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pr) | Rye ne & Te Sa Sa. NEOLITHIQUE LA PREMIERE Eta e ary (OBELGE AGRI oye) ae ROOSEVELT NNER LAFEMME.QUI>* =:, PRESIDENT. Ne ‘i VOULAIT-ETRE 13) eI tase ees le S poe a) cle) ltt Surexploitée, privatisée, polluée, l'eau est en danger. Tour du monde des enjeux en plus de 30 cartes etinfographies dans notre hors-série. eee ere re ee a ee CTX eee EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX HISTOIRE NUMERO 64 a 2 La révolution néolithique La sédentarisation. Vers - 10000 apparaissent Pagriculture et Pélevage, mais aussi la guerre et les hirarcies. ENTRETEN AVE JEAN PAUL DEMOULE + Les premiers paysans. Cultiver les champs, soccuper du betall... es premiers paysans ménent une vientense et laborieise PARANNEEHOER « Demiéres découvertes. La connaissance du Néolithique a été renouvelée grace aux importantes trouvalles des dernigres décermies. PARANNELEMOEREE 5 18 Francis Drake, le corsaire de la reine En 2585, Elisabeth d’Angleterre envoie une armada aux Amériques pour piller les possessions de I’Espagne ennemie. Qui arrachera la ssuprématie sur les mers ? PARLUS REHERA BENITEZ ET MANUEL POGGIO CAPOTE Le Congo belge tat indépendant du Congo voit le jour en 1885 : une facade légale qui cache une possession personnelle du roi Léopold Il, oi Vexploitation des ressources va de pair avec celle des Congolais. PARCARLOA.CARANCL 72 Agrippine Petite-fille, sceur, niéce, épouse et mére d’empereurs, elle fut la plus noble femme de Rome. Mais en voulant gouverner par l’intermédiaire de son fils Néron, son ambition lui ft fatale pa vmawe oo 10 vev 1870, la défaite de Sedan i y 2150 ans, le Second Empire seffondrait. Un vide politique qu donna naissance & la lll Republiq, 14 Lembonpoint triomphant Le surpoids était un symbole fort sous ‘Ancien Régime, quand seuls les plus faim, 2isés pouvaient manger 3 le 84 cvanannas Les vampires ite peur ancestral ne fut vaincue {que pales réponses de a science. 88 Les cranoes i Le thermomeétre médical té par Santorio au xvi" siécle, ‘olution pour les malades. Franklin Delano Roosevelt en pleine Grande Dépression il dut 2 Ia fois relever !éconamie de son pays et le mener la victoire de 1945, 94 vests ‘exe Pe Ve Sere |e Tae ‘feMande HISTOIRE REVUE MENSUELLE prea, seme Pletre-Mendés-Fance ENG payor Dare Cedex 3 Ta +0148 86 46 00 Directeur dela publication: ici. sre REDACTION: Bidacton nha JeaN MARC RASTIERE Revlon’ LAURENT cOURCOUL Extent teem Seton aris,ainsiqu’’Lyonet Marseille, oi, ministre dela Guerre assure qu’ilne encore quand le maréchal Bazine, “opposition républicaine il’empirea ‘manque « pas un bouton de guétre » quiaétéconfi¢lecommandementde coujoursétéplus présente quedansle aVarmée francaise et, euphorique, armée francaise, se laisse enfermer este dupays,leclimat virea larévolte. on se persuade que le succés a venir dans Metz, Napoléon Ill décide alors JnComitéde salut public se constitue contre ’ernnemi prussien renforcera de prendrelatétedece quiilrestede i Lyon, tandis que hotel de ville de encore 'empire. troupes. Dépassé parlesévénements, Marseille est investi par des insurgés. Rien, pourtant,nesse passe comme il se fait encercler dans la cuvette C'est pourtant danslacapitale que les prévu.Lesarméesallemandes,mieux de Sedan. Le 2 septembre, vaincu, é¢vénements décisifs ont lieu. Tandis| Chronologie 19 juillet 1870 2 septembre 1870 ff 4 septembre 1870 ff 8 février 1871 ‘Se considérant humilié Apres la défaite de Poussé par la foule La droite monarchiste parla depacne dems» PAR Sedan, NopolGon Il parsers Goigta remportelrgement radi pa Bismarck, Besta prsonner par frodamelaRepusique ct [| les premrcs ecto Napeleen i eciare Guilaume Fr Cestlatin fal reeun gouvernerent fl oranisées sous [agus i russe i Sond Epi, dedelace natonle BirRepubhaue L EVENEMENT ie coumerra sey) ees ates a A paneer e a ea quel'impératrice Eugenie saccroche Bonaparte, mais ils hésitent encore a a la régence, les députés bonapar- _ s‘emparer pleinement du pouvoir par tistesau Corps législatif — laprinci- craintede se voir associés a une guerre pale assemblée impériale — tentent deja trés mal engagée. Finalement, @eviter la chutedurégime.Lecomte quand la foule parisienne envahit le dePalikao, alorsministredelaGuerre, Palais-Bourbon, l'une des grandes propose ainsideprésider un «conseil figures du mouvement républicain, degouvernement ».Lesdéputéstépu- Léon Gambetta, proclame sous les blicains, quant a eux, réclament que _vivats la déchéance de Yempire, Un soient déchusVempireet ladynastie criretentit,reprismillefois:« Vivela HUGO LE REPUBLICAIN eee anak tice ci Rees 5g Seer tT eee) ies illus eee eee eee cia A Hetzel-Quantin, val fren Peete St Republique ! » Sans violenceni barri- cades — ce quiest uneexception dans Vhistoire du xx siécle francais —, le nouveau régime vient de naitre. ‘S’unir pour achever laguerre Cette République, pourtant, ne s’as- sume pas pleinement comme telle. Une fois réunis a ’hétel de ville lieu rituel des révolutions, les députés républicains emmenés par Gambetta constituent un « gouvernement de défense nationale ». On y retrouve, certes, les grands noms de la mou- vance républicaine : Gambetta bien stir, quis’instituelui-mémeministre de VIntérieur, mais aussi Adolphe Crémieux ou encore les trois Jules — Ferry, Favre et Simon —, mais ce n'est pas 4 un républicain que l'on confie la présicence. lle est donnée aun conservateur proche del'impéra- trice Eugénie,le général Trochu. Pour lemoment, leseul objectifest defaire est dressée par ss le 25 mai 1871, la guerre et, afin de réunir toutes les forces politiques derriére le gouver- nement provisoite, on préfére rester discret sur le caractére républicain decelui-ci. La province accepte Vautorité du nouveau pouvoir issu desévénements parisiens, Au milieu de la debacle, certains enespérent un sursaut. Néan- ‘moins,la situation militairecontinue de se dégrader. Dés le 19 septembre, Paris est assiégée. Gambetta, qui continuederéverun nouveau Valmy, fut lacapitaleenballon pour organiser unelewéeenmasse et reconstituer des armées sur la Loire. Malgré quelques succés ponctuels comme a Belfort, ot Denfert-Rochereat oppose aux Allemands une résistance héroique, les troupes frangaises continuent de reculer. Finalement, contre avis de Gambetta, le gouvernement provi- soite se résout & signer un armistice 1e28 janvier 1871. puisque Bismarck déclare qu'il ne négociera un traitéde paix qu’avec un gouvernement repré- sentatif, des élections sont organisées désle 8 fevrier. Pout la République, elles sont une immense défaite. Les Francais, lasde laguerre, confient leur suffrage & une droite monarchiste favorable élapaix, plutdt qu’a une gauche républicaine quientendcontinuerle combat. Alors qufellen‘apassixmois, les oursdela République semblent dja comptés. Quelques semainesaprésles élections, JaCommune de Paris incarne a réac~ tion du petit peuple parisien, farou- chement républicain et patriote, contretn gouvernement conservateur uiaccepte la défaite.Finalement,ce ne sont que les dissensions entre monarchistes qui permettent au régime républicain de se maintenir. Les orléanistes ~ partisans d"une ‘monarchie parlementaire anglaise et dela familled’Orléans — s‘opposent aure légitimistes — qui soutiennent es droits de Phéritier des Bourbons, e comte de Chambord, attaché un tour ancien Régime. Cette inca~ pacité de la droitea se mettre d’accord sur les modalités de la restauration monarchique fait le eu de la gauche. Dansles années qui suivent, élection aprés élection, les républicains obtiennent des siéges toujours plus aombreux la Chambre des députés. 