La Baisse de La Fécondité Et Le Développement en Tunisie

‫دراسات وأبحاث ا لة العر ية لﻸبحاث والدراسات العلوم اﻹ سانية واﻻجتماعية‬
‫ﻣﺠلد ‪ 15‬عدد ‪ 1‬جانﻔﻲ ‪ 2023‬السنة ا اﻣسة عﺸر‬ ‫‪ISSN: 1112- 9751 / EISSN: 2253-0363‬‬
‫ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ‬
‫‪La baisse de la fécondité et le développement en Tunisie‬‬
‫تراجع ا صو ة والتنمية تو س‬
‫ـــــــــ ــ ـ ــ ــــــــــــ ــ ـــــــــــــــــــــــ ــ ـ ــ ــــــــــــ ــ ـ ــ ــــــ ـ ــ ـ ــ ــــــــــــ ــ ـ ــ ــــــــــــ ـــــــ ــ ـ ــ ــــــــــــ ــ ـــــــــــ ــ ـ ــ ــــــــــــ ــ ـ ــ ــــــــــــ ــ ـــــــــــــــــــــــ ــ ـ ــــــــــــ ـ ــ ـــــــــــــــــــــــ ــ ـ ــــــــــــــــــ ــ ــ‬
‫‪Dr.Adel Bousnina‬‬
‫)‪Maître de conférences (Université de Tunis‬‬
‫د‪.‬عادل بوسنينة‬
‫أستاذ ﻣﺤاﺿﺮ )ﺟاﻣﻌة ﺗوﻧﺲ(‬
‫‪nsira2002@yahoo.fr‬‬
‫ــــــ ــــــ ـــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ـــــــ ـــــــ ــــــ ــــــ ـــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ـــــــ ـــــــ ــــــ ــــــ ـــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ـــــــ ــــــــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــــ ــــ ــــــ ــــــ ـــ‬
‫ـ‬
‫‪2022-12-23‬‬ ‫ﺗاريخ القبول ‪:‬‬ ‫‪2022-07-14‬‬ ‫ﺗاريخ اﻻستﻼم ‪:‬‬
‫ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ‬
‫‪70‬‬
‫ السنة ا اﻣسة عﺸر‬2023 ‫ جانﻔﻲ‬1 ‫ عدد‬15 ‫ﻣﺠلد‬ ISSN: 1112- 9751 / EISSN: 2253-0363
Résumé
Les interrelations entre la baisse de la fécondité et le développement en Tunisie sont
importantes à plus d’un titre. Ces interactions entre les deux variables concernent les deux
sens de la relation, en ce sens que le développement ‘‘sécrète’’ les changements
démographiques et que ces derniers peuvent faciliter la réalisation de la transition socio-
économique. En premier lieu, la fécondité est déterminée par certaines variables socio-
économiques et culturelles, notamment la diffusion de la contraception, le recul de l’âge au
premier mariage, le développement de l’éducation et de l’activité féminine...En second lieu,
les répercussions de la baisse récente de la fécondité sont multiples puisqu’elles sont d’ordre
démographique, économique, éducatif... Par ailleurs, cette maîtrise du croît démographique
a souvent facilité la satisfaction des demandes additionnelles des différents services.
Ainsi, l’objectif de cet article est de montrer les déterminants et les répercussions socio-
économiques du fléchissement de la fécondité, et ce avant de consacrer la dernière partie à
l’étude empirique qui nous permettra de mettre en évidence les interrelations entre la
variable démographique et le développement en Tunisie.
Mots clés : Développement, fécondité, éducation, emploi.
‫الملخص‬
ً
، ‫ ذه التفاعﻼت ب ن اﳌتغ ين تتعلق بكﻼ اتجا العﻼقة‬.‫العﻼقة اﳌتبادلة ب ن تراجع ا صو ة والتنمية تو س م مة جدا‬
ً
‫ أوﻻ‬.‫بمع أن التنمية تؤثر ع اﳌتغ ات الديموغرافية وأن ذه يمكن أن س ل تحقيق التغ ات اﻻجتماعية واﻻقتصادية‬
‫ وتأخر‬، ‫ ﻻ سيما ان شار وسائل منع ا مل‬، ‫ يتم تحديد ا صو ة من خﻼل متغ ات اجتماعية واقتصادية وثقافية معينة‬،
ً
‫ تداعيات اﻻنخفاض ا صو ة متعددة ﻷ ا ذات طبيعة‬، ‫ ثانيا‬... ‫ وتطور التعليم و شاط اﻹناث‬، ‫السن عند الزواج‬
ً
‫غالبا ما س ّ ل تلبية الطلبات‬ ‫ فإن ذا التحكم النمو الديموغرا‬، ‫ عﻼوة ع ذلك‬... ‫ديموغرافية واقتصادية و عليمية‬
.‫اﻹضافية من ا دمات ا تلفة‬
‫ قبل‬، ‫ فإن ال دف من ذا اﳌقال و إظ ار ا ددات والتداعيات اﻻجتماعية واﻻقتصادية ﻻنخفاض ا صو ة‬، ‫و التا‬
‫تخصيص ا زء اﻷخ للدراسة التجر ية )تحليل احصا ي( ال ست يح لنا إبراز العﻼقات اﳌتبادلة ب ن ال كيبة الس انية‬
.‫اﳌتغ ة والتنمية تو س‬
.‫ العمل‬، ‫ التعليم‬، ‫ ا صو ة‬، ‫ التنمية‬:‫ال لمات اﳌﻔتاحية‬
Abstract
The interrelationships between the decline of fertility and development in Tunisia are very
important. These interactions between the two variables concern both directions of the
relationship, in the sense that development conceals demographic changes and that population
can facilitate the achievement of socio-economic transition.
First of all, fertility is determined by certain socio-economic and cultural variables, in
particular the spread of contraception, the delay in the age at first marriage, the development of
education and female activity, etc. Secondly, the repercussions of the recent decline in fertility
are multiple since they are demographic, economic, educational... Moreover, this control of
population growth has often facilitated the satisfaction of additional demands from the various
services.
Thus, the aim of this article is to show the determinants and the socio-economic repercussions
of the decline in fertility, before devoting the last part to the empirical study which will allow us
71
to highlight the interrelationships between the variable demographics and development in
Tunisia.
Keywords: Development, fertility, education, employment.
Introduction qui doit tenir compte dans chacune de ses

L’approche démo-économique tunisienne est actions des problèmes humains.
caractérisée par sa globalité et par L’étude de la relation entre la baisse de la
l’interdépendance entre les problèmes fécondité et le développement nous amène à
démographiques et la politique de focaliser notre intérêt sur certains thèmes relatifs
développement grâce au lien organique entre les à cette problématique. A cet égard, plusieurs
deux aspects. La réalisation de l’efficacité variables ont un effet restrictif sur la fécondité.
économique ne peut se passer des questions de Cette dernière est liée à des facteurs biologiques
la population car la croissance démographique ou de comportement qui l’influencent d’une
rapide peut freiner -ou du moins ralentir- le façon directe. Elle est affectée également par
processus du développement et peut causer d’autres facteurs socio-économiques et culturels
d’innombrables obstacles à la croissance qui ont une incidence indirecte sur cette variable
économique, des obstacles qui aggravent les qui n’est pas déterminée seulement par la
charges financières de l’économie car ils capacité biologique de procréation et par la
nécessitent des investissements de plus en plus disposition physiologique de la personne
importants pour satisfaire les besoins de la concernée, étant donné l’écart existant entre la
population croissante. En ce sens, une fertilité absolue et la fécondité effective ou
satisfaction des besoins de la population et une observée. L’adoption de la planification
répartition équitable des bienfaits du familiale (l’une des composantes de la politique
développement vont de pair avec une maîtrise du démographique) et l’émancipation de la femme
croît démographique et avec une politique sont ainsi parmi les principaux déterminants de
démographique bien conçue. C’est le cas de la la baisse de la fécondité. Par conséquent,
politique tunisienne qui a réussi à réaliser cette comment a évolué la fécondité en Tunisie et
« transition démographique » caractéristique des quels sont les différents indices qui peuvent
pays développés, une transition qui a fait l’objet refléter sa diminution ? Quelle est la relation
de plusieurs études et recherches qui s’accordent entre cette tendance de la fécondité à la baisse et
à lui donner une grande importance et qui lui ses différents déterminants notamment
attribuent de multiples conséquences l’émancipation féminine et le développement
démographiques, économiques et sociales social et culturel ?
(Bousnina A., 2015). Puisque cette baisse est devenue une vérité
En effet, la baisse de la fécondité agit établie, l’étude de ses conséquences et
directement sur les variables démographiques et l’évaluation de son influence sur les différents
indirectement sur les variables économiques et secteurs socio-économiques deviennent
sociales ou sur les secteurs socio-économiques, nécessaires pour cerner la relation entre la
et les performances tunisiennes en matière de maîtrise du croît démographique et le
développement humain sont subséquemment développement, étant donné l’ampleur
facilitées dans une large mesure par la maîtrise exhaustive de cette relation dans le modèle
de la croissance démographique. La réalisation tunisien. La question sera donc abordée sous cet
de ces performances et l’amélioration du niveau aspect démo-économique : Comment la baisse
de vie ne sont pas, en revanche, tributaires de de la fécondité a agi sur les secteurs socio-
cette maîtrise, car le développement nécessite économiques ? Quels sont les effets
une mobilisation de toutes les ressources démographiques, économiques et sociaux de
disponibles et non pas une simple régulation de cette baisse et quel est d’une façon générale son
la fécondité ; pour cette raison, l’action sur le impact sur le développement ?
croît démographique peut seulement faciliter ou
soutenir le processus du développement, ce qui 1- Méthodologie de recherche
ne peut en aucun cas éliminer son impact sur ce La relation entre le développement et la
dernier. Ainsi, la politique de population est croissance démographique n’est pas toujours
indissociable de la politique de développement évidente, car l’expérience de certains pays
72
(notamment avec la révolution industrielle) Le choix de l’approche sectorielle peut être
montre l’impact positif de cette croissance sur la expliqué d’une part par la disponibilité des
situation économique et sociale tandis que données statistiques sectorielles et d’autre part
certains auteurs (en l’occurrence les anti- par le contenu de certains secteurs (tels que
malthusiens) estiment que le développement l’emploi et l’éducation) en étroite relation
n’est pas affecté par les phénomènes simultanément avec la diminution de la
démographiques, deux visions contradictoires croissance démographique et avec le
avec le modèle tunisien qui -à l’image des néo- développement. En ce sens, les effets
malthusiens- instaure une stratégie caractérisée démographiques, économiques et sociaux de
par l’interdépendance entre la population et le cette diminution peuvent être étudiés grâce à
développement et qui considère la baisse de la l’analyse de l’impact de cette baisse
fécondité comme un moyen principal pour respectivement sur le domaine démographique,
atteindre les objectifs socio-économiques. sur le secteur de l’emploi et sur le secteur
Dès lors, notre étude sera liée à cette stratégie éducatif.
adoptant la diminution de la croissance Si le secteur démographique subit
démographique comme un moyen -évidemment directement l’impact du recul de la fécondité-
en collaboration avec d’autres outils- facilitant la que ce soit par la diminution numérique et les
réalisation du développement. Notre objectif naissances évitées ou par le changement de la
principal est donc l’évaluation des performances structure par âge et le vieillissement de la
de ce modèle, ce qui suppose l’existence d’une population- le secteur éducatif et celui de
relation entre la fécondité et le développement l’emploi subissent indirectement cet impact par
et que la baisse de cette variable a eu un impact l’évolution de la population d’âge scolaire et
sur les secteurs socio–économiques (Bousnina universitaire d’un côté et par l’évolution de la
A., 2015). population active de l’autre côté. Ces
A cet égard, cette évaluation peut être dans interrelations sont à leur tour la cause d’autres
une certaine mesure ‘‘un bilan’’ des effets de la changements résultant de la baisse de la
maîtrise du croît démographique durant ces fécondité, telles que la modification des taux
dernières décennies. Sans doute, ce bilan ne va d’occupation, la diminution des demandes
pas toucher tous ces effets car la réalisation d’un additionnelles d’emploi, l’augmentation des taux
tel objectif déborde largement le cadre de notre de scolarisation…
recherche. Bien entendu, la complexité de la Puisque les changements touchant les
question rend dérisoire la limitation de l’impact variables démographiques, économiques et
de la baisse de la fécondité à quelques effets sur sociales sont expliqués par la baisse de la
le domaine démographique et sur les secteurs fécondité, la mesure des écarts entre l’état
économique et éducatif. En réalité, ces effets actuel réel ou observé avec l’état
touchent également d’autres secteurs tels que la « hypothétique» (qui aurait eu en l’absence de
santé, les prestations sociales, la cette baisse) peut éclaircir les effets de la
migration…Cependant, l’analyse de tous ces diminution de la croissance démographique.
