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Anesthesie Des Urgences Obstetricales Dalens
Anesthesie Des Urgences Obstetricales Dalens
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Prise en charge anesthésique
des urgences obstétricales
Philippe Dailland
(juin 2002)
Abréviations Sommaire
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
AED : anesthésie épidurale
RAPPELS PHYSIOLOGIQUES ET PHARMACOLOGIQUES . . . . . . . . . . . 2
ALR : anesthésie locorégionale
DÉFINITION DE L’URGENCE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
AMM : autorisation de mise sur le marché
CAM : concentration alvéolaire minimale PRISE EN CHARGE DE L’URGENCE
ET ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
DUP : débit utéroplacentaire
HELLP syndrome : syndrome hémolytique
ANALYSE COMPARATIVE DES TECHNIQUES ANESTHÉSIQUES . . . . 8
pré-éclamptique, acronyme de CHOIX D’UNE STRATÉGIE ANESTHÉSIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
« Hemolysis Elevated Liver Enzyme Low CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Platelets »
SFA : souffrance fœtale aiguë
© Groupe Liaisons SA, juin 2002. La photocopie non autorisée est un délit.
Introduction
Pendant la grossesse ou l’accouchement, et même au stade de la délivrance placentaire, le médecin anesthésiste peut être confronté à une
situation urgente qui peut soit menacer directement la survie de la parturiente soit concerner à la fois le pronostic de la mère et celui de
l’enfant. Dans un tel contexte, il risque d’être contraint d’intervenir dans des conditions inhabituelles et de devoir réaliser une induction anes-
thésique en salle de travail et non au bloc opératoire, le tout dans une ambiance de stress général du fait de l’urgence maternofœtale.
Une réponse adaptée et rapide ne peut que se fonder sur une bonne connaissance des mécanismes physiopathologiques générant ces
urgences et, surtout, sur une pratique régulière de l’anesthésie chez la femme enceinte. Tout médecin anesthésiste, quelle que soit son expé-
rience, peut être confronté à des situations d’extrême urgence ne souffrant aucune improvisation dès l’instant où il pénètre dans une
maternité.
© Groupe Liaisons SA, juin 2002. La photocopie non autorisée est un délit.
intravasculaire dès la quinzième semaine de grossesse, bien toléré
pour autant qu’il ne soit pas exagéré.
FACTEURS DE RISQUE LIÉS AUX MODIFICATIONS 10. Toute femme enceinte devant bénéficier d’une anesthésie géné-
PHYSIOLOGIQUES DE LA GROSSESSE rale ou locorégionale doit être considérée, a priori, comme exposée à
un risque d’inhalation du contenu gastrique, quelle que soit l’heure
Les modifications physiologiques de la grossesse exposent à de son dernier repas.
10 facteurs de risque dont il faut avoir pleinement connaissance.
1. Majoration du risque d’hypoxémie lors de l’induction et de
l’intubation.
FACTEURS DE RISQUES LIÉS AUX MODIFICATIONS
2. Intubation trachéale pouvant s’avérer difficile, en particulier en
PHARMACOLOGIQUES DE LA GROSSESSE
cas de pré-éclampsie et chez l’obèse. Les modifications pharmacologiques induites par l’état de gros-
3. Risque hémorragique majoré en cas de traumatisme ou d’intu- sesse exposent à 5 risques particuliers.
bation nasotrachéale, du fait de l’hyperhémie muqueuse. Tous les 1. L’hémodilution et l’hypoprotidémie induites par la grossesse
gestes sur la filière respiratoire de la femme enceinte doivent être réa- augmentent la fraction libre des agents pharmacologiques, majorant
lisés avec la plus grande douceur. de ce fait leurs effets sur leurs récepteurs respectifs.
4. La compression aortocave doit être prévenue par le décubitus 2. Certains curares (succinylcholine, mivacurium) voient leur
latéral gauche à 30° environ avant toute anesthésie obstétricale car cinétique altérée par une diminution de l’activité des pseudocholines-
elle peut être majorée ou démasquée au cours d’une anesthésie, quel térases plasmatiques.
qu’en soit le type. 3. Pour les anesthésiques volatils, indépendamment de la diminu-
5. Au cours d’une anesthésie épidurale ou d’une rachianesthésie, il tion de 30 à 40 % de la concentration alvéolaire minimale (CAM) on
faut assurer une expansion volémique et être prêt à administrer un observe une augmentation de la vitesse d’induction par augmenta-
vasoconstricteur, dans le but de prévenir ou de minimiser l’hypo- tion de la ventilation minute et diminution de la capacité résiduelle
tension due au bloc sympathique. fonctionnelle.
50
à l’état de grossesse
40 • Modifications physiologiques de la grossesse : intubation diffi-
cile, risque hémorragique, hypotension par compression aorto-
30
cave, labilité neurovégétative accrue, baisse de la pression
20 oncotique, hypervolémie, tendance à la coagulation intra-
vasculaire, reflux gastro-œsophagien.
10 • Particularités pharmacologiques : hémodilution et hypoprotidé-
mie (fraction libre accrue des médicaments), baisse du taux des
0 cholinestérases plasmatiques (curarisation prolongée avec cer-
1967-1969
1970-1972
1973-1975
1976-1978
1979-1981
1982-1984
1985-1987
URGENCES ABSOLUES
resté stable, alors que celui lié aux anesthésies locorégionales a dimi-
nué depuis 1984. Le risque relatif à l’anesthésie générale a augmenté L’urgence fœtale peut être au premier plan. L’hypoxie fœtale est la
de 2,3 avant 1985 à 16,7 après 1985 [7] (Figure 1). voie finale commune de différents mécanismes pathologiques
La « stabilité » de la mortalité induite par l’anesthésie générale est (pathologie funiculaire, hypoperfusion fœtoplacentaire, hypertonie
liée en particulier aux échecs d’intubation associés ou non à l’inhala- utérine, hypoxie maternelle…). Elle est d’autant plus grave qu’elle sur-
tion du contenu gastrique. Elle est, à l’évidence, le reflet d’une situa- vient sur une souffrance préexistante (retard de croissance in utero,
tion maternelle à haut risque, chez une patiente plus fragile et délicate pathologie placentaire, postmaturité…) et qu’elle ne montre aucune
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à gérer. tendance à l’amélioration entre les contractions.