3n1877,ilsy deviennent majoritaires st stemparent ainsi du gouvernement. Désormais aux mains des républi- cains,lalll Républiquepeut s installer dansladurée. CHPRENHYCISK! ow | Sex| cee HLA VIE QUOTIDIENNE Quand |’Ancien Régime savourait le surpoids Dans une société oi seuls les plus aisés avaient accés a une nourriture riche et variée, avoir de lembonpoint fut longtemps un symbole de statut sccial. Parfois non sans exces ce surpoidls, dont laperception a évolué au fl des change- ments socio-culturels, est aujourd'hui stigmatisédans les sociétés occidentales, guile voient comme une pathologie morbide doublée d’un inconvénient esthétique. Or, sil”obésité est deve- nue un probleme de santé publique mondial, touchant disproportionnel- lement les pauvres des pays riches et les riches des pays pauvres, elle n’a pas toujours eu mauvaise presse certaines époques y voyaient méme un motif de fierté ‘AuMoyen Age, oille spectre de la faim planait sur Pécrasante majorite de la population, un corps bien en chairtenvoyait une image @’opulence et de sensualité, tandis qu'un corps décharné dénotait la maladie et ins- pirait Paversion. Destin faire la gourmandise des convives, les fastueux banquets fréquentés par les princes et les chevaliers offraient occasion d'taler sapuissance.«Celui qui mange en abondance domine les autres », résumait un médiévaliste, doi la longue liste de monarques célébres pour leur corpulence le 01 Angleterre Guillaume le Conqué- rant, leoi de Le6n Sanche I" le Gros, le toi de France Louis VIe Gros, ou encore le roi d’Angleterre Henri VII, dont Fobésité fut transfigurée en une ‘majesté grandiose sur le portrait que fit de lui Hans Holbein Dansdenombreuses oeuvres itté- raires, on pouvait lire que le bonheur consistait a se repaftre et a exhiber un ventre proéminent, a image des clercs :« Cuius implet latera moles et pinguedo /..] qui somnum desiderat et cibum et potum » (« Celui dont un Iourd embonpoint garnit les cétes L... désire dormir, manger et boire », ‘trouve-t-ondansles Carmina Burana, un recvell de poémes du xn siécle. Plus tard, Francois Rabelais ranima avec humour la fascination pour les SANCHO LE GLOUTON Aes Pees rer rude pénit Cervantés, Don Quichot ieee andis que son ami Sancho Pan- eet ery de se repaitre de mets suc gloutons, a image de son Gargantua 534), érigeant abdomen en pierre angulaire dela création lttéraire,tan- dis que William Shakespeare mit en cene le personage de Falstaff, un antihéros bouffon, ventruetivrogne, incarnant une conception profondé- ‘ment hédoniste de la vie, Méme les modestes paysans aspiraient a une silhouette dodue, Dans tne histoire de 1553, Giovanni Francesco Stra~ parola imagine un protagoniste « si gras que sa chair a ’air d’un petit lard », Envié par un voisin curieux de connaitre son secret, celui-ci lui fait croire qu'il sest fait castrer. Haro sur les maigrelettes Chez les femmes aussi, les rondeurs étaient appréciées. Célabre pogme frangais du xan" siécle, le Roman de Ia Rose associe la beauté féminine a des formes plantureuses. Lamaigreur caractérise au contraire les allégories de avarice et de la tristesse, repré- sentées sousles traits d’une femme « affreuse et sale, [quil se vottait. / Cette image maigre et chétive /Etait verte comme une cive, / Et ce visage sans couleur / Semblait s'épuiser de Jangueur./D’unmortelleavait appa- rence/Quinevécut que dabstinence/ Et de pain fait ’aigre levain. » Sorte de traité populaire sur la vie domes- tiquedu xv sic, le Ménagier de Paris Jouait quant alu avec une misogynie certaine les « beaulx rains et gros esses » des chevauxet des femmes. Auxvitetauxvi sidcle,onconsidé rait encore lembonpoint comme un symbolede statut social. Le moraliste frangais Jean de La Bruyere ins cemple es le por trait de deux personages diamétra~ le premier, Giton, plein et joues pendante xe et assuré, les épaules l comac haut, la e ferme et delibérée »,tandi eed raed prema oy fees creux, le teint échaulfé, le corps sec et le visage maigre. » un est riche, autre est pauvre artie de Falimentation des cl upérieures, quiconsommalent| coup de viande. Dans son Di idées recues découlaient en de la préférence de la noblesse, publié en 1606, Florentin Thierriat rit « Nous mangeons plus de perdi deviandes délicates qulelesroturiers] et cela nous donne une intelli Inutile de se peser LEPLUS ANCIEN PRECEDENT de actuelle habitude de se peser peut étreattribué a sanTorio, tlaméthade a toute surprendre :en plus F lui-méme au quo- tidien, ce médecin italien du début du ‘équilibrer ce qu'il d'installer un PESE-PERSONNE {Paris : « Nous ne connais- is aucune nécessité ni uti- lit颒établir des balances pour peser les personn t une sensibilité plus souple. » Ala viande s’ajoutérent de: iment: a haute teneur énergétique, comme la diffusion fit peu a peu disparaitre les épices, quiavaient Age. Comme I'a dominé au Moyen vél’historien dela gastronomie landrin,leshommes « dé xvi et xn sidcles ont phutét vanté des femmes auxchairs“succu- lentes’auxhanches i plantureux. II serait étonnant que cela LA VIE QUOTIDIENNE WNC INS ET LA GRACE Cie aan ee ed Secs ee ee een rinologie meaty eet Cees ae eee Uoeuvre contient par ailleurs eee ree ce irene sae es dela colonne vertébrale). LES TROIS GRACES. Par Pierre Paul Rubens. Vers 1636-1639. ait evaucun rapport avecle fait qu’a partirdu.c1 siclelesucre,lebeurre et les sauces grasses ont remplacé, dans le régime des lites sociales, les assaisonnements acides et épicés. » Symbolede bonne santé, debien-étre etdattraction sexuelle, Yembonpoint féminin fut glorifié par denombreux peintres, comme le célébre artiste flamand Rubens(as77-1640)-Dans sa pigce intitulée Secret Love, or the Mai~ den Queen, Yécrivain britanniqueJohn Dryden (1631-1700) fait pour sa part dire a unedame: «Jesuis résoluea prendre del'embonpoint pour avoir lair jeune jusqu’’a mes 40 ans, puis a quitter ce monde dés la premiére ride, » Unpéché capital pour PE glise Mais tous ne voyaient pas l'em- bonpoint d’un si bon ceil. LEglise iérait la gourmandise comme péché capital, et elle exergait un contréle sur le régime alimentaire de lapopulation. Au carnaval, qui oppo- sait le gras au maigre dans une lutte entre la joie de vivre et la tristesse dela pénitence, succédait le caréme, soit ojoursde jetineet abstinence sexuelle, pendant lesquels s'exercait Pour Martin Luther, les moines étaient « de gros pansus, de vrais tonneaux de Bacchus ». MONE PSE SLR NE CCT PRESTR ALAN. GALE, plus sensiblement ce controle. Pergus dans Vimaginaire collectif comme une source de vitalité et de plai les excés alimentaires, notamment en viande, étaient aussi un péché. A cet égard, les accusations de vora- cité échangées entre catholiques et protestants au xvr siecle sont révé- latrices. A titre d'exemple,aprés avoir représenté Martin Luther sous les traits d'un homme jeuneet svelte, les catholiquesen vinrent ale dépeindre comme un homme corpulent et bout fi, Enretour,leréformateur allemand adressait ce genre de reproches aux moines catholiques: «moines, vous n’étesque des fainéants, de gros pan- sus, de vrais tonneaux de Bacchus, Dieu m’est témoin, vous étes la plus épouvantable des pestes. » La médecine de V’époque mettait aussi en garde contre les risques d'une prise de poids immodérée, que les médecins attribuaient & un excés d'eau, de flegme ou degaz. Pour y remédier, ils proposaient d’ex- pulser ces « mauvaises humeurs » en pratiquant des saignées et en administrant des substances pur- gatives ou astringentes, comme le vinaigre. Un médecin francais du xuir siecle, Gui Patin, observait que les Parisiens « [faisaient] ordinai- rement peu d’exercice, [buvaient] et [mangeaient] beaucoup et [deve~ naient!] fort pléthoriques », s'expo- sant ainsi au risque de mourir d'une foudroyante apoplexie. Comme la plupart des médecins de son époque, Gui Patin se figurait qu’en montant au cerveau, le sang réchauffé par Vexcés de graisse pouvait provoquer une crise ou une maladie mortelle. Si le remade le plus drastique consistait faire baisser la pression enpratiquant de fréquenteset abon- dantes saignées, il était également recommandé de perdre du poids en suivant des régimes ou en pratiquant une activité physique. On disait par exemple de la reine Catherine de Médicis qu’elle « [mangeait] beau- coup; maisaprés celaelle[cherchait] desrematies dansles grands exercices corporels ». On considérait par ail- leurs qu’unclimat plus chau pouval faciliter expulsion des humeurs, tandis que Phumidité pouvait péné- trer dans Vorganisme et entrainer une prise de poids, comme I'llustre unelettre dela marquise de Sév « Pour lair d'ici, iln’y a qu’a es pour étre grasse. » Siils proscrivaient la maigreur, les canons de beauté de lépoque n’en cexaltaient pas moins les silhouettes svelteset élégantes. Lamode était wx coupes prés du corps, en particulier chezles femmes, avecla diffusion des ceintures, des corsets et des bustiers cintrés. On cherchait instinctivement un juste milieu pour n’étre ni trop es Sore gros, ni trop maigre. Mais entre ces extrémes, la corpulence ’emportait. C’était aussi Vavis du médecin Jean Ligbault, exprimé dans un passage sur les recettes pour « amaigrir le corps trop gras», issu de sontraité de 1572: « IIne faut point juger ceux-la tre beaux, qui sont maigres ou gras par trop [.... $i donc la Damoiselle est grasse de tout le corps, [..Jil sera bon de chercher tous les moyens de Vamaigrir[...]