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* 9 & SUR LA COURBURE Du COURANT MAGNETIQUE. paR M. LAMBERT. 2 6 on es expériences fur V'aiman, dont j'ai rendu compte a l'Académie dans le Mémoire précédent, avoient pour objet deux ‘loix de la force magnétique, dont l'une regarde I'altération de cette force qui dérive de Vobliquité dincidence, & lautre celle qui dérive des diffé- rentes-diltances. Pour déterminer ces loix, il falloit arranger les ex; périences en forte, quiil y edt un équilibre entre trois forces magnéti- ques, celle dela bouffule, celle du gros aiman qu’on fuppole étre dans lintérieur de la terre, & celle d’un aiman qu’on préfente a l’ai- guille dans une fituation telle, que fon axe foit dirigé vers le milieu de Paiguille, & qu’il la faffe décliner de fon méridien magnétique d'un nombre de degrés donné. _ Cette derniere condition devenoit nécef- faire, pour qu’on en pit d’autant plus aifément comparer entr’elles les différentes forces, qui fe modifioient fuivant le plus ou moins d’o- bliquité d’incidence & fuivant le plus ou moins de diftance. Au con- traire, la premiere condition n’étoit point abfolument néceffaire. IN auroit été également praticable de donner a l’aiman une polition obli- que quelconque, de forte que fon axe eiit fait un angle quelconque donné avec la droite tirée du centre de Paiman au centre de Vaiguille, La feule reftriction gu’ll y auroit eu, eit été de garder conitamment Je méme angle , en changeant les diftances & les pofitions des centres. Par-1a on auroit également été en état de comparer enfemble les for- Mém, de V Acad, Tom. XXU, G ces * se ‘ces abfolues de laiman avec les diftances des centrés & les obliquités incidence. Quoique je ne doute pas, qu’en changeant ces expérien- ces fur le pied que je viens de dire, il ne s'y offre de nouveaux phé- nomenes, je me bornerai a en faire mention, & je les abandonnerai a quiconque voudra y mettre le tems pour les faire. , §. 2. La matiere de laiman nous offre encore beaucoup d’au- tres nouvelles carrieres; je me propofe dans ce Mémoire den ouvrir une, qui pourra fervir a répandre du jour for la Théorie que Mr. Hale Jey avoit commencé a donner des différentes déclinaifons de la bouffole, & fur laquelle Mr. Ev/er le fils a fait de trés belles recherches dans le Mémoire qu’il lut 4Académie en 1757. Dans certe Théorie on fappole, qu’il fe trouve dans les entrailies de la terre un ow plufieurs gtos aimans, qui agiffant far la bouffole, Iwi donnent presque partout une déclinaifon & une inclinaifon différentes. Ceux qui attribuent cet effet & la circulation d'un fluide magnétique, ne héfitent point a dire, gue Paxe d'une aiguille fafpendue librement fe mer partout dans la di- reétion du mouvement de ce fluide, de forre qu'il ne s'agit que decon- noitre la nature des lignes courbes que ce fluide parcourr, pout étre en état de calculer Ja pofition des aiguilles simantées pour chaque en- Groit, moyennant quelques déclinaifons & inc’inaifons données. Car il eft clair, que partout Paxe d'une aiguille fafpendue librement fera Ja tangente d'une de ces courbes. Or, quand méme on n’admettroit pas un femblable Auide magnétique, qui par fa circulation entraine, pour ainfi dire, l'axe Pune aiguille aimantée le long de fon courant, on pourra néanmoins admettre de femblables courbes. Car, outre qu'il ne fe fait point de faut dans la nature, les obfervarions faites en diffé- rens endroits font voir, que les pofitions de Paiguille aimantée varient d'un endroit 4 autre d’une facon aflez uniforme, & fuivant ce que demandent les loix de la continuicé. De Ia forte, en regardant Vaxe de ces aiguilles comme des tongentes d'une courbe, le probleme de @éterminer la narure de cette courbe aura toujours lieu. On prévoit aufli, qu'on -en trouvera une infinité, & ne fat-ce que par analogie, - on st & on pourra, fans blefler le génie de la langue, les nommer courbes du courant magnétique. Car, s'il y aun femblable courant, ladénomina- tion fera julte au pied de la lettre, & s'il n'y ena point, la nature el- gébrique de ces courbes n’en foufre aucun changement. § 3- Je pourrois ajouter: in verlis fimus faciles. Eneffet ce n’eft pas le nom qui fait ici la difficulré. Quelque nom qu’on donne a ces courbes, il ne nous en faic pas connoitre la nature & l’équa- tion. Pour la déterminer @ prior?, il faudroit connoitre les loix du magnétifine, & la grandeur, Ia figure, 1a pofition & les forces de ce gros diman qui fe trouve dans lintérieur de la terre, & qui par fon ation détermine partout la pofition des aiguilles simantées. Mais toutes ces loix & ces données doivent encore étre trouvées. Il y au- roit moyen d’y réullir, quoiqu’avec beaucoup de peine, fi nous avions un nombre fuffifant @obfervations, faites en méme tems, mais en plofieurs endroits de la furface de la terre, fur la déclinaifon & V'in- clinaifon de Paiguille aimantée. Nous n’en avons que tr’s peu far Pin- clinaifon, & presque toutes celles que nous avons fur la déclinaifon de Ja bouffole font, ou peu exattes, ou faites en différens tems. Il eroit bon qu’on’en fir en 1769 partout od Pon obferve le paflage de Vénus, §. 4+ Quant aux loix du magnétifine , on penfera facilement, quill y auroit peut-étre moyen de les découvrir par des expériences plus aifées a faire. A ce gros aiman, dont on ne connoit que tout au plus Yexiftence, on pourroit fubftituer un petic aiman, d'une gran- deur, figure & force données, ou du moins plus faciles & connoitre. On lui préfenteroir une aiguille aimanrée en différentes pofitions, & on trouveroit fans peine de quelle maniere elle fe place dans la pofi- tion tangentielle des courbes du courant magnétique, qui circule au- tour de cet aiman. Ce feroit 1a fans contredit imiter en petit ce qui far la terre fe fait en grand. Er fi dans Ja terre il y avoit plus d'un de ces gros aimans, rien de plus facile que d’imiter Ja nature encore en cela, en multipliaat le nombre des aimans qu'on employe, & en Jes variant autant qu’on le jugera néceflaire, . Gz §. 5. & 3 §. 