éléments serait une tâche quasi-impossible dans Cependant, l’analyse des interrelations entre
une telle recherche à cause de la diversité des le développement et la fécondité ne doit pas
interrelations entre la population et le négliger l’autre aspect de la relation entre les
développement. Notre étude s’est ainsi articulée deux variables, en l’occurrence l’impact du
sur quelques aspects bien définis relatifs aux développement sur la fécondité, puisque cette
secteurs socio- économiques intimement liés au dernière est souvent inhérente aux
concept de développement. Ce dernier ne se transformations sociales et culturelles qui ont été
limite pas à l’aspect économique (à l’instar de la à l’origine de la modification du comportement
croissance) mais il touche plusieurs dimensions procréateur. Pour cette raison, on a focalisé une
humaines et matérielles; en d’autres termes, ces partie de la recherche sur les effets indirects du
dimensions ne sont pas seulement économiques développement social sur la situation
mais aussi démographiques et sociales. Pour démographique.
cette raison, l’étude sectorielle s’impose pour En somme, l’évolution de la fécondité en
réaliser l’objectif de l’étude et cerner ainsi la Tunisie peut-être expliquée par plusieurs
relation entre « la régulation » de la fécondité et déterminants notamment la politique de
le développement en Tunisie. population et l’émancipation de la femme. Elle
73
est aussi considérée comme une variable 3 fois moins que son niveau 4 décennies
explicative puisque certains secteurs sociaux (et auparavant.
par conséquent le développement) sont Par ailleurs, on doit noter que la baisse de la
influencés par cette variable. fécondité a touché toutes les régions sans
Dans ce qui suit, on va étudier les exception et on peut même parler d’une
déterminants de la diminution de la croissance « homogénéisation » des comportements
démographique en Tunisie. En ce sens, plusieurs démographiques. Selon les données des
facteurs ont eu une incidence -directe ou annuaires statistiques de l'INS en 2011, l’ISF
indirecte- sur cette transition. oscille entre 2.6 à Monastir et 1.7 au District de
Ensuite, on va analyser les effets Tunis (il est égal à 2.2 au Nord-Est, à 1.8 au
démographiques, économiques et sociaux de Nord-Ouest, à 2.5 au Centre-Ouest, à 2.4 au
cette baisse de la fécondité et son impact sur le Centre-Est, à 2.4 au Sud-Ouest et à 2.2 au Sud-
développement. Est).
Enfin, on va procéder à une étude empirique
qui essaiera de confirmer les interrelations entre Ainsi, les différences se sont fortement
les deux variables en Tunisie. estompées et « la transition de la fécondité est
manifeste dans toutes les régions de la Tunisie,
cependant elle diffère d’une région à l’autre dans
2-Le fléchissement de la fécondité
la date du début de transition, dans le rythme de
Le passage d’un indice synthétique de
la baisse de la fécondité et dans ses modalités
fécondité de 7.15 en 1966 à 2.05 enfants par
[…]. Tous les gouvernorats sont entrés en
femme en 2009 reflète un changement
transition mais certains beaucoup plus
spectaculaire et une modification substantielle du
tardivement que d’autres »1.
comportement procréateur en Tunisie. Cette
baisse considérable (qui dépasse 71%) traduit un D’autre part, cette décélération de la natalité
fléchissement important de la fécondité et de la est due notamment à la baisse des taux de
natalité durant les quatre dernières décennies. fécondité et ce pour tous les groupes d’âge et en
En effet, l’évolution de certains indicateurs particulier pour les tranches d’âge les plus
montre le déroulement de la transition fécondes (25-29 ans et 30-34 ans). Par
démographique vécue en Tunisie. Outre la conséquent, l’ISF est passé de 7,15 en 1966 à
régression de la mortalité (dont le taux brut est 2,05 en 2009 en passant par 5,8 en 1975, 4,7 en
passé de 15‰ à 5,7‰ entre 1966 et 2010), la 1984 et 2,9 en 1994.
fécondité a connu un déclin significatif et une Tableau n°2. Évolution de l’ISF (1966-2018)
tendance nette à la baisse. À titre d’exemple, Années ISF Réduction annuelle en
%
durant cette période, le taux brut de natalité est 1966 7.15 -
passé de 45,1‰ à 18,6‰ alors que le taux global 1975 5.79 2.3
de fécondité est passé de 214,1‰ à 64,7‰. 1984 4.7 2.3
1988 3.76 5.7
Tableau n°1. Évolution de quelques indicateurs 1990 3.4 5.1
de la fécondité (1966-2018) 1994 2.9 4
Année 1966 1999 2018 1996 2.51 7.5
I.S.F 7,15 2,09 2,20
1997 2.38 5.4
Taux global 214,1 67,8 -
de fécondité 1998 2.23 6.7
(%o)
1999 2.09 6.7
Taux brut de 45,1 16,9 17,5
natalité (%o) 2001 2.05 0.97
Nombre de 206,7 160,2 202,7 2005 2.04 -
naissances
(en milliers) 2009 2.04 -
Source : INS: Annuaires statistiques de la Tunisie 2010 2.13 -
2011 2.15 -
L’I.S.F (qui peut synthétiser les indicateurs 2012 2.20 -
liés à la fécondité, puisqu’il s’agit du nombre 2018 2.20 -
moyen d’enfants qui seraient nés vivants d’une Source : INS : Annuaires statistiques de la Tunisie
femme durant sa période de reproduction) n’a
cessé de régresser pour se situer en deçà du seuil Cette baisse rapide et soutenue de la fécondité
de 2,1 enfants par femme en 2009, soit plus que résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs. À
74
cet égard, on distingue généralement entre deux A cet effet, certaines étapes saillantes ont
catégories essentielles des déterminants de la caractérisé l’évolution de cette politique de
fécondité, en l’occurrence les déterminants population. En fait, et à l’instar de tout
proches (ou intermédiaires) et les déterminants phénomène social empreint de changement, les
indirects. Les premiers sont « un certain nombre priorités démographiques ont varié avec le
de facteurs biologiques ou de comportement temps ce qui explique la multiplicité des
ayant une incidence directe sur la fécondité. Les reformes juridiques et des mesures législatives
plus importants sont l’exposition au risque de mises en place.
grossesse à travers le mariage, la durée de Bien entendu, ces réformes ont touché
l’infécondité post-partum, la contraception et notamment la famille et le statut de la femme
l’avortement provoqué » alors que les seconds dont l’influence est indéniable sur l’évolution
concernent les facteurs socio-économiques « tels démographique et sociale. Le mouvement
que l’éducation, la région, le milieu de d’émancipation sociale a fait l’objet de la
résidence… »2. consécration la plus solennelle dans le Code du
Notre intérêt sera focalisé sur ces derniers Statut Personnel (promulgué quelque mois après
facteurs qui peuvent montrer l’impact du l’indépendance) qui a aboli la polygamie et a
développement sur la fécondité, et ce sans prévu le consentement de la femme à son
négliger certains déterminants proches (comme mariage et qui a limité l’âge légal au mariage et
la nuptialité ou la contraception) qui sont a institué le divorce judiciaire.
inhérents à la modernisation et au développement En outre, d’autres dispositions juridiques ont
culturel et social. renforcé les différentes options démographiques
et les mutations de la vie familiale et sociale.
Ces mesures sont parfois d’ordre global visant
3- Les déterminants de la fécondité en l’émancipation sociale en général et parfois il
Tunisie s’agit d’une législation spécifique liée à la
Le fléchissement spectaculaire de la planification familiale et à la modification du
fécondité et la transformation du comportement comportement procréateur.
procréateur des femmes tunisiennes sont L’élaboration et la concrétisation de ces
déterminés par la conjugaison de plusieurs réformes et de ces politiques sont inhérentes à
facteurs qui affectent -d’une manière directe ou l’existence de certaines institutions dont la
indirecte -la fécondité. mission est de coordonner et de gérer les
3.1. La politique démographique programmes et les stratégies fomentés. A ce
3.1.1. Les assises juridiques et législatives titre, l’Office National de la Famille et de la
de la politique démographique Population (ONFP) est chargée d’appliquer la
Après l’indépendance, la volonté de l’Etat politique nationale en matière de planification
tunisien de moderniser le pays et les efforts de familiale et de la population dans le but de
promotion et d’émancipation sociale se sont maîtriser la fécondité et de protéger la santé de
traduits par un arsenal de lois et par de multiples la femme et de la famille.
textes juridiques qui posent les jalons d’une Par ailleurs, l’intérêt a été focalisé, durant les
politique démographique. deux dernières décennies, à consolider ces
Si la recherche de la promotion de l’homme a assises juridiques, législatives, institutionnelles
été une constante fondamentale de la politique et scientifiques de la politique démographique
démographique et sociale, un intérêt particulier a grâce à l’intégration d’autres stratégies qui sont
été accordé à la famille qui constitue un centre liées tantôt au renforcement des actions en
relationnel avec l’économique et le social. En faveur de la santé de la mère et de l’enfant tantôt
réalité, la famille « est directement impliquée, à l’adoption d’une politique sociale visant la
plus que l’individu, dans les processus de consolidation des acquis sociaux et des
décision en matière de mariage, de fécondité, prérogatives en faveur de la femme.
des mesures sanitaires, d’emploi, d’éducation. Dès lors, les assises de la politique de
C’est aussi le lien de pratique du calcul micro- population se sont diversifiées et ont touché
économique, de la maximisation du revenu en aussi bien le juridique et le législatif que
épargne et en consommation. C’est aussi le lieu l’institutionnel et le politique. Il s’agit, en effet,
approprié pour mesurer le gain réel en matière d’une stratégie qui a été caractérisée souvent par
de natalité »3. la globalité de sa vision et par la multiplicité des
75
aspects y afférents en particulier ceux axés sur la de l’approche au niveau national et international
promotion et la valorisation des ressources et selon les différentes options des plans de
humaines. En fait, ce choix constitue une développement.
