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L’itinéraire maritime et fluvial entre la Celtique occidentale et le bassin de la Vistule : une route méconnue du Second âge du Fer ?
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L’ITINÉRAIRE MARITIME ET FLUVIAL ENTRE LA CELTIQUE


OCCIDENTALE ET LE BASSIN DE LA VISTULE :
UNE ROUTE MÉCONNUE DU SECOND ÂGE DU FER ?

Tomasz BOCHNAK 

RÉSUMÉ

Le problème des itinéraires fluviaux et maritimes entre la Celtique Occidentale et le bassin de la


Vistule est présenté selon plusieurs critères : économiques, techniques, historiques, sociaux et culturels. Si
les populations de la Gaule voulaient importer des marchandises de la région de la mer Baltique,
économiquement, elles avaient intérêt à emprunter l’itinéraire septentrional et non pas celui de «la route de
l’ambre». Dans l’article, on a énuméré plusieurs catégories d’importations ou d’influences celtiques
(chaudrons bimétalliques, chars, colliers en or proches du type torques, cottes de mailles) dont la répartition
suggère qu’elles ont été distribuées par la voie maritime. À ces prémisses correspond la répartition
d’importations des monnaies celtiques. Les conditions de la navigation et les itinéraires fréquentés avant et
après la période celtique permettent de supposer que la route maritime entre la Gaule et le bassin de la
Vistule fonctionnait aussi durant la domination celtique. Néanmoins, il semble que les Celtes n’aient pas été
tentés d’arriver jusqu’à la mer Baltique et que la communication entre la péninsule du Jutland et
l’embouchure de la Vistule ait été assurée par les peuples locaux.

STRESZCZENIE

Szlak żeglugowy między Zachodnią Celtyką a dorzeczem Wisły


– nieznana droga młodszego okresu przedrzymskiego?

Artykuł stanowi wstępną wersję opracowania poświęconego morskiej drodze napływu importów
celtyckich na teren basenu Morza Bałtyckiego, w tym w rejon północnej Polski. Przedstawiono szereg
czynników ekonomicznych, technologicznych, historycznych, społecznych i kulturowych, które wskazują na
funkcjonowanie szlaku handlowego biegnącego z Zachodniej Celtyki ku Morzu Bałtyckiemu.
Rozprzestrzenienie szeregu importów lub zabytków wykazujących wpływy celtyckie pozwala przypuszczać,
że model ich dystrybucji różnił się od modelu rozprzestrzenienia importów italskich. Zestawienie
występowania kotłów z żelaznym brzegiem, a także nielicznych kolczug, wozów i złotych naszyjników z


Tomasz BOCHNAK, maître de conférence, université de Rzeszow , Uniwersytet Rzeszowski, Instytut Archeologii, ul.
Hoffmanowej 8, 35-016 RZESZÓW, Pologne

Le Bihan (J.-P.), Guillaumet (J.-P.) dir. : Routes du monde et passages obligés. Actes du colloque international
d’Ouessant (27 et 28 septembre 2007), Quimper, Centre de recherche archéologique du Finistère, p. 251-272.

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rozprzestrzenieniem monet zachodnioceltyckich wskazuje na zbliżony kierunek napływu tych importów.


Ponadto, morskie szlaki wiodące przez Morze Północne i Bałtyk były używane w epoce brązu, w okresie
wpływów rzymskich oraz w czasach późniejszych, a zatem ich wykorzystywanie w okresie dominacji
celtyckiej jest bardzo prawdopodobne, natomiast ewentualne porzucenie wymagałoby uzasadnienia.

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L’itinéraire maritime et fluvial entre la Celtique occidentale et le bassin de la Vistule : une route méconnue du Second âge du Fer ?
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1. INTRODUCTION

Le problème des itinéraires fluviaux et maritimes Feugère (fig. 1) (Margos, 2000). Bibracte reste,
entre la Celtique occidentale et le bassin de la pour le moment, le seul lieu de production connu
Vistule doit être étudié dans un contexte large, de quelques types d’importations occidentales
correspondant à différents types de contacts entre trouvés en Barbaricum, y compris sur les terres
ces deux régions (1). polonaises. Les plaques ajourées opus interrasile
qui ornent les fourreaux restent, ici, un bon
Ce sujet sera présenté selon plusieurs exemple. Il existe quelques variations de ces
critères : économiques, techniques, sociaux et appliques dont une partie est élaborée en fer
culturels. La preuve de contacts réciproques doit (Bochnak, Czarnecka, 2004-2005). Les
correspondre à des découvertes archéologiques découvertes d’opus interrasile en fer proviennent
telles que les importations issues de ces différents de Pologne (Janówek Pierwszy, tombe 66,
milieux culturels. Pour mettre en évidence le Kamieńczyk, tombe 301 et Wesółki, tombe 3),
fonctionnement de la route maritime d’Allemagne (Großromstedt) et de France (Esvre-
« septentrionale » de la Gaule vers le bassin de la sur-Indre, Bibracte). À Bibracte, dans le quartier
Vistule, il faudra montrer l’utilité économique et des artisans de la Côme-Chaudron, J.-G. Bulliot a
les moyens techniques de cet itinéraire. Pour découvert des appliques similaires en cours de
démontrer les effets de ces échanges, l’analyse des fabrication (Bulliot, 1899, 169-170). Les fourreaux
contacts sera complétée par l’étude des avec les frettes en forme de triples esses constituent
changements culturels des peuples d’Europe d’autres témoins de contacts entre les populations
centrale et septentrionale sous l’influence celtique. habitant les terres polonaises et les Celtes pendant
les deux derniers siècles avant J.-C. On retrouve
ces fourreaux dans cinq ou six sites de Pologne
septentrionale (fig. 2), en Allemagne, dans la
région peuplée par les Trévires (Hoppstädten-
Weiersbach, t. 23) et en Gaule (Bibracte et Vernon)
(Bochnak, 2008, 12-16). Comme dans le cas des
appliques opus interrasile, Bibracte reste le seul
site où la fabrication de ces objets est attestée
(Hamm, 2005, 69). Des artisans de la capitale
éduenne élaboraient aussi des clous émaillés et des
objets ornés de tête de bovidé (2) aux cornes
bouletées, connus dans la partie septentrionale de
l’Europe non celtique (Klindt-Jensen, 1950, 113-
Figure 1 : Les fibules du type 11 de M. Feugère en 116 ; fig. 70 ; Hachmann, 1990, 857, 958; Abb.
Pologne. 1-Lasy ; 2-Nowy Targ.
59 ; Kaul, 2006, 336-338).
D’après Margos (2000)

Toutes ces découvertes sont datées, dans


Sur les terres polonaises, nous retrouvons
le Barbaricum, de la phase A3 de la période
des importations provenant de la partie occidentale
préromaine correspondant grosso modo à la phase
de la zone culturelle de La Tène. Au bord de la mer
LT D2. Ces découvertes, ainsi que les objets plus
Baltique, dans les nécropoles de la culture
récents comme des fibules zoomorphes de Kołoząb
d’Oksywie et celle de Wielbark à Lasy et
et de Gąski (Pyrgała, Tomaszewska, 1986),
d’Oksywie à Nowy Targ (tombe 127), ont été
attestent de contacts entre les terres polonaises et la
trouvées des fibules « gauloises » du type 11 de M.
Gaule.