5. Une feule difficulré dérange ce projet. Il faudroit du- rant ces expériences pouvoir anéantir ces gros aimans qui fe trouvent dans la terre, & dont l’action far Paiguille la déplace & lui donne une toute autre pofition que celie qu’on vouloit trouver, & qui ne devoit Gépendre que de l'aétion de Ysiman qu'on employe dans l’expérience. Ormous ne pouvons rien.anéantir, & ju(ques-li cette difficulté eft infarmontable. Ce n’eft pas cependant ce qui m’empéche de pour- faivre le projet en queftion, qui réuflira malgré tour cela. Car, au Jiew d'ansuller l'aétion de ces gros aimans, il s’agira plutér d’arranger Pexpérience en forte que cette action puiffe étre regardée comme nulle. La théorie du finus d'incidence, établie dans le Mémoire précédent, nous met en état @obrenir ce bur, & nous verrons que pourcer effet il ne fau- dra que changer l’expérienceen forte, gu’au lieu de préfenter 'siguille a Yaiman, Yon préfente !aiman a ’aiguille de fagon qu’on lui donne une po- fition telle que par fon action il ne détourne point du tourYaiguille de fon méridien magnétique. De cette facon le gros aiman dans la terre agira far Vaiguille, rout comme fi ’on ne lui avoit préfenté aucun aiman , & Yaiman qu’on Inia préfenté agira far Vaiguille, tout comme s'il n’y avoit point de gros aiman dans Vinrérieur de la terre. L’aiguille fe trouve- ra par-Id dans un double équilibre, dont chacun exifte indépendam- ment de Vautre, Cet énoncé fe prouve, comme je viens de le dire, par la théorie du finus d’incidence, établie dans mon précédent Mémoi- re, Cur tournons l’siguille d’une bouffole de forte qu’elle décline d’au- tant de degrés que on voudra de fon méridien. Il eft clair qu'elle s’en rapprochera d’elle- méme auffitér qu’on relichera, avec une viteffe accélérée, & qu’apras plafieurs ofcillations elle s'y remettra en repos, La force qui lui fair frire ces ofvillations, c’eft la force magnétique qui agit dans la direétion du méridien magnétique, & qui eft toujours proportionelle au finus de déclinaifon, comme je Yai fait voir dans le Mémoire précédent. Il fait de la que cette force eft nulle, auflitér que Paiguille & trouve dans fon méridien, puilqu’alors le finus de dé clinaifan ct égal a zéro, Je dis le finus de declinaifon, qui eft diff& Tent «iu finus d'incidence dans tous les endroits of Linclinaifon de I's ss guille * 3 ©& guille n’eft pas horizontale, Du refte, cette différence n’entre point ici en ligne de compte, parce que laiguille de déclinaifon ne f mou- vant qu’horizontalement, la force magnétique f@ décompofe aifément en deux autres, dont l'une qui eft verricale, eft contrebalancée par te poids qu’on donne et lsiguile, de forte qu'il ne refte que ’horizon- tale qui entre en conffifation, & qui devient nulle auflitét que Vai- guille fe trouve dans fon méridien. §.6. Pai préfoppof encore qu'il eft poffible d’approcher de cette aiguille un aiman de facon qu’elle refte dans fa pofition naturelle, je veux dire dans fon méridien magnétique. Ine {era pas difficile de s’en convaincre. Car d’abord, il eft clair que cela arrivera lorsqu’on place Vaiman dans Je méridien de Vaiguille de fagon que laxe de Vai- man & celui de Paiguille fe trouvent en ligne droite, & que les poles amis foient tournés I’un vers l'autre, quelle que foit la diftance qu’on teur donne. Enfuite il eft également clair, qu’on obtiendra le méme bur, en placant 'aiman a go degrés du méridien de Paiguille de fagon que l’axe de I'aiman foit paraliele a celui de Paiguille, quelle que foit Ja diftance 4 laquelle Paiman eft placé. Mais, dans ce cas, la force ma- gnétique des poles doit érfe égale, fans quoi il faudra rapprocher da- vantage celui qui eft plus foible, ou éloigner celui dont la force eft plus grande, & par-la les deux axes ne feront plus paralleles. Enfin, dans route autre fituation intermédiaire, on obtiendra le méme but en donnant a l’'axe de ’aiman une pofition plus ou moins oblique. Car, puifque chaque pole attire & repouffe avec une force modifiée, rant par la diftance que par l’angle d'incidence, il eft clair qu’on pourra toujours tourner Paiman for fon centre de feson que ces quatre forces fe contrebalancent, & que par-li Paiguiile refte dans fon méridien, tout comme fi Yon n’en avoit point approché aiman, §.7. Je reviens donc a dire, qu’en faifant ’'expérience de cet- te maniere, ce n’eft pas 4 'aiman.qu’on préfente Vaiguille, mais que ceft a laiguille qu'on préfente Paman. Je ne me fers pas de cette ex- preffion comme d'un jeu de mots. Car, quoique l’effet foit le méme, G3 je * «+ & je regarde fa force de l'aiman & fa maffe comme plus grande que celle de laiguille, & de plus je regarde l’aiguille comme entrainge dans le courant du fluide magnétique qui circule autour de l’aiman. C'eft ce qui fait que, tandis que dans l’expérience on change fucceffivement Ia pofition de 'siman, dans Ia figure qu’on en conftruira en(uite, il faut tout au contraire donner a l'aiman une pofitionfixe, & varier celle de Yaiguille, en gardant les diftances & les angles que l’expérience avoit fournis. Ces diftances & ces angles f@ décerminent le plus aifément de la maniere fuivante. §. 8. Je regarde les deux poles de l’aiman comme deux points, qu’on trouve affez exactement moyennant de Ia limaille de fer, qui svattache le plus aux poles. La ligne droite qui paffe par les deux po- les, ceft ce que jappelle l’axe de 'aiman, Le point du milieu (era fon centre. Il en eft de méme a légard de laiguille, qui pour éire bien faite doit tourner fur fon centre, & non pas fur quelque autre point de fon axe, La diftance du centre de l’aiman de celui de V’ai- guille, c'eft la longueur de la ligne droite qui joint ces deux centres; & je Vappellerai fimplement la diftance, ou bien auffi la diftance des centres. Cette ligne formant un angle avec axe de Paiguille, ou, ce qui revient ici au méme, avec le méridien magnécique de Paiguille, el- Je en formera un autre avec l’axe de l'aiman. Voila donc la diftance & les deux angles qu’il faudra déterminer, afin de pouvoir enfuite voir de quelle maniere ils dépendent l'un de autre & de la diftance, Voici maintenant l’expérience telle que je l’ai faite, §.9. Liman éoit artificiel, & le'méme dont je me fais fervi dans les dernieres expériences de mon preinier Mémoire; une petite barre d'acier simanté, longue de 67 lignes, large de 6 lignes, & une ligne