. fentends Pamaigrir la rédutre en une corpulence modé tée, quine soit ni trop grasse ni trop maigre : car vrai dre, lobesité, en comparaison, est plus séante a la beauté que la maigreur. » ANTONIO FERNANDE Pear Francis Drake fait le tour du monde Paar ery Parenter ets eee sia ore tae eerie is & Francis Drake contre LEmpire Eee Sa LE-CORSATRES = ames allan bara caee OM arlene ER Ue Maria le toe leary eg LA ROYAUTE CAUTIONNE LA PIRATERIE ALLETTRE DE MARQUE était une autorisation actroyée par des rois ou des Etats des capitaines particuliers, qui leur permettait dattanuer des villes et des navires enne mis. Sous la garantie de ce document, armateurs, marins et aventuriers fai saient partie des Marines nationales. Les lettres de marque se sont généralisées au Mayen Age et a |'époque moderne face 8 incapacité des dirigeants d'équi per leurs propres armées ou dattaquer des pays rivaux. Francis Drake recoit une premizre lettre signée par Elisabeth I*en 1570, Au retour de la premiére expédi tion cu‘il commande vers les Caralbes (1565-1570), on lui délivre un titre legal pour attaquerles navires et les établisse ments espagnols. C'est ainsi que Drake est devenu corsaire et. olus tard, amiral ADRAKE ESTANOBLI Cest surle pont du Golden Hind u'élisabeth I= fait sirFrancis Drake engagée dans une politique de harcélement contre I’hégemonie de l’Espagne sur lAt- lantique et au-dela. Vitinsraire de a vie de Francis Drake pour- rait étre résumé par la devise latine qu’il 9 i existe un personnage qui incarne parfaitement larivaité, woire linimitié, quia certains momentsadominé lesrelations entre 'Espagneet ‘Angleterre, chevalier Par c'est bien sir Francis Drake. Pendant des _ s'est lui-méme choisie : Sic parvis magna, Jean Léon ens, sigcles, son nom a évoqué chez les Anglais _«Lagrandeur vient des debuts modestes Lithograph la figure du héros, exemple de la puissance Ayant en effet grandi dans la misére, ila navale britannique face a l'impérialisme espagnol si étroitement lié la égende noire AVinverse, pour les Espagnols, Drake était synonyme de terreur : il personnifiait réussi é prospérer jusqu’a gagner la faveur delareine et devenir un personage admi- 6 par de nombreuses générations de Britanniques. Cependant, sa vie a le pirate cruel, épaulé parla puissante flotte dela reine anglicane Elisabeth I”, également connuun déclin quen’ lustre pas sa devise. UN HOMME QUISEST FAIT SEUL Francis Drake nait 2 Tavistock, dans une famille trés modeste. Dés 1564, i travaille avec des parents qui Fintroduisent dans le circuit esclavagiste entre la Guinée et les Caraibes espagnoles. Unan aprés avoir quitté Plymouth, Francis Drake atteint Focéan Pacifique par le sud du continent américain, un exploit {que personne navat réussi depuis le tour du monde de Magellan et d'Elcano en 1520. FRANCS DRAKE. INTRA CHCA HL. Filsainé d’un fermier protestant, Francis, Drake voit le jour vers 1540 dans la ville de ‘Tavistock,en Angleterre, qu'l doit fuir avec ses proches en 1549 pour des raisons reli- gieuses. Lamisére desa famille, qui vit dans la coque d'un bateau échoué dans Vestuaire de la Medway, dans le Kent, oblige Francis & embarquer a ’age de13 ans sur une barge de marchandises, dont il finira par devenir le propriétaire quelques années plus tard, liant ainsi indéfectiblement sa vie ala mer. Lachronologie des événements commence a s’toffer en 1564, lorsqu’il se met au ser- vice de deux de ses proches, John et William Drake se lance dans une cexpédition vers les Carat Ilfeit une escale aux Canaries, Une fois dans les Car puis se dirige vers Car et attaque Santa Cruz de La des Indes, quilpille pendant Palma, maisildoitfinalement | deux mois. Matsilrentre se etirer avec sa flotte sans en Angleterre avec un butin atteindre son abject. ‘moins important qu'espéré. Drake attaque Saint-Domingue, Hawkins, qui l'introduisent cans le circuit esclavagiste quills ont établi entre le golfede Guinée etles Caratbes espagnoles. Al'occa~ sion, ils occupent aussi des villages auxquels ilsdemandent unerangon. Ayant ainsiappris, les avantages de la force et de la coercition pour accumulerdes rchesses, Drake navigue dés1569 sous sapropre bannigreet,trés vite, ilobtient dela teineune lettre demarque qui Vautorise a attaquer les possessions espa- gnoles au nomde sanation, run des plushauts faftsnavas de Fran- cis Drake aété d’atteindrele Pacifique encontournantlesud ducontinent Elisabeth Im envoe de nouveau Drake dans les Caraibes. Lentreprise est un échec, et Drake meurt de dysenterie en 1536, bes, AHAMPTON, court Ce palais était larésidence officielle des fois Angleterre depuis Henri Vill Safille Elisabeth = enarénové certaines parties, LENPIDMON vers vaéssoue CETTECARE MONTE LTRS ARE (UEL;ROTTEDEDHAFE SUNT Msc SAN DOUG ET INDESOCCOENTAES ESS 595, Ino} Atanas strane Ae vavscate Du Mbt DELEON TE FRANOSDBAKE AD OES OCCOENALES Peo =e onthe sion ft & tart alah fll aa Clie Le pag UN BUTIN | QUI FAIT REVER NDECEMBRE 1577, Francis Drake quitte Plymouth & la téte d'une flatte de cing navires, dont le Pelican (rebap- tisé plus tard Golden Hind), et d'un équipage de prés de 200 hommes. Son object apparent est de rechercher des, ‘opportunités commerciales outre-mer, mais méme ambassadeur Espagne Londres sat que Drake se prépare a attaquer les inté= rts espagnols en Amérique et en Asie avec '=pprobation dela reine Lors destrois années que dure lexpéition, es Anglaispillent denombreuxnavires et places, etilsachévent la circurnnavigation du globe, la deuxiéme aprés celle de Magellan et dElcano. A son retour, Drake rapporte un trésor surlequel se répandent rapide ‘ment des rumeurs. Un premier inventaire comptalt 46 caisses, avec Untotal de 5 tonnes de métaux précieux. Uninventaire ultérieur prtele total plus de tonnesde ingots et de pieces dermonnaie, En recevant sa part, Drake devient lun des hommes lesplus riches Angleterre, mais beaucoup continuent le considérer comme un vulgair pirate. Ainsi lorsquil veut offrir10 lingots dor 8 lord Burghley, conseillerde areine,celui-ciles refuse, alléguant que sa conscience lempéche d'accepier des biens valés. américain en 1578, un exploit que personne ‘avait witéré depuis Yexpédition de Magellan et d’Eleano en 1520. Celle de Drake se com- posait de cing petits navires, dont le Pelican, rebaptisé Golden Hind pendant le voyage. AU cours des mois suivants, il en profite pour stenrictir enattaquant des galionsetdes éta- blisserents espagnols att Chili et au Pérou, quinesattendaient pas aune agression guer- rire sur la rive occidentale de Amérique. Drake entreprend son retour vers !’Angle- terre a travers le Pacifique, Yocéan Indien et le cap de Bonne-Espérance. Lorsqu'll arrive 4 Plymouth en septembre 1580, il est deve- rule premier Anglais 4 avoir fait le tour de la Terre Cet exploit lui vaut de recevoir dela reine letitre de chevalier, octroyé lors d'une ‘cérémanie a bord du Golden Hind, dans les eaux dela Tamise, Sir Francis Drake passe a terre les années suivantes, qu’ilconsacre la politique. Ilrégne alors ure ambiance de guerre non décla~ rée entre les Espagnols et les Anglais, dans laquelle roi d’Espagne Philippe Il soutient x SERTTTN oe ouvertement les ennemis