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bassin inférieur de la Vistule, habité par la


population de la culture d’Oksywie, le mobilier est
Figure 2 : La répartition des fourreaux aux triples esses
en Pologne. 1 - Ciepłe (culture d’Oksywie) ; 2 - Gdańsk- assez proche de celui de la culture de Przeworsk,
Nowolipki (culture d’Oksywie) ; 3 - Lachmirowice avec des éléments celtiques moins visibles
(culture de Przeworsk) ; 4 - Opalenie (culture (Bochnak, 2006). À travers ces terres polonaises,
d’Oksywie) ; 5 - Pruszcz Gdański (culture d’Oksywie)
l’itinéraire dénommé « route de l’ambre » passait
des côtes sud et sud-est de la Baltique par la
2. CONDITIONS ÉCONOMIQUES
Vistule, la Silésie, la Porte de Moravie et au pied
des Alpes, vers l’Adriatique. L’essentiel des
Parmi les objets provenant d’Europe
influences laténiennes dans le milieu indigène est
centrale et trouvés en France, on peut distinguer
traditionnellement lié à l’activité des Celtes le long
ceux liés à la guerre des Gaules et ceux qui
de ces « routes de l’ambre ». De la zone
attestent d’échanges de marchandises. Aujourd’hui,
méditerranéenne proviennent les premiers
ces routes de circulation depuis la mer Baltique
témoignages écrits concernant l’ambre, et
sont encore mal connues. Un itinéraire nord-sud,
l’itinéraire terrestre menant vers la mer Baltique est
terrestre et fluvial, dit « route de l’ambre », assez
visible par les découvertes de provenance
long et compliqué, de la mer Baltique à Aquiléa est
méridionale.
le plus cité (voir l’article de Goláňová, Bochnak
dans ce volume). Une route est-ouest, maritime et
fluviale, de la mer Baltique par la mer du Nord, La L’ambre de la Baltique a-t-il emprunté
Manche et ensuite, éventuellement, la Seine, seulement cette route ? Les populations habitant les
constitue une alternative pour le commerce vers îles Britanniques, la Picardie, la Normandie et les
l’ouest de l’Europe. Son fonctionnement n’a jamais terres en communication avec la zone de la
été étudié pour l’époque celtique. Manche ont-elles reçu l’ambre par l’intermédiaire
des Étrusques, puis des Romains, ou bien ont-elles
Dans la partie méridionale du bassin de la utilisé la voie maritime jusqu’à la mer Baltique ?
Vistule, les enclaves de culture celtique Les importations celtiques sont nettement moins
disparaissent entre la fin de LT C2 et le nombreuses au nord qu’au sud de la Pologne. On
changement d’ère, au cours des deux ou trois considère que les courants laténiens qui ont atteint
premières décennies du Ier siècle après J.-C. Dans le bord de la mer Baltique étaient déjà « filtrés »
la partie centrale de la Pologne, la culture de par l’intermédiaire de la culture de Przeworsk.
Przeworsk demeure, pendant cette longue période, Cependant, la population de la culture d’Oksywie
sous l’influence celtique venant du sud. Dans le restait aussi en contact avec les autres peuples

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habitant la zone baltique, surtout ceux des îles d’un itinéraire) et les prémisses historiques
danoises et l’île de Gotland (Asmus, 1951 ; (fonctionnement de la même route pendant les
Wołągiewicz, 1959 ; Kaszewska, 1980). Si les époques différentes).
Celtes ont navigué à l’est de l’embouchure de
Rhin, ils ont atteint au moins la péninsule du 3.1. Prémisses archéologiques
Jutland. Des influences celtiques pouvaient donc
parvenir dans la zone baltique de l’ouest, et pas Il est très difficile de préciser le répertoire
seulement par la longue voie terrestre qui venait des marchandises qui faisaient l’objet d’échanges
d’Allemagne du Sud. Ce problème sera évoqué entre les Celtes et les populations habitant les côtes
dans la partie suivante de ce texte. de La Manche, de la mer du Nord et de la mer
Baltique. Nos connaissances, appauvries par le
Le transport terrestre est beaucoup plus manque de sources écrites, sont très modestes.
onéreux que celui qui se fait par les fleuves et la C’est grâce aux témoignages des auteurs antiques
mer. Selon les calculs de J. Kunow, estimés pour la que nous pouvons évaluer l’éventail des biens qui
période romaine, si le coût journalier du transport faisaient l’objet d’échanges. Il suffit de comparer le
maritime est égal à 1, le coût du transport fluvial récit de Strabon sur le commerce romain avec les
est égal à 5,9 et celui du transport terrestre atteint peuples britanniques (Géographie, IV, 5, 2-3) aux
62,5 ! Ces calculs se basent sur le fait que la sources archéologiques pour mettre en évidence les
distance journalière pour les voyages maritimes est limites de nos méthodes (Carver, 2001 ; 2002). La
de 45-65 km, pour les fleuves 30-40 km et plupart des marchandises périssables ne laissent
seulement 18-20 km pour le transport pas de traces archéologiques. Qu’a-t-on importé de
routier (Kunow, 1980, 22-25 ; 1983, 53-55). De la zone septentrionale ? L’ambre, qui a servi pour
plus, la charge d’un bateau dépasse de plusieurs élaborer les perles trouvées dans les tombes de la
fois la capacité d’un char. Ces estimations basées culture d’Arras en Angleterre ? Peut-être aussi les
sur le réseau routier de l’Empire romain, sont à fourrures, qui faisaient l’objet d’échanges à
pondérer pour l’époque celtique. La rentabilité des l’époque romaine. Sans doute l’échange
échanges varie en fonction du poids et du volume fonctionnait-il, puisqu’on trouve en Barbaricum les
de la cargaison. On peut donc conclure que, si les objets importés qui représentaient la contrepartie
populations de la Gaule voulaient importer des de biens exportés.
marchandises de la région de la mer Baltique,
économiquement, elles avaient intérêt à Depuis plus d’un siècle, les chaudrons à
emprunter l’itinéraire septentrional. Les différences les rebords en fer trouvés hors de la zone celtique
frappantes dans les coûts de transports devaient ont été considérés comme des importations de
inciter les commerçants à organiser la route Raetia et du Noricum, ou comme des objets liées à
maritime, complétée par les passages fluviaux et une offensive romaine des années 12-9 avant J.-C.
terrestres. (Eggers, 1951, 39-42 ; Wielowiejski, 1970, 33-35,
72-74, 282 ; Tromnau, 1972 ; Thieme, 1976/77 ;
3. RECONSTITUTION DES ITINÉRAIRES Kunow 1983, 17 ; Keiling 1986, 20-23). La
provenance occidentale des chaudrons
Dans la reconstitution des itinéraires bimétalliques a été proposée par Hachmann et
présumés, il faut prendre plusieurs éléments en Peschel (Hachmann, 1990 ; Peschel, 1995). On a
considération. Les arguments les plus convaincants eu parfois la vision de commerçants qui,
se basent sur la coexistence des prémisses franchissant le Danube, se seraient dirigés vers le
archéologiques (répartition de découvertes de nord à la recherche de l’ambre. En échange, et
marchandises possibles) ; des prémisses peut-être pour des dons aux chefs, ils auraient
géographiques (conditions favorables au choix apporté de la vaisselle métallique de provenance