caractéristique constante et permanente de la Si le quatrième plan (1973-1976) abordait les
politique démographique tunisienne en dépit de questions démographiques seulement dans une
la diversité de ses stratégies et de ses objectifs. perspective d’allègement de la pression sur le
marché de l’emploi grâce aux efforts du
3.1.2. Les objectifs et les stratégies de la planning familial, les deux derniers plans (en
politique de population l’occurrence le neuvième plan 1996-2001 et le
Certaines finalités majeures de la politique dixième plan 2002-2006) insistent sur la
démographique peuvent être définies. A ce titre, complémentarité entre les aspects socio-
on peut citer quatre orientations essentielles de économique et démographique et sur la globalité
la politique de population liées à la maîtrise de la de la politique de population qui doit intégrer le
croissance démographique par le recours à la développement régional, les programmes
planification familiale, à la valorisation du sectoriels ciblés, l’élévation du niveau de vie et
capital humain en vue de doter le pays des la santé de la mère et de la famille.7
ressources humaines compétentes, à En fait, le fléchissement actuel de la
l’éradication de l’exclusion sociale grâce à la fécondité et le ralentissement de la croissance
participation de toutes les couches de la des demandes additionnelles d’emploi peuvent
population et enfin à l’intégration de toutes les expliquer un tel élargissement du concept de la
régions dans la répartition des fruits du politique de population qui peut insérer d’autres
développement4. soucis d’ordre économique et social afin de
La multiplicité de ces objectifs reflète réaliser une certaine adéquation entre la stratégie
l’existence d’une approche globale menée sur de développement et l’évolution quantitative et
différents fronts qui prend en considération les qualitative de la population.
divers éléments dans leur complexité. L’examen Par conséquent, la politique démographique a
rétrospectif des plans de développement connu plusieurs étapes qui ont reflété les
confirme une telle constatation, puisqu’on est en priorités des pouvoirs publics et l’évolution de la
présence d’une diversité de finalités qui touchent perception des problèmes de la population. En
la quasi-totalité des secteurs socio-économiques. effet, la première période a été marquée par une
A titre d’exemple, on peut citer : l’action sur le réforme juridique essentielle visant la promotion
croît démographique, la sauvegarde et sociale et l’émancipation de la femme. De plus,
l’amélioration de la santé de la population, et durant les années soixante-dix, les efforts ont
l’intégration des demandes supplémentaires été déployés en vue de renforcer le système de
d’emplois et la réduction du taux de chômage, la suivi des indicateurs démographiques et socio-
maîtrise des flux migratoires, la promotion de la économiques et de créer des institutions
qualité de vie, l’orientation de l’effort chargées de la planification et de l’exécution de
d’éducation…5 la politique de population. Enfin, et durant les
Cependant, et en dépit des avantages d’une deux dernières décennies, cette politique se
telle approche globale (qui déborde la vision focalise davantage sur la promotion et la
restrictive limitée à l’action sur la natalité), le valorisation des ressources humaines grâce aux
risque de ne pas circonscrire les problèmes différentes réformes éducatives, au renforcement
demeure indéniable, étant donné que cette des actions sanitaires et à la consolidation des
approche « qui tendrait à prendre en compte acquis en faveur de la femme.8
l’ensemble des interrelations, risquerait d’inclure Toutefois, et malgré la régularité de son
dans la politique de population pratiquement évolution, la politique de population comporte
toutes les actions publiques qui, de façon directe certaines constantes fondamentales et quelques
ou indirecte, sont supposées avoir un impact sur options qui ont constitué depuis l’indépendance
la fécondité, la mortalité et les migrations ».6 des crédos inéluctables de la stratégie tunisienne.
Il est ainsi utile de définir des objectifs Il s’agit notamment de la nécessité de l’action
prioritaires qui correspondent aux orientations sur le croît démographique et du changement du
socio-économiques et aux options politiques, et comportement procréateur. La problématique
ce d’autant plus qu’on remarque une variation de néo-malthusienne a constitué en réalité le
la priorité selon l’étape historique et l’évolution fondement principal de la politique
76
tunisienne : « Devant des taux de fécondité ans pour les garçons, l’institution du divorce
élevés qui dépassent les moyens du pays, « il n’y judiciaire…).
a d’autres alternatives que de développer le pays - la promulgation de la constitution (1 juin
en même temps que de réduire la croissance 1959) et du code de travail (30 avril 1966) qui
démographique en adoptant une politique insistent sur la non-discrimination entre
d’espacement des naissances ».9 l’homme et la femme (grâce aux garanties du
Le fondement pro-malthusien a constitué droit de vote et du droit de travail).
ainsi une constante de la politique - la généralisation de l’enseignement primaire
démographique, et ce d’autant plus que cette (4 noveambre1958) puis l’institution de la
dernière a été au diapason avec les tendances scolarisation obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans
onusiennes et en conséquence avec les politiques le 29 juillet 1991.
occidentales et internationales. Cette adéquation - la limitation de l’âge légal au mariage (le 20
avec les options internationales explique février 1964) qui est fixé à17 ans pour la femme
l’élargissement des perspectives des et à 20 ans pour l’homme.
programmes de planification familiale et la En second lieu, et concernant la législation
prépondérance de la politique de santé de la spécifique en matière de planification familiale,
reproduction qui se réfère « à l’état de bien-être les assises juridiques de la politique
physique, mental et social de la personne pour démographique sont très nombreuses. A titre
tout ce qui concerne l’appareil génital et son d’exemple, on peut évoquer :
fonctionnement. Elle suppose la santé sexuelle, - la limitation des allocations familiales aux 4
c’est à dire la possibilité de mener une vie premières naissances vivantes (14 décembre
sexuelle satisfaisante en toute sécurité et de 1960) puis aux trois premiers enfants (en vertu
procréer librement ».10 de la loi du 6 mai 1988).
Par ailleurs, cette stratégie visant le - l’abrogation du décret de 18/9/1920 et de
changement du comportement procréateur avait celui de 22/6/1923 prohibant la publicité et
comme objectif essentiel l’action sur le croît l’importation des instruments
démographique en particulier grâce aux anticonceptionnels, et ce par la loi du 9/1/1961
programmes de planification familiale et à la autorisant la vente des moyens contraceptifs.
diffusion de la contraception. - la légalisation de l’avortement social
3.2. La planification familiale et la pendant les trois premiers mois de la grossesse.
contraception - la création de l’Office National de la
3.2.1. Les assises législatives et juridiques Famille et de la Population (le 20 mars 1973) et
du planning familial du Conseil Supérieur de la Population (le 31
Après l’indépendance, la volonté de l’Etat janvier 1974).
tunisien de moderniser le pays et les efforts de Ces mesures et ce cadre juridique et social
promotion sociale et d’émancipation de la ont contribué -dans une large mesure- à
femme se sont traduits par un arsenal des lois et l’émancipation de la femme et de la famille et à
par de nombreux textes juridiques qui posent les l’évolution des mentalités et du comportement
jalons d’une politique de population visant procréateur. Cette émancipation « au moyen de
l’action sur le croît démographique. Il s’agit ici la loi, de l’éducation et la disponibilité des
d’une part de certaines mesures législatives liées services de planifications familiale… a
directement à la planification familiale et d’autre largement favorisé le mouvement de la baisse de
part de quelques mesures d’ordre général la fécondité sous l’effet de facteurs tels que la
affectant indirectement le comportement scolarisation, la pratique contraceptive ou le
procréateur de l’individu. recul de l’âge au mariage »11.
En premier lieu, parmi les mesures générales Nous essayerons, dans ce qui suit,
-visant notamment l’émancipation de la femme d’expliquer le rôle de ces facteurs dans le
et l’amélioration de ses conditions d’existence-, fléchissement de la fécondité, et ce en
on peut citer, entre autres : commençant par le rôle de la contraception et
- la promulgation du Code du Statut des services déployés par le planning familial.
Personnel le 13 août 1956 (qui prévoit surtout le 3.2.2. L’évolution des services du planning
consentement de la femme à son mariage, familial
l’abolition de la polygamie, le relèvement de L’émergence du concept de la « santé de la
l’âge au mariage à 15 ans pour les filles et à 18 reproduction » (lors de la Conférence
77
Internationale sur la Population et le 1994 59.7
2004 63.0
Développement au Caire en 1994) a consolidé 2012 63.0
l’approche démographique tunisienne globale et Source : ONFP : ETF (1978), ETPC (1983), EDS (1988) et ETSME
(1994-1995) ; INS : Annuaire Statistique de la Tunisie 2004.
a renforcé les efforts du programme du planning
familial en vue d’améliorer l’infrastructure et les
prestations servies notamment dans les régions Cette augmentation (estimée à plus de 85%
entre 1966 et 2012) des taux de prévalence
démunies. À cet égard, plusieurs indicateurs -
liés à l’évolution des services de ce programme - contraceptive et l’adoption - de plus en plus
sont significatifs. importante - de la contraception sont dues
notamment à la progression rapide de la
En effet, on constate un accroissement des diffusion des méthodes contraceptives au niveau
effectifs des nouvelles contraceptrices (les du milieu rural. Durant un laps de temps assez
FMAR qui utilisent pour la première fois une réduit (moins de 20 ans), ce taux a grimpé de
méthode contraceptive) qui sont passés de moins plus de 35 points en passant de 30% en 1978 à
de 17 milles à plus de 128 milles entre 1966 et 65% en 1997.
2000. Cette croissance concerne également les
Cette amélioration est expliquée
flux des femmes qui visitent les services du
planning familial puisque le nombre de ces essentiellement par les interventions spécifiques
visites est passé de 41 mille à 1997 mille durant dans certaines régions prioritaires, et tout
la même période. particulièrement dans 405 zones d’ombre du
Centre-Ouest et du Sud qui ont bénéficié d’un
De plus, l’amélioration qualitative des programme spécifique (à partir de 1994) « qui
services du PF est attestée par la progression des consiste en une sensibilisation massive par
visites prénatales et des visites postnatales. Entre l’intermédiaire d’animatrices originaires de ces
1986 et 2012, leurs nombres (en milliers) sont régions, et par une prise en charge médicale en
passés respectivement de 124,9 et 9,1 à 593,9 et santé de reproduction »13.
à 107,7.
Entre 1994 et 2000 par exemple, les taux de
Outre ces activités sanitaires, d'autres prévalence contraceptive dans certaines zones
activités d’Information, d’Éducation et de d’ombre des gouvernorats de Kasserine et de
Communication (IEC) sont dispensées aux Tozeur sont passés respectivement de 19% et
FMAR, aux hommes mariés et aux jeunes visant 10% à 52,2% et 72,1%.
le renforcement « de leur adhésion aux
programmes de PF et de santé familiale […] et Par conséquent, il est important de souligner
couvrent annuellement en moyenne 500.000 que les disparités entre les différentes régions
personnes […] Ces actions sont largement sont en train de s’estomper. Selon l’ETSME de
1995, le pourcentage le plus faible des femmes
soutenues par des programmes médiatiques et
par une stratégie d’intervention éducative utilisant la contraception existe dans le Centre-
spécifique aux jeunes célibataires des deux sexes Ouest (45,8%) alors que le taux le plus élevé est
(plus de 80.000 jeunes entre 1998 et 2001) » . 12 enregistré dans le Grand Tunis (69,8%), soit un
écart de 24% alors que cette différence était
évaluée en 1978 à 33% (ce taux était
3.2.3. La contraception et la fécondité
L’intensification des activités du PF a généré respectivement de 43,2% et 10,3%). Il en est de
une forte augmentation de ses prestations et une même pour la variation du taux de prévalence
diffusion rapide de la contraception. En effet, le selon le niveau d’instruction, étant donné que le
taux de prévalence contraceptive (défini comme recours aux méthodes contraceptives chez les
femmes analphabètes est de plus en plus
la proportion des femmes parmi les FMAR qui
utilisent une méthode contraceptive) dépasse considérable (27% en 1978 contre 52,6% en
63% en 2012 alors qu’il était seulement de 9% 1995), ce qui explique la réduction de l’écart
en 1966 et de 31% en 1978. entre cette frange de la population et les femmes
Tableau n°3 : Evolution du taux de prévalence du niveau secondaire ou supérieur qui est passé
contraceptive (en %) : de 29,1% à 14,7% entre les deux enquêtes.