de VAngleterre, INSTRUMENTS _V’autres personnalités importantes, Lexpé- commel'Ecosseet 'Irlande,tandisquelAn- DENAVIGATION dition quitte le port de Plymouth le 14 sep- geterreaidelesennemisdel’Espagne,telsles __Cetensemble tembre 1585. Elle compte 29 vaisseaux, dont insurgSs flamandsauxPays-Basetlesparti- {ENUM |. degrardsgalions et de petites pinasses (des sans d/Antoine, prieurdeCrato,auPortugal. on pense quila navires pont uniqueentiérement fabriqués Lemarinfinit parrepartirenmeren1s85pour —_appartenu&Drake, _en bois de pin). Cela permet le transport de menerune expéditiondeharcélementcontre _¢éréalisépar 3 300 hommes, dont 1 600 sont des fantas- les intéréts espagnols dans les Caraibes. ffumphrey Cole, sins em6lés dans 12.compagnies depiquiers Bs ‘aera et d’arquebusiers. Drake confie le gouver- Laplus grande armada jamais vue on aoe Sanat de la flotte au vice-amiral Martin LeplandeFrancisDrakeest simple:sediriger delépoque.Public Frobisher et lecommandement dela force de vers les possessions espagnoles de l'archi- Library, New York. debarquement au lieutenant-général Chris- pel avec la plus grande armada jamais vue topherCarleil. sur ces eaux, dans le but de causer le plus Le départ de la lotte se fait dans la hate, de dommages possibles aux intéréts de car Drake craint qu'un traité de paix Espagne. Ine s‘agit pas d'une expédi~ signé ala dernigre minute ne fasse tion officielle, mais d’une entreprise échouer ses projets. Pour cette rai- corsair, parrainée par quelquesinves~ ® son, ilest nécessaire de trouver une tisseurs de /Angleterre protestante, premiere destination oti compléter dont lareineen personne ~ qui, Yapprovisionnement et redistri- par exemple, a fourni le vai Bess, buer la cargaison. Cette desti- seau amiral, le galion Eli- nation est la céte de Galice, zabeth Bonaventure, et le ot Drake s’attarde du 7 au navire Ayde —,ainsique @ 21 octobre. Lapremiére escale alieuaBaiona,odles Anglais touchent terre devantla forteresse de Monte Real et tentent de forcer lesautorités négocier. Pendant ce temps, le gouverneur réussit a rassembler 3 Monte Real une force défensive suffisante pout faire face a une éventuelleattaque, quine se produira finalement pas, car une tempéte oblige les Anglais & se retirer et a chercher refuge dansla ria de Vigo. La, les occasions de piller les navires des citoyens en fuite avec leurs biens ne manquent pas, notam~ ‘ment un bateau contenant de Vor et de Pargent appar- tenant la principale église de la ville. Mais Varrivée a Vigo des troupes espagnoles rassemblées a Baiona oblige Drake a poursuivre saroute verse sud, Certains auteurs pensent qu'avec sa longue escale en Galice, Drake voulait gagner du temps pour intercepter laflotte des indes qui devait YLECHATEAU DECALDERETA Aprés attaque de Francis Drake La Palma en 1585, larchitecte Torriani concoit une nowvelle forteresse, représentée sur ce dessin, 1592-1594, Université de Coimbra LASSAUT, MANQUE DE LA PALMA £13 NOVEMBRE1585, 3 'aube, flotte de Drake sligne du nord au sud face a ville de La Palma, La mice insular, avert, se prepare la défense, mais son artillerie est inca- pabledatteindrelafiotte Leconvoi avec le Boraventure en téte, se dirige vers lex- trémitésudde a vill infanterie anglaise monte bordde ses canots de débarque- ment. Quelques miliciens locaux veulent désersr, mais es menaces des arquebu- siersles en empéchent. Or, larmada de Drake se trouve désormals sous le feu du chiteau de San Miguel. Tandis que la milcerepousse le dbarquement anglais, un boslet tombe non loin du corsaire. Cen tt fir: Drakerécltesa sevledéfaite, Par la suite, il changera de tactique et n’expo- sera lusjamais es ravres et son infan- teria partée de atilere enor. arriver 3 Séville. En fait, Vexpédition croise encore quelques jours dans les environs du cap Saint-Vincent, dans ’attente d’un galion ala traine, mais les richesses américaines étaient déja arrivées a destination. Les fles Canaries deviennent l'escale suivante de Drake. Aprés avoir évalué V'idée d’attaquer la ville de Las Palmas, a Grande Canarie, il choisit Santa Cruzde La Palma, 'un des ports les plus prosptres de Atlantique. Tout au long dela matinée du.13 novembre a liew un échange @’artillerie entreles bateauxet laville Durant la bataille,les Anglais tentent de s'approcher pour toucher terre,mais/’état delameret adresse desartilleurs locaux empéchent toute tentative de débarquement. Certains des récits de cette journée racontent que le projectile 'uncanon, lancé du chateau de San Miguel, passe entre les jambes de Drake, ouvrela galeriedu vaisseauamiraletbl lecapitained infanterie, ‘incipaux galions,le ester, sont endomm: dei et tourent les prou large. Apres cet échec, Drakechangera définitivement sa facon d’attaquer les localités:iln’exposera aisseau amiral et essaiera de soutenir les actions guerriéres depuisla terre, avec des manceuvres env je 'infanterie. oppantes Kpidémie parmil'équipage ar ledevenir de ar la prise d'une ville comme a Palm s puissent t Cette défaite est décisive péditio anta Cruzde Li gue les An escales char st pourquoi, aprésun bref repos El Hie 10, la flotte corsaire met lecap sur Varchipel Cap-Vert, oti son objectif est de dévast Ribeira Grande, actuelle Cidade Velha, st est nécessaire pour averser locéan es eau et denourriture Vile de Santiago, Lopération est un ‘un point de vue logistique : les corsaires a piller le spare et endroit pow alhép passent d richesses de ile et a ac ‘ependant, le pillage est finalement une erreur talde: rrande, quelques Anglais ont été en contact avec des patients contaminés et ont fini par propager une épi re la peste pulmonaire) qui se révélera dévastatrice. Plus de s00 membres laves de Ribeira Jémie (peut ie 'équipage meurent pendantla traverséede lantique, alors quela maladie nest encore que dans ses premiéres phase: Les membres de l'expéditio Vannée1s85 danse xminent aibes,reprenant des forces entre la Dominique et Porto Rico. Leur premiére cible de guerre devait tre la ville de Saint-Domingue, sur 'lled' Hispaniola, que les hommes de Drake prernent d'assaut aritime le 11 janvier. Le soir, ils ont déja pris la vills, mais Ie pil- onne paslesrésultatsespérés, raison pour laquelle les Anglais occupent la place par voie terrestre et ACOMPAGNIE DECORSAIRES. ture anonyme réunit Drake et Thomas Cavendish. M Ser 4 ALEPOQUEDE FESR BA sono xvestcie DES SPECIALISTES DU PILLAGE NMoIS A OCCUPER Saint-Domingue a suffi pour aerter la régions des Caraibes della présence de Drake. Aussi celui-ci ne peut-il plus compter sur leffet de surprise lorsquil arrive ®Carthagéne des Indes e 19 février 586 I pallie e désavantage en débarquant ses 1000 soldats de bon ‘matin sur la péninsule de Bocagrande. De la pied, ils avancen vers le nord jusqu’s la passe de a Caleta, qui rele la pénin laville et ol es Carthagénois ont cancer rt défensif 500 milicienset 200 archers défendent le passage avec quelques piéces dartlrie ete soutien de deux geléres ancrées dans le port itérieur, fest. En vain, Les Anglais franchissent la ligne défensive par la rive occidentale, avangant avec de leau jusqu’a|a taile, et leur avantage numérique fini par lemporter. Une bréche étant ‘ouverte dans la défense, la ville se rend. Le bilan est de 9 morts chez les Espagnolset de 28 chez les Anglais, ou! taine deblessés. Deuxmois plus tard, les corsaires quit tenemportant un butin otal de500 000 pesos, entre de particuliers et le pric dela libération de la ville. Une somme dant trésinférieure ce quils esp lent pendant un moist exigent deux millions de ‘pesos pour sallibération, un chiffre finalement réduitaso 000. Drake lve ’ancre le: février, laissant 4 moitié en ruines l'établissement hispanique le plus majestueux d’Amérique. Trés similaire estle passage del'expedition Carthagene des Indes qui, malgré sa protec- tion ala fois naturelle et militaire, est prise par la force de l'infanterie et de Vartillerie navale,et soumise a Poccupation des corsaires pendan: deux mois, aucours desquels Francis Drake négocie une importanterangonavecles autorités locales. La