Professional Documents
Culture Documents
Caoum 0373-5834 1979 Num 32 127 2908
Caoum 0373-5834 1979 Num 32 127 2908
Caoum 0373-5834 1979 Num 32 127 2908
Arnaud Jean-Claude, Sournia Gérard. Les forêts de Côte-d'Ivoire : une richesse naturelle en voie de disparition. In: Cahiers
d'outre-mer. N° 127 - 32e année, Juillet-septembre 1979. pp. 281-301;
doi : https://doi.org/10.3406/caoum.1979.2908
https://www.persee.fr/doc/caoum_0373-5834_1979_num_32_127_2908
Résumé
Malgré l'utilisation traditionnelle du terme de «savane» pour désigner une partie de son territoire, la
Côte-d'Ivoire est avant tout un pays boisé ; les paysages végétaux des régions du nord constitués
presque uniquement de formations arborées (denses, claires) ou arbustives s'ajoutant aux forêts
ombrophiles et mésophiles de la partie sud, lui confèrent une incontestable dominante forestière.
Depuis des décennies, le bois est (avec le café et le cacao) l'un des piliers essentiels de l'économie
nationale : par l'apport de devises que procurent son exportation, par son pouvoir industrialisant et par
son rôle dans la politique d'aménagement du territoire, le bois contribue largement à expliquer les bons
résultats de l'économie ivoirienne.
Mais d'importantes modifications sont en train de se produire : l'exploitation intensive de la forêt et la
faim de terres cultivables, en accroissement constant depuis dix ans, consomment 450 à 500 000 ha
par an de surfaces boisées. Il ne reste plus que 3 à 4 millions d'ha de forêts exploitables, l'essentiel
étant situé dans l'ouest et le sud-ouest ; le nouveau port de San Pedro évacue une part de plus en plus
importante de bois destiné à l'exportation.
Les dernières réserves entamées, la forêt ivoirienne est menacée de disparition, les reboisements sont
inadaptés aux besoins et ont accumulé un énorme retard.
Les partenaires commerciaux de la Côte d'Ivoire (principalement l'Europe des 9) se tournent
désormais vers d'autres pays forestiers d'Afrique et d'Asie du Sud-Est. L'ultime chance de la Côte-
d'Ivoire, qui en l'occurence récolte les fruits d'une gestion catastrophique de ses ressources naturelles,
réside dans la promotion d'essences jusqu'alors négligées sur le marché international.
Les forêts de Côte-d Ivoire :
en voie de disparition
par
et Jean-Claude
Gérard SOURNIA**
ARNAUD*
Depuis des décennies, le bois est (avec le café et le cacao) l'un des piliers
essentiels de l'économie nationale : par l'apport de devises que procurent son
exportation, par son pouvoir industrialisant et par son rôle dans la politique
d'aménagement du territoire, le bois contribue largement à expliquer les bons
résultats de l'économie ivoirienne.
***d'Ivoire.
Maître-Assistant
Conseiller technique
à l'Institut
auprès dedegéographie
la Commission
tropicale
nationale
, Université
de l'Environnement
nationale de Côte-d'Ivoire.
de la Côte-
282
LES CAHIERS D'OUTRE-MER
For decades, lumber has been, along with cocoa and coffee, one of the
main pillars of the national economy. Because of the foreign currency that expor¬
ting it brings in, because of its influence in the industrialization process, and
because of the role it plays in land improvement programs in the country, lumber
in large part accounts for the good results of the Ivory Coast economy.
But important changes are now taking place. The intensive exportation of
wood products and the hunger for arable land - in an ascendant growth pattern
since some ten years now - consume between 450,000 to 500,000 hectares of
wooded land each year. There are today no more than 3 to 4 millions hectares
of wooded areas that remain, most of them being located in the West and South¬
west. The new port of San Pedro evacuates a larger and larger amount of the
lumber destined for export.
The last reserves now being tapped, the Ivory Coast forests are threatened
with extinction. Reforestation conforms to immediate needs and is wholly
inadequate as regards future requirements.
note à leur égard que «forêt claire est en effet une expression qui res¬
titue mieux ici l'ambiance que celle de savane» Certes les paysages
qui se succèdent du sud au nord, de la côte océanique aux forêts clai¬
res maliennes et voltaiques offrent des physionomies différentes et
leurs contacts s'opèrent parfois de façon brutale, mais partout le
boisé et l'arbre restent une dominante du paysage, (fig. 1).