La situation la plus extrême est représentée par la prise en charge Moins fréquemment, l’urgence peut être maternelle. C’est le cas du
d’une césarienne en urgence avec ou sans hémorragie chez une par- décollement placentaire, de la crise éclamptique ou d’une hémorragie
turiente à l’estomac plein et présentant de forts risques d’intubation utérine (rupture utérine, placenta prævia…). Il est important de garder
difficile, avec un fœtus en état de souffrance aiguë. constamment présentes à l’esprit les situations où une césarienne
risque de devenir rapidement nécessaire au cours du travail. Il peut
s’agir d’une pathologie du travail (non-engagement, présentation
Définition de l’urgence postérieure, fièvre chez la mère, épreuve du travail), d’un problème
fœtal (présentation du siège, grossesse multiple, macrosomie, appari-
En pratique obstétricale, les critères de définition de « l’urgence » tion d’anomalies cardiotocographiques) ou d’une pathologie mater-
varient selon les intervenants et certains proposent d’établir une clas- nelle, préexistante ou acquise (obésité, diabète, pré-éclampsie et
sification en degrés d’urgence [8], face à la grande diversité des indi- éclampsie, âge maternel avancé).
cations dans certaines équipes [9, 10]. En effet, la notion d’urgence La détection de ces situations à risque, qui peuvent évoluer parfois
n’est pas équivalente pour un médecin anesthésiste-réanimateur, un très rapidement vers une urgence absolue, permet d’anticiper la
obstétricien et, de plus en plus souvent de nos jours, pour un juge [6]. demande anesthésique et de pré-équiper les patientes (réalisation
Le terme d’urgence doit être absolument discuté avec l’obstétricien plus systématique d’une analgésie épidurale en l’absence de
pour connaître son degré et adapter la technique anesthésique à la contre-indication absolue). Dans ces conditions, les situations
situation exacte. La réalisation d’une anesthésie par un(e) infirmier(e) d’extrême urgence anesthésique deviennent rares et le délai décision-
anesthésiste dans un contexte d’extrême urgence apprécié exclusive- nel permet le plus souvent de recourir à des techniques moins agres-
ment par un obstétricien en l’absence de tout médecin sives et moins hasardeuses.
anesthésiste n’est pas envisageable : l’évaluation du degré d’urgence Les bénéfices en termes de morbidité d’une telle planification et
est un acte médical impliquant deux parties dont les décisions d’une bonne communication entre obstétricien et anesthésiste sont
doivent nécessairement converger. bien établis [6]. Un travail anglais a testé l’importance d’une bonne
Enfin, comme après n’importe quelle anesthésie, une salle de – surélévation de la hanche droite par des champs, un coin mousse
surveillance post-interventionnelle doit être disponible et fonction- ou un dispositif gonflable.
nelle 24 heures sur 24.
■ Position de la table d’opération
CONSULTATION ANESTHÉSIQUE La fréquence de survenue d’embolies veineuses, probablement de
La charge considérable de travail que représente la réalisation nature gazeuse, a récemment été mise en évidence au cours de césa-
d’une consultation systématique pour toute parturiente a permis de riennes, quelles que soient les modalités d’anesthésie. Le tableau cli-
réaliser un gain appréciable en matière de sécurité obstétricale [13]. nique se résume à des épisodes de désaturation en oxygène et,
Compte tenu des changements physiologiques permanents lorsque la patiente est sous anesthésie locorégionale, de dyspnée
pendant la grossesse, le huitième mois de la gestation semble être accompagnée de douleurs rétrosternales. Pour limiter ce risque, il
une date raisonnable pour la consultation anesthésique. Cette paraît raisonnable de positionner la table opératoire en léger proclive
dernière permet de détecter les situations à risque (risque anaphylac- (5°) et de proscrire la position de Trendelenburg [15].
tique, risque d’intubation difficile en se souvenant que toute partu-
riente est en situation à risque dans ce domaine, risque ■ Position de la parturiente
hémorragique par diathèse congénitale, liée à la grossesse ou à une Même dans le cadre de l’urgence extrême, il est fondamental de
pathologie de novo…), de vérifier la faisabilité d’une anesthésie loco- prendre le temps nécessaire à l’installation correcte de la patiente,
régionale et l’absence de contre-indication. surtout si une anesthésie générale est décidée. Assurer un bon posi-
Elle sera l’occasion de prévoir une consultation auprès d’un neuro- tionnement des épaules, du cou et de la tête (« sniffing » position ou
logue ou d’un cardiologue chez certaines patientes (sclérose en position de « flair ») permet d’améliorer les conditions d’intubation et,
plaques, pathologies vertébrales complexes telles qu’angiomes ou si nécessaire, une ventilation au masque efficace. Il est donc impor-
hernies discales, cardiopathies congénitales ou acquises…). tant de disposer au bloc d’alèzes et de draps permettant une installa-
Les comptes rendus de ces consultations doivent être disponibles tion correcte des parturientes mêmes obèses.
en permanence et tenus à jour pour le médecin anesthésiste de
garde, afin de simplifier la prise en charge de ces parturientes, de jour
■ Voie d’abord et matériel d’expansion volémique
comme de nuit.