négociation se fait sans hate, car la maladie continue a décimer les hommes. Le 22 avril, la flotte élisabéthaine abandonne le port, ayant réalisé un juteux bénéfice de 500 000 pesos.Cenvest que deux jours plus tard qu’une flotte espagnole, venue de Séville pour traquer les corsaires, arrive dansleport dévasté, La destination suivante aurait do étre Panami, pour tenter de capturer quelques naviresde la flotte des Indes ou ’intercep- ter les caravanes de mulets chargés dor et argent qui se rassemblaient dans isthme pour embarquerles richesses vers La Havane i s‘organisait la « flotte du trésor »& desti nation de Europe lamaladie contractéeau Cap. ecorsaire,et les principal probleme della flo capitaines renoncent a achever l'itinérai initialement prévu par Drake pour rentr Angleterre. Sur le chemin du retour, la m: oblige les navires a s'approcher des cdtes du cap San Antonio, dentale de Cuba, oitla flotte mouille dans ses environs pendant afin de s’approvisionner en eau. Cela torités delLaHavane, qui se préparent a subir ’assaut des Anglais. Cene serapasle cas.La flotte anglaise nctrémité occ usdedeux semaines alertelesa désireuse de partir, se dirige finalement verslapéninsulede Floride oa, au début de juin, elle tombe par hasard surle petit établissement espagnol de San Agustin, Jepremier installédanslarégion,quielle truit, Sescolons quittent la ville pour Vaffrontement avec le corsaire pe YLANNONCE DELECHEC Dans cette lettre du 26 juillet 1586, Drake informe Cecil, le trésorier royal, quil n'a pas puintercepter laflotte dutrésor espagnol Supt GES sep csieee ames: mes on I ee he a meet ion, rapide et facile, per met auchommes de Drake de faire une paus Aprés ze dernier assaut contre les intéréts ols,T: mada longe le continent amé anoke, dans actuelle espa ricain jasqu’a lle de! Caroline du Nord, 08, le19 juin, les corsaires eanglaise naissante, que trouvert une colon leshabitants sont déterminésa abandonner immédiatement. C’est la que se termine le péripleg lapremiére expédition aux Indes occidentales, Le temps est alors venu pour Drake d’abandonner le réle du corsaire redouté et d’assumer celuide bon patriote :surlechemin duretour en Angleterre, quelques jours plus tard, il sert de transport aux colons de Roanoke Le 28 juillet 1586, l'expédition touche erivage de Grande-Bretagne. Le pays fait & Francis Drake 'accueil {au militaire qui revient aprés une campagne remplie desucces, car Tob- jectif de harceler les intéréts espa gnols, de piller leurs portset de semer SAINT- DOMINGUE Lassaut en carte AH 7 1589 est i) publide a Leiden &F la chronique de la mission de Drake aux Antilles en 1585-156, Le texte de Walter Bigges, "un des membres de Vex- pédition, est accompagné diune série de cartes illus- trées, réalisées par le car- tographe italien Giovanni Battista Boazio. Sur celle ci-contre, on voit la flatte du corsaire anglais ancrée devant la ville, Sont égale- ment représentés les forti- fications et lurbanisme de Saint-Domingue, mats leurs dimensions et leur com- plexité semblent exagérées. On voit aussi les bateaux queles autorités ont coulés dans le port pour bloquerle canal, ce quin’a pas permis larréter les Anglais. Sur le dessin, Drake est repré- senté sous la forme d'une sorte d’énorme dragon (la signification de son nom en anglais), quimenace_la ville de sa présence eoessus oer. ou roma oe DRAKE PRSNUE LANE SEL, Japeuraétépleinement atteint. Pour preuve, lescoffres vides de Saint-Domingue,lesbati- ments incendiésdel'ilede Santiago et de Car- thagene des Indes, laterreurdettousles ports delamonarchie espagnole :ceuxde lapénin- sule Ibérique, des Canaries, du Cap-Vert et des Caraibes, Pourtant, le voyage est un échec commercial et un désastreentermes humains. Lebutin inal de 60 ooo livresnereprésente queledixidme des bénéfices escomptés: les bailleurs de 'expédition, y comprisla eine, ontperdulequart de eur investissement. De plus, 750 hommessont morts dansYaventure, certains tombés au combat, mais a plu- part Acausede la terrible pidémie. Par~ mi ceux quiont purentrer, un nombre indéterminésoulfredeblessures oudes séquelles de a maladie. Or, malgréles ravages de 'épidemieet lesbenéfices 4 économiques incertains, ’expédition @ été un succes de propagande, car elle amisenévidence la vulnérablité des villes espagnoles d’outre-mer. Santa Cruz de La Palma a été la seule place & val Peeesttercty Fmetoea Eierenreg YLEJOYAU D'HENEAGE Ce.camée, ceuvre de Nicholas Hilliard, célebrela reine Elisabeth I= enqualitéde sauveuse de I'Eglise anglicane. 1595, Victoria and Albert ‘Museum, Londres. LES ULTIMES JOURS D'UN AVENTURIER ORS DE SA DERNIERE EXPEDITION, en 1595-1596, Drake constate que les autorités espagnoles ont appris la lecan, De Las Palmas de Grande Canarie & San Juan de Porto Rico,les garnisons espagnoles, mises sur leurs gardes, repaussent fermement les attaques anglaises. A Porto Rico, des canons espagnols touchent directement lacabnede Drake, tant deux de ses com pagncas,lauraltlui-méme étémiraculeu sement sauvé en se levant pour porter un toast usteavant qu'un boulet ne pulvérise le tabouret sur lequel était assis. Le plan de Drake était de traverser Visthme et de prendte d’assaut Panama, mais les pluies et le harcelement espagnol le forcent 8 renoncer, Drake meurt de dysenterie alors que sa flotte voguait dans les Caralbes en direction de Portobelo. repousser Pattaque de l’amiral élisabéthain, une défaite qui a marqué un tournant dans ledestia ducorsaire. Lariposte ratée deI'Espagne Consécuence directe de l’expédition, !'Es- pagne et Angleterre rompent toutes leurs relations diplomatiques et déclenchent la guerre englo-espagnole de1585-1604..une des preniéres décisions de Philippe Il dans ce conflit est de former une armada pour envahit FAngleterre. A cette flotte qui part de Listonne en 1588, les Anglais donne- ront moqueusement, aprés son échec, le nom d’« Invincible Armada ». Drake aun rapport direct avec cette aventure ratée. Tout d’abord parce qurilest envoyé pour détruire laflotte espagnole dans les ports otelle est armée ~ or, il ne réussit & BP) inliger quelques dégats qu’a Cadix, et aucun Lisbonne. Ensuite parce qu'il sait tier profit de sapetite participationala défense contre invasion présumée : en réalité, cette derniére échoue a cause dela bataille navale de Gravelines, qui désorganise lesplans espagnols, et de conditionsmétéo- rologiques adverses. Profitant dela faiblesse supposée de 'Es- pagne, !Angleterre ne tarde pas & organiser ‘une opération punitive et met Francis Drake enpersonneauxcommandes dece que ona désigné sous le nom de « Contre-Armada ». Le résultat de cette campagne est encore plus désastreux que celui de la flotte espa- gnole avec laquelle Drake voulait rivaliser {lperd 3 000 soldats en essayant de prendre La Corogne,il tente vainement de fomenter une rébellion contre Philippe 1 Lisbonne,et ne éussit pas s‘emparer desiles des Acores pour controler le trafic américain. De retour a Plymouth, Drake revient ala politique. Mais, en1595, lareineElisabeth hui confie une derniére mission :réitérer la glo rieuse campagne menée a bien 10 ans plus t6t dans les Caratbes. Il partage avec John Hawkins lecommandement dece qui devait étre laplus grande offensive anglaise jamais organisée contre ’Amérique espagnole. Or, le voyage va d’échecen échec Las Palmas de Grande Canarie d’abord, puis San Juan de Porto Ricorésistent leurs attaques; Hawkins périt dans cette dernigre batalle, oupeut-etre avant, pendant la traversée de Atlantique. Les Anglaisn’osent pas attaquer Carthagéne des Indes, désormais fortement défendue, et, sur laroute longeant les cétes delaColom- bie et du Panamé, oi de petites villes sont attaquées, Péquipage contracte la dysenterie, quiemporte Francis Drake le 28 janvier 1596. Une mort qui lui évite d’assiscer ala défaite de son escouade sur Vile cubaine des Pins, sousVartilleriede a flotteespagnole envoyée pourle chasser. Dela plus grande expédition de guerre jamais menée dans les Caraibs pas plus de huit navires anglais réussiront & rentrer en Angleterre, our | Bima