Les forêts hydrophiles sont les forêts les plus fermées, celles où
les caractères spécifiques de la forêt dense s'exaspèrent. Leur aire de
répartition est circonscrite par l'isohyète 1700 mm ; les mois recevant
moins de 50 mm d'eau ne doivent pas excéder cinq (période dite
sèche). Ces forêts ne se prolongent au nord du 6e parallèle qu'en quel¬
ques rares secteurs. Elles présentent également la particularité d'enser¬
rer des savanes (savanes incluses) souvent en situation prélagunaire.
G. Rougerie distingue, parmi ces forêts hygrophiles, les forêts euhygro-
philes quijconstituant le type le plus pur, se localisent aux deux extré¬
mités sud-est et sud-ouest du pays c'est-à-dire là où les conditions
climatiques et édaphiques (sols schisteux) sont optimales, et les forêts
hygromésophiles (forte pluviométrie) localisées principalement sur
granites et supportant une ambiance moins humide ; elles constituent
une zone de contact avec les forêts mésophiles.
agricoles et pastorales. Les recherches effectuées sur les effets des feux
de brousse tendent à prouver qu'ils pérénisent le paysage de «sava¬
nes» ou en favorisent l'émergence lorsqu'ils sont pratiqués régulière¬
ment et sur une vaste échelle.
Les forêts claires sont des milieux boisés ouverts dont l'aire
d'extension correspond aux régions où la pluviométrie annuelle se
situe entre 1500 et 1000 mm, et où la durée de la saison sèche se
prolonge sur 4 ou 5 mois consécutifs. Leur répartition dépend très
largement des facteurs édaphiques et anthropiques, et les plus typi¬
ques sont localisées dans les régions où l'action de l'homme est nulle
(parcs nationaux). G. Rougerie pense que la forêt claire est la forma¬
tion climax des régions subsoudanaises et peut-être soudanaises. Ces
forêts présentent une stratification à deux niveaux ; les cimes de la
strate supérieure (12 à 15 m) peuvent être jointives, mais l'ensemble
du couvert reste clair. Plus au nord apparaissent les acacias , le karité
289
LES FORETS DE COTE-D'IVOIRE :
UNE RICHESSE NATURELLE EN VOIE DE DISPARITION
et les arbustes épineux. La strate herbacée est souvent peu dense.
Parc National
de Taï
□ EU àl 20
20 d 30% 30 a 40% Plus de 40%
CAPACITE
Non exploite
HI Usine
□
0 Scierie
de Moins
de
tranchage
ladeetusine
superficie
de
déroulage
usine
5*de de
déroulage
desdéroulage
5 sous
a 10* et
prefectures
10\\\
av 20%
V M3 ft tailDEm TRAITEMENT
f rumts mi •"!
o moins de 10000
-
.
□ de 10000 à 25000
□ de 25000 à 50000
□ de 50000 à 75000
j] plus de 75000
2. Exploitation et production
2 -
a
Fig. 3. - L'évolution de la production de bois
100%-
Divers
Samba
Va
Sipo
Acajou 50% — %
Makoré
Bété
Tiama ï
Aboudikro
0%-
tion
ment
dû
satisfaire
aielé
c)
le
de
en Les
premier
la
1939
seElles
(acajou,
etc)
zone
ont
tourner
industries
Fig.
à(fig.
la
vu
constituent
en
forestière.
30
4.demande
leur
tiama,
-dehors
4).
en
vers
L'évolution
de1955
production
première
des
bété,
d'Abidjan
Le
de
un
pour
essences
du
nombre
aboudikro,
û.
1951
l'exportation
pourcentage
des
atteindre
transformation
diminuer.
1962
premiers
car
moins
deselles
1965
des
makoré,
scieries
79principales
recherchées
Les
(aningueré,
1967
secteurs
sont
au du
exploitants
1er
1970
et
réparties
sipo)
bois
essences
janvier
usines
industriels
1973
s'épuisant
illomba,
auparavant,
exportées
1974
est
sur
1977.
forestiers
passé
l'ensemble
1976
du
kossipo,
Arapide¬
de
cette
pays,
pour
ont
21
296
LES CAHIERS D'OUTRE-MER
1969
Cagrio dzopé
ABIDJAN
San Pedro
l Sîsandr
d BerebvQc«;V::\
zoom
Bondoukou
Danane UMan
CX
Bouaflé Daoukro
Daioa Yamoussoukro
Duekoué
O"
Toulepleu
--- -o
Dlmbokro
Soubré \ Dlvo
/ BIDJAN Aboisso
ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
ROUGERIE
n° 1 137. (G.). — La Côte-d'Ivoire, Paris, P.U.F., 1967, Coll. Que sais-je ?,
VIERS (G.). — Géographie des forêts. Paris, P.U.F, 1970, Collection SUP.