La mise en place d’une voie d’abord veineux de bon calibre (16G
ou davantage) est indispensable pour toute femme enceinte. Dans les
MESURES COMMUNES À TOUTES LES URGENCES conditions obstétricales à risques, en particulier hémorragiques, une
Les mesures communes à toutes les urgences sont résumées dans deuxième voie d’abord périphérique est recommandée afin de per-
le tableau 4. mettre une expansion volémique rapide. La salle de césarienne doit
comporter l’équipement nécessaire à une perfusion rapide ainsi que
■ Prémédication le matériel permettant la mise en place d’une voie veineuse centrale. Il
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En règle, la parturiente nécessitant une intervention en urgence ne peut être utile de disposer également de matériel de monitorage
peut pas être prémédiquée du fait du court délai accordé, du risque hémodynamique invasif.
d’effet à retardement des médications chez la mère, et, dans une
moindre mesure, d’un éventuel risque fœtal lié au passage placen- ■ Monitorage
taire. Chaque salle de césarienne doit bénéficier du matériel listé dans les
Recommandations de la Société Française d’Anesthésie et de Réani-
■ Prévention de la compression aortocave mation et dans le décret du 5 décembre 1994 pour l’équipement des
En fin de grossesse, la compression de la veine cave inférieure par salles d’opération et pour la surveillance des patients en cours
l’utérus gravide au niveau du détroit supérieur du bassin apparaît d’anesthésie [13].
classiquement quelques minutes après la mise en décubitus dorsal. Pour la parturiente, la surveillance électrocardiographique systé-
Cette compression est d’importance variable et est plus fréquemment matique et continue est effectuée à l’aide d’une dérivation de type
rencontrée et majorée en cas d’augmentation du volume utérin. De CM5 permettant de détecter une éventuelle modification du segment
plus, une compression aorto-iliaque peut s’associer à l’obstruction ST que l’on retrouve fréquemment chez les parturientes césarisées
cave inférieure, réduisant la perfusion utéroplacentaire et pouvant sous anesthésie locorégionale. Cette anomalie, cependant, ne semble
s’accompagner de signes de souffrance fœtale. Toutes les situations pas être en relation avec une ischémie myocardique ou une embolie
hémodynamiques instables pourront être aggravées par la compres- gazeuse dans la plupart des cas. La mesure régulière de la pression
sion aortocave. artérielle à l’aide d’un appareil automatisé et celle, en continu, de la
La mise en décubitus latéral gauche améliore souvent immédiate- saturation artérielle en oxygène par oxymétrie de pouls sont néces-
ment les symptômes aortocaves. Plusieurs techniques permettent de saires pendant toute la durée de la césarienne.
limiter la compression des gros vaisseaux lors de l’installation sur la Enfin, il faut disposer lors des césariennes sous anesthésie géné-
table d’accouchement ou d’opération : rale, comme pour toute anesthésie générale, d’un capnographe qui
– inclinaison latérale gauche de 20° minimum ; permet de contrôler la bonne position de la sonde d’intubation, de
– déplacement manuel vers la gauche de l’utérus ; régler la ventilation et de détecter une éventuelle embolie gazeuse.
Préparation
– Check-list de la salle et du matériel
– Plateau pour anesthésie générale prêt dans la salle
– Sondes d’intubation de différents calibres (5.5-6-6.5-7) + mandrins
– Masques laryngés de différentes tailles (2-3-4)
– Matériel pour intubation difficile à disposition
– Voie veineuse de bon calibre (16 G) ± 2e voie périphérique
– Perfusion de Ringer-lactate
– Solutés d’expansion volémique
Prévention de la régurgitation
– Délai d’anesthésie autorisé inférieur à 5 minutes : citrate de sodium 0,3 molaire 30 mL per os
– Délai d’anesthésie autorisé supérieur à 5 minutes : Cimétidine citratée (200 mg) ou Ranitidine citratée (150 mg) dans 30 mL d’eau per os
– Dans tous les cas, si repas récent : Erythromycine 3 mg/kg dans 20 mL de sérum physiologique au pousse-seringue électrique en 15 minutes
Installation
– Table en léger proclive (5°) et manivelle en place pour tous changements d’orientation
– Décubitus dorsal avec un coussin sous la hanche droite
– « Sniffing » position
Monitorage
– Cardioscope (dérivation CM5)
– Pression artérielle non invasive
– Saturomètre
– Si anesthésie générale : capnographe, monitorage des gaz et halogénés, monitorage de la curarisation, sonde de température
A disposition dans la salle d’intervention
– Matelas chauffant à air pulsé
– Appareil de mesure de l’hémoglobine
– Dispositif de perfusion et de transfusion rapide avec réchauffeur
– Tubes de prélèvements sanguins
– Feuilles de demande de produits sanguins
– TÉLÉPHONE + numéros d’urgence
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■ Prophylaxie de la régurgitation acide orale. Cimétidine et ranitidine passent la barrière placentaire sans
entraîner d’effets indésirables chez le fœtus ni le nouveau-né. Leur
La prophylaxie de l’inhalation d’un contenu gastrique acide repose délai d’action par voie IV ne permet pas de les utiliser dans un
sur des mesures pharmacologiques destinées à augmenter le pH et à contexte d’urgence. Une nouvelle forme galénique effervescente est
diminuer le volume du contenu gastrique. commercialisée : elle associe de la cimétidine (200 mg) ou de la rani-
● Contrôle du pH du liquide gastrique tidine (150 mg) à du citrate de sodium, ce permet d’obtenir un effet
immédiat grâce au citrate et un effet prolongé par la présence des
Citrate de sodium anti-H2.