exces pe, pls ‘ABUCKLAND ABBEY £n 1581, Drake achéte pour enfaire son manoir cette ancienne abbaye cistercienne, démantelée par Henri Vl. est !aquil séjourne lorsquillrentre en Angleterre DOSSIER Berea oee teen ees SECM LA PREMIERE REVOLUTION DE L'-HUMANITE Vers - 10000 débute une révolution... de plusieurs millénaires ! Le chasseur-cueilleur se sédentarise dans des villages ou il se met a pratiquer l'agriculture et I'élevage. Un changement immense : les fouilles récentes dévoilent une société marquée par les premiéres formes de guerres et de hiérarchies, mais aussi de religiosité. ENTRETIEN AVEC JEAN-PAUL DEMOULE ROFESSCUR MERTE, UNIVERSITE PARIS -ANCIEN PRESIDENT DELINSTITUT NATIONAL DE RECHERCHES ALCHEOLOGIQUES PREVENTIVES (MRAP) ISTOIRE CIVILISATIONS: Qu’est-ce que la«révolution néolithique » ?Etpour- quoiest-elle une révolution ? JEAN-PAULDEMOULE: Homo sapiensest appa~ Tuil ya300 000 ans et, pendant lessentiel deson histoire, ila été un chasseur-cueilleur nomade. Or, vers - 10000, son mode de vie se modifi radicalement : parvenant a domes- tiquer des plantes et des animaux, ilinvente Vagriculture et V’levage. De plus, puisqu’ll se met & cultiver la terre, il devient égale- ment sédentaire.C’est cette transformation immense qui explique que Yon soit passé en 12 000 ans ~ ce qui ne représente que 4.% environ de histoire denotte espéce ~ d'un, monde of 12 millions d'étres humains vivent en petits groupes nomades de 20 830 individus, a un autre monde : celui que nous connaissons aujourd’hui, dans lequel on compte 7 milliards d’humains, dont plus de la moitié vivent en ville. En ce sens, la « révolution néolithique », [7 gui allie 'apparition de Pagriculture etdeYelevage alasedentarisation, est le plus grand bouleversement de histoire humaine. 2 Comment expliquerle déclenche- ment de cette révolution néolithique ? Laprincipale explication est climatique. Vers =10000, dufait d'une oscillation de son axe par rapport au Soleil, la'Terre entre dans une période interglaciaire, dans laquellenous nous trouvons toujours. Le limat terrestre devient plus tempéré. Alors que les hommes vivaient jusque-Ia dans des steppes glacées ou des déserts otalement impropres aVagriculture, celle-ci est désormaisclimatiquement pos- sible, Néanmoins cette période interglaciaire nest pas la premigre de histoire humaine, LELENT VOYAG ater Coreen DE NOTRE CCYPRIEN MYCINSKI ‘Vers -1500008-115000, leshommesavaient connu une premiére période d'adoucisse- ‘ment du climat. Pour autant, aucune « rév0- lution » n’avait eu liew ace moment-la. En plus deV’explication climatique, il faudrait donc éroquer la progression des capacités ‘cognitives de Fespéce humaine. Vers -10000, dufait de Vévolution, le cerveau humain est plusperfectionné que100 000 ans plus tot: homme est désormais capable de lancer la révolution néolithique. Oitse céclenche cette révolution ? Ce qu’i faut bien comprendte, cest qu’il nfexistepas unlieuoriginel ¢’oi serait partie larévolutionnéolithique avant de serépandre danslenondeentier. En réalité, elle apparait dans plusieurs foyers indépendantsles uns des zutres. Le Proche-Orient (la Syrie, le Liban, Israél la Palestine, le sud delaTur- que, le nord de Virak actuels) est Pun de ces foyers, etc'est ailleurs partir de celui-la que la révolution néo- « },_litnigue stest propagee en burope. ee Ailleurs dansle monde, onarepé- ré deux foyers en Chine — l'un au nord, dans le bassin du fleuve Be Jaune, l'autre au sud, dans le bassin du Yargzi Jiang ou fleuve Bleu ~, un autre ke enNourelle-Guinée et trois foyers en Amé- a rique ~ I'un dans les Andes, un autre dans ° VactuelMexique et un dernier dansla vallée du Mississippi. Peut-étre y a-t-il eu égal ment un foyeren Afrique,mais cette question Powmepento est en cébat, car certains chercheurs consi- BU HU ONTE erent que larévolution néolithique a gagné ou eae TAfrique depuis le foyer proche-oriental est tout a fait possible qu’existent encore autres foyers dans certaines régions qui n’ont pu étre fouillées jusqu’a présent. Ce er at eee rae! Stor ag eect) Pron cies eae ean paras Ceres fees = Ce nee Premiéres inégalités Sree ees tinguant par des compétences spécifiques. Si, pendant des mil- lénaires, cela ne leur a pas suffi acquérir un statut supérieur, paren er eee ee eae ei tee ere ee ees jusque-la peu différenciés. La présence d'objets en or auprés du défunt ou rection de delmens, comme ceux de Bretagne, ee eee eran ete laisse penser que des hiérarchies fortes existent désormais. I Cee Eins existe peu dexplications 8 cette apparition desinégalité, maisil peas chee pee eee reece peepee te rere ee er er eee eee ci coat cc des lieux de cérémonies religeuses. On peut donc imaginer que Faith Rd ad eee een eee ee een eer tee ae Blaraleclelir® elated icone Pe eee el ea ees ee BASSIN DU MISSISSIPPI = 2000 1000 Pacifique an ‘hon PEE La révolution néolithique : un vrai progrés ? ee rea ‘MEXIQUE progres dans histoire humaine, ses conséquences ne sont en PEO eee ee eee lecroire. £n 1972, allant encontre des idées recues, anthro ‘mas, cot, taba, piment Peo eee ree a canard cen, dnde abondance.|I soutenait dans cet ouvrage que, contrairement a Treen ee ea oad Pee eee ee teats assurer leur subsistance, mais vivaient au contraire dans une certaine « abondance ». En seulement une vingtaine d'heures. par semaine, un chasseur-cueilleur pouvait en effet se procurer suffisamment de nourriture pour subvenir & ses besoins. Il lui Pee restait donc de vastes plages de « temps libre » ‘om: de tere, mais Teen Ee ee ce ieee as Canark lama, aaga, eet cet Pee ae xeton dinde pire aeet] ee eats Se eee te ce eect 1e oa peut dire ere eee a een eee ee analysantlesdifférent eee een cee eee es foyers connus, c'est See eee ete Me ec ee ohare ect ee ewe oP eeu tenis qu? se déclenche Pe ene eee ad Oe eee ee et ee aes siécles qui ont suivila révolution néolithique, leur taille dimi- Dee eee eect eee ee eee ee ee ST enue cas eer ee ee eee er ee cu ae Eee cree tee eee eae eee des maladies sont ainsi apparues dans les élevages avant de se Ree ee ee boeuf Lestockage des céréales favorise égalementla présence de Pree tee ees eee tea ee ae ret ee ieee eee Rete ec eee ree eet CeCe went pis de plantes ou danimaux dom squelettes d'agriculteurs et de chasseurs-cueilleurs datant de ticables sous la main et, par conséquent laméme époque, les archéologues ont été tellement frappés e peurent pas inventer V’agriculture eee eee ae ee foyers de la révolution néolithique son que, pendant un temps, certains sont allésjusqu’a imaginer la donc, su le plan des ressoure coexistence de deux « races » humaines différentes. internédiaires »,niric espaces qui sédent des ressourc wtni abondantes, ni nus pouvez vous nour: ansdifficulté,iln’est pasuutile de faire les durs efforts nécessaires la domestication des plantes et des animaux : par exemple abitarts des Grandes Amér: du Nord, parcouru millier bisons,n’ont done pas lancé la révolut éolithique. A l'inverse, dans les espace +tiques, les hommes n’ont tout simpl ‘omment se produit la domestication des plantes? Il faut bien avoir conscience que c’est un processus qui stale sur des sigcles... Le hommes commencent par identifier dans la nature sauvage les plantes qui eur sontutiles et celles qui ne le ris aun bon exemple de la maniére dont appa- rat une « plantation agricole » avec le cas des palmiers 4 huile, Dans im es ‘un groupe humain briile ou coupe toutes uf les palmiers a huile, alimentairesailleurs. Irevient plus tard et, & nouveau, détruit toutes les plantes uf les palmiers a huile. Entre le premier et huile ont Océan Indien été favorisés par rapport aux autres plantes : puisqu’ils n'avaient pas été détruits, ils ont pu se reproduire plus facilement et, par conséquent, leur ni abi a augmenté légérement. Au bout d’un cer- tain nombre de cycles, le groupe humain parvient ainsi a éliminer toutes les plantes inutiles pour ne conserver qu? les palmiers hile. 11 dispose désormais d'une « planta- tion» ewe yu ecue Stra anaes saved Hin anes 5 phénoméne a pu étre identifi essences d’arbres, comme les