Année Taux de prévalence (en %) Selon les données de l'enquête PAPFAM
1966 9.1
1978 31.4 (publiées par l'ONFP en 2006), les disparités
1983 41.1 interrégionales sont également faibles, puisque
1988 49.8 les régions enregistrant la prévalence la plus
78
faible ont souvent un taux supérieur à 50% (52%
au Centre-Est et 53% au Sud-Est), alors que la
moyenne nationale est de 62%. Le niveau
d'instruction aussi n'est plus une variable de
« discrimination », puisque l'écart entre la
prévalence des analphabètes et celle des femmes
du niveau secondaire n'est que de 6 points en Tableau n°4. Évolution du taux de prévalence contraceptive
2001 après avoir été de 15 points en 1994 et de selon le milieu, la région, l'âge des utilisatrices et le degré
33 points en 1983. de scolarisation (entre 1983 et 2012)
Prévalence selon le milieu
Les résultats de l'enquête MICS4, publiés en Milieu 1983 1994 2001 2012
Urbain 60.5 64.7 65.4 64.1
juin 2013, montrent qu'il existe peu de variation Rural 34.6 51.4 58.1 60.0
de la prévalence contraceptive selon le milieu de Région 1983
Prévalence selon la région
1994 2001 2012
résidence, avec un taux légèrement plus élevé en D.Tunis 58.1 66.3 66.1 68.8
NE 47.0 65.0 67.4 59.6
milieu urbain (64 pour cent) qu’en milieu rural NO 41.5 61.5 65.3 70.1
CE 47.1 60.6 52.7 61.1
(60 pour cent). Le taux de prévalence CO 17.7 45.6 63.8 55.0
contraceptive augmente régulièrement avec SE
SO
11.0
13.1
41.7
49.6
53.2
55.4
58.2
57.9
l’âge, passant de 42 pour cent chez les femmes Tunisie 41.0 59.7 62.6 62.5
Prévalence selon le groupe d'âge
âgées entre 20 et 24 ans pour se situer autour de Groupe d'âge 1983 1994 2001 2012
70 pour cent dans la tranche d’âge 35 à 44 ans, 15-19
20-24
-
-
19.7
44.1
37.2
48.8
-
41.8
puis observe une baisse chez les femmes âgées 25-29 - 55.7 56.3 53.6
30-34 - 63.6 68.8 67.1
entre 45 et 49 ans, se situant à 56 pour cent. Il 35-39 - 68.1 69.2 70.7
existe également des variations du taux de 40-44
45-49
-
-
65.3
53.0
67.2
52.6
69.3
56.5
prévalence contraceptive selon le niveau de Degré de
Prévalence selon le degré de scolarisation
1983 1994 2001 2012
scolarisation ; les taux les plus bas sont scolarisation
Analphabète 35.3 52.6 60.4 57.7
enregistrés chez les femmes n’ayant jamais été Primaire 48.2 64.0 62.3 -
scolarisées et chez celles de niveau universitaire incomplet
Primaire 67.8 67.1 63.7 65.8
(autour de 57 pour cent). Outre les différences Secondaire - - 66.2 64.0
Source: ONFP (2006) et MICS4 (2012)
de prévalence, la combinaison des méthodes
varie selon le niveau d’instruction, avec un
Cette amélioration sensible du taux de
usage des méthodes de contraception
prévalence contraceptive, surtout chez les
traditionnelles, plus fréquent chez les femmes
groupes défavorisés, peut traduire l’efficacité de
ayant un niveau de scolarité supérieur (19 pour
la politique de planification familiale et peut
cent) que chez les femmes n’ayant jamais été
refléter « un nouveau comportement qui est lié à
scolarisées (à peine 6 pour cent). Pour les
la fois à l’utilisation de la contraception et à la
méthodes modernes, c’est la situation inverse
dimension socioculturelle, celle-ci opérant
qui est observée : 51 pour cent chez les femmes
indéniablement sur les attitudes des acteurs
n’ayant jamais été scolarisées contre 39 pour
sociaux »15. L’impact du planning familial est
cent chez les femmes de niveau universitaire. En
fondamental puisqu’il a réussi à faire « éviter »
ce qui concerne la prévalence contraceptive
un nombre considérable des naissances durant
selon les régions, les taux les plus élevés ont été
ces dernières décennies. Ces naissances ont été
enregistrés dans la région du Nord-Ouest (70,0
évitées non seulement grâce à la planification
pour cent des femmes mariées) et du Grand
familiale mais c'est aussi le résultat de la
Tunis (68,3 pour cent). Pour la région du Grand
conjugaison de plusieurs facteurs inhérents au
Tunis, une nette augmentation de la prévalence
développement économique et social du pays.
contraceptive est observée en comparaison aux
Néanmoins, la part du PF reste déterminante
tendances enregistrées dans les enquêtes
puisque sa contribution dans les naissances
nationales précédentes. Les taux les plus bas
évitées est en moyenne de 44% (entre 1966 et
sont observés particulièrement dans les
1994 par exemple)16.
gouvernorats du Centre-Ouest, se situant autour
Par ailleurs, et en appliquant le modèle de
de 55 pour cent14.
Bongaarts (selon lequel la variation de la
fécondité est toujours attribuable à quatre
variables : le mariage, la contraception,
l’avortement provoqué et la stérilité post-
79
partum), certains auteurs ont estimé l’impact de hommes. Entre 1956 et 2010, l’âge de l’entrée en
la contraception sur la fécondité en Tunisie. En union a été retardé de 7 ans pour les hommes
effet, entre 1978 et 1995, la baisse de la contre 10 ans pour les femmes.
fécondité due à l’utilisation des pratiques
contraceptives est relativement importante
puisque «la contraception aurait, à elle seule,
conduit à une baisse de 30% de la fécondité
générale».17 Tableau n°5. Évolution l’âge au premier mariage
selon le sexe entre 1956 et 2010
3.3. La nuptialité Année Hommes Femmes
3.3.1. Le nouveau cycle de vie matrimonial 1956 26,3 19,5
Outre la prolongation de la durée de vie en 1966 27,0 20,9
couple (grâce à la baisse de la mortalité), le cycle 1975 27,1 22,6
de vie matrimonial se caractérise durant ces 1984 28,1 24,3
dernières années par une période de célibat de 1994 30,3 26,6
plus en plus longue et par un retard de l’entrée en 1999 31,6 28,1
2010 34,0 28,219
union, contrairement à la situation quelques
Source : Élaborés par nos calculs, à partir des données de
décennies auparavant. À titre d’exemple, les l’INS
proportions des femmes célibataires à 15-19 ans,
à 20-24 ans et à 25-29 ans ont très fortement Les causes de ce recul de l’âge au premier
augmenté. Alors qu’en 1956 seulement 58% des mariage sont nombreuses. Elles sont liées
femmes étaient célibataires à 15-19 ans, cette d’abord aux mesures législatives et aux textes
proportion dépasse 98% en 2010. juridiques issus du Code de Statut Personnel et
De même, pour les deux autres groupes d’âge, qui ont limité l’âge minimum légal au mariage. «
ce pourcentage dépasse respectivement 85% et Mais la loi n’a réellement produit cet effet que
54% en 2010 contre 20,4% et 6,5% en 1956. En parce que son application était soutenue par une
d’autres termes, plus de la moitié des femmes évolution générale des mœurs, encouragée par
(54.4%) est célibataire à 25-29 ans en 2010, une politique favorable à l’amélioration du statut
tandis que ce taux ne dépassait pas 6,5% en 1956 de la femme. Et c’est la raison pour laquelle cette
et 9% en 1966. évolution a pu se poursuivre ensuite au-delà de
Ainsi, le mariage précoce a quasiment disparu ce qu’exigeait une stricte application de la loi20.»
parallèlement à la prolongation du célibat ; et la L’importance de ces causes et l’ampleur de ce
proportion des femmes mariées avant 25 ans est changement comportemental et mental -
passée de 93,5% et de 91% respectivement en notamment grâce à l’émancipation de la femme -
1956 et 1966 à seulement 16.4% en 2004 et à peuvent expliquer l’atténuation sensible des
moins de 15% en 2010. Ces femmes sont donc différences d’âge au mariage en fonction du
passées (après une quarantaine d’années) « d’un milieu, des régions et du niveau d’instruction.
cycle de vie essentiellement consacré au mariage
En premier lieu, les écarts entre milieu urbain
à un nouveau cycle où l’âge adulte commence
et milieu rural se sont estompés, alors que les
par une période assez longue de célibat. Elles la
disparités interrégionales se sont relativement
consacrent à poursuivre des études ou sont
rétrécies grâce à l’élévation sensible de l’âge à la
disponibles pour entrer sur le marché du travail
première union dans certaines régions
»18.
caractérisées jadis par le mariage précoce des
Ce nouveau cycle matrimonial est en étroite
filles.
relation avec l’âge au premier mariage qui a
connu un recul important, ce qui s’est répercuté En second lieu, ces différences selon le
sur le niveau de la fécondité. niveau d’instruction ont été aussi atténuées
notamment suite à l’augmentation de l’âge au
3.3.2. Le recul de l’âge au premier mariage mariage des femmes analphabètes et celui des
et la fécondité femmes ayant un faible niveau d'instruction,
L’évolution de l’âge au premier mariage contrairement à celui des femmes instruites
traduit une augmentation spectaculaire de cet âge (niveau secondaire et supérieur) qui s’est
tout au long des dernières décennies, et ce plus stabilisé dans l'intervalle 27-30 ans durant les
intensément pour les femmes que pour les trois dernières décennies.
80
En troisième lieu, l’écart d’âge entre le deux En outre, et selon l’étude sus-citée basée sur
conjoints lors du mariage a sensiblement le modèle de Bongaarts (réalisée par M. Ayed et
diminué (évidemment à cause de la hausse de H. Jemai), entre l’ETF de 1978 et l’ETSME de
l’âge moyen des femmes au premier mariage). 199524, l’augmentation de l’âge au mariage a
Les conséquences de ce retard de l’âge du joué un rôle déterminant dans la baisse de la
mariage sont multiples puisqu’elles traduisent fécondité, étant donné que « la réduction du
non seulement un simple changement quantitatif temps passé dans le mariage aurait, à elle seule,
lié à l’âge de l’union mais elles reflètent de entraîné une baisse de 31% de la fécondité
profondes mutations de la famille tunisienne. En générale »25.
outre, ces mutations sont inhérentes à une En résumé, l’accroissement de l’âge au
évolution qualitative de la famille qui connaît des premier mariage et la diffusion de la
changements en profondeur touchant sa contraception auraient - à eux seuls - entraîné
conception elle-même grâce à l’apparition des (entre 1975 et 1995) une baisse de 61% de la
nouvelles « traditions » ou coutumes fécondité générale. Bien entendu, ces deux
modernistes. indicateurs reflètent un nouveau comportement
Ces changements sociaux et ce nouveau moderniste et une promotion sociale indéniable
comportement moderniste sont conjugués à une traduisant l’émancipation de la femme et
transformation des cycles de vie de la femme l’amélioration de son statut.
tunisienne et à une modification de ses fonctions Toutefois, ce développement social et culturel et
et de ses rôles selon l’âge. En effet, le recul de cette autonomie de la femme - de plus en plus
l’âge au premier mariage a prolongé le premier confirmée - ne peuvent être dissociés de certains
cycle de vie couvrant les premières années du facteurs qui sont inhérents au mouvement
lycée, la période de croissance et de l’éducation d’émancipation sociale et qui sont eux-mêmes
de base ainsi que la longue durée de la des déterminants indirects de la fécondité. Il
scolarisation secondaire et supérieure. Ce s’agit notamment de la scolarisation féminine et
premier cycle qui ne dépassait guère la vingtaine de l’accès de la femme au marché de l’emploi.
selon les normes traditionnelles se prolonge
jusqu’à l’âge moyen au mariage reculé 3.4. Les déterminants indirects de la baisse
aujourd’hui à 28 ans en moyenne . 21 de la fécondité
Les déterminants indirects de la baisse de la
L’impact de cette mutation du cycle de vie est
fécondité concernent surtout la scolarisation
étroitement lié à la réduction des effectifs des
féminine et de l’accès de la femme au marché de
femmes mariées âgées de 17 à 28 ans et à la
l’emploi.
diminution de l’intensité de la nuptialité. Ainsi,
En premier lieu, on a enregistré des progrès
le recul de l’âge au mariage a eu un effet direct
notables de la scolarisation féminine qui affecte
sur cette nuptialité qui n’est plus précoce et
directement le statut de la femme dans la famille
intense comme en 1966. Dans le cas contraire,
et dans la société et qui est un déterminant
les effectifs de ces jeunes auraient été beaucoup
capital de son émancipation. Plusieurs
plus importants, et au lieu de trouver en 1994 :
indicateurs sont très éloquents à ce sujet. En
261580 femmes mariées, on aurait pu trouver
effet, le taux d’analphabétisme féminin a chuté
576833 jeunes mariées, soit 315 000 femmes non
de 96% en 1956 à 25% en 2014 (ce taux ne
mariées par suite du prolongement du célibat de
dépasse pas, en 2008, 1.6% et 3%
17 à 27 ans, ce qui a évidemment contribué
respectivement pour les deux groupes d’âge 10-
d’une manière sensible à la réduction de la
22 14 ans et 15-19 ans).
natalité .