Utilisé sous la forme d’une préparation magistrale, facilement réa-
lisable par le pharmacien de l’hôpital, le citrate de sodium se conserve ● Contrôle du volume gastrique
au réfrigérateur à + 4 °C pendant 3 semaines. Son effet anti-acide est Métoclopramide
immédiat, ce qui rend son utilisation en urgence particulièrement Le métoclopramide (Primpéran) augmente la vidange gastrique et
adaptée. On estime la quantité de citrate à administrer à 30 mL d’une renforce le tonus du sphincter du bas œsophage. Il est utilisé habi-
solution 0,3 molaire. La durée d’action d’une telle dose est relative- tuellement à la posologie de 10 mg, soit une ampoule, par voie IM ou
ment limitée, de l’ordre de 45 minutes, ce qui limite l’effet protecteur si IV. Son délai d’action pour assurer la vidange gastrique est d’environ
l’acte opératoire se prolonge. 20 minutes. Cependant, administré 5 minutes avant l’induction d’une
anesthésie générale, il annule l’effet relaxant sur le tonus du sphincter
Anti-H2
du bas œsophage induit par l’atropine et la péthidine. De plus, il
La cimétidine (Tagamet) ou la ranitidine (Raniplex) sont des inhibi-
agirait sur la vidange gastrique même en présence de morphiniques.
teurs puissants de la sécrétion acide gastrique. Ils augmentent le pH
du contenu gastrique au-dessus de 2,5 au moment de l’induction à Érythromycine
condition de respecter un délai d’au moins une heure pour la voie IV, La lactobionate d’érythromycine (Érythrocine) est un sel soluble
90 minutes pour la voie intramusculaire et 2 à 6 heures pour la voie destiné à l’administration IV et qui induit des contractions du tractus
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Cette manœuvre comporte quelques effets délétères qu’il importe cation des praticiens quant à la pratique de l’anesthésie générale
de connaître : du fait de la généralisation des techniques locorégionales. Cette
– déviation trachéale si la pression n’est pas exercée dans un plan déqualification est perceptible sur les résultats épidémiologiques. Il
strictement médian ; est rapporté que les échecs d’intubation (c’est-à-dire une impossi-
– aplatissement de la lumière trachéale si la pression est trop forte ; bilité de pratiquer l’intubation sous l’effet d’une dose unique de
– efforts de toux, augmentant de ce fait la pression intragastrique en succinylcholine) augmentent de façon inversement proportionnelle
cas d’application d’une pression trop forte avant la perte de à la pratique de l’anesthésie générale : 1/300 échec d’intubation en
conscience de la parturiente. 1984 contre 1/250 en 1994, le taux d’anesthésies générales pour
césarienne ayant baissé de 83 à 23 % dans le même intervalle de
temps [27]. Ce phénomène est tout à fait perceptible dans les
Prise en charge de l’urgence maternités universitaires : le taux d’anesthésies locorégionales est
généralement important (90 % de rachianesthésies pour certaines
• Équipement complet des salles de naissances permettant la réa-
études [28]) ; les césariennes programmées bénéficient quasi systé-
lisation d’une anesthésie locorégionale ou générale.
matiquement d’une anesthésie locorégionale ; les césariennes en
• Bloc obstétrical à proximité immédiate de la salle de naissance.
urgence surviennent dans 60 % des cas en dehors des heures
• Consultation de pré-anesthésie systématique.
ouvrées. Cela réduit considérablement les occasions pour les inter-
• Prévention du syndrome aortocave.
nes en anesthésie-réanimation de pratiquer des anesthésies géné-
• Voie d’abord de bon calibre (16 G).
rales sous la conduite d’un senior. Cette situation ne peut aller
• Monitorage complet.
qu’en s’aggravant : le recours aux techniques locorégionales ne
• Patiente installée en « sniffing position ».
peut qu’évoluer dans le sens d’une augmentation pour des raisons
• Prévention de la régurgitation.
d’amélioration de la sécurité des patientes, ce qui réduira encore
• Pas d’induction d’une anesthésie générale sans aide.
les possibilités de formation des jeunes collègues aux techniques
• Intubation orotrachéale sous couvert de la manœuvre de Sellick.
d’anesthésie générale pour les rares indications qui subsisteront ;
d’action et bloc neurosensoriel total. La qualité de l’anesthésie qu’elle anesthésie épidurale et de la prise en charge de la parturiente pour sa
procure semble meilleure que l’anesthésie épidurale [40]. De plus, elle réalisation et son suivi.
présente peu de risques de toxicité systémique, chez la mère comme
chez l’enfant, avec un risque négligeable de dépression respiratoire Choix d’une technique d’anesthésie locorégionale
néonatale [41]. Elle présente toutefois des limites qu’il faut bien en urgence obstétricale
connaître.
• En l’absence de troubles de l’hémostase et ou d’hémorragie
L’hypotension artérielle est le principal risque de l’anesthésie spi- importante, le recours aux techniques d’ALR est possible.
nale. Elle est définie par une pression artérielle systolique inférieure • Si une AED est déjà en place, l’extension de l’anesthésie est rapi-
à 100 mmHg ou une diminution de plus de 20 % par rapport aux dement réalisée par l’injection fractionnée de 10 à 20 mL de lido-
chiffres de base. L’augmentation de la capacitance qui en résulte est à caïne 2 % adrénalinée au 1/200 000.
l’origine d’une diminution du retour veineux et du débit cardiaque. En • Sinon, réalisation d’une rachianesthésie qui a l’avantage d’être
revanche, l’impact de l’hypotension maternelle sur le fœtus reste simple, rapide d’action et procurant un bloc sensitivomoteur
controversé. On déconseille cette technique en cas d’hypovolémie, complet.
d’hémorragie massive non contrôlée, de toxémie gravidique et en • Dans tous les cas, la prévention de l’hypotension artérielle
présence de signes de choc. Il faut cependant se souvenir que le maternelle s’impose et associe expansion volémique et vaso-
déplacement utérin vers la gauche, l’expansion volémique et l’utilisa- constricteurs (éphédrine).
tion d’éphédrine ou de phényléphrine peuvent limiter l’hypotension
induite par la rachianesthésie.