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Figure 3 : La
répartition des
chaudrons
bimétalliques
celtiques et des
situles romaines
en Europe

Figure 4 : La
répartition des
monnaies celtiques et
de la vaisselle
métallique dans le
bassin de l’Elbe et en
Scandinavie

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Figure 5 : Monnaies.
1 - le potin de la série «au rameau», Ksp. Hejde ;
2 - le potin «à la tête casquée/cheval», provenance
inconnue. D’après Nylén (1955).
3 - Gdańsk Góra Kapliczna (?). D’après Lissauer
(1875)"

Figure 6 :
La
répartition
des cottes
de mailles
datant de la
période La
Tène et du
Ier siècle
après J.-C.
en Europe.
D’après
Hansen
(2003)

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romaine et celtique avec d’autres importations septentrionale du Barbaricum. Leur répartition


méridionales. Il faut remarquer que les chaudrons nous fait penser qu’elles peuvent appartenir au
celtiques se concentrent dans la partie courant commercial par la voie maritime (fig. 6). À
septentrionale du Barbaricum et dans le bassin de part la vingtaine (4) d’exemplaires de Hjortspring,
l’Elbe (fig. 3). Leur répartition est différente de les cottes de mailles ont été trouvées à Putensen
celle des situles romaines du type E.18, E.19 et (région de l’embouchure de l’Elbe) et à Opalenie, à
E.20. Les découvertes des monnaies hors de la proximité de l’embouchure de la Vistule. Les
zone celtique ne sont pas abondantes, néanmoins découvertes de cottes de mailles du Ier siècle après
l’analyse de leur provenance donne des résultats J.-C. de Hedegård (Danemark), de Öremölla
marquants. Nous connaissons les découvertes de (Suède) et éventuellement de Sörup (Allemagne)
ces monnaies, aussi bien des émissions d’Europe montrent une continuité du phénomène à la période
centrale, notamment des Boïens, que des pièces romaine (Hansen, 2003, 63-65, 68, 69, 78).
frappées dans la partie occidentale de la culture
celtique (Brandt, 2001, 126). La répartition des
monnaies occidentales couvre en grande partie la
zone où les chaudrons bimétalliques sont
découverts (fig. 4). Au Danemark, nous
connaissons seulement deux monnaies celtiques.
L’une, trouvée à Vildbjerg, le statère des
Corieltauvi ; la seconde de Munke Bjærgby, le
statère des Trinovantes ou Catuvellauni, toutes
deux provenant des peuples britanniques. Deux
autres monnaies proviennent de l’île de Gotland, le
potin de la série « au rameau » (DT 360), typique
du bassin de la Meuse et de la Sambre (fig. 5 : 1) et
« à la tête casquée/cheval », attribué aux Séquanes
(fig. 5 : 2) (Arne, 1906 ; Arvidsson, 1955 ; Nylén,
1955, 508, 510 ; fig. 300 :1, 2). Une pièce provient
de Sigtuna (Uppland, Suède) (Moberg, 1951, 3 ;
fig. 1 ; 1951a, 140). Une monnaie celtique en
argent des Coriosolites, aujourd’hui disparue,
faisait partie d’une collection appartenant à un
enseignant de Gdańsk, vers la fin du XIXe siècle
(fig. 5 : 3) (3) (Ciołek, 1998, 158, 162, 174, 179).
La répartition de ces mobiliers démontre des
modes de distribution différents. À notre avis, la
majorité des chaudrons à rebord métallique et les
monnaies de la Celtique occidentale trouvées en
Europe centrale et septentrionale arrivent plutôt par
un itinéraire maritime. Cette conception correspond
grosso modo aux hypothèses de R. Hachmann et K.
Peschel (Hachmann, 1990 ; Peschel, 1995).
Figure 7 : La répartition des fourreaux métalliques sans
Nous observons un phénomène semblable le pontet dans le bassin de l’Elbe et en Scandinavie.
pour l’armement. Les cottes de mailles, très rares D’après Völling (2005). 1- 2-reconstitution

en dehors la zone celtique, proviennent de la partie

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Figure 8 : La
répartition des
colliers en or
de type torques
en Europe.
D’après Van
Impe et al.,
(1997-1998)

Figure 9 :
Répartition
des chars en
Europe.
D’après
Schönfelder,
(2002)

