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Introduction à la toxicologie

industrielle
Dr Sandrine LOMPO SANON

Année 2017-2018
Introduction
L’évaluation des risques liés à l’exposition
toxique = objectif majeur de la toxicologie
industrielle. Intègre 5 grps de facteurs :
- Les Kques physico-chimiques de la substance
ou de la préparation : état liquide, gaz, vapeur,
aérosol dans les conditions habituelles
d’utilisation, pureté (présence d’additifs ou de
contaminants), solubilité (dans l’eau et les
lipides).
Introduction
- Le niveau, la durée et la fréquence de
l’exposition.
- Les voies d’introduction dans l’organisme :
pulmonaire (vapeurs, gaz, poussières),
percutanée (liquides, liposolubles).
Introduction
- La dose absorbée et les relations dose-effet :
la dose absorbée est la dose de toxique
réellement incorporée par l’organisme à un
niveau d’exposition donné. Quand il existe une
relation démontrée entre le niveau d’exposition,
la dose absorbée et les manifestations cliniques
et/ou biologiques, on définit une relation dose-
effet ou dose réponse.
Introduction
- La susceptibilité individuelle et intra-
individuelle des salariés certains facteurs:
- l’âge,
- le sexe,
- l’état de santé,
- l’hygiène de vie,
- les multi-expositions toxiques.
Introduction
La connaissance des relations entre l’intensité
de l’exposition et le risque d’altération de la
santé permet de définir des niveaux tolérables
d’exposition et les mesures de prévention
nécessaires pour les respecter. Ces valeurs
peuvent être indicatives ou avoir un caractère
réglementaire.
Introduction
Deux types de valeurs limites sont définis :
- La valeur limite d’exposition à court terme (VLE)
concentration max admissible atteinte pendant au
plus 15 mn et dont l’objectif est de prévenir les
effets toxiques immédiats ou à court terme.
- La valeur limite moyenne d’exposition (VME)
concentration moy max admissible pondérée
pour 8 heures par jour, 39 heures par semaine.
L’objectif est de prévenir les effets à long terme.
Introduction
La surveillance des atmosphères de travail
(métrologie atmosphérique ou d’ambiance)
avec respect des VL = approche indispensable
de l’évaluation et de la prévention des risques
chimiques.
Introduction
Il est intéressant d’évaluer la quantité de toxique
ayant effectivement pénétré dans l’organisme.
Cette approche qui fait appel à des
biomarqueurs d’exposition constitue la bio
métrologie. Son objectif est d’évaluer
l’exposition réelle (dose interne) des salariés en
comparaison à des valeurs de référence qui
peuvent être celles de la population générale.
Principales familles de toxiques
chimiques en toxico industrielle
Les Métaux

- Métaux et Métalloïdes toxiques


- Les effets toxiques sont pour la plupart liés à
des interactions avec les enzymes cytosoliques
(organotoxicité) ou avec le matériel génétique
humain (génotoxicité).
- Organes cibles: Peau, appareil respiratoire,
SNC et SNP, foie et reins.
Les Métaux

Exemples:
- Zinc, cuivre, étain, argent et nickel impliqués
dans la fièvre des métaux ou fièvre du
fondeur.
- Métaux génotoxiques: nickel, arsenic, chrome
hexavalent et leurs composés, impliqués dans le
développement différé d’effets cancérogènes.
Les Métaux

Les composés métalliques les plus


fréquemment rencontrés en pathologie
professionnelle sont les dérivés du plomb, du
cadmium, du chrome, de l’arsenic et du
mercure.
Les Métaux

- Biosurveillance des travailleurs exposés, fait


appel à la biométrologie et la biotoxicologie.
- Biométrologie=diagnostic sanguin du plomb.
- Biotoxicologie : 2 biomarqueurs d’effet, la
protoporphyrine zinc érythrocytaire qui est un
bon indicateur d’une exposition dans les 4
derniers mois et l’acide deltaaminolévulinique
urinaire (ALAU) qui est un bon indicateur
d’une exposition excessive récente.
Les solvants organiques
Utilisation: Activités de:
- dégraissage (textiles, pièces métalliques)
- dissolution (résines, matières plastiques,
caoutchouc, produits phytosanitaires)
- extraction (industrie chimique,
pharmaceutique et cosmétique)
- synthèse organique.
Les solvants organiques
Toxicité
- Cutanée (dermo-épidermites aiguës ou
chroniques, irritatives ou eczématiformes)
- Neurologique (effet ébrio-narcotique aigu ou
subaigu, syndrome psycho-organique
chronique, polynévrites sensitivo-motrices).
Les pesticides

=Substances chimiques de nature minérale ou


organique destinées à éliminer les espèces ou
organismes considérées comme nuisibles pour
l’homme.
Effet toxique principal: système nerveux.
Les pesticides