d’épailfeur, mefure de Paris, Cet aiman portoit fans érre armé au dela de deux onces de fer non aimanté. L’aiguille avoit 30 lignes de longueur. Elle étoir eres peu simantée, ne porrant qu’a peine une groffe aiguille 4 coudre. Afin de mefurer les angles le plus commodément, je tragai far une table de bois un cercle, que je divi- * 35s & divifai de 10 en 10 degrés, en les comptant du Nord du mériden magné- tique vers YEf. J'enfongai au centre de ce cercle une aiguille fort pointue, qui fervoit de pivot a Yaiguille simantée. Enfaice, ayant af- fermi dune regle longue d’environ deux pieds un demi-cercle, dont Je diametre furpaffoir tant foit peu la longueur de Paiman, jaccommo- dai route cette machine en forte que l’'aiman pouvoit étre tourné fur le centre de ce demi-cercle, & que ce demi -cercle avec la regle pouvoit étre rourné autour du pivor de Vaiguille a telle diftance que je (ouhai- tois. Soit dans la premiere figure 'aiguille aimantée DE. dans fon méridien, la droite /B repréfentera la regle, ikh le demi-cercle, & NCS Taiman. Ayant donc pris CB d'un certain nombre de pouces, je tournai la regle #B ju(qu’a ce que Pangle *BD fait de 10, 20, 30 - ++ 90 degrés. Enfuire, Ia laiffant dans cette pofition, je tournai Yaiman for fon centre C de 4 vers S jufqu’a ce que Vaiguille DE fe trouva remife dans fon méridien. Ce qui étant fait, je comptai les degrés de A en S marqués fur le demi-cercle 744, afin davoir l'angle SCA ouSCB, gqi’il sagiffoit de trouver. Les diftances CB furent de 33, 4, 44, 5, 7, 9 & 12 pouces, mefure de Paris. Pour chaque diftance je pris les angles CBF ou CBQ de 10, 20, 30 - - - go degrés, & pour chacun de ces angles les angles SCB répondans, que me donna l’expérience, tels que Ja table fuivante Jes fait voir d'un coup d’oeil. Diftan- Fig. t e& 56 © Diftances 3% 4 4 5 7 9 12p. 10 8} | 10 12$ | 18 19% | 20% 20 1s 208 | 24 32 345 | 35 > eS & 30 30 | 365 | 4 | 473 | 485 | 50 049 || 52 | set] ss | 56 | 59 | 604 | 60 B so || 69% | 69 | 694 | 67 | 674 | 674 | 69 le 60 so 179 | 78 | 7s | 74 | zat | 758 B70 || 86 | 8s | 83: | 80 | 79 | 794 | 804 "| go |} 90 | 88 | &> | 84 | 84 | BSE | 86 ® 90 || 924 | 92 | 92 | 89 | 89. | 90 | 90 Angles SCB en degrés. Dans cette table il ne (€ trouve point d’angle SCB répondant aux angles CBQ de 10, 20, 30 degrés & a la diftance de 3$ pouces, par- ce que dans ces trois cas Paiguille fe trouvoit trop prés de l’aiman & le touchoit. Enfuite, par la raifon que jai déja alléguée ci-deflus, les angles SCB répondans aux angles CBQ de 90 degrés, feroient éga- lement de 90 degrés, fi les poles de Paiman, de méme que ceux de Paiguille, avoient eu une force exaétement éyale. On voit par cette table, qu'il y avoit une petite différence, en ce que ces angles vont depuis §9 jufqu’a 92} degrés, Cette différence eft plus grande pour Jes: petites diftances, & il eft fort nature] qu’elle le foit, puifque ai- man agiffoit avec d’autant plus de force & rendoit par- la les moindres inégalités plus (enfibles. Comme donc dans les trois premieres co- lomnes les angles 924, 92 doivent étre réduits 490, il eft clair que cette réduétion influe dune fagon plus ou moins proportionelle fur les autres angles qui fe trouvent dans ces trois colonnes de la table. I s'agita donc den tenir compte dans les conclufions qui pourront étre déduites des ré(aleats de ces expériences. §. 10. Maintenant il s’agit de conftruire les nombres de cette table en forte, que l’aiman ait une pofition fixe, & que les déplacemens qu'il falloit lui donner dans lexpérience, {oient transférés fur laiguille en * 57 & en gardant les angles & les diftances, comme je Psidit ci-deffus(§.7.)- Que pour cet effet la droite AC (oir divifée en 12 parties égales, com- me repréfentant autant de pouces. Que C (vit le centre, N Je pole du Nord, $ celui du Sud de aiman NS, Que du centre C, avec les diftances de 34; 4, 44, 5, 7) 9,12 foient décrits des arcs environ go degrés; il s'agira de marquer for ces ares des points B de facon que les angles SCB foient ceux que la table précédente indique pour la dif tance CB = CH. —Ainfi p. ex. Ia diftance érant de 7 pouces, & Yangle BCS de 32 degrés, on trouverale point B. Er comme la table donne Pangle CBQ répondant de 20 degrés, il eft clair qu’en faifant CBQ = 20°, on pourra marquer la fléche EBD, qui indi- quera la pofition de Vaiguille placée en B, §. 11. Ces points B étent trouvés, j'obferve que ceux qui fe rapportent a un méme angle CBQ, (ont autant de points d'une ligne /BL, qu'il s‘agit de tirer en (orre que, fi elle n’eft pas droite, elle ait une courbure uniforme, autant que la pofition donnée de ces points Je permet, fauf cependant a laiffer de cdté les points qui, comme je Yai remarqué a la fin du §..9, répondent aun angle BCS, évidern- ment trop grand ou trop petit. De cette maniere on reétifiera, du moins en grande partie, les petites anomalies auxquelles les expérien- ces font fajettes. On verra dans Ja figure comment les 9 courbes /L font tires. Je les ai numérotées par 10, 20, 30 &c. - - - 90, qui font les nombres des angles CBQ répondans. §. 12. Voila donc le premier pas fait. Ces courbes AL ne font cependant pas celles dont on puiffe faire le plus commodément ufage. Car, outre que celles qui répondent aux angles CBQ de 10°, 20°, 30°, font fort éloignées les unes des autres, il faut fe fervir des angles pour déterminer la pofition de l’aiguille. Afin d’obvier ace double inconvénient, j'ai encore tracé les courbes mM, qui font de Nature que p. ex. celle qui paffe par le point B répond au point Q, en forte que, partout ow l’on y place l’aiguille, fon axe prolongé pafle par ce point Q; ce qui étoit trés facile, les angles CBQ étant don- Mb, de F Acad, Tom, XX, H nés * 8 & nés & la diftance CQ étant conftante. —_Il_ne s’agiffoic donc que de der CQ comme une corde qui fourient un arc double de l’angle CBQ; & en tragant le cercle que cette condition demande, ce cercle coupe la ligne /BL dans le point B, & B fera un point de la courbe mBM. Jai encore numéroté ces courbes par 24, S, 3,34, 4, 5; 6, 8, 40, 12, 16, nombres qui marquent la diftance CQ_répondante a cha- cune de ces courbes. . §.13. Les courbes mM étant ainfi tracées, je m’en fervis