odeur », BCT 445, 735, 742,
1943, 3779, 4256, 4472, 4547 et 5010.
/FÉLČA/ « férule (Ferula communis) » < latin fistŭla « tuyau »,
BCT 2566,3750.
/FÉLČO/ « fougère (Pteris aquilina) » < latin fĭlix, -ĭcis, BCT 654,
1255, 2032, 2160, 3061 et 4430. Une variante /FÉLČE/ est
transmise par Ibn Ǧulǧul, et son augmentatif >fulǧ(iy)ūn<,
par Abulḫayr, BCT 2160 et 350.
/FÉLE/ : voir /YÉRBA/.
/FENÉL/ « sorte de jonc » : probablement un diminutif du latin
fēnum « foin », BCT 1940, 3453, 3455 et 3771.
/FERRÁT/ « variété de figues », probablement du latin ferrātus, à
cause de sa couleur ; cf. /FERRÍNO/ chez >FARÁNNE<, BCT
1149.
/FESSÓN/ « haricot (Phaseolus vulgaris) » < latin făsĕŏlus,
contaminé par le suffixe augmentatif roman, BCT 2731 et
3786.345
/FÍDA/ : voir /KONFÍDA/.
/FÍG/KO(Ś)/ « figue » < latin fīcŭs, BCT 1149 et 3761, aussi dans
les syntagmes qualificatifs /FÍKO MONTÓZO/ « sycomore
(Ficus sycomorus) », BCT 1373, avec un adjectif dérivé du
latin mons, -tis, muni du suffixe roman {+ÓS/ZO/A}, et /FÍKOŚ
FÁTOŚ/ « câpres », BCT 2583, où l’adjectif reflète le latin
fătŭus « insipide ; sot ».
/FÍLYO/ « fils » < latin fĭlĭus, avec le suffixe diminutif dans
>FILYÓLO<, A 18 et 28 et H 7.
/FÍMEN/ : voir /BÍMNE = /BÍMEN/.
/FIRÍDA/ : voir /MÁTTA/.
/FÓFN(E)/ « variété très tendre de pomme », peut-être
partageant l’étymologie du castillan bofe « poumon », avec
une suffixation similaire à celle de /RÉČNO/, q.v., BCT 1148.
/FOGÓRE/ « ardeur » < latin fŏcus « feu », avec suffixation
romane, A4 et H23.
/FOLÓR/ « fleur » < latin flōs, -ōris, aussi dans les syntagmes
/FOLÓR D+ÁWRO/ « chrysanthème jaune (Chrysanthemum
coronarium) », littéralement « d’or », BCT 988, et >F(OL)ÓR
(DE) PÉNNA< « sorte de myrte », BCT 1950 et 3647,
littéralement « fleur de plumes », < latin pe/inna, à cause de
ses fleurs blanches, dont la prononciation raccourcie
témoigne des variantes phonétiques populaires, avec la
chute du / l/346 et de la préposition,347 cf. /LAFÓRA/.
*>FÓLYAŚ< « feuilles » < latin fŏlĭa, pluriel de fŏlĭum, HOJA
devenu singulier dans le bas latin. Aussi reflété par
>FOLYÓŚ< « adiante (Adiantum capillus Veneris) », BCT 3664,
« sorte de pêche » < latin foliosus « feuilli », et par >FOLLÁR<
« pâte feuilletée », dans IQ 9/32/3, avec suffixation romane.
/FÓNKOŚ/ « champignons » < latin fungus, BCT 2580 et 3793.
>FONÓČ/ḺO< « fenouil (fœniculum vulgare) » < latin fēnĭcŭlum,
BCT 976, 2120, 3651 et 3723.
/FORAKÁŚAŚ/ « sobriquet de quelqu’un », selon SG 225,
traduction de l’arabe naqqāb, expliqué dans GL comme le
voleur qui s’introduit dans les maisons faisant un trou dans
les murs, < latin fŏro ou fūror et căsa « cabane », devenu «
maison » dans certains romans.
/FÓRBOŚ/ « euphorbes » < latin euphorbĕum < grec ἐυφόρβιον,
avec chute par dissimilation de la première syllabe, BCT
3640.
/FORMÉNTE/ « blé (Triticum sativum) » < latin frūmentum, BCT
1655.
/FORMÍKAŚ/ « fourmis » < latin formīca, BCT 931.
/FÓŚK(O)/ « variété de figues ou dattes » < latin fuscus « obscure
», BCT 1004, 1149 et 2271.
/FUČČÍYYA/ = / FUMÍYYA/ = >FUMÉLLO< « fumeterre (Fumaria
officinalis) » < latin fumus « fumée » ou, plus exactement, du
bas latin *fumigeat < latin fumigat « il fume », avec
métanalyse du suffixe attributif arabe {+iyyah}, qui a été
remplacé par le suffixe diminutif roman dans >FUMÉLLO<,
et ceci par son équivalent *>FUMIČÉLLO<, qui a été
contaminé par la variante première et produit /FUČÍYYA/.
D’où aussi /FUNČÉL/ « sorte de champignon », couvert d’une
poussière obscure, témoin additionnel de la double
suffixation diminutive {EČ+EL}, BCT 107, 343 et 4902.
/FUNČÉL/ : voir /FUČČÍYYA/.
>FUŚ(Y)ÉLLO< et /FUZ(Y)ÉL/ « orobanche ; espèce de chardon »
< latin fūsum/s « fuseau », avec suffixation diminutive
romane, BCT 971, 1380, 1588, 1675, 2350, 3702, 3832, 4283,
4547, 4738, 4791, 4861 et 4881.348
>fuww+ÉLLA< « espèce de garance (Rubia tinctorum) » < arabe
fuwwah avec suffixation diminutive romane, BCT 1554, 1669,
1673 et 3818.

/GABÁNCO/ « églantier (Rosa canina) » dont l’étymologie est


préromane, selon J. Coromines, qui témoigne d’autres cas du
même suffixe dans les noms d’arbres, BCT 2229, 3014, 3464
et 3514.
/GÁBYA/ « sorte de cresson (Lepidium) », peut-être appelée ainsi
à cause d’une ressemblance avec les gabies des navires, <
latin căvĕa, contaminé par gāvĭa « mouette », car ces oiseaux
se posent souvent sur ces lieux pour se reposer ou guetter
leur proies, BCT 2576 et 3585.349
>GALLO< « coq » < latin gallus, dans les syntagmes >GÁLLO
ČÉKO< « sorte d’épine », littéralement « coq aveugle » (< latin
gallus caecus), BCT 1627 et 3520, et >GÁLLO KRÉŚTA<, du
latin galli crista, littéralement « crête du coq », « ivette
(Ajuga chamaepitys) », BCT 1342, 1478, 2585, 3226, 3516,
4296 et 457, et avec suffixation diminutive romane,
>GALLÉL< « polypode commun (Polypodium vulgare) », BCT
965, 3517 et 4495.
>GALLÉŚKO/A< « gaulois » < latin gallĭcus, avec replacement du
suffixe attributif par un équivalent roman ; voir RÁBANO et
YÉRBA.
>GALLÍNA< : voir /PÉDE/.
>GÁLLO< : voir >GALLÉL<.
*>GANNÁR(E)< « gagner, acquérir », < gotique *ganan «
convoiter », sémantiquement contaminé par *guaydanjan «
gagner », témoigné par H13 >GÁNNEŚ< « que tu gagnes ».
/GARAFYÓN/ « poinçon des agriculteurs », selon SG 253, tiré
d’Ibn Alʕawwām, < grec γράφιον, mais un tel mot serait un
cultisme.
/G(A)RÁMA/ « chiendent (Agropyron repens) » < latin grāmēn,
BCT 1163 et 3545.
>GARGALLÓN< : voir *>BARGÁLLOŚ<.
*/GARRÍR(E)/ « dire, déclarer » : dans A15 et H4, /GARRÍR BOŚ
ÉY/ « je vous dirai », A2, 5, 21 et 32 et H2 et 15 /GÁR/RE) « dis
», H17 et A1 /GÁR(RE)ME/ « dis-moi », A35 /GARRÍ(D)ME/ et
A39 /GARRÍD (AD)ME/ « dites-moi », < latin garrīre « piauler ;
bavarder », avec une évolution sémantique. D’où aussi
/GARRITÁYRA/ « serpentaire (Dracunculus vulgaris) », à
cause du bruit sec des rejetons qui sortent des tiges, BCT
2743 et 3527.
/GÁŚOŚ/ et, avec suffixation augmentative, /GAŚŚÓN(E)Ś/ «
lobules ; grapillons », BCT 583, 2521, 2584, 3521, 3565 et 3600
; peut-être < bas latin galleus, dérivé de galla « noix de galle
», à cause de la ressemblance entre leurs formes.
/GÁTO/ et ses dérivés /GATTÉC/, /GATTÍL/ et /GATTÍNO/ : voir
/PÉDE/, >KAT(Y)ÉLLO<, >KOLYÓN<, /ŚÁLČO/ et /ÚNYA/.
/GAWDIYÓLO/ « serratule des teinturiers (Serratula tinctoria) »,
probablement une suffixation diminutive romane du latin
gaudium « joie », BCT 2757.
/GERÉLO/ « nom d’une plante rampante comestible » (cf. le
castillan grelo « feuille tendre du navet »),350 dont l’origine
est méconnue, probablement romane.
/ǧíd+OŚ/ « bons, sains », dans H18 n’a de roman que le suffixe
du pluriel.
>Ġ/QÓTTA< « gomme ammoniaque » < latin gutta « goute », BCT
3510, 4207 et 5009. D’où aussi, avec suffixation diminutive
romane, >QOTTÍLLA<, nom alternatif du sécacul (Pastinaca
schekakul) dans BCT 4887, aussi appelé avec la désignation
hybridée de šaḥm+ÉLLA, littéralement « petite graisse », à
cause du liquide abondant dans ses tiges.
>ġud/d)+ÉLLA< « espèce de tumeur glandulaire » < arabe
ġuddah « glandule », avec suffixation diminutive romane.351
>ǧuʕayd+ÉLLA< « espèce de lavande » n’a de roman que le
suffixe diminutif, BCT 1383.352

>ḥabaq+YÉLLA< « sorte de basilic » < arabe ḥabaq « basilic »,


avec suffixation diminutive romane, BCT 1649.
/ḫadd+ÉLLO/ « gratteron (Galium aparine) », littéralement «
petite joue », mot arabe avec suffixation diminutive romane.
/ḫal+ÉLLO/ « carthame sauvage », littéralement « petit oncle
maternel »,353 mot arabe avec suffixation diminutive
romane.
/ḥa+PAPR+ÓN/ « anis (Pimpinella anisum) », BCT 583, 1563 et
2584, où l’on retrouve l’arabe ḥabb « semence », suivi du
résultat roman du latin păpāver (voir /ANPÁWRA/), et le
suffixe augmentatif roman, sans lequel on a aussi /
ḥa+PAPÁWRA(Ś)/ « coquelicots », BCT 167 et 4868. Cf. PÁBER.
/ḥard+ON+ÁYRA/ « espèce de mélisse sauvage », hybridé avec
double suffixation romane de l’andalou ḥarḍ/ḏún354 < arabe
ḥirḏawn « lézard », par une attribution folklorique, BCT
1000, 1473, 1632 et 1670.
/ḥalw+ÉLLA/ « anis sauvage », hybridé avec suffixation
diminutive romane de l’arabe ḥalwāɁ « sucrérie », CT 583,
1089, 1543, 2584 et 4481.
/ḥurf+AYRÓLA : nom alternatif de /GÁBYAŚ/, hybridé avec
double suffixation romane de l’arabe ḥurf « cresson », à
cause de son goût, selon l’auteur, BCT 3585 ; cf.
>KABALLÍNO< sous >KABÁLYO<.

>IBLEṬO< : voir /BELÉTO(Ś)/.


>IČÉLLA< « chêne (Quercus) », probablement < latin īlex, -ĭcis,
avec suffixation diminutive romane et chute des deux
premiers phonèmes par métanalyse de l’article arabe, ou
simple dissimilation du premier /l/, BCT 3506 ; cf. /ČÍNA/.
D’où aussi le synonyme */ÍLČE/, qui apparaît toujours avec la
graphie >blǧ<, BCT 764, 919, 2248, 2924 et 3506, ce qui
suggère l’agglutination de la préposition arabe /bi+/, d’une
façon similaire au cas d’/ILYÁKA/, q.v., avec le résultat d’une
prononciation andalouse /bílč/ ; cf. /(ILI)ČÁYNO/ et /LÉČNO/.
/(ILI)ČÁYNO/ « arbrisseau à l’identification douteuse », un autre
dérivé du latin īlex, -ĭcis, avec une autre suffixation
diminutive romane, BCT 524, 550, 2990 et 4902.355
*/ILYÁKA/ « buglosse (Ononis natrix / pubescens / viscosa) » <
latin īlĭāca, avec agglutination de la préposition arabe /bi+/,
BCT 903 et 4256.356
*/ÍR(E)/ « aller » < latin īre, dans H9 /BÁ(Y)(D)ŚE/ « il s’en va »,
A21 /FÓYSE EN/ « il s’en alla », H25 /M+IRÉY/ « je m’en irai »,
H4 /L+IRÉY/ « j’irai vers lui », H13 /BÁYDA/ « que tu ailles »,
A7 et H19 /BÁY/ « va-t’en », et A3 >FÉ+T+EN< « quitte cette
place ».
*/IŠÍR(E)/, dans H3 /IŠÍD/ « sorti » < latin exīre.

/KABÁL/ « juste, exact », IQ 46/3/4, du latin caput, à travers le


bas latin et avec suffixation adjectival romane.
>KABÁLYO< « cheval », SG 65,357 < latin căballus « cheval
hongre », devenu le mot usuel à la place de ĕquus, aussi dans
les dérivés >KABALLÁR< « variété d’orge pour les chevaux »,
dans Ibn Buklāriš, selon SG 65, >KABAKYÚN+āt<, avec
suffixation du pluriel arabe, « billons », chez Ibn Luyūn ; et
>KABALLÍNO< dans >ḥurf< « moutarde sauvage », BCT 1585
et 1662, avec suffixation adjectivale romane.
/KABTORÍYA/ « espèce de renoncule » < latin cautērium < grec
καυτέριον, probablement contaminé par qabturíyya « Isla
Mayor » (du Guadalquivir), BCT 2541 et 2570.
/KAKKÓŚA/ : voir /YÉRBA/.
/KALABÁČA/ « courge (Cucurbita maxima) », comme sobriquet
selon SG 72, d’un mot supposé préroman. D’où aussi, avec
suffixation diminutive romane, avec et sans diphtongaison,
/KALABAČÓLA/ = KALABAČWÉLA « aristoloche ronce
(Aristolochia rotunda) », BCT 2242, 2243, 2518 et 3853.
/KALAMÉNTA/ « menthe de montagne, calament (Calamintha
officinalis) » < latin călāminthe < grec καλαμίνθη, BCT 3239,
3641, 3642, 3811, 3812 et 4060. Aussi corrompu come
/KOMLÁTA/, peut-être contaminé par le latin cŭmŭlāta «
parfaite », BCT 2496, 3239 et 3811.
/KALAND+AYR+ÓLA/ = /KALANDAYRWÉLA/, avec et sans
diphtongaison du deuxième suffixe diminutif roman, ajouté
à */KALÁND+ÁYRA/ « bûcher », dérivé du latin candela, avec
métathèse des consonnes sonores, BCT 550 et 4051.
>KALLAT(IY)ÉLLA< et >KÁLYO< : voir >KUWÁLLO<.
/KAMARÓN/ = /KAMRÓN/ I « crevette »358 < latin cammārus <
grec κάμμαρος.
>KAMELLÍN< « espèce d’oseille (Anabasis articulata hispanica)
» < latin cămellus, avec suffixation adjectivale romane, BCT
1661 et 4203.
/KAMRÓN/ II « nerprun (Rhamnus tinctoria) » : nom aussi
d’autres plantes épineuses, son origine pourrait être le latin
crābro, -ōnis, phonétiquement contaminé par /KAPRÓN/ «
bouc », BCT 3430 et 3507 ; voir aussi /KÁPRA/.
/KÁN/ « combien » < latin quantum, A2. Voir aussi >KOLYÓN<.
/KÁNA/ « cheveu blanc » < latin cānus « blanc », et son
synonyme diminutif >KANÉLLA< « espèce de plantain », tous
deux chez Abulḫayr, BCT 2728.
/KANÁYRA/ « stachyde (Stachys germanica) » < latin cănārĭa
herba, littéralement « herbe des chiens », utilisée contre
l’hydrophobie, BCT 3027.
>KANČÓLLO< « chardon (Carduus) », d’un mot préroman, cf. le
castillan gancho et le basque kantxo « crochet » ;359 d’où
aussi >KANČOLLÁTA< « globulaire (Globulaire alypo) », avec
suffixation romane, BCT 1619 et 4023.
/KÁNDE(D)/ « il brûle » < latin candere, H5, dans un passage
douteux.
/KÁND(O)/ « quand » < latin quando, H2, 3 et 9 : voir aussi /DES
KÁND/.
/KANÍNA/ : voir /ÚBA/.
>KANNAMÉL(LO)< « lin sauvage (Linaria vulgaris) », diminutifs
romans du latin cannăbis < grec κάνναβις, probablement à
travers le bas latin cannabum relevé par Isidore, BCT 2576,
4081, 4208 et 4261.
>KANNÁRY(A)< « artichaut » < grec κί/ύναρα, non transmis dans
ce cas par le latin cĭnăra, comme le résultat phonétique le
prouve, et n’appartenant peut-être donc pas au roman
andalou, mais à l’arabe andalou, BCT 219, 1631, 2357, 2447,
2591, 3466, 3598, 4025, 4026, 4027 et 4277.
>KÁNNAŚ< « roseaux » < latin canna < grec κάννα, d’où aussi le
diminutif >KANNÉLLA< « cerfeuil (Carum ammioides) », BCT
2016, 2120, 3951, 4230, 4251, 4690 et 5011, et les autres
dérivés par suffixation romane, >KANNÍČ< « acore », BCT
4230, >KANNÁTA< « seiche », chez Ibn Albayṭār, selon SG 88,
>KANNÚTO< « sureau », BCT 2505 et 4879, et >KANNUTÍČ< «
greffe en flûte », selon SG 89–90.
/KÁNPO/ « champ » < latin campus, dans /LAYTÚKA/,
>ONÓLYO<, /RRÚTA/, /KÓRNO/, /KULÁNTORO/, /ŚAPÍTO/ et /
ŚÉNC(IY)O/, q.v.
>KANTÓLLO< = /KANTUWÉLO M(AY)ÓRE/ « lauréole (Daphne
laureola) », probablement un diminutif roman dérivé du
latin canthus,360 BCT 3022 et 4024.
/KANTÓŚKO/ « espèce de lavande (Lavandula dentata) »,
probablement < latin ăcanthus,361 avec suffixation romane,
BCT 4902, et une variante /KANTUWÉŚ/ chez Ibn Buklāriš,
selon SG 91.
/KAPÁRRA(Ś)/ « câpres (fruits du Capparis spinosa) » < latin
cappăris < grec κάππαρις, BCT 2419, 2583, 3773 et 4074, dont
l’accentuation et la prononciation semblent avoir été
contaminées par */KAPÁRRA/ « tique », d’origine
préromane.362
/KAPÉC(A)/ « tête » < bas latin capitia < latin căpŭt, dans
>KAPÉCA KAPELL/YÓŚA< « épine blanche (Crataegus
oxyacantha) », BCT 2133, 4196 et 4652, littéralement « tête
chevelue ».363 La variante masculine est probablement le
résultat d’une contamination avec le genre de l’arabe raɁs ;
elle se trouve dans >KAPÉC TÓRDO / TORD(IY)ÉL /
TORDÉLLO< « carthame sauvage »,364 BCT 198, 971, 3430,
3523, 3832, 4377, 4861 et 4881. D’où aussi les dérivés
/KAPCÁTA/ « espèces de millet ou de basilic », BCT 1266,
1775, 1935, 3863, 4297 et 4885, avec le suffixe participial ;
son diminutif roman >KAPCAT(Y)ÉLLA< « eupatoire,
chicorée, etc. », BCT 534, 590, 1381, 1460, 1567, 1588, 2131,
21135, 3596, 4213, 4791 et 4973 ; et /KAPCÁYRA/ « pavot
(Papaver somniferum) », BCT 4868 ; cf. aussi
/KAPOT(Y)ÉRRA/.
>KAPÉLLO MÓRE< « adiante (Adiantum Capillus veneris) », BCT
2573 et 4113 ; cf. >KANTÓLLO< et >KERÉŚ KAPÉLLO<.365
D’où aussi le dérivé >KAPELL/YÓŚA<, q.v., sous /KAPÉC(A)/.
/KÁPETE/ et /KÁPO/ : voir /BÉNTE/ et /ČÉNTO/.
/KAPOT(Y)ÉRRA/ « mille-feuille (Achillea millefolium) », BCT
1445, 2167, 3035, 3457, 4119, 4655 et 4878, < latin căpŭt, à
travers une variante romane raccourcie, et terra « terre »,
intégrant un syntagme */KÁPO+A(D)+TÉRRA/ « vers le sol ».
*/KÁPRA/ « chèvre » < latin capra, reflété dans les dérivés
romans, augmentatif /KAPRÓN/ « bouc », BCT 3430,366 et
adjectival, /POLÉYO KAPRÚNO/ « dictame de Crête
(Origanum dictamnus) », BCT 745 et 3811.
>KARDEN(Y)ÉLLA< « mille-feuille (Achillea millefolium) »,
diminutif roman de /KÁRDENO/, rendu par l’auteur comme «
noir ; turquoise », < bas latin cardinus « bleuâtre », BCT 553,
555, 1576 et 4000. Cf. /YÉRBA KÁRDENA/.
*/KÁRDO(Ś)/ « chardon » < latin cardŭ(u)s, dans les dérivés :
/KARDÁČ(O)/ « pissenlit (Taraxacum officinale) », chez BCT
712, 3403, 4269, 4489 et 4911 et IQ 90/9/3, aussi appelé
>KARD(IY)ÉLLO< et /KARDÉL/, BCT 364, 971 et 4881,367
/KARDÓNE/ « épine blanche (Crataegus oxyacantha) », chez
Ibn Ǧulǧul, selon SG 103, et /KARDÚB/ « chardon aux ânes
(Silybum marianum) », BCT 28, 267, 364, 2285, 2357, 3957,
4167, 4276, 4846, 4859, 4861, 4881, 4911 et 4945, avec son
diminutif étymologique >KARDUBÉLLO/ = /KARDUBYÉL/ «
épine blanche (Crataegus oxyacantha) », dont le deuxième
constituant semble être le latin albus « blanc », BCT 971.368
/KARÍČ(E)/ « laîche (Carex comans) » < latin cārex, -ĭcis, BCT 110,
371, 973, 1536, 1689, 1940, 1954, 3564, 3859, 4230 et 4793.369
/KARKÉYŚA/, peut-être « colocasie (Arum colocasia) » < latin
cŏlŏcāsĭa < grec κολοκασία, BCT 2173 et 2499.
/KARMÉL/ « espèce d’oseille (Zygophyllum simplex) » < latin
călămellus « petit roseau »,370 BCT 1661 et 4086.
*/KARPÍR(E)/ « déchirer » : dans A16 /KÁRPE(D)ME/ « il me
déchire », et IQ 102/4/2 /KARPÍTO/ « déchiré », < latin carpĕre.
/KARRÚBYAŚ/ « espèce de prune sauvage », BCT 3490, peut-être
< arabe ḫarrūb « caroubes », à travers une suffixation
romane *>KARUBÉNYAŚ<.
/KAŚKÁČOŚ/ « scorie du cuivre », chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 109,
et /KAŠKATÚTA/ « tuthie, cadmie », chez Maïmonide,371 sont
des dérivés à suffixation romane, péjorative {+ÁČ} dans le
premier cas, et participiale avec l’addition d’{+ÚT} dans le
deuxième, du bas latin quassicare.
>KAŚTÁNYA(Ś)< « châtaigne(s) (fruits du Castanea sativa) » <
latin castănĕa < grec κάστανον, BCT 919 et 4057, d’où aussi le
diminutif >KAŚTANN/YÓLA = KAŚTA-NYUÉLA<, BCT 986,
1848, 3810, 4275 et 4566, à l’identification douteuse, et le
qualificatif à suffixation attributive arabe >KAŚTANYÓLI<,
BCT 988, nom d’une variété excellente d’ail, castillan
castañuelo.
/KÁŚYA/ « casse » < latin căsĭa < grec κασία, probablement un
cultisme des botanistes, BCT 3910 et 4546.
/KATÍBO/ « captif » < latin captivus, chez IQ 103/5/1.
>KATNAT(Y)ÉLLA< « centinode (Polygonum aviculare) », BCT
1571, 2955, 3042, 3457 et 4016, diminutif roman du latin
cătēnāta « enchaînée », traduit par le synonyme arabe
muqaffalah.
*/KÁTRO KARÉNTA/ « argentine (Potentilla anserina) » :
probablement abrégé de /– – NÚDOŚ/ « quarante-quatre
nœuds »,372 BCT 3457 et 4042.
>KAT(Y)ÉLLOŚ< « croix de Malte (Tribulus terrestris) », chez Ibn
Ǧulǧul, selon SG 112 et BCT 1627 et 4020, probablement un
diminutif roman du latin cattus « chat », à cause de ses
épines ; cf. /GÁTO/.
/KÁWČE/ : voir /KODKÁWČE/ sous /KÓDA/.
/KÁWLE/ « chou » < latin caulis « tige », BCT 2557, d’où aussi les
dérivés à suffixation romane /KAWLÁR/ « chou-fleur », sous
la même entrée, >KAWLÉLLA< « satyrion ; chou marin ;
saponaire, etc. », BCT 585 et 4524, et >KAWLEČ(IY)ÉLLA< «
petit chou », BCT 935 et 2565.
/K(E)/ « que », chez H16 et 17 et IQ 20/16/2, « afin que », chez
H13, « car » chez A3, 28 et 36, H19 et IQ 102/4/3, « (ce) qui »
chez A29, H1 et IQ 83/11/2 ; voir ʕasí.
/KÉ/ « quoi », chez A6, 21, 26, 27, 32 et 40, H14, 15, 16, 22 et 23 et
IQ 11/9/2 voir /POR/.
/KERBÁR(E)/ « casser », chez A6, < latin crĕpāre, /KERBÁD BOŚ/ «
cassez-vous », H10.
*/KERÉR(E)/ « vouloir » < latin quaerĕre, A13 /KÉRO/ « je veux »,
A1 et 11 /KÉREŚ/ « tu veux, A13 et 15 et H11 /KÉRED/ « il veut
», A28 /KÉRE(D)+LO/ « il le veut », A29 et 42, IQ 11/8/2, H17,
/KERÉŚ/ « vous voulez », IQ 19/84/12 /KERÍYA/ « je voulais »,
A8 « KÉŚ » « il voulut », A8 /KERRÁD/ « il voudra », et A15 /ŚI
KÉ-RAD/ « au moins » (cf. castillan siquiera).
>KERÉŚ KAPÉLLO< « adiante (Adiantum capillus Veneris) » <
latin cresce « pousse » et capillus « cheveu », à cause de cette
vertu, BCT 2573 et 4113.
/KERÉŚPA/ : voir /YÉRBA/.
/KERÉŚTA/ : voir >GALLÉL<.
*/KEREYÉR(E)/ « croire » < latin crēdĕre, dans IQ 5/7/2 /KERÉYO/
« je crois », et A27 /KERÉY/ « crois ».
/KÉYǦO/ « fromage » < latin cāsĕus, chez Ibn Buklāriš, selon SG
472 ; voir /PANKÉYŠO/.
/KÍ/ « qui » < latin quis, dans A20, 37 et 39 et H4 et 20.
/KÓCT/ « costus arabique (Costus speciosus) » < latin costum <
grec κόστος, mais ce mot pourrait avoir été transmis à
travers l’araméen (cf. le syriaque qo/usṭus), bien que,
ensuite, probablement contaminé par le roman, BCT 867,
984, 2101, 2420, 2566, 3797, 4247 et 5028.
/KÓDA/ « queue » < latin cauda, dans : >KÓDA DE KABÁLLO< «
orobanche (Orobanche carophyllacea) », BCT 559,
littéralement « queue de cheval », /KÓDA LÓPA/ « molène
(Verbascum) », BCT 1957, 2189, 3457, 4247 et 4252,
littéralement « queue de loupe » (voir /LÓPA/), et
/KODKÁWČE/ « satyrion », BCT 2565, 3577 et 4262,
probablement < latin cauda călĭcis « tige du calice ».
>KODÓNYOŚ< « coings (fruits du Cydonia vulgaris) »373 < latin
cŏtōnĕum (mālum) < grec κιδώνιον μήλον, BCT 4548.
>KOKÓMRO< « concombre (Cucumis sativus) » < latin cŭcŭmĕr,
-ĕris, BCT 3814 et 3974, d’où aussi le diminutif roman
>KOKOMR(IY)ÉLLO< « concombre d’âne (Ecballium
elaterium) », BCT 543, 3469 et 4015, synonyme de
/KOKÓMRO AŚNÍNO/, BCT 3469, avec un qualificatif dérivé
du latin ăsĭnīnus, à côté d’un /KOKÓBRA/, BCT 3974, 4120 et
4263, il semblerait qu’il ait été contaminé par le latin
cŭcurbĭta « courge ».
>KÓL(LO)< « cou » < latin collum, dans A14, H11 et IQ 67/2/2 ;
voir aussi /KOLÓNBA/.
/KOLÓBRA/ dans BCT 805, 955, 2743 et 3476, et son diminutif
>KOLOBR(IY)ÉLLA< « serpentaire (Dracunculus vulgaris) »,
BCT 2743 et 4014, < latin cŏlŭbra « serpent », d’où aussi
/KOLOBRÍN/ « espèce d’euphorbe », BCT 2935, 4197, 4546 et
5126, avec suffixation adjectivale (cf. latin cŏlŭbrīnus).
/KOLOČONÁYRA/ = /KOLONČONÁYRA/ : voir /YÉRBA/ et
/KORAČÓN/.
/KOLOFÓN(Y)A/ « colophane », dans Ibn Albayṭār et Ibn Rušd,
selon SG 123.
/KOLÓNBA/ « pigeon » < latin cŏlumba, dans les syntagmes
>KÓLLO DE KOLÓNBA = KOLÓNBA KÓLLO<374 « calendule,
souci des champs (Calendula arvensis) », BCT 580, 3347, 3462
et 4007, littéralement « queue du pigeon », le masculin
/KOLÓNBO/ « pigeon mâle »,375 confirmé par le syntagme
/PÉDE DE KOLÓNBO/ « verveine (Verbena officinalis) », aussi
appelée /KOLONBÁREŚ/, BCT 627,1626, 2355 et 4010, avec
suffixation adjectivale et plurielle romanes, synonyme du
diminutif /KOLONBÉL/, BCT 4012, et le dérivé à suffixation
romane /KOLONBÁYRA/ « tournesol (Helianthus annuus) »,
BCT 4009.
/KOLONČONÁYRA/ : voir /KOLOČONÁYRA/.
>KOLYON DE KÁN< « grand testicule du chien (Orchis hircina) »,
BCT 1798, dont le premier mot, < latin cōlĕus, se retrouve
dans le syntagme >KOLYON(EŚ) DE GÁTO< « orobanche
(Orobanche) », BCT 1799 et 1987, littéralement « couilles du
chat » ; voir aussi /KÁN/.
/KOMANCÁNA/ « cachryde (Cachrys libanotis) », BCT 554 et
4104, < latin campsănēma < grec καμψάνεμα, probablement
un cultisme des botanistes.
/KOMECÍ/ « variété de prune », BCT 3490, < latin cŏmĕs «
compagnon », dans le bas latin « comte », avec suffixation
attributive arabe, mais à travers l’araméen, cf. le syriaque
qūmīs.
/KOMÍNOŚ/ « cumins /Cuminum cyminum) », BCT 2528, < latin
cŭmīnum < grec κύμινον, et le diminutif >KOMNÉL(LO)< «
thym (Thymus vulgaris) », BCT 3203 et 3967.
/KOMLÁTA/ : voir /KALAMÉNTA/.
/KÓMO/ « comment », interrogatif ou exclamatif dans H5, 6 et
15, « comme », comparatif dans A11, 26 et 36 et H3, aussi
dans la combinaison /– ŚI/ « comme si », dans A18.
/KON/ « avec » < latin cum, A7 et 26 et H6 et 23.
>KONÉLYO< : voir /BÁRBA/.
/(KON)FÍDA/ « baume de styrax », probablement < latin (con)fīde
« fais confiance », à cause de son efficacité, BCT 2386, 3696 et
4761.
>KÓNNO DE BÁKA< « colchique (Colchicum) », littéralement «
vulve de la vache », BCT 4080 et 4566, < latin cunnus376 et
vaca.
*/KONTENÉR(E)/ : dans H4 /KONTENERÁD/ « il contiendra »<
latin contenere.
/KORAČÓN/ « cœur » < latin cor, -dis, avec suffixation romane,
A12 et H5 et 9.
*/KÓRBO/ « corbeau » < latin corvus ; témoigné par l’arabe
andalou qurbáč, avec suffixation romane péjorative, et avec
suffixation diminutive romane dans /KORBÉL/ « variété de
figues », BCT 1149, probablement à cause de sa couleur.
/KORREYÓLA/ « liseron (Ipomea purpurea) », BCT 3459, 4173 et
1980, diminutif roman du latin corrĭgĭa « courroie », à cause
d’une certaine ressemblance entre leurs formes.
/KÓRNO/ « corne », dans /KÓRNO DE KÁNPO/ « mélilot
(Melilotus officinalis) », littéralement « corne du champ », <
latin cornu et campus, dont le synonyme avec suffixation
diminutive romane >KORNÓLLO = KORNUWÉLYO< signifie
aussi « cornouiller (Cornus florida) », à cause d’une
contamination du latin cŏrōna < grec κορώνη,377 BCT 551,
611, 1384, 3513, 3845, 3867, 4281 et 4831.
>KORÓLLO< « corail » < latin cŏrall(ĭ)um < grec κόραλλον, où on
a métanalysé le suffixe diminutif roman {+ÓL(L)}, qui a
déclenché une harmonisation vocalique, BCT 595, 940 et
3860.
/KORÓNA/ « espèce de pois », probablement < latin cŏrōna, peut-
être par contamination sémantique et phonétique de l’arabe
qarn « gousse », BCT 4225.
*/KORRÉR(E)/ « courir » < latin currĕre, dans A5 /KORRÉŚ/ « vous
courez ».
*/KOŠÉR(E)/ « prendre », < latin cōgĕre, dans A8 /KOŠÉD/ «
prenez », et IQ 102/4/3 /KOŠÍTO/ « pris, captif ».
/KÓTTA/ : voir /GÓTTA/.
>KULÁNTORO (KANPÉNYO)< « coriandre (sauvage)
(Coriandrum) », BCT 2573 et 4089, < latin corĭandrum < grec
κοaρίανδρον, avec l’addition optionnelle d’un adjectif dérivé
par suffixation romane du latin campus (voir /KORNO/) ; d’où
aussi le diminutif roman >KULANTER(Y)ÉLLO< « fumeterre
», BCT 2575 et 4210.
/KÚLO/ « cul » < latin cūlus, dans Albayānu l’muġrib, selon SG 24,
et dans le syntagme /KÚLE+LÚČE/ « linaire (Linaria latifolia /
vulgaris) », dont le deuxième constituant est le dérivé roman
du latin lux, -ūcis, littéralement « cul de lumière ; ver luisant
»,378 BCT 585, 1239, 1583, 4233, 4773 et 4889.
>KWÁLYO< « caille-lait des chameaux », chez Ibn Buklāriš, selon
SG 142, < latin cŏāgŭlum « pressure », avec une variante
phonétique >KÁLYO<,379 d’où le dérivé à suffixation
participiale et diminutive >KALLAT(IY)ÉLLA< « euphorbe ».