La présence d’une coagulation intravasculaire disséminée, fré- ■ Place de la rachi-épidurale combinée
quente dans les urgences obstétricales, limite également le recours à La rachi-épidurale combinée est utilisée dans le cas de la césa-
la rachianesthésie. La réalisation de la technique après vérification de rienne programmée où elle donne entière satisfaction. Sa place dans
la normalité d’un bilan de coagulation complet et systématique rédui- le contexte de l’urgence semble cependant marginale en raison du
rait les risques d’apparition d’un hématome intrarachidien. Enfin, délai nécessaire à sa mise en œuvre.
Préparation spécifique
– Éphédrine : 60 mg dans 500 mL de Ringer-lactate
– Morphine sans conservateur : 1 mg dans une seringue de 1 mL
– Sufentanil : 1 ampoule de 50 μg dans une seringue de 10 mL
– O2 au masque (4 L/min) si souffrance fœtale aiguë ou si SaO2 < 95 %
Réalisation de la rachianesthésie
– Plateau à usage unique avec aiguille 25 G pointe crayon
– Bupivacaïne à 0,5 % hyperbare 10 mg (= 2 mL) + Morphine 0,10 mg (0,10 mL) + Sufentantil 2,5 à 5 μg (0,5 à 1 mL)
Dès l’injection
– Remise de la patiente en décubitus dorsal avec un coussin sous la hanche droite
– Mise en route de la perfusion d’éphédrine en débit libre qui sera ensuite adapté en fonction des chiffres tensionnels
– Mise en position de Trendelenburg pour faciliter l’obtention rapide d’un niveau sensitif supérieur à T4 (ligne mamelonnaire)
Après l’extraction
– Ocytocine 5 à 10 UI par voie intraveineuse directe lente + 15 UI dans la perfusion
– Antibioprophylaxie après le clampage du cordon ombilical (Céfazoline 2 g ou Clindamycine 600 mg si allergie)
– Remise de la table d’opération en position horizontale
À la fermeture de la paroi
– Propacétamol 2 g dilués dans 50 mL de sérum physiologique, en Y sur la perfusion
– Transfert en salle de surveillance post-interventionnelle
– Surveillance habituelle et évaluation régulière de la récupération motrice
– La sonde urinaire est laissée en place jusqu’au lendemain
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Préparation spécifique
– Éphédrine : 60 mg dans 500 mL de Ringer-lactate
– Morphine sans conservateur : 3 mg dilués dans 6 mL de sérum physiologique
– Sufentanil : 1 ampoule de 50 μg dans une seringue de 10 mL
– O2 au masque (4 L/min) si souffrance fœtale aiguë ou si SaO2 < 95 %
Injection dans le cathéter épidural
– Ré-injection fractionnée de 15 à 20 mL de Lidocaïne 2 % pour obtenir un niveau sensitif supérieur à T4 (ligne mamelonnaire) + Sufentanil 5 μg
– Le plus souvent, 10 mL de lidocaïne ont déjà été injectés en salle de naissance avant le transfert au bloc opératoire
Dès l’injection
– Remise de la patiente en décubitus dorsal avec un coussin sous la hanche droite
– Mise en route de la perfusion d’Ephédrine si nécessaire
– Le débit sera ensuite adapté en fonction des chiffres tensionnels
Après l’extraction
– Ocytocine 5 à 10 UI IV lent + 15 UI dans la perfusion
– Antibioprophylaxie après le clampage du cordon ombilical (Céfazoline 2 g ou Clindamycine 600 mg si allergie)
– Remise de la table d’opération en position horizontale
– Morphine : injecter 3 mg de morphine sans conservateur diluée, dans le cathéter épidural
À la fermeture de la paroi
– Propacétamol : 2 g dilués dans 50 mL de sérum physiologique en Y sur la perfusion
– Transfert en salle de surveillance post interventionnelle
– Surveillance habituelle et évaluation régulière de la récupération motrice
– Maintenir la sonde urinaire en place jusqu’au lendemain
■ Technique d’induction
Une dénitrogénation systématique est nécessaire avant l’induction.
Elle se réalise au masque facial, en oxygène pur. Elle peut être le
moment privilégié pour le praticien ou son aide qui tient le masque
d’aider la patiente à dominer son stress : l’agitation intense qui règne
souvent dans le bloc opératoire au cours d’une urgence obstétricale
n’est guère rassurante pour la patiente ; le ton calme et apaisant du
médecin anesthésiste peut être le seul rempart contre la peur, voire la
panique, de cette dernière.
L’induction se réalise en séquence rapide classique : lorsque
l’ensemble des champs opératoires est installé, l’agent d’induction
puis de la succinylcholine [43] sont injectés tandis qu’un aide assure
une compression cricoïde par manœuvre de Sellick. L’intubation, non
traumatique, est faite lorsque les fasciculations ont cessé et que le
menton est facilement mobilisable (ce qui demande moins d’une
minute en général). La sonde d’intubation est « étanchéifiée » par
gonflage du ballonnet. La constatation d’un tracé expiratoire de CO2
sur le capnographe et l’auscultation systématique des deux champs
pulmonaires confirment la bonne position de la sonde. Alors seule-
ment, l’obstétricien peut débuter le geste chirurgical.
© Groupe Liaisons SA, juin 2002. La photocopie non autorisée est un délit.
– Maintenir la sonde urinaire en place jusqu’au lendemain
● Entretien de l’anesthésie
Masque laryngé Une fois l’induction faite et la césarienne débutée, l’anesthésie est
+ Détresse maternelle
maintien de la manœuvre et fœtale
entretenue par un mélange d’oxygène et de protoxyde d’azote à
de Sellick 50 %, associé ou non, suivant les écoles, à un anesthésique halogéné
(0,8 à 1 % d’isoflurane, 1 % de sévoflurane) jusqu’à l’ouverture du
péritoine. La curarisation par un curare non-dépolarisant facilite
l’extraction. Le mélange seul d’oxygène et de protoxyde d’azote est
Position déclive continué jusqu’à l’hystérotomie. Après l’extraction de l’enfant et le
Ventilation assistée clampage du cordon, l’analgésie est assurée par l’administration d’un
Abord trachéal
ou contrôlée
+
direct morphinique et l’anesthésie peut être approfondie si nécessaire (par
anesthésie inhalatoire la poursuite des halogénés ou l’administration d’agents intraveineux).