chénes et les chataigniers au Japon. C'est égale- ment par cette technique de sélection de certaines plantes et @’élimina- tion d'autres que les céréales ont été domestiquées. Ce sont Cec re ASKARABRAE Larévolution néolithique est répandue usqu'aux confins de'Europe, commelementre cet tablisserent des les Orcades, aunord del Ecosse, Daté des IVI millénires avJ-C,ce vilage regroupe hut ‘maisons en forme detrafle elles quideviennent alors labase de/’alimen- tation des hommes devenus agriculteurs. Et qu’en est-il de la domestication des Précisons d'emblée que le principe de la domestication animale était déja connu par certainespoptlationsavant larévolutionnéo- lithique. En effet, vers - 20000, le loup avait 6té domestiqué par des chasseurs-cueilleurs et était devenu le chien, Néanmoins, il ne s“agissait alors pas d’une domesticationa des finsalimentaires, puisquele chien r’était pas levé pour étre mangé, mais pour accompa- gnerles hommes, notamment 4 lachasse. La domestication des animaux est, elle aussi, un processus long. Elle nécessite d’abord de sélectionnerlesindividusles moins farouches de lespéce que V'on souhaite domestiquer. I fautensuitemettreen place unenfermement sur plusieurs générationsen étant capable de nourrir et soigner les animaux. Peu a peu, Yévolution conduit, a partir de Vespéce sau- vvage, apparition d’une espéce domestique quia des traits propres. On peut diailleurs remarquer quelataillede cesespecesdomes~ tiquesatendancea diminuer,ce qui s‘explique ala foisparla sélection des individusles plus dociles t par les conséquences de Venferme- ment. Entre - 10000 et le début de notre ére, latailledesbovinsaainsiétédivisée par deux. ‘Vous éroquez les bovins. Quelles sont les espaces d’animaux et de plantes que les hommes domestiquent ? Cela dépend des régions du monde... Com- mengons par les animaux au Proche-Orient, ondomestiquele boeuf a partirde ’aurochs, le pore. partir du sanglier,lemouton partir du moufloret a chevreapartir dela chevre sau- vvage. Puisque cest depuis le Proche-Orient que la r-volution néolithique s'est propagée en Burope, ce sont ces animaux domestiques queVonretrouve ensuite sur notre continent. EnChine, ce sont le butfle, le pore et le pou- Jet que ’on domestique, et, en Amérique, le lama,ledindonet le cochon d'inde. Plus tard, encore autresespéces seront domestiquées, Nouvelle ére, nouveaux symboles Pere eee ee Cree et eet ee ss morts. Ceux-ci en effet, s et parfois m des ancétres » dont on trouve un in Cee eae! « coincide avec une transformation des attitudes reli eee ea ele ae Pesca eee eee ae ee eeeioc at eT Ce fe Cetera Se) Pee unt cee es cea ea eae Soe eet anette Cee ees ett eee eae een ee a ese or ea cr! ed Se a eS oie Cet antic difficile dese faire uneidéede: duNéolithique. Celles-ci semble Nee Ree des ages antérieurs. Comme pour les millénaires qui précédent, ona dé eet ene teat sntant des taureaux. On peut imaginer Chee sees ere ae Mes Onretrouve également denombr Pr eaaeeer cee Banik s représentations tense Mite tee es potas! ery) Poe et ce xualité comme le cheval, le chameau ouméme V’élé- phant, On peut noter que ce processus de domestication des animaux est toujours en cours, puisque Yon continue de domestiquer de nouvelles espaces des fins alimentaires, comme le saumon ou autruche, Pour ce qui est des plantes, on domestique avant tout des céréales. Celle: deventues la bas des différents régimes alimentaires que on retrouve dans le monde jusqu’a aujourd hui. AuProche-Orient, il sagit du blé et le Forge: enChine, du millet et durizsen Amérique, du mais enfin, en Afrique, du sorgho. Un autre aspect de Ia révolution néo- lithique est la sédentarisation : comme survient-elle? La logique du moindre effort pousse, assez naturellement, aéviter les mobilités inutile, surtout s‘ls’agit du déplacement de tout un campement. La oti des ressources alimen- {aires sont toujours disponibles, la sédentarité existe doncavant invention deVagriculture et de Télevage. Cest le cas notamment dans errs certains espaces cbtiers oi despoissons, des crustacés des coquillageset des mammiféres A. LAwDAME ‘AUXFAUVES » Cette figurine assise sur un trane orn dedeux fauves est lune des plus célebres statues férinines aux formes hypertrophiées. Ellea été mise au jour Catal HoyUk, siteemblématique du Néolthique en Anatolie marins sont présents toute l'année. Il exis- tait doncdes groupes de chasseurs-cueilleurs sédentaires avant la révolutioa néolithique, par exemple au Japon ou sur la26te Pacifique de ’Amérique du Nord. Neanmoins, c’est Vapparition de Fagriculture et de Pélevage qui est décisive pour expliquer la sédentarisation humaine. A partir du moment 38 /’on cultive deschamps,quel’on élévedesbiteset queYon cke lanourriture, il n'y a plus de raison de se déplacer réguliérement. Danc, on se fixe Maistout celas’tale sur un temps long,et la sédentarisation est parfois temporaire avant de devenir définitive La pratique de l'agriculture et de I'élevage décisive pour la sédentarisation : sil’on cultive des champs, que l'on stocke de la nourriture et que l'on éléve des bétes, iln’ya plus de raison de se déplacer. DOSSIER Construire les habitations, cultiver les plantes, grder lebétail. Cette reconstitution montre les dverses activités ‘uirythmaient laviedes hommes etdes femmes 3 Tépoque néofithique Peut-ondistinguer différentes phases dans le déroulement decette révolution? Deus idées sont fondamentales:larévolution néolithique nest ni un phénoméne soudain nium processus linéaire. Elle s'est étalée sur des siécles et a pu connaitre des retours en arriére, On enaun exemple éloquent avec ce qui s'est passé autour du xm siécle apr. J.-C. danse sud-ouest des Etats-Unis actuels.Des populations ont alors abandonné agricul- ture pour revenir ala vie nomade. Un léger réchauffement climatique, qui a rendu le travail agricole moins efficace, pourrait lex pliquer. Cet exemple nous montre bien que adoption de agriculture et la sédentarisa~ tion ne sont pas toujours irnémédiables. La méme chose apu sepasser danslesdifférents foyers de la révolution néolithique. En tout cas, la maitrise de l'agriculture et de I’éle- vvage a pris assurément beaucoup de temps. Sila révolution néolithique commence vers -10000, il fallu des sigcles pour bien mai- triser les différentes techniques permettant de cultiver la terre, de stocker la nourriture et les semences, de nourrir les animaux Vhi- ver, de ks sofgner... Prenons Yexemple de la conservation des récoltes : pour qu’elle soit efficace, il faut notamment étre capable de faire face aux rongeurs. C’est pour cette rai- son queYon semet a domestiquer le chat vers 8000. Entre -10000 et - 8000 s’écoulent 2000218:2.000 ans deperfectionnement de latechrique du stockage des grains, Comment, & partir de ses foyers initiauss, la révolution néolithique s’est-ellerépandue travers le monde? Une conséquence fondamentale de la révelution néolithique est la crois- sance démographique. En moyenne, une chasseuse-cueilleuseaun enfant tousles trois ans. Ure agricultrice, qui a accés & des res- sourcesalimentairesbeaucoupplusréguligres et n’a pas besoin de se déplacer en portant sa progéniture, en a tous les 18 mois (méme siun erfant sur deux meurt trés jeune). Les populations dagriculteurs croissent done rapidement. Pour faire face a cette explosion - 5 Prd Peanicottiees ort rTicta i ciety artsy Cuivre, bronze et fer: trois « Ages » successifs Pe ee cen rac cation d'outils, d'ames et d'objets décoratifs oureligieux. Oe ee oe este eee Oi enenait uetnte Sas L’Age du cuivre, lepremier d'entre eux, commence vers = 5000, avec des variations selon les régions du monde. LAge du bronze prend sa suite, quand est connu lalliage decuivre et d'étainqui permet de créer cenouveau métal: il souvre vers - 3000 en Anatolie, mais seulement vers Se a eee Rea Ne eer eeu a eee Pode ae ue ee ae Se Seca piace aloe eyeelatinots prés des fleuves fertiles Dene a eee teeny dans un espace restreint. Cela n'est possible qu’a certaines condi Rene ee eee Se econ ae Sree eer eee ae a een ey eee ecg tn eras Rone eet