/LA/ : voir /(E)L/.


>L(AB)ÁŚTER< « olivier sauvage (Olea silvestris) » < latin
ŏlĕaster et ŏlĕastellus, BCT 2231, 2621 et 5029. On a aussi
appelé ainsi, par confusion phonétique, le troène (Phillyrea
latifolia), BCT 2551, < latin ligustrum, et le radis sauvage
(Raphanus raphanistrum), < latin rāphănistrum, BCT 2621,
2625, 2644 et 3703.
/LAFÓRA/ : voir /FOLÓR/.
*/LÁḪTE = LÉYTE/ « lait » < latin lac, -tis, dans les dérivés
/LAḪTÁYRA = LAḪTAYRÓLA = LAḪTAYR(U)WÉLA/ « chicorée
sauvage (Taraxacum officinale) », BCT 2123, 2633, 2667, 3575
et 5126, < latin lactārĭa, avec suffixation diminutive romane
dans les deux derniers cas, /LAḪTÁČ/ « bouillie de farine ;
boue »,380 et /LAḪTÚKA = LEYTÚKA/ « laitue (Lactuca sativa)
» < latin lactūca.
/LAKAPRÓNEŚ/ : voir /ÁLA/.
/LANÁT/ « variété de raisin » < latin lānātus « similaire à la laine
» (cf. castillan lanado), BCT 3494 et 3532.
/LÁNČAŚ/ « lances », A26, < latin lancĕa, avec suffixation
romane du pluriel, d’où aussi le dérivé avec suffixation
romane instrumentale et diminutive /LANČAYRÓLA =
LANČAYR(U)WÉLA/ « chardon bénie (Cnicus benedictus) »,
BCT 2750 ; voir /BÁRBA/.
/LÁNDEŚ/ « glands » < latin glandes, BCT 919 et 5035.
/LANPADAYRÓLA/ « grande centaurée (Centaurea centaurium)
», BCT 2646 et 4231 < latin lampăs, -ădis, avec suffixation
romane instrumentale et diminutive et une métonymie
qu’on retrouve, sans le suffixe de diminutif mais avec
monophtongaison, dans /LANPADÉR/ « espèce de figues »,
BCT 2645 et 4231, appelés ainsi car leur maturation coïncide
avec la Saint-Jean, célébrée avec les feux bien connus.
/LAPÁCA/ « patience, rumex (Rumex patientia) » < latin
lăpăthĭum < grec λάπαθον, avec un changement de genre
fréquent en arabe andalou, afin de suggérer un nom d’unité
par suffixation du morphème du féminin,381 et d’éviter une
voyelle postérieure à la fin du mot, BCT 2005 et 2599.
>LAPÉLLA< « daucus de Candie (Athamanta cretensis) », BCT
44, 1376, 2669, 2770, 2930 et 3575, diminutif roman du latin
lappa « bardane (Lappa maior) ».382
/LATÉL/ « variété de figues », BCT 1149, probablement un
diminutif roman du latin lātus « large », mais il pourrait
aussi s’agir d’une altération phonétique de lătīnus « latin »,38
3 ou du bas latin *plattus « plat ».

/(L)ATÉRNO/ « alaterne (Rhamnus alaternus) »384 < latin


ălăternus, BCT 2551 et 2672.
/LÁWRO/ « daphné mézéréon (Daphne mezereum) », BCT 2632,
< latin laurus, d’où aussi le diminutif roman
>LAWR(IY)ÉLLO< « fragon hypophylle (Ruscus hypophyllum)
», BCT 1599, 2632, 3426, 3466 et 3636.
/LAYRÉNI/ « variété de raisins » : probablement attribué au nom
d’un lieu disparu, témoigné aussi dans le Repartimiento de
Comares,385 avec le suffixe arabe de nisbah, BCT 3089.
/LAYRÓN/ « alisme (Alisma) » < latin lўrŏn < grec λύρον, avec un
phénomène de diphtongaison spontanée caractéristique de
l’arabe andalou,386 BCT 2738.
/L(E/O)/ « le ; lui » : H4 /L+IRÉY/ « j’irai à lui », H17 « je le sais »,
A18 /LO PREMÉŚ/ « je le presserais », H23 /L+AMÁŚE/ « je
l’aimerais ».
/LÉB/ « légère » < latin lĕvis, BCT 2745.
/LEBÁR(E)/ « porter ; supporter ; se lever » < latin levāre, dans
A6 et H20 /LÉBO/ « je supporte », A2 /LEBARÉY/ « je
supporterai », A27 /LÉBA(D)/ « il se lève », mais ce passage
est douteux.
/LEBRÉL/ « bassine », diminutif roman du latin lābrum, avec
harmonisation vocalique, BCT 2739.
/LEČÍN/ « variété d’olive », BCT 2230 et 3258, peut-être un
attributif roman du nom de la ville d’Écija, < latin Astigi,
avec agglutination de l’article et une évolution phonétique
/st/ > /č/, connue dans certains dialectes de l’arabe andalou.38
7

/LÉČNO/ « thuya (Callitris quadrivalvis) », BCT 2623 et 3463,


probable résultat d’un mot latin *īlĭcĭnus, hybridé de
īlign(ĕ)us et īlĭcĕus « similaire au chêne » ; cf. */ILČ(E)/ et
(IL)IČÁYN(O)/.
/LEDÉRE/ « dommage(r) », A37, infinitif utilisé comme un nom
d’action, < latin lædĕre.
/LEḪŠÁR(E)/ « laisser » < latin laxāre, dans IQ 7/1/13 /LÉḪŠA+LO/
« il le laisse », et A21 /LEŠÁDE/ « laissé ».
/LÉḪTO/ « lit » < latin lectum, témoigné dans l’explication
étymologique de l’auteur pour le dérivé instrumental roman
/LEḪ/YTÁYRA/ « Mollugine (Mollugo glinus / lotoides) », BCT
2633.
>LÉKWA< : voir >LÉ(N)KWA<.
>LENTÉLYAŚ< « lentilles » < latin lentĭcŭla, avec suffixation
romane de pluriel, BCT 2634 et 3466.
/LENTÉŚKO/ « lentisque (Pistachia lentiscus) » < latin lentiscus,
BCT 2657 et 3258, aussi appelé >LÉNYO RRÓŚTEKO< < latin
lignum et rustĭcus, BCT 2658 et 3258.
/LÉPER = LÉPRE/ « lièvre » < latin lĕpŭs, -ŏris : voir /BÁRBA/ et
>ORÉLYA<, ainsi que son dérivé adjectival roman /LEPRÍNO/
dans le syntagme /PÉDE –/ « espèce de carotte sauvage
(Scorzonera hispanica) », BCT 623 et 2127.
>LÉ(N)KWA< « langue » < latin lingua, dans les syntagmes
>LÉ(N)KWA (DE) BUWÉY< « buglosse (Anchusa officinalis) »,
littéralement « langue de bœuf », BCT 2516 et 2715, traduit
du latin lingua būbŭla,388 et >LÉ(N)KWA DE LÓPO< « espèce
de consoude », littéralement « langue de loup », BCT 2732, <
latin lingua et lŭpus ; voir /LÓPA/.
/LEŠÁDE/ : voir /LEḪŠÁR(E)/.
/(L)ÉŚKA/ « amadou » < latin esca « nourriture ; appât », avec
une évolution sémantique et l’agglutination optionnelle de
l’article roman ; également le nom du cresson de fontaine
(Sisymbrium / Erysimum officinale) ou de l’échinope
(Echinops ritro), identification douteuse, selon l’auteur, BCT
250, 1708 et 2665. D’où le dérivé, avec suffixation
instrumentale romane, /EŚKÁYRA/ « espèce d’inule (Conyza
rupestris) » et « armoise (Artemisia herba-alba) ».
*/LETÁR(E)/ « se réjouir », dans A27 /LETARÉY/ « je me réjouirai
». D’où aussi l’adjectif /LÉTO/ « gai, content », connu de
certains andalous cultivés, à cause d’une étymologie
populaire et fausse du nom de la ville de Tolède < latin
Tŏlētum, d’origine préromane, mais interprété comme /TÚ –/
« tu es content » < latin tu es lætus ; voir BCT 4231 et SG 308.
/LEYTÁYRA/ : voir /LEḪTÁYRA/.
/LÉYTE/ « lait » < latin lac, -tis, chez Ibn Buklāriš, selon SG 307.
D’où aussi, par étymologie populaire, /LÉYTE T(/E)RÉDNO/A/
« épurge (Euphorbia lathyris) », BCT 2615,389 < bas latin
*lathyridina »,390 et les dérivés déjà latins /LEYTEČÍNOŚ/ «
endives (Cichorium endivia) », BCT 2344, 2637, 2699 et 4973,
< latin lactĭcĭnĭum, et >LEYTÚKA KANPÉN(N)A< « laitue
(sauvage, Lectuca (scariola) », BCT 1793, < latin lactuca
(campānĭa) ; voir /KÁNPO/, /LÁḪTE/ et /TORNÁR(E)/.
/LIBÁRDA/ « eupatoire d’Avicenne (Eupatorium cannabinum) »,
chez SG 405, BCT 2594 et 3596, peut-être < latin olīvārĭa « qui
ressemble à l’olive » ;391 voir /OLÍYA/.
/LÍGA/ « consoude (Symphytum officinale) », BCT 1567, 2580,
2753, 3207, 3259, 3333, 3512, 4896, 4909, 5074 et 5126, < latin
lĭgat « il attache », ou du nom déverbal en dérivant, à cause
de ses vertus cicatrisantes, ce qui serait une variante
vulgaire de consŏlĭda.
>LÍLYO/A< « lis (Lilium elegans) », BCT 2511, 2650, 4552 et 4555,
< latin līlĭum.392
/LÍNO/ « lin (Linum usitatissimum) », BCT 2576, 2629 et 5000, <
latin līnum < grec λίνον. La variante >linuš< de 2577 et 3021
pourrait refléter le suffixe adjectival roman {+ÓŚ}, plutôt
que le morphème du pluriel.
*/liq+ÁR(E)/ « trouver », dans A1 /liq+ÁR+TE/ « te trouver »,
hybridé de l’arabe /liqāɁ/ « rencontre », avec le morphème
de l’infinitif roman et le pronom personnel masculin de la
deuxième personne.
/LOGÁR/ « lieu » < latin lŏcus, avec suffixation romane, A8.
/LÓKA/ « folle » < arabe andalou /láwqa/ < arabe /lawqà/ « sotte
», BCT 970.393
/LÓPA/ « louve » < latin lŭpa, d’où aussi le dérivé déjà latin
/LOPÍNO/, BCT 3455, < lŭpīnus « de loup ; lupin (Lupinus
termis) », nom aussi du fruit de la centaurée ; cf. /BÓKA/,
/KÓDA/, /LÉ(N)KWA/, /PALÁNTA/, /PÉDE/, /TÓRBA/ et >UNYA<.
/LOTREČÉL/ « sorte de blé » < latin nūtrīcĭus « nourrissant »,
avec suffixation diminutive romane, BCT 1655 ; cf. le
castillan trechel.
/LÚČE/ « lumière » < latin lux, -ūcis, IQ 82/10/1.
/LULLÁR/ « peucédan (Peucedaneum lancifolium) », BCT 2631 et
5118,394 peut-être une suffixation adjectivale romane de
l’arabe andalou /lúllu/ « friandise » < arabe /luɁluɁ/ « perle ».
/LÚNA/ : voir /YÉRBA/.

/MA/ : voir /MEW/.


/MAČÁYN/ : voir /PANČÁYN/.
/MAČ(E)KÁYRA/ « carline (Carlina vulgaris) », BCT 97 et 2888,
probablement < latin mastĭchē/a < grec μαστιχή, avec
suffixation adjectivale et instrumentale romane, avec les
variantes dans BCT 3030, >MAČELLÁYRA<, où la suffixation
diminutive a remplacé le suffixe adjectival, et /MELČÁYRA/,
avec une métathèse à cause d’une contamination avec
*/MÉLE/ « miel », q.v.
/MÁGARO/ « scille maritime (Scilla maritima) », BCT 397, 601,
985, 1848, 1986, 3003 et 3004 : peut-être < latin Mĕgărus,
attributif de Mĕgăra, ville de Sicile, dont les relations étroites
avec Al-Andalus sont bien connues, mais il pourrait aussi
s’agir du résultat roman du latin măcer « maigre », puisque
l’oignon véritable est habituellement plus gros, cf. le
castillan magro.
>MAḪŠÉLLA< « joue » < latin maxilla, avec une évolution
sémantique, dans >RRÚBYA< « gratteron (Cassier sauvage) »
et dans le syntagme >–DO ŚÓL< « joue belle comme le soleil
», chez IQ 49/5/2.
/MAKÁRČA/ « matricaire (Matricaria chamomilla) », BCT 987,
1907, 2356, 838 et 5154, < bas latin *matricariacea ou
*matricalicea, d’où aussi le diminutif roman
>MAKARČÉLLA< « espèce de marguerite », BCT 572, 2839 et
3885.
/MÁLBA(Ś)/ « mauve (Malva rotundifolia) » < latin malva, BCT
1802 et 2860, à suffixation du pluriel romane, aussi dans les
syntagmes /MÁLBA AWRÁTA/ « rose trémière (Malva rosea),
BCT 1802 et 2862, littéralement « mauve folle », avec un
adjectif dérivé du latin aura « souffle d’air »,395 /MÁLBA
BÉŚKO/ « guimauve (Althaea officinalis)», BCT 1802 et 2861, <
latin malva hibiscus/m, /MÁLBA BÍNO/ « espèce d’anémone »,
BCT 2864, littéralement « mauve (de) vin », et >MÁLBA
BALLUḪA< « mauve des Juifs (Corchorus oliorius) », BCT
1802, dont le deuxième constituant semble être corrompu à
partir du néo-arabe /mulūḫiyyah/ < grec μολόχη.396 D’où
aussi, avec suffixation diminutive romane, >MALBÉLLA< «
hellébore noir (Helleborus niger) », BCT 67, 1789, 2363 et
2863.
/MÁL(E)/ « mal », substantif dans H4 et IQ 83/11/2, adjectif dans
A26 et adverbe dans H9 et 18, < latin malus et male.397
>MALLÓL< « aubépine (Crataegus oxyacantha) », BCT 1632, une
métonymie du latin mallĕŏlus « petit marteau ; greffe », car
on l’utilisait pour greffer les poiriers et d’autres arbres
fruitiers.
/MALMÉLO/ « coing (fruit du Cydonia vulgaris) » < latin
mĕlĭmēlum « pomme douce comme le miel », ou mālŏmellum,
BCT 4548.
/MÁMMA/ « maman » < latin mamma, A10, 14, 15, 17, 21, 30, 31,
32, 35 et 38, H14 et 23, et IQ 76/7/4.
/MANCÁNA/ « pomme (fruits du Pirus malus) » < latin mattiāna
(māla), BCT 1148, d’où aussi le diminutif roman
/MANCANÉL/, BCT 942, 985, 2230, 3089 et 3258, nom de
certaines variétés d’olives, d’aubergines, d’oignons et de
raisins, et son féminin >MANCANÉLLA< « camomille
(Matricaria chamomilla) », BCT 972, 2771, 2841, 3491 et 4256.
/MANČÁYN/ : voir /PANČÁYN/.
>MÁNNA< « ruse » < bas latin manea, chez IQ 107/3/2, et dans le
syntagme >MÁNNA BÉD<, nom d’un champignon très
toxique, littéralement « voyez quelle ruse ». D’où aussi, avec
suffixation instrumentale romane, >MANNÁYRA< « bardane
(Lappa maior) », à cause de sa toxicité, BCT 3046.
/MÁNO/ : voir /BÁYZA(Ś)/.
/MANTÉKA/ « beurre », dans Ibn Buklāriš, selon SG 334.
>MANYÁNA< « matin » < bas latin (hora) maneana, adjectif
formé sur le latin mānĕ « (au) matin », IQ 50/8/3, aussi dans
le syntagme adverbial >DE –< « de bon matin », A17 et 19.
/MÁR(E)/ « mer » < latin măre, A29 et BCT 1658 et 3035.
/MARÉTNO/ « espèce de jonc (Carex maritima) » < latin
mărĭtĭmus « maritime », avec dissimilation des consonnes
nasales, BCT 1163, 1758, 1940 et 3029.
/MARÍTO/ : voir /TORNÁR(E)/.
/MARRÓYO/ « marrube blanc (Marrubium vulgare) » < latin
marrŭbĭum, BCT 59, 550, 1463, 2585, 2847,3027, 3747, 3969,
4160, 4344, 4807, 4869 et 4963.
>MATAḪŠ(IY)ÉLLA< « centinode (Polygonum aviculare) »,
métonymie à suffixation diminutive romane du latin mă/
ĕtaxa < grec μέταξα « soie crue », BCT 552, 2745 et 2967.
/MÁTRE/ « mère » < latin mātĕr, A19, aussi dans les dérivés
/MATREKÁL/N/R/ « matricaire (Lonicera periclymenum) »,
BCT 123, 444, 1161, 2049, 2622, 2745, 3013 et 4256, < latin
(herba) mātricālis, /MÁTRE ŚÁNA/ « behen blanc (Silene
inflata) », BCT 2972 et 5117, synonyme de /YÉRBA ŚÁNA/, et
/MATRE ŚÉLBA/ « chèvrefeuille (Lonicera caprifolium) », BCT
2155 et 2970, dont le deuxième constituant reflète le latin
silva « forêt » ; voir /ÁLČA MÁTREŚ/, /MAKÁRČA/,
/REYMÓNT/, /ŚÁNAR(E)/ et /TÓRNA MÁTREŚ/.
>MATRÓNYO< « arbousier (Arbutus unedo) », BCT 13, 1312,
1374, 2876 et 4129, probablement < bas latin arbutrus < latin
arbŭtus, avec dissimilation, lambdacisme et métanalyse d’un
article arabe, puis contaminé par les résultats romans du
latin mātĕr, mātĕrĭa ou mātūrus, et augmenté avec le suffixe
{+ÓŅO≠A} ; voir /YÉRBATO/.
/MÁTTA FRÍDA/ « aurone (Artemisia abrotanum) » ou «
matricaire (Lonicera periclymenum) », BCT 2780 et 4256,
littéralement « herbe froide », ainsi appelée à cause de ses
vertus rafraichissantes, < latin matta « natte de joncs », avec
une évolution sémantique dans le roman, et frīgĭdus « froid
». D’où aussi le diminutif roman >MATTÉLLA< « espèce de
lavande ou d’armoise », BCT 2900 et 4902.
/MAT(T)ÁR(E)/ « tuer » < bas latin *mattare < latin mattus « mou
», A5, 26 et 32.
/MÁWRA/O/ : voir /ŚÉMNE/ et /YÉRBA/.
/MAWRÉNO/ « (taureau) noir » < latin maurus « africain », d’où
aussi >MAWRETÁNYA< « Ethiopie », dans BCT 4889, le
sobriquet diminutif /MAWRÉL/, chez SG 352, l’attributif
/MAWRÉŚKO/ « maure, nord-africain », ajouté à /ANPÁWRA/
et /ŚÉMNE/, q.v., et /MAWRUČÓN/ « carthame sauvage
(Carthamus tinctorium) », BCT 2171, 2732, 2793, 3493 et
5074, avec une double suffixation romane, péjorative et
augmentative ; voir /YÉRBA MÁWRA/.
/MÁ/Y)Ś/ « plus » < latin măgĭs, avec une signification différente
avec et sans le /y/, comme en portugais ma(i)s ; cf. A18 /NON
MÁŚ/ « pas plus, pas une fois de plus », et H10 /MÁYS
ENFERMÁD/ « devenez plus malade ».
/MAYÓR/ « plus grand » < latin mājŏr, voir /BÍMEN/, /MÉNTA/,
>KANTÓLLO< et >KAPÉLLO<.
/M(E)/ « me ; moi »< latin me et mĭhi, A15, 16, 23, 25, 35, 36 et 39,
et H2, 8, 9, 13, 17, 19 et 24 : Voir /MÍB(E)/.
/MELÁYRA/ : voir >MEL(L)ÁYRA<.
/MELČÁYRA/ : voir /MAČ(E)KÁYRA/.
/MÉLE/ « miel » < latin mĕl, -is, A44, d’où aussi le dérivé déjà
latin mellārĭus « à miel », reflété par le roman
>MEL(L)ÁYRA< « buglosse (Borago officinalis) », BCT 101,
903, 3037, 4656, 4660 et 4734, à cause de la viscosité de ses
feuilles et, avec suffixation romane, /MÉLEKAŚ/ « feuilles de
marjolaine (Majorana hortensis) », BCT 2884 ; voir aussi >
(MUR)MELLÁT< et /ŚUČAMÉLE/.398
/MELEKÓN/, cultisme des botanistes andalous, malgré la
suffixation romane, < latin mēdĭca herba, < grec μηδικός «
Mède », BCT 2886 et 3037.
>MELLÁT< : voir >(MUR) MELLÁT<.
/MELMÁNDAR/ « jusquiame (Hyoscyamus) », BCT 381, 975 et
2956, < latin milimindrus.
/MELÓN/L/ « melon (Citrullus melo) » < latin mēlo, -ōnis, BCT
941, 1796 et 2845, d’où aussi le diminutif à suffixation
romane *>MELONÉLLO<,399 synonyme de /TÓRNA MÁTRE/,
q.v.
/MÉNTA (MAYÓRE)/ « menthe (Mentha sativa) », BCT 1632 et
2993, < latin ment(h)a = menda et mājŏr, avec une variante
sonore >mandah< « menthe poivrée (Mentha piperita) »,
rendant le grec ἡδύοσμον, aussi dans /MÉNDA BÓNA/ «
espèce de basilic »,400 2867 et 3023. Le dérivé latin, à
suffixation péjorative mentastrum, est reflété dans
/MENTARÁSTORO/ « menthe à feuilles rondes (Mentha
rotundifolia) », BCT 2776 et 3811, avec un /r/ répercussif,
qu’on ne retrouve pas dans la variante dissimilée
>mantarašt.h< ; voir /ČETRÍYA/.
*/MEŠÉR(E)/ « embrouiller » < latin miscēre « mêler », dans A33
/MEŠETÓRE/ « qui aime faire des histoires », et le participe
/MEŠÍTA/ « mêlée », dans BCT 2098.
/MÉŚŚE/ « moisson » < latin messis, BCT 2211.
/(M)EŚTÍČA/ « métisse » < latin mixtīcĭus : voir /BOLČÁKA/EŚ/.
/METRÁNA/ « exubérante » < latin mĕlĭōro, avec suffixation
adjectivale romane, et une évolution anomale du group /ly/,
comme dans le castillan medrar,401 dans A17 et 19.
/MEW/ « mien »< latin meus, A4, 8, 12, 21, 22, 34, 37 et 39, H2, 3,
4, 5, 7, 9,11, 14 et 23, et IQ 102/4/1 ; avec le féminin /MA/, A18,
20 et 25.
/MEYÁTOŚ/ : voir >EŚTRÉNYE MEYÁTOŚ<, cf. castillan meados «
pissat, urine ».
/MÍB(E)/ « moi » < latin mĭhi ; voir /M(E)/.
>MILLIKÁR< « auriculaire (petit doigt) », probablement le
résultat de la contamination du latin pollĭcāris « pouce »
avec mĭnĭmus « moindre », chez IQ 86/10/2.402
>MÍLL/YO< « mil(let) (Setaria italica) » < latin mĭlĭum, BCT 1935
et 2899, d’où, aussi, avec suffixation péjorative romane,
>MILLÉČO<, suivi des adjectifs >AKWÉNYO< « aquatique »
ou /PÚTDO/ « fétide », q.v. sous >AG/KWA< et /PÚTDA≠O/, BCT
1935 « sétaire (Setaria adherens) » et, avec une évolution
phonétique du groupe /ly/ similaire à celle du castillan millo,
/MIČWÉLO/ « millet », avec suffixation diminutive romane,
dans Ibn Buklāriš, selon SG 362. Voir /PÉPRO/ et /ŚÉNC(IY)O/.
*/MIRÁR(E)/ « regarder » < latin mīror « admirer », avec une
évolution sémantique, dans A37, /MÍRE/ « qu’il regarde »,
mais c’est un passage douteux.
/MIYÉLKA/ « luzerne (Medicago sativa) », littéralement « herbe
des Mèdes », BCT 2887 et 3128, < latin mēdĭca herba < grec
μηδικός « Mède », voir /MELEKÓN/.
/MOČÓL = MOČWÉL/ « hibou », sobriquet de quelqu’un, selon
SG 351, < basque motz « petit de taille », avec suffixation
diminutive romane, à cause de l’aspect de ses oreilles, cf. le
castillan mocho « tronqué ; écorné ».
/MÓKO/ « barbe (des épis) » < latin muccus « morve », BCT 2927 ;
cf. castillan moco et l’autre métonymie de l’arabe andalou
/múkk/ « champignon d’une chandelle ».
>MOLLÁYRA< « fontanelle, sommet de la tête » < latin mollis «
mou », puisqu’elle est ainsi, avec suffixation instrumentale
romane, chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 369. D’où aussi, avec une
autre suffixation latine, dans ce cas le diminutif mollĭcellus,
>MOLLEČÉLLA<, un autre nom de la « matricaire
(Matricaria parthenium) », BCT 1161. Ainsi que,
probablement >MÓLLIČE<, nom d’une variété de figues, BCT
1940, avec retranchement partiel du suffixe, sans doute,
>MOLYÁR< « variété d’olive », BCT 1179 et 2230,403 avec
suffixation adjectivale romane et, peut-être, le sobriquet
>MOLLÉTAŚ<, chez SG 327, dont la signification serait « ris
de mouton, etc. », avec un suffixe diminutif alternatif,
caractéristique du roman hispanique oriental.
/MOLO GRIYÉKO/ « mûre grecque (Rubus ou Morus) » < latin
mōrus græcus404, chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 370 ; cf. /MÓRAŚ/.
>MÓNDA FÓLLE< « réglisse (Glychyrrhiza glabra) », nom
métonymique, littéralement « il nettoie le soufflet », < latin
mundat follem, BCT 3470 ;405 cf. /DOČÍNO/ sous /DÓLČE/.
*/MÓNTE/ et /MONTÓZO/ : voir /FÍG/KO(Ś)/, /TIRIDKÁYRA/ et
/zanbúqa/.
/MÓRAŚ/ « mûres (Rubus ou Morus) » < latin mōra, pluriel de
mōrum406 < grec μόρον ; cf. /MOLO GRIYÉKO/.
*/MORDÉR(E)/ « mordre » < latin mordĕre, dans A23 /MÓRDAŚ/ «
que tu mordes », A26 /MÓRDA/ « mordue », et A34
/MORDEDÓRE/ « mordeur ».
/MORKÁYR/ « espèce d’olive », qu’on consommait rôtie comme
les saucisses appelées en castillan morcón et morcilla, <
basque mork-, avec le suffixe instrumental roman.
/MO/URÓŚA/ « mouron de champs (Anagalis arvensis) »,
probablement < latin umbrōsa « ombreuse », puisqu’on la
décrit comme poussant dans les lieux ombrageux,
contaminée par un dérivé adjectival roman du latin mūrus «
mur », car on l’appelle aussi parfois « pariétaire », BCT 959 et
2978.
*/MÓRRE/ « mourir » < latin mŏrĭor, dans A36 /MÓYRO+ME/ « je
meurs », A30 et H15 /MORRÉYO/ « je mourrai ».
/MÓRTE/ « mort » < latin mors, -tis, A27 et IQ 20/8/2.
*/MÓŚKA/ « mouche » < latin musca, dans les dérivés romans
>MOŚKÉNNO< « eupatoire (Agrimonia eupatoria) », BCT 902,
1460, 2953, 2954, 3462, 3596, 4140, 4197 et 5077, à suffixation
adjectivale, /MOŚKÓN/ « pulicaire (Pulicaria dysenterica) »,
BCT 2953, et son synonyme /YÉRBA MOŚKÁYRA/, BCT 5077,40
7 à suffixation augmentative et adjectivale respectivement, et

>MOŠOLYÓN< « moustique », parfois aussi utilisé comme un


sobriquet, selon SG 380.408
/MÓŚTO/ « moût » < latin mustum, BCT 2807. D’où aussi, avec
suffixation adjectivale romane, >MOŚTÉNNO<, BCT 742, 2782
et 4256, probablement une variété d’aurone (Artemisia
abrotanum), mais sa description est insuffisante, et avec
suffixation péjorative romane, >MOŚTÁLYOŚ< « sorbier
(Sorbus aucuparia) », BCT 2643 ; cf. bas latin mustalia.
/MÚLA/ : voir /YÉRBA –/.
/MÚR/ « souris » < latin mūs, -ris, est reflété dans les syntagmes
>MUR MELLÁT< « espèce de chicorée », BCT 2885 et 4569,
littéralement « souris à la couleur du miel »,409 /MUR
NÉGAR/ « sumac sauvage (Rus coriaria) », BCT 1377 et 2997,
< latin mūs nĭgĕr, littéralement « souris noire »,410 et /MUR
ČÉKAL/ « chauve-souris ; niveau à fil à plomb », selon SG
390,411 < latin mūs cæcŭlus, littéralement « souris un peu
aveugle » ; cf. aussi /ÓR ČÉKOL/.
/MURÓŚA/ : voir /MORÓŚA/.
/MÚRTA(Ś)/ « myrte(s) (Myrtus comunis) » < latin mu/yrtus <
grec μύρτος, BCT 2140 et 2803, aussi appelé >murtā/īn< et
>m.rtīnuh<, ce qui suggère un adjectif roman avec le suffixe
adjectival {+ÍN} (cf. le castillan mirtilo) ou un diminutif avec
le suffixe {+ÉL}, dont le /l/ serait assimilé à la première
consonne nasale.
/MUTÁR(E)/ « changer » < latin mutāre, A42.