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Dans le bassin inférieur de l’Elbe et dans laténiens. Ils sont même proches des colliers
la péninsule du Jutland, on a étudié un type représentés sur le chaudron de Gundestrup (5).
particulier de fourreaux, connu sous le
nom « mittelgermanische Sondergruppe » (Jahn, Les découvertes des chars d’apparat
1916, 114 ; Klindt-Jensen, 1950, 42-45 ; fig. 14, constituent un autre trait proche des traditions
15 ; Frey, 1986, 48, Abb. 2 ; Adler, 1993, passim, celtiques (Klindt-Jensen, 1950, 87-108 ;
Brandt, 2001, 130 ; Völling, 2005, 167 ; Karte, 22) Schönfelder, 2002, 97-126). L’un des deux chars
(fig. 7). Il s’agit des fourreaux métalliques des de Dejbjerg est considéré comme une importation
épées à deux tranchants (fig. 5 : 3). Ils sont adaptés de la zone celtique ; l’autre, vraisemblablement
pour porter l’arme comme les épées à un seul réparé par les artisans indigènes, provient de la
tranchant (suspendues au bandeau passant par même zone ou est d’inspiration celtique. Les
l’épaule, fig. 5 : 3). Les fourreaux en question sont plaques avec les représentations des têtes humaines
dépourvus de pontet au profit de la paire d’anneaux ont été considérées comme des produits celtiques,
disposés sur les côtés. La partie inférieure des mais les découvertes de Fredbjerg dans le centre-
fourreaux ressemble aux bouterolles rectangulaires nord de la péninsule du Jutland peuvent suggérer
des fourreaux à un tranchant. Ces objets ne portent que des appliques semblables, ainsi que les
pas de traces de réparation ni de déplacement du représentations de taureaux et d’oiseaux, ont été
pontet et ils ont très certainement été élaborés fabriquées dans un atelier local. Flemming Kaul
suivant une méthode choisie délibérément. On souligne que les motifs géométriques présents sur
n’observe pas de différences entre la qualité certaines appliques ressemblent au type
technique des fourreaux en question et les d’ornementation des plaques décoratives des
exemplaires celtiques. Ces découvertes démontrent ceintures provenant des tombes des provinces
que, dans le bassin inférieur de l’Elbe, septentrionales allemandes du Schleswig-Holstein.
fonctionnaient des ateliers (ou un atelier) dans Actuellement, du Danemark, proviennent six chars
lesquels (ou dans lequel) les artisans avaient un trouvés aussi bien dans des tombes à incinération
savoir-faire égal à celui des artisans celtiques. Ils (Dankirke, Fredbjerg, Kraghede, tombe A, Langå,
ont produit des fourreaux métalliques issus de la tombe 1) que dans des dépôts (Dejbjerg) (fig. 9)
tradition celtique, mais adaptés aux demandes des (Kaul, 2006, 341-343).
sociétés indigènes.
La Scandinavie et le Schleswig-Holstein
Dans la zone en question, nous observons restent les seules régions de la zone non celtique où
aussi d’autres découvertes proches de la tradition des objets décorés d’émail furent découverts. Il
celtique. D’autre part, la Scandinavie reste le seul s’agit aussi bien d’objets de provenance celtique
territoire en dehors de la zone celtique où des (par exemple le char de Dejbjerg) ou de mobilier
torques en or (dit type Havor) ont été trouvés (fig. local, comme la série des ceintures métalliques,
8) (Van Impe et al., 1997-1998 ; Nylén, Lund décorées de rivets émaillés de type celtique (fig.
Hansen, Manneke, 2005 ; Kaul, 2006, 329-331). 10) (Nylén, 1955, 452-477, 537 ; Abb. 302 : 17-
En Scandinavie, quelques représentations de 29). L’ornementation d’émail dans cette région,
personnages portant des torques (ou les colliers du considérée traditionnellement comme une
type torques) ont été découvertes. Il s’agit surtout influence celtique, est plutôt un ajout d’une pièce
de l’applique en bronze de Västra Vång (Suède) et celtique importée. En effet, certains rivets trouvés
de celle, en terre cuite, trouvée à Havors Fornborg, dans cette région sont exactement du même type
Gotland (Görman, Henriksson, 2006). Ce sont peut que les objets fabriqués dans la zone celtique, par
être des objets indigènes, mais ils présentent exemple à Bibracte (Arne, 1903 ; Challet, 1992,
plusieurs ressemblances avec des modèles 118-123 ; Schönfelder, 2002, 216-219). Dans la
même région de l’Europe du Nord, le motif

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Figure 10 : Les rivets émaillés provenant de Scandinavie


et les analogies avec ceux de Bibracte. 1-Lilla Sojvide,
Gotland ; 2-Dejbjerg, Jutland ; 3-Gotland, sans
provenance extacte ; 4-7-Bibracte. D’après Arne (1903)

Figure 11 : Les objets


avec un motif de la tête
du taureau aux cornes
bouletées, provenant du
bassin de la mer Baltique.
1 - Kvinneby, Öland,
Suède ; 2 - Klein-
Moitzow, Allemagne ; 3 -
Sophienborg, Zélande,
Danemark ; 4 - Søften,
Danemark ; 5 -
Mingfen/Miętkie, Pologne

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celtique des bovidés aux cornes bouletées a été Jutland. Dans le mobilier indigène de la culture
adopté, puis adapté. Nous retrouvons des d’Oksywie, on trouve des objets en bronze :
découvertes dont la provenance celtique est fibules, parures, etc. Les découvertes en bronze de
incontestable, telle qu’une attache de seau de la culture de Przeworsk sont extrêmement rares.
Sophienborg, mais cette stylistique a été adaptée Pratiquement, tous les objets élaborés en bronze
pour la production locale (fig. 11 : 3). Ensuite, on a sont considérés comme des importations, alors que
orné de la même façon les pièces métalliques des le fer domine nettement dans le domaine de la
cornes à boire et des fibules et cette tradition a métallurgie. Il faut rappeler qu’à cette époque, les
subsisté jusqu’au IIe siècle après J.-C. Le motif des populations habitant les terres polonaises n’avaient
cornes bouletées, ainsi que les colliers en or pas la possibilité de fabriquer du bronze. Ils
révèlent des influences de la culture celtique en n’exploitaient pas les minerais de cuivre, d’étain,
Europe du Nord. Ce ne sont pas les seules à de zinc et de plomb. Comment la population de la
atteindre les sociétés septentrionales. Les culture d’Oksywie avait-elle l’accès au bronze si,
importations italiques, comme par exemple une au sud, ce métal n’était pas répandu ? On peut
situle à Ryd, mettent en évidence la diversité et la proposer le pillage des tombes de l’âge du Bronze
pluralité des contacts entre la Scandinavie et le comme seul approvisionnement, mais ceci nous
reste de l’Europe. semble très peu probable. En revanche, peut-être
les habitants de la zone littorale de la Pologne
Certains traits de la culture celtique sont avaient-ils accès au bronze par la zone baltique ?
visibles aussi dans l’embouchure de la Vistule et La présence de ce métal pourrait être encore la
sur les côtes méridionales de la Baltique. Le preuve indirecte de contacts entre la culture
modèle admis de laténisation de la Pologne est d’Oksywie et la Scandinavie. La totalité des
fondé sur le principe des influences celtiques découvertes celtiques ou inspirées par les
venues du sud, la Bohême, la Moravie et les influences laténiennes dans la zone de la mer du
enclaves en Silésie et en Petite Pologne. Ces Nord et de la Baltique ont plusieurs traits communs
courants devaient passer par l’intermédiaire de la avec la partie occidentale de la culture celtique, la
culture de Przeworsk pour atteindre la partie Gaule et les îles Britanniques.
septentrionale de la Pologne. Cependant, les
phénomènes présentés ci-dessus permettent de 3.2. Prémisses géographiques
proposer une nouvelle hypothèse. Dans le mobilier
de la culture d’Oksywie, on retrouve des éléments L’hypothèse de la navigation par La
de provenance laténienne qui sont absents au sud, Manche, et ensuite par la mer du Nord, reste une
sur les terres les plus au contact des Celtes. entreprise primordiale pour l’analyse des itinéraires
L’unique découverte de char, datée de LT C2, maritimes entre la Gaule et le bassin de la Vistule.
provient de Brzeźniak, au nord-ouest de la La disposition des courants et les vents, suivant les
Pologne. Cinq chaudrons sur neuf, bimétalliques, données issues des cartes maritimes, rend possible
trouvés en Pologne proviennent de la zone le franchissement de la distance séparant
septentrionale, notamment de l’embouchure de la l’Angleterre de la péninsule du Jutland en huit à
Vistule. Les découvertes mentionnées ci-dessus, onze jours de navigation à la rame et seulement
comme les fourreaux avec les frettes en forme de cinq jours environ à la voile (cependant, en été, la
triples esses ou les fibules gauloises du type 11 de prédominance des vents soufflant vers la
Feugère, proviennent de la zone septentrionale de Scandinavie n’est pas très marquée). Même si ces
la Pologne et ils sont absents dans la zone proche évaluations sont sous-estimées et qu’on les
de la culture celtique. En même temps, les traits du augmente de 50 %, ces calculs restent très
« faciès occidental » de la culture celtique sont favorables à la navigation entre La Manche et la
beaucoup plus visibles dans la péninsule du péninsule du Jutland. Les jours d’intempérie ne