Cette amélioration de la scolarisation de la
D’autre part, ce retard de l’entrée en union femme semble avoir un impact négatif sur le
génère un retard de la fécondité et souvent une niveau de la fécondité et elle peut être considérée
baisse de la natalité : il est évident que « dans les comme un déterminant indirect de la baisse de la
sociétés où la fécondité hors mariage est quasi natalité en Tunisie. A l’instar des autres
inconcevable […], plus tard une femme se marie, déterminants de la fécondité, le croît
plus courte sera sa vie féconde et moins démographique est étroitement lié à l’instruction
nombreuse sera sa descendance »23. féminine. Si cette dernière a un impact important
sur le retard de l’âge au mariage et sur le niveau
81
de la contraception, elle modifie également le les méfaits de la procréation non contrôlée qui
comportement féminin à l’égard de la peut entraver la poursuite de l’activité
procréation. professionnelle. C’est ce que confirme certaines
En effet, «le développement de l’éducation a enquêtes selon lesquelles le taux de fécondité
contribué à modifier le comportement des des femmes du groupe d’âge 30-34 ans baisse de
individus, des femmes et des jeunes en 187%0 avant le travail à 65%0 après, alors que
particulier, pour en faire des acteurs l’âge du dernier enfant pour ces femmes en
démographiques qui participent aux actions et activité est, pour 67% d’entre elles, supérieur à 3
aux décisions déterminant l’évolution de la ans ce qui reflète la tendance vers la limitation
population».26 C’est ainsi que les femmes volontaire des naissances ou, du moins, vers le
instruites ont une parité (ou un nombre d’enfants ralentissement des naissances...28
nés vivants) souvent inférieure à celle des En somme, le développement social et
femmes analphabètes et plus le niveau culturel et l’émancipation de la femme ont
d’instruction est élevé, plus faible est le nombre constitué les déterminants du comportement
moyen d’enfants par femme. fécond de la population tunisienne.
En second lieu, le développement de Néanmoins, la relation étroite entre ces
l’activité féminine et la tendance à la hausse des facteurs et le recul de la fécondité peut être
proportions des femmes dans la population explicitée dans l’autre sens, c’est à dire en
active tout au long des dernières années a analysant l’impact de cette baisse sur l’emploi,
largement influencé le comportement des sur l’éducation … C’est l’objet du paragraphe
couples à l’égard de leur descendance. suivant consacré aux effets du recul de la
Parmi les caractéristiques de l’évolution du fécondité sur les différents secteurs socio-
marché du travail en Tunisie au cours des économiques en Tunisie.
dernières années, l’accès massif des femmes
au marché de l’emploi constitue le fait le plus 4- Les répercussions de la baisse de la
marquant. Plusieurs indicateurs nous fécondité en Tunisie
permettent d’analyser le développement de la 4. 1. Les effets démographiques
demande de travail émanant des femmes. En Avec un taux d’accroissement naturel
effet, le taux de féminisation (ou le constant (de l’ordre de 3% annuellement), la
pourcentage de la population active féminine population tunisienne aurait été de 25225
par rapport à la population active totale) est mille en 2014 au lieu de 10982 mille qu’elle
passé de 6.1% en 1966 à 31.3% en 2014. De compte effectivement. L’écart de 3115 mille en
plus, le taux global d’activité des femmes 1994, soit près de 35%, aurait été de 14243 mille
(défini comme étant le rapport de la en 2014, soit plus de 129%.
population active à la population d’âge actif) a
Tableau n°6. Évolution comparée de la population
atteint 28.5% en 2014 tandis qu’il ne dépassait tunisienne à fécondité constante de 1966 et de la
pas 5.6% en 1966. population recensée (1967-2014)
Année Population Population Écart
Souvent, le statut de la femme salariée et son (à recensée
nouveau rôle dans la société entraîne une baisse fécondité
constante)
de la fécondité et sensibilise la femme au 1967 4825 4825 -
problème de la planification familiale et à 1975 6028 5577 451
l’utilisation des pratiques contraceptives.27 1980 7064 6369 695
La corrélation négative entre la fécondité et 1984 8135 6975 1160
1994 11900 8785 3114.8
l’emploi de la femme est d’autant plus
1997 13339 9214.9 4143
importante que l’accroissement de l’activité 1999 14390 9455.9 4957.1
féminine est plus sensible pour les groupes d’âge 2004 17356 9910,9 7445.1
ayant une pression sur le marché de l’emploi et 2010 21721 10531 11190
qui sont d’ailleurs les groupes où la fécondité est 2014 25225 10982 14243
la plus élevée, c’est à dire les tranches d’ages Source : 1967-1994 : M.Seklani : « Impact du programme de PF sur
le secteur démographique » ;
25-29 et 30-34 ans. 1997-2014 : Élaborés par nos calculs, à partir des données de l’INS
L’explication souvent évoquée du recul de la
fécondité suite au travail de la femme concerne
82
Les naissances évitées ont dépassé 4 millions l’avancée de ce rapport de dépendance
alors que les naissances observées n’ont pas économique est inhérente à la diminution de la
atteint 161 mille (contre 640 mille dans le cas proportion des jeunes posant plusieurs
potentiel). Les effets démographiques structurels problèmes relatifs à la dépendance économique
ne sont pas moins remarquables puisque la et aux charges sociales.
population tunisienne a «perdu» 68% et 48% de
ses enfants âgés respectivement de 0-5 ans et de 4. 2. L’impact de la baisse de la fécondité
5-14 ans, tandis que les populations d’âge actif sur le secteur de l’emploi
et de troisième âge continuent de s’accroître 4.2.1. L'impact sur la population active et
rapidement. sur la demande additionnelle d'emploi
Le vieillissement inéluctable de la population
tunisienne pourrait être concrétisé par Les effets du recul spectaculaire de la
l’importance de l’effectif du groupe d’âge 60 ans fécondité peuvent être saisis grâce à la mesure
et plus qui pourrait dépasser 2 millions de des écarts entre l’état observé et l’état
personnes en 2030 (253.3 mille en 1966) tandis hypothétique en cas de fécondité constante. Si les
que les proportions des enfants (0-4 ans et 5-14 répercussions du programme de planning
ans) pourraient connaître un recul irréversible familial sur les secteurs sociaux peuvent être
(en passant respectivement de 11 % et de 23.8% mesurées directement après son instauration (en
en 1995 à 7.3% et à 14.8% en 2030). 1966), son impact sur l’emploi ne peut être saisi
Ainsi, on est en présence «d’un qu’après que les nouvelles générations aient
vieillissement par la base » dû à la diminution atteint l’âge actif (15 ans et plus) c’est-à-dire à
de la natalité et qui a augmenté la proportion des partir de 198031. En supposant la même évolution
personnes âgées dans la population car les des taux bruts d’activité observés, on peut
jeunes y ont régressé. Outre le vieillissement par calculer la population qui aurait dû être active
le bas de la pyramide, la Tunisie pourrait durant la période 1980-2014 si la population
connaître la situation des pays du Nord qui sont avait gardé une fécondité constante au niveau
entrés dans une phase où « un vieillissement par observé en 1966.
le haut s’ajoute aux effets de la baisse de la
fécondité. Passé un certain stade, la progression Tableau n°7. Excédent de la population active selon
l’hypothèse
de l’espérance de vie ne repose plus sur le recul
de la fécondité constante de 1966 (1980-2014)
de la mortalité infantile mais essentiellement sur
celui de la mortalité aux âges élevés…[et ce Année Populatio Populati T. brut Popula Populatio Excédent
n on active d’activ tion n active de la
grâce] aux progrès sanitaires et aux progrès observée ité (fécon (fécondité pop.
dité constante Active
ultérieurs de l’espérance de vie qui seront eux- consta ) (en %)
mêmes porteurs de vieillissement nte)
29 1980 6369 1808,9 28,4 7064 2006,27 10,9

démographiques».
1984 6975,5 2134,5 30,6 8135,5 2489,46 16,6
Les répercussions de ce phénomène du
1994 8785,7 2772,4 31,6 11900, 3760,5 35,6
vieillissement démographique sont multiples à 5
plus d’un titre. Le problème des charges sociales 1997 9196 2978,3 32,4 13339 4321,8 45,1
1999 9443 3143,9 33,3 14390 4791,8 52,4

supplémentaires se pose avec acuité et le coût de
2004 9910 3328,6 33,6 17356 5829 75,1
la couverture sociale devient de plus en plus
2010 10531 3769,2 35,79 21721 7773,9 106,2
lourd. Le vieillissement se traduit souvent au
2014 10982 3998,3 36,4 25225 9181.9 129,6
niveau des caisses de sécurité sociale «par un
Source : 1980-1994 : A.Jaoua : « Impact du planning familial sur
rapport démographique défavorable, c’est le l’emploi » ;
rapport des actifs aux inactifs assurés sociaux. Il 1997-2014 : Élaborés par nos calculs, à partir des données de l’INS
signifie une charge financière pour les caisses
qui, en dehors des prestations assurées à leur Ainsi, la population active qui a enregistré,
affiliés actifs, doivent couvrir les soins d’un entre 1980 et 2014, un accroissement de 121%
nombre croissant d’affiliés inactifs mais toujours aurait dû augmenter de plus de 358%, avec un
à leur charge» . 30 taux de croissance annuel moyen de 4,57%
En outre, on remarque un accroissement du (contre un taux réel de 2,35%). Subséquemment,
taux de dépendance par suite de l’augmentation les demandes additionnelles auraient dû être
progressive du nombre des vieux qui sont à la beaucoup plus élevées et la pression sur le
charge de la population active. Souvent, marché du travail plus importante, puisque la
83
demande additionnelle annuelle moyenne avec un taux de croissance annuel moyen de
d’emploi aurait pu être de 211 mille emplois 4,45% alors que le taux observé est de 2,2%.
au lieu de 64 mille demandes enregistrées Bien entendu, les efforts de créations d’emplois
entre 1980 et 2014. auraient dû être plus élevés pour satisfaire le
surplus de la population occupée estimé à
presque 11% dès 1980 et à près de 130% en
2014.