pour tracer encore les courbes gG, qui font celles du courant magné- figue. Suppolons p. ex. qu’une de ces courbes GPRg doive étre ti- rée par le point P qui eft fur la ligne /L6. —D'abord il elt clair qu’en menant une droite Pp du point P dans le point p, qui répond la li- gne /L6, cette droite marquera la direétion de I’aiguille en P, & que par conféquent elle fera une tangente de la courbure du courant magné- tique, qui paffe par le point P. Cette droite Pp coupe la ligne /L 4 en T, & comme le point r gui répond ala ligne /L4 eft entre C, p, il s'enfair que la courbe GPRg, quill sagit de con(truire, doit ére tirée du méme cdté, & que la tangente rR prolongée coupera la tan- gente pP dans un point V, qui elt entre T, P. Si donc la courbe PRg étoit un arc de cercle, on auroit RV = VP, & par-lé le point V pourroit érre trouvé. Mais, fi la courbure vers R eft plus grande qu’elle n’eft vers P, alors il fera RV < VP. Cependant la différence fera infenfible routes les fois que l'arc RP eft aflez perit pour étre confondu avec fon cercle ofeulateur. Or c’eft ce qui peut &re obtenu, parce qu’on a le choix de tracer les courbes mM aufli prés les unes des autres que l'on voudra. §.14- On pourra, pour le dire en paflant, {€ fervir de cetre méthode pour conftruire trés facilement toutes les courbes paraboli- ques dont Equation eft 2" = ay", Planche IT, dont Jes foutangentes font proportionelles aux abfciffes. Car foient FE 3 tes points Ay 1, 2, 35-4, 5 &c également diftans , & prenant les points b * 39 & A,I, Il, &c. a diftances égales, ces derniers feront les points d’inter- feftion des tangentes, qui f€ rapportent aux ordonnées A, 1, 2, 3 &c. Soit P un point de la courbe, & en tirant PII, on tirera enfuite IR moyennant le point V tel qu'il fit tant foir peu RV < VP. Quoique cette fagon de conftruire foit purement mécanique, elle ne laiffe pas @étre auffi exacte qu’une conftruction quelconque peur l’étre. _L’er- reur qui pourroit réfuler de Vindécifion dans laquelle on eft fur le choix du point V, s’évanouit, das qu'on prend les ordonnées R, P, i pras l'une de autre que la variation qui en réfulre pour la tangen- te ceffe d’étre vilible ou perceptible. §. 15. Voila donc de quelle maniere je m’y fuis pris pour tra- cer les courbes du courant magnétique gG, 4 V'aide des courbes /L quien font une efpece de trajedtoires. Je ne les ai tracées que jul qu’od j'ai povffé les expériences, _Ainfi c’e(t une affaire de raifonne- ment que de voir ce qu’on en pourra connoitre d’aprés ce qu’en offre Ia partie conftruite. Voici quelques réfiéxions qui pourront y contribuer. §.16. Dvabord on voit, & on peut établir fans peine, que la droite CG, coupant toutes ces courbes a angles droits, en eft un axe commun, & que de l'un & de l'autre cdté de CG ces courbes font femblables & égales. §. 17. _ Enfuite la fagon dont toutes ces courbes s’approchent de l'autre axe CA, qui eft celui de l’'aiman NS, eft telle, qu’a moins @avoir une courbure toute irréguliere & un point d’infléxion, elles ne fauroient fe réunir dans le pole S. Car, dans tous les points d’inrer- feétion de ces courbes & de la courbe mM 24, leurs tangentes coinci- dent dans le point 23 de Yaxe CS. Orcce point eftentreC, S, & par conféquent plus prés du centre C que ne left le pole de Paiman, Il femble donc plurét que routes les courbes Gg fe réuniffent dans le centre C, en forte que CA foit leur tangente commune & initiale, Si cela étoic, je n’héfiterois pas de conclure, qu’elles font indépen- Ha dan- *® 6 & dantes de la longueur de Yaiman NS & que par-Ii méme elles font toutes femblables, ou que fi la longueur de I’aiman ou celle de Paiguit- ley infue, ce n’eft que pour les rendre plus ou moins oblongues. §.18. Quoiqu’il en foit, on voit qu'il n’eft pas fi hors de propos de les comparer enfemble. Je regarde donc Ja droite CG comme une ligne for laquelle fe prennent les abfciffes, & en prenant les ordonnées orthogonales, Ja premiere chofe qui fe préfente c'elt de comparer les plus grandes ordonnées avec la longueur des axes CG, CG, &e. La figure offte quatre de ces courbes qui admertent cette comparaifon. Or, en prenant les mefares fur "échelle marquée fur CA en lignes, il fe trouve grand axe laplus grande ordonnée —rapport CG répondante 1400 - = - $30 - = - + 110,379 WHS + 2 + ABS = + + = 1 t 0,380. 960 - = = 37,0 = = = = 110,386. 770 - + = 297 - = = = 120,385. Ces rapports érant les mémes a ane minutie prés, j'en conclus que f les courbes gG ne font pas femblables a route rigueur, il ne s’en faut du moins que trés peu. Car on trouve a quelque minutie prés une méme propottionalité entre les diftances du centreC, quand on tire de ce centre des lignes droites qui coupent ces courbes, & en mefurant la longueur des cordes formées par ces interfections. Cependant je n’en inférerai pas qu'il en eft de méme des courbes gG, plus voifines de laiman. §. 19. Comme toutes ces courbes, dans Ie point de leur plus grande ordonnée, ont une direétion parallele a Paxe CG, ou perpen- diculaire 3 CA, on trouvera ces points a Faide des courbes /L, en Glevant far CA des perpendiculaires par les points répondans & ces courbes. Pour ne pas trop charger la figure, j'ai omis ces perpendi- culaires; mais par les points d’interfetion j'ai tiré la ligne # W. Or, Gitou- . * 6 & fi toutes les courbes ¢G étoient femblables entr’elles, Ja ligne wW, qui paffe par les points des plus grandes ordonnées, devroit étre droi- te & pafler par le centre C, lorfqu’on la prolonge. En y appliquant la regle, on trouve qu'elle fatisfair a cette condition vers W, mais qu'elle {@ courbe tant foir peu du cété w. Je ne déciderai pas fi cet- te petite aberration doit ére atcribuée a expérience. Ce quiil ya de fir, c’eft que Pexpérience eft plus fajerte a caution, que la diftance de Yaiguille de Paiman foit trés petite ou qu’elle foit trés grande. Car, dans le premier cas, les inégalités du magnétifme deviennent plus fen- fibles, & dans le dernier, la force de I'aiman devient trop foible pour vaincre la friction que fouffre Yaiguille en fe tournant far fon pivot. §. 