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Chanteloup Clara - Design Et Santecc81 Mentale Les Troubles Bipolaires - Care Design Lab - 2020 PDF
Chanteloup Clara - Design Et Santecc81 Mentale Les Troubles Bipolaires - Care Design Lab - 2020 PDF
LES
TROUBLES
BIPOLAIRES
Recherche sur l’environnement
médico-social des 18/25 ans
atteints de troubles bipolaires.
LES
TROUBLES
BIPOLAIRES
QUELLE FOLIE ?
UN SYSTÈME EN MOUVEMENT
// E-santé
// Le pouvoir de la Big Data et de sa transparence
// Bioéthique et numérique.
INTRO-
DUCTION
“Si un homme ne marche pas au pas de ses
camarades, c’est qu’il entend le son d’un autre
tambour.” Henry David Thoreau, philosophe,
1849.
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Une maladie bio-psycho-sociale réelle
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Ces fluctuations de l’humeur plus ou moins fortes et difficilement
gérables vont se caractériser par deux phases extrêmes :
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PHASE MANIAQUE
PHASE DEPRESSIVE
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Le diagnostic, un parcours du combattant
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Si pour certains l’identification de la maladie peut être aussi
longue et périlleuse, elle est due au fait que le trouble bipolaire
est sous-diagnostiqué: le taux d’erreur de diagnostic étant
estimé entre 30 % et 69 % en Europe (chiffres de la HAS).
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Puis d’un aspect financier, il permet une reconnaissance de
la société, qui n’est pas à négliger, et d’obtenir entre autres
l’ALD (affection de longue durée, prise en charge à 100% par la
sécurité sociale pour problème de santé majeur et handicapant).
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Schizophrénie : les personnes atteintes de cette maladie
cérébrale éprouvent des troubles au niveau de leur pensée,
de leur émotivité et de leurs relations avec les autres. En
période de crise (lorsque la phase est la plus intense), les
symptômes se présentent sous forme de délires (croyances
fixées et fausses), d’hallucinations (trouble de la perception :
entendre, voir, goûter, ressentir quelque chose qui n’est pas
réel), de troubles de la pensée, d’une désorganisation du
comportement (difficulté à effectuer les tâches du quotidien
: manger, se laver, organiser sa journée) et enfin des troubles
du comportement, d’affectivité et de l’humeur. Seul ce
dernier symptôme est présent dans les troubles bipolaires
(Paterson, Addiction Research Foundation, 2017).
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Dépression : une personne souffrant de dépression est
atteinte d’un ralentissement psychomoteur, intellectuel,
cognitif et affectif. La tristesse, le découragement et
le désespoir représentent des expériences humaines
normales. Ces variations et ces baisses de l’humeur ne
doivent pas être confondues avec ce qu’éprouve une
personne dépressive. Pour pouvoir parler de dépression
et donc de maladie, il faut : que ces perturbations de
l’humeur soient multiples et bien caractérisées ; qu’elles
se manifestent de façon (quasi) permanente pendant une
période supérieure à deux semaines ; qu’elles entraînent
une gêne importante dans un ou plusieurs domaines de la
vie quotidienne (difficulté ou incapacité de se lever, d’aller
à son travail, de sortir faire ses courses…).
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J’ai l’impression d’être stupide et que je n’arriverai
jamais à rien. L’anxiété fait que je réfléchis sans
cesse, puis arrivent les crises d’angoisse et la peur
des crises d’angoisse. L’alcool pour calmer l’anxiété et
essayer d’être moins triste. Le cannabis pour pouvoir
travailler sans se poser de questions, pour essayer
paradoxalement de vivre plus normalement.”
Baptiste, 22 ans,
diagnostiqué bipolaire.
Mental Disorders,
projet de Weronika Rafa
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Effets ricochets des troubles de l’humeur
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Ainsi, il existe fréquemment un épisode d’amaigrissement
(voire d’anorexie pour certains) dans les phases dépressives,
et de boulimie (épisodes de frénésie alimentaire) en phase
maniaque. Ici, l’image et l’estime de soi sont fortement
influencées par les formes corporelles et le poids.
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En période dépressive j’étais en hypersomnie permanente,
il m’arrivait de dormir plus de 14h. Dans ces cas-là je suis
absent en cours ou au travail. Le sport n’affecte pas mon
sommeil, les médicaments non plus. Généralement en vue
d’une opération je suis content car je sais que l’anesthésie
me fera bien dormir!”
Baptiste, 23 ans, diagnostiqué bipolaire.
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secondaires sur la santé et la vie du patient, il est dans
l’idéal accompagné par des professionnels dès ses
premiers symptômes.