Tableau n°9. Excédent de la population occupée

selon l’hypothèse
Tableau n°8. Évolution de la demande additionnelle
de la fécondité constante : 1980-2014 (en milliers)
annuelle moyenne selon la population observée et Année Population Population Taux Population Population Excédent
l’hypothèse de la fécondité constante entre 1980- observée occupée d’occupation (f.cte) occupée
(f. cte)
de la
pop. Occ
2014 (en milliers) %
Année Population Demande Population. Demande 1980 6369 1597,4 25,1 7064 1771,7 10,9
active moyenne Active annuelle 1984 6975,5 1786,4 25,6 8135,5 2083,5 16,6
(féc. Cte.) moyenne (féc. 1989 7909,6 2038,7 25,8 9829,5 2533,6 24,3
Cte.) 1994 8785,7 2320,6 26,4 11900,5 3143,3 35,7
1980 1808,9 - 2006,17 - 1997 9196 2503,6 27,2 13339 3628,2 44,9
1984 2134,5 81,4 2489,46 120,82 1999 9443 2635,1 27,9 14390 4014,8 52,4
1994 2772,4 63,79 3760,5 127,104 2004 9910 2854,7 28,8 17356 4999 75,1
1997 2978,3 68,63 4321,8 187,1 2010 10531 3272,4 31,07 21721 6748.7 106
1999 3143,9 82,8 4791,8 235 2014 10982 3392,5 30,9 25225 7794.5 129.7
2004 3328,6 36,9 5829 207 Source : 1980-1994 : A.Jaoua : « Impact du planning familial sur
2010 3769,2 73,4 7773,9 324,1
2014 3998.3 57,3 9181,9 352
l’emploi » ;
1980- - 64,4 - 211,0 1997-2014 : Élaborés par nos calculs, à partir des données de l’INS
2014
l’emploi » ; En termes de créations annuelles nettes
1997-2014 : Élaborés par nos calculs, à partir des données de l’INS d’emplois, pour occuper une population qui
aurait pu s’accroître à un tel rythme si élevé, on
Par conséquent, la maîtrise de la contrainte pourrait trouver l’une des deux situations
démographique et la baisse considérable de la suivantes.
fécondité ont été à l’origine d’une maîtrise de
l’offre additionnelle de travail. Malgré En premier lieu, pour occuper la population
l’augmentation de la proportion de la population recensée en 2014, l’économie tunisienne a dû
d’âge actif (66% en 2010 contre 48% en 1966), créer depuis 1981 plus de 1795 mille postes
le taux de croissance de la population active a d’emplois additionnels. Or, en supposant garder
évolué à la baisse (4,5% pendant la période 66- la fécondité constante de 1966 et les mêmes taux
75 contre seulement 1.9% entre 1994-2010), et d’occupation, les emplois à créer auraient dû
ce en dépit de l’entrée massive des femmes sur le être triplés pour dépasser 6022 mille, c’est-à-
marché du travail. dire en enregistrant un excédent dû à la
fécondité constante de presque 4227 mille
4.2.2. Impact sur la population occupée et emplois supplémentaires.
sur les taux d'occupation Toutefois, l’hypothèse d’un tel niveau
d’emploi (égal au triple des emplois réellement
En supposant la même évolution des taux créés) reste une opération quasi-impossible, et ce
d’occupation observés et la fécondité constante d’autant plus que l’objectif de tous les Plans de
au niveau de 1966, il est possible de calculer la Développement depuis 1972 n’est plus le plein
population qui aurait dû être occupée entre 1980 emploi mais seulement la satisfaction des
et 2014. La population occupée qui était de demandes additionnelles, à cause du stock des
presque 1553 mille en 1979 est passée à 3392.5 chômeurs qui s’est progressivement alourdi au fil
mille occupés en 2014 enregistrant ainsi un des années (en passant de 166 mille en 1966 à
accroissement de 118% en 35 ans. 433 mille en 2004, à 522 mille en 2008 et à 705
Selon l’hypothèse d’une fécondité constante, mille en 2011).
cette augmentation aurait dû être 340% pour En second lieu, l’autre alternative pourrait
atteindre plus de 7,79 millions occupés en 2014, être de se limiter aux créations d’emplois
84
observées entre 1980 et 2010 et d’accepter ainsi 1995
1997
8975.5
9214.9
2237.7
2352.55
25
25.5
12362
13339
3090.5
3401.4
852.8
1048.9
38.1
44.6
de réduire le taux d’occupation qui passerait de 1999
2004
9455.9
9910,9
2462.8
2633.97
26
26.57
14390
17356
3741.9
4612.6
1278.6
1978.6
51.9
75.1
26,4% en 1981 à 19,5% en 1994, à 18,3% en 2010 10531 2400.18 22.79 21721 4950.56 2550.3 106
2014 10982 2345.1 21.35 25225 5385.5 3040.4 129.6
1999, à 16.4% en 2004, à 15.1% en 2010 et à Source : 1967-1994 : A. Jaoua: « Impact du planning familial sur
seulement 13.4% en 2014 ; une telle situation l’éducation » ;
aurait évidemment augmenté sensiblement le 1995-2014 : Élaborés par nos calculs, à partir des données de l’INS
taux de chômage structurel à cause du
Ainsi, on aurait trouvé en 2014 : 5385.5 mille
déséquilibre entre la progression rapide des
élèves au lieu de 2345.1 recensés dans les
demandes additionnelles et les faibles taux
établissements publics d’enseignement (pour les
d’occupation.
trois niveaux). Les surplus d’élèves auraient
atteint 3040 mille en 2014, soit 129% des
effectifs scolaires observés. En d’autres termes,
Tableau n°10. Besoins en créations annuelles d’emploi l’État aurait dû faire face à un surplus dépassant
selon la population observée et l’hypothèse de la fécondité la totalité du nombre réel d’élèves et d’étudiants,
constante : 1980-2014 (en milliers) ce qui aurait nécessité beaucoup plus
Année Population Emplo Popula Emplois à Excédent dû à
d’infrastructures scolaires, d’enseignants et
occupée is
crées
tion
occupé
créer (fec.
Cte)
la fécondité cte
(%)
subséquemment des dépenses et des
e (fec. investissements supplémentaires consacrés au
Cte)
1980 1597,4 - 1771,7 - - secteur éducatif.
1984
1989
1786,4
2038,7
47,25
50,4
2083,5
2533,6
77,95
90
65
78,6
D’autre part, et dans le cas contraire, c’est-à-
1994 2320,6 56,38 3143,3 121,94 116,2 dire selon l’hypothèse de la même évolution des
1997 2503,6 61 3628,2 161,63 164,9
1999 2635,1 65,75 4014,8 173,3 194 effectifs scolaires observés entre 1966 et 2014 et
2004 2854,7 43,9 4999 196,8 348
2010 3272,4 69,6 6748,7 291,6 319 la fécondité constante, on peut calculer
2014
1980-
3392,5
-
30,02
52,8
7794,5
-
261,4
177,1
770,7
235,4
l’évolution potentielle des taux de scolarisation
2014 durant cette période. À cet égard, et si on
l’emploi » ; rapporte le nombre observé des élèves et des
1997-2014 : Élaborés par nos calculs, à partir des données de l’INS étudiants à la population totale « hypothétique »,
on aurait trouvé un taux de scolarisation qui ne
4.3. Les effets sur le secteur éducatif dépasse pas 9% au lieu d’atteindre 21% en 2014,
soit un écart de 12 points ou de 56%. Dans ce
L’étude des effets de la baisse de la fécondité cas, l’évolution de ce taux serait diamétralement
sur le secteur éducatif peut être effectuée grâce à opposée à l’évolution observée, car au lieu d’une
la méthodologie utilisée précédemment, et ce à amélioration soutenue, on aurait trouvé une
partir de la comparaison entre la situation baisse continue des taux de scolarisation due
observée et celle hypothétique qui suppose le surtout à la croissance de la demande
maintien de la fécondité constante32. d’éducation à cause de l’accroissement
En supposant la même évolution des taux de démographique rapide. Les données du tableau
scolarisation observés entre 1966 et 2014 (ces ci-dessous montrent que la persistance d’un taux
taux sont obtenus en rapportant les effectifs élevé de fécondité contrarie fortement
scolaires sur la population totale), on peut l’accroissement du taux de scolarisation, tandis
connaître les effectifs des élèves et des étudiants qu’un « déclin de la fécondité offre des
dans le cas hypothétique de la fécondité perspectives favorables - notamment à long
constante de 1966, et par conséquent l’excédent terme - pour l’amélioration quantitative et
ou le surplus des effectifs scolaires. qualitative du système d’enseignement »33.
Tableau n°11. Excédent des effectifs scolaires selon Tableau n°12. Évolution comparée des taux de
l’hypothèse de la fécondité constante de 1966 : 1967- scolarisation (1967-2014)
Année Effectifs T. de scol. Pop. fec. T. de scol. Écart
2014 (en milliers) scolaires observé Cte.(2) hypothétique en %
Année Pop. Total élèves Taux de Pop. Élèves et Surplus d’élèves observés (1/2)
observé et scolarisatio (fec. étudiants et d’étudiants (1)
e(1) étudiants(2) n Cte)(4) (fec. Cte.) En En %
(3)=(2)/(1) (3)*(4)
1967 884.1 18.3 4825 - -
millier 1975 1091.2 19.6 6028 18.1 7.6
s 1984 1591.3 22.8 8135.5 19.6 14
1967 4825 884.1 18.3 4825 841.1 - - 1994 2169.4 24.7 11900.5 18.2 26.3
1975 5577 1091.2 19.6 6028 1179.7 88.2 8.1 1995 2237.7 25 12362 18.1 27.6
1984 6975 1591.3 22.8 8135.5 1855.9 264.6 16.6 1997 2352.5 25.5 13339 17.6 31
1994 8757.7 2169.4 24.7 11900. 2938.5 769.1 35.1 1999 2462.8 26 14390 17.1 34.2
5
2004 2633.97 26.57 17356 15.2 42.9
85
2010
2014
2400.18
2345.1
22.79
21.35
21721
25225
11.05
9.3
51.5
56.4
l’âge de procréation. A un âge t, le taux de
Source : 1967-1994 : A. Jaoua: « Impact du planning familial sur fécondité ft sera : ft = naissances vivantes issues
l’éducation » ; des femmes d’âge t /population des femmes
1995-2014 : Élaborés par nos calculs, à partir des données de l’INS
d’âge t.
Par ailleurs, cet impact de la baisse de la Les femmes concernées sont celles âgées de
fécondité sur les différents secteurs socio- 15-49 ans durant une période de temps donnée.
économiques reflète l’importance des relations Concernant la variable (NC), le concept de
démo-économiques et les interactions entre la nouvelles contraceptrices s’applique aux
variable démographique et le développement. femmes qui acceptent d’utiliser pour la première
Comme on l’a évoqué précédemment, cette fois durant leur vie féconde une méthode de
interaction concerne également l’impact du planning familial.
développement sur la fécondité. On se propose En ce qui concerne la variable (SB), elle est
dans la dernière partie de notre article de tester liée à la proportion des filles dans
empiriquement ce dernier « sens » de l’enseignement primaire. Cette proportion est
l’interrelation, à savoir l’impact du calculée ainsi :
développement sur la fécondité en Tunisie. SB = nombre des filles scolarisées au
primaire/ nombre d’élèves au primaire.
De même, les proportions des femmes
5- L’analyse empirique occupées (POP) ont été calculées en se référant
5-1. Les variables et les sources des aux effectifs de la population féminine occupée
données : et à la population active occupée totale (POP =
La liste des variables qui ont été nombre des femmes occupées /population active
utilisées dans cette partie ainsi que les sources occupée).
des données statistiques sont présentées dans le Les taux de croissance économique (CROI)
tableau suivant: ont été calculés en se basant sur l’évolution du
Tableau n°13 : Variables et sources des données Produit Intérieur Brut ou du PIB réel (à prix
statistiques.