>NABÁLYAŚ< « espèce de canne » < latin nŏvācŭla « rasoir »,


BCT 4230 ; voir Corriente 1997a : 520 à propos de ce mot en
arabe andalou.
/NÁNČA/ : voir /BÁRBA/.
/NÁPO/ « navet » < latin nāpus, BCT 2747 ; d’où aussi /NAPÉL/ =
>NAP(Y)ÉLLO< « aconit (Aconitum napellus) », BCT 2506,
991, 1335, 1782, 1904, 2339, 2351, 2606, 2692, 2747, 3049,
3139, 3572, 3807, 3904, 3920 et 4094, à suffixation diminutive
romane, avec ou sans diphtongaison.
/NAŚTÓRT/ « cresson des champs (Lepidium campestre) » < latin
nasturtĭum (cf. castillan mastuerzo), BCT 1662, mais une
étymologie populaire semble avoir fabriqué une dérivation
du latin nas tortus « nez tordu », cf. le nom catalan de cette
plante, morritort.
/NÉPETA/ « népète, herbe aux chats (Nepeta cattaria) » < latin
nĕpĕta, BCT 383, 2494, 2812, 3112, 3152, 3441, 3641, 3642,
3811 et 3812.
*/NÉGRO/ « noir » : est reflété avec suffixation diminutive
romane dans /NEGRÉL/R/ « nom de plusieurs variétés de
figue, basilic, raisin et genêt », BCT 1149 et 3494, avec
suffixation adjectivale dans /NEGRÍN/ « variété de raisin »,
BCT 3494, et avec suffixation augmentative dans >NEGRÓN<
« variété de blé », BCT 1655 ; voir aussi /MURNÉGAR/ sous
/MÚR/, >WÉLYO< et /YÉDRA/.
/NÉŚPORO/ : voir /N(IY)ÉŚPORO/.
/NÍLO/ « variété de rose » < latin nērĭon < grec νήριον, BCT 5013.
/NI(N)/ « ni » < latin nec, A8, 15 et 21.
/NÍŚAŚ/ « prunes, fruits de Prunus domestica » < bas latin nixa
(cf. le dialectalisme asturien nisa), BCT 3117 et 3490 ; voir
aussi /ŚÉMŚONŚ/.
/N(IY)ÉŚPOROŚ/ « nèfles ; azérolier (Cratægus azarolus) » < latin
mespĭlum/s < grec μέσπιλον,412 BCT 2229, 3014, 3109, 3117,
3464 et 3490.
/NÓČ(E)/ « noix » < latin nux, -ŭcis, BCT 1344 et 3063, aussi dans
le syntagme >NÓČ ABELLÁNEŚ< « noisettes, avelines
(Corylus avellana) »413, BCT 3730, ainsi que, avec suffixation
diminutive romane, >NOČ(Y)ÉLLA< « semence du pavot ;
cresson drave (Lepidium draba) », etc., BCT 213, 943, 1251,
2051, 3129, 3144, 4868 et 4899. D’où aussi, avec évolution
phonétique différente et suffixation instrumentale romane,
/NOKAYRÓLA = NOKAYR(U)WÉLA/ « pivoine (Paeonia
officinalis) », BCT 3807.
/NÓḪTE/ « nuit » < latin noctis, A1 et 4, et IQ 20/6/3.
/NOMMÁR/ « nommer » < latin nōmĭnāre, IQ 84/12/4.
/NON/ « ne, non » < latin non, A2, 2, 6. 9, 13, 15, 17, 18, 21, 23, 33,
34, 37, 40 et 42, H4, 8, 11, 16, 17, 19, 22 et 23.
/NÚDO/ : voir /ČÉNTO/, /KÁTRO/ et /ŚEN/.

/O/ « ou »< latin aut, A1 et 40 et H16.


/ÓB(E)/ « où » < latin ŭbī, A1 et 37 et H4 ; voir /DÓBE/.
/OḪŠÍNA/ « radis sauvage (Raphanus raphanistrum) », cultisme
des botanistes, < grec ὀξύνες, ignoré par le latin classique,
BCT 113, 305, 1212, 1698, 2747 et 4801, aussi dans une
variante avec agglutination de l’article roman, >laḫšinah<
dans BCT 5033.
/OKUPÁR/ « se soucier » < latin occŭpāre, IQ 84/11/4.
/ÓLF/ : voir >AFRÁQA<.
/OLÍYA/ « olive » < latin ŏlīva, BCT 181, ainsi que son diminutif
roman >OLYÓLA< « espèce de germandrée (Teucrium
fruticans) », BCT 298, 347 et 2232.
/ÓLMO/ « orme (Ulmus campestris) » < latin ulmus,414 BCT 488,
497, 1344 et 3135.
*/OLÓREŚ/ « arbre à baume (Commiphora africanum) »415 <
latin ŏdōres, littéralement « exhalations (bonnes) », BCT
3040.
/OMRÍYYA/ < « plante chénopodiacée à l’identification douteuse
», latin umbra « ombre », BCT 376, 3216 et 4902 ; cf. castillan
umbría « ombreuse ».
/ÓN/, dans /D+–/ « d’où », < latin unde, H17.
>ONÓLYO (KANPEN(N)O)< « hélénie (Helenium) », métathèse du
latin hĕlĕnĭum < grec ἡλένιον, contaminé par le résultat
roman du latin gĕnŭ « genou », suivi d’un qualificatif
résultant du latin campānĕus « du champ », BCT 2174 ; voir
/KÁNPO/.
*/(O)PREMÉR(E)/ « opprimer » < latin opprĭmĕre ou prĕmĕre,416
dans A18 /(O)PREMÉŚ/ « que tu opprimes ».
/ÓR ČÉKOL/ « espèce de centaurée », littéralement « or un peu
aveugle », < latin aurum cæcŭlum, allusif à la couleur jaune
de ce qui est teint avec cette plante, qui pourrait tromper la
vue et faire croire qu’il s’agissait du vrai or, BCT 230, 18338
et 2519 ; cf. /MURČÉKAL/ sous /MUR/.417
/ORBÁKA/ « laurier » < latin laurĭ bacca / bāca, classicisme des
botanistes, avec métanalyse et chute de l’article, BCT 94,
1668, 2037, 2148 et 5095 ; cf. l’italien orbacca.418
/ORCÁL/ « variété de poire », résultat roman du latin
hordĕārĭum, puisque sa maturation coïncide avec celle de
l’orge, selon Abulḫayr, dans BCT 2556 ; cf. /WÉRCO/.
/ORÉČA/ « oreille » < latin aurĭcŭla qu’on trouve dans le
syntagme >ORÉČA BELLÍTA< « mandragore (Mandragora
officinarum) »,419 BCT 25 et 5123 et, avec suffixation
diminutive romane, dans >ORČÉLLA< « orseille (Roccella
tinctoria) », BCT 301, 463, 596, 1516, 2217, 2345, 2371 et 2680
aussi nommé >ORELYÉLLA<, BCT 596, formé sur la variante
>ORÉLL/YA<, BCT 2376, avec un résultat différent du group
/kɁl/, d’où le pluriel >ORÉLYAŚ< « variété de poireau », BCT
486 et 985, et dans les syntagmes >ORÉLYA DE FARÁYLE< «
joubarbe (Sempervivum tectorum) », BCT 1624, littéralement
« oreille de moine », dont le deuxième constituant est le
résultat du latin frāter, et >ORÉLYA DE LÉPER< « espèce de
plantain », BCT 2728 ; cf. /LÉPER = LÉPRE/.
/ORÉGANO (WERTÁNO)/ « origan (Origanum vulgare) » < latin
ŏrīgănum < grec ὀρίγανον/ς, suivi d’un qualificatif dérivé
roman du latin hortus « jardin potager », BCT 3201 et 3202.
>ORÉLL/YA< : voir /ORÉČA/.
/ORTÍKA(Ś)/ « ortie(s) » < latin urtīca, BCT 1621, aussi dans le
syntagme /ORTÍKA NÉGRA/ « ortie noire »,420 1621 et 3587, et
le diminutif /ORTIKÉLLA/ « petite ortie (Urtica urens) », BCT
1621.
/ORÚKA/ « chenille » < latin ē/ūruca, BCT 170, 393 et 1377.
/ÓTRI/ « un autre » < latin alter, H17, aussi dans le pluriel /
ÓTRIŚ/, H12.

/PÁBER/ « coquelicot (Papaver rhœas) », dérivé haplologique du


latin păpāver, BCT 665, 4868 et 5084 ; cf. /ANPÁWRA/ et /
ḥaPAPRÓN/.
/PÁČE/ « paix » < latin pax, -ācis, utilisé comme sobriquet, selon
SG 412–413.
>PALABR(IY)ÉLLA< « chardon roulant (Eryngium campestre) »
< latin tardif ălăbrum « dévidoir »,421 BCT 761, 1342, 2552 et
5107.
/PALÁNTA DE LÓPO/ « espèce de renoncule » < latin planta «
plante », avec l’ambigüité sémantique conservée dans les
langues romanes occidentales, en français, en castillan, en
catalan et en portugais, BCT 861 et 2541 ; voir /LÓPO/ et
/PÉDE LOPÍNO/.
/PALANTÁYN/ « plantain (Plantago species) » < latin plantāgo,
-ĭnis, BCT 378, 609 et 2728, dans ce dernier cas avec une
variante >b.ntāy.n<, peut-être à cause de la chute
occasionnelle du /l/.422
/PALATÁR/ « palais » < latin pălātum, avec suffixation romane,
IQ 20/10/4.
/PÁLMEŚ/ : voir /PÁWMEŚ/.
/PÁL(O) BÓNO/423 « micocoulier (Celtis australis) » < latin pālus «
bois » et bŏnus « bon », appelé ainsi à cause de sa bonne
qualité pour certains travaux de menuiserie, BCT 808, 3025,
3123 et 3135.
/PANÍČO/ « millet (Panicum miliaceum) » < latin pānĭc(ĭ)um, BCT
645, 646, 1388, 1655, 1918, 1990 et 4230, avec un dérivé à
suffixation péjorative romane, /P/MANČÁYN/ « seigle », avec
alternance optionnelle de la consonne bilabiale, BCT 647,
1210, 1388, 1935 et 4230.
>PANNÓŚ< « espèce de pêche très duvetée », suffixation
adjectivale romane du latin pannus « morceau d’étoffe » ; cf.
le latin pannūcĕa māla « espèce de pommes » et, chez Alcalá,
banúja « pêche », BCT 1792, 2556 et 4548.
/PAN/ « pain » < latin pānis, dans les syntagmes /–PÓSTER/ «
espèce de camomille », avec un qualificatif roman reflétant
le latin postĕrus, littéralement « dernier pain », cf. le
synonyme néo-arabe /ḫubz alġurāb/, littéralement « pain du
corbeau », avec une allusion qui nous échappe, et
/PANKÉYŠO/ « bourse à pasteur (Capsella bursa-pastoris) »,
BCT 918 et 1665, nom composé avec une variante
phonétique de /KÉYǦO/ « fromage », q.v.
/P/BANTÁWMA/ « gui (Cuscuta epithymum) » < latin ĕpĭthўmum
< grec ἐπίθυμον, BCT 548, 552, 818, 1676, 1924, 2157, 2198,
3448, 4525 et 4970, cultisme des botanistes, corrompu par les
copistes et / ou par la prononciation vulgaire.424
/PAPÍR/ « papyrus » < latin pāpȳrum/s, probablement pas plus
qu’un cultisme des botanistes BCT 929.
/PARTÁL/ « moineau » < bas latin pardalus < grec πάρδαλος,
dans le syntagme arabe andalou avec un deuxième
constituant hybridé du roman /ḥašíšat/ /ʕúšbat+alparṭál/ «
pariétaire (Parietaria cretica) », BCT 1446 et 1478.
/PÁŚKA/ « pâques » < latin pascha < grec πάσχα < syriaque pasḥā
< hébreu pesaḥ, A12, H15 et IQ 50/8/3.
/PÁW/LMEŚ/ « paumier nain (Hyphaene thebaica) » < latin
palma, BCT 1915 et 3126, d’où aussi, avec suffixation
diminutive romane, >PAWMÉLLA< « palmite (Chamaerops
humilis) », BCT 936, 1257, 1916, 1991 et 2165.425
/PÉČ/ « poix » < latin pix, -ĭcis, IQ 99/15/1, avec les dérivés
/PÉČNO/ « espèce de raisin noir » < latin pĭcĭnus, BCT 3494 ;42
6 et /PEKATÍČ/ « gluant », à suffixation adjectivale et

participiale romane, dans IQ 99/15/3 ; et, encore, à travers le


latin pĭco « gluer », avec suffixation augmentative romane et
par une métonymie, /PIKÓN/ « fruit de l’acacia utilisé par les
tanneurs », BCT 3184.
/PÉDE/ « pied » < latin pēs, -ĕdis, dans les syntagmes
/PÉD(E+D)+ANÁTE/, « quintefeuille (Potentilla reptans) », BCT
624 et 928, littéralement « pied de canard », où le deuxième
constituant est le résultat roman du latin ănăs, -ătis, >PÉDE
(DE) POLLÉL(LO)< « espèce d’oseille (Coronopus / Lepidium
squamatus, mais aussi Salicornia fruticosa ou europæa) »,
BCT 1587, 1661 et 4241, littéralement « pied de poulet »,427
où le deuxième constituant est le résultat, avec suffixation
diminutive romane et restriction sémantique, du latin pullus
« petit (d’un animal) », /PÉDE DE TÓRDO/ « variété d’orpin
(Sedum altissimum) », BCT 626, où le deuxième constituant
est le résultat roman du latin turdus « grive », >PÉDE
GALLÍNA< « partie comestible du gros chiendent (Cynodon
dactylum) », BCT 625, où le deuxième constituant est le
résultat roman du latin gallīna « poule »,428 /PÉDE GATTÍNO/
« espèce de renoncule », où le qualificatif est le résultat du
latin cattīnus « de chat », BCT 628,429 /– LOPÍNO/ = /– DE
LÓPO/ « une autre espèce de renoncule »,430 BCT 2541, avec
les synonymes /PÉDE PORKÍN / PORKÉL/, littéralement « pied
de cochon » < latin porcus, avec suffixation romane
adjectivale et diminutive respectivement, BCT 629 et 1561 ;
cf. aussi >GALLO<, /GÁTO/, /KOLÓNBO/, /LÉPER/, /LÓPA/ et
/PÓRKO/.
/PEKATÍČ/ : voir /PÉČ/.
/PELÉḪTA/ « mollugine (Mollugo lotoides) » < latin plecta «
guirlande », BCT 802 et 4900.
/PELLÁRǦA/ « cigogne » < grec πελαργός, BCT 1802 et 3599, sans
médiation latine connue, ce qui est étrange, mais c’est le
nom habituel de cet oiseau en Al-Andalus et au Maroc.
>PELOZYÉLLA< « piloselle (Hieracium pilosella) » < latin pĭlōsus
« poilu », à suffixation diminutive romane, BCT 1161.
/PENÁTO/ « affligé » < latin pœnātus, IQ 10/2/2.
>PÉNNA< : voir /FOLÓR/.
>PENNÓR< « gage » < latin pignŭs, -ŏris, H11.
/PÉPER/= /PÉPRO/ « poivre » < latin pĭpĕr, BCT 351, 801, 1611,
3797 et 4848, aussi dans le syntagme >PÉPRO AKWÉNYO< «
poivre d’eau (Polygonum hydropiper) », BCT 3804, avec
suffixation augmentative masculine dans /PEPRÓN/ «
passerage (Lepidium) », chez Ibn Albayṭār, selon SG 442, et
féminine dans /PEPRÓNA/ « espèce de gingembre », BCT
2220, et avec suffixation participiale dans le deuxième
constituant de >KARDÉLLO PEPRÁTO< « chardon roulant
(Eryngium campestre) », BCT 1342, 4268 et 4055 ; cf. /
ŚÉNC(IY)O/ et /ŚEŚÁNBORO/.
/PÉRAŚ/ « poires, fruits de Pyrus communis » < latin pĭrum, BCT
2556,431 aussi dans les dérivés, avec suffixation péjorative et
augmentative, /PERUČÓN/ « poire sauvage », BCT 2229, et
diminutive dans /PER(U)WÉLO/ = /PERÓLO/ « espèce
d’azérole », BCT 661 et 3020, ainsi que probablement le nom
d’une espèce de poire appelée « chinoise », >burl.yūn<, qui
serait le résultat de la suffixation successive, diminutive et
augmentative, *>PERELLÓN<, BCT 2556.
*/PEREMÉR(E)/ : voir */(O)PREMÉR(E)/.
/PERÉTRO/ « pyrèthre (Pyrethrum balsamita) » < latin
pўrěthrum < grec πύρεθρον,432 BCT 1157.
/PÉRTEKAŚ/ « férule ; ciste ; perches » < latin pertĭca, BCT 549,
816, 2566, 3083 et 4751.
*/PEŚÁRE/ « peser ; chagriner » > latin pensāre, dans A4 /PÉSED
A(D)/ « envers et contre, malgré ».
/PEŚÓT/ « espèce de pois », probablement < latin pĭsum (< grec
πίσον) săpĭdum,433 dans Ibn Buklāriš, selon SG 446, voir
aussi /PEZÁČ/.
/PEŚTÓREGOŚ/ « pistaches », probablement < latin pistŏr, -ōris «
confiseur », avec suffixation adjectivale romane, puisque
seuls les confiseurs en faisaient usage, BCT 3808.
*/PETÍR(E)/ « demander » < latin pětěre, dans IQ 102/4/1 /PÍTO/ «
je demande ».
/PÉTRA/ « pierre » < latin pětra, d’où aussi, avec suffixation
adjectivale romane, chez SG 436, là aussi avec les dérivés à
suffixation romane, locative dans /PETREKÁL/ « terrain
pierreux », péjorative dans /PETRÚČA/ « espèce de châtaigne
»,434 dans SG 437, et adjectivale dans /PETREKÁYRA/ «
mercuriale annuelle (Mercurialis annua) », BCT 811 ; voir
aussi /BÍTRIYO/.
/PEZÁČ/ « espèce de pois » < latin pisum, avec suffixation
péjorative romane, BCT 702, 1384, 3026, 4219 et 4225, et les
synonymes >PEZÉLLO< et /PEZ(E)LÉL/, dont la suffixation est
diminutive, BCT 655 et 549, respectivement.
/PÍKO/ « bec » < latin pīcus « pivert », ayant acquis dans le bas
latin hispanique les significations du castillan pico, parmi
lesquelles « bec ; extrémité », dans SG 437, d’où aussi
probablement, avec suffixation augmentative romane et par
une métonymie, /PIKÓN/ « fruit de l’acacia utilisé par les
tanneurs ».
/PIKÓN/ : voir /PÉČ/.
/PILÓŚ/ « poilu » < latin pĭlōsus, chez IQ 90/12/3, où ce terme est
une métonymie de la vulve.
/PÍNO(Ś)/ « pin(s) » < latin pīnus, BCT 3227, d’où aussi, avec
suffixation diminutive romane, >PINÉLLO< « herbe aux
puces (Plantago psyllium) ; ivette, chamépitys (Ajuga
chamaepitys) ; mille-pertuis (Hypericum vulgare) », BCT 671,
804, 974, 2585, 3229 et 4976.
/PÍŚT(O)/ « alpiste, millet long (Phalaris canariensis) » < latin
pistum « pilé, moulu », avec une évolution sémantique, BCT
779, 870, 1311, 1935, 1936, 4154, 4538 et 4885.
/PÍTO/ : voir */PETÍR(E)/.
/PÓČE/ « cul » < latin pōdex, -ĭcis, dans /PÓČE PACRÍN/ = >PÓČE
POLLÍN<, où les deuxièmes constituants reflètent le latin
passěrīnus « de moineau » et une variante du roman
>POLLÉLO<, q.v., sous /PÉDE/, BCT 844, 884, 918, 939, 1585,
1587, 1662, 1664 et 1665.
/POČÓN/ « pétiole » < latin pětĭŏlus, BCT 1349 et 2769.
>POD(OL)LÁYRA< et >PODOLYÁR< : voir /YÉRBA –/.
/POLÉYO/ « pouliot (Mentha pulegium) » < latin pūlēgĭum, aussi
dans les syntagmes qualificatifs /– ČERBÚNO/ et /–
KAPRÚNO/, q.v. sous /ČÉRBO et */KÁPRA/.
>POLLÉL(LO)< : voir /PÉDE/.
/POLPÓDYO/ « polypode commun / de chêne (Polypodium
vulgare) » < latin pŏlўpŏdĭum < grec πολυπόδιον, BCT 654,
810 et 965, cultisme des botanistes, reflété par les graphies
corrompues >balmūḏyah< et >burbūḏyuh<.
/POR/ « pour ; par » < latin pro, dans A12, 17 et 19, H5 et 15, IQ
102/5/1, composé dans /PORKÉ/ « pourquoi », dans A5.
/PÓRKO/ : voir /FÁBA(Ś)/ et /YENÉŚTA/, aussi dans les dérivés, à
suffixation romane adjectival ou diminutive, /PORČÍL/N/ <
latin porcīnus, qualificatif des variétés inférieures de
caroubes, grenades, jujubes, pistaches, prunes et noix, BCT
767, 927, 1149, 1344, 1807,2151, 2556, 3508 et 3808,
adjectivale, /PORKÍN/ « espèce de chrysanthème
(Chrysanthemum segetum) », mais /PORKÍNO/ « astragale
(Astragalus bæticus) », et son synonyme à suffixe adjectival,
/PORKÁYRO/, dans BCT 579.
/PORÓDEGO/ « espèce rouge de saule », BCT 899 et 3232, peut-
être < latin prōdĭgus « prodigue ; qui produit en abondance
», à cause du grand nombre de ses branches.
>PORPÓLYA< « vulvaire, ansérine fétide (Chenopodium
vulvaria) », peut-être < latin purpŭra « de pourpre ; brillante
», BCT 3587.435
/PÓRRO/ « poireau » < latin porrum/s, BCT 985, d’où aussi les
diminutifs /PORRÉL/ « espèce de caroube », BCT 1807, et
>PORRÉLLA< « cougourde (Lagenaria siceraria) », BCT 4263.
/PÓŠOLA/ : voir /RRÉY/.
*/POTÉR(E)/ « pouvoir » < bas latin *pŏtēre, au lieu du classique
posse, dans A6 /PÓDO/ « je peux », et H20 /POTRÁD/ « il
pourra ».
/PÓTRA/ et /POTRÁYRA/ : voir /YÉRBA –/.
/PÚDDA/ : voir /YÉRBA –/.
/PUǦABANTÁYRA/ « espèce de plantain (Plantago serraria) »,
dérivé à suffixation instrumentale d’un mot roman
hispanique conservé dans le castillan pujavante « paroir du
maréchal ferrant », BCT 769 et 2364.
*/PÚLČ/ « punaise » < latin pūlex, -ĭcis, BCT 670, d’où aussi avec
suffixation augmentative romane, /PULGÓN/ « puceron »
BCT 4100, et, avec suffixation adjectivale romane, /(YÉRBA)
PULKÁYRA/ « pulicaire (Pulicaria dysenterica) », BCT 636,
1219, 1449, 2829, 3596, 4139, 4714 et 5076.
/PÚNIČEŚ/ « grenades » < latin (mālum) pūnĭcum, à travers le bas
latin et le proto-roman hispanique,436 BCT 872 et 2151.437
/PÚTDA/O/ : voir >MÍLYO<, /ŚEŚRABÓNA/ et /YÉRBA –/.