20. Jai encore pris la cinqnieme des courbes gG, dont Yoxe CG eft de 140 lignes, & en divifant cet axe en 10 parties éga- Jes, comme aurant d'ab(eifles, j'ai mefaré les ordonnées répondantes, en les prenant fur échelle CA. En comprant les abftifles depuis C, Voici ce que j'ai trouvé abfciffes ordonnées 140 = = 0,0. 136 - - 32,0. VI2- + 43,0 98 = = 485 84 > + 52,3. 7O > = $3;0 $6 = + $158 42 - = 482. Or, fi la courbe gG éroit d’une méme courbure vers C que vers G, la plus grande ordonnée répondroit & Vablciffe 70, & les ordonnées décroitroient de la méme manicre qu’elles croiffent, de forte que cel- les qui répondent aux abfciffes 6, 42, feroient égales a celles qui ré- pondent aux abfciffes 84, 98. Certe table marque une petite diffé- rence, mais qui, pour étre petite, laiffe en doute a quoi il faut l'at- H3 wi- +». 2 & tribver. S'il étoit permis de la regarder comme aulle, je n'héfiterois. pas de prendre l’équation Y= 76. V (70? — +), pour la véritable. Car, en dénorant par 70 ~~ x les abfcifles, & par y les ordonnées répondantes, cette équation donne . abfciffes ordonnées |différences 7o + + = 140 | y [0,0] + 0,0 126 349 | + ot 112 42,6 | + 0,4 98 | 47,8 | + 9,7 84. 2,1 | + 0,2 790 53,2 | + 0,2 56 52t | + 0,3° 4 478 | + 0,4. De cette maniere les courbes gG feroient des ellipfes, dont le rap- port des axes eft = 1: 0,76. Les différences étant trés petites, on pourra dire que, fi Péquation que je viens de rapporter, & qui foppote le grand axe de 140 parties égales, ne (atisfait aux courkes gG, ni a toute rigueur, ni pour toute la courbe, elle ne Jaiffe pas d’en exprimer, du moins a trés peu prés, 1a partie des courbes qu’of- fre la figure, & qu’elle ne laiffe indécife que la partie qui eft plus pro- che de l’aiman. §.21. Mais, en ne fuppofant que la reffemblance des courbes €G, on en déduira encore que les lignes /L feront des droites, qui fe croifent au centre C. Car chacune des lignes /L coupe toutes les courbes g G fous un méme angle. Done, dés que les courbes g G font femblables entr’elles, & qu’elles ont CA pour tangente initiale com- mune, les lignes /L feront néceffairement des droites qui coincident au centre C., Or elles en different beaucoup plus que la ligne wW (§.19.). $22. * 36 & §. 22. De méme, fi les courbes ¢G font des ellipfes fem- blables, on démontrera facilement que les courbes mM doivent étre des ellipfes qui leur font femblables, a cette différence prés que leur petit axe eft la droite CA, & qu’elles ont CG pour tangente initiale commune. Mais, en comparant les courbes mM avec les courbes ¢G, on voit que les premieres ont une courbure peu elliptique, & méme affez peu uniforme, au lieu que, comme nous avons vu, les cour- bes gG ne different que tras peu de la courbure elliptique (§. 20.) Avec tout cela elles ont éré conftruites moyennant les courbes mM. Ce paradoxe s’explique par la méthode dont je me fuis fervi pour tracer les courbes gG. Car par cette méthode on les trace fort exac- tement, quand méme les courbes mM différeroient affez fenfiblement des véritables, pourvu que la différence foir indifféremmenr, tantér pofitive, tantér négative, & peu prés comme le font les petites ano- malies auxquelles les expériences font fujettes. Suppofons p. ex. que la courbe RM doive érre vers le point R, un peu plus haure ou plus éloignée de 'axe CA, le point V s’élévera également, mais feutement de la moitié de la différence. Or, comme l'angle r Vp ne fe prend gue de quelques degrés, il eft clair que !a pofition de la tangente n’en eft presque point du tout alrérée. L’erreur fe compenfé méme en partie, en ce que langle VA devenant tant foit peu plus grand, la droite r V va également toucher la courbe gG en un point plus élevé, Jen fis Pépreuve avec une parabole (§. 14.) em prenant les points A, 1,2, 3 &c. un peu inégalement diftans les uns des autres, mais en gardant les diltances des points A, I, II &c. égales, & je vis qu'il fal- loie faire les diftances 1, 2, 3 &c. fort inégales,” pour que l'erreur a Pégard de la courbure & de la pofition de la parabole devinr fenfible. Je dis fenfible, car c’eft quoi fe réduit toute Pexaéticude qu’on peut atcendre d'une conftruétion quelconque. §. 23. De cette maniere il faudra conclure, qu’au lieu d’exa- miner les courbes ¢G moyennant les courbes mM, ou moyennant les lignes /L, qui ont fervi pour les tracer, on pourra envifager les cour- Fig. 3. * % & courbes ¢G comme les plus exemtes des irrégularicés, auxquelles les expériences (§. 9.) & partant auffi les lignes /L, mM, font fujettes. ‘Du refte, comme les courbes mM différent d’autant plus de la figure elliptique, qu’elles font plus voifines de I'axe CA, il s'enfait que les courbes Gg en different également a mefiufe qu’elles s'approchent du point C. Celt ce qui paroit aufli par la comparaifon que j'ai faite ci- deffs, les differences (§. 20.) étant d'abord pofitives & enfuite néga- tives. - Enfin la courbure des lignes mM voifine de l'axe, qui differe affez confidérablement de celles quien font plus éloignées, pourroit, du moins en partic, devoir étre attribuée a la longueur de Vaiguille qui étoit de 30 lignes, & dont le pole D s’approchoit trés confidérable- ment de l'aiman, lorsque la diftance des centres C, B, n’étoit que de 40u 5 pouces. Comme il falloit éviter que laiguille ne touchat Vai- man, il n'y avoit pas moyen den déterminer la direftion pour de moindres diftances; mais on congoit aifément que cette direction au- roit été plus ou moins anomale, §.24. Jai encore préfumé ci- deffas, que la figure allon- gée des courbes ¢G pouvoic dépendre, du moins en partie, de la lon- gueur de Yaiguille. © Pour m’en alfurer je pris une aiguille encore plus longue. Elle éroit faite, comme la précédente, dune lame @acier dont on fe fert pour le reffort des montres. Sa longueur étoit de 544 lignes, fa largeur de 2 lignes. Voici les diftances & Jos angles qu'elle donna. Diftam 15 Diflances_§ 6 7 tO 13 | 178 | 20 | are | ark | 225 [2 @ 20 274 | 37 | 38% | 39 | 39% | 39 | 40 3 30 ll 57 56% | 56E | $6 | 55 54 | 54 a4 || 76 | 73 | 70 | 68 | 678 | 65 | 64 B50 |) 84 8r 78 76 75 73 WE Poo} — | 8s | 83 | 8t | 80 | 278 | 278 270 |/— | — | 86 | 85 | 842] 83 | 82 @ go - 88 87 87 875 | 87 ® 90 — |90 189 | 90 | 90 | 90 | Angles SCB en degrés. L’ufage que jai Fair des nombres de cette table eft le méme que celui de la table du §. 