L’antibioprophylaxie peut alors être faite. Ces événements doivent
● Figure 3 Algorithme décisionnel en cas de difficultés d’intubation
figurer sur la feuille d’anesthésie avec leur exacte chronologie.
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Choix d’une stratégie anesthésique une extraction en urgence dans un délai compris entre 5 et 15 minu-
tes selon la cause. Environ 5 à 10 % des césariennes sont réalisées du
fait de l’apparition brutale d’une SFA au cours du travail, pour présen-
CÉSARIENNE tation dystocique le plus souvent (Tableau 9). Le dépistage d’une SFA
Le degré de l’urgence obstétricale conditionne le choix de la repose sur la surveillance continue du rythme cardiaque fœtal.
technique anesthésique. Il peut être classé selon le délai Celle-ci n’est valide qu’à partir de la 26e semaine. Cependant, la tech-
« décision-extraction fœtale » que l’on peut s’autoriser, mais les corré- nique présente un nombre non négligeable de faux négatifs mais
lations avec le devenir néonatal ne sont pas établies. aussi de faux positifs qui sont attestés par l’absence de souffrance du
En pratique, il est préférable de répartir les indications de la césa- nouveau-né à la naissance.
rienne selon trois niveaux d’urgence et de définir ensuite en fonction D’autres techniques, comme la mesure du pH au niveau du scalp,
de ces catégories, la technique anesthésique la plus appropriée la mesure de la saturation en oxygène par électrode cutanée et enfin
(Tableau 8). l’évaluation de la circulation ombilicale ou cérébrale par effet Doppler,
sont aussi proposées pour l’évaluation d’une SFA. Cependant, ces
SITUATIONS PARTICULIÈRES ADAPTÉES techniques ne sont pas utilisées à grande échelle pour affirmer le dia-
À L’ÉTIOLOGIE gnostic en salle d’accouchement. En pratique, l’apparition de décélé-
rations profondes, d’une contracture utérine, d’une bradycardie < à
■ Souffrance fœtale aiguë 100 battements par minute, d’une perte de la variabilité normale du
La survenue d’une souffrance fœtale aiguë (SFA) est la consé- rythme cardiaque fœtal et un pH < 7,10 sont les marqueurs habituels
quence d’une hypoxie fœtale, quels qu’en soient les mécanismes. En d’une SFA, qui vont justifier une extraction en urgence du fœtus.
dehors des causes d’hypoxie maternelle, la SFA est en relation avec L’existence d’un liquide amniotique teinté constitue aussi un signe
une diminution du débit utéroplacentaire (DUP) due soit à une hypo- d’alarme de SFA.
tension artérielle maternelle, soit à une vasoconstriction des artères La SFA doit être, en fait, anticipée et toutes les situations obstétri-
utérines. Elle survient dans 10 à 20 % des accouchements et nécessite cales pouvant y conduire devraient bénéficier d’une prise en charge
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délai autorisé > 30 min rachianesthésie
antécédent de césarienne (pas en travail)
Urgence non différable :
état physiologique fœtal et/ou maternel instable mais sans menace
vitale immédiate pour le fœtus et la mère
délai autorisé < 10-15 min
disproportion fœtopelvienne Extension satisfaisante d’une AED préexistante
antécédent de césarienne (en travail) ou
dystocie cervicale rachianesthésie
échec d’extraction instrumentale
herpès génital actif avec rupture membranaire, prolapsus du cordon sans souffrance fœtale
souffrance fœtale aiguë : ralentissements répétés du rythme cardiaque
fœtal avec épisodes de récupération entre les contractions
Urgence extrême :
menace vitale immédiate pour la mère et/ou le fœtus
délai < 5 min Anesthésie générale de principe
procidence du cordon avec souffrance fœtale aiguë (Extension d’une anesthésie épidurale
hémorragie maternelle massive préexistante à discuter)
rupture utérine
souffrance fœtale aiguë anoxique
sies générales dans la prise en charge des SFA. En cas d’anesthésie générale, le pronostic fœtal est corrélé au
Certaines mesures simples peuvent tempérer la décision de césa- temps induction-extraction. Plus ce temps s’allonge, plus les scores
rienne et permettre une récupération fœtale. L’oxygénation mater- d’Apgar diminuent. D’autres mesures de temps, comme le temps inci-
nelle au masque facial à un débit de 4 à 6 litres par minute augmente sion utérine-extraction fœtale, ont été proposées comme éléments
la PO2 fœtale, même dans les situations où le DUP est diminué [51]. pronostiques, mais les travaux les plus récents ne sont pas en faveur
La compression aortocave par l’utérus gravide pouvant diminuer le de leur utilisation [64, 65]. Une manipulation douce de l’utérus et du
DUP, la mise en décubitus latéral gauche ou droit doit être tentée en fœtus au moment de l’intervention est, sans doute, un élément de
premier lieu. En cas de compression du cordon, la mise en position pronostic plus important [66].
de Trendelenburg peut être utile pour restaurer le DUP. Enfin la cor-
rection d’une hypotension maternelle par remplissage et/ou utilisa- Stratégie anesthésique en cas de souffrance
tion de vasopresseurs reste un objectif primordial, le DUP étant fœtale aiguë
totalement dépendant de la pression artérielle maternelle. • Souffrance fœtale prévisible : anesthésie épidurale prophylac-
Lorsque le recours à l’anesthésie est inéluctable, qu’elle soit géné- tique de principe.
