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SUR LA
FIGURE ve VLOCEAN.
PaR M. LAMBERT.
es changemens arrivés a la furface & dans V'intérieur de la Terre
doivent fans contredit étre artribués, partie a des tremblemens de
Terre, partie a des inondations. Ce font du moins les deux caufes les
plus univerfelles & les plus violentes que nous connoiffions. Je dis les
plus violentes; car pour peu qu’on parcoure les pays montagneux,
& qu’on repaffe les différentes couches dans l'intérieur de la Terre, les
rochers fendus, les pétrifications & les coquillages qui fe trouvent
en quantité dans des endroits élevés & fort éloignés de la mer & de
leur lieu naral, on n’aura point de peine 4 fe convainere que des cau-
fes lentes & fucceffives ne fufifent pas pour produire tous ces effets.
Les deux caufes dont je viens de parler, fubfiftent encore, en
ee que de rems en tems il arrive quelque inondation & qu'il fe paffe
peu d’années fans quelque fecouflede tremblement de terre. Mais, quel-
que violent que puiffe en éuwe Veffer, il s’en faut de beaucoup qu'on
puiffe le comparer a ceux «pai doivenr avoir été produits dans les an-
siens tems, & dont nous voyons encore les marques. En effet, fi dans
le fiecle of nous vivons un tremblement de terre étoit affez fort pour
lever du fond de 'Archipel utie nouvelle Isle, il s’en faudroit de beau-
coup que cet effer fiir comparable 4 celui d’un tremblement de rer-
re, qui du fond des eaux pouvoir avoir élevé les rochers immenfes
des Alpes ou des Cordelieres, avant que le feu fouterrain pic
s‘ouvrir un paflage libre par le fommet des volcans.
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Tl en eft de méme des inondations. Elles ne fe manifeftent
plus que dans les cas ott des pluies mop abondantes font déborder les
rivieres, & ov les rivieres en continuant de charier du fable, du li-
mon, des pierres, les dépofent vers leurs embouchures & (¢ ferment
par’ la le paffage dans lamer, & enfin of la mer agitée par la marée,
ou par des tremblemens de terre, & aidée par les vents, s'éleve au def-
fas de fon rivage. Ces effers font peu de chofe vis a vis de ceux of
Ja mer alloit dépofer ce qui fe trouvoit dans fon fond fur les fommets
des monragnes les plus éloignées.
Tl paroit done que le fyfteme de notre globe s'eft mis dans
un certain état de permanence. Les volcans font ouverts & donnent
une iffue libre sux feux fourerrains. De tems en tems il s’en ouvre
un nouveau, tandis que d'autres fe ferment. On congoir auifi qu'il
pourroit s’en ouvrir au fond de la mer, fi l'eau ne rempliffoir pas?’
bord la caverne qui commence a fe former. Ce qui étant, on con-
goit aufli que la plipart des tremblemens de terre tirent leur origi-
ne du fond de la mer, & que les terres maritimes font par-li méme le
plus fajerres aux fecouffes violentes. Quelquefois auili, les feux fou-
terrains vomiffant affezde matériaux pour élever du fond de la mer une
efpece de montagne, on congoit d’od vient qu'il { trouve des vol-
cans en forme de petites Isles au milieu de ?Océan, Enfin, on ne fau-
roit douter que Je terrain s‘affaiffant peu a peu par les pluies & par fon
propre poids, n’ait befoin de tems en tems d’étre rendu plus poreux &
plus {pongieux, & que les fecouffes d'un tremblement de terre n'y
contribuent d’auranr plus efficacement que par-la les feux fourerrains
Vimpregnent de nouveau de ‘réutes ces parties falines, nitreufés, &
folphureufes, qui par les eaux de pluie pouvoient avoir été emmenées
dans V'intérieur de la Terre. Ce qui étanr, on ne fauroir douter que
kes tremblemens de terre ne renouvellent fa fertiliré, & quills ne
{oient ples ou moins néeellaires pour I'étar de permanence dont je viens
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Quant aux inondations, elles ne font ni fi fréquentes ni fi éren-
dues que les tremblemens de terre. Comme leurs caufes font moins
eachées, V'induftrie des hommes eft parvenue a en arrécer & diminuer
les effets, On laiffe déborder le Nil, on en empéche les autres rivieres;
& les Hollandois fe mettent 4 l'abri des inondations qu’ils ont a crain-
dre de lamer. Dans tous les autres pays, Je terrain a plus d’élévation,
& Ja mer elle- méme s’eft fair un lic de (able élevé vers le rivage, qui
fert de digue. Era cer égard, I'érar de permanence elt rérabti depuis
des rems immémoriaus, ou, ce qui revient au méme, depuis que la mer
en découlant des parties élevées s’eft retirée danse lit que la conftira-
ipa inérieure de la Terre lui a permis de creufer.
Quoique de cette fagon les tremblemens de terre & les inonda-
tions qui reviennent de tems en tems, ne nous offrent qu’uo tableau
en mignarure de ces grands bouleverfemens que le globe terreftre doit
avoir (oufferts dans les anciens tems, les loix générales de la Narure ne
laiffent pas d’éere les mémes. Suppofons roure la {urface du globe
unie & couverte d'eau; les feux fourerrains ne tarderont pes d'élever
par-ci par-li fa crofite de la Terre, qui les couvre & les enveloppe
avec d’autant plus de violence qu'il n'y a point encore de volcans dont
les formers ouverts pourroient leur laifler un paflage libre. Que cer-
te croiite for de rochers, je vois ces rochers fe fendre & s'élever dans
des politions plus ou moins verticales. Ces feux fe rouvanr au del
fous du fond de la mex, on ne pourra leur donner moins d’une ou de
deux lieues de profondeur. Or la denfité de l'air augmentant 4 mefu-
re qu’on defcend plus bas, on trouve, par une {upputation allez facile,
que cette denfiré doir érre 3, 6, ou mime 9 fais plus grande dans cet-
te profoadenr qu'elle n’elt ala furfce de la Terre. Par-la elle eft a
peu prés égale & celle de lair comprimé dans la boéte dun fatil & vent.
L’action da feu pourra encore augmenter julgu’au quadruple V'dlaltici-
té qui nau de cowe compreffioa. Ainsi, dts qu'on fuppale cet air gu-
ferme dass une caverne entourée de rochers, les fu (outereaiys sem
approchaat ne pourront manquer de produire des cffers