/RRÁBANO(Ś)/ « radis » < latin răphănus < grec ῥάφανος, aussi


dans le syntagme qualificatif >RRÁBANO GALLÉŚKO<,
littéralement « radis galicien », où le deuxième constituant
est un dérivé à suffixation adjectivale romane du latin Gallĭa
« la Gaule », nom donnée aux régions du Nord de la
Péninsule Ibérique au Moyen Âge,438 et dans le diminutif
>RRABANÉLLO< « (Diplotaxis erucoides) » ; voir >YÉRBA
GALLÉŚKA<.
/RRÁDIČE/ : voir /ŚÉTE/.
/RRÁTA/ « rat », d’origine germanique (peut-être
onomatopéique, cf. l’allemand Ratte et l’anglais rat),
hâtivement emprunté par les langues néolatines, chez Ibn
Buklāriš, selon SG 482.
/RRÁYO/ « rayon » < latin rădĭus, A17 et 19 et H3.
*/RREBEŚŚÁR/ « frissonner », verbe roman dérivé du participe
latin rĕversus « retourné », avec une évolution sémantique,
dans A23 y H8 /ME RREBÉŚŚO/.
/RRÉČNO/ = /RRÉČEN/ « ricin (Ricinus communis) », BCT 1800 et
2061, < latin rĭcĭnus, cf. le vieux castillan rezno, plus
conservateur que le moderne ricino, avec déplacement de
l’accent par métanalyse du suffixe adjectival {+ÍN}.
*/RREKERÉR/ « rechercher, être en quête de » < latin rĕquīrĕre,
dans IQ 20/16/2, /RREKÉRE/ « demande (impératif) ».
/RREŚÍNA/ « résine » < latin rēsīna, BCT 3184, 3227 et 3481.
*/RRETENÉR(E)/ « retenir » < latin rĕtīnĕre, dans le participe
/RRETÉNTO/ chez IQ 19/10/2.
/RRÉW/ « rhubarbe » < bas latin rheu(m) < grec ῥᾶ = ῥῆον, dans
les syntagmes synonymes /– BÁRBARO/, < bas latin
rheubarbarum < grec ῥᾶ βάρβαρον, et /–PÓNT(IK)O/, < bas
latin rhapontĭcum, littéralement « barbare » et « du Pont-
Euxin », chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 486–487 ; voir aussi BCT
2074, 2034 et 2200.
/RRÉY/ « roi » < latin rex, -ēgis, dans les syntagmes /–MÓNT/ «
chèvrefeuille », littéralement « roi de la montagne », où le
deuxième constituant est le résultat roman du latin mons, -
tis, BCT 241, 340, 2003, 2068, 2155, 2717 et 2970 ;439 et
/POŠÓLA DE /RRÉY/ « espèce d’orchidée », littéralement «
verge du roi », une métonymie à cause de sa forme et de ses
couleurs, dont le premier constituant est un diminutif avec
harmonisation vocalique du roman */PÍŠŠA/, un mot
d’origine onomatopéique avec des témoins dans plusieurs
langues néolatines, BCT 841 et 1987.
/RROBÉL/ « pourriture des racines des arbres, surtout le figuier
», diminutif à suffixation romane formé sur le latin rōbĭgo,
-ĭnis « rouille » (cf. le catalan rovell).440
/RROMÁNO(Ś)/ « romain(s) » < latin rōmānus, BCT 2720.
/RROMÁYRO/ = >RROMÉNYO< = /LOMARÍN(O)/441 « romarin
(Rosmarinus officinalis) » < latin rosmărīnus/m, composé par
rōs ou rhus « sumac » et mărīnus « marin », BCT 554 et 2082.
>RRONNÓNEŚ< : voir /YÉRBA DE –/.
*/RRONPÉR(E)/ « rompre, casser » < latin rumpĕre, dans le
participe /RRONPÍTO/, chez IQ 83/12/2, et dans le syntagme
/RRÓNPE TÓNKA/ « souci des jardins (Calendula officinalis)
», littéralement « il déchire la tunique », dont le deuxième
constituant reflète le latin tŭnica, cf. le castillan tonga «
couche (de briques, etc.) », BCT 580, 980, 2051 et 3462.
/RROPÚDDO≠A/ : voir /YERBA PÚTDA/.
/RRÓŚA/ « rose » < latin rŏsa, BCT 2002 et 5013, également dans
les syntagmes /RRÓŚA AŚNÍNA/ « églantine (Rosa canina) »,
BCT 5013, >RROŚÉL(LO)< « ciste (de Crète) (Cistus
polymorphus) », BCT 549, 1999, 2080, 2580, 4772, 4906, 5013
et 5021 et, avec suffixation diminutive romane, dans
/RRÓŚETA/ « plaque de rougeur au visage », selon SG 496.
/RRÓŚTEKO/ : voir >LÉNYO< et /ÚBA/.
/RROTÚNDO/ « rond » < latin rŏtundus, chez IQ 21/6/1, et le
féminin dans /BÓB(A)RA RROTÚNDA/ « aristoloche ronde »
(Aristolochia rotunda), chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 49.
/RROYÓLA/ = /RROY(U)WÉLA/ « cuscute (de thym) (Cuscuta
epithymum) ; lierre (Hedera helix) ; busserole, raisin d’ours
(Arctostaphylos uva-ursi) », dérivé par suffixation
diminutive romane du latin rŭbĕus « rougeâtre » (cf. le
castillan roya « rouille (du blé, etc.) », BCT 557, 1422, 2090,
3464, 3498, 4253 et 4966, d’où aussi, avec suffixation
augmentative romane, /RROYÓN/ « blé roux », BCT 1655.
/RRÚBYA/ : voir >MAḪŠÉLLA RRÚBYA<.
/RRUPYÓL/ « azérolier (Cratægus azarolus) », BCT 103, 1808,
1969, 2049, 2229, 3014, 3490, 3507 et 1911, dérivé par
suffixation diminutive romane du latin rūpĕus « rocheux »,
sémantiquement appuyé par rūpex « grossier », à cause de la
qualité inférieure de ses fruits, souvent signalée par les
botanistes.
/RRÚŚKA/ « cuscute (de thym) (Cuscuta epithymum) ; écorce ou
racine d’yeuse », dérivé du latin rhus « sumac », BCT 919,
1817, 2001, 2522 et 2554, avec le suffixe adjectival roman
atone {+EKO≠A}, car on l’utilisait aussi dans le tannage des
cuirs.
/RRÚTA/ « rue » < latin rūta, dans les syntagmes /– WERTÁNA/ «
rue des jardins (Ruta graveolens / hortensis) », et >–
KANPÉNYA< « rue de montagne (Ruta montana) », BCT 2052
et 4561, où les deuxièmes constituants sont des adjectifs à
suffixation romane dérivés du latin hortus « jardin potager »
et campus « champ » ; voir /YÓNČA/.
/ŚA/ : voir /ŚEW/.
*/ŚABÉR(E)/ « savoir » < latin săpĕre, dans H17 /ŚÉ/ « je sais »,
A37 /ŚÁBEŚ/ « tu sais », A20 /ŚABÉŚ/ « que vous sachiez »,
H24 /ŚABRÉY/ « je saurai », H15 /A(Ś) ŚABÉR/ « tu sauras », et
IQ 86/9/3 /ŚÁB/ « sache ».
/ŚABÍNA/ « sabine (Juniperus sabina) » < latin săbīna, chez Ibn
Ǧulǧul, selon SG 572.
/ŚABÚK(O)/ « sureau (Sambucus ebulus) » < latin să(m)būcus,
BCT 164, 967, 1290, 1752, 1753, 1877, 2089, 2568, 2858, 3435,
4726, 4879, 4880, 4903 et 5125.
>šaḥm+(IY)ÉLLA< « sécacul (Pastinaca schekakul) », BCT 1342,
1942, 2542, 2745 et 4785, dérivé à suffixation diminutive
romane de l’arabe /šaḥm/ « graisse », d’où aussi, avec double
suffixation participiale et diminutive romane, >šaḥm+AT+
(IY)ÉLLA< « espèce de lierre », BCT 1161 et 4786.
/ŚAḪŚO FARÁGA/ « saxifrage (Saxifraga cymbalaria) », BCT
4239, 4767 et 4835, < latin saxĭfrăga, cultisme des botanistes.
/ŚÁKWASO/ « espèce de ciste » < latin sălīcastrum, BCT 549, 550,
782, 924,1661, 2350, 3512, 4208, 4549 et 4780.442
/ŚALBIYA/ « sauge », BCT 310, 550, 759, 1191, 2411, 2834, 3981,
3633, 4208, 4549 et 4875, < latin salvĭa.
/ŚÁLČO/ = /ŚÁLEČ/ « saule » < latin sălix, -ĭcis, BCT 3232, 3574,
3659, 4883 et 4884, également dans le syntagme qualificatif /
ŚÁLČO GATTÍNO / GATTÍL / GATTÉČ / « gattilier (Vitex agnus
castus) », BCT 3232 et 4884, où le deuxième constituant est
un dérivé adjectival roman de /GÁTO/, q.v. ; voir aussi
/PÉDE/, >KOLYÓN< et >UNYA<.
/ŚAL/ROBRÉL/ « espèce de soude » (cf. castillan salobre, catalan
sala/obrós et portugais salobro/e « saumâtre »), BCT 1661 et
4872, dérivé romane du latin sāl, -ălis, avec une
contamination phonétique ou sémantique problématique,
selon Corominas.443
/ŚANÁR(E)/ guérir » < latin sānāre, dans A8 /ŚANÁR/, A30 /
ŚANARÉY/ « je guérirai », H9 /ŚANARÁD/ « il guérira », H10 /
ŚANÉŚ/ « vous guéririez », et dans l’adjectif /ŚÁNA/ « saine » :
voir /MÁTRE/, /ŚÉTE/ et /YÉRBA/.
/ŚANGÍN/ : voir /ŚANKONÁYRA/.
/ŚANKONÁYRA/ « espèce de pêche ; safran sauvage ; espèce de
chardon (Carlina corymbosa) », BCT 1792, 2135, 3493, 4755 et
4881, < latin sanguĭnārĭa, dérivé de sanguis, -ĭnis « sang »,
d’où aussi, avec replacement du suffixe par un autre
adjectival roman, /ŚANGÍN/ « espèce de buis », BCT 923, 3223,
4677, 4747, 4755 et 4797.
/ŚAPÍN/ « sapin » < latin sap(p)īnus, BCT 3227 et 4659.
/ŚAPÍTO/ « consoude mineure » < latin symphўtum < grec
σύμφυτον, peut-être contaminé phonétiquement par /
ŚAPÍTO/ « connu », BCT 3227 et 4659, et aussi dans le
syntagme >–KANPYÉNO< « cynoglosse (Cynoglossum
creticum) », BCT 2732.
/ŚAPONÁYRA/ = >ŚO/IPN(IY)ÉLLO< « saponaire (Saponaria
officinalis) », dérivés par suffixation adjectivale et
diminutive respectivement du latin sāpo, -ōnis « savon »,
BCT 302, 3576, 4389, 4901 et 5088.
/ŚARDÓN/ « espèce de thym », probablement une dérivation à
suffixation augmentative romane du latin sardus « sarde »,
BCT 33, 3203, 3967 et 4675.
/ŚARÍN/ : voir /ŚÁRO/.
/ŚARǦÍDA/ « sarriette » < latin sătŭrēia, avec une forte
métathèse (cf. le catalan sajolida ou sadorija), BCT 1632 et
4606 ; voir */ŚAṬRÍYA/.
/SÁRO/ « gouet (Arum maculatum) » < latin ărum < grec ἄρον,
contaminé par le bas latin arisarum, BCT 258, 1977, 2743,
3143, 3823 et 4539, d’où aussi, avec suffixation adjectivale
romane, /Ś/SARÍN(O)/ « espèce de thym »,444 165, 557, 985,
2283, 2743, 3143, 3203, 3204, 3215, 3218 et 4660.
>ŚARRÁL(Y)A< = >ŚARRÁLLA< « laiteron (Sonchus oleraceus) »,
BCT 4814 et 4973, < bas latin sa/erralia, aussi dans les
syntagmes >ŚARRÁLYA D+ÁŚNOŚ< et /ŚARRÁL alḥimár/
albaqár/ « espèce de chicorée », littéralement « laiteron
d’ânes / vaches », BCT 2344, 1669, 1793, 1794, 3259, 4569,
4963 et 1669.
*/ŚATAKÓNAŚ/ « espèce de raisin très doux et noir de Tolède »,
BCT 3494, sans doute un mot roman, dont les deux graphies
>šuṭfūnuš< et >stqūnš< ne permettent pas d’en résoudre
l’origine étymologique, peut-être le latin sătăgo « donner
satisfaction », avec suffixation augmentative romane, qui
aurait remplacé le suffixe agentif du latin sătăgentes.445
*/ŚAṬRÍYA/ « sarriette (Satureia hortensis) », BCT 2124, 2296,
2348, 3201, 3209, 3802 et 4627, < arabe andalou /šaṭríyya/ <
latin sătŭrēia ; voir /ŚARǦÍDA/.
>ŚAWŚ(IY)ÉLLA< « espèce de soude (Suaeda maritima) », BCT
1661 et 4816, avec suffixation diminutive romane, dérivé du
bas latin salsa « salade », d’où aussi */ŚAWŚOLÁTA/446 «
espèce d’oseille », BCT 1661 et 4117, à suffixations diminutive
et participiale romanes ; voir */ŚEŚRABÓNA/.
/šawṭí/ « espèce d’oignon sauvage », BCT 985, 1148, 3494 et 3508,
< arabe andalou /šáwt/ < latin saltus « forêt », avec
suffixation attributive arabe.
/ŚAYYÍNA/ « sorgho (Sorghum vulgare) », BCT 1210, 1371, 1388,
1990, 4013 et 4590, < latin săgīna « nourriture substantielle ».
*/ŚÉBO/ « suif, graisse » < latin sēbum, dans les syntagmes /–DE
Č/SÉRBO/ = /–ČERBÚNO/, q.v. sous */ČÉRBO/, et >–DE
GALLÍNA< « matricaire (Aster amellus ou tripolium) », dans
BCT 4791.
*/ŚEDÉR(E)/ « s’asseoir », dans A27 /ŚÉDED/ « il s’assoit », mais
c’est un passage douteux.
/ŚÉ/ÍGA/ « bugle (Sympytum tuberosum) », BCT 2353, 2461, 2732,
2753, 3207, 3259, 3334, 4416, 4896, 4897, 5025 et 5074,
métonymie du latin sīca « poignard »,447 également avec
suffixation diminutive romane, >ŚE/IGÉ/ILLA<, BCT 2753 et
4909.
>ŚEǦELLÁT (KURÚŠE)< « jasmin (Jasminum officinale) », BCT
4364, 4605 et 5120, désignation métonymique dérivée du
latin sĭgillātus « scellé » et crux, - ŭcis « croix », littéralement
« scellé avec une croix ».
/ŚÉKA+(N/D)+PÉDE/ « espèce d’aurone (Artemisia abrotanum) »,
BCT 2347 et 4256, littéralement « moissonne debout », à
cause de la longueur de ses tiges, < latin sĕcāre « couper » et
pēs, -ĕdis « pied » ; voir /PÉDE/ et /BÓLA+D+BÉNTO/ (sous
/BOLÁRE/).
/SÉKO/ : voir /ECTORÁK/.
/ŚÉLBA/ : voir /MÁTRE–/.
/ŚELBA(N)Ś(ah)/ « globulaire »,448 BCT 48, 850, 2518, 2835, 2975,
3357, 4202, 4449, 4518, 4764, 4765, 4894 et 4902, < latin
silvānus « des forêts », avec addition optionnelle du suffixe
singulatif arabe.
/ŚEMÉNTEŚ/ « carvi (Carum carvi) », BCT 2539 et 4604, < latin
sēmentes « semences, semailles ».449
/ŚEMLÉL/ « espèce de champignon (Cytinus ruber / hypocistis) »,
BCT 4586, < latin sĭmĭla « semoule », avec suffixation
diminutive romane, d’où aussi /ŚÉMRA/ « variété de blé »,
sans suffixation mais avec rhotacisme, BCT 1655 et 1960.
/ŚEMNE MÁWRO/ « nigelle de Damas (Nigella damascena) »,
BCT 4836 et 4889, < latin sēmen maurum, littéralement «
semence mauresque », avec une variante graphique
>šaminyuh<, probablement un cultisme des botanistes, <
latin sēmĭnĭum.
/ŚÉMRA/ : voir /ŚEMLÉL/.
/ŚEMŚÓNEŚ/ « prunes, fruits de Prunus domestica », BCT 927 et
4824, < bas latin *myxila < latin myxa, avec une première
phase de fausse scansion de l’article féminin singulier,
*/L+A+MÉŚA/ (cf. portugais ameixa), et une deuxième
postérieure de suffixation augmentative romane et une
fausse scansion d’un syntagme avec l’article,
*/LO+Ś+AMEŚÓNEŚ/ > /ŚEMŚÓNEŚ/ ; voir /NIŚAŚ/.
/ŚEN/ « sans » < latin sĭnĕ, A12 et 37, H4 et 5 et dans /–NÓDO/ «
orcanette (Asperula tinctoria) » < latin sĭnĕ nōdo « sans
nœud », BCT 2118, 4775 et 4910.
/ŚÉNC(IY)O/ « encens ; safran »450 < latin incensum,
phonétiquement contaminé par absinthĭum « absinthe », BCT
2737, 4754 et 4905 ; aussi dans les syntagmes >ŚÉNCO
KANPÉNYO< et >ŚÉNCO AKWÉNYO< « espèce d’armoise
(Artemisia) », BCT 4256 ; voir >AG/KWA<, /AŚÉNTIYA/,
/KÁNPO/ et /PÉPRO/.
/SÉNNA/ « espèce d’aconit », BCT 1079, 2351 et 4583, peut-être <
bas latin cinnus « clin d’œil », contaminé phonétiquement
par le roman andalou *>ŚÉNYA< < latin signa « signes »,
allusion à ceux qu’on faisait pour ordonner l’exécution
immédiate du condamné, à cause de l’effet létal de cette
plante.
/ŚÉNO/ « sein, giron » < latin sĭnus, A18 et H7.
/ŚENPERBÍBA/ « joubarbe (Sempervivum tectorum) », BCT 248,
1624, 4825 et 4826, < latin semper vīva « toujours vivante ».
/ŚENTÉČ(O)/ « mûrier sauvage, ronce (Rubus fruticosus) » <
latin sentis/x, -ĭcis, avec suffixation péjorative romane,
probablement métanalytique, mais ayant changé
l’accentuation originelle, BCT 3464 et 4602.
>ŠENTÉLLA< « renoncule (Anagallis arvensis) » < latin scintilla
« étincelle », BCT 555, 2167, 4878, 5087 et 5136.
/ŚENTEŚTÚRA/ « pouliot (Mentha pulegium) », BCT 1382, 4763 et
4766, < latin sentis tūra « tu sens l’encens », pluriel du latin
tūs, mentionné par l’auteur sous /ŚÉNC(IY)O/.
>ŚENYÓR< « monsieur » < latin sĕnĭŏr, IQ 47/3/2.
/ŚÉPYA/ « espèce d’artichaut aux feuilles très blanches », BCT
1631, < latin sēpĭa < grec σηπία « sépia », selon l’explication
métonymique de l’auteur.451
*/ŚÉR(E)/ « être » < bas latin *essere, dérivé analogique du latin
esse, dans A26 et H1 /YÉŚ/ « tu es », H9 et 12 et IQ 67/2/2 /YÉD/
« il est », A40 /ŚERÁD/ « il sera », A33 /ŚÉYAŚ/ « que tu sois »,
et A4 et IQ 81/10/1 /ÉŚ/ « sois ».
/ŚÉRBA/ : voir /ŚÓRBAŚ/.
/ŚERYÓLAŚ/ = /ŚERÓLLA(Ś)/ « prune(s), fruits de Prunus
domestica », BCT 4279, < latin cērĕŏla « couler de cire ».452
/ŚÉRPE/ « serpent » < latin serpens, dans les manuscrits
d’Abulḫayr,453 également avec suffixation augmentative
romane dans >ŚERPELL/YÓN< « serpentaire (Dracunculus
vulgaris) ou sa tige », BCT 2743 et 4778.
/ŚERTÍN/ « cuscute (Cuscuta epithymum) », BCT 557 et 4747,
dérivé métonymique à suffixation adjectivale romane du
latin serta « guirlande », bien qu’il puisse aussi s’agir d’une
évolution phonétique du suffixe diminutif roman, attaché au
même mot et évident dans la graphie >šyrṭyl< pour /ŚERTÉL/
« genêt (Calycotome spinosa) », aussi >šrṭyn<, >syrṭyn<, etc.
/ŚEŚÁNBORO/ « sandale (Mentha gentilis) », cultisme des
botanistes, BCT 1630, 1632, 3116, 3811, 3812 et 4423, < latin
sĭsymbrĭum < grec σισύμβριον, reflété aussi dans des termes
vulgaires comme le néo-arabe >sīsanbar<, arabe andalou
/s(us)únbar/ et le corrompu /ṣándal/, à ne confondre pas avec
le santal (blanc, Santalum album) < arabe /ṣandal/ < pehlevi
čandal < sanskrit čandana, origine aussi du grec σαντάλιον.
/ŚEŚRABÓNA/ « espèce d’oseille », BCT 1659 et 4494, peut-être <
latin sisăra bona « bonne bruyère », mais son identification
avec l’arabe rimṯ « caroxyle (Caroxylum articulatum) »
suggère une corruption graphique et phonétique de
*>ŚAWŚOLA PÚT(E)DA< « salsola fétide (Salsola foetida) » ;
voir >ŚAWŚ(IY)ÉLLA<.
/ŚÉŚTA/ « siesta » < latin sexta « sixième (heure) », IQ 21/4/2.
/ŚÉTA/ « herbe aux puces (Inula conyzoides) », métonymie du
latin sæta « soie ; pinceau », BCT 4642.
/ŚÉTE/ « sept » < latin septem, dans les syntagmes /–RRÁDIČE/ «
espèce de chicorée », BCT 2885, et /–ŚÁNA/ « plante
médicinale sans identification sûre », BCT 4891, littéralement
« elle guérit) sept (maladies) », composés avec les résultats
romans du latin rādix, -īcis « racine » et sānat « il guérit ».
/ŚETÉPLA/ « acore (Acorus calamus) » < latin stĭpŭla « tige des
céréales », BCT 4230.
/ŚEW/ « son » < latin sŭus, dans A15, 20 et 28, et féminin /ŚA/
dans H12.
/ŚE(YÉ)TÍN/ « avoine folle (Avena fatua) » < latin sĕges, -ĕtis «
moisson », avec suffixation adjectivale romane, s’il ne s’agit
pas d’une évolution phonétique du suffixe diminutif {+ÉL},
BCT 1936 et 4890.
/ŚI/ « si » < latin si, dans A1, 2, 11, 20 et 30, H2, 9 et 24 ; voir
/KERÉR(E)/ et /KÓMO/.
>sid+ÉLLO< « petit seigneur », diminutif à suffixation romane
de l’arabe andalou /síd/ < arabe /sayyid/, H3.
*>ŚIFÉLYOŚ< « jujubes (fruits de Zizyphus sativa) », BCT 3508 et
4772,454 probablement < latin zĭzўphus < grec ζίζυφον, à
travers une prononciation corrompue */ŚIČÉFOŚ/, avec
métathèse, métanalyse et remplacement du suffixe diminutif
roman {+ÉČO} par {+ÉLL/Y(O)}.
/ŚÍGA/ et >ŚIGÉ/ÍLLA< : voir /ŚÉGA/.
/ŚILIBÁTO/ « cinglé, toqué », métonymie du latin sībĭlātus « qui a
écouté un sifflement », IQ 10/2/1.
/ŚÍŚT(A)RA(Ś)/ « aneth sauvage (Meum athamanticum) », BCT
1624, 2528, 2703, 3071, 3817, 4469, 4528, 4904 et 4907, par
une métonymie, déjà signalée par l’auteur, du pluriel du
latin sistrum < grec σεῖστρον « sistre ».
/ŚO/ « sous » < latin sub, dans A14.
/ŚOBREŚÁWTO/ « sursaut » < latin sŭper et saltŭs, combinaison
néolatine et évolution sémantique de l’idée de « sauter
dessus », A15, mais ce passage est douteux.
/ŚÓL/ « soleil » < latin sōl, -is, dans H3 et IQ 49/5/2 ; voir
/TÓRNA/.
/ŚOLLÁYR/ « tournesol (Chrozophora tinctoria) », métonymie du
latin sōlārĭum « cadran solaire », au lieu de sōlāris herba,
BCT 2086 et 4806.455
>ŚOMALLAD BÉLYAŚ< « espèce de ciste », BCT 4595 et 4902,
littéralement « il brûle les vieilles femmes (voulant se
chauffer avec leur feu) », selon l’explication de l’auteur,
résultat roman du bas latin *submaculare < latin măcŭlāre et
vĕtŭlas ; voir >ENPRÉNYA BÉLYAŚ< et /YÉRBA BÉTERA/.
>ŚONDÉLLA< « espèce de trèfle ou luzerne ; navet sauvage »,
peut-être < latin summĭtās, -ātis « sommité, pointe », BCT
3128 3856 et 4801.
/ŚÓNO/ « mangoustan (Garcinia mangostana) », métonymie du
latin somnus « sommeil », expliquée par l’auteur, BCT 1352.
>ŚOPERBÉLLO< « marjolaine (Majorana hortensis) »,
probablement une suffixation diminutive romane du latin
sŭperbus « superbe », qualificatif déjà classique des fruits
excellents, BCT 3023 et 4603.
/ŚOPLATÁYRAŚ/ « espèce de chardon », suffixation
instrumentale romane ajoutée au résultat du latin su āre «
souffler », BCT 2357 et 4783.
/ŚÓRBAŚ/ « sorbes (fruits de Sorbus aucuparia) » < latin sorbum,
BCT 2229, 4768, 4769, 4771 et 4877, avec une variante /
ŚÉRBA/, dans BCT 4668, qu’on retrouve dans la ḫarǧah d’un
muwaššaḥ par Ibn Lubbūn.456
/ŚÓRDÉL(LAŚ)/ « glandes amères », suffixation diminutive
romane du latin surdus « sourd », car on croyait que sa
consommation provoquait la surdité, BCT 919, 3510 et 4640.
/ŚÚBER/ « chêne-liège (Quercus ilex suber) » < latin sūbĕr, BCT
621, 919, 2192, 4011 et 4646.
/ŚUČAMÉL(E)/ « nom de plusieurs plantes bonnes à sucer » <
bas latin *suc(e)are < latin sūgĕre « sucer » et mĕl, -llis « miel
», BCT 2099, 2327, 2518, 3020, 3078 et 4591. D’où aussi /ŚÚK
BÉNTO/, littéralement « suce le vent », étymologie populaire
de l’iranisme arabe /sakbīnaǧ/ « sagapène (Ferula
scowitziana) ».
/ŚUDADÁR/ « suaire » < latin sūdārĭum, IQ 20/6/4, dans un
passage douteux.
/ŚUWÉDA/ : voir /YÉRBA ŠOLDÁYRA/.

/TA/ : voir /TEW/.


/TAGÁRR/NA/O/ « livèche (Levisticum officinale) », mot
probablement préroman, BCT 1907, 2356, 2552, 2704 et 3727.
/TÁLE/ « tel » < latin tālis, IQ 22/9/4.
*>TALLÁR(E)< « tailler, couper » < bas latin *taleare < latin tālĕa
« rejeton (qu’on coupe) », dans A16 >TÁLLA(D)+ME< « il me
coupe » et, avec suffixation augmentative romane
>TALLÓN< « trognon, tige d’une plante potagère », chez Ibn
Ǧulǧul, selon SG 529.
/TAMARÉŚKO/ « tamaris (Tamarix articulata) » < latin
tămăriscus, BCT 2252 et 2359.
/TÁN(TO)/ « si grand que » < latin tantus, H1, 3, 9, 18 et 23.
/TÁPARAŚ/ « câpres » < latin cappăris < grec κάππαρις, dans Ibn
Buklāriš, selon SG 530.
/TARAKONTÍYYA/ « serpentaire (Dracunculus vulgaris) » < latin
drăcontēa ou drăcontĭum < grec δρακόντιον, BCT 985, 2268 et
2743. Une corruption populaire du mot arabe andalou
/aġraquntiyya/ ou /ġarġantíyya/ semble avoir été générée par
l’utilisation de cette plante pour le traitement des râpes des
bêtes, < roman andalou /AGREG/KÓN/, q.v. sous /AGROGÓN/.
/TARAŚÉNNA/ « espèce d’aurone », cultisme des botanistes,
peut-être une métonymie du latin tra(n)senna « lacet, filet ».
/TARAYÉR(E)/ « (ap)porter, amener » < latin trăhĕre, dans A30
/TARÁYE/ « porte ». D’où aussi /TARAYTÓR/, littéralement «
goupillon, brosse », nom alternatif de la centaurée, q.v. sous
/BAZÍNO/.
/TÁRTAK(O)/ « épurge (Euphorbia lathyris) », peut-être une
métonymie du bas latin tartareus « infernal » (cf. le
synonyme castillan higuera del infierno = tártago), avec
suffixation attributive romane, s’il ne s’agit pas d’une
évolution phonétique du latin lāthўr(is),-ĭdis,457 BCT 1049,
1153, 1411, 1723, 2256 et 5126.
/TÁRTAR/ « tartre » < bas latin tartarum, BCT 1411, 2256 et 5126.
/TÁWČ/ « sparte, alfa (Stipia tenacissima) » < latin hispanique
taucia, d’origine préromane, BCT 1940 et 2281 ; cf. le
castillan atocha, à travers l’arabe andalou et avec
agglutination de l’article arabe. D’où aussi le diminutif
/TOČÉLLO/A/ « espèce d’armoise (Artemisia herba alba) ».
/TAWTANÉL/ « sorte de rhume » < latin tābĭtūdo, -ĭnis «
consomption », avec suffixation diminutive romane, chez
Ibn Wāfid, selon SG 537.458
/TÁḪŠ/ « if (Taxus baccata) » < latin taxus, BCT 1782, 2248 2331,
2677, 3051 et 4888.
/TE/ « te, toi » < latin te, tibi, dans A25 et 40, H 16 et 25.
/TÉDA/ : voir /(EN)TÉDA/.
/TÉDYO/ : voir *>TÓLLER(E)<.
/TELLÍŠ/ « arroche (Atriplex halimus) » < latin ātrĭplex, -ĭcis,
probablement contaminé par trĭlix, -īcis « tissu de trois fils »,
par une métonymie, puisqu’on utilisait cette plante dans les
haies, BCT 1032, 3028, 3507, 3923 et 3972.
*/TENÉR(E)/ « (sou)tenir ; avoir » < latin tĕnĕre, dans H19
/TENÉŚ/ « vous tenez », A2 /TENRÁD/ « il aura », A23 et H8
/TÉNKAŚ/ « que tu tiennes », H11 /TENÉD/ « tenez », et H26
/TÉNE/ « tiens » (passage douteux).
>TENNÍTA< « absinthe », littéralement « teinte », BCT 572, 2294
et 4692, participe régulier du verbe roman dérivé du latin
tingĕre, cf. le castillan teñida.
/TÉRRA/ : voir /KAPOT(Y)ÉRRA/.
/TERÉBOLO/ « trèfle (Trifolium pratense) » < latin trĭfŏlĭum, BCT
1989, 2288 et 3128.459
/TERÉDNO/ : voir /LÉYTE/.
/TERÉMOLA/ « brize (Briza maxima) », < latin trĕmŭla «
tremblante », BCT 2354.
/TERÉŚ ÁYREŚ/ « nom de lieu dans le district de Tortosa »,
littéralement « trois airs », BCT 3022, < latin trēs et āĕr, -is.
On en retrouve le premier constituant dans /– PÉDEŚ/ «
espèce de chicorée », BCT 4569 ; voir /PÉDE/.
/TERMÉŚ/ « variété de blé » < latin trĭmensis « qui pousse en
trois mois », BCT 1655, 2302, 2303 et 4634.
/TÉRNA/ ou /TIRÍNA/ « pensée (Viola tricolor hortensis) » < latin
terna et trīna respectivement, féminins du distributif et
multiplicatif de trois, synonymes dans cet acception, BCT
2320, 2690, 3987 et 4224.
/TERPÉČ/ « espèce de jonc », métonymie de l’arabe andalou /
ṭirpíč/ « candélabre », < bas latin tripedium < latin trĭpēs, -
pĕdis « trépied ».460
/TEW/ « ton, tien » < latin tŭus, H12, et féminin /TA/, H25 et IQ
86/9/3.
/TEYÁTO/ : voir /ÚBA/.
/TEYMÁT/K/ « espèce de chardon (Carduus pycnocephalus) »,
peut-être un dérivé à suffixation participiale ou moins
souvent péjorative du latin tĕgĭmen « cuirasse », à cause de
ses épines, BCT 1125, 1156, 1593, 1594, 1631, 4273, 4852, 4911
et 4991.461
/TI/ « toi » < latin te, dans A1 et H25 /A(D) –/ « à toi ».
/TINTÓRYA/ « anil (Indigofera tinctoria) » < latin tinctōrĭa «
tinctoriale », probablement un cultisme des botanistes, BCT
3094 et 3131.
>TÍNY/NA< « cuscute (Cuscuta epithymum) » < latin tĭnĕa, BCT
557, 2321, 2522 et 4173, aussi dans le syntagme >YÉRBA DE
TÍNNA< « euphorbe monnoyer (Euphorbia chamaesyce) »,
BCT 5087.
*/TIRÁR(E)/ « tirer ; perdre », mot néolatin à étymologie très
problématique,462 dans A15 /TIRÉY/ « j’ai perdu » (passage
douteux).
/TIRÍDKO/ « blé (Triticum vulgare) » < latin trītĭcum, BCT 1655 et
2313, aussi avec suffixation adjectivale romane dans
/TIRIDKÁYRA/ « espèce de sison (Liguisticum lucidum) », BCT
1376, 1936, 2314 et 2356, et dans le syntagme /–MONTÓZA/ «
espèce d’ivraie (Lolium rigidum) », BCT 1936 ; voir /FÍKO/ et
/zanbúqa/.
/TÍYA/ « tante ; proche », féminin du bas latin t/h/īus < grec θεῖος
ou directement de θεία, H12.
/TOČÉLLO/A/ : voir /TÁWČ/.
/TÓKCIKO/ « aconit (Aconitum ferox) » < latin toxĭcum < grec
τοξικόν « poison des flèches », cultisme des botanistes, BCT
2315, 2339 et 2351.
*>TOLLÉR(E)< « soulever, tirer » < latin tollĕre, dans A40 >NON
T+EM TÓLYA< « ne me quitte pas », H16 /NON TE TOLGAŚ/ et
IQ 75/9/4 >NON TE TÓLYA< « ne t’en va pas », et dans le
syntagme >TÓLLE(D) TÉDYO< « basilic sauvage (Calamintha
acinos) », < latin tollet tædĭum « il dégoute », à cause de son
odeur, BCT 2310.
>TÓLLO< et >TUWÉLLO< « berse (branc-ursine) (Heracleum
spondylium) », probablement abrégé d’un syntagme dont le
deuxième constituant était le latin tullĭus « cascade » ou le
celte tullus « trou », puisque cette plante pousse dans les
marais, cf. le castillan tollo de même sens, BCT 2361, 2528 et
4411.
>TOM(IY)ÉLLO< « thym » < latin thўmum/s < grec θύμος, avec
suffixation diminutive romane, BCT 2283, 3203 et 4256.
/TOMENTÉL/ = >TOMENT(IY)ÉLLO< « tormentille (Potentilla
tormentilla) » < latin tōmentum « tout ce qui sert à
rembourrer », avec suffixation diminutive romane, BCT
2299, 3316 et 3819.
/TÓNKA/ : voir */RRONPÉR(E)/.
/TÓRA/ « aconit ((Aconitum ferox) » < bas latin thora < grec
φθορά « ruine » ; voir /ÁNTOLA/ et /YÉRBATÓRA/.
/TÓRBA LÓPA/ « molène (Verbascum species), syntagme roman
dérivé du latin turbat lŭpam « il effraie la louve », à cause de
sa toxicité, BCT 980, 982,1957, 1958 et 2295.
/TORBÉŚKO/ « garou (Daphne laureola) » < bas latin turbiscus,
BCT 2287, 3021 et 3022.463
/TORDÁL/ « sorte d’olive », suffixation adjectivale romane du
latin turdus « grive », véritable fléau des olives mûres, BCT
2230.464 D’où aussi /TORDÍČ(A)/ « espèce d’oseille », à
suffixation romane péjorative, appelée ainsi à cause de sa
couleur, BCT 245, 1661, 2087, 2286, 2486 et 4242, et
/TORDÓNA/ « espèce de galanga », à suffixation romane
augmentative, BCT 1385 et 2259 ; voir aussi /KAPÉC/ et
/PÉDE/.
*/TORNÁR(E)/ « retourner, revenir » < latin tornāre « tourner »,
dans H9 /TORNARÁD/ « il reviendra », A21 /TORNÁDE/ «
retourné », et dans les syntagmes où le premier constituant
est l’impératif de ce verbe, /TÓRNA LÉYTE/ « plante non
identifiée dont les vapeurs font couler le lait caillé dans les
pis des brebis », BCT 2358, /TÓRNA MARÍTO/ « anis ; radis
sauvage, etc. », où le deuxième constituant reflète le latin
mărītus « mari », puisque ces plantes parfument l’haleine
des femmes, qui peuvent ainsi récupérer leurs maris
dégoutés, BCT 583, 2352, 2363, 2371 et 2584, /TÓRNA
MÁTRE(Ś)/ « hellébore noir ; matricaire », BCT 1161, 1789 et
3013, où le dérivé du latin mātĕr signifie l’utérus, tout
comme parfois le castillan madre, et /TÓRNA (AD) ŚÓL/ «
tournesol », où le deuxième constituant a été expliqué sous
ŚÓL, BCT 60, 1083, 1098, 1439, 1443, 2009, 2304, 2341, 2355,
2389, 2936, 2850, 3303, 3475, 3654, 3995, 4010, 4515, 4700,
4702, 4708, 5075 et 5115.
/TORTOLÁYRA/ : voir /YÉRBA–/.
/TOŚTÓN/ « rôtie de pain dur ou de la vieille » < latin tostus «
grillé », avec suffixation augmentative romane, IQ 90/14/4 ;
cf. le castillan tostón.
/TÓTO/ « tout, entier » < latin tōtus, IQ 5/7/2, et féminin /TÓTA/,
dans A23 et H8.
/TÓYO/A/ ou /TUWÉY/ « genêt épineux (Ulex europaeus) »,
probablement un mot préroman, BCT 1042, 1375, 2290, 3955
et 5056.
/TÚ/ « tu » < latin tū, A2, 5 et 33, H17 et 19, et IQ 10/2/2 et
102/47/2 ; voir */LÉTAR(E)/.
/TÚBA/ « onoporde (Onopordum acanthium) », métonymie du
latin tŭba « trompette », selon l’auteur, BCT 56, 407, 971,
1631, 2357, 2458, 2691, 3402, 4127, 4276, 4412, 4783, 4844,
4861 et 5105.
/TUBRAYRÓLA/ « consoude (Symphytum officinale) » < latin
tūbĕr « truffe », BCT 2353, 4897 et 4909, avec suffixations
instrumentale et diminutive, aussi appelée /ŚÉ/ÍGA/ et
>YÉRBA DE RONNÓNEŚ<, q.v. ; son premier nom est allusif à
son association avec les champignons poussant près de ses
racines, comme l’exprime clairement son nom arabe
>ḥašīšatu+ l+kamɁah< « herbe des champignons ».
/TÚBRAŚ/ : voir /TÚRBAŚ/
/TUMÓN/ « timon d’une charrue » < latin tēmo, -ōnis, chez Ibn
Al-ʕAwwām, selon SG 584.
/TÚR/ : voir /BONTÓRKA/, /ŚENTEŚTÚRA/ et /YERBATÓRA/.
/TÚRBAŚ/ ou /TÚBRAŚ/ « truffes (Tuber Micheli) », avec
métathèse optionnelle du latin tūbĕr « truffe », BCT 2269 et
2580.
/turrah+ÁYRA/ « bagatelle », suffixation instrumentale romane
attachée à l’arabe /turrahah/ de même sens, A33.465
>TUWÉLLO< : voir >TÓLLO<.

/ÚBA/ « raisin » < latin ūva, BCT 2521 et 3494, aussi dans les
syntagmes qualificatifs /– KANÍNA/ = /– RÓŚTEKA/ « espèce
de joubarbe », littéralement « raisin de chien / rustique »,
BCT 461, 1624 et 3581, < latin cănīnus et rustĭcus,
respectivement, et le synonyme dans un syntagme de rection
dont le premier constituant est le diminutif, >UBYÉLLA DE
TE(L)YÁTO<, littéralement « petit raisin des toits », BCT 1624,
avec un deuxième constituant tiré du latin tēgŭlātus, cf. «
joubarbe des toits (Sempervivum tectorum) ». On retrouve le
pluriel de ce diminutif, >UBÉLLAŚ< « bryone blanche
(Bryonia alba) », attribué à la Marque Supérieure, BCT 217.
/ÚBRE/ « pis » < latin ūbĕr, aussi dans le dérivé /UBÉYRA/, avec
chute haplologique du premier /r/, peut-être « espèce de
centaurée (Centaurea collina) », tous deux dans BCT 2358.
/UBRÚFOL(EŚ)/ « buffles » < latin būbălus < grec βούβαλος, dans
Ibn Buklāriš, selon SG 554, cf. le catalan brúfol.
/UN/ « un (article indéfini) » < latin ūnus, A21 et IQ 102/5/1, d’où
aussi /ÚNO/ « quelqu’un », IQ 13/14/1, et l’adverbe /EN ÚNO/ «
ensemble », H24, et son féminin /ÚNA/, IQ 82/10/1.
*/UNÍR(E)/ « joindre » < latin ūnīre, voir *>AYUNNÉR<.
>UNYA< « ongle » < latin ungŭla, dans les syntagmes >– DE
GÁTO<, « scorpiure (Scorpiurus vermiculatus) »,
littéralement « ongle de chat », BCT 304, 599, 1476, 2364,
2981 et 3980, >– DE KABÁLLO<, « espèce de plantain
(Plantago serraria) », littéralement « ongle de cheval », BCT
2364, et >– DE LÓPO< « croton (Croton tiglium) », correction
nécessaire des graphies des manuscrits >and/ḏāl lbh<,
littéralement « ongle de loup », BCT 229 et 5126.

/WÉCPOC/ « hyssope (Hyssopus officinalis) » < latin hyssōpus/m


< grec ὕσωπον, à travers une prononciation vulgaire romane
*/ÓCOPOC/ de ce cultisme des botanistes, BCT 2228 et 5002.
>WÉLYO< « œil » < latin ŏcŭlus, dans le pluriel >WELYOŚ<, H18,
et dans le syntagme >WÉLYO NÉGER< « espèce d’ortie (Urtica
urens) », littéralement « œil noir ». BCT 1621 et 4988 ; voir
*>APRÍR(E)<, >BOBÓLYO< et */NÉGRO/.
/WÉRC/YO/ « orge (Hordeum vulgare) » < latin hordĕum, avec
deux résultats différents du group /dy/, reflétant les
divergences dialectales du roman andalou,466 BCT 1655.
/WERKÁT/ « variété d’olive », probablement < latin orchăs, -ădis
< grec ὀρχάς, BCT 2230.
/WERTÁNO/ et /WERTÁYRA/ : voir /RRÚTA/, /ORÉGANO/ et
/YÓNČA/.
/WÉŚŚOŚ/ : voir >AFRÁNN/YE<.