rale ou locorégionale, la présence d’une SFA impose des contraintes • Nécessité d’extraction < 10 minutes :
supplémentaires par rapport à une anesthésie programmée. Le fœtus – si AED en place, l’anesthésie sera étendue par l’injection de
étant déjà en situation de détresse, toute altération supplémentaire de lidocaïne 2 % adrénalinée au 1/200 000 ;
l’état hémodynamique maternel et du DUP aggrave la SFA. – sinon anesthésie générale ;
– Nécessité d’extraction > 10 minutes :
Si une anesthésie générale est pratiquée, quelques règles sont à
– si AED en place, l’anesthésie sera étendue par l’injection de
respecter. L’apport d’oxygène au fœtus par l’intermédiaire du DUP
lidocaïne 2 % adrénalinée au 1/200 000 ;
doit être préservé au maximum. Il faut ainsi éviter tous les facteurs
– sinon rachianesthésie (en l’absence d’une contre-indication)
susceptibles de réduire le DUP : hypocapnie maternelle par hyper-
avec 2 mL (10 mg) de bupivacaïne à 0,5 % hyperbare associée à
ventilation [52], hypoxie maternelle et sécrétion exagérée de catécho-
2,5 μg de sufentanil.
lamines maternelles par défaut d’analgésie [53].
■ Révision utérine pour délivrance artificielle été proposée par voie transvaginale ou transpérinéale. Habituelle-
Une rétention placentaire survient dans 1 % des accouchements et ment, 10 mL de lidocaïne à 1 % de chaque côté suffisent.
nécessite habituellement une exploration manuelle de l’utérus. Là En pratique, trois possibilités s’offrent à la prise en charge
encore, la technique anesthésique dépend de la présence ou non anesthésique :
d’une AED. En pratique, trois possibilités s’offrent à la prise en charge – extension d’une AED en place à l’aide de 10 mL de lidocaïne 2 %
anesthésique : associée à 5 μg de sufentanil ;
– extension d’une AED en place à l’aide de 10 mL de lidocaïne 2 % – en l’absence d’AED et en l’absence d’une contre-indication, une
associée à 5 μg de sufentanil ; rachianesthésie est rapidement réalisable à l’aide de 2 mL (10 mg)
de bupivacaïne à 0,5 % hyperbare associée à 2,5 μg de sufentanil ;
– en l’absence d’AED et en l’absence d’hémorragie massive, une
rachianesthésie est rapidement réalisable à l’aide de 2 mL (10 mg) – dans les autres cas, il convient de réaliser une AG avec intubation
de bupivacaïne à 0,5 % hyperbare associée à 2,5 μg de sufentanil ; orotrachéale en respectant les précautions préalablement citées.
– dans les autres cas, il convient de réaliser une anesthésie générale
avec les précautions préalablement citées. La question de la néces- ■ Accouchement par le siège
sité d’une intubation orotrachéale ne se pose qu’en cas d’hémor- La présentation du siège représente 2 à 3 % des accouchements et
ragie importante et/ou si une révision avec réparation du col et du varie avec l’âge gestationnel. La morbidité maternelle est augmentée.
vagin est nécessaire. L’agent d’induction peut être alors le propofol Si l’indication d’un accouchement par voie basse est posée et que le
en raison de sa rapidité de récupération ou l’étomidate en cas travail est bien conduit, l’état de l’enfant à la naissance est comparable
d’instabilité hémodynamique. à celui observé après un accouchement en présentation céphalique.
Toutefois, certains facteurs intercurrents peuvent modifier l’attitude
■ Procidence du cordon obstétricale de départ, notamment la survenue d’une procidence du
cordon ou l’altération du rythme cardiaque fœtal avec ou sans réten-
La procidence du cordon représente 0,15 à 0,40 % des accouche- tion de la tête. Certaines équipes proposent l’administration sublin-
ments et aboutit à une césarienne lorsqu’il s’agit d’une procidence guale ou intraveineuse directe de nitroglycérine (les posologies
vraie avec une dilatation incomplète. La technique d’anesthésie habituelles sont comprises entre 150 et 300 μg, sans dépasser
dépend essentiellement de la présence ou non d’une AED. Dans le 600 μg) en cas de rétention de la tête dernière. Sur le plan pratique, la
premier cas, l’extension de l’anesthésie peut être obtenue très rapide- réalisation d’une anesthésie épidurale prophylactique est une excel-
ment. Dans le cas contraire, seule l’AG permettra d’assurer l’extraction lente précaution en raison des manœuvres obstétricales souvent
du fœtus dans les plus brefs délais. nécessaires et du risque de césarienne en cours de travail. En cas de
complications chez une parturiente ne bénéficiant pas d’une AED et
■ Hypertonie utérine en l’absence de contre-indication, une rachianesthésie est rapidement
réalisable à l’aide de 2 mL (10 mg) de bupivacaïne à 0,5 % hyperbare
L’hypertonie utérine est due, la plupart du temps, à une administra-
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associée à 2,5 μg de sufentanil. Dans les autres cas, il faudra réaliser
tion excessive d’ocytociques. Parmi les autres étiologies possibles,
une AG avec intubation orotrachéale en respectant les précautions
figure l’existence d’une disproportion fœtopelvienne, d’une cho-
préalablement citées.