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L’itinéraire maritime et fluvial entre la Celtique occidentale et le bassin de la Vistule : une route méconnue du Second âge du Fer ?
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comptent que pour 2 à 5 % du temps de navigation IVe siècle avant J.-C. (Müller-Wille, 1999, 38, 39 ;
en été et 10 à 20 % en hiver (Carver, 1990, 119- Randsborg, 1999, 192, 193). Les cottes de maille
124, fig. 15, 16). Comme on l’a signalé plus haut, de Hjortspring constituent la découverte
les découvertes des chaudrons bimétalliques en exceptionnelle d’une importation laténienne et le
dehors de la zone celtique se concentrent dans le témoignage le plus ancien des contacts celto-
bassin inférieur de l’Elbe. Ce fait a été rattaché, à germaniques (6). Selon Klavs Randsborg, le dépôt
tort, à l’offensive des légions pendant le règne de Hjortspring est un échantillon du butin qui
d’Auguste (Keiling, 1984 et 1989). Cette permet d’évaluer le nombre de soldats d’une
conception est erronée. Ces chaudrons proviennent escouade de guerriers vaincus. Il a considéré
en partie de tombes datées de la première moitié du certaines catégories d’armements (cottes de
Ier siècle avant J.-C. Ils ont été trouvés surtout dans mailles, deux types principaux de boucliers, les
les nécropoles situées au long d’un « raccourci » pointes de lances différentes) comme des
optimal qui liait la mer du Nord à la mer Baltique. marqueurs du « grade ». Il a proposé que les
La navigation autour de la péninsule du Jutland, envahisseurs possédaient six à huit bateaux environ
surtout le long de sa façade occidentale et dans les avec, dans chacun d’eux, un équipage de vingt
détroits danois (Petit Belt, Grand Belt et Öre personnes, composé du capitaine, de son
Sund), est relativement difficile, tandis que leur « adjudant » et des guerriers-rameurs (Randsborg,
contrôle (et blocus éventuel) est facile. Nous 1995, 39-42). Cette armée, bien équipée et
connaissons plusieurs constructions navales de organisée, était issue d’une société qui avait des
type barrage et rangs de pieux, dont une partie est contacts avec les Celtes. Le dépôt de la tourbière
datée des derniers siècles avant J.-C. (Randsborg, de Hjortspring n’est pas un sacrifice de mobilier
1995, 70). Au Moyen Âge, pour éviter le passage local. C’est le témoignage d’une bataille où la
difficile par des raz danois, les Vikings ont population indigène a vaincu les envahisseurs, dont
pratiqué le portage des bateaux à la base de la l’équipement et l’armement ont ensuite été jetés
péninsule du Jutland, entre la baie de Flensburg dans le marais. Ces mœurs se sont maintenues
vers le fleuve Treene qui se jette dans la mer du pendant la période des influences romaines.
Nord. Hedeby (Haithabu), l’emporium viking situé
aux environs de Flensburg, a joué le rôle principal Dans la péninsule du Jutland et dans les
au long de cet itinéraire. Des indices laissent îles danoises, dans les marais d’Illerup, Thorsberg,
supposer que cette route mixte fluvio-terrestre était Nydam, Vimose, Ejsbøl et les autres, nous
déjà fréquentée aux époques précédentes. La retrouvons l’armement et l’équipement propre aux
découverte exceptionnelle de Hjortspring sur l’île envahisseurs venus de Norvège du Sud ou du
d’Als peut servir d’argument. Dans les années 30 bassin inférieur de l’Elbe. D’où sont venus les
du XXe siècle, dans une tourbière, avec un bateau guerriers dont les panoplies ont été noyées à
dont la longueur dépasse vingt mètres, au moins Hjortspring ? Le caractère exceptionnel de la
soixante-quatre boucliers et d’autres armements, découverte n’aide pas à répondre à cette question.
dont cent soixante-neuf lances, onze épées (surtout Le mobilier des nécropoles et des habitats proches
des exemplaires à un tranchant), dix à vingt cottes d’Als, ainsi que des territoires plus éloignés, ne
de maille environ furent découverts (Rosenberg, ressemble pas aux découvertes de Hjortspring. Les
1937 ; Kaul, 1988 ; Randsborg, 1995). Suite aux pyxides en bois, trouvées dans la tourbière,
recherches reprises en 1987, vingt pointes de présentent des analogies avec certains types de
lances ont été trouvées et il est possible qu’une céramique présents surtout dans le bassin inférieur
partie du dépôt soit toujours dans la tourbière. de l’Elbe. Randsborg souligne que l’analyse
Suivant les analyses 14C, la découverte de dendrologique des planches du bateau coulé à
Hjortspring est aujourd’hui datée des environs de Hjortspring a démontré qu’elles pouvaient provenir
l’année 350 avant J.-C. ou de la IIe moitié du des régions plus douces que les bords de la mer

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Baltique. Les environs de Hamburg restent la Remarquons qu’au long de ces itinéraires
localisation la plus plausible (Randsborg, 1995, 33- on observe la présence des chaudrons
37, 65, 66, fig. 10, 21, 22). Randsborg a étudié les bimétalliques, datés du Ier siècle avant J.-C. et du
itinéraires entre le bassin inférieur de l’Elbe et l’île début du siècle suivant. Dans la mer Baltique, le
d’Als et il suppose que la flottille n’a pas tenté de long des côtes méridionales de l’ouest à l’est, un
contourner la péninsule du Jutland. Selon lui, les courant favorise la navigation. Il est plus difficile
envahisseurs devaient plutôt choisir le raccourci de naviguer directement vers l’ouest le long des
par la route fluviale et terrestre. Ils pouvaient côtes, mais c’est tout à fait faisable à une certaine
naviguer par la Treene, qui passe par la péninsule distance des côtes. Sur la route du retour, l’île de
du Jutland et se jette dans la mer du Nord ou bien Bornholm a pu jouer un rôle important. Sur cette
se diriger vers le sud-est, la source de l’Elbe et ses île, cinq chaudrons bimétalliques ont été
affluents septentrionaux, pour franchir ensuite découverts (mais aucune importation de vases de
seulement quelques kilomètres par portage, vers les provenance romaine). Dans la partie centrale de la
fleuves qui se jettent dans la mer Baltique (lac du côte baltique, région de Łeba, se trouvent les lacs
Ratzeburg, Schaale) (Randsborg, 1995, 66, 67). Łebsko, Jamno et Gardno, qui sont d’anciennes
Ces routes, plus simples et plus accessibles, baies fermées par l’accumulation de sable sur les
permettaient aux bateaux à faible tirant d’eau barres. Leur genèse est directement liée à l’action
d’éviter la navigation dangereuse autour la du courant marin qui passe au long des côtes. Près
péninsule du Jutland (fig. 12). de ces lacs, des nécropoles de la culture d’Oksywie

(Kopaniewo, Będziechowo) ont été mises au jour.