95 ainfi je n’en répécerai pas la deleriprion. La 4° Planche tt, figure en offre le réfalcat. Ou voit du premier coup-d’oeil, que les Fis. 4. courbes g G font encore plus allongées que celles de la 2 figure, & que par con(équent elles s’allongent & mefure que P’siguille eft plus lon- je. On trouve en lignes Yaxe CG laplusgrandeordonnéerépondante Rapport 168 - + + > §7E = + = 12 0,34. 144 - + 7 + 48F + + 5 5 13 0,34, 120 - + + + 38% © + © 2 12 0,32 96 - - - = G0 5 = + = 180,38 Ces rapports différant fort peu entr’eux, on en peut conclure, que les courbes gG font prefque toutes femblables les unes aux autres, Enfuite, en comparant ces rapports avec ceux que nous avons trouvés dans la premiere expérience (§. 18.) on voit quiils font plus petits en- viron d’une 7 partie. Cette différence eft fort petite en comparai- fon de la différente longueur des aiguilles, qui éroit de 30 lignes dans la premiere expérience, & de 544 lignes dans la feconde. De la il fair que, quand la longueur de laiguille feroit fappoe inf- niment petite, les courbes ¢ G ne 'vfferont pasd’éire encore fort allon- gées, & qu’elles ne différeront pas beaucoup de celles de Ja feconde Mém, del’ Acad. Tom. XU. I figure Planche IV. Fig. 5. * 6 & figure. Car, pour déterminer par l'expérience la véritable courbure du courant magnétique, on regarde Vaiguille placée fur les courbes gG, comme un petit arc de ccs courbes. Et il elt clair que Pexpérience répondra a cette condition d’aurant plus exactement qu'on prendra une aiguille plus petite. §.25. Comme l'une & Vautre des deux expériences que je viens de rapporter, nous. laifle en doute far le pli que prennent les courbes ¢G lorfyu’elles s'approchent de lave CA, jai encore em- ployé une aiguille qui n'avoit que 12 lignes de longucur fur 2 lignes delargeur. Elle étoit faite comme les deux précédentes, d’va reflort de montre un peu détrempé. L’aiman éroit le méme. La 5™ figure offre le réfiltat de ces expériences. D’abord on y voit que les lignes L/, en s’approchant de !’axe CA, fe courbent confidérable- ment, doi l'on peut inférer que les courbes gG ceffent d’autant plus @étre femblables entr’elles, qu’clies font plus prés de 'aiman. — En- faire, la courbure des lignes /L infiue tellement fur celle des trajectoi- resCM, mM, que cclles-ci ont un point de rebrouffement & bec, com- me on le voiten M2, M24, M3. Cleft ce qui fait que les cour- bes Gg, non feulement peuvent traverfer deux fois une méme trajec- toire CM, comme on le voit aux points H, 4, mais que leur cour- bure entre ces deux points eft tout & fait anomale, puifque les tangen- tes appliquées aux points H, 4, de la courbe gG, coincident dans un méme point de axe CA, ce qui exige que la courbe GHAg ait entre HA un point dinflesion, fi elle n'y eft rour a fait droite. La ligne pon&tuée Ww coupe les courbes Gg dans les points ces plus grandes ordonnées; elle va joindre axe CA dans un point #, qui eft 428 lignes du centre C, & partantentre CS. Les courbes ¢G qui ont leur point d’interfection g¢, g entre Cw, tournent toute leur con- cavité vers Yun & Vautre axe CA, CG, au lieu que celles qui font plus éloignées ont un pointd’inflexion, de forte gu’en s‘approchant de l'axe CA, elles rournent vers axe CG leur convexité, quoique de maniere qu’elles s’approchent de V'aiman dans une direction presque tout a fait droite. §.26 * 6 & §.26. La6™ figure, qui eft dans f@ grandeur naturelle, fait P voir les pofitions de laiguille les plus proches de l'aimcn, telles que je“ les ai obfervées. _J’y ai marqué par des lignes ponétuées la courbure du courant magnétique. Enfin jai placé le papier, far lequel j'avois defling cette figure, far 'aiman, en forte que les points N, $, cou- yroient les deux poles de I’aiman. Ce qui étant fait, j'ai laiffé tomber far le papier de la limaille de fer bien fine, mais en forte que bien loin de couvrir Je papier, elle éoit faffifamment éparfe. Certe limaille s‘arrangeoit partie d'elle-méme, partie au moyen de tras légeres fe- coufles en files éparfes, dont la direétion fuivoit parfaitement celle des fléches marquées dans Ia figure. Comme le fer en s’approchant de l'aiman devient facilement magnétique, il elt clair que ces petites filées peuvent érre regardées comme aurant de perites aiguilles aiman- tées. La différence qu'il y a, c’eft qu’elles font moins mobiles, en ce qu’elles s'accrochent facilement & la chevelure du papier. C’elt aufi fa raifon pourquoi elles n’affeétent la direction du covrant magnétique, que lorfqu’elles ne font qu’a la diftance de 2 ou 3 pouces de I’aiman. On trouve dans plufieurs trairés de Phyfique , & particulierement dans la differtation de Mr. de Mufthenbrack, des expériences femblabies, & les figures de la pofition de ces flocons on filées de limaille, — A* les voir on croiroit que le fluide magnétique, qu’on fuppofé circuler au- tour de l'aiman, circule autour de trois centres N, C, S. Er les lignes ponttuées dans notre 6" figure femblent infinuer laméme chofe, puit qu’elles tournent leur concavité d’un céré vers C, de l'autre céré vers S, & que la perpendiculaire w paroit en faire a paration. Mais cet- te 6 figure n’offre qu’une trés petite partie de ces courbes. On n'a gu’ les voir toutes entieres dans la 5 figure pour en juger aurrement. Car ony voir d’abord que, de quelque manicre que les courbes ¢ G diver- gent de l’axe CS, elles (¢ tournent toutes en forte qu’eiles vont croifer a angles droits l'axe CG. enfin, quoique ces courbes paffent fous un angle quelconque le coré ou le bord de 'siman, expérience avec la limaille m’a fait voir néanmoins qu’elles ont I’xe CS pour tangente commune. La différence que j’y obfervois, ceft que 1°. les flocons “La ou Figs 6. * 8 * ou filées de limaille aimoient fort s’attacher aux bords de l’aiman & par- ticulierement a fes 4 coins. 