/YÁ/ « déjà » < latin jam, A3, 6, 8 et 37, H6, 17, 18 et 23.
/YÁNA/ « porte » < latin jānŭa, H14, d’où aussi /YANNÁYR/ «
janvier », avec suffixation déjà latine, IQ 40/9/1 et 72/0/2, et
selon SG 609.
/YÉDKO/ « hièble (Sambucus ebulus) » < bas latin educus,
sémantiquement contaminé par ĕbŭlus/m, BCT 164, 967,
1595, 1743, 2089, 2170, 4880 et 5125.
/YÉDRA/ « lierre (Hedera helix) », BCT 226, 984, 1589, 3749, 3959,
4141, 4179, 4253 et 5122, < latin hĕdĕra, aussi dans le
syntagme /–NÉGRA/, BCT 4253 ; voir /ÉDRA/ et >WÉLYO<.
/(Y)ENÉŚTA/ « genêt d’Espagne (Spartium junceum) » < latin
gĕnista, aussi dans les syntagmes /– PORKÁYRA / PORKÍNA/ =
/– DE PÓRKO/ « espèce de genêt (Genista polyanthos) »,
littéralement « genêt de porc », tous dans BCT 2115, et dans
le diminutif >YENEŚTÉLLA< « queue de cheval (Equisetum
arvense) », BCT 438, 559 2115, 4818 et 5109 ; voir /PÓRKO/.
/YÉNDRO/ « aneth sauvage (Meum athamanticum) », résultat
d’un diminutif roman du latin ănēthum < grec ἄνηθον, cf. le
portugais endro, BCT 3038.
/YÉRBA/ « herbe » < latin herba, dans les syntagmes : /–
AŚPLÉNI/ « asplénie, doradille (Asplenium) », attributif
arabe du latin asplēnŏs < grec ἄσπληνος, BCT 2362, 3092 et
5069 ; /– AWNÉLLA/O/ « espèce de poireau », littéralement «
herbe de l’agneau ou de l’agnelle », BCT 985, 1946, 4899 et
5079, < latin agnella et agnellus ; /– AWRÁTA/ « pourpier
(Portulaca oleracea sativa) », voir /MÁLBA(Ś)/ ; /– BÉTERA/ «
absinthe (Artemisia absinthium) », BCT 5060, < latin vĕtus,
-ĕris « vieux », voir >ENPRÉNYA BÉLYAŚ< ; /–DE FÉL/ « petite
centaurée (Erythreaea centaurium) », littéralement « herbe
de fiel », BCT 4231 et 5103, < latin fĕl, -ellis ; /– DE FÓKO/ «
espèce d’euphorbe, lierre, dentelaire, etc. », littéralement «
herbe de feu », BCT 2089, 2745, 4899, 5086 et 5126, < latin
fŏcus « foyer » ; /– DE LÚNA/ « espèce d’anil », BCT 5023,
littéralement « herbe de lune », < latin lūna ; /–DE MÚLA/ «
luzerne (Medicago sativa)», BCT 5072, littéralement « herbe
de mule », < latin mūla ; >– DE RONNÓNEŚ< « consoude
(Symphytum officinale) », BCT 4909 et 5074, littéralement «
herbe des rognons », < latin rēnes, avec suffixation
augmentative romane ; /– DÓLČE/ « réglisse (Glycyrrhiza
glabra) », BCT 3470 et 5070, littéralement « herbe douce », <
latin dulcis ;467 >– GALLÉŚKA< « doronic (Doronicum
cordatum) », BCT 1944 et 5063, voir /RRÁBANO/ ; /– MÁWRA/
« chardon roulant », voir /MAWRÉNO/ ; /–MÚREKA/ « cerfeuil
musqué (Myrrhis odorata) », BCT 5113, < latin myrrha < grec
μύρρα « myrrhe », avec suffixation adjectivale romane ; >–
POD(OL)LÁYRA / PODOLYÁR< « herbe aux poux (Delphinium
staphisagria) », BCT 1382, 1448 et 5066, < latin pēdŭcŭlārĭa, à
suffixation adjectivale romane ; /– PÓTRA / POTRÁYRA/ «
espèce de luzerne ou trèfle » BCT 2485 et 5073, < bas latin
*pullitru, avec omission de la préposition de génitif dans le
premier cas, et avec suffixation adjectivale romane dans le
deuxième ; /– PÓNTA/ « grémil des champs (Lithospermum
arvense) », < latin puncta « estocade », BCT 5080, car on
traitait avec elle les douleurs aigües des côtés ; /(–) PÚT/DDA/
« trèfle fétide, fenouil sauvage, absinthe », BCT 4256 et 5114,
< latin pūtida « fétide », également avec le préfixe itératif
{RRE+} dans /–RROPÚDDA/ « espèce de tournesol » ;468 /–
KAKKÓŚA/ « mercuriale (Mercurialis annua) », suffixation
adjectivale romane du latin căco « aller à la selle », BCT 773,
1532, 2697, 5061 et 5062, car elle est très laxative ; /–
KÁRDENA/ « espèce d’anil sauvage », BCT 4584, < bas latin
cardinus « bleuâtre », compris par l’auteur comme « noire »
;469 /– KERÉŚPA/ « pouliot de montagne (Teucrium polium) »,
< latin crispus « crépu, frisé », BCT 1382 et 5065 ; /–
KOLO(N)ČONÁYRA/ « mille-pertuis (Hypericum) », BCT 4976
et 5078, suffixation augmentative et adjectivale romane du
latin cŏr, -dis « cœur », témoignée aussi par /KORAČÓN/ dans
A12 et 41 et H5 et 9 ; /– ŚÁNA/ « branche ursine (Acanthus
mollis ou spinosus) », < latin sānus « sain », BCT 86, 934,
1901, 2102, 2972, 4891 et 5117 ; /– ŚOLDÁYRA/ ou /ŚUWÉDA/ «
consoude (Symphytum officinale) » < latin consŏlida, chez
Ibn Buklāriš, selon SG 605 et BCT 974 et 4641 ; et /–
TORTOLÁYRA/ « tournesol (Chrozophora tinctoria) », BCT
5075, suffixation adjectivale romane du latin turtŭr, –ŭris «
tourterelle » ; voir /BÉNKA/, /BOPUČÍNA/, /ÉBRO/,
>MOŚKÉNNO<. /PULKÁYRA/, >TÍNYA< et /YÉRBOLA/. D’où
aussi les syntagmes /YÉRBOLA ḥulwah/ « bétoine (Stachys
betonica) », diminutif roman hybridé avec le mot arabe
signifiant « douce », et /YERBÁTO/ = /YERBATÓR(A)/ «
saponaire (Saponaria officinalis) », résultat du latin herba
tūs ou tūris, littéralement « herbe d’encens », BCT 1661, 3195,
3576, 4749 et 5088.
/YÉRBATO/ « arbousier (Arbutus unedo) » < latin arbŭtus,
contaminé par /YÉRBA/, q.v., BCT 1374 et 5083, aussi dans le
pluriel /YÉRBOTOŚ/, chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 610.
/YERBATÓR(A)/ : voir /YÉRBA/.
/YÉRBOLA/ « hellébore (Helleborus albus ou fœtidus) », BCT
2506, < latin hellĕbŏrus, phonétiquement contaminé par
/YERBÓLA/, q.v., sous /YÉRBA/.
>YERMANÉLLAŚ< « petites sœurs », suffixation diminutive
romane du résultat du latin germāna (sŏrŏr) « vraie sœur »,
H4.
/YILÁKA/ : voir /ARČILÁKA/.
/YIRÁNTE/ « cardon roulant (Eryngium campestre) », BCT 3817,
< latin gȳrans, -tis « tournant », également dans la suffixation
diminutive romane >YIRANTÉLLA<, BCT 5107.
/YÓNČA/ « souchet (Cyperus esculentus) », BCT 4522 et 5081, <
latin juncĕa « de jonc », adjectif dérivé de juncus, d’où
/YÓNKO/.470 Il y a aussi le syntagme /YONČA WERTÁYRA/, «
variété de souchet », BCT 4522, littéralement « souchet de
jardin potager » ; voir /RRÚTA/.
>YÚLYO< « juillet » < latin jūlĭus, selon SG 618.
>YÚNNE< : voir >AYÚNNE<.
>YÚNYO< « juin » < latin jūnĭus, selon SG 618.

>zaʕfaran+ÉLLO< « grémil des champs (Lithospermum arvense)