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Par la parole : des thérapies et prises en
charge psychosociales viennent en complément. Ces soins
sont mis en place par les psychiatres, psychologues et
psychothérapeutes. Ce sont des thérapies qui accompagnent
le patient, l’aident à apprendre à se connaître et à s’auto
réguler.
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acteur de sa santé par le biais d’une rééducation cognitive.
Le plan d’action est de personnaliser la prise en charge, aider
la personne à comprendre comment elle fonctionne, pense
et réfléchit, pour ainsi trouver quelle stratégie mettre en
place. Le ressenti de la personne est importée dans la prise
en charge.
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B // IL EXISTE
MILLE ET UNE
BIPOLARITÉ
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Un autre regard sur la maladie mentale :
approche compréhensive.
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“Pour moi, le diagnostic de bipolaire n’est pas adapté. Je
préfère parler de personnes dont la manière de penser
et d’agir est “différente” de comment fonctionne notre
société et donc en sont “décalées” et s’en sentent isolées.
Chaque personne que j’ai rencontré et pour qui on avait
diagnostiqué des troubles bipolaires, s’avérait aussi être
“haut potentiel”. Et donc particulièrement doué, sensible et
curieux dans un voire plusieurs domaines artistiques.”
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capacités hors normes mais qui représentent des
maladies aux yeux de la société.”
Chercheuse en génétique,
rencontrée à l’hôpital psychiatrique
Ste Anne de Paris, lors d’une journée d’étude sur les
sciences du design.
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“ Durant cette période je suis capable d’écrire plusieurs
dizaines de pages sur un sujet qui me passionne, lire un ou
plusieurs livres en une nuit. Mes études au conservatoire
de San Francisco sont un domaine dans lequel je sais
avoir un potentiel. ”
Baptiste.
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“Je suis insipide, vide, ne ressens plus rien. Il y a un filtre
devant mes yeux: sans saveur, sans couleur, en nuances
de gris. Je mange des aliments qui ont le goût du carton,
je n’ai plus aucune émotion et dors beaucoup.
La seule chose qui m’ait sauvé la vie : la lecture.”
Hugues Antoine
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CONCLUSION
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SEUL FACE À
L’INCOM-
PRÉHENSION
DE SOI ET DES
AUTRES
CONSÉQUENCES PSYCHO-
RELATIONNELLES ET SOCIO-
ENVIRONNEMENTALES.
A // VIVRE AVEC
LE REGARD DES
AUTRES
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Vieillir avec les troubles
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patient, comme le ferait un parent, et porte un regard neutre.
Le jeune va ainsi plus facilement lui partager ses expériences,
son ressenti et ce qu’il a vécu entre deux suivis. La notion de
confiance est présente et va davantage considérer ce que lui
dit le médecin comme un conseil et non comme un reproche.
Mais la relation évolue lorsque le suivi se fait avec un patient
adulte et plus âgé :
La solitude
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En plus des symptômes de la maladie, l’incompréhension
des autres augmente le handicap.
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est dépendant physiquement mais aussi socialement. Ce
retour au foyer familial est présent jusqu’à l’âge adulte, où
un besoin de tutelle est peut être rencontré. Une fois la
convalescence passée, il est difficile pour l’entourage de
passer d’un extrême à l’autre :
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“L’asile des fous”, un autre monde
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B// UN
ENVIRONNEMENT
SOCIO-CULTUREL
ACTUEL EXCLUANT
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Les développements de l’idée de folie
à travers l’Histoire.
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Un effort est mis en place pour redonner à l’expérience de la
folie une profondeur et un pouvoir de révélation qui avaient
été anéantis par l’internement (Foucault, 1961).
Evolution de la terminologie :
Loi d’intégration
d’un département Classification des
Manie et psychiatrique en J’ai décrit la troubles bipolaires :
dépression hôpital psychose maniaco type I, II, III
la mélancolie dépressive
Arétée de Capadoce
Manie = du latin Maladie bipolaire
mania , folie. Psychiatrie et unipolaire
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Pochette de l’album Ye,
Kanye West, 2018
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La bipolarité et les français
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Depuis 2009, au fur et à mesure des années naît une
tendance sur les réseaux sociaux d’une vision “romantique”
des troubles psychiques tel que la dépression. On le voit
par exemple avec l’apparition de comptes Instagram et de
posts autour du #depressed qui réunissent aujourd’hui des
millions de followers. Il s’agit pour la psychothérapeuthe
Aditi Verma de «souffrance enjolivée », “soit une version
memifiée de la maladie mentale qui réduit l’anxiété et la
dépression à un sentiment temporaire, à travers l’usage
d’une belle iconographie accompagnée d’un texte tragique
et simpliste.” Cette tendance réduit les troubles de la santé
mentale à quelque chose de “cool”, repoussant ces maladies
méconnues encore plus loin dans les profondeurs de la
stigmatisation.