Classification
- Insecticides, herbicides, fongicides,
rodenticides, corvicides et molluscicides.
- Les insecticides organochlorés (IOC),
organophosphorés (IOP), carbamates
représentent les principales expositions
professionnelles du fait de leur large utilisation.
Les gaz, vapeurs et fumées

Les gaz sont des substances à l’état moléculaire,


se déplaçant librement dans le milieu où ils sont
placés.
Les vapeurs représentent la phase gazeuse
d’une substance se trouvant à l’état solide ou
liquide à température et pression normales.
Les gaz, vapeurs et fumées

Les fumées sont constituées d’un nuage de


particules de taille très petite, produites à partir
de la condensation d’une vapeur ou après
réaction chimique.
L’appareil respiratoire et Peau: principaux
organes cibles des gaz et vapeurs irritants tels le
chlore, l’acide fluorhydrique, les oxydes d’azote,
les vapeurs de solvants chlorés et le phosgène.
Les gaz, vapeurs et fumées

Les gaz asphyxiants comme l’hydrogène arsénié


procèdent par l’intermédiaire d’une
hémolyse/altération directe et indirecte de la
paroi de l’érythrocyte; le monoxyde de carbone
se lie à l’hémoglobine du fait de son affinité
particulière pour le fer ferreux en produisant de
la carboxyhémoglobine inapte au transport
sanguin de l’oxygène.
Les gaz, vapeurs et fumées

L’intoxication au CO:
industries chimiques, pétrolières,
métallurgiques, des transports, des BTP et des
incinérations d’ordures ménagères et
industrielles.
Toxicologie/appareils et principales
étiologies toxiques professionnelles
Hépatopathies

Mécanismes d’action hépatotoxique:


- Les effets directs : le toxique est lui-même
hépatotoxique, la biotoxification métabolique
n’est pas nécessaire, l’hépatotoxicité est dose-
dépendante.
- Les effets indirects : le toxique doit être
bioactivé. Les lésions nécrotiques localisées
surtout au niveau de la région centrolobulaire,
sont favorisées par les inducteurs enzymatiques.
Hépatopathies

Substances ou familles hépatotoxiques:


- Etiologies des hépatites cytolytiques : solvants
halogénés (chloroforme, bromoforme),
halotane, arsénic.
- Etiologies des hépatites cholestatiques:
solvants chlorés (dichloro-1,2-éthane, dichloro-
propane, dibromo-éthane), tétrachloroéthane,
dérivés nitrés des phénols.
Hépatopathies

- Etiologies des hépatites mixtes : tétrachlorure


de carbone entraîne une cytolyse, une
cholestase et une nécrose hépatique.
- Etiologies des angiosarcomes : arsenic et
chlorure de vinyle.
Hépatopathies

Diagnostic biologique:
- La cytolyse avec le dosage des transaminases
- La cholestase avec le dosage du gamma GT, des
phosphatases alcalines et de la bilirubinémie
Néphropathies

Principales étiologies toxiques:


Néphropathies aigues : mercure, solvants
organiques (tétrachlorure de carbone, dérivés
halogénés des hydrocarbures aliphatiques,
tétrachloroéthane), dérivés nitrés des phénols,
hydrogène arsénié, métaux (chrome, cadmium,
mercure, uranium, béryllium, cuivre, cobalt,
zinc, thallium, nickel), herbicides (paraquat),
phosphore.
Néphropathies

- Néphropathies chroniques : plomb, cadmium,


mercure, métaux (béryllium, uranium), silice,
solvant organique (disulfure de carbone).
Mee précoce d’une néphropathie toxique:
- Détection d’une protéinurie, hématurie,
leucocyturie et glycosurie.
- Dosage de la créatinémie
- Dosage de marqueurs urinaires: albumine,
transferrine, IgG.
Hémopathies

Les lignées sanguines sont souvent les premières


touchées lors d’une exposition aux toxiques
industriels.
Le diagnostic d’hémopathie toxique
professionnelle est difficile du fait de
nombreuses causes extraprofessionnelles
d’hémopathies (infectieuses, médicamenteuses,
toxiques).
Hémopathies

Mécanisme d’action hépatotoxique:


- Action directe sur l’érythrocyte : hémolyse hydrogène
arsénié
- Action sur l’hémoglobine (monoxyde de carbone, amines
aromatiques et dérivés hydroxylés, halogénés, nitrosés,
nitrés, sulfonés, dérivés nitrés et chloronitrés des
hydrocarbures aromatiques)
- Action sur la biosynthèse de l’hème : plomb
- Action sur la moelle osseuse avec hypoplasies, aplasies,
syndromes myéloprolifératifs et myélodysplasiques
(benzène)
Cancers