», BCT 804, 2337 et 3231, hybridation du nom arabe du
safran avec le suffixe diminutif roman, traduisant le
diminutif arabe /zuʕayfirāʔ/, son synonyme.
/zanbaq+ÁYRA/ « iris (Iris) », hybridation du nom arabe de cette
fleur avec le suffixe instrumental roman, BCT 987, 988 et
2195.
/zanbúqa MONTÓZA/ « épine-vinette (Berberis vulgaris) », BCT
541, syntagme composé de la forme hypocoristique
andalouse de l’arabe /zanbaq/ « jasmin », avec un adjectif
roman, q.v. sous /FÍG/KO(Ś) ; voir /EŚKÍNO/ et /TIRIDKÁYRA/.
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Endnotes
1
Pour le berbère, voir la note 3 du chapitre 1 ; pour les étymologies romanes, voir le vocabulaire à la
fin de l’ouvrage.
2
Lapesa 1980 : 71 mentionne des citations folkloriques ou pédagogiques par des auteurs cultivés, ainsi
que des inscriptions ou des textes négligés, etc.
3
Il y a beaucoup d’anecdotes à propos de l’aversion des Andalous envers la langue berbère et leur
incapacité ou leur manque d’intérêt à l’apprendre, comme celle rapportée par Ibn Marzūq Attilimsānī
dans son Almusnad alḥasan fī maʔāṯir mawlānā Abīlḥasan, p. 344, selon laquelle le savant Abū
Marwān b. Zuhr aurait demandé à l’un des califes almohades la permission d’apprendre le berbère,
ainsi que son aide, puisqu’il était à son service au Maroc, mais ne put en apprendre que deux mots,
>ʔwš< (lisez awi+š) « amène (et) donne » et *arnu (lisez arni) « augmente cela », qu’il employa
ensuite pour obtenir d’eux un premier et un deuxième cadeau de son maître et seigneur, amusé,
semble-t-il, par l’incapacité et l’effronterie de son sujet andalou.
4
À ce propos, on peut citer Justinard 1926 : 1 : « étudier le berbère, c’est donc d’abord étudier un
dialecte de la langue berbère ».
5
Voir d’autres détails chez Applegate 1970 : 586–588.
6
Dans Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1432–1433, on recense 115 termes d’origine berbères
empruntés par l’arabe andalou, auxquels il faut ajouter les phytonymes cités par les botanistes (mais
dont l’usage en arabe andalou courant était peu probable) ; dans Ferrando 1997, ce total était de 82 ;
il était de 62 dans Corriente 1997a, alors qu’il s’élevait à 15 dans Corriente 1981. Ces chiffres sont
susceptibles d’augmenter au fur et à mesure de l’avancée des recherches sur ce sujet. Ces chiffres
sont très éloignés du nombre d’emprunts romans par l’arabe andalou : ce qui paraît raisonnable,
compte tenu des données démographiques connues.
7
Voir le diagramme comparatif de Corriente 2008 : 28–33, où il faut déplacer d’une position à droite
la ligne de séparation entre les consonnes sonores et sourdes, à la page 32, à cause d’une erreur
typographique. D’autre part, pour le berbère, voir le diagramme dans Applegate 1970 : 604.
8
Voir I.M. Diakonoff 1988 : 34.
9
Qu’on peut aussi analyser comme des phonèmes suprasegmentaux de tension : voir, par exemple
dans Applegate 1970 : 604. On peut se demander si la réalisation pharyngalisée de ces phonèmes en
berbère, au lieu des éjectives ou des glottalisées originelles du phylum, est une conséquence de
l’arabisation ou un cas de coïncidence polymorphique dans l’évolution de ses membres.
10
Par exemple dans l’agglutination de l’article arabe, a la façon du préfixe nominal de classe berbère
(voir Corriente 2008 : lxv-lxxi). On peut aussi se demander s’il n y a pas une influence sur les
langues hispaniques du roman parlé par ces nombreux berbères-là : dans la présence d’un système de
démonstratifs à trois degrés de deixis (cf. Aspinion 1963 : 92) ; dans l’utilisation du féminin (qui est
aussi diminutif dans tous les parles berbères, cf. Aspinion 1963 : 13) pour exprimer des objets plus
petits que le masculin, comme dans le castillan jarra≠o, cesta≠o, canasta≠o, etc. ; et, finalement,
dans la présence simultanée de deux verbes prédicatifs (cf. castillan et portugais ser ≠ estar, berbère
illa ≠ iga, cf. Aspinion 1963 : 84), une coïncidence très particulière (voir la bibliographie dans
Lapesa 1980 : 400–4001).
11
Sauf, pour le /t/, dans le cas isolé et douteux du nom d’une espèce d’oseille (Rumex papillaris)
>iṯrār< dans Abulḫayr Alʔišbīlī, nº 187 ; et, comme exemples de rhotacisme, les cas de maġl «
angustiari » dans le Vocabulista in arabico < mġǝr (voir Corriente 1989 : 288) et cormúç < agelmus
« sorte de bonnet ou chaperon » dans le dictionnaire du dialecte grenadin de Pedro de Alcalá (selon
Corriente 1988 : 165) ; et peut-être taraḫṣa < tlǝxṣa « un mets de fèves », selon Corriente 1997 : 76,
plus connu au Maroc aujourd’hui comme bēṣāṛ(a), sans doute un emprunt au dialecte arabe égyptien
bisāra ou buṣāra : un mot d’origine copte (pise arō « coction de fèves », selon Corriente, Pereira &
Vicente 2017 : 202), qui existe aussi en arabe andalou et qui est mentionné par Dozy dans son
Supplément avec d’autres graphies alternatives et notamment avec un /f/. Mais, dans tous les cas, les
phénomènes d’échange entre /r/ et /l/ sont fréquents dans la plupart des langues du monde et peuvent
parfois avoir être un transfert du roman andalou, comme dans le berbère tagarni/unt < roman ou dans
le bas-latin *carlina < latin cardina « pissenlit ». On pourrait aussi suspecter que les cas où le latin
/k/ est reflété comme un /h/, comme dans ahǝrkus < calceus « soulier » et dans urkimǝn < farcīmĕn «
mets de tripes » soient le résultat final infra-correct d’une évolution du /k/ spirantisé, c’est-à-dire /ḵ/ ;
et, pour l’évolution du /k/ pan-berbère en /š/ chez les Zénètes, il y a un possible cas dans l’andalou
aġraš « plus astucieux », s’il s’agit d’une évolution sémantique d’une expression comme le rifain
ġar+ǝš « prends garde ! », vs. le kabyle ġur+ǝk et, dans les dialectes du Moyen Atlas, ġira+ak «
attention ! », dans lesquels le /k/ du suffixe pronominal est préservé sans altération. Dans tous les cas,
cette tournure berbère a été assez générale pour générer son calque maghrébin ʕandǝk (voir Prémare
1996 IX : 256).
12
Graphie chez Alcalá, à interpréter comme *sumáqa ; cf. le marocain smāga, selon Colin 1999 : 49 ; il
s’agirait d’un mot dérivé de la racine berbère {gs}, selon Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 660. La
présence ici de quelques cas ou le préfixe des noms d’instrument ayant pris la forme s+u imite la
construction des phrases avec la préposition homophone s, exigeant la forme d’annexion avec le
substantif suivant, c’est-à-dire la substitution par u+ de la marque de classe nominal a+, pose la
question d’une possible isoglosse dialectale ou d’un phénomène d’incorrection chez des gens
bilingues en arabe et berbère.
13
Voir Corriente, Pereira & Vicente 2015 : 53, note 143.
14
Selon T. Lewicki 1953, dans un exposé assez détaillé qui permet de constater la faiblesse des données
latines lorsqu’on sort des régions orientales du Maghreb et quand on approche l’Occident.
15
Voir le cas des emprunts fréquents au français selon Chaker 1984 : 86.
16
Cf. le marocain hǝrgma, dont Prémare 1999 : 54 donne plusieurs recettes. On a parfois exagéré le
nombre de ces emprunts du berbère au latin. Par exemple dans chez Laoust 1939 : 6, les étymologies
suivantes ne sont pas correctes : aġelmus « capuchon » < călymma « sorte de voile », en fait du grec
χλαμύς, à travers l’araméen (voir Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1058) ; aġursel « champignon
» < ăgărĭcum, plutôt de racine berbère {grsl} « être dur ou sec » ; asarut « aiguille » < sĕra « serrure
», malgré sa dérivation très régulière comme nom d’instrument à partir de la racine berbère ar.
17
Devenu {+a} en néo-arabe, hormis l’état d’annexion, où le /t/ est ajouté même dans les mots dont le
dernier phonème dérive de /à/ ou /aʔ/, comme dans maʕnāt+u « sa signification », au lieu du
classique maʕnā+hu, et kibriyāt+u « son arrogance », au lieu du classique kibriyāʔ+uh.
18
Avec quelques exceptions, comme la variante >(u)sarġant< dans l’ouvrage de botanique cité
d’Abulḫayr, au lieu du tāsarġant dans le Supplément de Dozy, tiré du berbère ta(w)sǝrġint « espèce
de télèphe (Corrigiola telephifolia) ». L’arabe marocain a aussi sǝrġēna, selon Prémare 1995 VI : 79.
19
En fait, les emprunts berbères à l’arabe gardent souvent l’article de cette langue au lieu d’adopter le
préfixe de classe nominale caractéristique, comme dans lbur « terre en friche » < bawr, laḥazam «
ceinture » < ḥizām, lkuar « pastèque » < marocain kuwwāṛ et loġbar « fumier » < ġubār ; dans les
cas d’une berbérisation plus avancée, l’article est remplacé par ce préfixe, comme dans afliǧ « bande
de la tente » < falīǧ et aǧmuaʕ « réunion » < ǧumʕah pour le masculin, et dans lġabt « forêt » <
ġābah et ǝddunit « le monde » < dunyā pour le féminin (selon Laoust 1939 : 7). On a suggéré qu’une
telle situation expliquerait les emprunts castillans et portugais, plus rarement catalans, avec
agglutination de l’article des mots arabes, comme appris par des berbères bilingues dans les premiers
siècles de l’arabisation d’Al-Andalus. Néanmoins, on note un cas de préservation du préfixe {i+},
probablement devenu {a+} dans le nom du nerprun chez Abulḫayr, >ʔmalylls<, c’est-à-dire <
berbère imlillǝs, donné par cet auteur comme nom berbère équivalent de l’arabe ṣufayrāʔ et
confirmé par Šafīq 674.
20
Le cas où le /g/ berbère est rendu par /q/ dans quelques mots arabes, selon la prononciation sonore
des dialectes bédouins, différent du phonème sourd du taǧwīd ou prononciation classique pose la
question des anciennes réalisations de ce phonème, à propos de laquelle voir Cantineau 1960 : 67–71
et, pour l’arabe andalou, Corriente 1977 : 53, qui rapporte des cas de transcription romane avec une
prononciation sonore qu’on ne pourrait pas attribuer à l’assimilation en contact ou à distance.
21
Voir Greenberg 1955 et Corriente 1971 : 107–110, à propos des pluriels brisés marqués avec
infixation d’un {+ā+}. Mais voir une autre hypothèse morphologique dans la note 26.
22
Néanmoins, il est peu probable que ces deux mots soient connus d’une majorité d’Andalous,
puisqu’ils sont inclus dans le zadjal nº 41 d’Ibn Quzmān (7/3 et 7/3–4), adressé à un prince
almoravide, qui était connu pour se vanter de connaître plus des langues qu’il n’en connaissait
vraiment, et qui introduisait des mots berbères ou romans respectivement, à la façon d’un appel
phatique, lorsqu’il louait des personnes parlant ces langues, dont il n’avait qu’une connaissance
superficielle, surtout dans le cas du berbère. Dans le premier cas, le berbère aškd a été altéré et
métanalysé comme une phrase arabe andalouse *áš kádd « quelle hâte ! » ; quant à árra, le cas est
plus compliqué, selon Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 27, note 93.
23
Dialecte du moyen Atlas, pour lequel aussi Šafīq 354–355 a le pluriel myunnan et les noms verbaux
timǝnna, imǝnnan, imunnan, etc.
24
Ainsi chez Šafīq I-412.
25
Nom donné à cette plante à cause de ses vertus obstétriques.
26
En fait, une autre variante >mas/zmaqūrah< décèle une arabisation plus complète de ce mot.
27
Ferrando 1997 comptait 82 mots berbères dans les sources andalouses, mais, parmi eux, un nombre
considérable de noms de plantes mentionnés par les botanistes qui n’aurait jamais été assimilé par
l’arabe andalou. Quant au nombre des berbérismes passés dans les langues ibéroromanes, il est bien
moindre, ne dépassant pas la trentaine.
28
Selon Kiesler 1994 : 74–75, dans un échantillon sélectionné d’emprunts romans à l’arabe, les taux
seraient : pour le castillan, 89 substantifs, 5 adjectifs, 2 verbes et 4 mots invariables ; pour le catalan,
66 substantifs, deux verbes et deux mots invariables ; pour le portugais, 90 substantifs, 9 adjectifs, et
un seul mot invariable. Ces proportions semblent à peu près correctes et même déceler un universel
linguistique, bien qu’un calcul sur le total de ces emprunts dans les derniers ouvrages fasse
probablement d’augmenter les taux de verbes, des adjectifs et des mots invariables.
29
Ainsi, par exemple dans agǝllid est toujours reflété comme >qillīd< « roitelet », afenniš « camard »
comme >finnīš< « mule » (avec une évolution sémantique métonymique), amǝzwar comme
>mizwār< « chef » et amzad comme >mazad< « école coranique », ou pour le féminin, tamzurt
comme >muzūrah< « tresse de cheveux » et tasarġint comme >sarġant< « espèce de télèphe », avec
plusieurs exceptions, telles que afrag comme >afrāq< « enclos des tentes du souverain » et agzal
comme >aqzāl< « épieu », ce qui est plus fréquent dans les féminins, où le préfixe ne pouvait pas être
si facilement analysé comme une sorte d’article, comme dans tamǝġra reflété comme >tamaġrah< «
banquet », tagra(t) comme >tāqrah< « terrine », tištawǝn comme >tištāwun< « polypode », etc. Il y a
aussi des cas particuliers, como mákn (transcription phonématique de mácan, chez Alcalá) qui
refléterait le pluriel imakan du berbère amaka « étalon », avec perte du préfixe pluriel de classe. Voir
Corriente 1977 : 55–61, à propos du rôle de ce système logématique de classes nominales,
caractéristique de plusieurs langues africaines, chamitiques ou non, dans la préhistoire des langues
sémitiques, avant la généralisation du logème genre, et ses dernières conséquences sur la
morphologie nominale de l’arabe et des autres langues sud-sémitiques.
30
Par exemple ahǝrkus ou arkas, reflétés comme hirkāsah « chaussure rustique », avec adoption de la
forme {1i2ā3}, caractéristique des noms d’instrument (selon Fleisch 1961 : 354, note 2), et urkimen,
reflété comme hérqueme chez Alcalá, c’est-à-dire hárkama « ragout de tripes », avec adoption de la
forme {1a23a4ah}.
31
Par exemple dans pour les dialectes chleuhs, selon Aspinion 1953 : 198, argaz (i)meqqurǝn « un
homme grand », tamġart (i)meqqurǝn « une femme grande », irgazǝn mǝqqurnin « des hommes
grands » et timġarin mǝqqurnin(t) « des femmes grandes », bien qu’il y a parfois des adjectifs
verbaux, surtout pour ceux de couleur, de défauts et d’infirmités, comme dans afullus umlil « un coq
blanc », tafullust tumlilt « une poule blanche », ifullusǝn umlilǝn « des coqs blancs » et tfullusin
tumlilin « des poules blanches » (ibidem, 89–90). Dans le deuxième cas et pour des syntagmes
attributifs, il existe l’option d’utiliser un verbe d’état et de qualité ou l’adjectif avec le verbe attributif
ǝg « être ».
32
Dans Corriente 1991. D’un autre côté, l’adjectif aẓiẓun et son verbe de qualité correspondant iẓiẓǝn
« (être) muet », emprunté par l’arabe marocain comme ẓēẓōn, n’a laissé dans l’andalou que le nom
abstrait >zawzanah< « mutisme », avec adoption de la forme arabe {1aw2a3ah}.
33
Ce qui constitue une phase caractéristique et nécessaire des procès de pidginisation et de créolisation,
au commencement de l’acquisition d’une deuxième langue par une société en bloc.
34
Littéralement « guêpe tambourinaire », avec addition de cet adjectif arabe.
35
En fait, il y avait encore des Juifs à Grenade jusqu’à la fin du royaume nasride, et il y avait eu des
romanophones, même parmi les Musulmans andalous jusqu’au XIIIe siècle.
36
Voir R. Lapesa 1980 : 70–84.
37
Voir Lapesa 1980 : 106–108.
38
Du vieux terme arabe ʕaǧam « muet ; ceux qui ne parlent pas l’arabe ; étrangers ; persans, etc. »,
avec des connotations similaires au berbère agnaw « muet », avec une évolution sémantique très
variée vers « guinéen ; voleur ; renard, etc. » ; voir Corriente 2008 : 40, sous aguineu.
39
Pour ne donner qu’un seul exemple d’un grand savant égaré par une édition défectueuse de ces
textes, rappelons le cas de Lapesa 1980 : 184, acceptant la présence de *lyorar « pleurer » et donc
d’un résultat /ᶅ/, exceptionnel pour le « mozarabe », du group latin /pl/, sur sa foi en deux témoins,
selon García Gómez 1972, des kharadjāt 6 et 29, dont les textes paléographiques >bd lbār< avait été
lu par ce notable arabisant comme *BÁDO LYORÁRE « je vais pleurer », et >ʔlfrār<, comme *A
LIYORÁR « à pleurer », mais Corriente lit (voir 1997 : 277–278) *PÓDO LEBÁRE « je peux
supporter » et 297 *[ÉYYA] alfirár « allons, fuyons ! », avec une moindre altération des graphies
manuscrites et donc, ne laissant aucune trace d’un changement phonétique méconnu par le roman
andalou, comme on avait toujours pensé. Quant aux interprétations de Solà-Solé 1973, *BÁD
LEBÁRE « il va partir » et *alfurār « petit de brebis ou chèvre », la première est paléographiquement
acceptable, mais non sémantiquement, après l’introduction capricieuse du classicisme inacceptable
fāniqī « mon flatteur » et, dans le deuxième cas, il s’agit aussi d’un mot classique très rébarbatif, qui
n’a pas sa place dans cette poésie dialectale et vulgaire.
40
Corriente 2008 : 97–227.
41
Il s’agit donc d’une description surtout synchronique. Quant à la diachronie du roman andalou, on a
voulu parfois lui attribuer une périodisation basée sur des considérations historiques, plutôt que
linguistiques, ce qui ne peut être que très hardi, au moins. C’est ainsi que Galmés 1983, après avoir
endossé dans les pages 15–17 de son ouvrage, l’hypothèse de Menéndez-Pidal proposant trois
périodes successives, de résistance, prostration et liquidation, parle dans les pages 213–244 du «
mozárabe granadino », bien qu’on puisse affirmer que le roman andalou avait totalement disparu bien
avant la création du Royaume Nasride, et que les mots de cette origine chez Alcalá et les autres
auteurs ne sont que des emprunts ayant survécu partout en arabe andalou jusqu’à son extinction, ainsi
que souvent au Maroc et au-delà, en Afrique du Nord, amenés avec l’émigration andalouse antérieure
et postérieure à la chute de Grenade. En fait, une périodisation raisonnable du roman andalou ne
comprend qu’une époque de bilinguisme arabe-roman assez généralisé, bien qu’en lente diminution,
entre la conquête (711) et le califat omeyyade à Cordoue (929), et une phase finale longue mais plus
accélérée, entre cette dernière date et le triomphe des envahisseurs africains Almoravides, à la fin du
XIIe siècle, comme cela est expliqué dans Corriente 2008 : 103, note 16.
42
Dans le cas de la série hébraïque, avec la graphie de l’alphabet hébreu, il faut ajouter les graphèmes
différenciés du /p/ et /g/, par exemple dans >lpškh< = LA PÁŚKA « Pâques » dans H5, >pwṭrd< =
POṬRÁD « il pourra », ãinsi que >gnnš< = GÁNNEŚ « que tu gagnes » dans H13, ou >fgwry< =
FOGÓRE « fougue » dans H23, et l’absence de /ḏ/, /ḫ/ et /ġ/, remplacés par >d<, >k< et >g<, par
exemple dans >trnrd … dlyd< = TORNARÁD … DÓLED « il reviendra … il fait mal » dans H9,
>ʔlklʔq< = l’arabe andalou alḫalláq « pigeon apprivoisé pour attirer et voler les femelles » dans H6,
et >ilglʔlh< = l’arabe andalou alġilála « tunique » dans H8, et >kwl< = KÓL « cou » dans H11. Les
graphèmes >p< et >g< rendent aussi /f/ et /ġ/ respectivement, et on remarque une certaine préférence
pour >q< et >ṭ<, au lieu de >k< et >t<, déjà fréquente dans l’arabe et d’autres langues sémitiques
pour éviter leurs allophones spirantisés dans l’indo-européen (selon Corriente 1977 : 54, à la fin de la
note 73), mais aussi probablement à cause de leur fonction phonétique double et allophonique dans la
graphie hébraïque des lettres appelées begadkefat, douées d’une réalisation occlusive prévocalique ou
géminée, [b], [g], [k], [p] et [t], et d’une autre spirante et implosive, [v], [ḡ], [ḏ], [ḫ], [f] et [ṯ], dont
on a tiré profit pour rendre quelques phonèmes romans et l’arabe /ṯ/, par exemple dans >tbt< = arabe
andalou ṯábta « constante » dans H22. On n’a relevé aucun cas en graphie hébraïque dans ces textes
d’un >k< rendant le /ḫ/ arabe ou l’allophone [ḫ] du /k/ roman avant un /t/ ou un /š/, une séquence
assez fréquente dans la graphie arabe des khardjas et les passages romans d’Ibn Quzmān, par
exemple >nḫti< dans A1 et >nwḫt< « nuit » dans A4, >miḫšayr< « grande coupe » dans IQ 64/4/1,
>nuḫti< dans IQ 20/6/3 < latin nocte, >laḫšalu< « il le laisse » dans IQ 7/1/3, < latin laxat illum,
>maḫšal(a)< « joue », dans 49/5/1, < latin maxilla ; ou les sources botaniques, par exemple
>laḫtayrah< dans Abulḫayr (nº 2123), < latin lactārĭa « tithymale », >laḫtūqah<, < latin lactūca «
laitue » (nº 2626), >maṭaḫšāllah< « usnée » (nº 2967), < latin mĕtaxa « cordelle » avec suffixation
diminutive, >uḫšinah< « radis sauvage » (nº 305), < grec ὄξυνα « aigre », >b.laḫtah< « cresson » (nº
802), < latin plecta « guirlande », >šaḫšuh faraġnah< (nº 4835) « saxifrage », < latin saxum franget «
il brise le rocher », et >buḫturnah< « sorte d’épiaire » (nº 550), < latin vultŭrīna « de vautour », selon
Corriente 2000–2001 : 124.
43
Où l’on a marqué assez régulièrement avec le graphème de gémination (tašdīd) le >b<,>ğ<, >n<, >l<
et /š/ pour rendre les phonèmes /p/, /č/, / /, /ᶅ/ et /ž/, ce qui est assez compréhensible dans les deux
premiers cas, puisque l’occlusion et l’affrication sont par force accompagnées d’une augmentation de
la tension, d’une certaine manière similaire à celle de la gémination, mais dans le cas du >n(n)< et
>l(l)<, cette étrange utilisation de ce signe auxiliaire doit s’être produite à cause de l’hésitation
diachronique ou sous-dialectale de certains dialectes romans entre /n/, /nn/ et /ny/ d’un côté, et /l/, /ll/
et /ly/ de l’autre, et avoir été puis adopté comme marque diacritique universelle dans d’autres cas,
comme on l’a fait en latin et puis dans certaines langues latines avec le >h< des digrammes >rh<,
>ph<, >th<, >ch<, >nh<, >lh<, etc. Autrement, on a réservé l’alif pour /e/, alors qu’on rend /a/ avec
une fatḥah, mais on n’a pas introduit une différence similaire entre /u/ et /o/, ce qui pose des doutes
sur leur distinction phonologique, qui se neutralise dans certaines positions dans plusieurs dialectes
hispano-romans, comme le catalan. On a considéré la possibilité d’une phonologisation de la voyelle
/e/ en arabe andalou, par exemple dans Corriente 1992 : 37, où l’on mentionne l’étude inédite de J.
Sánchez Ratia sur les rimes des vers d’Ibn Quzmān, qui ne mêleraient pas, dans 90% des cas, de
consonnes vélarisantes et non-vélarisantes : cela aurait produit des cas où l’alif rendait la voyelle /e/,
ce qui aurait déterminé son adoption comme le graphème correspondant dans le système de
transcription de l’aljamiado.
44
Ce qui soulève la question des phonèmes marginaux, que sera le prochain sujet de ces remarques.
45
On admet une différentiation phonologique dans le roman andalou entre /ǧ/ et /ž/, mais ce phonème
est toujours rendu dans ces textes par >ǧ<, par exemple dans A10 et 11 >byǧm< = /béyža(d)me/ « il
m’embrasse », A21 >byǧāl< = /beyžéllo/, etc. Cette faute de différentiation graphique peut être en
rapport avec la situation de l’arabe andalou, où ces sons n’étaient que des allomorphes sous-
dialectaux ou idiolectaux, selon Corriente 1977 : 51, note 70.
46
Ce phonème aurait existé dans certains dialectes du roman andalou, rendu par un >f<, cf. >fānt< =
VÉNTE et >fyryn< = VIRÉYME « je viendrai » dans la khardja A1, >yā fātin a fātin< = YA VÉT+EN
E(D) VÉT+EN « va-t’en vite, va-t’en » dans A3, et >fbnm< = VÍBNE < latin vīmen « osier », chez
Abulḫayr, mais les attestations de l’indifférenciation de /b/ et /v/ dans ce faisceau dialectale sont
abondantes ; voir 2.2.2.
47
Cf., par exemple dans pour l’alif, >mttār< = MATTÁRE dans la khardja A5 et >lbār< = LEBÁRE «
supporter » dans A6, mais, >kārš … bkālh< = KÉREŚ … BOKÉLLA « tu vois … petite bouche »
dans A11 ; >ʔrāy< = ARRÉYO « je m’accoutre » dans A17 et >knbābš< = KÁN BEBÉŚ « combien
tu boirais » dans A20 ; pour >y<, >ġryr< = GARRÍRE « dire » et >drmyr< = DORMÍRE « dormir »
dans A15, mais >brqy< = PORKÉ et >ynqys … byr< = YA NI(N)QÉS « il n’a voulu pas … voir »,
ainsi que >bydw< = BÉDO « je vois » dans A10 ; et, pour >w<, >ʔywn< = AYÚN « jeune » dans
A12 et >ʔqwṭš< = AKÚTAŚ « aigües » dans A26, mais >fʔwr< et >ḏlḏwr< = FOGÓRE « fougue »,
DOLEDÓRE « tourmenteur » et >nwḫt< = NOḪTE « nuit » dans A4.
48
Il n’y a pas de cas sûrs de /ṣ/ et /ḍ/, puisque >fṣṣwn< = /FEŚÓN/ « haricot » dans Abulḫayr nº 2731
pourrait n’être qu’une extension andalouse du néo-arabe oriental fāṣūlyā < latin făsĕŏlus, et la
dérivation de >bayḍamūn< « belladone » ou « jusquiame noir », à travers */BÉLLA DOMNÓNA/ <
bas-latin bella domina (suggérée dans Corriente 2004 : 47 et 2008 : 149), est raisonnablement
questionnée dans 2017 : 203, alors que >ḍ/dm(ā)y< dans A28 peut être interprété comme
*/ADAMÉY/ « j’aimai » ou un hybridé */(a)ḍamm+ÉY/ « j’embrassai », sans grand changement de
sens. Cela serait une conséquence des fréquentes confusions de /s/ et /ṣ/, et de /ḍ/ avec /ḏ/ en arabe
andalou (selon Corriente 1977 : 48, 50 et 47), ce qui pourrait avoir réduit le rendement fonctionnel de
leur opposition phonologique, à la différence des cas de /q/ et /ṭ/, par rapport à /k/ et /t/.
49
Dans le cas parallèle du /g/ roman, presque constamment rendu par le /ġ/ arabe, assez proche
acoustiquement de l’allomorphe implosif du premier, la conclusion dans Corriente 1978 : 218 était
déjà que les Andalous avaient presque toujours simplifié ces différences allomorphiques et réalisaient
donc le /g/ roman comme un /ġ/.
50
Mais ce principe est loin d’être une règle sans exceptions : par exemple dans /TELLÍS/, /TEW/,
/TORNÁRE/, >QERBÁRE<, >QULO<, etc., à cause, dirait-on, des différences diachroniques,
diatopiques ou systématiques entre les sources. Changeant d’avis dans cet ouvrage, on a abandonné
les concessions graphonomiques de jadis, avec >Q<, >Ṭ<, etc., et on donne une transcription
phonologique du roman andalou, malgré les difficultés à établir parfois le vocalisme, la gémination,
etc.
51
Il y a le cas curieux d’/arréyo/ « j’accoutre », avec la graphie >ʔry< dans A17, mais >ʔrayya< dans
A19.
52
Hormis des cas isolés, comme dans A13, >ḫl+āllu< = /ḫal+ÉLLO/ « petit voleur » et >smr+llu< =
/samr+ÉLLO/ « petit brun », deux mots arabes assimilés et à suffixation romane, ainsi que >lššāḍ< =
/LEŠÁDE/ « laissé », car le >š< rend habituellement le /ś/ roman. Dans IQ, l’utilisation du tašdīd
dans les mots romans est plus fréquente, par exemple dans 55/7/3 >kābbah< = /KÁPA/ « manteau »,
dans 107/3/2 >m.nnah< = /MÁÑA/ « ruse », 86/10/2 >mllqār< = /milliqár/ « pouce », résultat de la
contamination du latin pollĭcāris par mĭnĭmus (selon Corriente 1993 : 143, note 2), 13/14/1 >aḏall< =
/aḏálla/ « du tout », 20/3/2 >ʔṭrabššān< = /aṭrabašán/ « traverse », 140/1/2 >fǧǧyrah< =
/FAČÁYRA/ « figure », 9/32/3 >fullār< = FOLLÁR « pâtisserie feuilletée », 9/34/2 >ʔġrannūn< =
/GRANNÓN/ « semoule ». En revanche, on trouve ce graphème, et parfois le sukūn et aussi quelques
points-voyelles, assez fréquemment dans les mots arabes de ces textes, ce qui suggère une omission
de copistes tardifs ignorant déjà la prononciation du roman. Mais il ne faut pas compter parmi ces
déviations de ces règles les cas d’omission de points diacritiques, souvent simplement omis par des
copistes ignorants, las, etc.
53
On trouvera la localisation et les informations complémentaire sur les mots cités dans Corriente 2008
: 137–227, Corriente 1997 : 360–372, ainsi que Corriente, Bustamante & Tilmatine 2004 : 692–857.
54
Voir Lapesa 1980 : 129–130, qui penche pour la généralisation des solutions pré-castillanes et
souvent prélatines dans la plupart du pays hispanique.
55
Voir Lapesa 1980 : 78. La diphtongaison hésitante dans le roman andalou des anciens /ę/ et /ǫ/ sous
l’accent, devenant /yé/ et /wé/, pourrait donner l’impression de prouver leur différentiation
phonologique avec /ẹ/ et /ọ/ respectivement, mais seulement dans certains sous-dialectes.
56
D’un autre côté, on a pu suspecter une neutralisation de l’opposition phonologique de /o/ et /u/ dans
les syllabes non-accentuées (comme en catalan) mais, autrement, le témoin des pairs minimes comme
/KÉ/ « quoi » ≠ /KÍ/ « qui » et /KÓL(LO)/ « cou » ≠ /KÚL/ « cul » prouveraient la vitalité de cette
opposition, malgré son absence dans l’arabe andalou.
57
Ce qui arrive aussi dans quelques genres de poésie castillans et italiens.
58
Voir Lapesa 1980 : 79 et la bibliographie citée dans sa note 9 à propos des hypothèses sur ce sujet.
59
Cf. /LÉBO/ « je supporte » (dans A31) < latin lĕvo, et /KÉRED/ « il veut » (dans A3) < latin quaeret,
/PÓDO/ « je peux » (dans A6) < bas latin *poto, et /BÓNO/ « beau » (dans A11) < latin bŏnus.
Quant au */NWÉMNE/ « nom » < latin nōmĕn, cité dans Corriente 1997 : 345, note 14, cette
exception n’existerait pas, puisque ce mot a une autre lecture dans Corriente 2008 : 234 pour A1, et
apparaît sans diphtongue dans H24, /NÓMNE/, ibid., p. 186.
60
Par exemple dans /AČETYÉL/ « espèce d’oseille » et /ḥabaq+YÉLLA/, mais surtout
optionnellement, par exemple dans /APOPR(IY)ÉLLA/ « bryone blanche », /LAWR(IY)ÉLLO/ «
joubarbe », /NAP(IY)ÉLLO/ « aconit », /UB(IY)ÉLLA/ dans – DE TEYATO « sempiterne », et
/NOKAYRÓLA/ = /NOKAYRWÉLA/ « pivoine », ainsi que /KALANDAYRÓLA/ =
/KALANDAYRUWÉLA/ « sauge blanche ». Hormis ces cas de diminutifs, on en trouve d’autres,
très rares, tels que /MIYÉLKA/ « luzerne » < latin mēdica (herba), /BUWÉY/ = /BÓYO/ « bœuf » <
latin bŏve(m) et /TUWÉY/ = /TÓYO/ « genêt » d’origine préromaine ; l’absence de diphtongaison
étant la règle, avec des exceptions nombreuses dans les seuls noms de plantes.
61
C’est aussi l’avis de Lapesa 1980 : 128. Ce phénomène semble avoir déclenché quelques ultra-
corrections dans les dialectes plus occidentaux, cf. les noms de lieux et de fleuves au Portugal
Odemira, Odeleite, Odivarga et Odiana (vs. castillan Guadiana, mais Odiel « le petit fleuve », à
suffixation romane), tous contenant l’arabe wādī « fleuve » ; voir Steiger 1932 : 293), et en galicien
et en portugais osga « lézard de mur » < arabe wazġah. Quant à la chute fréquente en roman andalou
et en galicien du /w/ dans les diphtongues ascendantes, après /k/ et dans YÁNA < latin janŭa « porte
», voir 2.2.2.
62
La faiblesse articulatoire et le manque de substance phonique du /ʔ/, qui vise à disparaître, ou au
moins à devenir un phonème marginal en néo-arabe, est à l’origine de ces changements phonétiques,
puisque le trilitéralisme caractéristique du sémitique est enclin à compenser toute perte d’une
consonne radicale, par exemple dans les pluriels brisés de l’arabe andalou awbár « puits » de bír <
biʔr, ainsi que dans akwás « coupes » de kás < kaʔs ; et, dans les cas de tous les verbes néo-arabes de
la forme II des racines {ʔ23}, le remplacement de la consonne faible par un /w/, d’abord à
l’imperfectif {yuʔa22i3} > *{yuwa22i3} > {yiwa22i3}, puis partout.
63
Voir Corriente 1977 : 29, à propos de ce trait presque exceptionnel dans l’ensemble du néo-arabe, et
surtout dans les dialectes occidentaux. Néanmoins, il y a eu des exceptions, surtout tardives ; voir
ibid. 29–30.
64
Voir Lapesa 1980 : 183.
65
Cela suivant l’évolution morpho-phonétique qui avait engendré le bas latin du latin classique, avec
des traits communs et des différences dans plusieurs provinces de l’Empire ; voir Lapesa 1980 : 73–
93. Par exemple, le vieux latin ne comptait pas des phonèmes prépalataux et chuintants, qui sont
apparus dans certaines régions de la Romanie ; quant aux sifflantes apicales, elles ont été empruntées
aux langues préromanes d’une partie de l’Hispanie.
66
Mais il pourrait s’agir d’une simple assimilation de voix en contact, comme dans /MÉNDA BÓNA/ «
menthe (bonne) » < latin mentha.
67
À travers une phase comme celle du castillan veinte, avec la chute du /ǧ/ intervocalique.
68
Voir Lapesa 1980 : 81.
69
Aussi >ṬÍNYA<, qui peut signifier une graphie alternative ou encore non-palatalisée. Cette
possibilité existait aussi pour /ly/, par exemple dans /LÍLYO/ « lis » < latin līlĭum et, dans IQ, dans /
ÁLYA/ « une autre » < latin ălĭa, où il peut s’agir des réalisations /LÍḺO/ et /AḺA/.
70
Mais /ly/ > /ž/ dans >MIǦWÉLLO< « millet » < latin millĭum, avec une évolution semblable à celle
du castillan. Il y a aussi, apparemment, /ny/ > /ll/ dans >ARMELLÍN< « hermine » < latin armĕnĭus,
littéralement « arménien », mais c’est à cause d’une dissimilation d’un résultat normal
*/ARMEÑÍN/, à suffixation attributive romane.
71
La réalisation prédorsale affriquée est prouvée par l’hésitation dans plusieurs variantes, chez
Corriente 1999 : 150, à transcrire avec /ǧ/ ou /z/, avec ou sans /y/ ; cette deuxième solution étant
assez fréquente, par exemple dans /FUZ(Y)ÉL/ « orobanche » < latin fūsum/s « fuseau », avec
suffixation romane, et dans /KÉYǦ/ŠO/ « fromage » < latin cāsĕus.
72
Ce qui pouvait aussi arriver en arabe andalou, selon Corriente 1977 : 41, mais ce phénomène est
presqu’un universel linguistique.
73
Griffin 1961 : 74–75 niait absolument la présence de cas de >nṭ< et >sṭ<, rendant ces groupes
consonantiques avec le /t/ roman dans le Vocabulista mais, dans d’autres sources du roman andalou
on trouve quelques cas de ces séquences, par exemple dans >ǧinṭiyānā< « gentiane », >anṭūbiyā< «
endive », >buǧabanṭayrah< « sorte de plantain » et >manṭiqah< « beurre », ainsi que
>asṭaruluḫiya<.
74
La chute inconditionnée du /l/ intervocalique pourrait avoir eu lieu dans quelques cas, à la façon du
portugais et du galicien, car autrement le castillan gazpacho « soupe de légumes froide », bien sûr
emprunté au roman andalou et dérivé du latin gāzŏphўlācĭum, selon Corriente 1999 : 332, ne
s’expliquerait pas.
75
On peut ajouter ici le cas de /BÉLYA/ « vieille » < latin vĕtŭla, à cause de la ressemblance acoustique
entre /kl/ et /tl/ ; dans tous ces cas, les réalisation phonémiques seraient /WÉLO/, /ORÉḺA/,
/PODOḺÁR/, /MAḺÓŚ/ et /BÉḺA/. Il y a aussi une exception, /AKUǦÉLLA/ « sorte d’anis » < latin
acŭcŭla « petite aiguille », avec suffixation diminutive romane, avec un résultat du groupe comme
celui du castillan aguja.
76
Le remplacement mutuel de ces deux consonnes n’était pas inhabituel en arabe andalou, selon
Corriente 1977 : 43 et 52, mais il s’agit, à nouveau, d’un presque universel linguistique.
77
Rien ne suggère un traitement différent pour >c< et >qu< en bas latin, malgré les données
diachroniques. Il y a eu aussi quelques cas d’ultra-correction, où /ś/ est devenu /č/, par exemple dans
ČERRRÁTA « espèce d’avoine appelée fermée » (cf. castillan cerrada) et dans POČEPAČRÍN «
bourse-de-pasteur » < latin pōdex passĕrīnus « cul d’oiseau », selon Bustamante, Corriente &
Tilmatine 2007 : 117.
78
On remarque la gémination anti-étymologique du /l/ intervocalique, par ultra-correction des cas
fréquents de dé-gémination, voire la chute de cette consonne et du /n/ homologue, avec d’autres
exemples dans les langues romanes hispaniques, qui peuvent s’accorder ou non sur ce point, par
exemple dans le latin fīlum « fil », nous avons le castillan hilo et le catalan fil, mais le portugais fio ;
pour le latin collum « cou », le castillan cuello, mais le portugais colo et le catalan col ; ainsi que
pour le latin canna « roseau », on a le portugais cana, mais le castillan caña et le catalan canya ; pour
le latin vĕnīre, le castillan et le catalan venir, mais le portugais vir ; et, pour le latin vīnum « vin », le
castillan vino, le catalán ví et le portugais vinho, où le / / décèle une ancienne gémination.
79
Cas peu fréquent par comparaison aux autres. Les deux solutions (cf. castillan queso, mais le
portugais queijo) suggèrent une opposition phonologique faible entre /š/ et /ž/.
80
Ce qui a généré la transcription du phonème /š/ avec la graphie >x< dans tous les romans
hispaniques.
81
D’origine onomatopéique, mais assez développée dans l’arabe andalou (voir Corriente 2004 : 317 et
406, sous gilí et picha), aussi bien que dans le roman hispanique (cf. les vulgarismes castillans,
pija/o, picha, etc., le catalan pissar, et même au-delà de ces frontières, le français pisser et l’italien
pisciare). La même onomatopée a existé dans d’autres langues européennes, comme dans l’allemand
pissen, l’anglais piss et le russe писать, attribuée parfois au langage enfantin, par exemple dans
Vasmer III : 266.
82
Mais des graphies comme >ʔštb< et >ʔšbaraġīnunh< « asperge sauvage » suggèrent la solution
contraire : la confusion avec les chuintantes, avec une distribution douteuse.
83
Cf. le castillan gazpacho « soupe de légumes froide », du latin gāzŏphĭlăcĭum < grec γαζοφυλάκιον,
sans attestations d’une nécessaire phase romane andalouse.
84
Néanmoins, les réalisations sonores du phonème /q/ comme /g/, bien que rejetées par la récitation
canonique (taǧwīd) et les grammairiens puristes, ont toujours été fréquentes dans les dialectes
anciens et modernes de l’arabe, et sont les seules à exister chez les Bédouins, ce qui peut expliquer
l’utilisation dominante du >q< pour transcrire le /g/ d’autres langues voisines, selon les données de
Cantineau 1960 : 67–71. D’un autre côté, il est bien connu que la plupart des envahisseurs arabes de
la Péninsule Ibérique appartenaient à des tribus yéménites, c’est-à-dire ayant parlé les dialectes
sudarabiques et gardant souvent une réalisation /g/ du phonème /ǧ/ de l’arabe standard, mais
l’imitation des modes syriennes sous les Omeyyades semble avoir imposé celle-ci, au point qu’il ne
restent que bien peu d’attestations isolées de ce trait yéménite, comme dans les transcriptions de
Gallaecia « Galice », telle que ǧillīqiyyah, et Tăgus comme >ṭāǧuh< « le Tage », ainsi que quelques