Parmi le mobilier se trouvaient des importations
Figure 12 : Les passages hypothétiques entre la mer du
Nord et la mer Baltique et la position de certains sites celtiques, notamment un fourreau orné de la plaque
mentionnés dans le texte opus interrasile. Ces trouvailles attestent de
l’existence, dans cette région, d’une population

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L’itinéraire maritime et fluvial entre la Celtique occidentale et le bassin de la Vistule : une route méconnue du Second âge du Fer ?
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relativement riche. Cette richesse ne vient pas de la Gaule transalpine, Pythéas n’allait pas chercher
l’agriculture parce que les sols de cette région sont ses sources au nord. Il semble alors que la dernière
extrêmement sableux. Le fonctionnement de ces étape de l’importation d’étain à Massalia était
établissements est lié à la présence d’une escale qui également la même que celle d’une partie de
reste à découvrir dans la région des lacs (qui, à l’ambre. Dans de nombreuses polémiques et
cette époque-là, étaient des baies). Cette hypothèse discussions, on a essayé d’étudier toutes les étapes
est attestée par des importations scandinaves au Ve du voyage de Pythéas. Nous ne savons pas s’il a
siècle après J.-C., également présentes dans cette emprunté seulement la route maritime, ou s’il a
région. On observe donc la convergence des suivi l’itinéraire des commerçants massaliotes qui,
prémisses géographiques qui sont la possibilité face au blocus carthaginois de Gibraltar, sont
d’un itinéraire et des prémisses archéologiques qui passés par la Garonne ou sont montés le long du
peuvent attester son fonctionnement. Rhône puis vers la Saône. Ensuite, ils passaient par
la Bourgogne et, par le cours de la Loire, ils
3.3. Prémisses historiques pouvaient atteindre la façade atlantique. Strabon,
citant Polybe, mentionne que Pythéas n’était pas un
Le fonctionnement d’un même itinéraire à homme riche (Géographie, II, 4, 2). Il est donc
plusieurs époques (7) est, à juste titre, considéré difficile de supposer qu’il disposait de son bateau.
comme un argument sérieux pour l’analyse des Il suffit de rappeler que le coût journalier du
réseaux de communication à une période donnée. voyage maritime est estimé à cent drachmes
Pour l’âge du Bronze, Maréva Gabillot a démontré environ, sans compter le prix du bateau et de
l’existence de plusieurs types de mobiliers qui sont l’équipement (Knapowski, 1958, 27). De plus, il
communs au nord de la France, aux îles aurait eu à franchir le blocus carthaginois (même si
Britanniques et à la péninsule du Jutland (Gabillot, les Carthaginois étaient affaiblis après la bataille de
2003). Nous ne connaissons pas la nature des Crimissos, en 339 avant J.-C.). On peut donc
contacts entre ces zones, mais les ressemblances supposer que Pythéas n’a pas entrepris le voyage
sont incontestables. Le développement des cultures sur son propre bateau, mais qu’il a dû utiliser les
riches de l’âge du Bronze sur la péninsule du moyens de transport locaux. Pour commencer, il a
Jutland était lié, probablement, à la présence de pu suivre la route fluviale par la Gaule. Il faut
l’ambre. La découverte de Hjortspring, présentée rappeler que son but était de trouver les sources
de façon résumée ci-dessus, peut être considérée d’étain au nord et non pas de passer le détroit de
comme un argument en faveur du fonctionnement Gibraltar. Alors, au lieu de risquer de rencontrer les
du passage fluvio-terrestre au IVe siècle avant J.-C. Carthaginois, il lui suffisait de suivre l’itinéraire
des marchands massaliotes par la route Rhône-
Une prémisse précieuse permet de Saône-Loire/Seine ou par l’isthme gaulois et la
supposer l’existence des contacts maritimes entre Garonne. Après être arrivé sur les îles
les côtes de la Manche et les terres situées plus à Britanniques, il a pu continuer son voyage vers
l’Est. Il s’agit du voyage de Pythéas, daté le plus l’est avec les bateaux locaux, par la route connue
souvent de la deuxième moitié du IVe siècle avant des autochtones. On sait que Pythéas est arrivé
J.-C. Son rapport ne nous est pas parvenu, mais son jusqu’à une île nommée Balcia/Abalus/Basilia, où
itinéraire a été mentionné dans les travaux de Pline, les indigènes ramassaient l’ambre pour le
Strabon, Athénée et d’autres. Pythéas a quitté transporter vers le continent. On dit que cette île
Massalia à la recherche des sources d’étain et jouait le même rôle pour le commerce de l’ambre
d’ambre. Il faut remarquer que cette définition de que l’île Ictis (Scilly ? Wight ?) pour le commerce
ses objectifs laisse croire à l’hypothèse selon de l’étain. C’était aussi un centre de négociations.
laquelle l’ambre et l’étain sont arrivés à Massalia La localisation de cette île reste l’objet de
par le même chemin. Si l’ambre était transporté par polémiques (Knapowski, 1958 ; Dion 1977, 175-