2°. Que celles qui éroient vers C étoient couchées, au lieu qu’a mefure qu’elles éroient plus prés des poles, ou pour mieux dire, du point de axe w, elles s'élevoient de facon a fai- re avec le plan du papier un angle d’autant plus grand qu’elles éroient plus prés du point de l'axe w. La raifon en eft claire, parce qu’elles fe mettoient en tout fens dans la direction du courant magnérique, & qu'il n'y a que leur pefanteur qui pit les en faire dévier, lorf{qu'elles étoient affez longues pour que cette déviation fic fenfible. §.27. Mais voici encore les mefures, d’aprés lefquelles la 5 & la 6 figure ont éé conttruires. On voit dans la 6" figure que les aiguilles ont été placées a des diftances égales fur des lignes paralleles @ exe de 'aiman. La table (uivante exprime pour chaque pofition B les diftances CG, GB en lignes, mefure de Paris, & I’an- gle WBD, qui eft égal a celui que fait Paxe de Paiguille prolongé avec celui de aiman. L’expérience fur faire fur une planche de bois, qui portoit rout le fyfteme, que je pouvois toujours tourner en forte que, de quelque facon que Faiguille fir attirée par Vaiman, elle fir en méme tems dans le méridien magnétique. —_La raifon de ce procédé fe trouve déji rapportée ci- deffus (§. 5.). Voici maintenant les me- fares, telles que je les ai prifes. Diftan- * Oo & | | Diftances des paralieles CG gt! | nat | 1s) a8 6 37 31 29 285 12 | 56 sr] sol 50 Eig ll 70 | 6g] 66) 67 Bo, || gr go] 8r| gr 830] 9s | os} 97] 96 O36 | 117 rig | 114] 110 42 | 138 129 | 126 | 122 g 48 | 147 | rgr | 135) 137 = 54] 154 | 148 | 145 | 140 BS 6o | 158k | 152 | 150 | 146 & 66 |! 164 155 | 154 | 150 72 163 | 1s7 | 156 | 153 | Angles WBD Cette table comprend plus d’obférvations qu'il n’y ena de marquées dans la 6™* figure; mais je m’en fais encore fervi pour achever de con- ftruire la 5° figure. Cette figure s’étendant a de plus grandes diftan- ces, elle demandoit encore d’autres expériences. —_Je les renferme- rai dans la table fuivante, qui, pour étre route analogue a celles que j'ai rapportées ci-deffus (§. 9. 24.), ne demande point d’autre ex- plication. I3 Dit Planche I, Fig, PlancheV, Fig. 6, ~—Diftances CB en pouces J 2 3 4 ~S5 7 oo pro —y;—|]—|—]| 38] 16] a0 2°] — | — | = | 22 | 30 34 | 38 @ 30 || — | — | 27 | 36 | 424 | 47 | 50 a4! — | — | 44] 48 | 54 58 | 60 B50} — | 41 | 58 | 60 | 64 | 65 | 69 P 60 || — | 6t | 69 | 69 | 70g | 73 | 76 & 70! s8 | 73 | 77 | 77 | 78 | 79 | 8 B80 73 | g2 4 85 | 85 |.86 | 85 * 90 |] 90 | 90 90 | 90 | 90 | 90 ie SCB degrés, és §. 28. L’aiguille en w ayant une direction perpendiculaire a axe de laiman, on voit que la petite portion de Paiman wS, agit fur elle avec aurant de force que la portion’ wN, qui eft confidérable- ment plus grande. La raifon en eft que la portion CN agit conjoin- tement avec la portion wS, pour tourner l'aiguille vers S, parce que wS Pattire vers $, & CN la poufle pareillement vers S. Mais, com- me malgré la réunion de ces deux forces l'aiguille garde fa direction perpendiculaire, il s’enfuit que Ja portion de Vaiman Cw toute feule’ a affez de force pour contrebalancer celle des deux portions wS, CN. Or CN étant la moitié de Paiman, il s’enfuit que Cw < CN, & a plus forte raifon Cw < CN + #S. Comme donc les matfes font inégales, il eft clair qu’il y faur encore @autres caufes, povr que Pai- guille puiffe érre dans cet état d’équilibre. L’une de ces caufes eft la différence qu'il y a entre les diftances. On voit que toute la portion CN eft plus éloignée de w que ne le font les portions Cw, wS. Or on fait que l'aétion magnétique diminue a mefure que la diftence aug- mente. Enfaite, comme la partie CN repouiffe le méme pole de siguil- le que Ja partie CS attire, il eft clair, qu’en confidérant action de chaque particule de CS comme pofitive, il faut confidérer celle de cha- * 7 & chaque particule de CN comme négative. Or le paffage du pofitif au négatif (e fajfant par zéro, il emble qu’on puiffe en inférer, que ka force d’une particule quelconque de Paiman dépend de fa diftance du milieu C, & qu'elle eft, finon en raifon direéte de cette diftance, du moins en raifon d'une fonction telle, qui devienne négative ou pofiti- ve toutes les fois que la diftance fe compte de C vers N, ou de C vers $, & quien Cdevienne = 0. Car de ce que je viens de dire il fait, que Paétion de Y'aiman en C doit étre nulle. Et eft ce qu’on peut confirmer par Pexpérience. Pour cet effer, on n'a qu’a placer deux aimans NS, 7s, Pun ar Pautre enforte quills fe croifent par leurs centres C, & on s‘appercevra fans peine qu’ils ne s’attirent point, mais que Pattraétion augmente a mefure quills fe croifent dans des points plus proches de leurs poles amis. Celt par-8 auffi qu'on peut expliquer Je phénomene de deux aimans Ns, $2, courbés en de- mi-cercles & joints en forte que les poles amis fe touchenr. Ces ai- mans ainfi joints ne fembient plus avoir de force attraftive. Car, en quelque point C qu’on leur préfente du fer non aimanté, ce fer n’en eft point attire, & a cet égard on peur dire, que ces aimans placés en cercle, bien loin d’étre tour pole, font tout milieu, & que quandenco- re on fappolé qu’ils ont quelque force, Ia force attractive eft partout égale a la force répulfive, de force que l'une détruifant autre, elle eft partout — o. §.29. Enfin la pofition de Paiguille dépend encore du finus @incidence, ou de langle fous lequel chaque particuie de Vaiman agit far elle. Car, comme je I'si remarqué dans le Mémoire précédent, Paiguille doit étre confidérée comme un levier, & par cette raifon Yaétion de laiman y a plus de prife, plus elle approche de Ia perpen diculaire. §. 30. Si done les circonftances qui peuvent modifier V’ac- tion de Vaiman fur Paiguille, fe rédvifent a ces trois que je viens de rapporter, il s’en faut peu qu’elle ne fe foumette entierement au cal- cul. Car, pour ce qui regarde lobliquité de cette aétion, elle eft en rai- Planche Fig. 7. Fig. §. * 2 & raifon fimple & directe du finus. Er pour ce qui eft des diftances, Veffet de chaque particule de Paiman far chaque particle de Paiguille eft en raifon de la force abfolue de ces particules, & en raifon récipro- que du quarré de la diftance, Car, outre que chaque force qui fe ré- pand en raifon des furfaces, s’affoiblit dans le méme rapport qu’elle fe Giftribue, j'ai fait voir dans le Mémoire précédent, que la force ma- gnétique en particulier s‘affujettit également a cette loi. —_I ne refte donc que la force abfolue de chaque particule, qui croit 4 mefure que la particule eft plus prés des poles. Mais il faudroit mieux connoitre Je mécanifme des forces magnétiques, fi !’on vouloit déterminer dans quel rapport elle varie 4 légard de fa pofition, ou de fadiftance des po- es, ou du milieu de l'aiman.