eae ey conjonction de ces deux conditions qui permet la multiplication des oe een te ee ae en cers Les premieres villes apparaissent donc dans des « nasses écolo Biques »: des espaces fertiles mais restreints, entourés de vastes, pe ete ae rete ee omer Pees eee eee ee eee CP ure ee eee cee ee Crest doncdans ces régions que des villages ont pugrossir jusqu’a pre eet test es asa ee eee ees tae eet ces en leur sein, Vers - 3500, en Mésopotamie, sont ainsi apparues les premisres vlles: Ourouk, Our, Babylone, Ninive... Les suivront, Meee ee eee eu ee ease ereSeNEME EST nee {UneDes BANC ‘UES De LA méSOPOTANE AnQue sAPRERIRE FERIODEDEPANSION DATE OU LENE A sphique ;énération quelques individus s'éloigner de leur groupe pour s’nstaller sur de nouvelles terres. proche en proche, au bout de quelques mil- voit achaq) naires, nt done par- tout. Europe En plusieurs milliers d’années, on es agriculteurs t exactement ce qui s'est passé en voit teurs s’éloigner peu a pev du foyer initial du Proche-Orient, franchir amer Egée et se répandre sur Vensemble du continent, jusqu’aatteindre aFranceactuelle es ~ $800. Pendant toute cette progression, siculteurs ont bien stir rencontré¢ chasseurs-cueilleurs, Ces derniers ont, pour certains, rejoint les populations d’agricul- teurs, se sont jodede vie. D'autresont f sspaces tres difficilement a iblescultiver. C’est pow nélés deelles et ont adopté leur pour final impos ‘nigres populations aujourd'hui, vivent dans des zones fe chasseur: cwillev tresreculée inhos, tique pour les Inuits oule désert du Kalahari pour les Bochimans d’Afrique australe Vous évoquezla progressive appropriation des terres cultivables parles agriculteurs, mais celles-ci ne sont pas illimitées. Une fois quelles sont toutes sont occupées, que sepasse-t-il? Effectivement, une fois arrivés en Bretagne, les agriculteurs se sont retrouvés face & Yocéan Atlantique. L'élargissement suivant des terrescultivablesn’aeulieu que quelques millénairesplus ard, en1492. Confrontésau manque de terres, les agriculteurs lui ont apporté plusieurs réponses. D’une part, se sont progressivement installés sur des terres moins accessibles et moins produc- tives. On voit ainsi se créer des villages en moyenne montagne, jusqu’a 2.000 m dl titude, notamment dans les Alpes. Ailleurs, des hommes s‘installent dans des zone marécageuses, par exemple sur les rives de lacs de Chalain et de Clairvaux, dans le Jura, 0 Fon a mis au jour des « maisons sur pilo- tis» datant de 3000. Uneautre réponse est Yaceroissement de la productivité : puisque la population augmente, mais pas les terres disponibles, il faut produire davantage de nourriture par hectare cultivé.On erée done de nouveaux outils agricoles cu Yon perfec tionne ceuxequel’ona, Vers - 3000,oninvente les premiéres formes de charmue, la roue ou encore la traction animale. Grace autravail des métaux —lebronze puisle fer -,onaméliore encore cesouttils.Finalement, cestunecourse au progres technique qui s'engage, celle qui, beaucoup plus tard, meneraauxtracteurs, atx pesticides ou aux OGM. Enfin, une derniére réponse possible est de s'emparer de la terre et des bétes desautres parla violence. Surles squelettes, es archéologues identifient au fil des siécles des blessures de plusenplusnom= breuses, causées par des armes, Pournourrir son groupe, I'homme invente la guerre. Pour {er Dix Milnaies cubs ul ont ft cn | Piste. Quand om invents agree, savoir| laguere tes chef plus. | J-Ebeneute Ponel 29 ALACHINE NEOLITHIQUE Lesite de Shimao, situé dans lenord-est dela Chine, est daté vers-2000 (période deLongshan). l.comprend une importante vile fortifée, ob ont été mis aujour une pyramide gradins etdes palais, L'EUROPE CHANGE DE MODE DE VIE LES PREMIERS PAYSANS Ils habitent dans des villages, cultivent les champs de céréales alentour et s‘occupent du bétail, tandis que chiens et chats vaquent entre les maisons. La campagne au xx siecle? Non : lerésultat de la sédentarisation en Europe, qui débute voici 8000 ans. 4FABRIQUER SAPROPRE NOURRITURE Ense sédentarisant, homme doit désormais produire lui-méme de quoi Vivre grace aun travail plus intense, comme lafabrication dela farine sur cette ilustration de John T.Kenney (1961). ANNE LEHOERFF PROFESSEUR DES UNIVERSITES EN ARCHEOLOGIE, CY CERGY PARISUNIVERSIT, VICE PRESIDENTE OU CONSE NATIONAL DE LA RECHERCHE ARCHEOLOGIQUE »* Vaube du VI millénaire av. J.-C, ilya8 000 ans, l'Europe tourne une page définitive de son his- toire, celle de la Préhistoire et du temps des chasseurs-cueilleurs. A V’échelle du continent, elle entre alors dans une époque nouvelle marquée par un mode de vieinédit, dont les échos se sont font sentir jusqu’a l'aube du cet sigcle. Europe devient agricole et voit naitre les premiers paysans, mais également avec eur différentes caté- gories d'individus, de techniques, de types d’espaces ou de valeurs. C’est le début de la Protohistoire et de sa premiere période, le Néolithique. Pour désigner ce temps qui s’ouvre,on parle parfois aussidel’« anthro- pocene », dans lequel nous sommes tou~ jours et au sein duquell’homme (anthropos cen gred)cherche aaffirmer sadomination sur sonenvironnement et plus largement surle monde, Larupturene s'est pas opérée en un jour, Pour la seule Europe, elle s’échelonne, lente et arythmique, sur prés de deux mil- Iénaires, Au sein d’un phénomene mondial, cette dernidre occupeune place un peu parti~ culidre lige des raisons historiographiques et aux nodalités de la recherche, nullement parce cue le Néolithique y tiendrait un role plus important qu’ailleurs, Le terme de « Néolithique » apparaft en 1865 sousla plume d'un chercheur britanni- que, Jehn Lubbock, dans une archéologie encoreémergente. II propose alors d’affiner lesystéme de divisions chronologiques alors admis: Age dela pierre, Agedu bronze, Age du fer. Les travaux archéologiques incitent NOS FIDELES COMPAGNONS tae acy ee Sta eee ae du cheptel agricole, d autres animaux Ee eet uate Fone cat commencer par le chien, Sa domestication | : eee ae F fa Co a ea een a i Pee ee en ere eae iremepre revel erro nroeen une lace de compagnon et de pro- Peres eee praesirenene oti Rien rrnmencT poeta er ene tea Pen epee ry Bsc ene vette antera ney erento eierecety enya ra anpeverior eH acreeibenliene eee ot re eee ee eres arene nent renee een LTT) See eeen er teres en erent ey inc yi pasretbie de bonrneetcenyren bei bebe eee eerie eee a ant eur jes savants européens a introduire une _d’abord une sédentarisation des popula- ceoraes .welle période en distinguant Vage d'une _ tions dechasseurs-cueilleurs, puis un Gumus Gk pierreancienne,le «Paléolithique»,et celui lopperrent de agriculture (domestication Custonsore © une pierre nouvelle le « Néolithique ».Le v. animale), et enfinV'invention aie Francais Emile Cartailhac inaugure en 1889 uProche-Orient, les Natoutien: un terme destiné & un immense succés en amorcent ce processus ati cours du XT mil- qualifiant de « révolution » cette ps énaire ay. J.-C. en batissant des maisons tant les changements y sont importants. _circulaires rassemblées en villages. A par- En 1925, 'Australien Vere Gordon Childe tir de - 9500, dans une période dite « Pr promeut et populariselemotdansunbest- Potter a ic eller archéologique surlanaissanced’'un _plantess’affirme ( au monde avec le Néolithique, ouPPNA),etbient6t celle des anima Aube de la civilisation européenne. 1 Pottery-Neolithic B, ou PPNB). Au n'est alors question que de Europe VII‘ millénaire, tandisque des changements et de ses origines sur ce continent _climatiques accompagnent l'aband qui reste, aprés plus de 150 ans de _ sitesdetrés grande tailleet une rec recherche, le plus étudié et san le phase s‘ouvre doute le miewx connu. Le Néolithique européen est un foyer secondaire qui trouve ation du Proche-Orient comme ses origines au Proche-Orient, celle dt Levant sachéve alors otontééposéesiesbasesd'une Le phénomene s’opare sortede« kit» néolithiquelong- une dynamique dont temps érigé en modéle unique jen connues. ile de Chypre est.

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