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“Tout le monde est concerné par la santé mentale. C’est
qu’une fois qu’on entre au contact des gens qui en sont
atteints que notre représentation change: “oh mais il est
normal en fait”. Il faut changer le regard sur ces maladies.
Il faut intervenir de manière sociétale, pas seulement par
le soin.”
Corinne Lambert, chargée de projet santé mentale,
direction de la santé publique de la ville de Nantes.
To the Bone, de
Marti Noxon, 2017
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Les aspects transculturels
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CONCLUSION
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UN
SYSTÈME EN
MOUVEMENT
UNE VOLONTÉ DE
CHANGEMENT ET
D’INNOVATION.
A // VERS UNE
ÉVOLUTION DES
IDÉES
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Les enjeux de la prévention en Santé publique
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prévention tertiaire (pendant et après) : actions
visant à diminuer la progression, les récidives et de
réduire les complications, les invalidités et les rechutes
consécutives à la maladie. La prévention tertiaire
constitue un aspect important des soins médicaux et de
réhabilitation pour améliorer la qualité de vie.
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charge et dans l’idéal augmenter le taux de survie du patient.
Cette méthode est aussi bien bénéfique pour le patient
que pour les professionnels de santé. Dans le même
fonctionnement, elle peut être aussi efficace encore en
amont, dans le cadre d’une prévention secondaire, en
facilitant le diagnostic : dans le cadre du cancer du poumon,
un fumeur peut entrer ses symptômes pour détecter un
éventuel cancer.
celui/celle qui subit, qui est l’objet d’une action, qui est
passif.
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Dans ce sens, une personne présentant une maladie
et prise en charge par des professionnels de santé est
définie comme passive. Mais aujourd’hui, après l’essor de
l’éducation thérapeutique du patient, un nouveau concept
a fait son apparition : le patient expert. Cette notion
comprend le patient comme un nouvel acteur dans ses
soins pour valoriser son potentiel et le rendre actif. En effet,
fort de son expérience de vie au quotidien avec la maladie, il
représente une ressource capitale, à la fois pour les équipes
médicales que pour les autres patients. Très récent et
encore rare en France, ce concept de patient expert s’est
considérablement développé au Canada. Estelle B, Docteur
en Pharmacie observe que “l’engagement des patients
dans les programmes d’éducation thérapeutique, puis dans
des actions auprès des autres malades, a suscité l’intérêt
des autorités de santé publique. Ces dernières ont alors
décidé de les intégrer dans leurs instances consultatives
et décisionnaires, pour impliquer les malades dans les
décisions de santé qui concernent leur maladie. La mise en
place des patients experts a permis un rétablissement plus
rapide de certains malades et une meilleure observance
(respect et suivi) des traitements”.
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L’épigénétique en santé mentale
Stress / trauma
Abus de substances
Maltraitence
Harcèlement Altération
épigénétique
Agents toxiques
Malnutrition / Infection Perturbation
neurobiologique
Vulnérabilité
psychique
Aujourd’hui, davantage de
disciplines comme le design apparaissent
dans l’innovation en Santé, pour venir
en aide aux malades. C’est une initiative
qui se démocratise dans les entreprises
et les centres de soins publics et privés.
Elle permet une évolution de la vision de
l’hôpital comme lieux de culture et lieu
social, en plus d’être le lieu fonctionnel,
économique et efficace qu’on connaît
aujourd’hui. Dans cette démarche
participative, le designer co-conçoit avec
des professionnels de santé, experts
de leur domaine (recherche, médecine,
sociologie, psychologie etc.), qui viennent
lui apporter leurs connaissances pour la
mise en oeuvre d’une solution. C’est une
démarche d’innovation sociale, culturelle
et de santé relative à des solutions de soins
complémentaires. Dans son numéro sur
le sujet du Design et de la Santé, la revue
Sciences du Design écrit que “le design
peut jouer un rôle dans la compensation du
handicap associé aux troubles mentaux”.
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// E-santé : santé mobile et
objets connectés
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Cette démarche respecte la confidentialité et la
transparence sur la récupération des données, qui
représente un sujet sensible dans le champ de la
santé.
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Dans un article intitulé “The Personal Analytics of my life”
datant de 2012, le scientifique Britannique Stephen Wolfram
exposait déjà les possibilités que représentent ces données
: “elles ne doivent pas seulement être capable d’agir
comme complément à la mémoire personnelle, mais aussi
pouvoir faire des calculs automatiquement – en expliquant
comment et pourquoi les choses se sont passées – et puis
sur cette base, dérouler des projections et des prédictions.”