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222 ; Fabre, 1985 ; Cunliffe, 2001), mais ce n’est de Hedeby/Haithabu comme plaque tournante dans
pas une question importante pour notre étude, s’il le passage semi-terrestre à la base de la péninsule
faut l’identifier avec Helgoland, avec les îles du Jutland a été signalé plus haut.
Baltiques (8) ou avec une île qui de nos jours
n’existe plus. Il suffit de constater que Pythéas a Au vu de toutes ces traditions de
voyagé vers le nord de l’Europe, peut être jusqu`à communication par la mer du Nord et la Baltique,
la péninsule du Jutland, et qu’il a aussi bien antérieures que postérieures à l’époque
vraisemblablement suivi les itinéraires locaux avec celtique, le fonctionnement de la même route dans
les moyens de transports locaux. les derniers siècles avant J.-C. paraît très probable.
Si ce n’était pas le cas, l’abandon de cet itinéraire
À l’époque des influences romaines, maritime serait inexplicable.
l’itinéraire maritime (ou combiné fluvial et
maritime) reliait les provinces impériales de 4. POSSIBILITÉS TECHNIQUES
l’Ouest au Barbaricum. Pendant le règne
d’Auguste, l’expédition maritime a atteint la Si Pythéas dut voyager au nord et à l’est
péninsule du Jutland (connue sous le nom de des îles Britanniques avec les moyens de transport
Chersonèse cymbrique). En Zélande fonctionnait locaux, il faut se poser la question : les Celtes
un grand centre de redistribution d’importations disposaient-ils des bateaux permettant d’effectuer
romaines (Lund Hansen, 1988). Sur le site de ce parcours ? De même, pouvaient-ils naviguer à la
Gudme-Lundeborg (Fionie), de nombreuses recherche d’ambre et d’autres marchandises ?
découvertes de monnaies et d’autres importations
romaines attestent l’importance des échanges avec Actuellement, nous ne connaissons aucune
l’Empire (Nielsen, Randsborg, Thrane, 1994). découverte de bateau permettant les croisières
Outre les importations civiles, le trafic illégal (9) maritimes à cette époque, ni d’autres témoignages
d’armement fut également pratiqué. On estime archéologiques de la batellerie celtique.
qu’au moins 80 % des épées de la période romaine Néanmoins, le niveau artisanal, technique et le
tardive (C1b selon Eggers) trouvées en savoir-faire général des Celtes permettent de
Scandinavie proviennent de l’Empire (Lønstrup, supposer qu’ils devaient en disposer. Les grands
1986) ! bateaux qui pouvaient effectuer les voyages
maritimes existaient déjà à l’âge du Bronze. On a
Au Bas-Empire et à l’époque des Grandes mis en évidence les contacts entre les îles
Migrations, les Jutes, les Angles et les Saxons ont Britanniques et la Scandinavie où se trouvent les
effectué des incursions sur les rivages gaulois et gravures rupestres représentant de longs bateaux.
britanniques. D’après les sources écrites, à cette La découverte de Hjortspring prouve ce haut
époque-là, la route maritime entre la péninsule du niveau de batellerie. Ce bateau, de type canoë, a été
Jutland et La Manche fut fréquentée relativement construit en planches « cousues » avec des cordes.
souvent, bien que les découvertes archéologiques Nous disposons aussi des témoignages de César
ne confirment pas ce phénomène (Marin, 1992). (BG III, 8, 13, 14) et de Strabon (IV, 4, 1) sur la
flotte des Vénètes, des représentations de navires
L’activité des Vikings au Moyen Âge, sur les monnaies (surtout des Ménapiens, des
attestée aussi bien par les sources écrites que par Unelles et des Morins). Dans le dépôt de Broighter
les découvertes archéologiques, démontre (Irlande) se trouvait un modèle d’un navire en or,
clairement qu’un passage maritime entre la muni d’un mât et de plusieurs paires de rames
Scandinavie et l’Europe de l’Ouest (et le retour à (McGrail, 1987 ; 1990 ; 1996). Nous avons aussi
l’Est) n’était pas un projet trop difficile pour les des données indirectes ; ce sont les découvertes des
bateaux ouverts, propulsés par des rames. Le rôle bateaux de construction définie comme « celto-

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L’itinéraire maritime et fluvial entre la Celtique occidentale et le bassin de la Vistule : une route méconnue du Second âge du Fer ?
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romaines » du Ier - IIIe siècle après J.-C. Ce sont populations de la Gaule et les peuples du Nord-Est.
des vaisseaux dont les principes de construction ne Il est très intéressant que, dans cette région, nous
découlent pas d’un héritage méditerranéen typique retrouvions l’adaptation des marqueurs de prestige
des Romains. Le niveau technique élevé et la typiques de la culture celtique, quoiqu’une partie
diversification des constructions de ces bateaux de ces derniers soit de production locale. Il s’agit
(comme l’épave « Blackfriars I », ainsi que les d’abord des chars d’apparat, comme celui de
découvertes de Guernsey et de Bruges) démontrent Dejbjerg et des colliers du type Havor. Les
qu’ils profitent d’une longue tradition indigène chaudrons, y compris l’exemplaire de Gundestrup,
(Marsden, 1990 ; Rule, 1990 ; McGrail, 1995). font partie de ces marqueurs. Les influences
celtiques se limitent au mobilier propre au groupe
À part les bateaux en bois, les Celtes ont de l’aristocratie. On peut proposer le schéma
utilisé des vaisseaux du type « curragh ». Sur un suivant pour la diffusion des importations et
squelette en bois était tendue une enveloppe de influences celtiques en Europe centrale et
cuirs cousus. Dans son De Bello Civile, César septentrionale :
donne une description « des vaisseaux que les
légionnaires ont appris à faire en Bretagne » (BC I, 5.1. La culture de Przeworsk
54). La tradition de construction de ces bateaux a
subsisté pendant des siècles. Plusieurs détails La genèse de cette culture est liée aux
techniques concernant leur construction sont influences celtiques et à la culture de La Tène. Ces
fournis par Navigatio Sancti Brendani Abbatis, une influences sont nombreuses et touchent la plupart
épopée anonyme de XIIe siècle. Suivant ces de la société indigène. Le mobilier est proche de
informations et se basant sur les techniques celui des modèles celtiques, les importations ou les
traditionnelles irlandaises, Tim Severin a construit imitations éventuelles sont répandues. L’armement
un bateau-curragh à deux mâts. Ce vaisseau avait démontre plusieurs similitudes avec le milieu
une ossature en frêne et en chêne, recouverte par celtique, même dans les tombes moyennement
une enveloppe de plusieurs dizaines de peaux de équipées. Les fibules proches des modèles
bovidés cousues avec des fils de lin et celtiques sont largement utilisées. Les outils
imperméabilisés par trempage dans la graisse (haches, ciseaux) sont des imitations ou des
ovine. Severin a prouvé les capacités de son bateau importations celtiques. Dans la partie méridionale
en traversant l’océan Atlantique avec un relais en de la Pologne, à côté des tombes à incinération, il
Islande (Severin, 1983). Pour conclure, il faut existe aussi des enclos quadrangulaires. Dans la
constater que les Celtes disposaient partie centrale de la Pologne on retrouve, mais
vraisemblablement des moyens techniques rarement, de la céramique celtique graphitée ou
suffisants pour entreprendre les voyages maritimes peinte. Il manque des tombes princières et des
vers l’Est. objets très précieux, y compris en or et en argent.
On ne peut pas démontrer la présence de chefs,
5. LA PLURALITÉ DES MODÈLES DE mais les tombes riches, avec des panoplies
LATÉNISATION ET LES IMPORTATIONS complètes, ne sont pas rares. Cette image est un
CELTIQUES COMME MARQUEURS DE LA effet des contacts relativement intensifs et répétitifs
POSITION SOCIALE DANS LES CULTURES entre les Celtes et les membres de plusieurs
DU BASSIN DE LA VISTULE ET EN couches des populations indigènes. Par les terres de
SCANDINAVIE la culture de Przeworsk, passait la route de
l’ambre. Par la présence des Celtes dans le milieu
À la lumière des arguments présentés ci- de la culture de Przeworsk la population locale
dessus, il est évident que la péninsule du Jutland a avait de nombreuses occasions d’adapter les
joué un rôle crucial dans les contacts entre les éléments laténiens.