rioamniotite ou d’un hématome rétroplacentaire. En pratique, l’arrêt
des ocytociques, la recherche et le traitement d’une hypotension
maternelle, et enfin, l’administration intraveineuse de bêta-mimé- ■ Grossesse multiple
tiques ou de trinitrine permettent d’obtenir rapidement la fin de La naissance de jumeaux représente 1 % des accouchements, celle
l’hypertonie utérine dans de nombreux cas : de triplés, 0,1 %. Ces chiffres varient selon le type ethnique, la parité et
– Ephédrine : 6 à 30 mg par incréments successifs ; l’âge maternel. Les gestations multiples amplifient les modifications
– Salbutamol : 100 μg intraveineux, éventuellement renouvelable physiologiques et anatomiques, notamment cardiovasculaires et res-
après 2 à 3 minutes ; piratoires, de la grossesse. Les complications fœtales et maternelles
– Trinitrine : 100 μg intraveineux, ou, plus couramment, en spray sont plus importantes lors des grossesses multiples, en particulier
sublingual (une bouffée délivrant environ 150 μg) ; la même dose pour ce qui concerne les anomalies congénitales, l’hydramnios, le
peut être renouvelée une fois après 2 à 3 minutes si nécessaire. retard de croissance intra-utérin, la fréquence des ruptures préma-
L’échec de ces mesures conduit à la réalisation d’une césarienne, turées de membranes, le taux d’accouchement prématuré, le travail
qu’il est judicieux de préparer tout en appliquant ces mesures prolongé, l’étranglement ou le prolapsus du cordon ombilical, la
curatives. transfusion de jumeau à jumeau, les dystocies de présentation,
l’éclampsie et les hémorragies pré- ou post-partum. La mortalité
périnatale est quatre à six fois plus importante que lors d’une gros-
■ Extraction par manœuvres instrumentales
sesse normale.
Dix à 14 % des enfants naissent par forceps du fait d’une absence L’incidence des césariennes ou des extractions instrumentales est
de progression du travail, avec ou sans SFA. La bonne réalisation du plus élevée et la plupart des accouchements de triplés s’accompa-
geste suppose que l’analgésie épidurale soit parfaite. Dans certains gnent de complications pré- ou postnatales. Ainsi chez ces patientes,
cas, l’infiltration du nerf pudendal (anciennement honteux interne) a il faut placer un abord veineux périphérique de bon calibre, réaliser
voquer un accident vasculaire cérébral, des convulsions ou un ● Tableau 10 Traitements destinés à prévenir un pic hypertensif
œdème pulmonaire aigu. Ces risques graves justifient l’administration lors de l’intubation d’une parturiente pré-éclamptique
préalable d’un morphinique malgré le risque de dépression respira- nécessitant une anesthésie générale
toire auquel serait exposé l’enfant (Tableau 10). En pratique, deux
éventualités sont rencontrées en pratique clinique : Morphiniques
– la parturiente ne présente ni trouble de coagulation ni contre-indi- Alfentanil 10 μg/kg 2 minutes avant l’induction
cation à la réalisation d’une ALR, une rachianesthésie ou une anes- ou Fentanyl : 200 μg + Dropéridol 5 mg
+
thésie épidurale peuvent être envisagées ;
Lidocaïne intraveineuse 1,5 mg/kg
– Les conditions précédentes ne sont pas remplies, il convient alors
+
de réaliser une AG avec intubation orotrachéale en respectant les Sulfate de magnésium 40 mg/kg à l’induction
précautions préalablement citées et en prévenant le risque de pic +
hypertensif lors de la laryngoscopie et de l’intubation (Tableau 10). Antihypertenseurs
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gulation qui interdisent toute ALR. Le thiopental est alors l’agent minutes si elles sont inefficaces et une césarienne en extrême urgence
d’induction le plus fréquemment utilisé. Le reste de la conduite de doit être pratiquée, éventuellement même en post mortem immédiat.
l’anesthésie est similaire à celle recommandée lors d’une anesthésie
pour pré-éclampsie, la seule différence étant représentée par la
nécessité de poursuivre un traitement anti-épileptique après la déli- Conclusion
vrance (diazépam ou clonazépam). Le bilan postopératoire devra L’intervention de l’anesthésiste au cours d’un accouchement peut
comporter dans tous les cas une tomodensitométrie cérébrale pour être nécessaire pour des raisons de pronostic maternel (hémorragie,
affirmer ou infirmer l’existence d’un vasospasme dans la genèse de la éclampsie, arrêt cardiaque) ou pour une souffrance fœtale isolée
crise. (procidence du cordon, dystocie). En fonction du degré de l’urgence
En pratique, devant l’apparition d’une crise épileptique, il faut réali- et des conditions maternelles, la meilleure stratégie anesthésique sera
ser une AG avec intubation orotrachéale en respectant les précau- choisie. Une technique locorégionale, anesthésie épidurale ou rachi-
tions habituelles et en prévenant le risque de pic hypertensif lors de la anesthésie, sera envisagée en priorité chaque fois que l’indication
laryngoscopie et de l’intubation (Tableau 10). Dans tous les cas, il faut d’une anesthésie sera retenue. La sécurisation de la plupart des
assurer un traitement anticomitial préventif des récidives. urgences fœtomaternelles repose sur la combinaison d’une organi-
sation structurée, d’une bonne communication entre les acteurs
ARRÊT CARDIAQUE impliqués et de l’établissement (et du respect) de protocoles écrits au
sein des services. La qualité de la prise en charge des urgences anes-
L’anesthésiste peut être confronté, au pire, à un arrêt cardiocircula- thésiques obstétricales repose en définitive sur trois axes fondamen-
toire au cours de l’accouchement. Les principales modifications phy- taux : 1) l’existence d’un véritable dialogue entre obstétricien et
siologiques au cours du 3e trimestre de la grossesse consistent, en anesthésiste-réanimateur afin de d’adapter au mieux les thérapeu-
grande partie, en une gêne au retour veineux par compression de tiques envisagées, 2) la compétence et la disponibilité immédiate de
l’axe cave par l’utérus dilaté. Le massage cardiaque, pour être le plus chacun des membres de l’équipe, ce qui va souvent de pair avec
efficace possible, sera alors effectué en décubitus latéral gauche avec, l’expérience, et 3) l’organisation d’une structure parfaitement adaptée
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