Les nuisances cancérogènes sont classées par le centre


international de recherche sur le cancer(CIRC).
Les cancers professionnels sont caractérisés par :
- Un long temps de latence entre l’exposition et le
diagnostic (10 à 50 ans) d’où l’importance du suivi post
professionnel des travailleurs exposés à des
cancérogènes
- Le caractère multifactoriel
- La difficulté d’établir une relation de causalité
directe
Cancers

Les nuisances cancérogènes sont regroupées en


fonction de leur mode d’action :
- Cancérogènes à action directe : par contact
direct avec l’organe cible (amiante, arsenic)
- Cancérogènes à action indirecte : ils doivent
être bioactivés en catabolites électrophiles
(amines aromatiques, benzène, chlorure de
vinyle) ou générer des espèces radiculaires
(rayonnements ionisants)
Cancers

- Cancérogènes synthétisés in vivo :


nitrosamines
Cancers

Classification des cancérogènes par appareil :

- Cancers du poumon : amiante, arsenic,


bischlorométhyléther, dérivés du chrome,
goudrons, huiles, brais de houille, suies de
combustion du charbon, dérivés du nickel, oxyde
de fer, poussières ou gaz radioactifs, poussières
de cobalt, silice cristalline
Cancers

- Cancers de la plèvre : amiante


- Cancers ORL : poussières de bois, dérivés du
nickel et du chrome
- Leucémies : rayonnements ionisants, benzène
- Cancers cutanés : arsenic, goudrons, huiles,
brais de houille, suies de combustion de
charbon, huiles minérales dérivées du pétrole
Cancers
- Cancers de la vessie : amines aromatiques,
goudrons, huiles, brais de houille, suies de
combustion du charbon
- Angiosarcomes hépatiques : chlorure de
vinyle, arsenic
Affections respiratoires

Elles se déclinent sur les modes aigu (irritation


des voies aériennes supérieures, OAP lésionnel),
chronique (pneumoconiose, BPCO) et immuno-
allergique (rhinite allergique, alvéolite
allergique extrinsèque)
Affections respiratoires

- Affections consécutives à l’inhalation de fibres


d’amiante : asbestose, plaques pleurales,
mésothéliome malin et cancer
bronchopulmonaire.
- La silice entraîne une pneumoconiose
dénommée silicose.
- l’inhalation de poussières, fumées, gaz ou
vapeurs présents dans l’environnement de
travail entraîne un asthme professionnel.
Affections cutanées

Elles sont dominées par :


- Les eczémas professionnels dus aux allergènes
suivants (chrome hexavalent ou trivalent dans le
ciment, caoutchouc, résines époxy dans les
matières plastiques, l’isothiazoline comme
conservateur de divers produits.
Affections cutanées

- Les dermites d’irritation déclenchées par


l’exposition à des substances irritantes : acides,
bases, savons, détergents, antiseptiques,
solvants, fibres de verre. Elles doivent être
distinguées des brûlures chimiques induites par
les caustiques.
Pathologies cardiovasculaires

Les principaux toxiques reconnus ou suspectés


d’être à l’origine de pathologies cardiovasculaires
sont :
- Les gaz : monoxyde de carbone
- Les composés organiques : solvants
(trichloréthylène, tétrachloréthylène), insecticides
organophosphorés et carbamates, chlorure de
vinyle, dérivés nitrés du glycol et du glycérol
- Les métaux : arsenic, plomb
Affections neurologiques

On distingue :
- Les neuropathies centrales aigues et
chroniques : plomb, solvants organiques,
arsenic, manganése, insecticides
organophosphorés, sulfure de carbone,
monoxyde de carbone
- Les neuropathies périphériques : plomb,
tétrachloroéthane, arsenic, n-hexane, sulfure de
carbone
Affections neurologiques

- Les autres manifestations neurologiques :


syndrome pseudo-parkinsonien (manganèse,
sulfure de carbone, monoxyde de carbone),
ataxie, myoclonies et tremblements (bromure
de méthyle, chlorure de méthyle, mercure) et
les atteinte médullaires de type sclérose latérale
amyotrophique (plomb, bromure de méthyle).
MERCI
Exercices d’auto-évaluation n° 1

1. Définir les termes suivants :


• - La biosurveillance
• - La biométrologie
• - La biotoxicologie
• - La valeur limite d’exposition
• - La valeur limite de moyenne d’exposition

2. Décrire les mécanismes d’action des :


• - Insecticides organophosphorés et organochlorés
• - Gaz asphyxiants
• - Produits hépatotoxiques
• - Produits hématotoxiques
Exercices d’auto-évaluation n° 2

Citer 5 métaux et 5 solvants et décrire pour


chacun d’eux les éléments de la
biométrologie et de la biosurveillance

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