- Cependant, comme en admetrant lexpé- rience, cette variation peut étre regardée comme, une fonction de la Giftance de chaque particule du milieu de l'aiman, & comme alors eft la feuie inconnue qui entre dans le calcul, elle pourra étre déter- minée de cette fagon a pofteriori. Ou bien en admettant en forme @hypothefe une loi quelconque, il y aura moyen de voir fi elle fatis- fait aux expériences, ou non? Dans le premier cas, elle fera celle que Ja Nature obferve; au cas contraire, il faudroit en chercher une autre, §. 31. Ce n’elt done pas li ce qui embaraffe. Mais la diffi culté revient a la prolixiré des formules qu'il faut calculer & compa- rer avec expérience. Car l’aiman, aufli bien que laiguille, ayant trois dimenfions, ellesdemandent fix intégrations avant qu’on puiffe parve- nir a définir état d’équilibre, & ces intégrations érant faites, il en faut une feptieme pour en déduire Péquation pour Ja courbure du courant magnétique. Cependant, fi aiguille eft regardée comme infiniment pe- tite, ces intégrations fe réduifent a quatre; & elles fe réduiront a trois, ou méme adeux, fi l'aiman n’a presque point d’épaiffeur, ou fiencore Ja largeur eft peu confidérable. §. 32. Pourdonner quelque idée de ce calcul, jfadmettrai 'hy- pothefe, que la force de chaque particule eft en raifon fimple & di- reéte de fa diftance du milieu de 'siman, Je regarderai Paiguille com. me * 73 © me infiniment petite; & quant a Paiman, je le fappoferai parallélépipe- de {ans épaiffeur confidérable. Ce qui étant préfappolé, foir Vaiman Planche ¥. NamM, Vaiguille placée en B, & que dans (on état déquilibre elle Fit. fe trouve étre dirigée vers BQ. Par le milieu de l'aiman (oit tirée AGD perpendiculaire, & par Paiguille B la droite BD parallele a Paxe de V'aimen. Abaiffant enfin BP a angles droits far NQ, & tirant xB, mB, NB, MB, foie faic BD = PBQ. MBP = 2, DG mBP DA NBP AM 2BP = AG=y. & il (era = (a — x) corp, MB = y fec p = (a — 2) cofee p. Or, en prenant en M une particule 2x . dy, fon aétion fur Vaignille fera en raifon compofée de la maffe dx . dy, dela diftance MA—=~x, du finus d'incidence MBQ = fin (« —+~ w), & en raifon récipro- que du quarré de la diftance MB. Si donc I'aétion de ’aiman eft po- fe = v, on aura dy dx. . fin (wb 0) ddu= =)" coke a Or, en regardant x, ¢2, comme conftante, il fera dy = (a — x) d cot pg; donc, en fabftituant cette valeur, il fera adv — 242 = *) d ot K.fin(uto) (a — x)? cofec a? Cette formule s’abrege par une réduction facile en forte que d. dav = — AS. dp. fin (u +o), ‘Mim. de TAcad. Toms XXI, K dont * 4 & dont on tire l'intégrale mS xdx = + cof (Mb w) — cont. am xdx TA, «eof + 4) — cof + a. Orileft, en faint EM = y = cy a—x—c tng w= 4 tang m, — dx = cd tang p = bd tang m. Done — = 2 dv = SEE edtp. cof (w+ 4) a— lim , — batm « cof (a +»), ou bien dv = cdtp . cof (x $2) — 4 ve 0t paied i) — bdtm. eof (m + w) — 4 tie » cof (m@ + w). Droi Ion tire ve cofw. log # (45 +) —- = acofe It ip. I. — b cof w. log t (45 tim + Be + acolw /t Im. af. log # (45 + 46) — afm. it (45 + im) + contt. ou bien *® 5 & amine: — acofwlog (tim: tim) —(bcolwt afw)lt(45+im) + + conft. A. Cette formule eft pour la partie de 'aiman AGmM. Pour l'autre partie AGaN, il (era de méme a Ve (ecole tafo)le(gs iN — LL —acolw I eivieee) — Coole + a/aylt(as tint or # * + conft. A. Or ces deux forces doivent étre égales, pour que Paiguille foit en équilibre. Ul fura done v—t=o, ce qui donne C45 tam) _ yy C45 + Em) thm. tin PLIES) MRICE SDT NTE) BM—Bm—BN } Br + alog “(45 + 3") - #(4s + ¥m) 14st) tGs + rm Voila donc la direétion de l’aiguille déterminée. Mais cette formule paroit peu traitable pour en déduire l'équation pour Ja courbure du courant magnétique. Er {i, pour la fimplifier, on vouloit fappofer la largeur AG del’aiman = 0, cette formule ne donne point de va- leur, puifque le numérateur & le dénominateur de cette fraction de- vient — o. §. 33. Soit donc Paiman linéaire NM; fon point du milieu C. Que laiguille placée en B ait la direction BQ. —Abaiffant Ka fur Fig. 10. ee 6 & far NMQ la perpendiculaire BP, & achevant le reangle CPBD, foit fait Bs hy BD=2 PBQ=4 CM=« NbBP =», & nous aurons do = 22 ae fin (w “EBD = Phew Mais il eft a@—«xh wang pg, — dx = bat; donc do Ft Baty Su + oF feo we Dod Pon tire v= Fool t 0) + Fcolw tog (+4 tf) _ fin (w + «) $ conft. Or it eft == tang DCB = cot x, F LM = (cot } BMP)*. cork . cof (pe + w)—cofwlog tang } BMP 4. /(w + uz) + conft. ou bien vitang BCP. cof MBQ—cof BQC logt3 BMP-+ fin MBQ+ conf. I fera de méme pour la partie CN vxtang BCP. cof NBQ—cof BQC log #3 BNP + fin NBQ + conft. Or, * 7 ©& Or, pour le cas de Péquilibre, if doir érre v—vmo. Dod Yon tire cof NBC — cof MBC ‘rang 7 MP" . fin BCP . log (GesBNP — fin MBC —fin NBC cotang w= §. 34. Les quantités tranfcendantes qui entrent dans cette for- mule, la rendent encore trop intraitable pour en déduire l’équation pour les courbes du courant magnétique. Comme cependant elle donne la direétion de Yaiguille pour chaque point B, oi on Ja place, il y a moyen de s'en fervir, de la méme maniere dont je me {ais fervi des tables §. 9. 24.27. pour conftruire les courbes du courant ma- gnétique. C’elt ce que j'ai fait, en donnant a l’aiman linéaire que cet- te formule préfappofe, la longueur de 67 lignes, qu’avoit Paiman employé dans les expériences précédentes. J'ai deffiné dans la 1 1™€ figure quelques unes des courbes du courant magnétique, en me fer- vant de la méme échelle, & en prenant les axes C Q égaux a ceux de quelques courbes ¢G de la 5" figure, afin de pouvoir d’autant plus facilement les comparer enfemble. La différence eft fort petite, & ne confifte qu’en ce que les courbes de la 5™* figure font plus allon- gées, ou tant foit peu moins larges; ce qui fuivant ce que j'ai fait voir ci-deffus (§. 24.) peut trés bien étre attribué a 1a longueur de Paiguil- le employée dans l'expérience du §. 25. a laquelle la 5™* figure fe Fapporte. K3 RE- Figs

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