emprunts romans à l’arabe andalou ainsi prononcés, comme dans le castillan almogama « couple à
proue d’un navire » < arabe andalou magámaʕ, moganga « agacerie » < arabe andalou muġáng/ǧa,
hámago « propolis » < arabe andalou ḫámg/ǧ et alcofaina « cuvette » < arabe andalou g/ǧufáyna,
ainsi que le catalan segrel « jongleur » < arabe andalou zaggál, selon Corriente 1997 : 50–51 et 2008
: xxxvi.
85
Pour les jointures fermées, voir l’information de 2.2.1.
86
Les cas d’utilisation de graphèmes des phonèmes vélarisés de l’arabe dans les mots romans ne
constituant pas que de variantes orthographiques, comme cela a été remarqué surtout pour >q< et
>ṭ<, car les cas de >ṣ< et de >ḏ̣<, plutôt que >ḍ< sont très rares, par exemple dans >ŠAQWÁṢ(O)<
< latin sălicastrum « douce-amère » et > Ḏ̣ULÓR< < latin dŏlŏr « douleur », attribuables à certaines
habitudes des copistes transcrivant les mots étrangers à l’arabe, comme l’utilisation des consonnes
vélaires ou vélarisées pour éviter une prononciation palatalisée du /a/, comme dans ṭāwulah « table »
< latin tăbŭla et dans qānūn « loi » < latin cănōn ; ou afin de suggérer /o/ au lieu d’un /u/, comme
dans >ṬÓṬO< « tout » < latin tōtus, alors qu’on utilise le >t< dans d’autres cas, comme dans
>TENÉRE< « tenir » < latin tĕnĕre. De nos jours, on a même vu utiliser dans la presse arabe
quotidienne le >ṣ<, afin de suggérer la voyelle anglaise /Ʌ/, postérieure et moyenne, comme dans
>ṣndy< = Sunday.
87
Il y a des cas de préservation de la gémination consonantique dans le roman andalou, par exemple
dans /MÁTTA/ « plainte » < latin matta « natte de joncs », et dans /MAT(T)ÁRE/ « tuer » < latin
mattus ou mātus « mou » ; mais, dans la plupart des cas, cette langue semble ignorer la gémination et
ne la réalise plus, sauf dans les cas de consonnes comme /n/ et /l/, à propos desquelles, voir 2.2.2.
88
Selon Lapesa 1980 : 78.
89
Ce choix de rythme était si profondément enraciné dans toutes les langues, romanes et préromanes,
utilisées par les populations de la Péninsule Ibérique à la veille de l’invasion arabe qu’elle s’est
imposée aussi dans les dialectes arabes des conquérants et est devenu une caractéristique pour l’arabe
andalou de toutes les époques. Cela eut une conséquence sérieuse pour la diffusion normale de la
culture arabe, puisque les arabophones andalous ne percevaient pas le rythme quantitatif de la poésie
arabe et sont ainsi restés deux siècles sans pouvoir l’apprécier ou la composer, jusqu’à la découverte
par ʕAbbās b. Firnās d’un système de transposition de la marque de quantité syllabique et son
remplacement par la marque de tonicité, en conservant les combinaisons connues de la métrique
arabe classique (ʕarūḍ) et réouvrant ainsi aux arabophones andalous la porte de l’appréciation
esthétique de cette poésie et son imitation au plus haut niveau, selon Corriente 1997 : 80.
90
Néanmoins, dans les cas où le résultat ne comporte que la perte d’une voyelle initiale, il pourrait
aussi s’agir d’une conséquence de la tendance, surtout dans l’arabe occidental, à supprimer de telles
voyelles, afin de raccourcir les mots et de les rapprocher des schèmes morphologiques de l’arabe :
par exemple, en arabe andalou, safannárya < grec staphîlŷne ágria (d’où le portugais cenoura et le
castillan zanahoria), et dans le castillan bojalaga « gnidium » < arabe andalou buḥaláqa < arabe abū
ḥalaqah, littéralement « celui qui porte un anneau ».
91
Cette hésitation n’étant pas un cas isolé suggère que la forme */FRÁÑE/ rejetée par l’arabe andalou,
mais acceptée en roman andalou, existait aussi et était standard dans cette langue, lorsqu’il n’y avait
pas de circonstances particulières.
92
Car le traitement différent, très discuté par les romanistes, selon Griffin 1961 : 55–59, refléterait des
différences diatopiques ou diachroniques, comme, par exemple, dans le cas du résultat de la
palatalisation des occlusives vélaires, considéré dans 2.2.2.
93
Il y a parfois des cas d’ultra-correction ou la direction de ces changements est renversée, par exemple
dans /BÓKTOR/ « vautour » et /BOḪTÓRNA/ « anis » < latin vultŭr(īna).
94
Voir Corriente 1977 : 68, à propos du cas dans l’arabe andalou.
95
Et, des cas plus compliqués, comme >ÚNYA< = /ÚÑA/ « ongle » < latin ungŭla et /FÉLČA/ «
roseau »< latin fistŭla, à cause du /n/ et de la métathèse du premier et deuxième cas.
96
On ne manque pas non plus de cas de répercussion dans les emprunts faits par les langues
hispaniques à l’arabe, comme dans la vieux catalan alflàvia au lieu d’alfabia « jarre », le portugais
paparraz au lieu d’a(l)barraz « staphisaigre » et l’aragonais carcachofa au lieu d’alcachofa «
artichaut ».
97
Voir Lapesa 1980 : 181, qui suggère une situation ancienne générale qui se serait modifiée dans les
phases plus récentes des romans hispaniques centraux et occidentaux. Mais le commentaire de
Corriente 2008 : 122, note 66, ne soutient pas cette hypothèse, au moins pour la Bétique.
98
Le genre neutre suggéré par Corriente 2008 : 123 (castillan ello) n’est pas soutenu par les citations
qu’on connaît de ce mot.
99
On peut donc suggérer */NOŚÓTRIŚ/ pour le pluriel de la première personne, similaire aussi au
roman hispanique central tardif et oriental, à différence de la branche occidentale (voir Lapesa 1980 :
259, 397 et 487), où l’asturien et le portugais ont rejeté les formes composées. Il semble s’agir d’une
tentative d’introduction de la différenciation des pluriels inclusifs et exclusifs ayant échoué partout
avec une chronologie successive.
100
Un archaïsme, dérivé du latin mibi et tibi, sans d’autres traces postérieures dans ce faisceau dialectal
et dans tous les romans hispaniques (voir Lapesa 1980 : 196).
101
Curieusement, le faisceau dialectal roman andalou n’a gardé aucune trace de l’autre pronom
adverbial, continuant le latin ibi, fréquent aussi dans les langues néolatines où en est normal, et ayant
laissé au moins un témoin dans le dernier phonème du castillan hay (voir Lapesa 1980 : 493).
102
Encore au féminin, comme le mot latin, avec d’autres attestations, selon Corriente 2008 : 124, note
70.
103
Ces formes sont le résultat de */MÉWA/, */TÉWA/ et /ŚÉWA/, conséquence de la règle énoncée sur
les consonnes labiales et labiodentales en 2.2.2; cf. le catalan meva, teva et seva, prononcés megua,
tegua et segua dans le dialecte valencien. Tous ces démonstratifs ont donc été modelés sur le
masculin singulier latin meus, et pas sur les féminins mea, tua et sua.
104
La deixis triple existe en berbère (voir note chapitre 1, note 7) et en arabe ancien, mais le néo-arabe
n’est déjà pas très friand du deuxième degré, ce qui peut expliquer qu’on n’ait trouvé qu’une seule
attestation en arabe andalou d’/AKÉŚTE/. D’un autre côté /ÉŚŚO/ et /ÉLLO/ ont survécu dans les
adverbes arabes andalous aḏálla et aḍášš en rapport avec aḏáqal < latin ad atque ille (voir Corriente
1983a, et Corriente, Pereira & Vicente 2015 : 21 et 53).
105
La marque /d/ de la troisième personne manque souvent à toutes les époques, du fait d’une
assimilation avec une consonne suivante, et totalement dans les textes plus récents, comme ceux
d’Abulḫayr, avec la seule exception de /ŚOMÁLLAD/ « il flambe ».
106
On note une certaine hésitation dans la position de la marque du futur, encore partiellement un temps
composé tirée du latin hăbēre, ce qui est aussi le cas de /AŚ ABÉR/.
107
Avec une signification presque impérative, plus évidente dans des cas comme /NON ME MÓRDAŚ/
« ne me mords pas », >ÁLYA ÁLBA ÁYAŚ< « que tu aies encore une deuxième aube », ce qui est
habituel dans la syntaxe des langues néolatines, exprimant ainsi l’impératif négatif surtout, parfois
aussi l’optatif, selon un modèle déjà latin.
108
Ce qui est aussi le cas de l’arabe et du néo-arabe, dont l’arabe andalou, selon le principe logique de
l’impossibilité de donner des ordres aux absents. Les injonctions ou les exhortations aux troisièmes
ou aux premières personnes peuvent s’exprimer par des tournures jussives du verbe, si elles existent,
et à l’aide de certaines conjonctions, selon la syntaxe de chaque langue. Ces solutions sont souvent
copiées dans des situations de bilinguisme, de changements de code et de remplacement définitif de
la langue dominée par la langue dominante.
109
La chute de la voyelle finale dans la première conjugaison pourrait s’expliquer comme une
accommodation à la structure strophique, dans une situation permettant encore une option entre
l’archaïsme et les formes renouvelées, mais cela soulèverait la question de l’absence ou de la rareté
de cette chute dans la deuxième et la troisième conjugaisons.
110
Comme dans faʕaltuhū ʕāliman minnī annahu bāṭil « je l’ai fait, en sachant qu’il était inutile ». De
telles tournures exigeaient une fonctionnalité de la flexion nominale, perdue dans le néo-arabe, et on
les remplaça aisément par une tournure hypotactique, waɁanā aʕlamu « et je savais », exprimant
également la circonstance. D’un autre côté, on ne peut pas exclure la possibilité de mots dérivés avec
le suffixe {+ÁNTE} en roman andalou, malgré le manque de cas dans nos sources ; curieusement le
remplacement de l’arabe andalou ḥabíbi « mon ami » par le roman /AMÁNTE/ dans certains
dialectes de l’aragonais moderne peut suggérer une vieille opération de remaniement du roman utilisé
par les Moriscos, qui pouvait continuer un dialecte roman andalou où ce mot existait de fait.
111
Caractérisés par la perte d’une syllabe, assez fréquents en portugais, comme dans bento « bénit »,
bemvindo « bienvenu », et s’ayant parfois contaminé au dialecte castillan des Îles Canaries, comme
dans quite « quitte » et pago « payé ».
112
Ce cas étant néanmoins problématique, car il est étrange que cette forme du masculin ne soit utilisée
qu’en combinaison avec la préposition DE, et avec irrégularités dans la concordance du genre,
comme dans DO NÓḪTE et DO MÓRTE, habituellement féminins, et on a aussi suggéré que des cas
comme DO PÓRKO « du porc » peuvent être attribués à l’harmonisation vocalique. Très
probablement, le procès de grammaticalisation de l’article dans les langues romanes, inexistant en
latin et développé surtout à partir du démonstratif ille, au féminin illa, a été assez compliqué
diachronique et diatopiquement : un témoin serait, par exemple, la forma es, au féminin sa, du
catalan plus oriental, tiré du latin ipse et ipsa. D’un autre côté, des cas comme TIRÉY DORMÍRE «
j’ai perdu le sommeil », sans article, pourraient refléter une restriction de l’emploi d’une marque
nominale dans le cas des infinitifs, dont la nature verbale est difficile à oublier.
113
Il y a même un cas d’hypercorrection avec un adjectif numéral inférieur à dix, dans ŚÉTE RÁDIČE «
sept racines », où le dénombré reste au singulier. Selon la grammaire arabe classique, les phrases
intégrées par le numéral et le dénombré sont des syntagmes de rection, mais pour l’analyse
syntaxique des langues romanes, il s’agit d’une variante de syntagme qualificatif où l’ordre des mots
est l’inverse d’autres cas. Quant à FAČ ROTÚNDO « figure ronde » chez IQ 21/6/1, le masculin
pourrait imiter le genre de l’arabe waǧh.
114
Cette fonction comme préposition de génitif est une innovation des langues néolatines, tirée de la
préposition exclusivement d’ablatif de du latin, devenue nécessaire du fait de la perte de la
déclinaison nominale. C’est le même procédé suivi par l’anglais of et le bulgare na, dans une
situation diachronique similaire, alors que le néo-arabe a préféré fonctionnaliser certains noms
exprimant la propriété, tels que matāʕ, māl, ḥaqq, etc., ou l’ancien relatif sud-arabique dans le cas du
marocain ḏə ; voir Corriente 2013 : 101–102 et Fischer & Jastrow 1980 : 93–94.
115
DE peut encore exprimer le génitif possessif, comme dans YÉḎ ḎE KÓLLO D+alġazála « il a un
cou de gazelle ».
116
Mais cette marque est parfois manquante, comme dans KERÉŚ BÓN AMÁR « tu veux aimer un beau
», ÉŚTE KERÍYA EW NOMMÁR « c’est lui que je voulais nommer » et, avec changement de code,
asá AMADÓRE « il a fait du mal à un amant ».
117
Lecture problématique d’A37, voir Corriente 2009 : 261.
118
L’élision occasionnelle de telles copules n’est pas méconnue dans les langues néolatines, hispaniques
ou autres, mais cela a seulement lieu dans des contextes télégraphiques, où l’on peut omettre
n’importe quel mot qu’on ne considère pas absolument nécessaire pour la compréhension du
message.
119
Des telles tournures semblent être des calques de cas similaires dans la syntaxe arabe, classique ou
dialectale, marqués par la conjonction conditionnelle hypothétique law, comme en arabe andalou áy
duwáyla kánat law ánna tudúm « quel beau temps, s’il avait duré ! » (IQ 50/4/1), c’est-à-dire « plût à
Dieu qu’il durât ! ».
120
Néanmoins, dans H10, ʕasí KE ŚANÉŚ DE BERDÁD « lorsque tu seras complètement guéri », cette
conjonction n’a qu’une valeur temporelle, sans rapport avec les cas d’IQ cités dans Corriente 1977 :
151–152, malgré leur assimilation à tort dans Corriente 2008 : 130, note 90. D’un autre côté, dans
H23 láyta NON L+AMÁŚE « plût à Dieu que je ne l’aimasse pas ! », on a simplement emprunté la
marque arabe layta de l’optatif, ce qui est aussi le cas de la malédiction optative dans A34 la kán fi
BÓNO asá AMADÓRE « que le beau qui porte le mal à son aimant soit maudit ! », dans un texte avec
plusieurs changements de code.
121
Voir Corriente 2008 : 467, où il faut ajouter que cette marque du vocatif a aussi survécu dans certains
dialectes modernes du castillan, comme dans le canarien ¡ya fuerte desgracia! « quel grand malheur !
».
122
Il y a des cas d’agglutination de cette marque et de ce substantif, comme dans yámma dans A34 et
H11, et avec le possessif arabe andalou de la première personne du singulier yámmi, dans H22.
123
Exprimant surtout la surprise et la colère, ayant très bien survécu dans le castillan moderne dans
plusieurs tournures ; voir Corriente 2008 : 248 (sous caramba) et 328 (sous herre). Cette obsession
des Arabes pour la vulve des femmes est aussi reflétée dans l’insulte umṣuṣ baḏ̣ra ummik(a) « vas
sucer le clitoris de ta mère ». Du fait que l’ablation de ce membre était une pratique habituelle chez
les femmes bédouines déjà avant l’Islam, on peut supposer que cette insulte enfermait une allusion à
une origine étrangère. Néanmoins, le métier des femmes qui pratiquaient cette opération n’était pas
très apprécié, probablement à cause des opinions divergentes sur cet affaire des religions alors sur
place. En tout cas, cette obsession a été transmise avec des conséquences linguistiques remarquables
en castillan.
124
En fait, aucun des premiers éditeurs de ces textes n’a compris qu’il s’agissait d’une salutation, à
cause de la rareté du cas ou de leur faible familiarité avec les formules de politesse arabe.
125
Il faudrait y ajouter tous les mots d’origine préromane de l’arabe andalou, évidemment transmis à
travers le roman andalou, et parfois attestés aussi par les basque, comme dans párġa « chaussure
d’alfa » (cf. basque abarka), lasqúna « dartre » (cf. basque aizkon), qapárra « tique » (cf. basque
kapar), laqáyna « chassie » (cf. basque lakaiña), samárra « veste en peau de mouton » (cf. basque
zamar) et ṣabbáṭ « soulier » (cf. basque zapatu « piétiner ») ; voir d’autres cas dans Corriente 1997 :
589–590.
126
À propos de cette question dans les emprunts des langues romanes hispaniques, voir Corriente 2008 :
lxiv-lxxi, où on a considéré les motifs plus probables, diachroniques, diatopiques et diastratiques de
la présence ou de l’absence de cette marque syntaxique dans les substantifs arabes andalous,
probablement aussi les mêmes que dans le cas parallèle du roman andalou, un autre membre de la
même famille.
127
Quant à la suffixation arabe, assez pauvre comme dans l’ensemble des langues sémitiques, selon
Corriente 2008 : lvii, la présence de certains témoins dans les emprunts des langues hispaniques à
l’arabe andalou, comme dans des mots avec le suffixe attributif {–í}, suggère une situation similaire
pour le roman andalou mais, dans ces cas comme dans ceux des emprunts incluant des suffixes
pronominaux arabes, surtout le possessif de la première personne du singulier, comme dans ḥabíbi «
mon ami », rábbi « mon Dieu », etc., il s’agit d’emprunts de phrases entières, même de changements
de code, sans conscience chez les locuteurs d’avoir emprunté ces suffixes.
128
Avec élimination d’un article arabe métanalysé, en partant de *(EL)IČÉLLA.
129
Voir Corriente 2008 : 200.
130
C’est-à-dire Picnomon acarna, selon Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 660.
131
Mais le nom complet de cette plante, roman andalou ŚÁLČO ĠATTÍL / ĠATTÍNO « gattilier, agnus-
castus », en castillan sauzgatillo, suggère une simple alternance phonétique entre les allomorphes de
ce morphème diminutif roman. Cet allomorphe rappelle la distribution {+illo} en castillan, mais
{+éll} en catalan, mais nos sources ne permettent pas une attribution diatopique similaire.
132
Un mot polysémique, utilisé pour nommer les accumulations de sable, de détritus ou de végétation
spontanée dans les embouchures de fleuves, où l’on allait se procurer des plantes alcalines afin d’en
tirer la soude. Voir l’étymologie des Alfaques ou Alfacs à Tortose chez Corriente 2008 : 98, prouvant
cette identité sémantique.
133
Probablement < bas latin excurtione « retranché », selon Griffin 1961 : 228 ; voir aussi Corriente,
Pereira & Vicente 2017 : 43 et 50, note 165. Les épines de cet arbrisseau ont généré une métaphore
par comparaison avec celles du hérisson.
134
Un mot étymologiquement compliqué, mais probablement dérivé du latin canthus « cercle de fer »,
qu’on considérait comme un mot hispanique. Son utilisation botanique est aussi attestée par le
maltais qanċlita « laiteron » ; voir Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1067.
135
Voir Corriente 2008 : 199.
136
Voir Corriente 2000–2001 : 179.
137
Où, plutôt que d’un suffixe diminutif, il s’agit d’une contamination phonétique avec remplacement
du /l/ par /n/.
138
Voir Corriente 2008 : 97, à propos de l’étymologie aussi persane du nom castillan plus commun de
cette plante fourragère, alfalfa.
139
À cause du goût acerbe de ces fruits, après leur maturité ; voir Bustamante, Corriente & Tilmatine
2007 : 636–637. Ce mot est attesté dans toutes les langues néolatines occidentales et serait, selon
Coromines, d’origine onomatopéique.
140
Encore un cas de contamination phonétique avec remplacement du /l/ par /n/, comme pour FEṢṢÓN
(voir 2.5.1 le suffixe {+ÓN(A)}).
141
À cause de sa couleur, selon Corriente 2000–2001 : 207 ; cf. aussi TORDÍČO (voir 2.5.1 le suffixe
{+Á/É/Í/Ó/ÚČ(O≠A)}).
142
Sans doute, malgré le manque des témoins d’une autre signification que « salade » pour ce mot latin,
selon Corriente 2000–2001 : 103.
143
Dans ce cas, le mot latin a été métanalysé comme une forme péjorative de pānis « pain ».
144
À cause de sa couleur, selon Corriente 2000–2001 : 207 ; cf. aussi /TORDÓNA/, note (voir 2.5.1 le
suffixe {+ÓN(A)}).
145
Le mot roman andalou aurait d’abord été */BABÚČ/, avant l’assimilation des voyelles, en lien avec
la sécrétion incontrôlable de bave dans les cas d’idiotie, mais cf. aussi /BABÓŚ/, dans 2.5.2 (le
suffixe {+ÓŚ/Z(O}).
146
Avec une restauration ultra-correcte de la diphtongue (voir Corriente 1977 : 29), connue depuis
longtemps. Il ne s’agirait pas d’un attributif de la région des Pedroches, à Cordoue, mais, au
contraire, d’un nom qui semble y avoir tiré son origine de l’abondance de ces arbres.
147
Il y a encore d’autres cas où ce suffixe est ajouté à des mots arabes, comme dans murrúš « petit
miroir » < arabe mirɁāh ; et zambúǧa « olivier sauvage ; bâton » < arabe zaʕ/ġbaǧ (selon Corriente
1997a : 234, note 1) ; voir aussi Corriente 1983 : 58.
148
À cause de ses feuilles rondes et grasses.
149
Mieux que la forme attestée */BULBÁKA/, lecture incorrecte, selon Corriente 2008 : 172. Ainsi
appelée pour ses vertus dans la guérison du ventre, latin īlĭa.
150
Dans ce cas, le mot roman semble continuer le latin avec l’évolution phonétique normale et il n’y
aurait donc pas conscience d’une nuance péjorative ou même de la présence d’un suffixe. Mais ces
suffixes ont certains témoins, même en arabe andalou, comme dans le premier cas, narúqa « crapaud
», une métathèse du latin rāna « grenouille », šalúq « vent de la mer (salée) » < latin sāl et, dans le
deuxième cas, ḫaláq « pigeon apprivoisé pour attirer et voler les femelles d’autrui », en fait « du
désert » = ḫalá, où l’espèce était plus grande et belle ; voir Corriente 1992 : 128–129.
151
Voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 65–67.
152
Donc, déjà dérivés en latin avec le même suffixe, par une attribution générale ou dans le deuxième
cas, une référence au nom de la substance caractéristique de cette plante.
153
Avec des problèmes d’identification, selon Corriente 2008 : 172, note 225.
154
Cf. /PANÍČ/ note 2.5.1 le suffixe péjoratif {+Á/É/Í/Ó/ÚČ(O≠A)}.
155
Nous changeons ici d’avis, en lien avec notre acceptation dans Corriente 1998 : 287, note 103, sur
l’hypothèse de Coromines à propos de >mṭrānā< dans A17 et A19, car une dérivation de ce mot du
latin mĕlĭus s’avère très improbable phonétiquement, quoique probablement correcte pour le castillan
medrar. Ici, il s’agit du latin mātūrare, ce qui est convenable phonétiquement et sémantiquement et
on doit donc toujours lire /MATURÁNA/.
156
Nom alternatif du Meum athamanticum, par attribution au Mont Mawrān (« noirot »), dans le
voisinage de Calatayud, selon Abulḫayr (voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 484).
157
Dans le nom de plante /FARÁNNE FERRÍNO/, littéralement « il brise le fer », sorte de chardon
silvestre ; voir Corriente 2008 : 166.
158
Adjectif ajouté à /ŚÁLCO/ « saule » pour désigner le gattilier.
159
Selon Corominas & Pascual 1980 III : 61, voir aussi Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1142, note
29.
160
Dans /PÉDE LEPRÍNO/ « espèce de carotte sauvage », le mot lĕpŏrīnus étant déjà courant en latin.
161
La dérivation métaphorique étant déjà courante en latin.
162
Adjectif ajouté à l’arabe ḥurf pour nommer la moutarde silvestre.
163
Attributif, peut-être, de Jurumenha, au Portugal, >ǧulmāniyah< dans les sources arabes andalouses.
164
Adjectif ajouté à certains noms de plantes, comme dans /LAYTÚKA/, /ONÓLYO/, /RÚTA/,
/KÓRNO/, etc., voir Corriente 2008 : 173.
165
Voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 575, à propos des vertus insecticides de cette plante.
166
Adjectif ajouté aux noms de plantes /PÉPRO/ « poivre » et /ŚÉNCO/ « absinthe ». On a transcrit ici
>nn< et >ny< selon les sources, sans préjuger pour cela de la question de leur probable confluence
phonétique en /ñ/ dans le faisceau roman andalou, avec des différences diachroniques et/ou
diatopiques, voir 2.2.2 (palatalisation).
167
Une variante *{+ÓÑO} de ce suffixe, avec une alternance vocalique, peut avoir existé, comme dans
>MATRÓNYO< « arbousier », d’où le castillan madroño et le portugais medronho, si, au lieu d’une
évolution phonétique partant du latin arbŭtus/m, > *>ARBOTR+ÓNNO< > *>ARMATR+ÓNNO<
> *>(al)+MATR+ÓNNO<, avec addition du suffixe et, dans tous les cas, une contamination avec
mātĕr « mère », on accepte une autre hypothèse étymologique qui fait provenir ce nom directement
de /MÁTRE/ « mère », en connexion avec les deux autres noms vulgaires de cet arbre, qātil abīh «
assassin de son père » et qābil ummuh « accoucheur de sa mère », reflétant le fait de sa floraison
nouvelle pendant la maturité encore des fruit de l’année précédente ; voir Corriente 1997 : 413, selon
un texte d’Ibn ʕAwwām. Mais, dans tous les cas, les témoins sont peu nombreux, même en castillan,
où on a gazmoño « hypocrite » et, avec diphtongaison, risueño « riant » et pastueño « (taureau) noble
dans ses attaques », et, en portugais, où on a enfadonho « fâcheux », medonho « affreux », pidonho «
quémandeur », risonho « riant », tardonho « lent » et vidonho « réprobable ».
168
Il est très improbable que dans /LENTÉŚKO/ « lentisque » < latin lentiscus/m et /BAŚlLÉŚKO/ «
gentiane jaune » < latin băsĭlĭcus « royal », contaminé par băsĭliscus « nom du basilic et d’une herbe
», ce suffixe n’ait eu aucune fonctionnalité, puisqu’on l’héritait avec les mots latins.
169
Aussi, avec une dérivation avec diphtongaison : /KANTUÉŚ/ « variété de rhamnacée ».
170
Allusion à l’aspérité au tact de ses feuilles, selon Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 382.
171
Cf. le castillan mollar, dit de plusieurs variétés de fruits.
172
On remarque une tendance vers la dé-morphématisation de ce suffixe, surtout dans son allomorphe
{+ÁL}, comme dans /APERTÁL/ « espèce ouverte du lin » (voir Dozy 1881 I : 1 sous >abārṭ<) <
latin apertus et /KABÁL/ « exacte », chez IQ 46/3/4, < bas latin *capalis < latin caput « tête ».
173
Voir Corriente 2008 : 177, à propos de l’étymologie populaire de ce mot roman andalou, prouvant
qu’à l’époque où les botanistes musulmans écrivaient leurs traités et demandaient la signification des
noms latins aux prêtres mozarabes chrétiens, ceux-ci en étaient également ignorants, car ils étaient
devenus monolingues en arabe, selon Corriente 2000 : 138–139, note 1. Parfois, ce morphème avait
un allophone sans voyelle finale, comme dans /RÉČEN = RÉČNO/ et /FÓFNE/ « variété très tendre
de pomme », cf. castillan fofo « mou », dont l’étymologie problématique est discutée dans Corriente
2008 : 167.
174
Dit du lentisque, par une confusion étymologique populaire, et d’une variété de raisin. Quant à
>brwdyqš< ou >brdrdyqš<, chez Abulḫayr nºs 899 et 3232, nom d’une variété rougeâtre de saule,
interprété dans Corriente 2000–2001 : 175 comme dérivé du latin prōdĭgus « exubérant », le texte
suggère plutôt que ce nom était allusif au grand nombre de ses branches, cf. le synonyme castillan
bardaguera, peut-être en rapport avec verdugo « rejeton d’arbre », probablement < latin vĭrĭdis « vert
». Il ne semble donc pas s’agir d’une variante sonorisée du suffixe {+EKO}.
175
Mais il pourrait s’agir du même adjectif latin pannūcĕa māla « espèce de pommes qui se rident », ce
qui est en outre appuyé par le nom de la pêche chez Alcalá banúj/xa, suggérant que le suffixe {+ÚČ}
a été ici contaminé par {+ÓŚ/Z}.
176
Adjectif qualificatif de /FÍKO/ « figue », /TIRIDKÁYRA/ « avoine folle » et /ZANBÚQA/ « raisin
qui n’arrive pas à maturité ».
177
Qualificatif ajouté à /POLÉYO/ < latin pūlēgĭum « pouliot » et /ŚÉBO/ < latin sēbum « suif ».
178
Qualificatif ajouté a /ÁLA/, /POLÉYO/ et /TÉRRA/.
179
Mais souvent plutôt attributif, ou simplement adjectival, à cause d’un affaiblissement sémantique,
comme dans /AČETÁYRA/ « espèce d’oseille » < latin ăcētārĭa « légumes assaisonnés avec du
vinaigre », >BOBOLYÁYRA< « camomille sauvage » < latin bŏvis ŏcŭlus, littéralement « œil de
bœuf », traduction du grec βούφθαλμον, /PODOL(L)ÁYRA/ « herbe-aux-poux » < latin pēdĭcŭlus, à
travers sa variante phonétique >PODOLYÁR<, /KOLOMBÁYRA/ « tournesol » < latin cŏlumba «
pigeon » et /ROMÁYRO/ « romarin » < latin rosmărīrnus < rhus mărīrnus, littéralement « sumac de
mer ». Cet affaiblissement de la marque suffixale a sans doute favorisé les substitutions si fréquentes,
comme dans certains des mots susdits : >AČETÉLLA<, /KOLOMBÁREŚ/ et >ROMÉNYO<.
180
Voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 87 et, avec omission du mot roman, dans Benmrad
1989 : 200, sous >drāqunṭiyūn<.
181
À travers le roman andalou, où /GARRÍR(E)/ signifie simplement « dire », et avec un suffixe dental
ayant généré le castillan gritar « crier », origine de cette désignation botanique métaphorique,
puisque l’apparition de ses rejetons serait accompagnée d’un bruit qui ressemble à un cri : voir
Bustamente, Corriente & Tilmatine 2007 : 442.
182
Dont l’étymologie latine est disputée, peut être pullus ter, qui ne satisfaisait pas Corominas, mais un
féminin /PÓTRA/ est attesté dans la variante synonyme /YÉRBA PÓTRA/, confirmant la
signification de cette métonymie.
183
Allusive à la forme de ses fruits.
184
Allusion probable à ses effets, décrits dans Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 753–755, aussi
reflétés par le synonyme andalou munsíyyah « celle qui fait oublier ». L’altération de la deuxième
consonne pourrait déceler une contamination avec l’arabe qulūb « cœurs ».
185
Mais aussi le nom d’une espèce de pêche et du carthame sauvage, toujours sans doute par allusion à
la couleur rouge du sang.
186
Ce suffixe est d’application universelle, on dirait presque contagieux, ayant souvent empiété le
terrain des autres, comme dans pandáyr < latin pandōrĭum < grec πανδοῦρα « sorte de luth » et on
peut également le trouver ajouté à un mot arabe, dans l’arabe andalou, comme dans ǧawabáyr «
discutailleur », formé sur l’arabe ǧawāb « réponse », ou zalláyr « fornicateur », formé sur l’arabe
zallah « faute, péché » ; ou dans le roman andalou, comme dans /ḥarḏ+ON+ÁYRA/ « mélisse
sauvage » < arabe ḥirḏawn, où l’on a métanalysé un suffixe augmentatif roman, parfois dans des
mots sans autre témoin avant le castillan, comme dans le roman hispanique de /PUǦBANTÁYRA/ «
espèce de plantain » < roman andalou *puǧabánt « paroir » < latin *pulsat ab ante ; ou bien à des
mots hispanique préromans, comme dans /MORKÁYR/ « sorte d’olive » < préroman *mork+ (cf. le
basque morg/kil « ramassis », origine de nombreux noms de saucisses dans les romans hispaniques,
comme le castillan morcón, morcal, morcilla et morcillón et, avec une substitution de suffixe, de
l’arabe andalou mirkás et ses descendants nord-africains) ; voir Corriente 1980 : 198, ainsi que
Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1195, note 39 et, pour les aspects généraux de la question des
suffixes romans, Corriente 1992 : 126–131.
187
Allusion au roman andalou */LANPÁDA/ < latin lampăda = lampăs « flambeau », à cause de ceux
qu’on allumait pour cette fête. Mais on a aussi /LANPADAYRÓLA/ « centaurée », diminutif d’une
autre forme du même mot, sans contraction de la diphtongue.
188
Avec un allomorphe /NEGRÍN/, avec une de ces substitutions de suffixe si fréquentes.
189
Dit d’une espèce de cette plante n’ouvrant ses fleurs que pendant la nuit ; voir Bustamante, Corriente
& Tilmatine 2007 : 502.
190
Voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 112.
191
Ainsi appelée à cause de sa couleur et aspect rampant ; voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007
: 458.
192
Car on pensait que la folie était induite par le souffle des mauvais esprits, cf. aussi {lwṭr} dans
Corriente 1997 : 488 et le castillan orate ; voir ensuite /MÁLBA AWRÁTA/, en castillan malva loca.
193
Un cas hâtif de réalisation de /ś/ comme /č/, confirmé par le castillan cerrar (voir 2.2.2).
194
Sous l’entrée riǧlah (selon Bustamante, Corriente & Tilmatine 2004 : 215), comme traduction, à côté
de l’arabe muḫtaliṭah, d’un nom roman du pourpier, >bulšāqaš išṭiǧǧǧah< (voir pour le premier
mot 2.5.1 les suffixes péjoratifs {+ÁK} et {+ÚK}), mais on doit corriger le deuxième mot comme
>m.ššiṭah<, suggéré par l’auteur, ou plutôt */MEŚTIČA/ < latin mixtīcĭa « métisse », cf. le castillan
mestiza.
195
Sémantiquement et phonétiquement proches des autres, mais n’étant pas un participe passif, cf. latin
cornūtus « cornu ».
196
Ossyris alba, voir Bustamente, Corriente & Tilmatine 2007 : 526, encore sans l’identification
étymologique suggérée dans Corriente 2008 : 165, tirée du latin fascis « faisceau », puisqu’on en
faisait des balais.
197
Probablement Glossonema edule, qui se mange pendant les périodes de disette, mais amère, voir
Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 538 et note 7.
198
Car on en faisait des éventoirs.
199
Appelé naḥt par les grammairiens natifs, avec des exemples classiques comme basmalah et
ḥamdalah « prononcer les formules bismi llāh (au nom de Dieu) et alḥamdu lillāh (Louange à Dieu)
» et des néologismes contemporains comme barmaɁī « amphibie » et darʕamī « relatif à l’institution
Dāru lʕulūm du Caire », etc. Les cas de composition de racines étaient peut-être plus fréquents à
l’époque préhistorique des langues sémitiques, mais la même chute de plusieurs consonnes rend
difficile la reconnaissance des composants : parfois, on a parlé d’allothèse et de métathèse afin
d’expliquer les nouvelles racines, comme dans l’ouvrage de S. Majzel, Puti razvitija kornevogo
fonda semitskix jazykov, dont un compte-rendu dans Corriente 2005 : 273–278.
200
Nom plaisant donné à cette plante, utilisée comme balai, etc.
201
Du grec χαμάιλικος.
202
Voir aussi BCT 2007 : 11. Dans de tels cas, il faut se méfier des manipulations des mots étrangers par
les copistes, selon Corriente 2008 : 137.
203
Avec un déplacement sémantique étudié dans BCT 2007 : 513.
204
Voir /ÁLBO/.
205
Sans rapport avec le latin ăcētārĭa « salade », la suffixation ayant eu lieu dans une phase hispanique
du bas latin.
206
Une variante sans la dernière syllabe, encore acceptée dans Corriente 2008 : 137, ne serait qu’une
erreur de copiste.
207
Voir Corriente 1983a : 30 et Corriente 1997 : 232, où ce mot semble être dans H26, en rapport avec le
castillan adieso. Par contre, la présence dans IQ 76/7/4 d’une variante orthographiée >aḏašt< du
même mot ou d’une autre tournure démonstrative similaire, ne semble pas s’imposer si nettement,
comme nous l’avions pensé, et plus tard corrigé dans l’édition marocaine de 2013.
208
Mais ce texte est douteux ; voir Corriente 1997 : 312. Le préfixe causatif, déjà présent en latin,
pourrait ne pas continuer l’usage classique et avoir été réintroduit dans une phase hispanique du bas
latin.
209
Ce texte avait reçu des interprétations basées sur des corrections qui n’étaient pas nécessaires à
l’origine. Avant ces corrections, le texte était assez convenable et conforme à la paléographie reçue ;
voir Corriente 1997 : 301–302.
210
Le contexte, /ADORNÁTO DO MÓRTE/ « enveloppé dans son linceul », suggère la continuation
d’une tournure au moins du bas latin, extraite des significations habituelles du latin adornāre «
équiper, préparer, etc. ».
211
Nous avions pensé qu’il s’agissait du reflet roman hispanique du latin adjunge « joins », qui aurait eu
un autre témoin dans *>ADÚNNE BÚLBAŚ<, BCT 403 (voir Corriente 2008 : 138), mais les
graphies >Ɂlynh< et >Ɂlnnh< de ce dernier terme suggèrent plutôt, dans ce cas, une lecture
*>AYÚNNE<, avec ladite étymologie latine, q.v., alors que dans A36 on aurait affaire à une des
hybridations si fréquentes dans le roman andalou, selon notre avis plus sage dans Corriente 1997 :
304. En fait, une graphie >adwnm< ne peut pas phonétiquement avoir été le résultat du latin
*adjunge me.
212
Déjà dans Ausone, poète gallo-roman du IVe siècle, comme nom du pays des Francs, mais dans le
bas latin postérieur, il s’agissait définitivement et clairement de la France.
213
Avec plusieurs graphies suggérant la présence ou l’absence de la voyelle initiale prosthétique, à
distribution diachronique, diatopique, etc., selon 2.2.4. Quant à la séquence graphique >nn/y<, voir
2.2.2 (palatalisation des consonnes / / et /ᶅ/). Voir BCT 2007 : 358, à propos d’autres noms de cette
plante que l’auteur déclare méconnue en Al-Andalus.
214
Voir Corriente 2008 : 138, note 114, pour l’hypothèse d’une dérivation du bas latin olibanum, ou
directement de l’arabe lubān de même sens) mais, en fait, un tel raccourcissement n’est pas fréquent
et serait étrange pour un mot assez courant en arabe andalou. Il faut peut-être considérer la possibilité
d’un dérivé nominal de olfīo, passif de olfācĭo « flairer, sentir » ou, dans tous les cas, de ce dernier
verbe. La variante graphique >farqandūf<, plus jeune et évoluée, décèle l’absence de voyelle
prosthétique et la chute du phonème sonore /l/ dans la jointure finale.
215
Avec plusieurs variantes graphiques, dont >ġarayqūn< qui serait la forme corrompue normale pour
l’arabe andalou (cf. gariacón chez Alcalá, peut-être une erreur typographique, fréquente dans cet
ouvrage, au lieu de *garaicón) et peut-être aussi le roman andalou ; voir aussi BCT 2007 : 573.
216
C’est le Juniperus communis, encore appelée grojo dans l’Álava, la Rioja et des parties de l’Aragon,
avec les mêmes termes et métaphore, à cause de sa hauteur, ce qu’on retrouve avec une sémantique
différente dans le castillan grúa, français grue, anglais crane, etc. Il y a aussi les variantes brujo et
broja « (génévrier) oxycèdre » (Juniperus oxycedrus), à Burgos ; voir BCT 2007 : 50.
217
Ce qui prouverait la prononciation /ágwa/ pour la Bétique, au moins. Mais une variante avec
métathèse */áwga/ a pu exister aussi dans d’autres régions ou époques : en fait, le catalan aigua
semble en être un dérivé avec dissimilation de la séquence /w…w/ ; voir aussi */ÁYR(E)/, avec un
possible témoin d’une forme similaire.
218
Où l’adverbe introduisait un fait nouveau.
219
Reflétée aussi par ses noms dans d’autres langues, telles que le français « immortelle stéchade »,
l’anglais golden tufts ou gold flowers, l’allemand Goldblume et l’italien immortale giallo.
220