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dans la péninsule du Jutland, soit pour travailler


5.2. La culture d’Oksywie pour les « chefs » en tant qu’artisans spécialisés,
soit en tant que commerçants. S’ils sont venus par
C’est une culture située à l’écart du milieu la voie maritime, les ports étaient des endroits
celtique, mais sa population a disposé de l’ambre ponctuels de contacts interculturels.
recherché par les peuples d’Europe. Néanmoins,
cette situation ne se reflète pas dans le mobilier Le schéma présenté ci-dessous met en
local d’une façon frappante. Il semble que cette évidence l’existence, en Europe centrale, de la
population de la culture d’Oksywie ne tirait pas de zone par laquelle passait « la route de l’ambre »,
grands profits de la gestion des sources d’ambre. fréquentée, peut-être organisée par les Celtes. Les
Sa structure sociale paraît identique à celle de la importations celtiques ont été distribuées au long
culture de Przeworsk. Il n’y a pas de tombes de cette route, mais elles sont rarement arrivées
princières. Les importations celtiques sont jusqu’au bord de la mer Baltique. Pourtant, les
présentes seulement dans les tombes relativement populations scandinaves avaient des contacts avec
riches, mais elles sont nettement moins les peuples celtiques, mais ces relations étaient peu
nombreuses qu’au sud. L’armement démontre intensives et limitées aux élites. Ce caractère des
plusieurs traits indigènes. On ne connaît pas de relations suggère la possibilité d’existence de
céramique celtique. contacts maritimes. Les influences celtiques
« septentrionales » arrivaient, quoique affaiblies,
5.3. Les cultures du bassin inférieur de jusqu’aux côtes méridionales de la Baltique et aux
l’Elbe et de la péninsule du Jutland îles Baltiques. Il semble que la population de la
culture d’Oksywie n’avait pas de contact direct
Ces cultures ne se trouvaient pas à avec les Celtes, qui n’ont pas tenté d’arriver
proximité de la culture celtique. Les importations jusqu’aux sources de l’ambre. Ils se sont contentés
celtiques peu nombreuses, sont pratiquement de pénétrer la zone de la culture de Przeworsk et
présentes seulement dans les tombes les plus d’arriver jusqu’à la péninsule du Jutland. Les
riches. Des découvertes révèlent la présence de dernières (10) étapes de la route de l’ambre ainsi que
« chefs » surtout dans la péninsule du Jutland. Les l’itinéraire maritime ont été assurés par les
modèles celtiques sont adoptés, mais à très petite populations locales. La voie maritime liait la
échelle. On observe une activité artisanale de Baltique et la péninsule du Jutland. Grâce au
qualité, dont les produits démontrent l’alliance des réseau fluvial du bassin de l’Elbe et de la péninsule
traditions locales et du savoir-faire celtique. Les du Jutland, l’utilisation des voies terrestres
produits de ce type sont absents en Pologne où l’on permettait de relier assez facilement et rapidement
observe soit des importations, soit des imitations la mer Baltique à la mer du Nord. L’itinéraire
locales. Le savoir-faire celtique pour créer des maritime parvient ensuite en Manche, d’où il y a
objets de tradition locale est inconnu dans le bassin un accès au nord aux îles Britanniques et au sud à
de la Vistule. La présence de ces objets démontre la Gaule. Pour celle-ci, les marchandises provenant
l’existence d’un groupe d’artisans de haut niveau de l’est ou des îles Britanniques sont diffusées dans
technique et au savoir-faire celtique, qui a produit le nord de la France actuelle à partir de la région de
des objets destinés aux chefs locaux. L’aristocratie Boulogne, ou vers la Gaule de l’est par la Seine et
monopolise les contacts avec les Celtes, mais les la Bourgogne.
relations réciproques ne sont pas très fortes. Ce
modèle peut s’expliquer par la venue de Celtes

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L’itinéraire maritime et fluvial entre la Celtique occidentale et le bassin de la Vistule : une route méconnue du Second âge du Fer ?
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NOTES occidentale, quoique certains traits, démontrés par R.


Hachmann, méritent attention (Hachmann, 1990).
1) Cet article est un des fruits de ma bourse post-
doctorale. Grâce au financement accordé par la Région 6) Parfois, les casques élaborés en bois provenant
Bourgogne, j‘ai eu l’honneur de travailler au sein de d’Uglemose (Lolland, Danmark) sont considérés comme
l’UMR 5594 ARTeHIS « Archéologie-Histoire-Sociétés des imitations des casques du type Negau, mais leur
», équipe 3 : «Société gauloise, romanisation, sociétés datation n’est pas attestée (Kaul, 1995, 31, 32).
impériales», avec un siège au Centre archéologique
européen de Bibracte. Je voudrais remercier tout le 7) Le terme « historique » est utilisé au sens large pour
personnel de l’UMR 5594 ARTeHIS et de Bibracte, définir la totalité du passé, et non seulement la période
surtout Jean-Paul Guillaumet, qui m’a chaleureusement pour laquelle nous disposons de sources écrites.
accueilli et à qui je suis particulièrement reconnaissant
pour ses sages conseils et le temps qu’il m’a accordé. 8) Néanmoins, il faut rappeler qu’il est très peu probable
qu’il ait pu entrer dans la mer Baltique, comme le
2) Je tiens à remercier ici Éloïse Vial (Bibracte-Centre veulent certains chercheurs. Cette hypothèse se base
archéologique européen du mont Beuvray) ainsi que surtout sur la localisation du peuple des Guiones au bord
Maciej Karwowski (université de Rzeszów) pour leur de la mer Baltique, ce qui n’est pas prouvé.
concours amical.
9) L’importation d’armement en dehors l’Empire était
3) Les circonstances de la découverte ne sont pas claires, interdit, mais ces interdictions n’étaient pas efficaces si
bien que nous disposions d’un témoignage qui l’on se réfère à la fréquence de répétitions des décrets.
mentionne la trouvaille « entre les racines d’un chêne, à
trois pieds de profondeur » (Ciołek, 1998, 165). 10) Si l’on admet que l’acheminement a été géré par les
Celtes, donc qu’il commençait sur le territoire celte et se
4) Voir les remarques de Randsborg (1995, 26-30, 39- dirigeait vers la mer Baltique.
42).

5) Compte tenu de la polémique vive autour de la


provenance de chaudron de Gundestrup, il est difficile de
le traiter indubitablement comme une importation

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