Variable Sources
constants) en Tunisie durant ces deux dernières
ISF : Indice synthétique de INS décennies.
fécondité 5-2.Le développement comme déterminant
NC : Effectif des nouvelles ONFP
contraceptrices
de la fécondité
POP : Proportion des femmes World Bank : A l’instar de Gabriel Ardant (qui a focalisé
dans la population active occupée « World development son analyse sur l’impact du développement
indicators »
CROI : Taux de croissance des INS
social et culturel et qui a relié l’examen du
PIB réels facteur démographique à l’investissement
URB : Taux d’urbanisation World Bank : matériel -ou l’amélioration du niveau de vie- et à
« World development
indicators » l’investissement intellectuel -grâce au
SB : Proportion des filles dans INS développement de l’instruction et notamment
l’enseignement primaire l’instruction féminine-), notre but dans ce
paragraphe est de tester cette hypothèse et de
La sélection de ces variables a été opérée en montrer -à travers une approche économétrique-
fonction de la disponibilité des données la contribution des changements socio-
concernant les différents indicateurs, et économiques et culturels dans la fléchissement
notamment la disponibilité des informations sur de la fécondité.
toute la période d’étude et des statistiques qui A cet égard, il s’agit d’une part de la
concernent toutes les années durant les deux fécondité (approchée par l’ISF) considérée
dernières décennies. comme la variable dépendante ou la variable à
Avant de spécifier les équations à estimer, expliquer et d’autre part de cinq variables
plusieurs précisions concernant certaines indépendantes explicatives (qui sont inhérentes
variables doivent être avancées34. au niveau du développement), à savoir la
D’abord, le choix de l’indice synthétique de contraception, la scolarisation, l’activité
fécondité s’explique par la pertinence de cet féminine, la croissance économique et
indice qui peut synthétiser les indicateurs l’urbanisation.
concernant la fécondité, étant donné qu’il tient Les signes attendus pour les différentes
compte de l’évolution de cette dernière au fil de variables sont négatifs, ce qui signifie que
86
l’évolution des indicateurs va dans le sens différentes variables sont significatifs (0.000-
contraire de la variation de la fécondité. On 0.003-0.019-0.05) sauf pour la variable
pourrait trouver alors une diminution de la « CROI » (sig = 0.748) mais ceci ne remet pas
fécondité au fur et à mesure que la croissance en cause le sens de la relation trouvée.
économique augmente ou que le taux En outre, et grâce au tableau des
d’urbanisation ou les effectifs des femmes « diagnostics de colinéarité » (fourni également
contraceptrices s’accroissent. Ces corrélations par SPSS), on remarque que les différentes
négatives attendues reflètent l’impact de variables ne sont pas colinéaires ou corrélées
l’amélioration des conditions du développement entre elles, et chacune d’entre elles est corrélée à
sur la variable démographique. une dimension et une seule. De plus, la valeur de
Ainsi, notre étude empirique sur les la statistique de DURBIN WATSON est proche
déterminants de la fécondité et sur l’effet des de 2, ce qui indique que l’hypothèse d’absence
variables sus-citées part de la spécification d’autocorrélation des perturbations peut être
suivante: acceptée.
ISF = 0 +1 (NC) + 2 (SB) +3 (POP) + 4 Au total, on peut retenir que le modèle est
(CROI) + 5 (URB) satisfaisant : il explique plus de 98% de la
Les résultats des estimations sont variance de la variable ISF ; il est significatif (la
présentés dans le tableau suivant : plupart des coefficients sont significatifs) et il
n’y pas de problème de colinéarité.
Tableau n°14: Estimation de l’équation
relative aux déterminants de la fécondité : Par ailleurs, il ressort de ce tableau que la
Variable Coefficient Le plupart des coefficients associés à toutes les
coefficient de
corrélation de
variables explicatives de la fécondité ont les
Pearson signes attendus.
C 20.4 - D’abord, la relation entre l’utilisation des
(10.09)
NC -0.289 -0,972
méthodes contraceptives et la fécondité est une
(-2.64) Sig:0,000** relation très évidente, et comme on l’a
SB -0.51 -0,973 précédemment invoqué, l’augmentation de la
(-0.412) Sig:0,000**
POP -0.355 -0,975
prévalence contraceptive a été un facteur
(-3.59) Sig:0,000** déterminant de la baisse récente de la fécondité.
CROI 0.009 -0,182 Cet impact inéluctable de la contraception a
(0.328) Sig:0,442
URB -0.32 -0,988
été confirmé dans notre régression, puisque le
(-2.09) Sig:0,000** coefficient associé à l’effectif des
R² 0.990 contraceptrices est négatif et très significatif (le
R² (ajusté) 0.987 -
Période 1980-2000
T student est à 1.96). En effet, la valeur de ce
Méthode MCO coefficient (-0.29) montre qu’au cours de la
d’estimation période d’étude, l’augmentation de 1% de
Les chiffres entre parenthèses sont les t de Student l’effectif des nouvelles contraceptrices a comme
** La corrélation est significative au niveau 0.01 effet de réduire l’indice synthétique de fécondité
(bilatéral). de près de 0.3%.
Bien entendu, l’accroissement des activités
D’après ce tableau, le coefficient R² est égal du planning familial et l’amélioration de ses
à 0.987 et le modèle parvient ainsi à expliquer services peuvent expliquer l’ampleur de la
plus de 98% de la variance de la fécondité baisse de la fécondité. Ceci est conjugué à une
expliquée par les cinq variables socio- évolution constante de l’approche tunisienne très
économiques. favorable à l’émancipation de la femme qui a
Pour tester la significativité du modèle bénéficié de plusieurs programmes spécifiques
obtenu, on a utilisé le tableau ANOVA (fourni de santé, à commencer par la politique sanitaire
par le logiciel SPSS) qui nous permet de qui était focalisée sur le planning familial et sur
constater que le modèle est significatif (la valeur la lutte contre la mortalité au cours des années
étant inférieure au seuil de signification soixante et qui s’est articulée à partir de la
statistique de 0.05). La même opération est dernière décennie autour du concept plus global
réalisée pour tester la significativité des de santé familiale puis de santé reproductive.
coefficients, et il s’avère que les cœfficients des
87
L’accroissement du taux de prévalence Parallèlement à ces effets de la contraception
contraceptive -qui a avoisiné 70% en 2000- est et de l’urbanisation, un troisième facteur de
ainsi le résultat d’une politique de santé visant la grande importance doit-être signalé, en
valorisation des ressources humaines et l’occurrence l’activité féminine dont l’impact
l’amélioration des infrastructures de base qui sur le croit démographique a été indéniable
offrent une large gamme de soins préventifs et durant ces dernières décennies.
curatifs aux femmes et considérant la baisse du Dans notre cas, le coefficient négatif associé
croît démographique comme une voie à la variable (POP) signifie que l’augmentation
primordiale pour améliorer l’état de la mère et de 1% dans la proportion des femmes occupées
de l’enfant.35 diminue probablement l’indice synthétique de
Cette amélioration des infrastructures est due fécondité de 0.3%. Par conséquent, la fécondité
également à l’urbanisation qui permet une est d’autant plus faible que l’intégration de la
meilleure utilisation des services collectifs et femme dans le circuit économique est plus
sociaux. Les villes sont souvent mieux loties sur élevée, et l’emploi féminin apparaît ainsi comme
le plan de l’infrastructure sanitaire et de la un facteur déterminant de différenciation. La
disponibilité des moyens contraceptifs par responsabilisation physique, matérielle et
exemple. A cet effet, et en dépit des efforts de intellectuelle et les méfaits d’une natalité
développement régional, les disparités entre le excessive qui peut entraver la poursuite de
milieu urbain et le milieu rural demeurent l’activité sont les principaux facteurs qui
considérables que ce soit pour la prévalence expliquent les interrelations entre l’activité et le
contraceptive, l’âge au premier mariage, comportement procréateur de la femme. A cet
l’activité féminine, le niveau de vie, égard, le coefficient négatif de la variable (POP)
l’alphabétisation... montre que « plus le nombre d’enfants d’un
Ces disparités ont évidemment des ménage est élevé, plus la femme tunisienne a des
répercussions indéniables sur le niveau de la responsabilités domestiques et moins elle est
fécondité qui est généralement corrélé libre d’exercer une activité rémunérée en dehors
négativement avec l’urbanisation. C’est ce que du foyer ».38
montre le signe négatif du coefficient associé à La participation féminine à la vie
la variable (URB) qui est statistiquement très économique a été rendue possible grâce à la
significatif (le t student est égal à -2.09). conjugaison de plusieurs éléments dont
La pertinence de l’analyse de Harvey notamment la politique d’émancipation de la
Leibenstein36 est vérifiée à ce sujet, puisque la femme (qui insiste sur la dimension culturelle du
fécondité peut être considérée comme une développement et sur l’égalité des femmes avec
fonction décroissante du niveau de vie de la les hommes) et l’élévation du niveau
famille. En effet, le milieu urbain est souvent d’instruction de la population féminine.
mieux nanti que celui rural (en 2000, la dépense Par ailleurs, cette amélioration de la
par personne est de 1585 D dans le premier scolarisation constitue en soi un déterminant de
tandis qu’elle ne dépasse pas 915 D dans le la fécondité puisque la femme instruite devient
second) alors qu’il enregistre en même temps les un acteur démographique qui possède un
niveaux de fécondité les plus faibles. Ceci pouvoir de décision au sein de la famille,
montre que l’amélioration du niveau de vie peut contrairement aux femmes analphabètes dont la
générer un recul de la natalité à cause de parité est souvent considérable : L’éducation
l’augmentation du coût des enfants revêt une importance capitale dans le
supplémentaires dont les charges économiques développement des connaissances et dans
et sociales sont de plus en plus accrues. l’amélioration de la qualité de la vie. Elle
Cependant, cette approche peut être réfutée conditionne l’accès des individus aux
par d’autres analyses qui insistent sur l‘effet de possibilités d’emploi et à la santé et elle offre
la pauvreté sur l’accroissement démographique une alternative aux mariages précoces (tout
(le «malthusianisme de la pauvreté») : «la particulièrement pour les jeunes filles).39
diminution du niveau de vie, le chômage, la Quant au coefficient associé à la scolarisation
malnutrition et les carences de toutes sortes ont féminine (approchée par la proportion des filles
concouru à une baisse sensible de la dans l’enseignement primaire; cette proportion
fécondité ».37 reflète évidemment l’amélioration de
l’alphabétisme et de l’instruction féminine), il
88
s’agit d’une valeur négative (-0.5) qui confirme surprenante conduit à la tentation d’affirmer que
les répercussions positives de l’amélioration du la fécondité est plus liée à la crise économique
capital humain et de la transition qualitative de qu’à la croissance économique »40. Cependant,
la population tunisienne sur le niveau et la la valeur très faible de ce coefficient (0.009)
tendance de la fécondité. peut refléter la faible dépendance -voire
Cette relation entre la fécondité et le niveau l’indépendance- de la variable démographique à
d’instruction a été confirmée par plusieurs la situation économique, et ce d’autant plus que
théoriciens (notamment Becker et Barro) qui la corrélation entre les deux variables (ISF et
attribuent au capital humain un rôle important CROI) n’est pas significative (sig : 0,44)
dans la réduction des taux de natalité. Ils contrairement aux autres coefficients.
postulent que ce capital est susceptible de L’importance des coefficients des autres
changer la perception des enfants en tenant variables par rapport à celui de la croissance
compte non pas de leur quantité mais de leur économique fait découvrir une certaine
qualité. Persuadés par l’importance de la autonomie de l’ISF qui ne peut-être expliqué par
valorisation des ressources humaines, les parents « la conjoncture économique...ce qui fait dire
sont amenés à dépenser et à investir dans le que ce sont les facteurs psychologiques (et la
capital humain et par conséquent à choisir entre dimension socio-culturelle) qui constituent les
l’élimination de certaines dépenses (ce qui est déterminants du comportement fécond de la
rare) ou la diminution du nombre d’enfants (ce population ».41
qui est le cas souvent). Dès lors, la variation de la fécondité en
A ce titre, si le développement de l’éducation Tunisie a été déterminée par plusieurs facteurs
a joué un rôle indéniable dans la modification du étroitement liés au développement social et
comportement des couples (d’un stade culturel et qui sont inhérents à trois éléments
procréateur intense à une attitude restrictive à essentiels :
l’égard de la fécondité), c’est grâce à la -L’utilisation de la contraception qui
scolarisation massive des filles que ce constitue vraisemblablement l’acteur
développement a été réalisé, ce qui a contribué - principal de la baisse de la fécondité.
dans une large mesure - à améliorer les -Les conditions de la population, tels que le
différents indicateurs relatifs à l’éducation et ce niveau de l’urbanisation, le niveau du capital
pour tous les niveaux de l’enseignement. A titre humain (ou de la scolarisation)...
d’exemple, le taux brut de scolarisation des filles -Les conditions de la femme en particulier,
dans le secondaire et dans le supérieur est passé notamment son accès au marché de l’emploi et
respectivement de 9% et 1% en 1966 à 69% et l’amélioration de son niveau d’instruction.