C’est dans cette démarche que de nombreuses applications
sont capables aujourd’hui de prévenir et prédire des
phénomènes physiologiques de notre corps. L’exemple
des applications de suivi de cycle menstruel des femmes
l’illustre : de nombreuses applications comme Flo prédisent
les périodes de règles et d’ovulation suite à la récolte
de données et symptômes entrés manuellement par
l’utilisatrice. La visualisation des graphiques et patterns et
les rappels de l’application notifiant l’arrivée des règles a eu
pour conséquence, chez certaine dont les cycles étaient
irréguliers, une auto-régulation des cycles menstruels (Loire,
2017).
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Certes les technologies sont un progrès indéniable pour
l’humanité dans le domaine de la santé (aussi bien à l’échelle
du corps qu’à l’échelle de l’environnement). Mais elles le sont
seulement si elles favorisent et n’altèrent pas la sécurité et
le bien-être de l’humain, et qu’elle participe à la recherche
scientifique. Le Ministère des Solidarités et de la Santé
a dans ce but mis en place un nouveau projet de révision
des lois de bioéthique qui comprend plusieurs mesures
autour des nouvelles technologies, intelligence artificielle,
neurosciences et neuromodulation.
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CONCLUSION
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CONCLUSION
“Après les périodes de crise, il faut assumer les
conséquences. La solitude, les échecs, la convalescence
et la peur de la prochaine fois où ça arrivera. C’est comme
construire un immeuble, le détruire et devoir le reconstruire
à chaque fois.” Baptiste, 23 ans.
Sources :
- cnrtl.fr, CNRTL : Centre National de ressources Textuelles et Lexicales,
- www.euro.who, OMS : Organisation Mondiale de la Santé
- www.handeo.fr
- www.cnle.gouv.fr,
- www.dictionary.cambridge.org
BIBLIO-
GRAPHIE
Ouvrages
Experts à experts :
American psychiatric association, DSM-5, manuel diagnostique
et troubles mentaux, Elsevier Masson, 2015, 1200p
Sous la direction de Marc-Louis Bourgeois et Christian Gay
et Chantal Henry et Marc Masson, Les Troubles bipolaires,
Lavoisier, 2014, 620p
M.Ceccaldi, et al. « Chapitre 29. Intelligence et démences »,
Francis Eustache éd., Traité de neuropsychologie clinique. De
Boeck Supérieur, 2008, pp. 763-854.
Témoignages :
Agathe Lenoël, Qui suis-je quand je ne suis pas moi ? Une
bipolaire témoigne. Odile Jacob, 2015
Kay Redfield Jamison. De l’exaltation à la dépression : Confession
d’une psychiatre maniacodépressive. Robert Laffont. 2003
Roman graphique : Lou Lubie, Goupil ou face. Éditions Vraoum,
2016
Roman graphique : Jacques Mathis et Sylvain Dorange,
Psychotique. Éditions La Boîte à Bulles, 2019.
Articles
Filmographie
// FILMS :
Entretiens
// EXPERTS :
Yves Antoine Harscoet, étudiant infirmier centre CRESERC,
hopital psychiatrique St Jacques, Nantes.
Corinne Lambert, chargée projet santé mentale, département
prévention et solidarité, direction de la Santé Publique de la ville
de Nantes.
Alice Martienne, psychiatre.
Cécile Belaud, neuropsychothérapeute.
Margot Morgiève, chercheuse, sociologie de la santé mentale,
CERMES3 (Centre de Recherche Médecine, Sciences, Santé, Santé
Mentale et Société) et BEBG, ICM (Institut du Cerveau et de la
Moelle épinière).
// PERSONNES BIPOLAIRES :
Ewa L, 60 ans, psychologue paire aidante.
Emmanuel et Ivana, groupe de parole association Bipôle 44.
Lucile C, 24 ans, graphiste
Baptiste D, 23 ans, guitariste au concervatoire de San Fransisco
Axel F, 24 ans
Hugues Antoine D, 45 ans, logisticien à la Croix Rouge
REMERCIEMENTS
Merci à mes parents, à ma soeur Lucile,
à Baptiste et Hugues Antoine, à Ewa et Emmanuel
de l’association Bi-pôle 44 pour leurs témoignages,
à Alice Martienne, à Raphaëlle Caroff et Zoé Oberlé,
à ma tutrice Corinne Lambert et à toute l’équipe
pédagogique de Care qui m’ont aidé dans ce travail.
DESIGN ET SANTÉ MENTALE // CLARA CHANTELOUP