Il y a encore une variante /AKRIYÓLEŚ/, selon SG 3. Cf. le portugais agrião, le marocain gǝrnūnǝš
(selon Prémare 1993–1999 X : 716, déjà dans Lerchundi 1932 : 137, avec quelques erreurs
typographiques) et le grenadin uquryún chez Alcalá ; quant au castillan agrión, il dériverait aussi de
ce mot avec la signification botanique de « cinnamome », mais pas dans celle de « râpes des bêtes »,
q.v. sous /AGROGÓN/. Dans certains cas, on l’identifie comme Apium nodiflorum.
221
Dans ce cas aussi, il s’agit du nom d’une espèce de mauve. La distribution chronologique et
diatopique de ces termes, ainsi que leur évolution phonétique, sont toujours problématiques ; voir
Corriente 2008 : 144 et note 131.
222
De plusieurs lieux, selon SG 3 et 372–373.
223
Littéralement « aile de bouc ». Quant à l’identification avec assa-foetida, dans BCT 558, elle est
considérée une erreur par l’auteur.
224
Voir Corriente 1988a : 85, sous *zrāwund.
225
Voir Corriente 2000–2001 : 98–100, à propos des erreurs des botanistes andalous ayant vécu après
l’extinction du roman andalou et consultant des Mozarabes, qui n’en savaient pas davantage.
226
Voir aussi /EŚPÍNA ÁLBA/. Malgré les avis de certains romanistes ayant étudié les ḫaraǧāt, il n’y a
aucun vrai témoin de ce féminin avec la signification d’aube. Il est aussi remarquable que le
germanisme castillan blanco, le portugais branco, le français blanc, l’italien bianco, etc., n’aient
jamais remplacé le latin albus dans ces sources.
227
Voir aussi ABÚČO.
228
Dérivé par suffixation du latin măcŭla « tache », cf. le castillan mancha et le portugais malha. On se
servait de cette plante pour enlever tout ce qui pouvait tomber dans le lait de la traite, ce qui généra
aussi le nom arabe mušṭu rrāʕī « peigne du pasteur », curieusement semi-traduit par le murcien
peñarao voir Corriente 2005a : 240.
229
Voir Corriente 1997 : 323.
230
Et plusieurs graphies corrompues par métanalyse et élimination d’un article arabe, dans BCT 1176,
1177 et 1802.
231
À ne pas confondre avec >amraqwn<, >amryqwn< et d’autres graphies corrompues du grec
ἀμαράκινον « matricaire », BCT 5.
232
Avec une diphtongue étrange, présente aussi dans le portugais almeirão, face au castillan amargón, à
cause d’une alternance fréquente en arabe andalou entre les formes nominales {1ā2ū3} et {1ay2ū3},
selon Corriente 1999 : 190.
233
Par la suite, le portugais amêndoa reste proche de la solution du roman andalou, alors que le catalan
ametlla a eu une évolution phonétique masquant le suffixe diminutif ; quant au castillan almendra, il
a fait de même, en y ajoutant l’addition d’une métanalyse de l’article arabe.
234
Cf. le portugais tamanco « sabot, galoche », probablement le reste d’un syntagme *alto amanco «
sabot haut » (d’où l’arabe andalou iltimáq « botte à l’écuyère » et ses dérivés, jusqu’au turc tomak ;
voir Corriente 1985 I : 149) et le dialecte andalou du castillan amanco « attirail ».
235
Probablement, une évolution hâtive dans certaines langues néolatines occidentales du latin ambŭlāre
(par exemple à travers ambŭlātus « faculté de marcher », mot à partir duquel est créé, au moyen
d’une suffixation, le terme en bas latin *ambulatare > *am(bla)tar < /ANDÁR/).
236
Voir SG 17 et Ferrando 1995 : 109.
237
Souvent complété par l’attributif /MAWRÉŚKA)/, q.v., sous ce mot.
238
Voir Corriente 1988 : 40 et 1989 : 75. Les graphies >yābur < et >bābū< de BCT 4868, 5084 et 665
sont des tentatives ratées de reproduire le mot latin.
239
Corrompu dans BCT 583 et 1563.
240
Voir Dozy 1881 I : 1 sous >abārṭ<, la forme sans suffixe étant attestée dans SG1 et DS I : 1.
241
Chez Isidore et dans le Vocabulista in arabico, selon Griffin 1961 : 113 ; cf. portugais abobra «
courge ». Il y a aussi des variantes aphérétiques, /BÓB(A)RA/ et son diminutif >BOBRÉLLA<,
selon SG 49.
242
Dans VA, voir Corriente 1989 : 35.
243
Déjà dans VA, voir Corriente 1989 : 24. La graphie Apríl chez le tardif Alcalá suggère une réalisation
toujours sourde de la première consonne (selon Griffin 1961 : 90) de ce mot attesté plusieurs fois,
selon SG 2.
244
S’agirait-il d’un emprunt vulgaire et corrompu au grec ἐλαία ἀνδρός « olivier du mâle », peut-être à
cause de la ressemblance de ses feuilles.
245
Les graphies sont toutes corrompues, selon BCT 2007 : 16, note 14 et 551, note 5. La contamination
par le latin lĭquŏr aurait était hâtive ; on la retrouve dans le vieux français et l’anglais licorice. La
métathèse des consonnes sonores aurait été aidée par une contamination avec les dérivés du latin
rēgālis « royal », à cause des vertus attribuées à cette plante, ce qui aurait eu lieu dans le bas latin
occidental, puisque qu’on la retrouve en français. Un rapport avec le castillan regalar < français
régaler, d’origine germanique serait hors de propos, selon Corominas.
246
Mot grec dont l’étymologie est problématique, qu’on a mis en rapport avec ὄροβος « ers ou vesce »
et le latin ervum « lentille bâtarde ». Quant à la graphie citée, et d’autres souvent corrompues de la
même source, elle suggère que le mot grec aurait pénétré le bas latin hispanique, puis l’arabe andalou
(ce qui explique la vocalisation avec /a/ de la deuxième syllabe, selon Corriente, Pereira & Vicente
2015 : 10–11, note 24, à cause de la « loi de Phiippi »), jusqu’au castillan garbanzos, à la différence
du catalan cigró (< latin cĭcĕr, ou plutôt de son diminutif cĭcĕro, -ōnis) et le métonymique portugais
grão-de-bico. Cette dernière langue semble nous fournir l’explication de la première syllabe du
castillan, à travers un hypothétique *grano (d’)arbanzo.
247
Il pourrait aussi s’agir du pluriel du latin actĭon « celsia », emprunté au grec ἄρκτιον « bardan »,
avec une évolution sémantique. La variante >Ɂrṣh< de SG 2 confirme l’hésitation connue entre /č/ et
/c/ ; voir 2.2.2 (sifflante prédorsale (affriquée) /ŝ/). Le castillan zarza, isolé parmi les langues
néolatines hispaniques (cf. catalan esbarzer ou romaguera et le portugais silva), a développé la
consonne initiale à travers une fausse coupe avec l’article *la/s+arzas ; le basque sartzi cité par
Mugica, mais omis par Azkue, étant probablement un emprunt tardif au castillan.
248
D’où le castillan aulaga, aliaga et d’autres variantes dialectales, voir Corriente 2008 : 188.
Néanmoins, au lieu de cette corruption phonétique de l’article arabe, il pourrait s’agir d’une
contamination avec /ÁRČA/, q.v., tous deux étant des noms des plantes épineuses.
249
Ainsi appelée à cause de l’âpreté de ses feuilles, selon les auteurs. Une graphie >Ɂrḏry<, suggérant
une prononciation */ARDÁRE/ ne serait qu’une confusion avec les infinitifs de la première
conjugaison, avec l’option de cette voyelle additionnelle.
250
Voir BCT 2007 : 322, note 11, à propos de l’identification douteuse de cette plante ; il s’agit aussi du
nom de l’orcanette (Anchusa tinctoria) et de la cigüe vireuse, aquatique ou des marais (Cicuta virosa)
; cf. >MANNÁYRA<. La réalisation avec un /b/ est un trait de la prononciation vulgaire, selon
Corriente 1992 : 43.
251
Selon l’auteur, il s’agirait du nom de cet animal à Ǧillīqiyyah.
252
Survécu dans le castillan armuelles.
253
Du gothique rēths « conseil ; prévision », selon Corominas.
254
Autrement, on appelait ainsi la belette, par euphémisme, parfois aussi ʕarúsat alfirán, littéralement «
la fiancée des souris », car on craignait ses attaques contre les volailles, mais on connaissait son
efficacité contre les invasions de souris.
255
Voir Corriente 1977 : 151–152.
256
Pline l’a mentionné pour une variété de prunes.
257
Du gothique *spaura, voir Corriente 1997 : 17 ; cf. le castillan espuela. Nous changeons donc d’avis,
ici et depuis Corriente 2008 : 145, ayant d’abord soutenu une étymologie tirée du latin aspĕrus « âpre
» dans Corriente 1997 : 17.
258
Voir Bustamante 2005 : 147.
259
Il faut corriger les lectures >Ɂṭyršnh< et >Ɂṭryšh< des manuscrits.
260
Mais voir Corriente 2008 : 146, note 139, à propos d’autres identifications chez les botanistes. Voir
aussi Corriente 1977 : 33, à propos de la chute occasionnelle d’un /b/ en position implosive, qui
aurait ici remplacé le /p/ étymologique, mais un phonème marginal en arabe andalou.
261
Mais on l’identifie aussi avec la clématite (Clematis alba) et le laurier (Daphne laureola).
262
Voir BCT 2007 : 280, et cf. le castillan malva loca, et orate « fou », puisqu’on croyait que la folie
était la conséquence de certains vents.
263
Voir Corriente 2008 : 187, note 261, à propos de l’acceptation de ce terme botanique en Orient et la
possibilité d’avoir donné son nom à la ville algérienne d’Aršaqūl (= Arshgūl dans EI2), plus proche
d’un antérieur */ČEKÓL/. Quant à la contraction de la diphtongue initiale, voir 2.2.1.
264
Voir Corriente 1977 : 33, à propos de la chute occasionnelle d’un /b/ en position implosive, comme
dans >FAYČ(IY)ÉLLA<, /AWKÍNO/, et même dans le nom de lieu castillan Olías (< Olivas), près de
Tolède.
265
Néanmoins, il pourrait plutôt s’agir du lieu appelé aujourd’hui Tres Aigües, près de Tortose : voir
BCT 2007 : 475, note 3, suggéré par la graphie du manuscrit de Rabat, >Ɂṭrš Ɂywš<, ce qui mettrait
en question toute cette entrée.
266
Voir Corriente 2008a : 147, à propos des graphies erronées de quelques manuscrit, et des données de
SG 555 et Benmrad 1989 : 273 suggérant une variante *>YÚNNE< pour le premier constituant du
syntagme et, pour le deuxième, *>PÉǦA< « pièce », comme euphémisme au lieu de /BÚLBA/
devenu très vulgaire, selon Corriente 2008b : 406.
267
Et encore, selon la morphologie arabe, d’un collectif masculin on aurait tiré occasionnellement le
nom d’unité féminin.
268
Voir Corriente 1999, s.v. loco.
269
Mais cette graphie est suspecte, et peut-être inférieure à /YERBÁTO/, q.v.
270
Où il faut corriger la graphie éditée >yarġlluš<, les manuscrits, et la traduction de BCT 2007 : 769.
271
Voir Corriente 1977 : 47, à propos de son emprunt par l’arabe andalou et une métonymie botanique
dans BCT 2359, où >barrūqà< est le nom ainsi expliqué des fruits du tamaris.
272
Voir Lapesa 1980 : 468–469 et 597, et cf. /BAYÓMBA/ « raisin d’ourse (Arctostaphylos uva-ursi) »,
castillan gayuba, contaminé par gayomba, q.v.
273
Il reste pour la rime la différence entre /s/ et /ś/, mais leurs confusions étaient fréquentes, selon
Corriente 1977 : 49 et un mot roman en position de rime n’aurait pas été trop gênant pour ce poète.
274
Traduction suivante en arabe andalou : /mur ʕazīz makrúm/ « allez, puisant et honoré ». Nous avons
suggéré une lecture alternative, */BEŚTÍTO/ « revêtu (d’une robe d’honneur donnée par un supérieur
à un inférieur) » ; en fait, notre poète mentionne cette robe, /ḫilʕah/, dans 94/27/1, /ḫilʕah alqáyt
ʕala abán quzmán/ « tu as mis une robe d’honneur sur IQ ».
275
Voir Corriente 2014 : 46, à propos du catalan babastell et d’autres dérivés du même mot dans les
romans hispaniques.
276
Une hypothèse alternative est le bas latin bacchinon, étudié par Coromines.
277
On les appelle en arabe /layliyyah/ ou /sāmiriyyah/, c’est-à-dire « de la nuit », à cause de cette
propriété.
278
Avec les variantes >ablīšah< et >bāšilyah<, dont la première suggère une forme comme l’aragonais
blesa (cf. castillan belesa, selon SG 29), et la deuxième, une contamination par le latin băsĭlisca «
basilic ».
279
Voir BCT 2007 : 108 et 518, à propos de son identification douteuse. Il est remarquable que les
substantifs après le nom de nombre peuvent rester au singulier, selon la grammaire arabe, ou avoir le
morphème du pluriel, selon la grammaire romane.
280
Il ne faut pas croire l’interprétation de ce mot donnée par l’auteur comme « diarrhée produite par le
froid », probablement un de cas où les botanistes andalous consultaient des Mozarabes ne sachant
plus le latin ou même le roman, selon Corriente 2000–2001 : 98–100. Son nom alternatif, /TÓRNA
MÁTRE(Ś)/ suggère plutôt un bas latin *ventercarius « remède pour l’utérus » cf. le castillan
ventrera « ceinture ou pièce de l’armure protégeant le ventre ».
281
DT 240 a une graphie différente >šākah bāntah<, interprétée comme « celle qui fait sortir le vent »,
mais la graphie d’Abulḫayr est plus en rapport avec le nom alternatif arabe andalou de cette plante,
/manfúḫa/ « gonflée » ; voir Corriente 2000–2001 : 202.
282
Avec des graphies assez différentes parfois, comme dans >byzmānh<, >b(b)rnāqh<, >bnǧmānh< et
>bnzǧ mānh<, suggérant la possibilité d’une autre lecture pour le premier élément, comme le bas
latin >bassiare< « descendre », ce qui est autrement soutenu par la graphie >ǧnǧbnyh< de 1244.
283
Avec quelques graphies comme >fymn<, suggérant une réalisation labiodentale du /v/ : voir 2.2.2 (les
consonnes labiales et labiodentales).
284
Dans ceux deux cas, l’auteur confond les noms de la vipère et du poivre, /PÉPRO/, ce qui prouve que
ses informateurs Mozarabes ne connaissaient plus bien le roman, ni n’en distinguaient bien les
phonèmes.
285
Voir Corriente 1977 : 68.
286
Parfois confondue avec /PETREKÁYRA/, dans BCT 2173, q.v. Cf. latin vĭtrĭārĭa « pariétaire ».
287
Le latin a connu buccella, mais le roman a formé son diminutif en partant de bucca.
288
Voir aussi Corriente 2008 : 151, note 159 à propos de la suffixation et d’autres dérivés, et BCT 2007 :
114, à propos de contaminations avec le bas latin porcus « vulve », à cause de son utilisation dans le
traitement des douleurs de l’utérus.
289
Il y a eu beaucoup de confusions phonétiques et sémantiques avec /RÓNPE TÓNKA/ « calendule
(Calendula arvensis) » et /BRETÁNIKA/ = /BERTÁNIKA/ < latin brĭtannĭca (herba) « patience
(Rumex patientia) » ; voir Corriente 2008 : 152, et note 160, ainsi que des étymologies populaires,
telles que */BÓN TÚREKO/ « bon comme l’encens » < bas latin *bonus turicus, /BÓN TRÓNKO/ «
belle tige »< latin bŏnus truncus ou >BÉLLA< ou /BÓNA TÓNKA/ « belle tunique » < latin bella /
bŏna tŭnĭca, à cause de la beauté de ses fleurs ».
290
Un tel adjectif ne pouvant dériver directement du latin vultŭrīnus.
291
La graphie >bǧyn< dans 4764 suggère une prononciation vulgaire sans la première syllabe, à cause
d’une métanalyse de mot /(a)bū/, souvent préfixé aux noms de plantes et d’animaux.
292
Emprunté au grec βαλανωτή, à travers le syriaque ballūṭ(a).
293
Le mot est rapporté par VA et Alcalá avec un pluriel brisé et un dérivé participial, preuves d’une
intégration totale dans l’arabe andalou. Quant à la confusion avec le tamaris, on l’a attribuée à une
ressemblance extérieure (questionnable) et à leur efficacité dans le traitement des verrues.
294
Avec plusieurs graphies comme >bawṭāniyah< et >bwṭānnah< suggérant des variantes dialectales
d’un mot technique non assimilé.
295
Avec les graphies alternatives >bwṭwlwn< et >bwṭly<, celle-ci reflétant la métanalyse du suffixe
diminutif roman.
296
Voir Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 163, à propos de cette réalisation.
297
Déjà le latin būglossa reflétait le grec βούγλωσσος, traduit aussi en arabe comme /lisānu ṯṯawr/.
298
Avec une évolution sémantique similaire et peut-être imitant celle de l’arabe /ṭaʕām/ « nourriture ;
blé ». Quant à l’hésitation dans la réalisation de la consonne initiale, qu’on retrouve dans /CÍNKO/, /
Č/ṢÉNNA/ et /ARČA/, voir 2.2.2 (les consonnes pré-palatales).
299
Mot qui semble se retrouver dans le sobriquet, >ČÉČARO MÓLLE< « vesce tendre », d’un
ambassadeur à Cordoue, probablement un Mozarabe, du roi de Léon, Ramiro II, selon Ibn Ḥayyān,
Al-Muqtabas V : 475, où il faut corriger >Ɂlǧǧrmlh<, voir aussi page 356 de sa traduction, Crónica
del Califa ʕAbdarraḥmān III An-Nāṣir entre los años 912 y 942, Saragosse, 1981.
300
Traduit par l’auteur lui-même comme « prends ».
301
Voir Corriente 2008 : 155 et Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 280–281.
302
Reflété aussi par çanjupiyaš = çunčubiyaš dans l’aljamiado morisque (selon Galmés et al. 1994 : 167
et 179) et Alcalá çubcipícha : voir Corriente 2008 : 156, note 178.
303
Nous abandonnons donc l’interprétation des graphies >ǧnǧbnyh< comme */ČENČEPÓNTA/ dans
Corriente 2008 : 156.
304
Voir Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 288, à propos des témoins de cette racine dans les dialectes
andalous arabe et roman.
305
Quant à l’hésitation dans la réalisation de la consonne initiale, qu’on retrouve dans /C/ČÍNKO/, /
Č/CEBÁYRA/ et /ARČA/, voir 2.2.2 (les consonnes pré-palatales).
306
Voir */ÁWRO/.
307
Voir 2.4.1.1 à propos de ces deux cas de singulier avec les noms de nombre supérieurs à dix.
308
Dans 1329 ce mot est une erreur au lieu de /KABRÚNO/, q.v.
309
Appelé ainsi probablement parce qu’il pousse dans les montagnes ; nous abandonnons donc
l’étymologie suggérée dans Corriente 2008 : 157.
310
Une variante /ČÉRKA/, féminine et nom d’unité suivant la morphologie arabe, semble avoir existé
aussi, selon les témoins de SG 164, comme dans chírque chez Alcalá. Un adjectif attributif arabe
andalou /čirkí/ « noueux comme le bois du chêne » pourrait être dans IQ 1/6/4, malgré notre dernière
édition marocaine.
311
Dont l’usage est prouvé par l’emprunt arabe andalou /čírr/ « fanon des bêtes », etc. : voir Corriente,
Pereira & Vicente 2017 : 259.
312
C’est-à-dire « donner la mamelle », mais son inversion sémantique hispanique est connue. Voir aussi
l’anecdote transmise dans Corriente 2008 : 158, note 185, à propos de la consommation de cette
plante.
313
Voir Corriente 2008a : 19–20, sous acerola.
314
Voir d’autres cas d’hésitation entre /c/ et /č/ dans 2.2.2 (les consonnes pré-palatales) ; cf. castillan et
portugais cerrar « fermer », mais catalan serrar « presser ».
315
Probablement, la première variante, avec les graphies >ǧm/nǧr(h)< et >ǧmǧmh<, a été contaminée
par le premier élément de /ČENČABÁRA/, /ČENČAPÉ(N/Ḏ)CA/ et /ČENČA(D)PÚNYO/.
316
Autrement, on ne peut pas exclure une corruption du latin cu/ypressus « cyprès ».
317
La variante avec harmonisation vocalique, selon Corriente 1977 : 69, semble être la seule utilisée en
Al-Andalus.
318
Le lexique des marins de la Méditerranée étant souvent emprunté ou grec, on pourrait proposer σκιά
« ombre », comme une métonymie de la fuite, cherchant à se cacher, mais il faudrait avoir d’autres
témoins d’un tel usage chez les marins et les pêcheurs de cette région.
319
Voir BCT 2007 : 291, note 2, à propos de la possibilité d’une étymologie populaire.
320
Une variante /DO/ semble se trouver dans A29, IQ 20/6/2 et 3 e 49/5/2.
321
Cf. le castillan endeble « faible ». Voir Corriente 2008 : 160, note 193, à propos de l’utilisation du
graphème >ḏ̣< dans certains contours vocaliques.
322
Cf. le castillan dentabrón et les formes similaires du portugais et du galicien.
323
Ou plutôt d’autres carnivores canidés, car le loup gardait en arabe andalou son nom roman, lúbb, Cf.
le castillan adive « chacal ».
324
Où il faut corriger les graphies >ṭaǧīnuh< et >ṭaǧiyyuh<.
325
Avec les graphies latines >ḏurāǧnu/i<, ainsi que les grecques >ḏurāqin<, >ḏurāqni< et
>ḏurāqūnan<, c’est-à-dire δωράκινον, un emprunt au latin.
326
Les graphies >Ɂbrh/y< et l’assignation de ce nom à la Marque Supérieure, suggèrent un attributif du
fleuve Èbre, donnant son nom à une variété de lavande.
327
Selon l’étude de Griffin 1961 : 227–228, avec une substitution du suffixe diminutif par l’augmentatif
; cf. castillan escuerzo « carpaud » et catalan escurçò « vipère ». Mais l’étymologie latine est encore
discutable : voir Corriente 2008 : 161.
328
Voir Corriente 2008 : 161, note 197, à propos des variantes chez les auteurs.
329
Où on explique que ce nom roman n’a jamais signifié la citrouille, mais qu’on l’a introduit ici comme
un synonyme de yaqṭīn.
330
Le même mot semble avoir été transmis à l’arabe andalou comme */ičínu/ (echíno dans Alcalá), à
travers le langage des gens de la mère et avec la phonétique bas latine habituelle dans ces cas assez
fréquents.
331
Voir 2.3.2.
332
Il faut corriger les graphies du manuscrit >Ɂndamūniti< et >Ɂndamūliyā<, synonymes de
>ǧinǧibāsah<, c’est-à-dire /ČENČAPÉ(N/Ḏ)CA/, q.v.
333
Qui est devenu actif dans plusieurs langues romanes.
334
Peut-être par la préfixation de l’article arabe, ou une dérivation du bas latin *intaedare « mettre feu
avec un telle torche », car on signale partout que ce mot est aussi le nom de l’amadou ou de plantes
dont la combustion est facile.
335
Le roman >aškīn(uh)<, >aškīl< ou >askīn< étant témoigné par BCT 3463.
336
Voir Corriente 2008 : 163 et note 202.
337
Voir Makkī & Corriente 2001 : 57 et note 93.
338
À ne pas confondre, malgré les prononciations similaires, avec >ašbiṭāllah< « épeautre (Triticum
spelta ou monococcum) », un diminutif roman du latin spelta, dans BCT 355, voir page 37. C’est
l’origine du français « épée », du castillan espada, etc., cf. les noms italiens du glaïeul spadino et fil
di spada.
339
La forme avec harmonisation vocalique étant la seule transmise dans le texte ; cf. >ČE/OPÓLLA< et
/ČI/UKÚTA/.
340
Et aussi, par métonymie, le nom de certaines espèces d’algues.
341
Il faut corriger ainsi >fayāquh< dans BCT 1151.
342
Voir 2.5.4 à propos de l’accumulation de suffixes.
343
Ou, peut-être plutôt, par le roman >FÓLYA< « feuille », q.v., ce qui épargnerait une de ces phases si
nombreuses.
344
Où /FERRÍNO/ serait un dérivé à suffixation romane du latin ferrum.
345
Cf. le catalan fesol, mais le portugais feijão. La graphie arabe de ce mot avec un >ṣ< refléterait la
prononciation du néo-arabe >fāṣūlyā<, de même origine, à travers l’Orient.
346
Voir 2.2.2 (la sonore /l/).
347
À cause du /d/ implosif, selon 2.2.2 (les consonnes alvéolaires), encore actif dans le castillan du Sud,
comme dans pa casa tu pare « vers / pour la maison de ton père ».
348
À plusieurs graphies, voir Corriente 2008 : 169, note 28.
349
D’autres noms de cette plante son /ḥurf+AYR+ÓLA/, de son nom arabe avec double suffixation
romane et l’hybride /CARAKOCCÁNA+t alǧudrán/ « saragossane des murs », q.v., car elle pousse
sur eux.
350
Dont les graphies >ġzālah< chez BCT 3586 et >ʕzylš< chez SG 558, ne seraient que des corruptions
de >ġrāluh<.
351
Dont le seul témoin est contenu dans le proverbe nº 204 d’Ibn ʕĀṣim, selon Marugán 1994 : 97.
352
Il y a aussi une variante ou le mot arabe ǧaʕdāɁ « frisée » n’est pas un diminutif, >ǧaʕd+ÉLLA<,
dans BCT 4902.
353
Et aussi « amant, petit ami », voir Corriente 2008 : 222 et note 335.
354
Où la séquence /ón/ avait déjà été métanalysée comme le suffixe augmentatif roman.
355
Qu’on retrouve dans /ALBÁYNO/, /PALANTÁYN/ et /PANČÁYN/, q.v.
356
Avec les graphies >bulb/yāqah<. Ces cas d’agglutination sont le résultat d’une scansion incorrecte
des phrases arabes commençant avec yusammà bi+ « on appelle x ».
357
Voir aussi KÓDA et >ÚNYA<.
358
Variante de SG 80, tirée de plusieurs auteurs, parmi lesquels Ibn Albayṭār.
359
Mais des rapports phonétiques et sémantiques avec le latin canthus « bande protectrice » sont
probables, cf. le castillan canto et cantón ; voir >KANTOLLO<.
360
Voir >KANČÓLLO<.
361
À cause d’une ressemblance avec les acanthacées, ce qui serait confirmé par la graphie >knkwšh<,
qu’il faut lire >knṭwšh<, nom alternatif de l’artichaut, aussi épineux.
362
Cf. le basque kapar. La prononciation du catalan tàpera ne reflète pas de telles contaminations, mais
une évolution /k/ > /t/, qu’on retrouve parfois dans les dialectes plus vulgaires de la Péninsule
Ibérique.
363
Mais on doit suspecter une erreur, au lieu de /KANÓŚA/ « grisonnante ».
364
Cf. /TORDÍČ(O)/.
365
Les graphies >qynālh< et >quyātluh<, données comme noms alternatifs de la cuscute semblent
corrompues à partir d’un *>KAPYÉLLO<, diminutif de ce >KAPÉLLO<.
366
La même graphie, >qmrūn< dans BCT 3507 est une erreur au lieu de *>qmbrūn< « sorte de nerprun
», cf. castillan cambrón¸ voir /KAMRÓN/ II.
367
Voir aussi /BARDÁČO/ et /PÉPRO/.
368
Voir Corriente 2008 : 199 et note 284.
369
Malgré les graphies >qār(h/y)ǧ<, il y aussi un >qrǧ< suggérant le déplacement de l’accent, par
contamination avec le suffixe roman {+ÍČ}, comme dans le castillan carrizo.
370
Cf. le castillan caramillo, dont l’ancêtre se trouve dans le roman andalou darb karamel « jouer du
chalumeau », voir Corriente 1988c : 39.
371
Voir Meyerhof 194 : 191, et cf. l’arabe andalou qašqar = kaškar du Vocabulista in arabico, selon
Corriente 1989 : 245, q.v.
372
Voir Corriente 2008 : 200.
373
Attribué à la langue des « Francs », c’est-à-dire au roman hispanique oriental, ce qui est confirmé par
le catalan codonys, face au castillan membrillo et au portugais marmelo < latin mĕlĭmēlum « pomme-
miel ».
374
Dont l’ordre des mots décèle un classicisme, < latin columbæ collum, tout comme dans le cas de
>GALLOKRÉŚTA<, q.v. sous >GALLÉL<.
375
Sobriquet d’un homosexuel dans Ibn Ḥayyān 2001 : 208. Cette métonymie est encore vivante dans le
dicton castillan más marica que un palomo cojo « plus efféminé qu’un pigeon boiteux », qui fait
allusion à son allure.
376
Ce mot du registre bas du castillan, souvent utilisé comme une interjection de surprise ou de colère,
est aussi déjà attesté dans A35, /a KÓNNO/ « parbleu » ; voir PD 303 et note 195.
377
Voir Corriente 2008 : 203 et note 298.
378
Selon Griffin 1961 : 192.
379
Selon 2.2.2 (les consonnes labiales et labiodentales).
380
Chez Ibn Razīn ; voir Benchekroun 1981 : 26 et Corriente 1997a : 478, corrigeant son étymologie.
L’arabe andalou /LAḪT(IY)ÍN/ « sève des figues », selon VA, < bas latin lactigin(em), serait un
témoigne d’une autre dérivation romane de ce mot latin.
381
Cf. le cas de /qunílya/ « lapin » < latin cuniculus, castillan conejo, etc.
382
Parfois confondu avec >ALBÉLLA<, q.v., à cause de leur ressemblance phonétique.
383
Cf. les qualificatifs d’autres variétés de ce fruit : « galicien », « goth » et « koreïchite ».
384
Avec les variantes graphiques >aṭrinah< et >(l)aṭirnuh<, parfois affectées par la métathèse du /r/ ou
la métanalyse et l’élimination de l’article arabe.
385
Voir Corriente 1991 : 86 ; il s’agit d’un synonyme de /MANCANÉL/, q.v.
386
Voir Corriente 1977 : 26, 1.1.10 et 1992 : 39, note 1.
387
Voir Corriente 1977 : 68, 4.1.2.
388
Selon Pline. Ces graphies avec un >q< reflètent une variante sonore /g/ ; voir Corriente 1977 : 53,
2.22.2. Il y a aussi, dans le manuscrit de Rabat, des graphies avec >ġ< et >n<, peut-être des variantes
dialectales ou de simples options graphiques.
389
Uniquement dans le manuscrit de Madrid, ce qui a généré des erreurs, expliquées dans Corriente
2000–2001 : 152–153.
390
Voir Corriente 2008a : 177 et note 239 ; voir /ATRÉŚNA/.
391
Dont les problèmes phonétiques pourraient s’expliquer par une contamination avec l’arabe andalou
/bárda/ < arabe /bāridah/ « froide ». L’étymologie proposée par Simonet est soutenue par Corominas,
mais une phase catalane dans le mot roman andalou n’est pas probable.
392
À propos du féminin optionnel de ce mot, voir la note 180 sous /LAPÁCA/.
393
Voir Corriente 2008a : 178 et 2008b : 351.
394
Mais avec des variantes graphiques dans 2566 et 3709, mettant en doute toute hypothèse
étymologique pour ce phytonyme. Voir Corriente 2005a : 227–228 et note 15.
395
Car on croyait que la folie était souvent causée par les souffles des esprits malins ; cf. le castillan
malva loca ; voir aussi Corriente 2008a: 179, note 243. Il y avait aussi un synonyme /MÁLBA
azzawāniyyah/, BCT 2866, littéralement « mauve des prostituées » et, avec une altération
euphémistique, /MÁLBAt azzína/ « mauve de décoration », BCT 2865.
396
Voir Corriente 2008a : 179.
397
Le mot était connu d’Abulḫayr, qui croyait à tort le retrouver dans le deuxième constituant du nom
grec de l’épine noir (Paliurus aculeatus), χαμαιλέων μέλας, selon BCT 1156.
398
Il est curieux que le roman et le latin reflètent, tous les deux, dans ce mot, une optionalité de la
gémination du /l/.
399
Il faut ainsi corriger la graphie >mlwlyālh< dans BCT 3013. Le mot roman aurait été arabisé comme
*manún, emprunté par le marocain mnūn.
400
Bien qu’il puisse aussi s’agir du latin munda « nette ».
401
Voir Corriente 1997b : 287 et note 103.
402
Voir Corriente 1993 : 143 et note 2.
403
Cf. le castillan mollar, qualificatif de certaines espèces molles de fruits.
404
Le masculin est le nom du mûrier en latin, mais voir la note 205 sous /MÓRAŚ/, à propos de ce
changement de genre.
405
Il faudrait lire ainsi >mndabllh< dans le manuscrit.
406
Phénomène assez fréquent avec les noms de fruits et de plantes, cf. /ANPÁWRA/, /ČENTÁWRIYA/,
/ČÍNA/, et les résultats romans du latin pĭrum, fŏlĭum, fĭcum, intĭbum, etc., où le roman a préféré le
féminin.
407
Mais le latin avait déjà muscārĭa.
408
Mais le latin avait déjà muscella ; cf. le castillan mocejón.
409
Voir /MÉLE/.
410
Voir /NEGRÉL/.
411
Voir aussi la description de DS II : 579.
412
Il y a aussi une variante >nā/yšburāt<, où le suffixe du pluriel a été arabisé.
413
Où il faut corriger la graphie >fǧlbānis< des manuscrits par >nǧblānš<.
414
Les graphies des manuscrits >b/yukmuš< reflètent une fausse scansion de la phrase /yusammà bi+/ «
il s’appelle », cf. les cas de /ÍLČ(E)/ et /ILYÁKA/.
415
Il faut corriger les graphies >’y/nwrš< comme >’ḏ/lwrš<, avec ou sans le lambdacisme
caractéristique dans ce mot castillan.
416
Puisque le passage peut être lu comme /LO+PREMÉŚ/ ou /L+OPREMÉŚ/.
417
Voir Corriente 2008a: 187, note 260, à propos de la vocalisation différente dans la dernière syllabe.
418
Mais les manuscrits ont aussi >lārbqs<, attribué au « franc », ce qui habituellement signifie le roman
hispanique oriental, c’est-à-dire, le faisceau dialectal catalan.
419
Dont le qualificatif se retrouve dans /ESPÁRAGO/, q.v.
420
Comme dans le cas de >FÍK/GO<, il y a des graphies avec un >q< et avec un >ġ<, reflétant des
phases plus au moins avancées du procès de sonorisation du /k/ intervocalique.
421
Voir la note 205 sous /MÓRAŚ/ à propos du changement de genre. Quant au /p/ initial, il pourrait
s’agir d’une contamination avec /PÁLO/, q.v., car les dévidoirs étaient en bois.
422
Voir 2.2.2 (la sonore /l/) et Corriente 1999 : 332, sous le galicien gaspallo, ce qui suggérerait un
group consonantique /pl/, sans voyelle prosthétique.
423
La forme plus commune et suggérée par plusieurs graphies semble être la plus courte de /PÁLO/, cf.
páll dans Alcalá.
424
Ce qui serait appuyé par la réalisation optionnelle /b/ de la première consonne et par le changement
de genre ; voir note 205 sous /MÓRAŚ/.
425
Mais voir Corriente 2008a: 189, note 268, à propos de l’identification problématique de ces espèces.
426
Cf. /RRÉČNO/ à propos de l’accentuation conservatrice de ces mots.
427
Il y a aussi des graphies comme >bādbylyān< et >bydblyāl<, avec diphtongaison de la première
voyelle et / ou du suffixe du diminutif, ainsi qu’une variante >PÉD POLLÍN< dans BCT 939 et 1664,
avec substitution du suffixe du diminutif par un suffixe adjectival, nom aussi du Lepidium campestre,
avec une variante >PÓČE POLLÍN<, q.v. alphabétiquement. Quant à l’élimination optionnelle de la
préposition /DE/ dans ces phytonymes, elle est une ancienne caractéristique du castillan vulgaire,
enracinée jusqu’à nos jours, à cause de la faiblesse du /d/ intervocalique.
428
Voir aussi >GÁLLO< et /ŚÉBO/.
429
Voir aussi >KOLYÓN< et >ÚNYA<.
430
Mais dans ce cas, il pourrait s’agir d’une confusion, au lieu de */PÉYO DE LÓPO/, littéralement «
pet de loup », appelé en néo-árabe /faswat aḍḍabu’/, traduit du grec λυκοπέρδον, où le premier
constituant reflète le latin pēdĭtum.
431
Voir les notes 205 sous /MÓRAŚ/ et 180 sous /LAPÁCA/, à propos du changement de genre, à
travers le pluriel du neutre, alors que le féminin pĭrus était le nom de l’arbre, le poirier.
432
Une variante graphique >byr.trā< pourrait déceler un autre changement de genre. Quant aux graphies
avec un >f< initial et un >ṯ<, il s’agit de cultismes transcrits du grec.
433
Hypothèse raisonnablement préférée par Corominas, s.v. guisante.
434
Nom aussi d’une région proche de Cordoue, Los Pedroches, à cause de l’abondance de ces arbres.
435
Il faudrait donc corriger les graphies >barbīnā< et >brbymā< des manuscrits comme >brblyā<, avec
dissimilation du deuxième >r<.
436
Ce qui est aussi décelé par le changement de genre ; voir note 205 sous /MÓRAŚ/.
437
Il faut corriger les graphies des manuscrits, >bubliǧǧaš< et >bablaǧis< comme >b.n.ǧ.š<.
438
Voir Corriente 2008a : 204, note 300.
439
Voir la note 226 à >PÉDE (DE) POLLÉL(LO)<, à propos de la chute occasionnelle de la préposition
/DE/ du génitif. Ce nom roman fut traduit en arabe andalou comme /raɁís = sulṭán alǧabál/ ; voir
Corriente 2008a : 205.
440
Lecture du seul manuscrit de Rabat selon BCT 2483, q v., donc douteuse.
441
La première variante est contaminée par l’adjectif attributif à suffixe {+ÉŅO/A}, et la deuxième
montre un cas d’agglutination par métanalyse de l’article roman avec lambdacisme dissimilatoire.
442
Voir Corriente 2008b : 186, s.v. arcazón, à propos de son évolution phonétique.
443
Il pourrait s’agir d’une dérivation du latin *(acquæ) salis operum « eau des salines ».
444
Mais il pourrait aussi s’agir d’une évolution phonétique du suffixe diminutif {+ÉL}. Plusieurs
graphies de ce mot dans les manuscrits ont un double >r<, probablement une erreur des copistes. Les
graphies avec >ṣ< de ces deux mots décèlent une adoption directe du grec ἀρίσαρον par certains
botanistes.
445
Cf. fartons dans le dialecte valencien du catalan, nom d’une sucrerie qu’on mange avec l’orgeat.
446
Il faut corriger ainsi les graphies >šwrš lāṭh< et >šwš zlāṭah< des manuscrits.
447
Voir aussi Corriente 2008a : 208–209, note 311.
448
Avec les graphies alternatives >šarbānsah< et >širmānsah<, avec rhotacisme et alternance des
consonnes labiales dans le deuxième cas, et >šarbātuš<, erreur des copistes, ayant ajouté un point
diacritique au >n<. Il pourrait aussi s’agir d’une addition du suffixe attributif roman {+ÉŚ} au latin
silva « forêt » ; quant à certaines graphies commençant par >šul-<, elles peuvent déceler une
contamination avec /ŚÓL/ « soleil », q.v.
449
Avec une évolution sémantique comme dans le catalan valencien llavoretes « anis ». Il faut ainsi
corriger la lecture des manuscrits >šmynš<.
450
Cette deuxième signification semble métonymique, à cause de la bonne odeur des deux substances.
451
Mais voir aussi Corriente 2008a : 210, note 316, puisque la couleur ainsi appelée est l’ocre.
452
Avec une contamination phonétique ayant produit le changement de la sifflante au début du mot,
ainsi que dans le galicien sereija, mais pas dans le portugais cereja, ni dans le castillan cereza et le
très conservateur catalan cirera ; voir Corriente 2008a : 210.
453
Voir Corriente 2000–2001 : 198.
454
La graphie des manuscrits, >šifilyaš< reflèterait la phase finale de l’évolution du mot, alors que
>šaǧbaš<, encore pire >šiḥyaš<, en sont le premier résultat.
455
Voir Corriente 2008a : 212, à propos de la gémination du >l< dans ce mot roman.
456
Voir Corriente 1997b : 156.
457
La variante >ṭarṭar< de BCT 2256 ne serait qu’une confusion avec /TÁRTAR/, aussi bien que
>ṭarṭaq< dans BCT 2525 est au lieu de /TÁRTAK(O)/.
458
Avec une étymologie improbable, < bas latin tutanus « moelle des os », qu’on retrouve néanmoins
dans l’édition d’Ibn Wāfid 2006 : 42, note 15.
459
La correction >ṭirifuluh< suggérée par l’auteur ne serait qu’une réflexion étymologique basée sur le
bien connu mot grec, et ne prouve pas cette prononciation dans certains dialectes du roman andalou.
460
Voir Corriente 2008a : 215, note 321, à propos de l’évolution phonétique de ce mot.
461
Une métonymie basée sur le berbère timǝṭ « nombril », suggérée par Tilmatine & Bustamante 2000–
2001 : 444 est aussi possible, mais l’auteur mentionne un autre mot pour le berbère, >tāskrā<, la
vocalisation de la première syllabe est >tay< la plupart des fois, et le remplacement occasionnel d’un
suffixe roman par un autre est un trait fréquent du faisceau dialectal roman andalou.
462
Comme le prouve le fait que Corominas hésite dans un article de plus de sept colonnes entre une
origine germanique et le parthe tīr « flèche ».
463
Peut-être appelé ainsi à cause de ses feuilles âpres (latin turbĭdus), selon l’auteur.
464
Où il faut corriger dans le manuscrit >ṭurlu<, cf. le castillan zorzaleña. Le diminutif /TORDÉL/ est
enregistré avec plusieurs témoins dans SG 551.
465
L’arabe andalou /turráha/ aurait été assez fréquent, puisqu’il est enregistré par VA, devenu le nom
d’une sorte de champignon selon BCT 1130, et témoigné par le dialecte andalou du castillan dans
esturrufar « défaire » ; voir Corriente 2008b : 290, ainsi que Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 216.
466
Voir Griffin 1961 : 69 à propos de cette évolution phonétique.
467
Dont une espèce était appelée /– ÉBRO/, attribuée au nom du fleuve Èbre ; voir Corriente 2008a:
224.
468
Témoigné aussi par /wádi (RRO)PÚDDO/, nom d’un ruisseau de l’Aljarafe de Séville, également
avec harmonisation vocalique dans la première syllabe, aujourd’hui corrompu comme Repudio,
étymologie populaire d’un mot qui n’était plus compris ; voir Corriente 2008a : 224.
469
Voir aussi >KARDEN(Y)ÉLLA<.
470
Les variantes >yunkah< et >yunqà< de ce mot dans BCT 5081 semblent être le résultat d’une
confusion avec le nom roman du jonc.

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