24% en 1999. Quant au primaire, ce taux a
avoisiné en 2004 : 95% alors qu’il était de 49% Conclusion
en 1975.
Ceci a généré un changement substantiel de Au terme de cette analyse, on a pu mettre en
la «structure par sexe» dans les différents évidence deux résultats essentiels qui peuvent
échelons éducatifs, puisque la part des filles confirmer les éléments d’explication que nous
dans l’enseignement secondaire s’est élevée de avons proposés.
17% en 1956 à 50% en 2004 alors que cette D’abord, les tests empiriques ont montré que
proportion a avoisiné en 2005 : 60% dans le la baisse de la fécondité en Tunisie durant les
supérieur tandis qu’elle était seulement 15% en deux dernières décennies a été expliquée par
1956. certaines variables socio-économiques et
Enfin, la variable (CROI) correspond à la culturelles inhérentes au développement.
croissance économique ou à la variation du PIB L’Indice Synthétique de Fécondité est
réel durant la période 1980-2000. Cette variable négativement associé principalement : à
est associée à un coefficient positif qui montre l’activité et à la scolarisation féminine, au
l’existence d’une corrélation positive entre la niveau de l’urbanisation et surtout à la pratique
fécondité et la croissance économique. contraceptive.
En ce sens, une augmentation de 1% du taux En fait, si la fécondité a baissé et si le
de croissance entraîne probablement une hausse programme de PF a réussi, « c’est d’abord et
(bien que très faible) de l’ISFde 0.009%. Ce avant tout parce qu’il s’inscrit dans un contexte
signe inattendu et « cette observation général de transformation de la société :
89
amélioration du statut de la femme, élévation du BEN SALEM L. et LOCOH T. (2001). « Les
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l’amélioration des différents éléments de ce BOUSNINA A. (2015). Population et
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autonomie de décision… ».42 BOUSNINA A. (2016). « La transition
D’autre part, la maîtrise de la contrainte démographique et la perception des problèmes
démographique en Tunisie a eu des de population en Tunisie. Résultats d'une
répercussions indubitables sur les secteurs socio- enquête », Revue Tunisienne de Sciences
économiques : elle a généré un ralentissement de Sociales R.T.S.S n°143 pp. 77-127 ; Centre
la pression sur le marché du travail (en d’Études et de Recherches Économiques et
diminuant la demande annuelle moyenne Sociales, CERES, Tunis, 2016
d’emploi) et elle a contribué à améliorer les BOUSNINA A. (2019). La Tunisie
performances du système éducatif grâce, entre périphérique oubliée. Essai sur le
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Provence, IRD, Documents de recherche du LPED, p. M. Seklani (eds), Impact du programme national de
15. planning familial sur les secteurs sociaux, imprimé
2 M. Ayed et H.Jemai (2001), « Les déterminants de la par les presses Offset de l’ONFP (Office National de
fécondité », in J. Vallin et T. Locoh (2001), Op.cit, p. 182. la Famille et de la Population), Tunis, 1997, p.155.
17
3
Fabri M. (1990), « La politique de population M. Ayed et H. Jemaï (2001): op. cit p 195.
18
tunisienne en perspectives » in : IREP, Essai de L.Ben Salem et T.Locoh (2001), « Les
redéfinition de la politique tunisienne de transformations du mariage et de la famille », in J.
population, cahier de l’IREP n°7 Tunis 1990 p 43. Vallin et T. Locoh (2001), Op.cit, p. 155.
19
4
M.Ayed et M.N.Gharsalli (2001). « L’originalité de Comme l'ont souligné M.Ayed et H.Jemai (2001),
la politique tunisienne de population » in : J. Vallin et « l’âge au premier mariage, à la fois pour des raisons
T. Locoh (2001), Population et développement en sociales et physiologiques, ne peut être repoussé au-
Tunisie : la métamorphose, Cérès Editions, Tunis delà d’une certaine limite qui semble être plus ou
2001, p 534. moins atteinte ».
20
5
M. Bchir (1990). Pour une définition d’une D.Waltisperger al. (2001), Op.cit, p. 80.
21
politique tunisienne de population » in : IREP (1990), M.Seklani (1998), « Planification familiale et
Op. Cit, p115. mutations des cycles de vie chez la femme
6
M. Bchir et G. Tapinos (1990). « La politique tunisienne », Revue Famille et population, Septembre
tunisienne de population, les perspectives d’avenir » 1998, p.21.
22
in : IREP (1990), Op. cit p 13. M.Seklani (2001), « La dimension démographique
7
M.D.E: « IX ème Plan de Développement (tome 1. et sociale de la santé de la reproduction », Revue
Contenu global) » p 55 et « Xeme Plan de Famille et population, 2-3 juin 2001, p. 31.
23
Développement (Tome 1. Contenu global. En D. Walisperger et al. (2001), Op. cit, p. 80.
24
arabe) » p 175. L’ETF : Enquête Tunisienne sur la Fécondité
8
M. Ayed et M.N. Gharsalli (2001). Op. cit p538- (1978) et l’ETSME : Enquête Tunisienne sur la Santé
539. de la Mère et de l’Enfant (1995).
25
9
M. Bchir (1990): Op. cit p97. M. Ayed et H. Jemai (2001), Op. cit, p. 175.
26
10
L. Lassonde (1996), Les défis de la démographie, D. Mahfoudh (1990). «Population et système
Ed la Découverte Paris 1996 p 43. d’éducation » in, IREP, « Emploi, émigration,
11
Ibid, p 174. éducation et population». Cahier de l’IREP (Institut
12
ONFP (2002), Famille et population, ONFP, de Recherches et d’Etudes sur la Population) n°5.
Tunis, 2002, pp.15-16. Tunis 1990 p 63.
27
13
Ibid, p. 17. Déjà avant 1973, certains auteurs ont montré (grâce
14
MDCI, INS et UNICEF (2013), Suivi de la à une enquête menée sur un échantillon de 1031
situation des enfants et des femmes en Tunisie- femmes) que plus de 62% des femmes qui travaillent
Enquête par grappes à indicateurs multiples 2011- utilisent des moyens contraceptifs contre 38%
2012. Rapport Final, Ministère du Développement et seulement des femmes n’ayant jamais travaillé (M.
de la Coopération Internationale, Institut National de Bchir, A. Bouraoui, M. Rouissi et M.A Zghal : «
la Statistique, Fonds des Nations Unies pour L’influence sur le taux de fécondité du statut et du
l’Enfance, Juin 2013, p.79. rôle de la femme dans la société tunisienne » RTSS
92
(Revue Tunisienne de Sciences Sociales) n°32-35 de population et qualité de vie pour tous». Edition
Tunis 1973 p 136-137). Economica. Paris 1998 p202.
28 40
Cette enquête a été menée en 1975 sur 400 B.Bel Hadj Ali (1989), Op. cit p55
41
ouvrières d’usine, mariées et issues d’un milieu Ibid p 56.
42
modeste : K.Dammak : «Travail de la femme et J. Vallin et T. Locoh : «Les leçons de l’expérience
fécondité». RTSS n° 56-57 Tunis 1979, pp 125-130. tunisienne » In : J. Vallin et T. Locoh (2001), Op. cit
29
J. Vallin et T. Locoh , «Les leçons de l’expérience p 573.
tunisienne ». in: J. Vallin et T. Locoh (2001), Op. Cit,
p 571.
30
M.Seklani, «Conséquences économiques et sociales
du vieillissement de la population en Tunisie». Actes
du 9ème Colloque de démographie maghrébine.
Hammamet 1995. Imprimerie Officielle de la
République Tunisienne. Tunis 1997 p325.
31
Notre principale source statistique ici est l’étude de
A. Jaoua intitulée : « Impact du planning familial sur
l’emploi » (in N. Gueddana et M.Seklani (1997),
Op.cit, pp. 231-249). Pour les tableaux utilisés ici, les
chiffres sont extraits de cette étude, et ce jusqu’à
1994, car les derniers calculs et statistiques utilisés
par l’auteur concernent le Recensement de 1994. Il
s’agit ensuite de quelques résultats élaborés par nos
calculs suivant la même méthodologie et en utilisant
les données recueillies de l’INS, notamment les
résultats de l’Enquête Emploi 1997 et Population
Emploi 1999, le RGPH 2004, l’Enquête Emploi 2010
et les principaux résultats du RGPH2014.
32
Comme pour le secteur de l’emploi, la source
principale des statistiques jusqu’à 1994 est l’étude de
A. Jaoua : « Impact du planning familial sur
l’éducation » (in N. Gueddana et M. Seklani (1997),
Op. cit, pp.171-190). Les autres résultats (1995,
1997, 1999, 2004, 2010 et 2014) sont calculés suivant
la même démarche de l’auteur, et ce grâce aux
statistiques recueillies par l’INS, notamment les
résultats de l’Enquête Emploi 1997, l’Enquête
Population Emploi 1999, le RGPH 2004, l’Enquête
Emploi 2010 et le RGPH 2014.
33
G. W. Jones (1974), « Les objectifs éducatifs en
Afrique tropicale », in S. H. Ominde et C.N.
Ejiogu (1974), L’accroissement de la population et
l’avenir économique de l’Afrique, Publication du
Population Council, 1974, p.568.
34
C(ou  0 ) concerne la constante.
35
PNUD et MDE (2001), Rapport sur le
développement humain en Tunisie 1999, Tunis, 2001,
p 69-70.
36
H.Leibenstein: « A theory of economic
development », cité in, G.F.Dumont, (1992),
Démographie: analyse des populations et
démographie économique, Ed. Dumont Paris 1992 p
203.
37
L. Lassonde (1996), Op.cit, p87.
38
F. Bekri : «Les déterminants de l’activité féminine
en Tunisie : une analyse empirique » Revue : Famille
et population : 2-3 juin 2001 134
39
Commission Indépendante pour la Population et la
Qualité de Vie : «Saisir l’avenir. Concilier croissance
93

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Introduction qui doit tenir compte dans chacune de ses

29 1980 6369 1808,9 28,4 7064 2006,27 10,9

1999 9443 3143,9 33,3 14390 4791,8 52,4

Tableau n°9. Excédent de la population occupée

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